"Art. 217: La République Démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d'association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l'unité africaine."
Depuis quelques semaines, la majorité USN et le président de la RDC soutiennent qu'il faut une révision urgente de la Constitution. Leur argument se fonde sur l'article susmentionné. Partisans et opposants s'empoignent passionnément sur l'interprétation de cet article. Cet article stipulerait que la RDC cède une partie de son territoire aux pays voisins, nommément au Rwanda et à l'Ouganda. Quelque chose d'inacceptable qui jette le discrédit sur toute la constitution; sa révision viserait à protéger l'intégrité territoriale.
Les partisans du pouvoir soutiennent que c'est une constitution a été écrite à l'étranger par des étrangers en faveur des étrangers; et que dès lors elle n'est pas appropriée pour répondre aux défis d'aujourd'hui. A ce titre, elle doit être révisée et s'adapter aux réalités congolaises actuelles. Ils vont plus loin jusqu'à justifier la guerre de l'Est et la balkansisation de la RDC comme des conséquences directes de cette constitution tant décriée. Alignés toutes et tous derrière le président, ses partisans disent à l'unisson OUI. OUI aux discours tenus par le président à Kisangani et à Lubumbashi au cours de ce mois.
Les opposants estiment que l'article 217 ne pose aucun problème et n'exerce aucune menace sur le pays. Ils ne voient pas l'opportunité de cette révision inutile qui a tout l'air d'un coup d'état constitutionnel. En réalité, il s'agit de suspendre l'actuelle constitution pour la remplacer par une autre taillée sur mesure. Autrement dit, les opposants dénoncent le fait que cette révision reviendrait à vider la constitution de son contenu, de sa pertinence et de sa validité afin d'instaurer un nouvel ordre constitutionnel dont le président et ses alliers tireraient parti. L'agenda caché se dévoile, selon eux. Ils disent alors NON.
Tels sont les éléments principaux du débat actuel. Remettre les compteurs à zéro et permettre au président en place d'aller au-delà de deux mandats ou d'achever sa vision et ses projets en faveur du Congo constituerait l'objectif poursuivi par l'UDPS et alliers. Monsieur Kabuya est plus que jamais décidé à faire aboutir le projet de son patron. Pour la société civile, les églises catholique et protestante, et les partis de l'opposition, la priorité doit être accordée à la guerre de l'Est, à la récupération des vastes territoires occupés par les rebelles, plutôt qu'à une révision non pertinente de la constitution. Le pouvoir ferait mieux de résoudre les problèmes urgents relatifs à la pauvreté, à la santé, a l'éducation, au social, aux infrastructures routières et ferroviaires, à l'eau et l'électricité, à l'amélioration des conditions de vie des populations, etc. La constitution ne saurait être changée en tant de guerre, pendant qu'une partie n'est plus sous contrôle. Ces positions tranchées et inconciliables causent un sérieux malaise au pays englué indéfiniment dans ce débat si passionné à propos de la constitution.
Le bras de fer est désormais engagé. Sur le terrain, ce sera bientôt la guéguerre. On assistera à des marches autorisées de soutien et à des manifestions non autorisées anti-revision à travers le pays. Si l'on n'y prend garde, des violences risquent de se déclencher au cas où elles n'auraient pas déjà lieu. Le sang de nos compatriotes a déjà trop coulé. Pitié Seigneur!