27 juin 2014

Have a pleasant and safe trip

Adios Barbados para dos meses
Maman Calvaire, Mukawa et Ibangu sont partis ce soir du 27 juin 2014. Bye bye.
C

25 juin 2014

Les damnés de la terre

Frantz Fanon, le bouillant visionnaire, avait vu, pré-vu et annoncé à tout jamais le destin des "marginalisés" sur cette terre des hommes. Il y a des hommes privilégiés à qui tout est permis, facilité et des sous-hommes obligés de se faire péniblement une place au soleil. Je suis sidéré par l'injustice qui existe dans ce monde en termes de droits,  races, genres, nations ou religions. Toutes les structures sont établies en faveur de certaines parties de l'humanité avec l'implicite intention d'en priver les autres.
Début mai 1998, je voyageais avec un MD11 de Swissair de Brazzaville pour Genève. Peu avant l'atterrissage, une très belle publicité était projetée pour guider les voyageurs à travers l'aéroport de Genève: sortie de l'avion, formalité d'immigration, retrait de bagages, etc. Tout paraissait simple, sans souci à se faire. "Trop beau pour être réel", me suis-je dit. Eh oui, j'avais raison. A la sortie, j'ai vu des compatriotes africains coincés dans une cellule par des agents de police. Je me suis dit: "Cette jolie publicité ne nous était décidément pas destinée".  De quoi s'interroger sur l'identité réelle des véritables clients de Swissair, sur la véracité et l'égalité des privilèges annoncés.
La différence fait de vous une cible naturelle de contrôle aux frontières terrestres. Plusieurs fois traversant au volant ou par train, je me suis retrouvé le seul à présenter mes pièces d'identité alors que les autres co-voyageurs n'étaient pas du tout inquiétés. "Oui, je suis un damné", c'est le cas de le dire. Comme tous les autres membres des races discriminées, je dois fournir la preuve de mon existence  à chaque coin de la rue. Je traîne avec moi une histoire coloniale indélébilement inscrite sur mon visage quels que soient les maquillages que j'utilise pour la masquer.
Ma nationalité, c'est comme être Persan à Paris. Homme africain, je porte toutes les séquelles des préjugés liés à ma patrie. "RD Congolais, au fait, pourquoi ne changes-tu pas de nationalité afin de t'épargner des tracasseries de visa, certificat d'hébergement ou prise en charge, justification de moyens de subsistance? Cela fait plus de vingt-ans que tu vis en dehors de ton maudit pays... Et même encore, tu n'atteindras jamais le statut des Européens." 
Chrétien, oui, acceptable. Mais musulman, on te scrute comme si tu avais du sang frais sur les mains, comme si tu venais de tuer quelqu'un ou de faire éclater une bombe. Indouiste, on te regarde deux fois. Ton passeport est tourné dans tous les sens, passé de main à main. Moustachu, on te dévisage comme Capitaine Haddock. On va jusqu'à te demander si tu places ta barbe "en dessous" ou "au-dessus" de ta couverture lorsque tu dors. On te scanne de tous les côtés avant de t'ouvrir les portes de l'Eldorado occidental.  
Cela me rappelle un vieux souvenir. Lors des défilés du 30 juin à Kenge, les prisonniers avaient l'habitude de chanter: "Mbok'oyo elingi biso te" (Cette terre ne nous aime pas// Cette terre ne veut pas de nous). A tous les niveaux, dans chaque pays, dans chaque société, il y a la différence. Autrefois, Dérida parlait de "différance". Je laisse ce débat aux spécialistes.
Les damnés de la terre, il y en a bien. Il en existera tant que le monde continuera d'exister. Frantz Fanon avait raison.

24 juin 2014

Mundial: Elimination de la Côte d'Ivoire et de l'Italie

J'ai suivi le match Grèce - Côte d'Ivoire pendant près d'une heure. Bonne équipe, bonne domination par moment. Individualités remarquables comme Touré, Drogba ou Gervinho. Point faible: la défense. Très maladroite, responsable de deux buts grecs. Une grave erreur de coaching: faire sortir le meilleur de l'attaque Gervinho pour garder le maladroit Kalou, a constitué une mauvaise gestion du résultat. La pression grecque était très forte à la fin certes, mais les contre-attaques ivoiriennes ont toutes été lamentablement négociées. Dommage pour une si bonne équipe!
Quant à l'Italie, elle n'avait simplement pas d'équipe gagnante. Pirlo l'organisateur du milieu est au bout du rouleau. Le vieillissant Buffon aurait dû céder sa place à Sirigu plus performant en face à face. En plus, l'équipe manque de buteurs. L'Italie doit se réformer en profondeur si elle veut revenir à son niveau habituel. Ritorno a casa!

Qui supporter à ce Mundial?

Mon collègue kenyan était très embarrassé hier avant le Match Cameroun-Brésil, se demandant qui il devait supporter. Un problème qui ne se pose pas du tout pour moi. Ce matin, deux habitués de la plage de Brownes m'interpellent: "What are your favorite teams at the World Cup?". "All African teams since there is some chance to have one or two of them reach the next round"; ai-je répondu spontanément.
Ce matin, mon collègue kényan a donné son impression du match: "I was really happy with the way Brazil played yesterday. Cameroon could deserve a better result."
"Congratulations, Man, for being able to support two opposite teams at the same time. I think you clearly prefer Brazil to Cameroom."
Lors de ma marche sur la plage, j'ai beaucoup réfléchi à la question pourquoi aucune équipe africaine n'a jamais atteint les demi-finales. Nous manquons dans nos fédérations des dirigeants charismatiques et visionnaires. Ils sont là pour empocher l'argent dû aux joueurs plutôt que développer vraiment le football. Une action concertée des dirigeants sportifs africains avec comme devise "La prochaine coupe du monde sera africaine" "A nous le tour",etc. pourra décomplexer nos équipes et les mettre à la hauteur de toutes les autres équipes. Sans une ambition osée, l'Afrique n'obtiendra jamais la coupe du monde. Si on peut faire match nul avec les Allemands, battre les Bosniens ou Croates, les Latino-Américains, on n'est pas loin du but. Seulement, et c'est là notre malheur, nul n'y croit.
De voir des entraîneurs européens à la tête de nos équipes nationales me répugne, seulement parce que la parité est inconcevable: aucun entraîneur africain quel que soit son génie n'obtiendra jamais ce poste dans un pays européen. Signe de notre échec, de notre soumission mentale. Nous semblons donner raison à ceux qui croient que les Blancs sont meilleurs à ce poste que les Noirs. Il faut se désaliéner avant toute chose. Il faut qu'on donne la chance à nos propres compatriotes africains d'étaler leurs talents et leurs capacités à l'échelle de notre continent. Africaniser le foot à tous les niveaux est une condition sine qua non.
Professionaliser le foot au niveau du pays: qu'un footballeur mérite son salaire au même titre que tout autre ouvrier ou employé. Et là intervient un point important: la gestion financière des clubs doit répondre à cet objectif. Cela évitera le scandale du Cameroun à ce Mundial. Bonne chance à toutes nos équipes d'Afrique qui résistent encore aux poussées des équipes d'ailleurs.

21 juin 2014

Adieu Séverin Swadi

21 juin 2014. Encore une triste nouvelle. Séverin Swadi alias Serventes ou Cerventes, CT, Swadis en personne, est mort. Paix à son âme! Voici le SMS du père Séraphin:
"Bjr, Clayudi. Au deuil de Jules Kahombi, j'apprends le dc de Swadis hier ds son village où il était parti pr des soins. A tous les A, RIP. PKS". (sic)
Swadis appartient à la pure tradition kalondaise. Ce séminariste de Misay a marqué son passage à Kalonda en étant pendant deux ans le CT (chef de troupe) du mouvement scout du petit séminaire entre septembre 1969 et juillet 1971. Jeune homme charismatique, enthousiaste, créatif et plein d'initiatives, Cerventes est demeuré attaché à Kalonda dans son cœur. Jongleur, farceur, comédien, cet artiste de la parole et de la danse savait impressionner les plus jeunes et imprégner notre vie de séminariste d'un environnement joyeux et  sain. Comme beaucoup de mes condisciples, j'ai été marqué par ma rencontre avec CT. Collaborateur principal de l'aumônier, le père Ben Overgoor, Swadis savait répandre autour de lui une ambiance de confiance et de sérénité. Après la 5e, il a fait le collège St Paul de Bandundu.
Parti aujourd'hui, il va retrouver ses  anciens condisciples dans l'au-delà: Arthur Muwawa, Timothée Mwamba, Odon-Ruphin Kinzi, Ignace Wawa, etc. Comme ses cadets scouts: Télesphore Tsakala, Firmin Mukwasa, Faustin Mampuya, Flavien Busina, Alexis Kangiengo, Nestor Kiala, Célestin Ndikita, etc. Paix à leur âme! Nous sommes nombreux qui avons gardé un précieux souvenir de lui.
Comme je prétends être un littéraire-mythologue, je me réfère souvent à Swadis pour expliquer le "totem", la pratique du totem dans les textes africains et caribéens. Scout, j'avais reçu de mon CT, le jour de ma promesse scout devant l'aumônier, le totem de "Cormoran Nageur". Il m'avait trouvé des qualités de cet oiseau dont je ne connaissais même pas l'existence. Par la magie onomastique de Swadis G. Mawanga est devenu en 1971 "Faisan". Même aujourd'hui, tout le monde l'appelle du nom de Faisan. J'ai retrouvé en 1984-85 un de ses héritiers directs au petit séminaire de Katende: Nestor Kabwangala. "Kima ki ntatikanga e kingelele kinta mu kulu... mu koko..., etc." A l'époque, Nestor enseignait, mais organisait les activités scout sur le modèle de son inspirateur: Swadis. Tous les amis scout - Alexis Olenga, Albert N'Koy, Robert Kutukenda, Arthur Kongo, Félicien Munday, Tryphon Ilenda, Donat Mosimi à qui je viens de communiquer la nouvelle - ont gardé une pensée positive du CT. Il avait réussi à maintenir le scoutisme hors de la querelle des cailloux ou de l'affaire quiproquo entre la 4e littéraire des Mayobo, Pashi, Munoko ou Mukuba et la vaillante 2e CO des Bipa, Lewula, Mapasu ou Makakala.
Séverin Swadi avait fait des études d'anglais et de relations internationales à Lubumbashi. Avant les pillages, il a travaillé pour GM. Je le revoyais à procure de Kenge en visite chez le père Jean Van Baal, toujours élégant, toujours stylé, toujours gai et égal à lui-même. La toute dernière fois que je l'ai vu, j'étais avec mon frère Donatien à l'Agence de Swissair au rez-de-chaussée de l'immeuble Sozacom. C'était le 28 avril 1993. Lunettes fumées, en abacost tissu-pagne, un Motorola en mains, il donnait selon Donatien l'air d'un agent de la sécurité. Je ne l'ai plus revu depuis.
L'année passée, j'avais eu vent de sa maladie par des amis communs. Les dernières en novembre 2013 par Maître Munoko à Coulommiers. Comment pleurer une figure si emblématique comme Swadis sinon en retraçant son itinéraire à travers les congénères qui ont partagé sa vie, sinon en racontant le bien et les services qu'il a rendus aux autres? Avec lui s'efface un pan de l'histoire de notre alma mater, Kalonda-Katende, qu'un seul et même destin lie.
Condoléances émues à sa famille biologique, sympathies à nous tous, frères, sœurs, ami(e)s, collègues qui avons eu le privilège de connaître Séverin Swadis.
Adieu et merci CT de la part de Cormoran Nageur.

20 juin 2014

Un peu de justice sociale

Ce n'est pas de la fiction, et ça se passe à Kinshasa. Un cousin a eu le malheur de bâtir sa maison près du cimetière de Kinsuka, ayant acquis sa propriété en bonne et due forme. Une autorisation de bâtir lui avait été délivrée. Seulement voilà, quelques dix années plus tard, on lui apprend que le terrain appartient au cimetière; que par conséquent son occupation est illicite. Le bruit se diffuse depuis des années que tous les occupants seront délogés et relogés ailleurs. On attend les décisions d'en haut. Les plus nantis, méfiants de tels arrangements, déguerpissent à temps vers d'autres horizons. Quant à ce cousin, il avait mis tout le paquet dans cette concession. Avant-hier, alors qu'il se trouvait au travail, on l'appelle pour lui dire que des tracteurs sont là pour détruire toutes les maisons du quartier mal acquis. Il se dépêche sur le lieu; une partie est déjà écroulée. Quoi prendre, quoi laisser dans les dix ou quinze minutes obtenues à coup de corruption face des bourreaux sans cœur, assistés de nombreux agents de l'ordre (entendez des militaires). Tous les biens accumulés au prix d'âpres sacrifices s'envolent comme une flamme, disparaissent sous l'effet d'une bombe. Le cousin assiste, impuissant et interloqué, à la démolition impitoyable de sa propriété à étage dans laquelle il a investi tout son avoir. Un autre parent plus fougueux n'a mieux trouvé que d'agresser un "chauffeur" de tracteur-démolisseur; il a été tabassé sans pitié par les soldats-agents de l'ordre et amené à la prison de Makala où il croupit encore. La famille sait de qui je parle. Voilà deux parents qui, hébergés hier, d'un coup se retrouvent aujourd'hui sans domicile fixe (SDF).
1. Un état de droit. Nos institutions fonctionnent assurément mais très mal. Vendre la concession d'un cimetière à des individus juste dans le but de se remplir les poches plutôt que de rendre un service citoyen est un crime administratif très fréquent dans nos pays. Des amis tanzaniens m'ont raconté qu'on aurait vendu à quelqu'un une plage, à quelqu'un d'autre une route commune. Malheureusement, quoi qu'on fasse pour y échapper à de telles impostures, on n'est jamais assez prudent dans un pays où tout le monde est "commissionnaire". En outre, il y a une confusion totale entre les autorités urbaines ou cadastrales et les propriétaires coutumiers des terres. Chacun vend, peu importe qui achète pourvu que l'argent soit encaissé. Nous avons des réflexes peu admissibles dans un état de droit, tels que le linchage des voleurs ou des chauffeurs qui tuent, la corruption des agents de l'ordre, la falsification des documents officiels à des fins personnelles.
2. Le citoyen a-t-il des droits? C'est la question qu'il faudrait se poser. En 1979 ou 80 la démonétisation des billets de 5 Z et 10 Z avait ruiné des milliers des Zaïrois; et beaucoup ne s'en sont jamais relevés. Trois jours seulement pour échanger à la banque au plus 3000 Z par individu. Comment un paysan de Ngidinga qui n'a jamais entendu parler de banque pouvait-il échanger son argent? J'avais à l'époque crié au scandale, au crime d'état. Ailleurs, j'ai vu des démonétisations s'opérer de façon décente sans qu'un seul individu y perde un sou. Le passage à l'euro est à ce point exemplaire. Force est de constater malheureusement que le citoyen chez nous n'a des droits que sur papier. La réalité est différente. Du jour au lendemain tout peut vous être dépouillé sans que vous ayez une instance où faire appel. En Afrique, la justice compte des juges par milliers, mais ne sert que le pouvoir en place. Indépendante? Sur papier oui.
3. Un peu de sens d'humanité. Les "chauffeurs de tracteurs" qui ont détruit les maisons de Kinsuka avaient reçu des "ordres" qu'ils ont exécutés mécaniquement. Le chef a parlé, l'affaire est close. Même Dieu le Tout-Puissant est d'abord miséricordieux. Nos potentats politiques et administratifs n'éprouvent de la pitié pour personne à moins que les espèces trébuchantes et sonnantes tombent dans leurs poches. Ce matin, Clavère préoccupée et sidérée par ces événements, a fait une remarque très révélatrice: " En Europe ou ailleurs, on aurait envoyé des psychologues afin d'accompagner les victimes de ces démolitions dans leur souffrance intérieure. Chez nous, on envoie des soldats à la place". Eh oui, là réside toute la différence dans le respect de la personne humaine.

19 juin 2014

Retrouvailles ce 18 juin 2014 sur Facebook

Claver Mabana's photo.
Re-posté par Gabriel Kwambamba
Gabriel Kwambamba Deux ainés que je respecte beaucoup. Ya Claver Mabana a été mon prof d'anglais à Katende, très brilliant et excellent enseignant.
Frederic Molwa Masikini Ya Claver,mes salutations.
Valence Mampia Ohlalala Ya Claver Mabana, mes salutations à ya Clavère et les enfants, soyez bénis
Arthur Jacques Mungwasi Le beau vieux temps de Katende, ceux qui y on été savent de quoi je parle.
Claude Buse Mgr Ya Jean Pierre, krkrkrkrkrkrkr !!! Dis-lui mes salutations et mes amitiés avec les meilleurs de nos souvenirs de jeunesse à Lutendele avec Frank Roelants...
Frederic Molwa Masikini Ce matin par telephone avec mgr kwambamba,il m'apprend que cette photo n'est pas recente.Ya claver était chez lui,l'an dernier,puisque je voulais l'invité chez moi.
Claver Mabana Salutations cordiales à vous tous: Valence, Gaby, Arthur, Fred. Merci pour vos gentils mots. Je ne reconnais pas Claude quoique j'aie aussi fait une session avec le P. Frank à Lutendele quand j'étais à Mayidi. C'est vieux tout cela. La photo avec Mgr JP Kwambamba date de juillet 2013. J'étais à Rome après une conférence à Perugia. j'ai participé aux défenses de thèse des abbés Kiala et Mboma. J'ai déjà rapporté là-dessus. Pour votre information, je tiens un blog depuis 2009 où je parle de tout sans tabou. Vous y trouverez des nouvelles de Kenge, Bandundu, RDC, mes témoignages pour nos morts, mes opinions sur des sujets comme la politique, la démocratie, le racisme, la guerre, etc. En français, anglais, en kikongo, lingala, kisuku, selon le cas. Si vous googlez: kahiudi c mabana, vous y accéderez sans problème. Ma petite société civile va bien: les jumeaux finissent l'Infant B et commencent l'école primaire en septembre. Restons donc en contact. C

Mourinho: "Pepe n'est même pas portugais"

Tout bon sélectionneur qu'il soit, Mr. Jose Mourinho dérape très souvent verbalement. Il n'aime pas Pepe depuis le Real Madrid, cela se sait. Il l'a mis sur le banc pendant très longtemps. Que Pepe ait été à la base du second but allemand - ce qui reste à prouver - ne devrait constituer aucun motif d'ostracisme. A cette allure, on chercherait le bouc-émissaire à chaque but encaissé, et en conséquence, toute l'équipe ne serait plus portugaise.
Cette déclaration relève simplement d'un racisme à peine masqué que l'on connaît partout. A titre d'exemple, Yanick Noah champion est français, mais Yanick Noah battu est camerounais ou franco-camerounais. C'est connu. Qu'un tel ce propos sorte de la bouche du Special One est déplorable, minable, raciste et xénophobe.
On peut dire "ah, c'est la frustration ou la déception qui justifie un tel discours", mais on oublie que c'est dans de telles circonstances que l'âme profonde se dévoile. Suivez bien les démêlées de cet entraîneur avec ses joueurs, vous découvrirez sa vraie face. Je ne suis pas édifié. Alors pas du tout!

Mundial: l'élimination de l'Espagne

Humiliation! Débâcle! Echec mondial! Revers historique! Honte! Appelez cela comme ça vous plait. Les mots ne seront jamais assez forts pour exprimer cette réalité. Eh oui, c'est aussi cela le foot; une équipe au sommet peut aisément chuter de son trône, être éliminée par la dernière au classement. Cela s'est vu, et se verra encore.
Déplumée, l'équipe nationale espagnole a fait triste figure au cours de ce Mundial 2014. Cuisante défaite 5-1 face à la Hollande, déconvenue totale 2-0 face au Chili, que dire de plus? C'est le crépuscule d'un héroïsme sans gloire. Relisez mon article sur quelques systèmes de football. En fait, l'échec de l'Espagne, c'est l'échec d'un système de football. Le système Barcelone. Barcelona au top, l'Espagne au top. Même Guardiola a échoué en Ligue des Champions avec le Bayern. Le Real Madrid actuel n'est pas déterminant dans le destin de la Roja.
Joueurs âgés, entraîneur dépassé, reflexes perdus, jeu monotone, manque d'inspiration, absence de motivation et d'enthousiasme, voilà les clés de ces défaites. Ces joueurs ont tous fait leur temps. Ils se sont assis sur leurs lauriers au lieu de préparer sérieusement la finale. Ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Le temps de la réforme a sonné pour l'Espagne, grande nation du football.
De la gloire à l'humiliation, du piédestal à la géhenne, le scénario ne pouvait pas être plus tragique. "Viva la Spagna" qui en ce jour célèbre son nouveau roi Felipe VI. Fin de règne du père, vive le fils. Allez manger la paella.

16 juin 2014

A propos des échanges de tirs à la frontière congolo-rwandaise

J'ai longuement discuté sur ce sujet avec un collègue qui s'intéresse beaucoup aux questions politiques de l'Afrique Centrale. Il trouvait que c'est une mauvaise idée et qu'il fallait absolument recourir à la solution diplomatique, craignant que ces échanges n'embrasent la région. Cela m'a poussé à quelques réflexions.
1.  A ce niveau la diplomatie est encore inégale. Le Rwanda n'a peut-être plus le soutien exclusif des Américains et de l'Ouest, mais il n'en demeure pas moins engagé à saper toutes les solutions pacifiques proposées dans la région. On ne peut pas se fier à un partenaire qui vous envahit, vous infiltre jusqu'au plus haut de l'état, et soutient les rébellions. Le Rwanda, à en croire tout ce que la presse rapporte, est responsable d'un génocide en RDC. Il maîtrise les rouages diplomatiques déjà au Conseil de Sécurité de l'ONU et bloque des résolutions susceptibles de le condamner. L'ONU semble plus à l'aise à traiter avec le Rwanda qu'avec la RDC dont les millions de morts sont ignorés de la communauté internationale. L'infiltration est telle qu'on ne sait pas qui est congolais et qui est rwandais. Des généraux congolais sont soupçonnés, à défaut d'être rwandais, de vendre la mèche de l'autre côté et d'être des agents de sécurité travaillent pour le Rwanda plutôt que pour la RDC qui les emploie. La confiance de base n'existant pas, la diplomatie s'avère à mes yeux un leurre qui fait de la RDC la victime idéale des agressions du Rwanda.
2. La guerre, quoique meurtrière, semble se poser comme la seule solution. Les opposants au régime déclarent carrément qu'il n'existe pas d'armée républicaine en RDC, que l'armée protège plus le régime en place que la population ou le territoire national. Qu'il y ait eu des affrontements à la frontières entre les deux armées est le signe que la confusion qui prévalait par le passé est terminée, qu'il faudrait compter désormais avec une armée congolaise qui peut défendre son territoire. Avec les rebelles, le discours était différent, car ceux-ci prétendaient être des Congolais en opposition avec le régime de Kinshasa. C'est un acquis de taille. La frontière n'est plus un passoire où des soldats étrangers peuvent opérer impunément. L'agenda d'annexion qu'on évoquait il y a quelques années semble céder le pas à une prise de conscience de la part des Congolais, désormais prêts à défendre leur berceau.
3. Si le FDLR  est démantelé comme on le laisse croire, il n'y a plus de raison pour les Rwandais d'entrer sur le territoire congolais quoi qu'il en coûte ni de prétexter un quelconque motif sécuritaire. Cela étant, la RDC prend désormais son destin en main et peut tacler les autres fléaux sous-jacents: exploitation illégale des matières premières, viol des femmes, propagation du sida, protection des enfants-soldats, etc. Qui veut la paix, prépare la guerre. La RDC a intérêt à se défendre, à protéger son territoire et ses richesses naturelles enviées par les voisins et les multinationales.
4. Il ne faudrait cependant pas perdre de vue que ce coin regorge de personnages à double casquette qui, pour les besoins de la cause, peuvent être Congolais le jour et Rwandais la nuit. La vigilance est de mise dans ce genre d'opération; c'est là que les renseignements sont nécessaires. Une mascarade de guerre pourrait tout aussi être déclenchée afin de détourner l'opinion nationale et internationale des vraies réalités de ce pays. Ce serait naïf de croire que les démons deviendraient des saints en l'espace de quelques semaines. Expulsions de Brazzaville et éclatements belliqueux, ne serait-ce pas des revers d'une même médaille et d'un processus d'étouffement de la RDC? Qu'on se le dise: la vérité, entendue comme état objectif de la réalité, est inconcevable en politique; seul l'intérêt compte.

15 juin 2014

Fathers Day

June 15, 2014. This is a celebration to honour fathers in their creative collaboration with the Allmighty Creator of man and the universe. What I am saying is quite debatable, but it is what I really think. Being a father links you for your whole life, if you take it seriously. You tie yourself to your child by providing the support, the training and the presence your child needs for his development. Being a father can be seen differently: biologically and spiritually. There are unfortunately many fathers in the world who are not fathers, who just happen to have "produced" the child. As a priest I used to greet my biological father the same way he did: "Bonjour mon fils" and I would reciprocate: "Bonjour mon fils" after giving him a heartfelt handshake or embrace.
Now that I have become myself a biological father, now that I am taking care of two twin kids, I feel the heavy and responsible duty of training and providing for them an environment of health, love and happiness. In the end I am giving back the love, the happiness, the faith and the generosity I received from my father, from my fathers. I can call all by name: all my father's best friends, brothers, all my educators, my spiritual fathers, even my friends who were and are there for me. So to say, I tried to be all that to my biological children. I received lovely cards from them with a big I LOVE YOU DAD! They even sent me emails from their new accounts.
Actually from the bottom of my heart I don't like these kinds of célébrations. I am reluctant to receiving so much attention and care, but then I say WHY NOT. Isn't it what life is all about? From now I have to make up my mind to the world and its traditions. It is a way to fully accept fatherhood and its responsibilities.
Two weeks ago or so after church, I saluted some fathers wishing them: "Happy Mothers Day". They would laugh, but it was obvious that there would be no fathers if there were no mothers, and vice-versa. Therefore I extend my wish of Happy Fathers Day to all mothers.
Happy Fathers Day to all fathers of the world!

12 juin 2014

Jules Kahombe a tiré sa révérence

12 juin 2014. Alors que la douleur du départ de l'abbé Arsène Muhau est encore très fraiche dans nos coeurs, voilà que meurt une autre figure de Kenge, le préfet Jules Kahombe. Que son âme repose en paix. Je n'ai aucun detail sur sa mort, je viens seulement de lire un message que m'a adressé Serge Madilu.
Comment dire? J'ai connu Jules Kahombe depuis ma tendre enfance. Nos familles entretenaient des liens très forts. Pour le petite histoire, lorsque dans les années 40 ou 50, le vieux Kahombe Tata Kisota arrivait à Kimfingia sur la moto du Père jésuite Boutaye ou Delamine (?), dont il était le factotum, il logeait chez mon grand-père Kahiudi, son parent de la lignée des Manzodi. C'est mon oncle Papa Frédéric Kayolo Bunda Manzodi qui me l'a dit. Je dis des choses que je ne maîtrise pas. De son vivant, Tata Kisota m'a plus d'une fois rappelé cette liaison ancestrale. Pour moi et les miens, Maman Christine, Adolphine et Jules Kahombe - paix à leur âme - pour ne citer que ceux auxquels j'étais lié particulièrement, faisaient partie de ma famille étendue. C'est à ce titre que je les visitais à Mvwamba quand l'occasion s'y prêtait. Ainsi, quand Maman Christine était une fois sérieusement malade en 1985, je n'avais pas hésité, en l'absence de l'évêque et de l'abbé Denys Luhangu, de requisitionner la jeep de la coordination pour la conduire à l'hôpital de Mosango.
Aujourd'hui, c'est son frère le préfet, Jules, qui nous quitte. Je n'oserais le croire. Je reste pantois devant tant de souvenirs. Je me souviens de nos voyages communs sur Kalonda d'où lui continuait pour Bandundu. Je me souviens de mes séjours à Kimbau où il a commencé sa carrière de préfet en passant par Ngi, Kenge. Je me souviens de sa famille, de son épouse, de ses enfants. Je me souviens particulièrement de notre collaboration au CERCA, le centre de construction dont j'étais le directeur en 86-87 et dans lequel il a oeuvré comme professeur de mathématiques. Je me souviens de notre collaboration "litigieuse" pour équiper Mozande en balles, vareuses et bottines de football alors qu'il était président de cette équipe. Ce fut son successeur à Nto-Nkiese, le préfet Jean Bosco Makiadi d'heureuse mémoire qui calma ma deception. Je me souviens de nos rencontres autour d'un tshishamba comme dirait l'abbé Liévin M'Banga. Je me souviens de nos dernières rencontres sociales à Kinshasa en 2003 à la mort de Ya Frédéric et en 2012 aux funérailles de ma mère. Autant de temps et d'occasions passés ensemble et dont les souvenirs ne s'envoleront jamais. Le titre-surnom de "préfet" lui colle à la peau, il meurt avec. Merci, préfet, pour ce que tu as été, pour ce que tu as fait pour ta terre natale!
Quoi dire encore? Il meurt avant le centenaire de la fondation de la M.C. Kimbau, notre berceau commun auquel son père a dédié sa vie. Il n'entendra pas fuser les éloges que Tata Kisota mérite. Je me joins à la douleur de toute la famille biologique, étendue et spirituelle qui pleure "le préfet" en ces jours. Paix à son âme!
A Ya Zidi, wenda mboti. Yindula hana twakadi ye buna twakadiki. Baheka mboti baa boosu kuna wendi. Kuna wendi mpi tuyindulaka betu. Twamonana kilumbu katutela Nzambi.

PS: Pendant que je relis le texte, je découvre que "Kisota", c'est la transposition phonique suku de "Christine". Que c'est genial. Pourquoi alors l'appelait-on Christine Kisota? Aho!  Mboti kuna wenda, mama!

11 juin 2014

Un président africain et la Constitution de son pays

Ce 11 juin,je suis en route pour Cave Hill. A 9h30, j'ouvre la BBC et ce que j'entends me surprend. Le président Nkurunzinze du Burundi en personne est interviewé; à un moment j'ai cru me tromper en disant: "Non, c'est un de ses collaborateurs qui craint, comme c'est souvent le cas dans nos dictatures africaines, de dire clairement le fond de sa pensée". A la question de savoir si la Constitution était claire sur la durée et le nombre des mandats présidentiels, et si en cas de réponse positive, elle serait suivie, l'illustre personnage: "La Constitution paraît claire aux yeux des journalistes ou de la presse, mais pas pour la réalité politique du pays. Il ne me revient pas de l'interpréter; il y a des spécialistes pour élucider cette Constitution". Au fil des questions directes sur sa gestion du pays, j'ai de nouveau identifié le président. Son discours illustrait que tout allait bien, que tout allait dans la bonne direction, qu'on ne saurait relever en cinq ans ce qu'on a détruit en cinquante ans. A propos des opposants arrêtés, il a dit à peu près: "As you know, justice is independant in Burundi". Pierre-Claver Mbonimpa n'est pas en prison parce qu'il est activiste de la paix et des droits de l'homme, mais pour avoir commis des délits de justice. La justice "indépendante" s'en occupe, et que lui n'a rien à voir dans cette affaire. J'ai eu l'impression que le journaliste anglais poussait, avec une ironie et une liberté remarquables, le Président à dévoiler son agenda politique à venir.

1. La faiblesse de nos institutions. Ce sont les ambitions et les intérêts politiques qui minent la "démocratie" en Afrique. Voilà qu'un président met en cause la validité de la Constitution qui l'a placé à la tête de son pays. Dire que la Constitution qui stipule un maximum de deux mandats présidents de cinq ans n'est pas claire et doit être réinterprétée par des spécialistes, porte à confusion. Est-ce qu'Obama qui se trouve dans la même situation pourrait contester la validité et la légitimité de la Constitution Américaine?
2. Le message du président dans cette interview revient à ceci: vous pouvez évoquer la Constitution ou pas, je resterai président de la république. Si cela va dans le sens de la Constitution, ok; sinon on la change, on la suspend ou on la rend caduque. C'est cela l'interprétation qu'il évoque. Il faut éviter de remonter aux directives d'Arusha ou au chaos des coups d'état des temps de l'indépendance. Une nouvelle page historique se tourne avec lui-même comme président. 
3. La pauvreté, la famine et la corruption relevées par la BBC comme des fléaux au Burundi ne constituent que des détails mineurs dans la poursuite de grandioses actions que l'illustre président a réalisées dans ce pays. En d'autres mots, "laissez-moi donc le temps de continuer et de parachever l'oeuvre que j'ai commencée". 
Tous les signes annoncent une revendication d'un troisième mandat, pourquoi pas d'une présidence à vie? Monsieur, relisez l'histoire de l'Afrique des cinq dernières décennies.

10 juin 2014

"L'enterrement d'Arsène s'est très bien passé"

10 juin 2014, 13h30, heure de Kenge. Dans un souci d'être uni de cœur avec la famille humaine et diocésaine qui rendait les derniers hommages à notre jeune frère, j'ai appelé le père Séraphin Kiosi pour avoir des échos de l'enterrement:
- Salut Séraphin, comment ça se passe là-bas?
- Salut Claver, ça va. On vient de déposer Arsène à sa dernière demeure. L'enterrement s'est très bien passé. Parmi les témoignages a été lu, comme je te l'avais dit hier, un extrait de ton hommage sur ton blog. Merci de ton accompagnement pendant ce temps. Je me prépare à repartir sur Kinshasa avec la famille. Il y a à mes côtés l'abbé Patient Lukeso qui a accompagné le corps depuis l'Afrique du Sud.
- Passe-le moi que je lui dise un mot! (Un temps après)
- Allo, mbote mbuta.
- Mbote abbé Patient. Merci beaucoup pour avoir accompagné l'abbé Arsène jusqu'à Kenge.
- Il n'y a pas à me remercier, mbuta. C'est un devoir et un honneur auxquels je ne pouvais pas manquer. Je lis souvent votre blog. Etc.
 
L'abbé Arsène Muhau fait désormais partie des élus du Ciel. Puisse la terre de nos ancêtres lui être tendre et accueillante. Qu'il transmette nos salutations aux nôtres dans l'au-delà tout en jouissant de la paix du Royaume Céleste.

8 juin 2014

Passing of Maya Angelou (1928-2014)

3 June 2014, North Carolina. The Black world is saddened by the passing of Maya Angelou, a valued and celebrated woman writer.  Angelou was an African American who dedicated her entire  life to the fate of her people and her country. I happened to know her through my interest for Black World  literature. An impressive artist in the full sense of the term, Angelou was a fighter and a winner because she had a  strong faith and a deep conviction in her own self. She was unbeatable. Her poem titled " Still I Rise "serves as a fighting slogan that inspires so many people of African descent across the US and the world. To paraphrase philosopher Leonard Harris, I can state that  Angelou's creative writing was and still is a Writing Born of Struggle. I don't find better than to call her a Master of the Word and an African Queen:

''You may write me down in history
With your bitter, twisted lies,
You may tread me in the very dirt
But still, like dust, I'll rise.''
 
Mighty Queen Maya, from now on enjoy the eternal peace of the Almighty! And rise... and rise...

6 juin 2014

Hommage d'Albert Mundele pour son confrère Arsène Muhau


Arsène, mon confrère, mon petit frère !
En juillet 2009, j’étais à Durban (Sud-Afrique).Tu m’avais proposé que je vienne passer la dernière semaine de mon séjour Sud-Africain chez toi à Pretoria. Ce serait alors en Août 2009.(...)
Aujourd’hui j’apprends que tu n’es peux pas répondre ni au téléphone, ni au skype, ni par email.
-          Mais non ! tes nouvelles circulent déjà sur le facebook, m’a-t-on dit. Et moi qui ne voulais pas de compte sur facebook. J’étais déjà au lit. Puis, Je suis revenu à l’ordinateur, j’ai téléphoné Luc Ansobi pour m’aider à ouvrir un compte sur facebook. Oui tes nouvelles étaient déjà répandues.(...)
Arsène ! Dis-moi que tu n’es pas mort comme André n’était pas mort. Ton Créateur t’a simplement rappelé auprès de lui. Tu n’es qu’un cadeau que Dieu nous avais donné de voir et contempler et aussi jouir de ta présence et de tes services.
-          Mais oui ! j’y pense de ton engagement auprès/avec des ‘kadafi’ de Kenge. C’était une première dans l’évangélisation de Kenge. Dis moi, comment avais tu fais pour les attirer et essayer de les encadrer et les évangéliser ? Et aussi lors de la guerre de Kenge le 5 mai 1997. J’arrivais de Kikwit avec des provisions alors que les combats se poursuivaient encore aux environs du pont Kwango.
Les larmes se remplissent dans mes yeux. Tout devient brouillard !
-          Mais oui. Je vois déjà ses ‘kadafi’ et leurs enfants t‘accueillir avec la bienfaisante petite larme sur leurs joues. Leurs yeux deviendront brouillard comme les miens maintenant. Tu sais ? ça console.
La paroisse Cathédrale mwenze anuarite d’accueillera.
-          Mais oui ! je m’arrangerai ici dans ce campus de ‘The Catholic Univeristy of Eastern African’. là, seul dans la petite chapelle, d’être avec toi et les autres à la Cathédrale pour rendre grâce à Dieu de t’avoir eu, comme étudiant, comme confrère et comme petit frère.
Arsène ! je te prie d’aller voir et saluer Mgr Dieudonné à Kenge, André Zandu à Popo, Remy Kibala avec les autres à Katende. N’oublis pas ceux de Kalonda. Intercède pour nous,  pour le diocèse de Kenge, pour ces pastorales spéciales de ‘Kadaffi et autres. Repose toi en PAIX (ah oui’c’est le temps pascal).
C’est Melechisedech ! ton ‘vieux’ et confrère !

(Email du 5 juin)
J'ai coupé le texte sans rien y changer. En union de prières! C

4 juin 2014

Programme probable de l'enterrement de l'abbé Arsène Muhau

Voici un email du Père Séraphin Kiosi:

"Chère Sr. Agnès, 
Merci pour tes condoléances. 
Le corps de mon cousin, fils et confrère Arsène Muhau, décédé à Johannesburg le lundi 2 juin 2014 à 17 h arrivera à Kin, sauf changement de dernière minute, le dimanche 8 juin à 13h. Après la veillée mortuaire à Kin, probablement à la paroisse St Martin, paroisse de ses parents où il avait aussi célébré une des ses messes de prémices, il sera acheminé à Kenge d'où, après une autre veillée à la cathédrale le lundi soir 9 juin, il sera amené à Katende rejoindre ses prédécesseurs au cimetière des ecclésiastiques de Kenge, le mardi 10 juin.  Que tes prières accompagnent ce dernier itinéraire terrestre du Révérend Abbé Arsène Muhau ainsi que les nombreuses personnes attendues pour lui rendre le dernier hommage. Qu'il repose en paix. 
Merci pour ta compassion. Union de prière, 
PKS"

(Copie email reçue ce 4 juin 2014)
Cet email m'a permis d'apporter quelques corrections à mon texte précédent.

2 juin 2014

Abbé Arsène Muhau ad aeternitatem

2 juin 2014. 15h45 plus ou moins. Un coup de massue. La mort a encore frappé, et très fort. Je ramenais les jumeaux de l'école lorsque nous sommes rentrés dans un embouteillage dû à des travaux de réfection d'un tronçon routier. C'est là que Donat m'a appelé d'Irlande:
- Tu es en route?
- Oui, ai-je répondu. Dans un bouchon.
- Tu es au courant de la nouvelle?
- Que non, quelle nouvelle?
- L'abbé Arsène Muhau est mort en Afrique du Sud. De suite d'un dysfonctionnement des reins.
- Paix à son âme! (Le téléphone s'est coupé brusquement).
Vous pouvez imaginer l'état dans lequel j'ai effectué le reste du trajet. J'ai cherché, en chemin, à reconstituer mes souvenirs d'Arsène. Dès que je suis arrivé à la maison à 16h05, j'ai appelé son cousin, le père Séraphin Kiosi. Ce dernier venait de m'envoyer un SMS à ce sujet, que je n'ai pas reçu malheureusement:
- Tu viens de lire mon texto?
- Non.
- Eh bien, il y a une très triste nouvelle. Arsène est décédé à Johannesbourg.
- Je viens de l'apprendre de Donat. Paix à son âme! Si jeune! De quoi est-il mort?
- D'une longue maladie. Il était diabétique; il a développé une cirrhose de foie. C'était tellement sérieux que Philo (Mawhoko) qui devait venir ici a retardé son voyage par deux fois.
- Je revois encore le jeune homme à Katende. Je ne crois pas avoir été son enseignant.
- Mais si, il était de la première promotion, du groupe de Parfait Kileya.
- Aha? L'enterrement aura-t-il lieu au pays?
- Je ne crois pas. Philo et Eugénie ont rencontré l'archevêque de Johannesburg à l'hôpital. Ils vont se retrouver demain pour décider des détails. Je me rendrai demain à Ndjili pour voir ses parents. Etc.
J'ai eu Arsène comme élève à mon cours d'anglais au petit séminaire de Katende. Un jeune homme au teint clair, très posé mais plein de vitalité, discret mais à l'intelligence éveillée, c'est le premier souvenir qui me revient. Santé délicate à l'époque, je l'ai vu défendre les bois au lieu de se mesurer au milieu du terrain de foot. La dernière fois que je l'ai rencontré, il était en soutane blanche, étudiant en théologie à Kikwit. Je ne l'ai plus revu, par contre, j'avais de ses nouvelles par Séraphin et d'autres sources. Il y a sur sa page Facebook des photos très suggestives du sérieux qu'il attachait à sa profession sacerdotale.

S'il est une chose que je partage avec Arsène prêtre de Kenge, c'est la particularité d'être passé au secrétariat de l'évêché de Kenge. Il était secrétaire-chancelier de Mgr M'Sanda en 1997, l'année où a eu lieu la bataille-hécatombe de Kenge qui a poussé le président Mobutu à abandonner le pouvoir. Grâce à son courage et à sa fermeté, l'abbé Arsène a sauvé des vies à Kenge alors que militaires et rebelles avaient envahi la ville. A bord d'une jeep avec un haut-parleur, bravant les dangers, il a sillonné la ville et poussé les gens à quitter leurs maisons, à fuir les combats imminents. Ce récit m'a été raconté par feu mon père. Les historiographes ne manqueront pas de souligner cet acte exceptionnel effectué par l'abbé Muhau.
Aux familles Muhau, Mawhoko, Kiosi et à toutes les familles apparentées, aux diocèses de Johannesburg et de Kenge, à toutes celles et à tous ceux qui sont touchés par la mort d'Arsène nos sympathies les plus émues. Puisse le Seigneur seul être notre réconfort!
Arsène, may your soul rest in peace!

Steve Mbikayi et l'homosexualité en RDC

Une opinion congolaise conservatrice s’organise pour soutenir Steve Mbikayi dans son projet contre l’homosexualité


La République démocratique du Congo est l’un des rares pays en Afrique où les pratiques homosexuelles ne sont pas formellement interdites, même s’il existe une forte discrimination à l’égard des lesbiennes, gays, bi et trans. Mais cela pourrait changer et la RDC rejoindrait ainsi l’Ouganda et le Nigeria parmi les pays disposant des législations les plus criminalisantes à l’égard des homosexuels.
Depuis décembre 2013, le député du Parti travailliste congolais, Steve Mbikayi, bat campagne pour faire passer une proposition de loi déposée au Parlement pour «corriger les troubles hormonaux qui peuvent entraîner l’homosexualité».
Le texte comprend 37 articles et prévoit une peine de 3 à 5 ans de prison pour les homosexuels et une peine de 3 à 12 ans pour les transgenres. Les homosexuels congolais risquent donc, si la loi est votée, de se retrouver pris en tenailles pour la première fois. Ceci d’autant plus que, comme l’affirme Jeune Afrique, «le projet se fonde sur le rejet d’un curieux mélange d’homosexualité, de transsexualité mais également de pédophilie ou de mariage forcé».
D’autre part, Think Africa Press mentionne l’existence d’une mobilisation des associations des droits de l’homme pour s’opposer au vote de cette proposition. Ce qui inquiète davantage.
Mais la RDC n’en est pas à sa première tentative de criminaliser l’homosexualité. «En janvier 2009, une loi empêchant les homosexuels d’adopter des enfants a été adoptée. Et en octobre 2010, un projet de loi intitulé “Loi concernant les pratiques sexuelles contre nature” a été présentée à l’Assemblée nationale par le député et évêque Evariste Ejiba Yamapia», a rappelé Think Africa Press.
L’évidence est que le texte de 2010 n’avait pas été voté et, aujourd’hui les militants Lgbt espèrent qu’il en sera de même. Toutefois, une opinion congolaise conservatrice se dit choquée par cette pratique qui n’existe nulle part dans les habitudes lointaines des africains et surtout des congolais. Cette opinion prévoit des actions d’envergures et, parce que les militants comme Lgbt existent, elle s’organise pour soutenir le projet  de Steve Mbikay.

Kinshasa, 29/05/2014 (Eco243 / Jeune Afrique / MCN, via mediacongo.net)

1 juin 2014

Maghrébinité et homosexualité

Ce matin, j'ai été intrigué par le titre d'un article "Maghrébinité et homosexualité" de Renaud Lagabrielle dans le collectif Scènes des genres au Maghreb édité par Claudia Gronemann et Wilfried Pasquier (Amsterdam: Rodopi, 2013). D'abord par l'homophonie des suffixes -ité, j'étais curieux, moi qui parle d'africanité et de créolité dans mes interventions, de bien voir la relation subversive que suggérait la juxtaposition de ces deux termes. Ensuite par un rappel qui remonte à Senghor et Césaire, véritables créateurs de ces concepts autrefois liés à la négritude, à la francité, à l'arabité ou à la mélanité. Un jeu de mots qui affirmait plus une identité qu'un simple fait de différence de race, d'ethnie, de genre ou de culture. Enfin par le caractère inhabituel qui met en scène deux concepts idéologiques représentant l'un une culture musulmane et l'autre une tendance modernisée qui sort de l'indicible et de l'invisible pour détruire le discours traditionnel.
L'article, relativement court, commente un film Le Fil du réalisateur tunisien Medhi Ben Attia comme formant un effort pour aller à l'encontre de l'indicibilité et à l'invisibilité imposées à l'homosexualité au Maghreb. Dans une société islamique profondément basée sur l'honneur masculin, revendiquer les pratiques homosexuelles et leur expression en public constitue un crime de lèse-majesté: ainsi peuvent s'en suivre une incarcération de trois ans, une réprobation sociale. L'homosexualité est perçue comme "un déshonneur, une maladie ou une offense à l'ordre naturel et divin".
N'ayant pas vu le film, je m'intéresse moins à l'intrigue qu'à l'intéressante analyse des sous-entendus culturels et religieux mis en exergue par Lagabrielle. En fait, l'homosexualité existe au Maghreb, mais en silence. Tout le monde sait qu'elle se pratique, mais personne n'en parle ouvertement. Un sujet tabou en quelque sorte. Sa pratique expose au déshonneur. En outre, tout dépend aussi du rôle qu'on joue dans cette pratique. Le rôle actif de l'homme viril est toléré au détriment du rôle passif de la femme. L'homme féminisé fait l'objet de violentes réprobations sociales. En plus, tout laisse penser que cette perversité inacceptable est importée d'Europe, de l'Ouest: l'homosexuel qui n'a jamais été en Occident jouit d'un meilleur jugement aux yeux de l'opinion maghrébine. De ce point de vue, Le Fil, "premier film gay arabe", se classe dans la catégorie de films de coming-out, de déclaration ouverte et de sortie cinématographique. Film d'avant-garde qui brise les chaînes du silence et donne à voir l'utopique, il contribue à une profonde radicalisation du discours moderne sur les paramètres épistémologiques, logiques et éthiques de l'homosexualité. Comme en témoigne le volume Scènes des genres au Maghreb, l'heure des études "quer, gay, genre, homosexualité, lesbiennes, etc." a sonné, fruit d'expression de la liberté et des droits fondamentaux de l'homme.
Que doit conclure le littéraire que je suis? Ce qui se dit du Maghreb, peut mutatis mutandis se dire de l'Afrique subsaharienne au sujet l'homosexualité. Les mêmes pesanteurs culturelles, religieuses et sociales en font un sujet particulier, un sujet tabou. Un président africain aurait menacé de tuer les homosexuels, l'état ougandais aurait aussi radicalisé sa constitution dans ce sens. L'homosexualité existe, mais elle est étouffée par le discours hétérosexuel dominant. D'autres études, nombreuses, vont sans aucun doute paraître dans les mois et les années qui viennent.