Rome, 1er juillet 2013 :Journée exceptionnelle, belle, ensoleillée par l’azur vermeil, comme seule
Rome peut l’offrir. Deux prêtres du diocèse de Kenge, Floribert Kiala et Firmin Mboma, mes anciens
élèves (de Kalonda et Katende) vont présenter leurs thèses en ce jour.
Je me lève très tôt car je tiens à arriver à l’heure à la première défense,
celle de l'abbé Firmin Mboma Manzandala. 8h30 je suis à la bouche de métro Ottaviano et prend le bus 991 pour descendre et prendre la correspondance à Piazza Igea.
Lorsque j’arrive à 9h05 au Camillianum, je suis le tout premier. Pour tuer le
temps, je demande cinq feuilles de papier à la secrétaire de l’Institut. Je
n’écrirai quand même que deux pages sur ma proposition de conférence au Cave
Hill Philosophy Symposium. La porte de l’Aula III s’ouvre. Arrive d’abord un
prélat habillé en clergyman ; c’est le père Sapori, co-modérateur de
la thèse. Puis le vicaire général de Kenge, Onésime Muyembe, accompagné des
abbés Olivier Tamfumu et Serge Ndombe. Puis entrent tour à tour les abbés Godé
Kilwembo, Chrysante Mukawa, Joseph Mazola, Elvis Kininga, Fidèle Khoto. Puis le
frère général des joséphites Kipoy co-modérateur lui aussi, l’abbé Jean-Pierre
Sieme que je ne reconnaîtrai qu’après une dure épreuve de mémoire. Et pour cause? Cela fait plus de trente ans que je l'ai vu pour la dernière fois.
La salle s’anime. SE Mr l’Ambassadeur arrive et s’installe au premier rang.
L’homme du jour est là. Les retrouvailles avec Firmin sont très émotionnelles à
cause de nos relations familiales. Ma pensée va tout de suite vers Makiosi,
vers les absents d’heureuse memoire: Papa Ignace, Ma Sophie, Papa Donatien, Ma
Christine. Paix à leur âme ! Dieu merci, Laurette Mboma est là ainsi que Dr Rémy Mbuya et d’autres membres de famille. Mwana Tata Niasi paraît détendu malgré
une certaine tension normale pour ces genres d’événements.
10h30. Le jury s’installe. Après la prière inaugurale, le président accorde
la parole au candidat doctorant pour 20 minutes. La thèse s’intitule : De la pastorale des malades à la pastorale
de la santé au Congo-Kinshasa. Relecture théologico-pastorale des documents des
évêques de la RDC (1972 à 2010). La thèse se conforme bien aux idées
fondamentales de l’Institut International de Théologie Pastorale Sanitaire. Il
faut mettre le malade au centre de l’action pastorale. Anticipant sur le
résultat, le modérateur Père Marco Salvati y voit « un’abilità critica e
un’approfondimento teologico importante » du sujet. Les
questions des trois autres membres du jury portent surtout sur l’exorcisme et la sorcellerie. Belle
thèse, recommandée sans condition pour une publication en éditions, à l’issue
de la proclamation au titre de docteur en théologie pastorale.
Autour de 13 heures on se retrouve dans une salle paroissiale non loin du
Salesianum pour une agape fraternelle. Toute la communauté congolaise est
présente. Des amis de l’homme du jour venus de Lecce et de Belgique partagent
ensemble le repas. On mange, on boit, on danse. Mais peu avant 15 heures, on
doit partir pour l’autre thèse.
Rémy nous conduit vers le Vatican d’où l’on prend le bus 64. En mai 80,
c’est pour ce bus que je fis la connaissance de Mme Weingärtner sur la via
della Conciliazione. A l’époque, son terminus était juste à la Porte San Angelo,
l’entrée du Saint-Siège. Corso Vittorio Emmanuelle, à Largo Argentina, on dévie
vers la droite pour y rentrer par devant la Piazza Venezia. On a encore dix
minutes lorsqu’on arrive à l’Angelicum. D’autres retrouvailles. Cette fois avec
Mgr Jean-Pierre Kwambamba, cérémoniaire du Saint Père. Une religieuse de
Kenge Soeur Berth Kalunda, Jolie Mutombo, Adelaïde Mufwenge et d’autres jeunes qui me connaissent,
que je ne connais pas mais dont j’ai connu des parents. L’abbé Floribert Kiala Sadilakanda
est fin prêt, son projecteur LCD installé. Des livrets de la présentation nous
sont distribués. Ici le jury est plus petit : Prof. B. Sena, sociologue et Prof. C. Colombi, économiste, entourés
de la Sœur Doyenne de la Faculté des sciences sociales. On commence avec
quelques minutes de retard.
La thèse de Floribert s’intitule : L’éducation
et l’ajustement culturel pour le développement humain en milieu rural
africain. Cas du Territoire de Kenge en
RDC. Une lecture sociologique de l’approche des « capabilities » de
Amartya Sen. Le fascicule qu’il lit
est un peu long pour le parcourir en trente minutes. Le candidat est donc obligé
de survoler certaines parties, mais y parvient avec une dextérité qui prouve
qu’il maîtrise parfaitement son sujet. L’originalité du travail consiste à
proposer une voie conciliée de l’éducation qui tienne compte aussi bien de
l’éducation traditionnelle, tribale africaine que de l’école moderne. Le
raccourci théorique a un point d’application bien déterminé : le territoire de Kenge. Les questions du jury aident le candidat à expliciter sa pensée. Le
tour est fait. Brillamment ! Un nouveau docteur est proclamé au sein de la
Faculté des sciences sociales de l’université pontificale Angelicum.
Après un cocktail dans le corridor attenant à l’Aula magna où jadis je
suivis la défense de thèse d’un prêtre italien de mes amis, nous sommes invités
à aller célébrer à la maison de Dr Rémy Mbuya. Les routes à cette heure sont
bloquées à cause des congestions, Rémy et moi montons dans la voiture de l’ambassadeur
qui nous ramène à notre point de départ près du Vatican. Nous voilà après
quelques détours à Monte Mario ! Le « reste de Kenge »,
j’entends ceux qui ont participé aux deux défenses, s’y retrouvent. Soirée très conviviale avec pas mal des ressortissants du coin. Parmi les personnes présentes se trouve Wilie, l'épouse de Sila Lengame, qui ne me reconnaît pas. Et pourtant, amie de ma soeur Trinité, elle m'a parlé plus de trois fois au téléphone. On m'a signalé sa présence après qu'elle eut quitté les lieux. On m'a présenté la soeur de l'ancien vicaire général de Kikwit, Fernand Mukoso, que j'ai saluée avec émotion car, à l'époque, j'avais aidé l'illustre disparu à dactylographier sa thèse. On l'avait fait avec l'abbé Jules Kafuti. Paix à son âme! Dans la foulée, j'ai pu parlé avec mon mbuta Charles Mapunzo grâce à la générosité de Rémy. Autant de retrouvailles! Boissons,
nourritures et danses concluent une journée de joie, de paix et d’émotions.
C’est vers 24 heures qu’après avoir déposé le Vicaire général Muyembe, les
abbés Kilwembo et Mukawa, Floribert m’abandonne, inquiet, au feu rouge qui mène
à la Via Santamaura car il ne peut tourner à gauche. Tout est bien qui finit
bien. Dieu soit loué et glorifié !
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