Dans mon entrèe précédente, j'ai parlé un peu plus du président, parlons aujourd'hui de la population et de la gestion des institutions. Je n'ai plus d'amis du côté de l'Est. La plupart sont décédés, ceux qui vivent encore sont devenus inaccessibles. Difficile dans ces conditions de recevoir des nouvelles pertinentes.
J'ai plusieurs fois désigné cette partie comme une poudrière. Tout y pouvait changer du jour au lendemain, de façon inopinée. Les Congolais sont surpris alors que que c'était prévisible. Tatonnements ou complicité? Manque de vision ou bien déficience rationnelle? Le pays se scinde sous nos yeux, nous en sommes encore à recruter les jeunes sous le drapeau. Que faisions-nous? La logique de l'occupation et des déplacements massifs des populations tant décriée jadis par les analystes comme Ngbanda, Onana ou Yhombi fonctionne maintenant à plein régime. Les hommes du Rwanda et leurs complices congolais déciment par milliers des populations locales avec une incroyable cruauté. Silence, on tue. Les Nations Unies et les sociétés multinationales prédateices des minerais congolais se frottent les mains et applaudissent. Et nous regardons, attendons une aide du ciel au lieu de nous battre sans relâche pour chasser les puissants envahisseurs.
Le gouvernement congolais ne gère plus la totalité du territoire mais refuse de négocier avec le nouveaux occupants. Les banques sont vides à Goma et Bukavu. Dans de telles conditions, comment les agents de l'état et fonctionnaires seront-ils payés? Qu'en est-il des écoles, des hôpitaux et centre de santé? Comment fonctionnent-ils? La vie ordinaire doit s'adapter aux nouveaux paramètres imposés par les occupants ou envahisseurs. A Goma, ils ont déjà nommé un gouverneur; signe que la gestion et l'administration politiques ont changé de main. A Bukavu, je ne suis pas informé des détails. Beaucoup de questions comme toujours restent sans réponses. Comment vivent les gens? Une compatriote m'a dit que les gens ne sortent pas des maisons, qu'ils s'enferment dans leurs maisons. En tout cas, sa mère ne sort pas. Elle vit de ses réserves, envoie de temps en temps un voisin faire des courses pour elle dans une ville encore terrorisée par les rebelles. L'impression est que la guerre en marche, n'est pas facile à gagner pour les Congolais. Il faudrait absolument aller aux négociations, ce que Kinshasa refuse ardemment, craignant que cette décision soit signe de capitulation. D'autre part, il n'a pas beaucoup d'options à part négocier. La diplomatie fait son travail d'un côté, de l'autre côté il est un devoir de repousser les terroristes et récupérer la main-mise sur le territoire national. C'est là que les bats blessent.
La RDC est vraiment à la croisée des chemins, ayant de fait perdu le pouvoir militaire sur deux provinces importantes. Il semble que l'effort du Rwanda en ce moment est de forcer le gouvernement à négocier avec le M23 et obtenir que les provinces occupées demeurent sous la tutelle de M23. Bref, une annexion patiemment planifiée mais qui ne dit pas son nom. Ngbanda de son vivant alertait l'opinion sur cette catastrophe. Une balkanisation qui n'est plus déguisée, mais en passe de devir effective. Semer le désordre, l'insécurité et les déplacements massifs, afin d'empêcher le gouvernement de Kinshasa ne gère plus les deux Kivu. On parlait d'un plan de déstabilisation de l'expansion du Tutsiland. Aujourd'hui, nous sommes devant la réalité de la division de la RDC après la Libye, le Soudan, etc. C'est parti pour la dislocation totale de notre grand et beau Congo, si nous n'y prenons garde. Congolaises et Conglais, déféndons-nous, déféndons notre patrie et battons-nous jusqu'à la dernière goutte de sang. Pro patria mori!
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