29 nov. 2016

Une pluie abondante a tout paralysé

Ce 29 novembre, l'île de la Barbade a connu une pluie abondante qui l'a paralysée. Toutes les routes ont été inondées. L'eau a débordé un peu partout, et la pluie a continué toute la journée. Les voitures flottaient comme des amphibies dans d'immenses flaques d'eau. J'ai déjà vu cela. C'est une chose de voir de loin, c'en est une autre de se retrouver dedans. Dieu soit loué, on est rentré sains et saufs à la maison. Au moment où j'écris ces lignes, il continue de pleuvoir. 

Nicolas Berends (1927-2016) in memoriam 2

Je voudrais dans ce deuxième volet de mon éloge à Nico livrer quelques éléments un peu plus personnels. Nico Berends était un missionnaire respecté et écouté dans la SVD. Il jouissait d'une réputation d'excellent curé, d'initiateur expérimenté de jeunes prêtres qui lui étaient confiés sans autres. Les aînés Charles Kapende et Innocent Mwela avaient bénéficié de sages conseils. Homme de principes, intègre et idoine dans l'exercice de son sacerdoce, il fut un modèle pour beaucoup de jeunes. A ce titre, il a été un soutien remarquable pour l'évêque M'Sanda qui a énormément compté sur lui. Longtemps, Nicolas Berends a été membre du conseil diocésain, consulté pour toutes les décisions importantes. Son option de s'incardiner au diocèse de Kenge était mal vue par certains amis, mais était la preuve de son attachement à la mission de Kenge, en contradiction ouverte avec les prises de position de la SVD. 
Juste un exemple. En 1977, il avait demandé à l'abbé Denis Luhangu de quitter la paroisse St Hippolyte parce qu'il ne pouvait pas soutenir un prêtre dans sa dispute contre son évêque. Lorsque je le lui ai reproché en 1985, il m'a dit qu'il avait agi conformément à ses convictions de prêtre et curé-doyen. Mais lorsque je le revis en avril 1998 à Kinshasa-Debonhomme, il était en rébellion contre le même évêque qu'il avait longtemps publiquement soutenu. Nico a été un des rares à qui j'avais personnellement annoncé ma renonciation au sacerdoce et qui m'a compris, sans me condamner. Je rappelle ces deux faits pour souligner que Nicolas Berends est un homme, avec tout ce que cela comporte comme contradiction.
En 1987, lorsque je devais partir pour Fribourg, il m'a demandé de garder un projecteur de diapositives. Je le lui ai accordé sans hésitation car je savais qu'il en avait besoin plus que moi. J'avais beaucoup de conversations ouvertes avec lui sur n'importe quel sujet. Nous parlions souvent de l'évêque, des confrères, des missionnaires. Nous discutions théologie et vie. Lecteur assidu, il aimait critiquer le théologien Schillebeeckx, son compatriote. Très ordonné, très organisé, il était très régulier dans tous ses exercices spirituels et travaillait sans relâche.
Un soir de 1985, je lui ai demandé ce qui était le plus difficile pour lui au cours de sa vie sacerdotale. Il m'a répondu: "Composer une homélie". J'étais stupéfait, ahuri. Comment cela se pouvait-il pour un prêtre qui célébrait ses trente ans de sacerdoce? Un prêtre dont les sermons étaient très bien articulés, profonds et édifiants. Comment pouvait-il prétendre que préparer un sermon était difficile? C'est alors qu'il m'expliqua pourquoi il les mettait toujours par écrit, et suivait strictement ses notes. La difficulté pour lui consistait à trouver quelque chose d'instructif en dehors du schéma habituel du déjà connu et mille fois répété. Il me montra à cette occasion quelques cahiers où il écrivait ses homélies. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Nicolas n'était jamais satisfait jusqu'à ce qu'il eut livré son prêche. C'est côté jardin. Que dis-je côté cour.
S'il est des qualités que j'ai pu admirer chez l'abbé Nico Berends, c'était la piété, la simplicité, la modestie, l'humilité et le respect des autres. Qui aurait cru que le grand compositeur était un homme si retiré? Qui aurait cru que ce missionnaire qui a fondé le séminaire dans lequel j'étais formé, possédait un côté humain à désarmer les soldats les plus féroces? Quelle intelligence! Quel sens d'humanité! Sa présence m'a aidé à surmonter certaines difficultés que j'ai rencontrées à l'évêché. Nous avons aussi eu des désaccords sur tel ou tel points, mais dans le strict respect mutuel. Une fois, je me suis fâché contre lui. C'était le mercredi saint de 1987. Il s'était plaint que je l'avais laissé seul préparer les fêtes pascales alors que j'étais allé, sur sa demande faite en sa capacité de doyen, animer une récollection à Kenge II. Là alors, je ne me suis pas retenu. On a réglé la situation, nous sommes restés bons amis.   
Lorsque je suis retourné de Fribourg en 1992, au cours d'une messe à Anuarite, il m'a fait un éloge très fraternel qui m'a touché. Il a attiré l'attention des fidèles en mentionnant que ma signature se trouvait dans les registres des premiers baptêmes et mariages célébrés à Anuarite, du temps de Saints Pierre et Paul. Je me souviendrai toujours de sa formule: "Mono kele mukobo ya Nzambi" pour traduire la chasteté religieuse. J'ai toujours aimé l'originalité chez Nicolas, quoique certaines personnes ne partagent ce point de vue. "Tche", disait-il pour protester contre quelque chose.
Le moment n'est peut-être pas approprié pour rapporter ces histoires, mais ce sont les souvenirs que je garde de Nicolas Berends, le seul curé dont j'ai été le vicaire dominical pendant mon apostolat à Kenge. Et je ne le ferai jamais si je ne le fais aujourd'hui. Chapeau Nico et merci. Un prêtre exemplaire. Un missionnaire dans l'âme! Un apôtre des jeunes et un monument de la mission. Ses chants liturgiques traduits dans plusieurs langues resteront à jamais gravés dans la mémoire artistique universelle.
Adieu Nicolas! "E Nzambi Ungolo, Nzambi Ungolo, Nzambi Ungolo Ugangidi" 
Je m'unis volontiers à la prière de ta famille biologique et spirituelle pour que le Seigneur t'accueille dans son royaume céleste. Requiescas in pace!

Nicolas Berends (1927-2016) in memoriam 1


L'abbé Nicolas Berends est mort depuis le 26 novembre 2016 à Arnheim en Hollande dans la paix du Seigneur, de suite d'une longue maladie qui l'a obligé à passer les dernières années dans un home médicalisé. Paix à son âme! Un monument de l'évangélisation du diocèse de Kenge vient de disparaître. Comment le définir? Prêtre, musicien, liturgiste, enseignant, directeur, ce missionnaire infatigable a fondé le petit séminaire de Kalonda en 1959 et la paroisse Sts Pierre et Paul en 1984, devenue plus tard Anuarite. Je ne peux que rendre hommage au Seigneur d'avoir passé quelques années de ma vie à ses côtés, et co-fondé la paroisse Anuarité dont je fus le vicaire dominical. Je ne peux que le remercier pour sa contribution à ma vie, car je garde des souvenirs inoubliables à ses côtés. Si l'occasion me le permet, je publierai quelques photos souvenirs. Commençons par le commencement!
C'est le 2 juin 1970 que j'ai pu mettre un visage sur le nom du Père Nicolas dont la réputation était si solidement enracinée à Kalonda. Il était venu par le petit porteur du Frère Michel Falcon, de Bandundu St Hippolyte où il était curé pour la Fête patronale du 3 juin. Signe d'un attachement à notre Alma Mater, il venait chaque année à la Fête de St Charles Lwanga. Je suis entré au petit sémainre de Kalonda en septembre 1969, l'année où l'équipe des pères Jean Van Baal - Nico Berends était remplacée par les abbés Dieudonné M'Sanda et Firmin Kilunga. Les anciens de deuxième année nous rabattaient les oreilles - Kerezina, Nsutieri, Séraphin Mbenza, Mvunzi, Muyembe, Kandodi, Ndindi, Mankasi, Matonga - vantant sans cesse les prouesses musicales, spirituelles et humaines du Père Nicolas. Ils étaient relayés dans cet éloge par nos propres condisciples de Bandundu: Roger Ekwe, François Mapasu, Antoine Mindua, Alexis Olenga, J'eus donc l'immense plaisir, que dis-je honneur, de le saluer à la descente d'avion à côté d'autres élèves de ma classe. Je me souviens de ses cheveux lisses, je me souviens qu'il chanta l'évangile.
La deuxième bonne rencontre eut à Bandundu, le 21 avril 1974 à Bandundu, l'occasion de l'ordination du premier prêtre diocésain formé à Kalonda, l'abbé Innocent Mwela. Le Père Nicolas était l'homme le plus heureux, ce jour-là, comme je l'ai déjà  écrit sur ce blog. Devant Mgr Hoenen et toute l'assemblée en liesse, il tint un discours retraçant l'histoire du petit séminaire. Je me souviens de deux détails douloureux: l'incendie qui frappa le séminaire et la mort d'un séminariste. "Je ne voudrais pas abuser de la patience ..." a-t-il dit. Comme pour dire que le travail de pionnier comporte des heurts souvent difficiles à surmonter. 
Depuis ce temps, les contacts devinrent plus fréquents. Je le revis en 1978 à St Hippolyte alors que j'exerçais mon ministère pascal de grand séminariste auprès du P. Gino Selvaggi à St Paul. Tous les grands séminaristes en ministère s'étaient retrouvés à St Hippolyte pour compatir avec Albert Mundele qui venait de perdre son père. Nico nous a permis de nous receuillir et a facilité qu'Albert prenne le petit porteur pour Kalonda. Quelques mois plus tard, le 6 août 1978, il nous a de nouveau accueillis à St Hippolyte pour la cérémonie de la vêture (Kiosi, Mabana, Mampuya, Matonga, N'Koy, Olenga). On s'est retrouvés à Kenge une semaine plus tard, le 13 août 78, pour l'ordination de deux de ses anciens élèves: Michel N'Gob et Jean-René Singa. 
A mon retour de Rome en 82, il était encore curé à St Hippolyte. Nommé vicaire épiscopal ad casum, il assurait la conduite des affaires courantes en l'absence de l'évêque. Je me suis donc rendu, en octobre 82, à Bandundu pour un séjour de travail. Il a rejoint Kenge peu avant le retour de l'évêque. C'est en ce moment qu'il me soufflera qu'il a entamé des démarches pour quitter la SVD et s'incardiner au diocèse. Ayant quitté Bandundu sans trompette ni fanfare, il s'est installé à la procure de Kenge, pendant l'année 83-84 en attendant une affectation. C'est à partir de cette année-là que nous deviendrons un peu plus proches car l'évêché allait se déplacer de la procure sur la colline où il se trouve jusqu'à ce jour. 
L'érection canonique de la paroisse Sts. Pierre et Paul eut lieu le 29 juin 1984, mais le travail effectif commença un peu plus tard. Entre-temps, l'abbé Nicolas Berends qui venait d'obtenir son incardination organisait déjà le ficher paroissial. Très efficace, méthodique, Nicolas était un pasteur chevronné. La toute première messe eut lieu, si ma mémoire est bonne, en septembre 84, juste à la véranda attenante au refectoire de l'évêché. Les Köberleins ont fait des photos et des vidéos. Les trois années suivantes étaient marquantes pour mon développement dans la pastorale paroissiale. Avec Jean-Pierre d'heureuse mémoire, nous avons mis sur pied un système collégial de collaboration respectant les attributions de chacun. (A suivre)

Mort de l'abbé Nicolas Berends (1927-2016)

Sent: Saturday, November 26, 2016 7:53 PM
Subject: REDF.: 1241/816 mort de Nico BERENDS

Cher Henri,
Ce soir la soeur de l’abbé Nico Berends m”envoie la triste nouivelle  que Nico BERENDS est décédé ce matin vers 3 h. Il est endormi tout doucement. Les details de l’enterrement suivront plus tard. Que Dieu donne le plein bonheur à son serviteur fidèle.
Meilleures salutations,
P. Gust Van den Broeck

Que son âme repose en paix!
"E Nzambi ungolo, Nzambi ungolo, Nzambi ungolo ugangidi"
C


27 nov. 2016

Bon anniversaire Claire

Le 26 novembre, c'est l'anniversaire de Claire Djoma. Je n'ai pas oublié, mais je n'ai simplement pas eu l'ocasion de lui exprimer mes voeux. A défaut de les lui écrire directement ou oralement, je préfère le faire par cette voie o combien médiatique et publique. Elle me pardonnera ce geste. D'autre part, ne dit-on pas que les mots s'envolent, et que les écrits restent.
Joyeux anniversaire ma Claire! Que mes voeux te rejoignent là où tu te trouves en ce moment. All the best. 

26 nov. 2016

Nico Berends

"Mbote Dekunda, nge me wa nsangu ya Nico Berends. Il est mourant. Sa soeur a écrit à Gust Van den Broeck et à moi. Beto samba ti yandi ye sambu na yandi. Pesa familia mbote. Enrico!" Le nom de Nicolas a été cité plus d'une fois sur ce blog. 
Union de prières pour ce monument de la mission diocésaine de Kenge.
C

Adios Fidel Catro (1926-2016)

Un grand de ce monde est mort. Le dernier cacique du communisme pur et dur vient de passer définitivement la main. Le lider maximo cubain, emblème d'une époque historique, père de la révolution, vient de tirer sa révérence. Sacré Fidel.
Figure controversée à plusieurs égards, le président de Cuba de 1959 à 2008 est un homme dont la longévité fait un des derniers défenseurs du socialisme sur le modèle soviétique. "O Socialismo o Muerte" proclama-t-il lors de la déchéance de l'Union Soviétique. Un révolutionnaire consistant et constant dans sa pensée. J'ai pendant quelque temps suivi ses analyses des événements politiques de ces dernières années. Quelle perspicacité! Quelle cohérence dans les idées! J'ai déjà écrit quelques impressions à ce sujet sur ce blog. Après, je ne sais pour quelles raisons, je n'ai plus rien reçu. Mon nom a sans doute été supprimé de la mailing-list de ces précieuses pensées. 
Avec Castro, j'ai découvert une autre façon de penser; ce qui n'est pas insignifiant dans le contexte du monde actuel où tout est devenu sujet à mondialisation. Un personnage respectable à plusieurs égards pour avoir résisté aux assauts des Américains en se servant de la protection soviétique. Tenir tête à neuf présidents américains, il faut le faire. Aujourd'hui, les relations diplomatiques rétablies entre les US et Cuba sont le signe d'une détente exceptionnelle, qui n'aurait sans doute jamais eu lieu si Fidel  Castro avait encore été président. Ce dictateur qui a regné sans jamais organiser des élections et qui est abhorré par les Occidentaux a réussi un de meilleurs systèmes d'éducation et de santé au monde. Tous les opposants potentiels et réels étaient soit emprisonnés soit éliminés physiquement, système de pensée unique oblige. On comprend, ahuri et hébété, que les dissidents cubains vivant en Floride soient en train de célébrer ce jour en paradant dans les rues de Miami. Chacun a le droit de lire l'histoire avec ses yeux. 
Cet ancien élève des jésuites a marqué le monde par sa révolution, son activisme et ses convictions socialistes jamais démenties. Je ne suis pas politologue, je n'aime pas le politicien en lui, mais le penseur en lui me fascine à cause de son originalité. J'en connais des intellectuels africains, latino-américains et européens qui ont été littéralement fascinés par ce combattant exceptionnel. Depuis qu'il s'était retiré, sans jamais vraiment se retirer, il a développé une personnalité plus affable, plus amène et plus abordable quoique ses options fondamentales de base soient demeurées intactes. Il a servi son pays contre vents et marées, et il a gagné son combat. L'histoire ne l'oubliera jamais, ce révolutionnaire courageux qui a marqué le siècle passé de son sceau personnel. Qui sait? Peut-être le plus grand homme politique du siècle passé!
Adios Lider Maximo! Paz a tu anima!

25 nov. 2016

Happy Birthday to Johnny Alemnji

Claver Jr and Madeleine-Chrystelle wish a Happy Birthday to their brother and friend Johnny, who has moved to Washington DC with his family. It is his 10th Birthday. May the Lord bless him and his dear ones.

24 novembre: une date

24 novembre 1965. Une date pour tout citoyen congolais qui a un certain âge. En 1965, lorsque Mobutu prit le pouvoir, j'étais en troisième primaire à Kenge, à l'école St Frédéric aujourd'hui Mateka Mbuta. Ce jour-là, je m'en souviens. Monsieur Séverin Mayamba notre maître nous a informé de la destitution de Joseph Kasavubu par le lieutenant-colonel Joseph-Désiré Mobutu. J''étais très triste pour Kasavubu, plus par sympathie et ignorance que pour un quelqconque jugement personnel négatif. Ma première réaction était que Mobutu était mauvais pour avoir usurpé le pouvoir de l'autre. Mobutu m'était complètement inconnu; je n'avais jamais entendu parler de ce monsieur avant son coup d'état. Une expression que d'ailleurs j'entendais pour la première fois.
Peu de temps après, j'ai eu l'occasion de le voir à deux reprises sur le boulevard Kasavubu accompagnant respectivement les présidents Bokasa, mwana-mboka et François Tombalbaye. en juillet-août 66 à Kinshasa. Ma famille habitait la rue Kisoke, à deux pas du boulevard. Les jours où Mobutu passait, déjà dans la matinée, des gardes républicains étaient postés un peu partout. Souvent on ne comprenait pas trop pourquoi ils étaient là jusqu'à l'arrivée de l'illustre personnage. Les enfants de l'époque scandaient, je m'en souviens, qu'il irait en enfer pour avoir tué les Kimba et consorts. Le 24 novembre, c'est Mobutu Sese Seko, c'est-à-dire une histoire de trente deux ans d'un pays désormais attaché au sort et à la personnalité d'un individu, Mobutu qui a si longtemps marqué notre destinée. J'ai revu Mobutu en 1974 à la FIKIN, en 1980 et 82 à Rome. Et à ces deux reprises à la résidence de l'ambassadeur Tshimbalanga comme au Vatican, j'ai pu lui parler et posé des questions sur le pétrole d'Oshwe. Les amis s'en souviennent... hélas, les proches sont partis. Du groupe du Vatican sont encore en vie Léon Kalenga, aujourd'hui nonce apostolique, Jean-Bosco Matand', ancien recteur de l'UCC, Mole, professeur à l'UCC, Félicien Ilunga, ex directeur des OPM, et Augustin Mwamba Tshibanda de Luiza. Flavien Busina et Jean-Marie Mbungu sont décédés. Paix à leur âme!
Le 24 novembre 1965 fut considéré par beaucoup de personnes aux regards froids et sombres le signe de la descente aux enfers du Congo-Kinshasa, car cette date inaugura une dictature implacable de 32 ans où le peuple fut batardisé, saigné à sang et muselé. Où l'économie du pays a fait faillite. Où aucun signe de progrès n'a été observé en termes de démocatie et de culture. J'ai vécu comme tout congolaisl'ascension et la descente aux enfers de ce personnage. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, Mobutu était un chef qui savait se faire ciaindre; mais aussi un brillant orateur et leader. Ses meetings étaient un véritable dialogue entre le chef et son peuple. Communicateur sans scrupule, harangueur infatigable, artiste de la parole, il savait retenir l'attention de son auditoire en recourant à tous les registres de l'art oratoire. Lors des invasions du Shaba, le héros de Kamanyola était au front avec son épouse Antoinette. Son défaut: il était un impitoyable dictateur.
Le Maréchal Mobutu avait aussi son idéologie politique: le nationalisme congolais authentique devenu plus tard sa philosophie de l'authenticité. Il voulait au départ se situer dans la ligne du nationalisme de Lumumba, sans forcément y croire. Son régime fut marqué par un grand sens d'unité national et une prise de conscience de notre africanité. Malheureusement, très politisée, voire trop politisée pour être prise au sérieux et acceptée par tout le mode. Aucune pensée rigoureuse et systématique n'en est sortie. Pourtant, il y avait pas mal d'idées et d'attitudes susceptibles de nous fasciner. L'Institut Makanda Kabodi était loin de répondre aux aspirations du peuple malgré la qualité de ses organisateurs. Dans son désir de dépasser la négritude de Senghor, Mobutu créa même la LENA (Ligue des Etats Négro-Africains) à une époque donnée, concoctée par l'insatiable Sakombi Inongo. Le but inavoué de ces tentatives était de se faire une aura aussi bien intellectuellement, culturellement que socialement. Il y a eu meme un produit médical appelé Mobutu-Moubarak, un soi-disant traietment contre le sida.
Ainsi s'est passée ma journée d'hier. Et ces pensées désordonnées me sont passées par la tête. Le 24 novembre fait hélas partie de notre patrimoine historique. On ne peut rien y changer. 

23 nov. 2016

Adieu Oncle Faustin Yingila

Depuis hier 22 novembre 2016 est décédé aux Cliniques Universitaires de Kinshasa mon oncle Faustin Yingila, cousin de ma mère. Il faut avouer que j'ai très peu vécu avec cet oncle. Fonctionnaire de l'Etat, il a passé plusieurs années à Boma et à Tshela aux dernières nouvelles. Je l'avais connu à Kabengo, probablement en 1962, puis on a vécu ensemble à Kenge du temps de mon école primaire.
En janvier 1993, je suis allé à Boma après que j'avais dédouanné une voiture Peugeot 305 que j'avais affrêtée à Anvers. J'étais alors logé à la Procure de Boma où j'avais retrouvé des anciens condisciples de Mayidi. Je savais que mon oncle Faustin vivait là depuis des années mais je ne disposais d'aucune coordonnée pour le dénicher. Eh bien, comme toujours, lorsque je cherche une personne, la personne vient à moi. Cela s'est prouvé plusieurs fois, notamment à Kinshasa, à Addis Abeba;, à Bad Krozingen, à Ottawa. Je retrouve des personnes de façon complètement inattendue. J'ai l'habitude. Un sens inné qui me trompe très rarement.  Faisant un tour dans les rues de Boma, j'ai croisé cet oncle, le seul membre de ma famille qui y habitait.
A une sorte de rond-point non loin de la Procure, déambulant par un soleil accablant, je l'ai croisé, oui, l'homme que je cherchais de tous mes voeux. Il est passé à côté de moi sans qu'il s'en rende compte, mais mon coeur a battu très fort d'un coup brusque et étourdissant. Je me suis retourné vers lui, sans tout à fois être sûr, car je ne l'avais vu que de profil. J'ai simplement lancé: "Ah ngwasi". Il s'est retourné à son tour: "Monsieur l'abbé? A Claver, ngeyi wu? Kweyi tuki?" (Claver c'est toi vraiment? D'où sors-tu?) Aucun de nous deux n'en crut ses yeux. Après de chaleureuses retrouvailles, nous sommes passés ensemble chez Mbuta José Mosimi avant d'aller chez lui. Depuis Kenge, mon oncle s'habillait toujours de chemises blanches à manches longues retroussées au niveau du poignet. C'est l'image que je garde de lui. Je l'ai revu il y a trois mois en août 2016 à Yolo Sud, Kinshasa. On s'est échangé de numéros de téléphone, mais on ne s'est pas entretenus une seule fois. Soit! Dieu en a décidé autrement.
Kenge, 1967. Par une sombre nuit, nous sommes partis de l'avenue Laurence pour le Champ des Tirs. Il y avait Oncle Faustin et Flavien Mutabu (d'heureuse mémoire). Un policier m'a interpelé et arrêté parce qu'à l'époque, il était interdit aux enfants-mineurs d'être dehors après 20 heures. Des couvres-feux étaient régulièremùent organisés. Je n'oublierai jamais cette discussion entre le policier et mon oncle qui m'a défendu, m'a protégé et ne m'a pas laissé tomber entre les mains de l'agent de l'ordre. Merci ngwasi.    
A l'unisson avec toute ma famille maternelle étendue, je rends grâce au Seigneur pour tout ce qu'il a réalisé à travers Oncle Faustin. Je prie spécialement pour son épouse et ses enfants. 
Wenda mboti ngwasi. Tuyindulaka betu bosu.

20 nov. 2016

Un dimanche pas comme les autres

Dimanche du Christ-Roi, le dernier de l'année liturgique. Quinze ans de service ne s'envolent pas comme une banale fumée: ils laissent des marques et des réflexes indélébiles. On est allés à la messe du samedi soir. Alors que, dans mon actuel contexte de vie, c'est le jour idéal de famille et de repos, je me retrouve à mon bureau pour achever des travaux ennuyeux longtemps tenus en veilleuse. Je me suis alors dit de les liquider, car ils deviennent lourds avec le temps qui passe. Voilà une heure que je suis là, j'avance relativement bien. C'est l'essentiel: ces travaux ne sont pas difficiles mais ils demandent du temps. C'est justement ce qui dérange. J'avais pourtant prévu de rester en famille; mais les impondérables se sont imposés. Me voilà donc sommé de me cloîtrer dans un bureau de quatre murs comme un père OSB dont on attendrait une  précieuse traduction de la Bible.  Mais mes pensées en cette heure d'interruption vont très loin. Je pense à nos morts. Paix à leurs âmes. Je pense à mes dernières rencontres du Sénégal, surtout au photographe dont je n'ai pas payé la facture. Guilty! J'arrête là ma confession dominicale.

19 nov. 2016

"La politique est imprévisible, Madame"

Les jeux et les enjeux politiques sont parfois surprenants au point qu'on s'interroge souvent sur leur finalité réelle. L'élection de Donald Trump a surpris voire choqué le monde entier. Mais, comme je l'ai dit à un collègue: la vérité des urnes se décide dans l'isoloir. Là seul avec sa conscience, le citoyen vote. Le reste peut être truqué, manipulé, marchandé... mais la vérité des urnes demeure plausible si elle est inviolée. Alors que tout le monde attendait Hilary Clinton, c'est plutôt le milliardaire Trump qui a pris les rènes du destin américain pour les quatre années à venir. Les Américains ont fait lleur choix. Ce matin d'un certain 9 novembre au restaurant de mon hôtel de Dakar, tout le monde était sous le choc, estomaqué et dégoûté. J'ai dû dire à une commensale qui manquait d'appétit: 
- De quoi vous mêlez-vous. Les Américais ont librement choisi leur président.
- Oui, c'est justement cela que je ne comprends pas. Ni logiquement ni sentimentalement. Comment peut-on voter quelqu'un qui agresse les femmes, voudrait chasser les étrangers, ne paie pas ses taxes?
- C'est précisément cet homme-là qu'ils ont choisi. Ils sont souverains les électeurs en Amérique. Il a été voté sur un programme que les électeurs ont préféré à celui de Clinton. En plus, Clinton contrairement à Trump, avait déjà des dossiers désavantageux: Benghazi, emails, son mari, etc. Les Américains ont montré qu'il voulait, contrairement aux prévisions électorales, un changement fort, un virage à droite, républicain, d'une Amérique forte, prospère et crainte à travers le monde.
- Mais cet homme va provoquer une guerre mondiale.
- Calmez-vous Madame, rien ne présage une guerre mondiale. De menaces sont proférées ci et là, mais n'aboutiront pas à une guerre réelle.
- Vous semblez bien connaître la politique, Monsieur? Vos propos tiennent debout. 
- La politique est imprévisible, Madame. C'est dans le tas et le trouble que surgit la vérité politique. Réussit celui qui sait en manier le gouvernail. 

Observez bien ce qui se passe dans le monde. Vous verrez que là où la démocratie fonctionne, le peuple sanctionne ses dirigeants en fonction de ses convictions et intérets fondamentaux. Là où elle est bricolée, le lider maximo dicte la loi, "dame" le pion alors que ses thuriféraires, fascinés et oblnubilés par le gain facile, opèrent le reste, avec propagande, armée, forces de sécurité à l'appui. Démocratie peut signifie intimidation, arrestation, corruption, tuerie, usurpation de pouvoir au profit d'une clique dirigeante de prédateurs. Les politi-chiens peuvent aboyer leurs slogans, se contredire, trahir, et être récompensés pour leurs méfaits. Les politi-chiens peuvent impunément se gaver des "os" de leurs concitoyens saignés à blanc, affamés, humiliés et sacrifiés sur l'autel de leurs irréductibles ambitions. Les poli-chiens et les poli-chiers de sécurité achèvent la besogne sanglante avec des griffles aux gants blancs comme neige. Oui, la poli-tick est vraiment imprévisibe.


18 nov. 2016

Amour, ivresse ou folie?

Suivez cet échange de textos entre deux amoureux congolais:

" Chérie, olangwisi nga penza, nazoyoka bien te ndenge tosololi te lelo. Nalangwe bolingo na yo, nakosuka wapi bandeko? Nakomi bilobaloba.
- Eh papa na ngai boni yo, nalumuki malamu ebongo yo? Chéri, eza malamu kasi ata ndenge oyebisaka ngai que maman nayebi makambo nakomélaka yo nayebi te soki ewutaka wapi, kasi lelo yoka eyano na nga. Eza nde lolango po tango mosusu ekoki kolobisa yo oyo okanaki te mpe komema yo bipayi olikia te, bolingo eza bien to batela yango lokola liki mon amour nalingi yo vraiment à la folie.
(- Chérie, tu m'as vraiment enivré. Je ne me sens pas bien du fait qu'on n'a pas pu parler aujourd'hui. Je suis enivré de ton amour, jusqu'où aboutirais-je chers amis?Je commence à dire n'importe quoi.
- Eh mon papa, comment vas-tu? Je me suis bien réveillée et toi. Chéri, c'est bien mais comme tu m'as dit "maman je ne sais pas d'où me viennent les choses que je te texte," écoute aujourd'hui mon explication. C'est donc l'amour fou, car il peut quelque fois te faire dire des choses que tu n'as pas prévues tout comme te mener vers des endroits que tu n'as pas planifiés. L'amour, c'est bien, protégeons-le comme un oeuf. Mon amour, je t'aime vraiment à la folie.)

17 nov. 2016

RIP Inspecteur Baudouin Kudimbana

Kalunga katuwani: Inspecteur Baudouin Kudimbana lelu kafi mu suka kuna Cliniques Universitaires. RIP!
(Source: P. Serge Tsunda, "Ngwanenu":  https://www.facebook.com/groups/Menikongo/ ) 

Dimanche 13 novembre 2016 est mort à Kinshasa l'inspecteur Baudouin  Kudimbana. Paix à son âme! Que le aterre de nos ancêtres lui soit tendre et accueillante. Quii ne connaît la famille Kudimbana avec son arsenal d'intellectuels qui se distinguent dans différents domaines du savoir, du pouvoir et de la culture? Une famille exemplaire en matière d'éducation et de solidarité sociale. J'ai eu le privilège d'en connaître quelques-uns et de savourer leur compagnie. J'ai même présidé la cérémonie du mariage de Damien Kudimbana avec ma nièce Didier Kayala, durant laquelle l'abbé Denys Luhangu - paix à son âme - avait offert une homélie mémorable. Une homélie dont lui seul avait le secret. Revenons-en à l'inspecteur qui vient de nous quitter.
Je connaissais Mbuta Baudouin Kudimbana, mais c'est à Kenge dans les années 80 qu'il m'a été donné de le connaître mieux, d'un peu plus près. Il était inspecteur d'enseignement dans l'officiel. Homme de rigueur et d'excellence, il exerçait son métier avec compétence et dexterité. Blagueur, animateur et comédien à ses heures, l'inspecteur Kudimbana était du genre à vous faire éclater de rire quand bien même vous seriez énervé. Très discret mais efficace dans ce qu'il entreprenait, il était de bonne compagnie. Impossible de s'ennuyer avec lui. C'est lui qui m'a révélé que les enfants de Notre-Dame nous avaient donné des surnoms à l'abbé Faustin Mampuya et à moi. Le surnom de Faustin ne me revient plus à la mémoire, on vieillit, mais je me souviens avec certitude du mien: "L'abbé Yezu" parce qu'il avait continué à m'appeler ainsi. Et depuis, j'ai toujours associé son souvenir à ce surnom qu'on m'a attribué à cause de la barbe que je portais et exhibais à l'époque. Il aimait bien me taquiner. Comme pour dire combien nous entretenions des relations personnelles cordiales et respectueuses!
Je me joins volontiers aux pleurs de la grande famille Kudimbana, des amis et connaissances en ces jours douloureux. Que le Seigneur dans sa miséricorde lui accorde le repos éternel.
Ah Mbuta-mutu wenda mboti. Watuyindulaka betu tusadi.

15 nov. 2016

Photos du Sénégal: 6-11.11.2016

                                         Abbé Ambroise Tine dans son bureau
                                         Echanges avec l'abbé A Tine


                                          Lydia et Francis Mayengo
                                         Avec Manou
                                          Mme Colly, secrétaire du colloque
                                           Professeur Saliou Mbaye
                                          Avec le Professeur Liyongo
                                          Avec Dr Zéphyrin Daavo
                                          Le Président Macky Sall inaugurant le colloque
                                          Avec René Masala Mbangu
                                          En route pour Thies avec Babakar
                                          L'autoroute Dakar - Thies

Heureux anniversaire Papa Bunda


"Heureux Anniversaire Papa Dieu," le seul papa qui nous reste dans la lignée de Kahyiudi et Kalongo.
Dieudonné Bunda Kahyudi, c'est mon pote comme on dit. Mais c'est aussi mon Papa. Enfant, je n'aimais pas trop qu'il vienne chez "nous" car Papa lui donnait mes habits. Je trouvais cet acte injuste, vu de mes yeux d'enfant égoiste. Puis on est devenu très copains, complices et compagnons d'aventures. De Kabwita, Mutoni, Makiosi, Kenge, Kimbau et Kinshasa, nous avons toujours été proches, et avons vécu tous les événements familiaux ensemble. Dans le bonheur comme dans le malheur nous avons toujours été ensemble. Aujourd'hui il assume le rôle de Pater Familias. Je suis très admiratif de sa sagesse lorsqu'il règle nos affaires familiales. Connaisseur de la tradition suku, ce Mukhamba maîtrise et manipule les proverbes avec une adresse peu commune pour un gars de mon âge. Ce blog contient pas mal d'anecdotes à son sujet. Aujourd'hui, c'est son anniversaire! Louanges et gloires soient rendues éternellement au Bon Dieu, notre Créateur pour l'avoir gardé en vie et protégé jusqu'à ce jour grandiose.
Hana twa kalaka! Buna bwa bukheti mwana Kalongu ye Kahyiudi. 

Joyeux Anniversaire Adrienne

"Bonjour Yaya. Aujourd'hui c'est mon jour d'anniversaire, pensez à moi dans vos prières. Merci beaucoup." (Message Whatsapp du 15 novembre 2016)
Joyeux anniversaire ma soeur chérie! Comment en ce jour ne pas penser à l'histoire de notre famille? Comment en ce jour ne pas apprécier les liens de sang qui nous unissent si fortement? Comment ne pas revivre l'amour que nous partageons si intensément? Que ce jour te soit béni et plein de joie! Ton nom figure dans Du mythe à la littérature (2013) parmi les personnes que je remercie pour leur contribution à mes recherches. Kilumbu ya mbote, ya ngemba ti ya kiese! Merci encore une fois et meilleurs voeux Adrienne!
 

Le colloque du 50aire du 1er FMAN

6-7 novembre 2016. Peu avant minuit, je me pointe à la porte de l'hôtel. Un gardien et un portier m'accueillent gentiment. Le temps de remplir les formalités, mes bagages sont montés et je découvre une chambre entrer-coucher convenable, décente et propre. Mais comme il fait très chaud malgré l'heure avancée de la nuit, c'est le conditionnement d'air qui va équilibrer l'air dans l'espace de la chambre. Je m'empresse d'écrire très vite la mésaventure de l'aéroport afin de ne pas en perdre les fils, mais je suis très fatigué pour continuer la besogne. Un bain, et c'est parti pour le reste de la nuit. Comme j'ai acquis une SIM Tigo, la communication sera facilitée.
Autour de 8 heures, je suis réveillé par un coup de fil du Prof. Saliou qui s'enquiert de ma situation et me demande de contacter le secrétariat du colloque. Mais je préfère me reposer, car le voyage depuis la Barbade a été long et éreintant. J'ai pris le soin de m'informer de différents événements. La plupart des conférenciers du FMAN sont logés à l'hôtel Ngor Diarama. Les nombreux hôtes que je croise dans les couloirs participent eux à la CIM (Conférence Internationale des Mines) qui réunit des représentants de toute l'Afrique. J'échange avec quelques-uns, je prends même mon déjeuner à côté d'eux. La journée se passe en chambre: je relis ma copie de présentation, lis le livre entamé la veille et achève de rédiger l'article précédent du blog. Je découvre que l'une des hôtesses d'accueil est originaire du Congo (maman rd-congolais et papa congolais de Brazza). Elle habite Dakar depuis quelques années et parle le Wolof. Le soir, René Masala Mbangu, un neveu qui vit à Dakar, vient me chercher pour le dîner à la Brioche Dorée. Je goûte du filet de Thior braisé et de la bière Gazelle. Très bien. Le jeune homme me révèle sa reconnaissance pour tant de bien que je lui ai fait par le passé. De petits gestes qui ont une signification importante pour lui. Tant mieux. Je ne pouvais qu'en être flatté. D'autre part, pour un jeune homme que j'ai vu enfant, je le trouve mûr, généreux et serviable.
8 novembre 2016. Je me réveille de bonne heure car il faut honorer l'ouverture du Colloque Centenaire. J'ai hâte d'aller voir le Prix Nobel Wole Soyinka, le conférencier-invité qui a vécu cet événement en 1966. Soyinka, le néologiste de la "tigritude", représente la génération des pourfendeurs africains de la Négritude avec les M'Phaelele, Fanon, Tchicaya, Adotevi, et autres. Son message est attendu. Je prends le bus alloué à cet effet, et me rends au King Park Pallace. L'imposant hôtel héberge également les immenses assises de la CIM. Sécurité serrée, ordre très rigide. Je me trouve vite un badge afin de descendre dans la salle prévue pour l'ouverture du cinquantenaire. La salle est à moitié pleine lorsque j'y entre. Retrouvailles avec quelques collègues, mises de visage sur les noms déjà connus. Je reconnais dans la mêlée le Béninois Zéphyrin Daavo que j'avais rencontré en 2005/6 au salon du livre de Guadeloupe. Je mets un visage sur le nom des Profs. Sy et Mbaye. J'identifie les membres du comité organisateurs. Pendant qu'on est assis, on nous prie d'aller devant. Un groupe d'élèves en uniforme entre, bien rangés et bien disciplinés. J'apprends dans les coulisses que Mr Soyinka ne sera pas de la partie, mais que son texte sera lu. Soudain, rappel à l'ordre:
"Mesdames et Messieurs, veuilllez vous lever pour accueillir S.E. Mr Macky Sall, Président du Sénégal". Quelle surprise pour moi! Au lieu de rencontrer Soyinke, voilà qu'il m'est contre toute attente donné l'occasion de voir l'actuel Président du Sénégal. Je comprends alors pourqu'il y a eu tant de sécurité à l'entrée du hall. En posant ce geste commémoratif très symbolique, Monsieur le Président venait honorer Léopold S. Senghor, son illustre prédécesseur, qui avait 50 ans auparavant organisé ce festival. Quel vibrant hommage au Président-Poète de la Négritude! Quelle fierté pour le Sénégal d'avoir réussi à abriter dans ses murs cet événement universel unique dans l'histoire de la culture noire! Dans son allocution d'ouverture, le professeur Sy, président du CACSEN (Communauté Africaine de Culture - Senégal) répète cette phrase attribuée Senghor: "Il n'y aura pas de développement durable sans la culture." L'histoire sait combien le développement culturel a été le point d'orgue de toute l'action politique de Senghor. Tous les intervenants reviendront sur cet aspect important de la politique senghorienne. Je retiendrai le nom de Mr Hussard: "Monsieur le Président, vous commémorez le cinquantenaire de votre prédécesseur, organisez votre propre Festival." Cet admirable comédien, imitateur formidable, a tellement bien rendu la voix de Senghor, que certains conférenciers ont fermé les yeux pour savourer les tonalités vocales de l'illustre poète. L'intervention du Président Macky Sall, un géologue dont la présence aurait été mieux justifiée à la CIM, a été d'une profondeur surprenante pour un scientifique. Il a plutôt cité le poème "Souffles" d'un autre grand, Birago Diop, pour nous imprégner de la présence du Président Senghor et des autres "qui sont morts (mais) ne sont jamais partis." Sans tarir d'éloges pour Senghor, il a également souligné l'impact politique de l'esprit de la négritude et des initiatives prises par ce dernier en faveur des mouvements de libération tels l'OLP, la SWAPO, etc.
J'aurais bien voulu saluer le Président mais la ceinture de sécurité était très serrée. J'ai par contre fait la connaissance de quelques figures importantes de la politique et de la culture du Sénégal. J'ai salué le maire de Thies pour lui dire que je connaissais bien l'abbé Ambroise Tine: "Alors il faut venir à Thies. Nous collaborons beaucoup avec l'abbé Tine dans le cadre des activités sociales et culturelles." J'ai croisé dans la salle des activistes politico-culturels, des organisateurs de festival ou conférences. J'ai beaucoup observé, et noté des détails peu perceptibles aux yeux des communs de mortels. J'ai par exemple remarqué dans la salle la présence de cinq moines bénédictains. J'apprendrai que le Père Dominique Cacca, musicien et spécialiste de la Korah, proche de Senghor, avait énormément contribué à l'organisation du Festival. Les chants grégoriens de "Koeur Moussa" sont mondialement connus. Du King Park Pallace nous nous sommes déplacés dans l'après-midi pour l'Hôtel Ngor Diarama pour la suite du programme.

Le colloque du 50aire du 1er FMAN






6-7 novembre 2016. Peu avant minuit, je me pointe à la porte de l'hôtel. Un gardien et un portier m'accueillent gentiment. Le temps de remplir les formalités, mes bagages sont montés et je découvre une chambre entrer-coucher convenable, décente et propre. Mais comme il fait très chaud malgré l'heure avancée de la nuit, c'est le conditionnement d'air qui va équilibrer l'air dans l'espace de la chambre. Je m'empresse d'écrire très vite la mésaventure de l'aéroport afin de ne pas en perdre les fils, mais je suis très fatigué pour continuer la besogne. Un bain, et c'est parti pour le reste de la nuit. Comme j'ai acquis une SIM Tigo, la communication sera facilitée.
Autour de 8 heures, je suis réveillé par un coup de fil du Prof. Saliou qui s'enquiert de ma situation et me demande de contacter le secrétariat du colloque. Mais je préfère me reposer, car le voyage depuis la Barbade a été long et éreintant. J'ai pris le soin de m'informer de différents événements. La plupart des conférenciers du FMAN sont logés à l'hôtel Ngor Diarama. Les nombreux hôtes que je croise dans les couloirs participent eux à la CIM (Conférence Internationale des Mines) qui réunit des représentants de toute l'Afrique. J'échange avec quelques-uns, je prends même mon déjeuner à côté d'eux. La journée se passe en chambre: je relis ma copie de présentation, lis le livre entamé la veille et achève de rédiger l'article précédent du blog. Je découvre que l'une des hôtesses d'accueil est originaire du Congo (maman rd-congolais et papa congolais de Brazza). Elle habite Dakar depuis quelques années et parle le Wolof. Le soir, René Masala Mbangu, un neveu qui vit à Dakar, vient me chercher pour le dîner à la Brioche Dorée où je goûte du filet de Thior braisé et de la bière Gazelle. Très bien. Le jeune homme me révèle sa reconnaissance pour tant de bien que je lui ai fait par le passé. De petits gestes qui ont une signification importante pour lui. Tant mieux car je m'en souviens vaguement. Je ne pouvais qu'en être flatté. D'autre part, pour un jeune homme que j'ai vu enfant, je le trouve plutôt mûr, sage généreux et serviable.
8 novembre 2016. Je me réveille de bonne heure car il faut honorer l'ouverture du Colloque Cinquantenaire. J'ai hâte d'aller voir le Prix Nobel Wole Soyinka, le conférencier-invité qui a vécu cet événement en 1966. Soyinka, le néologiste de la "tigritude", représente la génération des pourfendeurs africains de la Négritude avec les M'Phaelele, Fanon, Tchicaya, Adotevi, et autres. Son message est attendu. Je prends la navette allouée à cet effet, et me rends au King Park Pallace. L'imposant hôtel, accoudé sur un bras de l'Océan Atlantique, héberge également les immenses assises de la CIM. Un spectacle de chants et de danses exécuté par une troupe très bien  nous accueillent dans une ambiance très africaine à l'entrée du Pallace. Sécurité serrée, ordre très rigide. Je me trouve vite un badge afin de descendre dans la salle prévue pour l'ouverture du cinquantenaire. La salle est à moitié pleine lorsque j'y entre. Retrouvailles avec quelques collègues, mises de visage sur les noms déjà connus. Je reconnais dans la mêlée le Béninois Zéphyrin Daavo que j'avais rencontré en 2005/6 au salon du livre de Guadeloupe. Je mets un visage sur le nom des Profs. Sy et Mbaye. J'identifie les membres du comité organisateurs. Pendant qu'on est assis, on nous prie d'aller devant. Un groupe d'élèves en uniforme entre, bien rangés et bien disciplinés. J'apprends dans les coulisses que Mr Soyinka ne sera pas de la partie, mais que son texte sera lu. Soudain, rappel à l'ordre:
"Mesdames et Messieurs, veuilllez vous lever pour accueillir S.E. Mr Macky Sall, Président du Sénégal". Quelle surprise pour moi! Au lieu de rencontrer Soyinke, voilà qu'il m'est contre toute attente donné l'occasion de voir l'actuel Président du Sénégal. Je comprends alors pourqu'il y a eu tant de sécurité à l'entrée du hall. En posant ce geste commémoratif très symbolique, Monsieur le Président venait honorer Léopold S. Senghor, son illustre prédécesseur, qui avait 50 ans auparavant organisé ce festival. Quel vibrant hommage au Président-Poète de la Négritude! Quelle fierté pour le Sénégal d'avoir réussi à abriter dans ses murs cet événement universel unique dans l'histoire de la culture noire! Dans son allocution d'ouverture, le professeur Sy, président du CACSEN (Communauté Africaine de Culture - Senégal) répète cette phrase attribuée Senghor: "Il n'y aura pas de développement durable sans la culture." L'histoire sait combien le développement culturel a été le point d'orgue de toute l'action politique de Senghor. Tous les intervenants reviendront sur cet aspect important de la politique senghorienne. Je retiendrai le nom de Mr Hussard: "Monsieur le Président, vous commémorez le cinquantenaire de votre prédécesseur, organisez votre propre Festival." Cet admirable comédien, imitateur formidable, a tellement bien rendu la voix de Senghor, que certains conférenciers ont fermé les yeux pour savourer les tonalités vocales de l'illustre poète. L'intervention du Président Macky Sall, un géologue dont la présence aurait été mieux justifiée à la CIM, a été d'une profondeur surprenante pour un scientifique. Il a plutôt cité le poème "Souffles" d'un autre grand, Birago Diop, pour nous imprégner de la présence du Président Senghor et des autres "qui sont morts (mais) ne sont jamais partis." Sans tarir d'éloges pour Senghor, il a également souligné l'impact politique de l'esprit de la négritude et des initiatives prises par ce dernier en faveur des mouvements de libération tels l'OLP, la SWAPO, etc.
J'aurais bien voulu saluer le Président mais la ceinture de sécurité était très serrée. J'ai par contre fait la connaissance de quelques figures importantes de la politique et de la culture du Sénégal. J'ai salué le maire de Thies pour lui dire que je connaissais bien l'abbé Ambroise Tine: "Alors il faut venir à Thies. Nous collaborons beaucoup avec l'abbé Tine dans le cadre des activités sociales et culturelles." J'ai croisé dans la salle des activistes politico-culturels, des organisateurs de festival ou conférences. J'ai beaucoup observé, et noté des détails peu perceptibles aux yeux des communs de mortels. J'ai par exemple remarqué dans la salle la présence de cinq moines bénédictains. J'apprendrai que le Père Dominique Cacca, musicien et spécialiste de la Korah, proche de Senghor, avait énormément contribué à l'organisation du Festival. Les chants grégoriens de "Koeur Moussa" sont mondialement connus. Du King Park Pallace nous sommes conduits dans l'après-midi à l'Hôtel Ngor Diarama pour la suite du programme.

14 nov. 2016

Joyeux anniversaire à Bella

Joyeux anniversaire Bella. Que l'Eternel soit avec toi et te guide dans la vie, qu'Il soit ton réconfort et ta source de joie. Longonia!

11 nov. 2016

10.11.16: Chez Ambroise Tine à Thies


Un des points forts de ma visite au Sénégal a été la rencontre avec l'abbé Ambroise Tine ce 10 novembre 2016, Pour rien au monde, je passerais au Sénégal sans rencontrer l'homme de Sebikotane. Aussitôt que ma présentation a été faite, j'ai décidé de me libérer de ce devoir d'amitié. Il s'agissait de retisser un intervalle de 34 ans de vie et de rendre grâce au Seigneur de nous avoir de nouveau réunis. Que des morts pendant ce temps! Que des pensées et des souvenirs! Paix à leurs âmes!
Ambroise a mis tous les moyens pour que je ne rate pas de le voir. Il m'a envoyé une voiture taxi avec comme chauffeur Mr. Babakar qui était 12h50 au parvis de l'Hötel Ngor Diarama pour un rendez-vous prévu à 13 heures. Quelle ponctualité! Je me suis éclipsé à l'anglaise du colloque, glissant quelques au revoir discrets à des collègues conférenciers. J'avais promis de donner 2000 FCA à un photographe qui m'a gentiment présenté deux jolies images prises lors de ma présentation. Hélas, je n'avais pas de CFA en ce moment-là, et je suis parti oubliant d'honorer ma parole. Je vais demander aux organisateurs du colloque de faire ce geste honorable en mon nom. J'ai viraiment honte d'avoir AGI comme le dernier des malfrats. Je m'en veux d'avoir oublié cet engagement.
De Ngor Diarama, j'ai fait un tour à l'hôtel Fana afin de récupérer un de mes livres que je tenais à dédicacer à mon ami. La route fut une découverte du Sénégal profond, un voyage dans l'espace des efforts de modernisation du Sénégal. Alors là, il faut le dire haut et fort. Le Sénégal a un degré de développement très élevé tout comme il est le plus avancé en matière de démocratie. L'autoroute est construite sur le modèle des autoroutes françaises. Je me suis senti comme voyageant entre Besançon et Paris. Copie conforme. Avec des points de péage automatiques et manuels, exactement comme en France. A aller c'était un paiement manuel et au retour un paiement automatique. Et le Centre Abdou Diouf où s'est tenu le dernier sommet de la Francophonie. Quelles infrastructures impressionnantes. L'autoroute a été construite par Wade, mais Mr Macky Sall a aussi ses réalistations sur le même tronçon routier. Il faut voir ça. La limite de vitesse est de 110 Km officiellement, comme chez De Gaulle. A la sortie de Thies, on a pris la route nationale qui y mène par Sebikotane. 
J'ai remarqué les véhicules roulent en ordre, quoique Mr Babakar se plaignât de fréquentes infractions effectuées par certains chauffeurs. Je n'y ai personnellement rien vu de grave, étant habitué à la circulation chaotique de Kinshasa. Enfin m'est apparu Thiès, la ville politique du Sénégal d'où sont parties les fameuses grèves qui ont fait la puissance des syndicats. Avant d'atteindre l'hôtel de ville, je vois une place de spectable sur la gauche, et en face un petit parc que Senghor alors maire de la ville embellie avec de jolies fresques artistiques. Puis, sous de gigantesques kaïcedrats et fromagiers, m'est apparue la Cathédrale Ste Anne derrière laquelle se trouve la Procure où travaille l'abbé Ambroise.
Quelles retrouvailles avec Ambou! Quelle émotion de revoir cet ami comme si trente années n'étaient que l'espace de quelques heures dissipées dans la mémoire de nos consciences; Quel plaisir enfin de retrouver, l'homme, égal à lui-même, dans sa tenue de jeans et ample chemise à manches courtes rayées. A part quelques cheveux grisonnants et une barbe qui prend de la couleur de sagesse, comme la mienne, Ambou est demeuré simple, généreux, ouvert, organisé et intelligent. Oui, c'est un monsieur très intelligent tel que le Sénégal sait en produire. Monsieur l'abbé que je trouve dans son bureau au milieu de ses colloborateurs Roland et Céline (Cécile?), est le procureur diocésain. Un vrai procureur diocésain. Il décide qu'on aille prendre notre déjeuner au restaurant du coin avant qu'on fasse un tour de la ville. Sa jeep Mercedès est fort enviable, mais je le taquine en lui disant qu'il marchera beaucoup lorsqu'il me rendra visite à la Barbade, car il faudra bien qu'il prenne du repos. Ambroise travaille beaucoup. Pendant que nous essayons de manger quelque chose, son téléphone ne cesse de sonner. En effet une délégation du gouvernement allemand visitera Thies le 18 novembre; un coup de l'ambassadeur ou ambassadrice d'Allemagne lui prend quelques minutes. Il maîtrise son sujet, organise les choses à la minutes près. On parle de tous les copains. Correction: Ambou a travaillé pendant huit ans comme directeur national de la Caritas avant son poste actuel. Hyacinthe Dione par contre travaille à Rome à la Propaganda Fide, non pas au Culte Divin comme je l'ai écrit précédemment. Un petit tour du centre de la ville. Les écoles sont fermées à cette heure, on visite un centre pour jeunes artistes, la cathédrale. Mais on retourne au bureau. On ne s'arrête de parler des copains, de la vie et de Rome. Il m'apprend qu'il a visité Kinshasa à deux reprises dans le cadre de Caritas. Pour célébrer l'événement, l'abbé Ambroise concocte grâce à ses services un petit cocktail au champagne Moet et Chandon en mon honneur. On contacte Hyacinthe à Rome, sans succès. On lui envoie une photo du jour. En tout cas, la procure de Thiès fonctionne à merveille, maîtrisant les meilleurs programmes de gestion d'une procure, assumant la chargeant de la vie matérielle et de la logistique. D'un clic, la procure est capable de donner la situation financière d'une paroisse avec précision.
Il a parlé de Flavien Busina, "Ndembo na se". Il a parlé de "Lumu Luimpe" qui a abandonné sans alerter qui que ce soit un match de football à la mi-temps, parce qu'il faisait froid. Il a parlé de Mampuya, le "violent". Paix à leurs âmes! Il a parlé du séminariste Chinois à qu'il a appris l'italien et qu'il frappait pour différencier l'attivo et il passivo. On a échangé sur nos expériences de vie. 
C'est au tour de 18h40 qu'il laisse un chauffeur me reconduire à Dakar à bord de sa jeep. Mr Moustapha, que l'abbé appelle Phata, est très bon. Une heure et demi plus tard, je me retrouve à mon hôtel. Merci Ambroise d'avoir ravivé notre relation amicale et fraternelle! On s'est promis de ne plus couper le contact. Merci au Seigneur d'avoir fait que nous nous retrouvions au pays de la Teranga.

7 nov. 2016

Leçon de Goethe

"Die beste Bildung, schrieb Goethe, findet ein gescheiter Mensch auf Reisen." Traduction (un lapsus j'ai d'abord écrit Traudction tellement je suis habitué à écrire Mme Schmitt): "Un homme intelligent se forme en voyageant" ou  littéralement "La bonne formation, a écrit Goethe, un homme rusé la trouve au cours des voyages." La sagesse de cette maxime du poète allemand possède encore toute son actualité. Moi qui m'intéresse à Senghor depuis bientôt plus de quarante ans, ce n'est qu'aujourd'hui que je foule des pieds ce pays légendaire dont j'ai connu l'existence avant à mes neuf ans. Je garde un bon souvenir de ma mère au sujet des Sénégalais. A ma question de savoir pourquoi, les Sénégalais que je voyais à Kinshasa étaient tous riches, ma mère Christine me dit en août 1966: "Eh bien, mon fils, sache que leur pays est proche de l'Europe. Ils ont vu les Blancs avant nous." Mama, kuna wena matondu mingi. Mfumu Nzambi kakusambula. J'avais discrètement juré de visiter un jour ce pays. En venant ici, je réalise un voeu tacitement fait à ma mère, Christine Matsasu d'heurese mémoire, de voir ce pays proche du pays des Blancs.  J'en célèbre le cinquantenaire. Avant Ambroise Tine et Hyacinte Dione à Rome, je n'avais connu personnellement de Sénégalais.
Je viens ici non pas comme un touriste, mais un Africain qui voudrait un autre pan de son histoire, de sa vie. J'irai, si le temps le permet, voir Gorée. L'expérience des taxis et des débrouilleurs d'hier m'a montré que les habitants de nos centres urbains africains vivent vraiment de combines, d'arrangements à la limite de l'honnêteté. De très nombreux services sont proposés comme des dons, des aides alors qu'on compte en tirer le plus de dividendes que possible. Brazzaville, Cotonou, Kinshasa, Lagos, Yaoundé, Nairobi, c'est la même débrouille, à la différence qu'elle prend le visage local du la mégapole. Je n'ai pas vu cela à Addis-Ababa, peut-être parce que là j'ai été toujours pris en charge par la compagnie aérienne ou l'hôtel de séjour. Une fois par mon ami Dr Temkir Bonger, à l'aller comme au retour. Si Dakar est le miroir du Sénégal, j'y vois aussi les espoirs et les dangers qui guettent l'Afrique noire toute entière pour autant que les autres mégapoles représentent leurs pays. J'observe l'âge, l'agir des gens. Je discute avec tout le monde. Ce matin, j'ai eu à discuter sur le mot "patron" avec deux servantes de l'hôtel qui sont venues nettoyer ma chambre. Et j'ai appris deux mots en wolof: "Nangadef" (Bonjour) et "Mangifirek" comme réponse. Je rentrerai avec ces deux mots dans mes bagages pour impressionner mon frère Modou Diagne à la Barbade, Inch'Allah.
J'ai pris des contacts avec les organisateurs de la conférence. Il est prévu un vernissage au musée Théodore Monod ce soir. Mais j'ai pris rendez-vous avec mon neveu René Masala Mbangu qui habite et que, si je rate ce jour, je risque de ne pas rencontrer. Je voudrais bénéficier autant que je peux de la conférence. Rencontrer Wole Soyinka, Prix Nobel de Littérature. Voilà une occasion à ne pas manquer. Il y a aussi des compatriotes congolais dans différentes sessions du colloque. Il y a aussi des visages connus rencontrés à d'autres colloques. Comment dire? Je voudrais tirer de cette conférence le plus de formation possible, suivant l'instruction du maître de la parole, Goethe.

L'épopée de Dakar,

Un voyage particulier. Du 8 au 10 novembre 2016 aura lieu à Dakar, Sénégal, un colloque international commémorant le cinquantenaire du Premier Festival Mondial des Arts Nègres animé jadis par le président Léopold S. Senghor. Et j'ai le privilège de participer à ce colloque. Par tous les moyens, je me suis arrangé pour que tout marche. Premiers heurts. Dès que ma participation s'est confirmée, il me fallait m'informer des détails afin de m'organiser. Visas et itinéraires. 
1. Itinéraires. Il y a trois ou quatre chemins pour partir de la Barbade au Sénégal: soit par New York, Montréal, Londres, ou Paris via Ste Lucie, Martinique. J'ai procédé par élimination. Le dernier est le moins cher, mais le plus compliqué, car il faut deux visas, un Schengen et, aussi paradoxal que cela paraisse, un pour les DOM. Ils ne me coûtent rien pour moi en tant qu'enseignant de français, mais ils s'obtiennent à Castries, Ste Lucie. Donc un déplacement obligatoire. Deuxième option: passer par New York, là c'était bien mais l'attente au consulat américain prend tout un avant midi, et le visa américain coûte cher pour les Congolais. 250 USD en plus de 100 des formulaires, il paraît que c'est la contrepartie que les Américains paient également pour entrer en RDC. En langage diplomatique, cela s'appelle mesure de réciprocité: on me répète toujours que c'est les Congolais qui ont inauguré cette disposition pratique. Je n'ai pas pensé au passage par Montréal. La meilleure option était décidément Londres. Pas de problos par là. Seulement, il fallait prendre "les" bonnes informations. De Londres plusieurs possibilités avec Turkisch Airlines, Iberia, Air France, Royal Air Maroc, TAP, et d'autres.
2. Visas. Celui du Sénégal d'abord. Dès que j'ai obtenu le visa letter de mon université, j'ai écrit un courriel à l'ambassade du Sénégal à Washington. Pas de réponse. J'ai appelé. C'était pour m'entendre dire que je n'en avais pas besoin. Par prudence, j'ai demandé une confirmation écrite qui n'est jamais venue. Par commodité, j'ai opté de passer par Madrid avec Iberia. Fallait-il un visa Schengen, comme je ne sortais pas des frontières? Le consulat espagnol m'a dit "oui", mais les agences de voyage m'ont dit "non". Pour obtenir ce visa, il me fallait aller à Trinidad. J'ai éliminé le voyage de Trinidad, mais j'ai décidé de voyager via Madrid, m'en tenant à ce que me conseillaient unanimement les agences.
3. J'ai compris une chose. L'information est capitale. Si je n'avais pas été critique et réaliste, je serais allé à Trinité me procurer un visa absolument inutile. Quelle perte de temps et d'argent! La vérité, c'est que c'est tout simplement une question d'argent. Le consulat espagnol, intransigeant sur cette règle, n'avait rien à perdre de m'octroyer un visa dont je me serais passé. Le bon sens avant tout.
3. Le samedi 5 novembre, à 17h, je suis parti de Bridgetown avec Virgin Atlantic pour arriver le lendemain 6.11 à 5h10 à Gatwick. Ma correspondance Iberia étant prévue pour 10h50, il me fallait donc tuer le temps dans cet aéroport si froid en ces jours pour quelqu'un qui atterrit des tropiques. J'avais pris des dispositions pour cela. Dès 7h30, le tout premier, j'ai enregistré mon unique bagage pour Dakar en moins de trois minutes. Les connexions Wi Fi fonctionnent très mal à Gatwick. Je n'ai réussi à appeler personne; et même au téléphone ordinaire, personne ni Donat, ni Ephrem, ni Nicolas, personne ne m'a répondu. Par contre, j'ai pu parler deux minutes avec Mme Schmitt à Wurmlingen. Assis dans un coin tranquille, j'ai pu revoir mon texte à présenter au colloque et lire En attendant la montée des eaux de Maryse Condé. Ce livre acheté il y a une année à Fort-de-France, je n'ai j'amais eu le temps de le feuilleter. Voilà, ce sera mon livre de chevet ces jours-ci. Le voyage Londres - Madrid s'est effectué dans de bonnes conditions quoique j'aie été surpris qu'on vende le petit déjeuner aux gens. Au passage au comptoir d'embarquement, j'ai été surpris de voir une citoyenne équato-guinéenne avec plus de quatre lourds bagages à main. Les gens lui ont fait des problèmes, elle a dû en abandonner deux là bas, sous prétexte qu'on les lui mettrait dans la soute. Elle partait pour Malabo. On a parlé des 11 voitures du Fils Obiang' que les autorités suisses ont saisies dernièrement. 
4. J'ai été très impressionné par la beauté du paysage panoramique de Madrid. Un aéroport très aéré comparé à Gatwick. Là les Wi Fi fonctonnaient parfaitement. Pour tuer le temps, j'ai pu parler à plusieurs personnes depuis Viber  et Whatsapp. Avec des British, des Français, des Belges... et mêmes des RD Congolais. Je n'ai pas lu pendant les deux ou trois heures d'escale à Madrid. De là on est parti avec beaucoup de retard pour Dakar, dans un Airbaus 340 bien plein. 
5. L'arrivée à Dakar s'est passée sans problème. Un accueil assez formel au niveau des agents de de l'immigration et des douanes. La queue était respectée, sauf que de temps en temps, on voyait quelqu'un se détacher du groupe appelé par un des agents. "Le visa sénégalais est gratuit", ai-je vu aussitôt entré dans le hall. Comme les organisateurs du colloque m'avaient octroyé une autorisation de visa du ministère de l'intérieur, mon passage de frontière s'est effectué très confortablement. Au retrait des bagages, je serai un peu dérangé par la promiscuité des voyageurs et des porteurs. Après le contrôle d'usage, je suis allé à un kiosk acquérir un SIM Tigo pour mes communications locales. Je m'attendais à voir des organisateurs du colloque, mais je n'ai personne vu comme diraient les Jurassiens. Je devrais donc prendre un taxi pour l'hôtel. Là alors, c'était des sollicitations de toutes sortes. Des services de tous genres sont proposés à la criée ou discrètement. "Voulez-vous téléphoner? Vous me donnerez ce que vous voulez" Ou encore: "Voulez-vous un taxi? 5000 FCA." J'en choisis un, qui me propose 4000. Arrivé à pied à la sortie du parking, il me présente un autre monsieur, un géant d'au moins deux mètres, son frère venu de nulle part, qui se dispose à me conduire à 4500. Je dis niet, plus terrorisé par la stature monumentale du taximan que dissuadé par le prix. Pendant que j'attends un autre taxi, un autre gars m'approche: "Mon frère, voici un cadeau pour toi. Ici le taxi te demande 5000 alors que si tu avances jusqu'au rond-point-là, tu en trouveras un à 1000 FCA." Il me donne un porte-clef que je décline, empoigne mon bagage avant même d'avoir entendu ma réponse. Je dis niet et lui rends son beau cadeau. Un autre en taxi, cette fois, vient me proposer 4000 FCA. Les gens de l'hôtel m'ont prévenu que le trajet coûte 5000 Fr, à cette heure pas plus. J'en prends un, mais aussitôt éloigné de 50 mètres, il demande 10000 Fr prétendant que c'est loin l'hôtel. Je lui dis niet et le prie de me retourner au point de départ. Marche arrière, et dehors. C'est finalement grâce à un agent de police que je trouverai le bon taxi, après avoir perdu une bonne dizaine de minutes à marchander. Il faut se méfier, être prudent, alors très prudent. Là je viens de passer ma première nuitée à N'Dakarou.




5 nov. 2016

French and Creole Language in the Francophone Caribbean

I would like to share some thoughts on the links between Francophonie and the French Caribbean. Francophonie was first defined as a geographical concept before becoming a political and a sociocultural institution. Conceived as the set of countries that speak French as official or cultural language, Francophonie has a very debatable relationship with and within the Caribbean. Beside the fact it is suspected to continue colonialism and imperialism, many Caribbean writers state that Francophonie serves more France (dominant partner) than its counterparts (colonized and exploited). They think it is a smart way for safeguarding the French interests across the region. This is a typical post-colonial topic placing France at the centre and the Francophone world as the periphery.
This paper will look at the particular involvement of Caribbean writers and scholars such as Maryse Condé, Patrick Chamoiseau, Raphael Confiant, Edouard Glissant in dismantling the concept of Francophonie or denouncing the dangers posited by its theoretical and practical backgrounds. As a matter of fact, Maryse Condé never agreed with the activities of the Organisation Internationale de la Francophonie, the representatives of Creolité (Bernabé, Confiant, Chamoiseau in their essay titled In Praise of Caribbeanness) claim their right to publish literary texts in Creole and therefore create an aesthetic based on Caribbean orality and culture, whereas the thought of Edouard Glissant has been important in the process of coining the Littérature-monde movement by Michel Le Bris and Jean Rouaud. The 2007 Manifesto’s purpose was to put an end to Francophonie. It caused a passionate debate that involved both the French establishment and intellectuals of various disciplines or political horizons. I will examine the role played by the writers from the Caribbean (Martinique, Guadeloupe, Haiti) and their contribution to this debate. This reflection forms part of the essential thoughts behind my research and publications on hybrid poetics, antillanité, créolité, and/or peripheral francophonie.

Novembre 2016


Voilà un mois qui s'annonce aussi tumultueux que l'autre, mais qui par la force des choses ne le sera pas. Je veillerai à ce que je maîtrise la situation, et accomplisse mes travaux comme il se doit, accomplisse mes devoirs professionnels et sociaux. Il y a une conference "Islands in Between" organisée par le département de langue, linguistics et literature ici même à Cave Hill. Je n'y suis pas allé hier, mais les échos étaient positifs. Aujourd'hui, j'y suis allé pour écouter la conférence plénière de mon ami Peter Roberts sur Va Pensiero de Guiseppe Verdi et ses adaptations caribéennes, afro-américaines actuelles dans le monde noir. Intéressant de découvrir que "By the River Down Babylon" concerne le même psaume 337. Et pour le linguiste Roberts, il y a une nette contradiction entre l'esprit du psaume et la musique envoûtant dont il a inspiré le thème. "How can we sing the Lord's song in a strange land". Et lui de poser la question, à la suite de l'exil et ou de la migration, "When/how can a strange land become homeland?"
Dans l'après midi, notamment entre 2 et 3 heures, a eu lieu le panel où j'ai fait ma présentation intutilé "French and Creole Language in the Francophone Caribbean". Un thème sur lequel je travaille et publie depuis bientôt dix ans. Chaque présentation touche en général à un aspect inconnu ou méconnu du problème. Négritude, antillanité, créolité, littérature-monde, qui dit que ce n'est pas quelque part la même chose? Dans l'esprit subversif de refuser les abus de la Francophonie et ses avatars. Voilà, c'est parti! Rendez-vous est pris pour l'autre présentation au cinquantenaire du premier festival mondial des arts nègres,  à N'Dakarou, Sénégal.

Ce texte a été écrit en octobre 2016. Je le publie aujourd'hui afin de ne pas perdre l'esprit dans lequel j'étais en novembre 2016.

Novembre 2016

Voilà un mois qui s'annonce aussi tumultueux que l'autre, mais qui par la force des choses ne le sera pas. Je veillerai à ce que je maîtrise la situation, et accomplisse mes travaux comme il se doit, accomplisse mes devoirs professionnels et sociaux. Il y a une conference Islands in Between organisée par le département de langue, linguistics et literature ici même à Cave Hill. Je n'y suis pas allé hier, mais les échos étaient positifs. Aujourd'hui, j'y suis allé pour écouter la conférence plénière de mon ami Peter Roberts sur Va Pensiero de Guiseppe Verdi et ses adaptations caribéennes, afro-américaines actuelles dans le monde noir. Intéressant de découvrir que By the River Down Babylon concerne le même psaume 337. Et pour le linguiste Roberts, il y a une nette contradiction entre l'esprit du psaume et la musique envoûtant dont il a inspiré le thème. "How can we sing the Lord's song in a strange land". Et lui de poser la question, à la suite de l'exil et ou de la migration, "When/how can a strange land become homeland"
Dans l'après midi, notamment entre 2 et 3 heures, a eu lieu le panel où j'ai fait ma présentation intutilé "French and Creole Language in the Francophone Caribbean". Un thème sur lequel je travaille et publie depuis bientôt dix ans. Chaque présentation touche en général à un aspect inconnu ou méconnu du problème. Négritude, antillanité, créolité, littérature-monde, qui dit que ce n'est pas quelque part la même chose? Dans l'esprit subversif de refuser les abus de la Francophonie et ses avatars. Voilà, c'est parti! Rendez-vous est pris pour l'autre présentation au cinquantenaire du premier festival mondial des arts nègres,  à N'Dakarou, Sénégal.

En route encore une fois

Je suis encore une fois en route, et cette fois, c'est pour Dakar, Senegal. N'Dakarou, la ville-phare du Sénégal. Le Sénégal pour moi, c'est d'abord Senghor. Il avait organisé il y a cinquante ans le premier Festival Mondial des Arts Nègres. Et ce festival célèbre son cinquantenaire auquel je vais participer. Le Sénégal évoque pour moi mon tout premier séjour à Kinshasa en juin-août 1966. Je passais de la troisième en quatrième primaire. J'avais habité dans un quartier de la commune de Kinshasa, très peuplé de Sénégalais. Un peuple que je découvrais pour la toute première. Je pense à un certain Aladi sur Isoke qui nous distribuait régulièrement des beignets. Je me souviens d'une expression "Labaran Ababa", que j'avais découverte à l'époque. Je n'ai jamais trop su ce que cela signifiait. Toujours est-il que ceux qu'on appelait "Sénégalais" n'étaient pas nécessairement de nationalité sénégalais, mais l'appellation s'appliquait à tous les Ouest-Africains. C'est plus tard que je le sus. Ma pensée va à deux amis prêtres sénégalais: Ambroise Tine et Hyacinthe Dione, qui furent mes condisciples en théologie à l'Urbanienne. Le premier avait la taille normale et le second était un géant tel qu'on en voit dans ce pays. Ils venaient du diocèse de Thies et avait fait leur philosophie au séminaire de Sebikotane. Le premier travaille actuellement comme directeur national de Caritas, le second tient un important poste au dicastère de la liturgie. Comment dire? J'ai beaucoup d'attentes. Sur la liste des participants au colloque du cinquantenaire, il y a plusieurs collègues que je connais soit de nom soit de visu. Ce sera un plaisir de mettre un visage sur les noms connus, et de revoir ceux et celles déjà connus. Ma pensée va également à un compère, Moussa Absa Sene, cinéaste, auteur entre autres des films Tableau Ferailles ou Teranga. Pas si sûr si je le rencontrerai. Ma pensée va à Mme Aminata Sow Fall, écrivaine de réputation internationale. A Mme Fatou Sal, activiste féministe, dont j'ai une fois modéré la conférence à Cave Hill, invitée par Prof. Eudine Barriteau, notre recteur actuel mais directrice de gender studies à l'époque.
J'apprends de Modou Diagne que le Sénégal est musulman à 95%. J'avais toujours cru 80%. Soit. Ce sera mon tout premier séjour dans un pays à majorité musulman. On dit que la convivialité chrétiens-musulmans est exemplaire. A Popoquine, selon Moussa, les musulmans fêtent Noël à l'église et les chrétiens participent au ramadan sans aucune friction religieuse ni fanatique. Un exemple à suivre. Quoi encore? Bref, je suis encore en route aérienne. Laissons le reste à Dieu.