1 nov. 2024

Autour de la révision constitutionnelle

Le débat devient de plus en plus passionné depuis le dernier discours du président de la république à Kisangani. Il se durcit même. Pouvoir et opposition s'empoignent dans une féroce bataille médiatique. L'UDPS qui a pris la houlette et dispose d'une majorité confortable au parlement et au sénat est prête à foncer sur cette opportunité unique de remettre les compteurs à zèro et octroyer deux mandats supplèmentaires de 7 ans au prèsident actuel de la république. L'opposition comme la société civile dénoncent cette dangereuse dérive du pouvoir alors que le social et la sécurité du pays constituent d'énormes problèmes. Ils relancent une vidéo montrant l'actuel président alors opposant à Joseph Kabila remettre en question le bien-fondé d'une telle initiative. L'histoire est têtue. Mais c'est aussi cela la politique. La volte-face y est habituelle en fonction des intérêts en jeu. Politica, politica, mani pulite!

Parmi les critiques, on évoque la gouvernance catastropiique, l'insécurité à l'est du pays, les salaires impayés des fonctionnaires, les grèves des médecins et enseignants, c'est-à-dire des urgences que le constitution révisée ne résoudra jamais. Au de défendre l'intégrité territoriale et d'assurer la paix sur toute l'étendue du pays, les gouvernants ne songeraient qu'à leurs propres intérêts individuels. Les évêques catholiques mettent en garde contre les genres de manipulations qui ont entaché les élections de 2023, où des non-élus se retrouvent au parlement par la force de l'argent. L'argent a circulé, il pourra encore circuler pour imposer le changement de la constitution. Les votes s'achètent, ce n'est pas nouveau ni surprenant pour des leaders terriblement assoiffés d'argent. Les mois qui viennent s'annoncent houleux. Attendons voir le développement du débat. Politica politica mani pulite!

J'ai suivi une intervention du professeur August Mampuya, l'un des rédacteurs de la constitution de 2006. Ce dernier affirme que cette constitution présentée aujourd'hui comme écrite à l'étranger par des étrangers et ne correspondant pas aux réalités congolaise n'a rien d'étranger. Elle a bel et bien été rédigée par des juristes congolais, avec des consultations de quelques experts belges, français,  sénégalais et mauriciens. Tous les articles emaneraient de l'histoire de la constitution congolaise. Par exemple l'article soutenant la cession d'une partie du territoire, si besoin est, date de 1967, année où le président Mobutu prônant le panafricanisme avait accueilli le sommet de l'OUA. Beaucoup de pays africains ont cet article dans leur constitution sans que cela pose problème. Selon lui, le débat suscité par la révision de la constitution est plutôt politique que strictement juridique et constitutionnel. Les raisons sont ailleurs, et les Congolais ont la mémoire courte.  Politica politica mani pulite!

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