Il y a exactement 105 ans, naissait dans les environs de Lindau Theresia Weingärtner. Je parle d'elle parce que je l'avais rencontrée pour la première fois le 15 mai 1980 à Rome, via de la Conciliazione, à côté de la libreria Ancora où j'étais allé acheter, pour la préparation de mon examen de christologie, le livre Jésus le Christ du théologien allemand Walter Kasper. Cette rencontre fortuite inaugura entre nous une solide relation qui ne prit fin qu'à sa mort, le 25 mai 1997, trois semaines avant la défense de ma thèse de doctorat. Si ma mémoire est bonne, je me suis rendu trente-trois fois chez elle à Munich. En 1993, j'y restai de mai à août, je m'étais inscrit à Ludwig Maximilians Universität de Munich mais fasciné par mon directeur, Mr Yves Giraud, je choisis de retourner à Fribourg en octobre. La dernière fois, en avril 97, j'étais logé chez l'abbé Claude Ozankom.
Voilà une femme qui m'a vraiment aimé comme le fils qu'elle n'a pas eu biologiquement! Une femme qui est devenue ma deuxième mère et qui a dédié les dernières années de sa vie à m'aider financièrement pour me mettre à l'abri de soucis d'argent. Elle a gagné son pari. Ce que j'ai reçu d'elle en espèces et en biens, est impressionnant. C'est grâce à sa générosité que je pus supporter les études de mes frères en Allemagne et en Belgique; et que même quelques-uns de mes amis ont effectué des voyages en Europe. C'est grâce à sa garantie que, contre vents et marées, j'entrepris de coûteuses études de doctorat. Il y a certes eu d'autres apports extérieurs, d'autres bienfaiteurs et bienfaitrices, mais elle est demeurée ma source la plus fiable et la plus généreuse. I am a blessed man. A 90 ans passés, Mutter Resi a encore pris le train de Munich à Fribourg pour me rendre visite à Enney. Je suis allé fêter mon quarantième anniversaire chez elle, trois semaines, avant sa mort. A cette dernière rencontre, pressentant sa mort proche, je lui ai donné l'extrême-onction.
Femme de condition humble et modeste, elle a entrepris d'apprendre le français et l'italien en s'achetant des dictionnaires. Lorsque le Cardinal Ratzinger est parti de Munich pour Rome en 81, elle a dit à la soeur aînée de ce dernier, à laquelle était personnellement liée: "Eines Tages wird der Josef zum Papst gewählt werden". (Joseph sera élu pape un jour) Sa prophétie de fanatique bavaroise est devenue réalité aujourd'hui.
Pour moi, Mutter Resi était la main de la Providence. Elle m'a accompagné jusqu'à la fin de mes études. Paix à son âme! Gloire à Dieu et Honneur à sa mémoire!