23 nov. 2009

Bon Anniversaire, Khoso

Il est 19 heures ici à la Barbade. Ce n'est que maintenant que je viens de me rappeler ton anniversaire. Cette négligence est due à beaucoup d'engagements pris ce dernier temps. Le vendredi, j'ai présenté une contribution au colloque de philosophie consacré au thème de la connaissance. Le titre de ma présentation était: "Myth, oral tradition and education in African Francophone Literature". Présentation réussie, car la Keynote Speaker, prof Lorraine Code a demandé aux organisateurs de me dire qu'elle tenait à me féliciter de vive-voix. Ce qui s'est fait à la réception de clôture. Et ce lundi, j'avais une présentation dans le cadre du Literay Theory Series organisé au sein du département. Le titre était: "The function and responsibilities of the African Francophone writer: Who is the reader of African Francophone literature?" Ce deux présentations en plus de mes enseignements habituels, comme on peut l'imaginer, m'ont déconnecté de la réalité. En plus,aujourd'hui, j'ai commencé l'élaboration d'une autre intervention à présenter, cette fois, à Brazzaville dans trois semaines. Dans l'après-midi, je suis allé achever le paiement de mon assurance de véhicule.
Le petit-frère a carrément été oublié. Pardonne-moi, Khoso. Joyeux Anniversaire! Que le Tout-Puissant te comble de vie, de paix et de félicité. Ad multos annos!

21 nov. 2009

Mauvaises nouvelles

Bernardin Iwongi m'a écrit de Bruxelles il y a deux jours pour m'annoncer les décès de Charlotte Mukwayanzo à Kinshasa et du Dr Swana Nyimi en Afrique du Sud. Que leurs âmes reposent en paix!
Charlotte était l'épouse de Richard Elite, mon ami avec lequel j'ai commencé le petit séminaire à Kalonda en 1969. La première fois que Charlotte est arrivée en 1996 en Europe, elle a atterri chez moi en Suisse avant de rejoindre Richard en Belgique. Ce dernier m'avait demandé de l'accueillir. D'elle je garde le souvenir d'une femme respectueuse, généreuse, pieuse, droite et réservée, qualités qui se confirmeront lors de mon passage à leur domicile à Anvers quelques années plus tard. Que Dieu l'accueille dans son royaume céleste. A Richard et à toute la famille, mes condoléances les plus émues.
Quant à mon frère le Dr Swana, j'avoue ne l'avoir rencontré qu'une seule fois. C'était en 1986 chez Odon Kinzi d'heureuse mémoire. Le Seigneur s'est arrangé pour que ce soit ainsi. Je connais ses neveux et autres membres de famille. Il est l'oncle d'Odette, l'épouse de Bernardin. Jeune médecin à l'époque, il incarnait pour moi la génération montante de l'intelligentsia zaïroise et africaine. C'était un vrai médecin, compétent et dévoué à sa mission de thérapeute, pas un mercantiliste-tueur comme on en voit de si nombreux de ce jours. Aux Mbakata et à notre Kwango bien aimé, toutes mes sympathies. Paix à ton âme!
Honneur et respect!

12 nov. 2009

The Burden of Western Education

(The following text constitutes a background for a reflection I will present at the next Cave Hill Philosophy Symposium on "Oral tradition, myth and education in African francophone literature")
I come from a community where the perception used to be as follows: once one attends western school, one becomes an idiot, i.e. the individual loses his roots, even becomes unable to understand his mother tongue. My own experience was painful, first of all in terms of languages. The first language I remember I consciously came to speak in Kabwita was not my own language it was Kiyaka. When my family moved from Kabwita to Mutoni, a Suku village, I could finally practice my mother tongue. But a year later, my family went further to Makiosi, a village where Kiyaka and Kipelende were spoken. I was confused once again. Another year later I came to the city of Kenge where Kikongo ya Leta was spoken. The only language I could really master under those circumstances was French, because it was the only language I continuously learnt. Nowadays I can hardly write in Kisuku, but I can write in Kikongo, the reason being that Kikongo is more written, the liturgical language of the diocese of Kenge that employed me for twenty years. French remains my main language of communication.
Although I know the tradition quite well, I always regret I could never master the proverbs of my tribe. I rarely lived the life of a village because my parents purposely avoided such opportunities. An évolué of the colonial time, my father was proud to see me rather speak French.
I guess this is the case for many people of my generation. We cannot speak in proverbs, maxims or apophthegms nor can we use the finest expressions of our mother tongues. We sometimes express ourselves much better in Kikongo, Lingala or French – a colonial language – than in our original native language. Our African background has been devastated and annihilated by the western brainwashing, accurately inoculated in us since the first day of school.

10 nov. 2009

L'argent

S'il est une chose qui a profondément bouleversé et détruit l'Afrique, c'est l'argent. Son introduction en Afrique est la plus grande catastrophe. Si vous en doutez, regardez les comportements des gens devant l'argent et surtout, la gestion des états africains. L'argent a détruit l'âme et la morale de l'Africain. Il ne sait pas le gérer durablement.
Malgré la prétention de ses leaders, l'Afrique a été brutalement amenée à se gérer comme une société à économie de marché alors que rien, mis à part la colonisation et l'exploitation occidentales, ne l'y préparait. Le résultat est là, désolant. Même les pays prétendument appelés scandales géologiques ne s'en sortent pas. Pourquoi? Cupidité et faiblesse devant l'argent ont noyé le coeur des Africains. Du sommet à la base, tout le monde est commandé par la corruption. Souvent le chef est lui-même le plus ignoble des corrompus et des corrupteurs. Toujours et partout règne l'argent. La société, à tous les niveaux, est rongée par cette indécrottable tare. Ce n'est pas demain que ça finira.
Vous avez dit: état africain? De quoi parlez-vous? Le bidonville, crasseux et immonde, a remplacé le village comme domicile pour beaucoup. Des Africains ont remplacé les coloniaux à la tête de ce pays qui n'existait pas avant 1885. Vive les leaders milliardaires aux fortunes amassées en moins d'une décennie, alors que leurs grands-parents ne possédaient même pas deux chèvres! Record historique à inscrire dans le Guiness.
L'Occident, le plus grand voleur de l'Histoire, a au moins su exploiter les ressources tirées de l'esclavage, de la colonisation et de l'impérialisme. La Grande Bretagne a pillé les mines d'Afrique du Sud et le diamant de Sierra Leone. La France s'est arrangée pour soutirer à vil prix le cacao de la Côte d'Ivoire, le pétrole du Gabon. La Belgique s'est construite au détriment du Congo. L'Occident tient encore les rènes du destin économique africain; il a inoculé le venin destructeur de l'argent qui paralyse l'Afrique. Tant que l'ordre économique demeurera l'apanage de l'Occident, rien de bon ne se fera en Afrique. Les dernières élections du Gabon nous ont montré, une fois de plus, l'ancrage du pouvoir français sur le pétrole gabonais. Le modèle occidental ayant échoué, c(est-à-dire ne satisfaisant pas l'inextinguible soif d'argent des gouvernants actuels, l'on croit que le salut viendra peut-être de la Chine. Connaissons-nous vraiment les Chinois?
Certains pays africains se développent, me dira-t-on, mais combien de temps cela va-t-il durer? Comme les institutions sont si fragiles, rien ne rassure de leur stabilité. Il faudrait toutefois avoir le courage de commencer... et surtout, d'y croire. Ich habe fertig (Trapattoni). J'ai dit.

5 nov. 2009

Berlin, j'ai vu !

Voilà vingt ans que le mur est tombé. J'ai vécu à Berlin de 1999 à 2001. Depuis, j'y suis repassé en 02, 03, 05, 06, et 09 pour des séjours relativement courts. J'ai vu la ville se moderniser, changer de statut et de visage au cours de ces années. J'ai assisté au démenagement du gouvernement de Bonn à Berlin, à l'achèvement du Bundestag, à l'inauguration de la Chancellerie. J'ai vu les travaux de construction du Lehrter Stadtbahnhof, devenu aujourd'hui la gare ferrovière centrale de Berlin, un centre commercial ultra-moderne et une immense bâtisse à six niveaux sous terre où les trains et métros se croisent comme dans un conte de fées. La roue de l'heure tourne au rythme d'une ponctualité mécanique typiquement germanique: un tableau affiche avec précision dans combien de minutes votre bus ou votre train arrive. L'ordre, le respect de la loi, c'est l'obsession dans cette mégapole au destin unique. Cette rigueur, aussi efficace soit-elle, est aussi le tendon d'Achile de ce glorieux peuple. J'ai vu tout cela.
J'ai aussi vu le plus important, l'homme: le Berlinois. Je ne répéterai pas comme Kennedy: Ich bin ein Berliner. Dans mon vocabulaire, le Berliner c'est d'abord le Kindl. Revenons à l'homme. Le Berlinois est différent, selon qu'il est de l'Est ou de l'Ouest. La division, invisible à l'extérieur, est restée dans le coeur, bien qu'il y ait aujourd'hui une chancellière originaire de l'Est. Il y a certes une réunification politique, mais l'homme vit, de l'intérieur, les conséquences sociales, morales et psychologiques de cet événement historique.
Dernièrement, j'ai vécu de mai à juillet 09 à Friedrichshain, dans l'est. J'ai été impressionné par le nombre incroyable des jeunes consommant l'alcool, et fort probablement des drogues légères et dures (?), comme je n'en avais jamais été le témoin auparavant. Récession économique, me disait-on du bout des lèvres. Tous les weekends, la station de métro Warschauer Strasse était à toute heure le théâtre d'une affluence innombrable de jeunes venus de tous les coins d'Europe, toutes couleurs de peau et langues comprises. Tout s'y donnait rendez-vous dans ce sanctuaire de la vie nocturne. Une bombe à retardement car, au vu de ce spectacle, il ne serait pas erroné de dire que la société allemande est au bord de l'implosion sociale.
La pauvreté des personnes âgées frappe également l'Allemagne comme jamais auparavant. A l'aéroport de Schönefeld, j'ai vu deux messieurs fouiller les poubelles et y récupérer des bouteilles vides et de la nourriture. En plus, le nombre des mendiants qui sillonnent les S-Bahn, quemandant verbalement de l'argent ou vendant des journaux pour SDF, est impressionnant. Conséquences du chômage dicté par les suppressions massives d'emploi dans les entreprises et certains secteurs de l'état. Le désespoir peut se lire sur certains visages.
Ce que j'ai vu, me laisse jusqu'à ce jour perplexe quant à l'avenir de la jeunesse de ce pays. On me dira qu'au Congo, c'est encore pire. Je ne suis pas un donneur de leçons, même si toute ma vie, j'ai eu à enseigner... à former. Le système capitaliste a touché le fond de la décrépitude. Aux génies, et il y en a par centaines, de relever le défi. Quoi que l'on dise, Berlin, haut lieu du colonialisme où le gâteau africain fut partagé entre les prédateurs européens, ville verte et écologique aux lacs et parcs magnifiques, a encore de beaux jours devant elle. L'histoire en témoigne.

4 nov. 2009

Augustin Mbalumuna

Augustin Mbalumuna est décédé ce lundi 2 novembre. Quelle date pour mourir?
J'ai connu connu Augustin à la fin de ma première primaire. Nous sommes en juillet 1964, à Mutoni-Toy, je viens de finir ma première chez Papa Jean Muzungu d'heureuse mémoire. Au poste scolaire de Mutoni, Papa Timothée Kimbinda, enseignant de deuxième année, Papa Jean-Marie Ndombi, infirmier et mon père, décident par un après-midi ensoleillé d'aller à Kibondo (Kikwangu), village situé à trois-quatre kilomètres de Mutoni. Etaient-ils invités? j'en sais rien. "Prenant pied la route", comme dirait Ahmadou Kourouma, ils sont à mi-distance lorsqu'ils remarquent la présence d'un enfant de sept ans à leurs trousses. C'est moi. Papa s'énerve mais il est obligé de me supporter. Je m'ennuyais de rester si seul au milieu des filles du poste: les Kimbinda (Octavie, Marceline, Joséphine) et ma sa soeur Béa. Le seul garçon de mon âge, Jean-Claude Muzungu (décédé il y a quelques mois) était en vacances à Kingwadia avec ses parents. J'ai donc suivi, furtivement, les papas sur la route de Kikwangu. A Kibondo, on était accueillis chez les Mbalumuna. Il était là. Je me resouviendrai de lui plus tard lorsque je le reverrai à Kimbau à l'école où il me suit d'une année.
Depuis, nous avons fait Kalonda ensemble pour quelques années. Et la vie nous a séparés. Nous nous sommes retrouvés à quelques occasions: rencontres, fêtes ou deuils. Sans grandes histoires. Augustin avait monté une fabrique de casserole et une quincaillerie, qui tournaient bien.
La dernière fois que je l'ai rencontré, c'était à Masina; il portait un Safari beige; il parlait plutôt politique et développement.
Ma soeur Béatrice m'a appelé avant-hier matin pour m'annoncer sa mort. Notre coin vient encore de perdre un de ses dignes fils. Paix à son âme! Adieu, cher Augustin.