27 févr. 2025

Délabrement total

"Claver,

Merci de publier cette poignante réflexion L’heure est grave.

Les récentes prises de Goma et Bukavu par les M23 doivent nous amenet à réfléchir sur la façon dont la RDC est gouvernée et protégée. Le leadership civil et militaire se montre complètement défaillant. Au lieu de défendre le territoire dans son intégrité, on se contente d'accuser Kagame, Naanga et maintenant Kabila. Acculé, on ne sait plus à quel saint se vouer ni où donner de la tête.

Absence flagrante de stratégie militaire. C'est même pire. Absence d’armée de guerre. Mobutu, du temps où il était aux commandes du pays, dirigeait une armée : "Oyo ekoya eya... Armée, discipline ya solo ekoti. Armée aza na ba forces spéciales, Armée azali na ba forces organisées, etc." Rien de tout cela. Au lendemain de la perte de Goma, l’ancien ministre de la défense qui n’à jamais défendu Bunagana, est allé recruter des jeunes dans son fief de l’Équateur. On apprend que tous les généraux des FARDC auraient précipitamment quitté Goma par bateau pour Bukavu à la suite  de l’assassinat du Gouverneur militaire du Nord-Kivu. Les mercenaires roumains se seraient retractés. Des soldats auraient simplement fui, abandonnant d’importants matériels désormais récupérés par les rebelles. Vrai ou faux? Tout cela donne matière à réflexion. 

Que font entre-temps les autorités du pays maintenant qu'elles n’ont plus de main-mise sur le Nord et le Sud Kivu? Bis repetita ! 1996-97 avait commencé comme ça. Le pays s’est écroulé comme un château de sable. En toute logique, rien n’empêcherait à cette allure que le même scénario se poursuive. Rien n’empêcherait que Kisangani et Kalemie et Lubumbashi soient prises dans les mêmes conditions qu'il  y a 30 ans. La population est abandonnée à elle-même, à son triste sort, exposée aux massacres, aux viols et aux humiliations des sanguinaires. Le tableau est triste partout. 

La RDC est tout sauf dirigée. Pillée et saignée à blanc aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur. Une absence totale de leadership. Rien ne fonctionne. Toutes les structures de l’état sont délabrées. Le parlement dirigé par un ancien prisonnier acquitté des détournements n’est qu’une pègre de prédateurs sans foi ni vergogne qui exhibent sans honte des salaires faramineux dans un pays réputé parmi les plus pauvres au monde. L’armée n’existe pas: un soldat ne gagne même pas 100$ par mois. L'homme sensé ́défendre le pays au prix de son sang n’obtient pas le butin de son travail, comment voulez-vous qu’il se batte au front? Il n’est ni formé, ni entretenu ni équipé ni payé, comment peut-il combattre l'ennemi pour un pays qui ne le considère pas, qui ne valorise pas sa responsabilité ni sa dignité?  Ni organisée, ni dirigée, la RDC est aux yeux de beaucoup d’analystes avertis un non-état. Tout est en délabrement. 

Rien ne fonctionne. Sortez de la maison, marchez et observez attentivement la rue, posez-vous quelques questions très simples. Les passants sont-ils recensés? Ont-ils des cartes d'identité ?  Comment sont-ils protégés contre les véhicules et les bandits? Observez l'état de la route et la circulation routière. Observez les centres de santé ou les marchés. Les images parlent d'elles-mêmes. Ou simplement passez un micro baladeur. Vous connaîtrez les problèmes des gens, vous mesurerez l'ampleur de l’incompétence et l’irresponsabilité des dirigeants. Chacun y est pour soi, pour ses seuls intérêts personnels. Ne comptent que sa famille, sa tribu, ses frères et sœurs de même langue ou du même coin. L'état n'existe pas. Tout est détourné jusqu’à la craie des salles de classe. La classe politique pille le pays, elle prend tout sans laisser des miettes. 

Congolaises, Congolais, défendons notre patrie armes à la main."

Le Pourfendeur


Ma réponse à chaud: 

"Cher ami, un tel discours dur n'a pas de place en ce moment. Nous laverons nos linges sales en famille. Nul n'est mieux placé que les autorités de ce pays pour défendre la population, le territoire congolais et ses richesses. La diplomatie travaille et obtient déjà des résultats positifs."

26 févr. 2025

Une journée sereine

25 février 2025, un journée sereine et simple. Avant-midi rien de spécial à part la routine quotidienne. Le téléphone sonne régulièrement.  De nombreux coups de fil de voeux et prieres. Puis visite-surpise avec cadeau de Miléa er Marie-Aude, nos soeurs ivoiriennes. Gâteau d'anniversaire consommé, Moscato du jour arrosé. Solange absente mais tenue au secret de la visite. Akoya lobi kolia kwanga na mbika. Au milieu de.l'après-midi, visite chez les Mamingi et Nsona. On échange sur mon voyage au Congo: re-enterrement des restes de Maman, onauguratoo de la RAK, passage se Londres. Par coïncidence coup de fil de MaCha en forme. Dieu est au contrôle. De là cap vers Erdistion Collège où nous recupérons Ibangu. Après 18 heures, repas de famille à Bubbas Restaurant à Christ Church. Il est 20h30 lorsque la petite famille Mabana retourne à la maison. Une journée sereine. Un anniversaire sans tralala, douce et sereine. 

Encore une fois joyeux anniversaire Ngudj Mapasa. Le Seigneur te bénisse et te protège.  


25 févr. 2025

Kubutuka ya mbote Mama Mapasa

25 février 2025. Mono ke zodila Mama Mapasa Abuka Mosimi-Mabana kiese, ngemba, ngolo ya nitu ti ya ntima, lutondo ti nkwamina na kilumbu yai ya mpwena. Mfumu Nzambi kusambula ye kupesa yandi bamvula diaka mingi ya luzingu. 

Kumosi ti ba mapasa ti bampangi nionso ya familia, beto ke yimbila yandi "Mbotama Elamu". Mbotama elamu Mama Mapasa! 

24 févr. 2025

Prof Pedro Welch in memoriam

London 21 February 2025. Whereas I was transiting from London to Barbados, I received a message from Miss Alison Johnson announcing the passing of Professor Pedro Welch, former Deputy Principal of the Cave Hill Campus and former Dean of the Faculty of Humanities and Education. I am personally saddened by the loss of this great Caribbean historian, who once chose me to become his Deputy Dean. Prof Welch is among the few persons I knew during the first year of my presence at Cave Hill and to whom I became closed. The first time I met him was when we had to deal with French Lecturers of different Caribbean territories. At that time he was in charge of Distance Education. After the publication of his major and seminal book titled  Slave Society in the City: Bridgetown Barbados 1680-1834 (Ian Randle Publishers, 2003) he joined the Dept. of History and Philosophy, and he became our Dean succeeding to Prof Hazel Simmons-McDonald. It was also during his tenure as Dean of FHE, that I was promoted to the rank of Professor of Francophone African and Caribbean Literature. He called me from St Augustine to announce this achievement of my university career. Beside his academic activities, Pedro was a church minister, he used to come on Wednesdays to participate in prayers with the community in the Art Lecture Theatre. He possessed also musical talents. I once witnessed his performance at a funeral in a church at Grazette, he played keyboard to an outstanding level. I was amazed. I salute the colleague and friend, I salute a family father whose daughter was married to a Nigerian fellow. I salute the man, the leader and the generous Christian apostle. Deepest condolences to his wife, family and dear ones. May his soul rest in peace. Amen.

20 févr. 2025

20 février: Retour avec Ethiopian

Une fois de plus je viens de passer par l'aéroport de Ndjili pour retourner chez moi après un mois se séjour au pays. Exceptionnellement j'avais un extra bagage. Chose simple ailleurs mais un véritable problème aux pays des koulouna et de wewa. Chacun vole à la mesure de sa laisse. Tel est le moto.

Ce que je viens de vivre aujourd'hui dépasse l'entendement. Cet aéroport n'offre aucune sécurité aux voyageurs. Il faut commencer par soudoyer les agents de police du parking, ensuite le porteur qui vous trouve un chariot, ensuite le filmeur. Là je viens de recourir a ce servicce de filmage. A côté du filmeur officiel, les agents des sociétés aériennes s'arrangent pour effectuer cette opération clandestinement. Et ils le font à la main libre. Je leur ai glissé 20 000 fc contre 10$. 

Après l'enregistrement, la DGM s'est montrée correcte et courtoise. Mais à la sécurité de scan, on a failli me faire payer 50$ pour des mbinzo qui ne valent rien. Devant mon refus de les payer, ils ont fini par accepter 10$. Puis à la sortie de la salle d'attente, un agent trouvant mon bagage à main trop lourd, n'a rien voulu entendre. Je découvrirai que tous utilisent la même stratégie d'intimidation. En fait, tout se paie. Là j'ai jeté 40$.  Faut donc compter 100$ pour arriver à l'avion. Quel aéroport! Quel service. Une vèritable mafia à la place d'agents de voyage. 

J'arrête. Je suis à Addis-Abeba. Ça c'est un aéroport. No more comments.


17 févr. 2025

De nouveau à Kin: Que du désordre!

La chose qui me dérange chaque fois que j'arrive à Kin, c'est le manque d'ordre à tous les niveaux. Je ne parle pas de la politique mais du comportement des personnes. Placez-vous à n'imporre quel coin de rue, observez les gens qui passent. Enfants, jeunes, adultes et personnes âgées,  tous portent sur le front le stigmate de ce désordre viscéral. Une terre sans loi où les agents dits de l'ordre en sont les principaux pourfendeurs. Observez les immondices et les nids de poule qui ne sont ni traités ni repares, à côté desquels tous les usagers de la route sont inévitablement forcés de passer. On pollue la voie publique avec des plastiques, des mégots de cigarettes, des papiers d'emballage, de mares d'urine et d'excréments. Et on trouve cela normal. On frise l'inhumain et la bestialité. Toutes les notions jadis apprises en hygiène et en éducation civique sont bafouées.  Quelles leçons morales peut-on tirer d'une société qui refuse de s'améliorer ou de se développer? Quelle capacité de destruction de tout de qui a été patiemment construit? Toute l'énergie dépensée à détruire aurait pu construire le pays si elle avait été j'en canalisée.  L'éducation au bien commun comme au droit des autres fait largement défaut  
RDC eloko ya makasi ou Kin mboka elengi. Des inepties qui à force d'être répétées deviennent des valeurs accréditées par les instances de probité morale. Observez les passants. Saires attention à leurs propos. Soyez heureux si leur langage vous échappe ou vous est inconnu car la courtoisie a disparu de leur vie depuis plus d'un siècle. Insultes, bagarres, invectives, violences de  propos,  vulgarités de toutes sortes vous donnent la mesure de l'échelle d'éducation qui les guide. Encore faudrait-il qu'ils aient couper le bic. Ne soyez pas surpris. L'immoralité trône au pays des pasteurs et des koulouna en cravates, à l'empire des wewa et autres criminels de chemin. On est vraiment sans la décrépitude éthique, au fond de l'inénarrable et de l'indicible. Et cela à tous les niveaux hélas!
Le désordre, oui le désordre à n'en jamais finir. " vont-nous?", se serait exclamé mon comédien d'ami trop tôt parti ad patrem, Mr Boubou. Respect éternel à ton nom.
Écœuré,  j'arrête cette reflexion matinale. 

16 févr. 2025

ACP: La RAK portée sur les fonts baptismaux

https://acp.cd/culture/kwango-la-revue-academique-de-lisp-kenge-portee-sur-les-fonts-baptismaux/

 

Kenge, 13 février 2025 (ACP).- La revue académique du Kwango (RAK)  des professeurs  de l’ISP/Kenge a été  portée sur les fonts baptismaux, jeudi,  par Mgr Jean-Pierre Kwambamba, à Kenge, chef-lieu de la province du Kwango au sud-ouest de la République Démocratique du Congo, au cours d’une cérémonie inaugurale. 

« La nouvelle revue académique que nous avons l’honneur de lancer en ce jour, ne sera pas seulement un outil de publication, mais un véritable espace de réflexion, d’échange et d’innovation. Elle a pour vocation de donner une voix à nos chercheurs, à nos enseignants, et à nos étudiants ; en valorisant leurs travaux et leurs idées. Nous souhaitons ainsi contribuer au développement de la recherche scientifique dans notre province et faire ainsi écho au-delà de ses frontières», a fait savoir Prof Bibiane Niangi, directrice générale de l’ISP Kenge.

«  Nous avons l’honneur et la joie de vous saluer à l’occasion de la présentation officielle de notre revue académique du Kwango/Academic Journal of Kwango (RAK). Cette date entre dans les annales de l’ISP Kenge parce qu’elle consolide l’apport de l’Association des professeurs de l’ISP Kenge (APISPK).

 Notons toutefois que l’ISP Kenge a pendant quelques années, produit la revue Luhangu Lwa Nzambi disparue des radars. La RAK vient en quelque sorte combler un vide laissé par Luhangu, mais la similarité s’arrête là », a déclaré Prof Claver Kahiudi Mabana, directeur de rédaction de cette revue.

Et d’ajouter : « Ce numéro est majoritairement constitué des contributions présentées au colloque, auxquelles nous avons ajouté quatre articles hors colloque. Le comité de rédaction est constitué de tous les professeurs de l’ISP Kenge piloté par un directeur, un secrétaire de rédaction et un secrétaire administratif. Le plus dur était la collecte des manuscrits des collègues, heureusement notre expérience d’éditeur nous a énormément aidés à contourner quelques ennuis du métier ».

Pour  le Chef des travaux , Claude Kidinda Mokola,  les sujets traités par les quinze contributeurs ont été exploités dans divers domaines notamment l’éducation pour le développement humain, rôle de l’ISP par le professeur Floribert Kiala Sadilakanda de l’ISTM Marie Reine de la Paix ainsi qu’Impact de l’ISP de Kenge dans la Province du Kwango qui s’est appesanti sur l’ « état des lieux et perspectives, rapport du colloque organisé par l’association des professeurs de l’ISP-Kenge (APISPK) du 18-19  août  2022 à Kenge ».

Initiée par le professeur Rufin Kikakedimau à l’issue du colloque organisé à l’occasion de 30 ans d’existence de l’ISP Kenge, l’Association des professeurs de l’ISP Kenge (APISPK)  vise à appuyer l’action de l’ISP Kenge, rappelle-t-on.

ACP/C.L.


15 févr. 2025

Inauguration de la RAK

Kenge, 13 février 2025. La Revue académique du Kwango a été portée sur les fonts baptismaux aujourd'hui au cours d'une cérémonie grandiloquente. Mgr Jean-Pierre Kwambamba, évêque de Kenge, nous a rendu un honneur et un plaisir inouïs. Il a introduit la prière d'action de grâce, tout comme il a béni les 12 exemplaires de la RAK que nous avons reçus et distribués. Les autres ayant été retirés à Kinshasa. La revue est là: Vive la RAK. Ci-dessous le mot de circonstance que j'ai tenu: 

Excellence Mgr l’Evêque

Mr le Ministre de la culture et des arts du Kwango

Distingués invités

Mesdames et Messieurs

 Je parle en ma qualité de directeur de rédaction de la RAK, membre de l’APISPK.

Nous avons l’honneur et la joie de vous saluer à l’occasion de la présentation officielle de notre Revue académique du Kwango/ Academic Journal of Kwango. Et de vous remercier d’avoir répondu à notre invitation. Cette date entre dans les annales de l’ISP Kenge parce qu’elle consolide l’apport de l’APISPK (Association des Professeurs de l’ISP Kenge) à l’ISP Kenge. Parlons brièvement de l’APISPK.

Il y a trois ans, le professeur Rufin Kikakedimau a eu l’idée géniale de réunir les professeurs à temps plein de l’ISP Kenge au sein d’une association. Le but était d’appuyer l’action de l’ISP Kenge par des projets concrets. Nous avons tous répondu favorablement, nous nous sommes organisés. Comme il fallait passer à l’acte sans tarder, nous avons décidé de programmer un colloque à l’occasion des 30 ans d’existence de l’ISP en août 2022. Le premier colloque a eu lieu les 18 et 19 août 2022. Avec les actes de ce colloque, nous inaugurons le premier numéro de la Revue académique du Kwango aux Editions du Pangolin à Enghien, Belgique.

Notons toutefois que l’ISP Kenge a pendant quelques années produit la revue Luhangu lwa Nzambi, disparu des radars. La RAK vient en quelque sorte combler un vide laissé par Luhangu, mais la similarité s’arrête là. L’APISPK se finance elle-même par les cotisations des professeurs. Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle n’a ni statut juridique ni cachet ; du moins pas encore. Nous ne sommes cependant pas une association de malfaiteurs, mais des chercheurs soucieux de travailler pour le rayonnement de l’ISP Kenge, pour le Kwango et la RDC.

Ce numéro est majoritairement constitué de contributions présentées au colloque, auxquelles nous avons ajouté quatre articles hors colloque. Comment avons-nous travaillé? Le comité de rédation est constitué de tous les professeurs de l’ISP Kenge, piloté par un directeur, un secrétaire de rédaction et un secrétaire administratif. Le plus dur a été de collecter les manuscrits, certains collègues ne respectant ni les délais ni les normes éditoriales. Notre expérience d’éditeur nous a énormément aidé à contourner quelques ennuis du métier. L’autre hic, c’était de travailler avec la Maison d’édition. Le consensus était difficile à obtenir avec l’éditeur concernant le logo, les photos, le prix, le nombre de copies, le format de la revue, la page de couverture comme la quatrième de couverture. Le produit final aurait pu être meilleur si nous nous étions entendus avec l’éditeur sur tous ces points de divergence. L’essentiel est fait: la RAK est là. Quitte à améliorer la prochaine fois.

Un appel à contributions sera diffusé dans les réseaux sociaux pour notre prochain colloque qui se tiendra le 5 et 6 août 2025, ici même s’il plaît à Dieu. Le thème portera sur l’environnement.

Au nom du comité de rédaction, merci à tous les collègues auteurs pour leurs contributions et pour leur persévérance. Merci à SE Mgr Jean Pierre Kwambamba: votre présence est très encourageante pour nos jeunes chercheurs. Merci Mr le Ministre de la culture, Père Recteur, Abbé DG de l’ISTM. Merci à Maman DG et son comité de gestion. Merci Mesdames et Messieurs. Vive la RAK. Vive la Revue académique du Kwango. Vive le Kwango. 

9 févr. 2025

La vie à Kenge

10 février 2025. Je viens de passer trois semaines dans cette ville rurale de Kenge. Rurale parce que la plupart des citadains vivent d'agriculture. Rurale aussi parce que la mentalité y est encore paysanne. Je pèse mes mots. Les gens croient encore aux sorciers comme si de rien n'était, comme si la rationnalité n'avait jamais franchi le seuil de l'école. Une pluie diluvienne s'est abattue sur la ville, il y a quelques jours. J'ai entendu les mêmes explications que celles que j'entendais du temps de mon enfance ici il y a cinquante ans. Des érosions se forment parce que l'eau de pluie n'est pas canalisée, non pas à cause des puissances maléfiques qui exigeraient des sacrifices humains. A chaque pluie correspond une nouvelle érosion. Mon ancienne école primaire, Mateka Mbuta, menacée à l'époque l'est restée jusqu'à ce jour. Une délégation de la Banque Mondiale a refusé de la réhabiliter à cause de ces érosions qui provoqueraient des dépenses supplémentaires. Depuis quatre jours, la SNEL ne fournit plus de courant électrique par manque de carburant. Le stock mensuel de carburant est épuisé, et n'est pas encore approvisionné. Quel manque de prévision ou d'incompétence dans le chef des gestionnaires de cette unité d'intérêt commun. Les conditions de vie déclinent au lieu de s'améliorer à Kenge. Les problèmes basiques d'eau et d'électricité ne sont jamais résolus après soixante-cinq ans d'indépendance. Au niveau agricole, certaines denrées ont disparu des champs et viennent de Kinshasa. Aussi surprenant que cela puisse être des safous, des noix de cola voire des oranges qu'on trouve au marché viennent de Kinshasa. Les terres sont devenus arides et infructueuses, à force d'être surexploitées. Le lycée Ntinu Ngemba manque des latrines, certaines classes de l'institut Nto Kiese n'ont pas de portes. Enseigner à l'université du Kwango ou à l'ISP Kenge relève d'un parcours de combattant, faute d'infrastructures adéquates. Les étudiants font pied de Peyeke Meyeke à Mangangu, incapables de s'assurer une moto ou autre moyen de transport. La route nationale n° 1 est pratiquement coupée depuis un mois par un marécage et de l'eau stagnante sans qu'aucune solution ne soit trouvée. Impossible de passer en voiture. Même le détour par la prison n'est pas adéquat à cause du sable et de son étroitesse. Nos familles vivent dans une précarité insupportable. A chaque pluie, c'est des murs à réparer, des toitures à retôler, des mafoungou à redresser, etc. La nourriture coûte les yeux de la tête. La misère se lit sur le visage de la plupart de nos frères, soeurs, parents. Mais en dépit de cet environnement peu propice au développement et à l'épanouissement personnels, l'espoir et la joie de vivre sont là.

8 févr. 2025

Une semaine laborieuse

Je viens d'assurer mon dernier cours à l'ISP Kenge. J'aurais dû terminer le jeudi 6 février, mais une pluie torrentielle a paralyser la ville. Impossible de sortir. J'ai communiqué par l'assistant Mbangi que le cours était reprogrammé pour le lendemain. J'apprendrai plus tard que certains étudiants et collègues étaient déjà arrivés au site de Mangangu. Le vendredi, j'ai dû simplifier la journée. Rendez-vous est pris pour un test final le mardi au cas où la section l'autoriserait. 

Hier, alors que rien ne s'y prêtait, j'ai brièvement rencontré le P Séraphin Kiosi à Bodi Batu. Le temps de prendre un petit pot, nous nous sommes séparés autour de 18 heures, avec promesse de nous revoir le dimanche après l'ordination diaconale de trois pères SVD. Je suis ensuite allé sur Fatundu 35 (46) pour une affaire de propriété familiale. Il fallait mettre fin à un litige autour du loyer de cette propriété. Mais le dialogue s'est révélé difficile entre notre mandataire et le locataire. Nous avons résolu de confier la gestion de la maison à un cousin qui en sera désormais le mandataire. 

La semaine qui commence s'annonce plus calme. Le jeudi 13 février aura lieu l'inauguration officielle de la Revue académique du Kwango. Cette revue est publié par l'Association des professeurs de l'ISP Kenge (APISPK). Elle sera bi-annuelle dans un premier temps. Quitte à changer la dimension au fil des années. La cérémonie aura lieu à 11 heures dans la salle du Cinquantenaire de la Procure. 

Bon dimanche 

5 févr. 2025

Comment vivre?

Comment vivre? Telle est la question fondamentale de la poésie de Tchicaya U Tam'si. Voilà que par un tour de l'histoire cette question rejoint l'actualité congolaise. Le carnage de Goma qui totalise plus de 3000 morts est le spectre qui traumatise le pays. L'ampleur du drame n'est pas encore mesurée. Des activistes de la société civile comme des défenseurs des droits de l'homme sont tués sans ménagement. La loi du kalachnikov règne désormais à l'Est. Naanga et sa clique savourent leur victoire sur les cadavres de milliers de Congolais. Dans la foulée, comme pour concrétiser leur main-mise sur Goma et le Nord-Kivu, ils viennent d'y nommer un gouverneur et des vices-gouverneurs. Au nom de la Constitution congolaise, comble de malheur! Ils promettent de poursuivre keur conquête. On se croirait dans un film de Far East. La situation sécuritaire est incertaine  dans tout le pays, et volatile dans certaines partis. Tout peut encore arriver. La tension est perceptible à l'intérieur comme dans la capitale du pays. Les réseaux sociaux et médias annoncent une insécurité et un tournant décisif de l'histoire. La psychose collective atteint le paroxysme au point de créer des histoires dignes d'une tragédie commanditée ou programmée. Le pays, aux dires de mauvaises langues, serait au bord du gouffre, et la catastrophe serait imminente. Des alertes de tout bord annoncent massacres de masse, déplacements, attaques criminelles et menaces de tout genre. Alors que le gouvernement congolais tente d'apaiser et de rassurer la population, les représentants étrangers, Américains et Occidentaux en tête, demandent à leurs compatriotes dont la présence n'est pas nécessaire de quitter au plus tôt la RDC. Balkanisation ou déstabilisation totales, c'est pareil. Des informations hasardeuses et intimidantes sèment la panique, la terreur et la désolation parmi la population. Intoxication totale! Qu'avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter ce sort et ces malheurs? Où aller pour nous réfugier? A qui faire confiance? Dans ces conditions, comment vivre? Comment vivre? Oui, c'est la question: comment vivre?

4 févr. 2025

Cours QSLA EF

Ce 4 février, j'ai eu 18 étudiants sur la trentaine attendue ou inscrite à ce cours de QSLA EF. Il y a une liste des présences qui reprend tous les noms. Que ferai-je pour les absents? A l'institut d'en décider. Grande était ma surprise d'apprendre que l'affiche à la valve officielle de l'ISP indiquait la fin du cours pour le jeudi 6 février. Décision de la section. Je vais m'y conformer. J'ai dû revoir à la baisse la matière, en imposant la lecture d'un article sur la Négritude publié dans les actes du colloque qui a célébré le cinquantenaire du 1er Festival Mondial des Arts nègre tenu à Dakar en novembre 2016. Quitte à en faire un compte-rendu le lendemain. Nous analyserons "Prière aux Masques" de LS Senghor pour renforcer l'analyse textuelle.

3 févr. 2025

Cours QSLA EF

Kenge, 3 janvier 2025. Mon troisième cours s'intitule: "Questions spéciales de littérature négro-africaine d'expression francaise". Cette année, il est exceptionnellement offert aux L3LMD. J'ai déjà mentionné l'autorisation du SGA. Aux séances de la première journée, il n'y a eu que 13 étudiants sur la trentaine attendue. J'assume que l'annonce de ce cours a été diffusée tardivement. Ou encore que des étudiants ne se sont pas présentés pour n'avoir pas payé les frais académiques. Je verrai comment cela se passera aujourd'hui. 

Une enquête sommaire révèle qu'aucun étudiant présent n'a jamais lu un livre littéraire, sauf quelques extraits de Zamenga. La veille comme par coïncidence, l'honorable Kazundu avait justement mentionné cette lacune et le nom de Zabat. J'y ai réfléchi. Comment les amener ou les forcer à lire? Une habitude pareille ne se change pas du jour au lendemain. L'expérience du cours précédent m'a fait comprendre que ces étudiants n'y accordent aucune importance. Ils ont présenté des exposés sur Cahier d'un retour au pays natal de Césaire, Haikus dilatés de Mamingi et Mémoires de porc-épic de Mabanckou sans jamais citer une seule phrase de ces auteurs. Aucun extrait. Aucune citation. Aussi surprenant et pénible que cela puisse paraître, nos étudiants ne lisent pas. Et quand ils lisent, ils le font avec maladresse et sans méthode de lecture. Je vais les forcer à lire. Pas de bibliothèque! Pas de livres. Comme quoi tout manque à Kenge. Tel est le triste sort que subissent les étudiants de l'ISP Kenge.

2 févr. 2025

Kenge, ce 2.02.2025

2 février 2025. Depuis longtemps, l'idée m'est venue d'aller participer à une messe à la sous-paroisse Ste Marie Madeleine au camp Mukisi ou en face de la ville. La raison était de changer simplement. La messe prévue à 8h30 a commencé à 9h pour se terminer à 13h30. On célébrait la présentation de Jésus au temple, ou la fête des consacrés. L'abbé Jean-Hervé Minimio que je voyais pour la première fois s'est montré à la hauteur de sa mission, convaincant dans son homélie d'une heure, et inspirant une énergie dynamique très positive. La célébration était totale: la liturgie de la parole a pris deux heures; les offrandes plus de trente minutes, et la suite. J'ai compris qu'il fallait prévoir trois offrandes: une pour la paroisse, une pour la construction et une comme action de grâce. Une belle messe solennelle. On se serait cru à une messe d'ordination, de première communion ou de confirmation, tellement c'était long. Chapeau à la chorale des mamans et aux braves chrétiens de cette sous-paroisse.

Participer à cette messe m'a rappelé les débuts de Sts Pierre et Paul, devenu Mwense Anwarite par la suite. Nous sommes en octobre 84. La paroisse a été érigée le 29 juin précédent par décret épiscopal. Le curé Nicolas Berends et moi célébrons la toute première messe devant une bonne centaine de personnes. La partie avant du refectoire de l'évêché nous sert de sacristie, tandis que l'autel est placé sous la veranda attenante au même refectoire. Nous recourons au tabernacle de la chapelle de l'évêché pour conserver les saintes espèces. Nos paroissiens, très motivés, et nos jeunes apportent une contribution considérable. Nous sommes de vrais pionniers qui bénéficient du luxe du nouvel évêché pendant que les célébrations se passent en plein air. Les choses ont évolué relativement vite. Nous avons ensuite réussi dans la deuxième année à bâtir une sorte d'abri d'autel, près des eucalyptus dans l'espace situé en face de la salle paroissiale actuelle. Ces souvenirs-là me sont revenus spontanément à l'esprit. Nicolas a continué inlassablement à assurer la charge paroissiale. J'y suis revenu célébrer et concélébrer entre mai et octobre 92, retrouvant intacte l'ambiance insufflée quelque huit années auparavant. Dix-sept ans plus tard fut inaugurée sans pompe l'église-cathédrale Mwense Anuarite, une fresque architecturale grandiose et majestueuse mais qui selon les rumeurs fut boudée comme "un cadeau empoisonné" par le locataire suivant de l'ordinariat, qui n'en prit aucun soin. Respect au bâtisseur. Que les pères SVD Gerd Lesch et Alfons Müller que je salue en passant me lisent bien. Cette cathédrale fait aujourd'hui la fierté de Kenge dans le paysage catholique du Congo.

Dans l'après-midi, je me suis retrouvé avec les abbés Séraphin Kiosi et Tryphon Ilenda chez l'Honorable Placide Kazundu. Nous avions rendez-vous à Manzau avec le père Sébastin Kiwhongi SVD, mais pour une raison de communication, la rencontre n'a pas eu lieu. Le père assistait à la fête des consacrés chez ses confrères à la paroisse Saint-Esprit. A cette occasion, les élèves du petit séminaire de Katende sont allés animer la messe dans cette église qui porte beaucoup de souvenirs de mon enfance.  Dans la foulée, nous avons pu joindre au téléphone l'abbé Jean-Chrysostome Akenda qui se trouve actuellement à Kin. Comme le temps s'étirait à longueur, et que le père Séba était inaccessible, nous avons avec regret renoncé à monter à Manzau. Séra devrait rentrer dans son fief, Tryphon préparer son voyage et moi mon troisième cours à l'ISP. Un dimanche avec quelques histoires!

C'est parti pour ma troisième et dernière semaine à Kenge. Des ordinations diaconales de deux pères SVD sont annoncées pour dimanche prochain à la cathédrale Anwarite. Encore quelques chats à fouetter, puis ce sera tout. 


La chute de Goma

C'est avec un coeur meurtri que j'ai appris la chute de Goma, chef-lieu du Nord Kivu. Consternation, humiliation, calamité. Aucun mot ne convient pour exprimer cette catastrophe nationale. Les Congolais sont blessés dans leur amour-propre. Nos soldats et nos compatriotes sont tombés soit au front soit dans leur effort de fuir soit bombardés dans leurs maisons. Paix à leurs âmes! C'est le moment de panser nos plaies et d'enterrer nos morts massacrés dans ce carnage. Ce n'est plus le moment de se poser des questions, mais d'agir. Le Congo est un et indivisible. Des doutes s'élèvent quant à notre capacité de reconquérir les territoires perdus depuis Bunagana, du moment que nous n'avons pas su les dèfendre. Nos autorités élues doivent nous rendre des comptes sur leur gestion calamiteuse de cette guerre. A examiner les choses de près, cette guerre n'a pas été préparée en depit de nombreux signaux d'alarme qui nous alertaient. Nos soldats mal payés, mal nourris, mal équipés ont été irresponsablement sacrifiés sur l'autel de la perdition. Même des observateurs non politiques ni militaires ont remarqué des failles au niveau des informations, des renseignements, des préparatifs de la guerre et de la politique menée dans ce domaine. Le résultat se passe de commentaires. D'énormes erreurs tactiques et stratégiques ont été commises qui frisent le non-professionnalisme. Malheureusement dans des cas pareils, les autorités n'ont jamais tort. Elles savent justifier l'injustifiable quoique la réalité sur le terrain ne leur donne pas raison. L'heure est à l'action, à la résistance, à la résilience. Je suis nationaliste dans l'âme. Pro patria mori. 

Une leçon de patriotisme doit absolument en être tirée si nous tenons à notre patrie et à notre nation. A moins que nous acceptions la balkanisation prônée par les forces négatives. De quoi donner raison à ceux qui soutiennent que l'ennemi du Congolais c'est le Congolais lui-même. La chute marque une nouvelle page sanglante et incertaine dans l'histoire de notre pays. Plus rien ne sera comme avant, qu'on se le dise.

1 févr. 2025

Impressions de Kenge

Je suis arrivé à Kenge le lundi 20 janvier 2025 autour de 16 heures. Un voyage avec quelques petites histoires locales. Rien de sérieux. J'avais une inquiétude à cause d'une erreur de prévision. En effet, j'avais pensé faire le plein au niveau de Nsele. Erreur. Aucune station d'essence n'avait du carburant ce jour-là. Le doute s'est aggravé dès que nous sommes arrivés à Bukanga Lonzo. J'ai dû prendre le risque d'ajouter 5 litres pour être sur d'atteindre Kenge où j'ai fait le plein. La leçon est apprise. Au Pont-Kwango, je me suis arrêté à la cure pour voir l'abbé Liévin M'Banga malade et grippé. Il était 17h30 lorsque j'ai placé mes pénates à "Je me repose", retrouvant les maîtres des lieux qui m'attendaient.

Dès le lendemain, j'ai commencé mon cours de Questions spéciales de littérature congolaise d'expression française aux étudiants de L2 FLA. Un auditoire de 60 étudiants parmi lesquels 4 dames. Une proportion frappante comparée à l'université des West Indies où les femmes représentent plus de 70% de la population estudiantine. La semaine suivante, j'ai animé un Séminaire de lecture. J'ai forcé les étudiants à lire en groupes de 7 ou 8 des livres et articles, en leur imposant un temps de lecture à l'issue duquel ils devraient présenter un exposé. Depuis hier ont eu lieu 4 présentations de groupe. Aujourd'hui, nous finissons avec les 3 dernières. Je dois avouer qu'au vu de la qualité des travaux, les étudiants s'en sont pas mal sortis. J'avais des doutes, mais j'ai été positivement surpris. 

La semaine prochaine, du 3 au 8 février, je traiterai les Questions spéciales de littérature africaines d'exprssion française pour les L3LMD. Une version allégée de ce que je fais d'habitude. J'adapterai le cours au niveau des étudiants, car ce niveau correspond à l'ancienne troisième de graduat. J'ai dû solliciter une autorisation spéciale auprès du Secrétaire général académique pour enseigner ce cours. Quitte à voir commencer organiser la suite. L'application du système LMD pose encore quelques problèmes de réadjustement.

Comme pour dire que tout se passe bien en général. La SNEL fournit la lumière de 18 à 23 heures, ce qui est exceptionnel à Kenge. Le reste se résout aisément. J'ai revu la famille... elle va bien.