29 juil. 2015

Lorsqu'on prend de l'âge, tout est possible

29 juillet. Ce matin, après mon passage à la salle de gym, je suis allé au distributeur automatique de l'université retirer 200 dollars barbadiens (environ 100 USD) afin de payer les frais d'un dossier dans une assurance. C'est seulement en ville, au moment du payement que je m'aperçois que je ne possède pas les 200 dollars dans mon porte-monaie. La carte bancaire est là, à sa place mais pas l'argent.
J'ai essayé de reconstituer les événements. J'avais taquiné une dame agent de  sécurité qui est entrée avant moi dans l'isoloir du distributeur: "I hope you will leave some left over for me." Elle n'a pas du tout apprécié. Vraiment pas du tout. Elle a crû que je me moquais d'elle. Je me suis empressé de m'excuser, dès qu'elle est re-sortie. Je me rappelle avoir mené l'opération de retrait pendant que je me mordais les doigts pour avoir osé une telle méprise. Même à mon âge, il faut avoir de la tenue et de la retenue. En fait, l'opération a bel et bien réussi, mais je n'ai pas retiré l'argent. Distraction d'un sénillant. C'est clair. 
Comme il fallait absolument régler la facture, j'ai dû effectuer un autre retrait. La première chose que j'ai faite aussitôt après a été de me rendre à la RBC pour une réclamation. J'estimais que grâce à la vidéo de surveillance, la banque serait en mesure d'identifier la personne qui aurait bénéficié de ce cadeau tombé du ciel. Erreur. Je me suis ravisé. Il m'est arrivé une fois de ne pas obtenir la totalité de la somme ordonnée; l'argent était retenu par la machine. En fait, s'ils ne sont pas retirés dans les trente secondes, les billets retournent dans la machine. Ma déposition faite, la banque mènera une enquête avant de re-créditer mon compte. Comme quoi, lorsqu'on prend de l'âge, tout est possible.

26 juil. 2015

Le P. Frank Roelandt SVD in memoriam

Juillet 1965. Toute ma famille se déplace de Makiosi à Kenge pour les grandes vacances. Une maison est à notre disposition sur la rue Kasai, rue dans la prolongement de laquelle se trouve la paroisse St Esprit. Le premier dimanche, c'est le P. Frank Roelandt qui célèbre la messe à St - Esprit. Comme je venais de prendre ma première communion à Makiosi des mains du Père Albin Schmidt, le P. Frank sera le deuxième prêtre qui me confessera. Fréquentant la paroisse avec les autres enfants, je connais dans la foulée: le P. Van den Boom, les abbés Denys Luhangu et Longin Makula. Je dois avouer que le séjour est un peu court pour m'enraciner. Ce sera fait plus tard lorsque j'y rentre en octobre 65 continuer ma troisième primaire; mais le P. Frank n'y est plus, et je ne le verrai qu'à l'ordination de l'abbé Innocent Mwela en avril 1974 à Bandundu. Il est aumônier et prof au collège Kivuvu de Bandundu. Une image m'est restée de ce séjour: je le revois conduisant une mobylette sur le passage à côté de la paroisse St Paul.
Une rencontre va déclencher une phase décisive dans notre relation. Un soir de 1976 que je me trouve en vacances à Yolo-Sud, avec oncle François-Médard Mayengo, arrive lui rendre visite le P. Frank Roelandt. A l'époque, je suis en philosophie à Mayidi et FM Mayengo en médecine à l'Unikin. Un geste que j'ai apprécié car j'ai découvert la profondeur de leur relation. Depuis, j'ai rendu visite au P. Frank à Christ-Roi où j'ai été associé à quelques activités telles que: une récollection à Lutendele, une session biblique avec P. Warmoes au Lycée Motema Mpiko, une séance de photographie d'oeuvres d'art au Musée du Mont Ngaliema. Tous les SVD de l'époque avaient des préjugés vis-à-vis des séminaristes de Kalonda et des grands séminaristes de Kenge. Et le P. Frank affichait clairement sa préférence pour ses anciens collégiens avec lesquels il était plus à l'aise. Nous avons beaucoup discuté là-dessus.
Je l'ai vu mettre sur pied son apostolat des enfants de la rue, l'oeuvre qui est devenue plus tard ORPER. Son ami le Dr Mayengo a assuré pendant un temps les soins médicaux de ces jeunes gens.
A mon arrivée à Rome en 1979, P.  Frank m'a envoyé un chèque via la Casa Generale dei Verbiti pour l'achat d'une machine à écrire, remplissant ainsi un de mes voeux les plus chers à l'époque. Je lui en suis infiniment reconnaissant, d'autant plus que cette machine m'a servi pendant toutes mes années de théologie et à l'évêché de Kenge. Pour la petite histoire, Mgr M'Sanda aimait tellement ses caractères typographiques que je la lui ai cédée. Je ne l'ai pas récupérée à mon départ de l'évêché. 
Lorsque je retournais à Kin, je ne manquais pas de passer dire bonjour à Christ-Roi. C'est là par exemple que j'ai revu pour la dernière fois, un de mes anciens élèves de Kalonda, Georges Kintiba qui y était en stage. Et je suis parti de Kenge pour participer aux cérémonies de son jubilé sacerdotal en 1985. Feu Cardinal Malula était de la partie. L'homélie était prêchée par l'abbé José Mpundu. Il y avait dans l'assemblée un grand séminariste de Kenge: Jean-Pierre Kwambamba, étudiant à Jean XXIII, aujourd'hui évêque auxiliaire de Kinshasa.
En lisant Les corps glorieux des mots et des êtres, l'autobiographie de V. Y. Mudimbe, j'ai découvert qu'ils étaient amis. Mudimbe a enseigné le latin et la religion au petit séminaire de Kalonda, mais je n'avais jamais su comment il y avait atterri. C'était avec la complicité de son ami Frank Roelandt dont une photo fait partie des illustrations du livre. Pour ma part, je lui avais rendu hommage dans mon mémoire de Mayidi (La découverte du moi chez Louis Lavelle, 1978) et un livre (Des transpositions francophones du mythe de Chaka, Lang, 2002).
Je termine ce témoignage en reprenant ce que j'ai écrit sur Facebook: "Que son âme repose en paix. J'ai connu le P. Frank en juillet 65 à St Esprit, Kenge. Un apõtre des jeunes. Je l'ai vu à l'oeuvre à Bandundu et à Kin. Je vais lui consacrer une entrée sur mon blog. RIP". C'est fait.

Père Frank Roelandt SVD: 14 ans déjà

1. Voici ce qu'a écrit aujourd'hui le Père Serge Tsunda sur Facebook:

"Aujourd'hui, 26 juillet, ça fait (14) ans que le Seigneur a rappelé le P. Frank Roelents, SVD. Il fut notamment professeur au Collège Saint Paul/Kivuvu, à Saint Bosco/Kenge, curé à Christ-Roi/Kinshasa d'où il va fonder l'ORPER qui redonna espoir aux enfants accusés. Passez, s'il vous plait un petit moment pour vivre cette oeuvre grandiose qu'il nous a léguée."
(https://www.facebook.com/groups/1419500468312824/)

Quelques extraits de mon blog concernant le P. Frank:

2. "Des croyances d'un autre siècle. Je n'oublierai jamais un jour de juillet 1978 où j'avais rendu visite au père Frank Roelandt svd à la paroisse Christ-Roi de Kinshasa. Il commençait son apostolat des enfants de la rue. Ce jour-là, il m'a présenté ces jeunes gens, m'a parlé de leur vie. Que ces enfants préféraient dormir sur le terrain de basketball plutôt que dans le dortoir qu'il leur a construit. L'habitude du plein air avait pris le dessus sur le luxe qu'offraient quatre murs, à tel point que le dortoir servait de dépôt pour leurs effets. Parmi ces enfants, le père Frank m'a parlé d'un fils d'un ancien prêtre chassé de la maison paternelle parce qu'il était sorcier. Un autre était chassé par ses parents parce que, depuis sa naissance, ses parents éprouvaient du mal à dormir et subissaient des cauchemars inouïs. Un nganga (un devin) qu'ils avaient consulté leur a intimé d'écarter immédiatement le jeune homme afin d'éviter des malheurs plus graves. Un troisième a été jeté à la rue à la suite de la faillite financière subie par son père, peu après la naissance du rejeton. Un pasteur appelé à la rescousse n'a pas hésité d'incriminer le malheureux enfant sous prétexte que sa présence était maléfique, qu'il était en réalité un ancêtre-sorcier revenu régler ses comptes avec son père. Jeté à la rue, il a été recueilli par les bonnes soeurs qui lui ont assuré un milieu de vie. Cette échange m'a beaucoup bouleversé, tellement bouleversé que je ne l'oubierai jamais."  (Enfant-sorcier, 15 mai 2013).

3. A propos de Mudimbe, j'ai écrit: " Bien que j'aie eu avec lui des amis communs comme le père Frank Roelandt svd d'heureuse mémoire ou le poète F M Mayengo, je ne l'ai rencontré qu'une seule fois." (8 décembre 2013).

4. "A Kenge Saint-Esprit (65-67), j'ai grandi dans l'ombre de la SVD ayant connu les pères Frank Roelandt et Bernard Van den Boom. Servant de messe à St Esprit, chanteur dans la chorale de Ben, je faisais partie des enfants attachés à la paroisse." (Missionnaires SVD, 28 octobre 2014).
"Combien de fois ai-je été reçu par le père Frank à Christ-Roi, en compagnie des pères Maurutto ou Giezman? (...) Je pense à mes enseignants SVD Christian Nijnanten, Willy Van Tichelen, Charles Swertz, Ben Overgoor. Je pense à un précieux cadeau, une machine à écrire, offerte par le père Frank Roelandt." (28 octobre 2014).





25 juil. 2015

Un mois aussi fatidique que juillet?

25 juillet 2015. Pendant que ma pensée était tournée vers l'illustre défunt-octogénaire, voilà que me reviennent à l'esprit les morts de ma soeur Louise et de ma nièce Alida. La première est décédée en 1994 et la deuxième jour pour jour en 2014. Paix à leur âme!
En fait, je viens d'avoir une conversation avec mon neveu Jude Muzembo sur Facebook. C'est lui qui m'a remis sur la piste. Je m'unis de coeur avec la famille Muzembo à Kinshasa pour ma nièce dont le corps repose non loin de celui de sa grand-mère, ma mère d'heureuse mémoire. Paix à leur âme!
Quant à Louise, je ne lui dirai jamais assez mon amour et mon attachement. Qu'elle repose dans le royaume céleste et intercède pour nous auprès de  NS Eternel.
Juillet, comment dire un mois qui mêle tout: joie et peine, bonheur et douleur, vie et mort. Un mois à la fois béni et fatidique. Paix aux âmes de ma soeur, de ma nièce et de mes morts. Ma pensée remonte vers l'abbé Denys Luhangu, le frère Pirmin, le jeune Serge Kibala. Requiescant in pace!
C

Ah Mikusu

Kilumbu kimosi twakala mu nzila Bukanga-Lonzu, twendiki ku Pont-Kwangu ye Mgr M'Sanda. Kifulu kimosi, mboni baleki ye mikusu bakwati basi mu misoma. "A mikusu mi'andia! A mikuswa" Mbuta-mutu baluki, thadi, baluki dihiki. Kazonzaku ata kima kimosi. Nzayiku kwama keti khi kayindula. Haka butwena yayindulaka wadi ya samunaka: "A Jean, telama twa sumba mikusu!" Khi ka kana sala?

25 juillet 2015: Mgr M'Sanda aurait eu 80 ans

25 juillet 2015. A mon réveil, je vois sur mon portable un message Facebook de mon cousin, l'abbé Dieudonné Mavudila, prêtre de Popo, qui m'écrit de Kenge et me donne des nouvelles de la famille. Quelle coïncidence pour la commémoration de l'anniversaire de Père Dieudonné!
S'il avait vécu sur cette terre jusqu'à ce jour, Mgr Dieudonné M'Sanda aurait quatre-vingts ans aujourd'hui. Cette date n'est pas historiquement vérifiable, dictée par les contraintes de l'école occidentale, mais elle sert de référence. Le 23 juillet, il aurait fêté ses 54 années de sacerdoce. Paix éternelle à son âme!
Voilà un homme qui est devenu évêque très jeune, à 39 ans, et qui est décédé dans sa vingt-huitième année d'épiscopat. Une vie très simple: primaire à Kimbau, secondaire à Kinzambi, philo et théo à Mayidi. 1961, ordination, directeur de discipline à l'école normale de Kenge. 1963-68: études de droit canon à Rome avec une interruption d'enseignement à Kalonda. 1968: curé à St Hippolyte, puis directeur du petit séminaire de Kalonda. 1974: Evêque de Kenge (nomination le 20.5, sacre le 30.6 et intronisation le 4.8.74). Il n'a que 64 ans lorsqu'il devient émérite en 1999. Pour dire qu'il a eu un destin assez particulier. Il meurt à 66 ans, et quatorze années se sont écoulées entre-temps. Quel parcours si édifiant et inspirateur!
Le temps n'est plus à lui jeter des fleurs pour toutes ses réalisations ni à lui reprocher tel ou tel abus, mais à la méditation, au respect de sa mémoire. Mgr M'Sanda a fait ce qu'il a pu, il a connu ses heures de gloire et de déclin. Il n'est plus là. Un passage dans la cathédrale qu'il a construite montre sa tombe envahie de toiles d'araignées et maquillée d'excréments de chauves-souris. Toutes les oeuvres réalisées sous son mandat ne sauraient être effacées d'un trait; elles sont là et interpellent. Restons-en là sans polémiquer.
Il ne se passe pas un jour sans que je pense entre autres à cet homme de Dieu, aussi curieux ou insolite que cela puisse paraître. Les raisons sont multiples: sa relation avec mon père, ma relation personnelle avec lui, sa "marque" dans ma vie. Je lui ai dédié un livre et en partie mon professorat en signe de gratitude. C'est donc une liaison très profonde qui me pousse à honorer à ma façon la mémoire de Mgr M'Sanda à l'occasion des quatre-vingts ans de sa naissance. Que son âme repose en paix!

24 juil. 2015

M. Nkurunziza a été réélu avec 69%

Quel beau pourcentage! Signe d'une démocratie ratée ou déviée. Monsieur Nkurunziza a le troisième mandat qu'il voulait. Il l'a obtenu à l'issue d'une élection sans enthousiasme pour les opposants, mais réussie pour la CENI et ses partisans. 69%, j'avais dit 55%. La participation selon les officiels aurait été de 73%. Difficile à dire ou à prouver le contraire car nul ne dispose des chiffres. Les gens ont plutôt parlé d'une baisse du taux de participation. Autant de problèmes ou d'incohérences peu élucidés. Qu'importe? Le président a été réélu pour son troisième mandat qu'il dit être le second. Son entêtement a payé, que dis-je, il est allé jusqu'au bout dans un pays où il tient tous les bouts du pouvoirs. Pouvait-il en être autrement? Aurait-il été possible de penser à ce qu'il perde les élections? Tout a été mis en oeuvre pour qu'il en soit ainsi: opposition non partante, quelques candidats sans envergure pour la forme, seul candidat disposant de tous les moyens de propagande et de logistique. Le roi est couronné.
Soyons attentifs. Voyons les répercussions de cette élection sur d'autres territoires dans la même situation où les présidents s'en remettent à la volonté du peuple plutôt que de se prononcer sans ambiguïté. Il ne suffit pas de dire "Oui, je respecterai la Constitution", mais il faut dire "La Constitution m'interdit un troisième mandat; je ne me représenterai pas et céderai le fauteuil à mon dauphin." A croire que le destin du pays dépend seulement de l'individu-président: c'est là que réside entre autres la faiblesse de nos démocraties. Ce qui est surprenant, c'est le fait que des soi-disant constitutionnalistes et des propagandistes soutiennent ces illogismes avec une passion démesurée qui ne convainc qu'eux-mêmes. L'essentiel est que leur message érroné ou judicieux passe.
Au Congo, en RDC, comme au Rwanda, pour ne citer que ces pays, les gens s'activent par la voix du dialogue ou de la consultation, par la signature de pétition, par des manoeuvres politiciennes, par répartition territoriale, pour ouvrir des brèches et prolonger le mandat présidentiel au-delà de la limite. On est d'accord: le président quittera ses fonctions dès l'élection de son successeur, on ne touche pas à la Constitution, mais on tient à l'interpréter dans le sens de la prolongation. On évite de parler de glissement mais d'état de fait prévu par la Constitution. On brouille les cartes à cet effet. Au Togo, la dynastie Eyadema a encore quelques décennies devant elle conformément à la Constitution.
Si l'on y réfléchit de près, Nkurunziza a eu la témérité d'affirmer et d'imposer brutalement ses ambitions sur la place publique et s'est donné les moyens de retenir le pouvoir. Les autres se montrent plus astucieux, plus rusés, cachant habilement leurs vraies intentions sauf là où le peuple unanimément réclame leur maintien ou la prolongation de leur mandat moyennant changement de la Constitution. L'effet Nkurunziza fera du chemin. Attendons voir.

22 juil. 2015

Le résultat de l'élection présidentielle du Burundi

Ce sera connu probablement demain. Des voix se sont levées pour déclarer cette élection "non crédible" et non fiable. Le monde entier a vu l'homme: Nkurunziza à bicyclette, sa femme à pied, complètement relaxe. Lorsque je l'ai vu dans la queue attendant son tour, j'étais émerveillé par sa tenue de sportif et sa façon "relaxe" de se tenir. Un dirigeant très simple dans son maintien et ses attitudes. De quoi forger quand même une image positive? Je me suis dit: à quoi peut-il bien penser en ce moment où sa très probable réélection est contestée par le monde entier? Poussant ma réflexion plus loin, je me suis dit qu'il serait réélu, mais la commission électorale s'arrangerait pour lui accorder un score décent du genre 55%. Je me suis aussi dit: voilà un homme qui tient tête à toutes les pressions internes et externes pour se maintenir à la tête de son pays. Qu'on l'accepte ou non, il a la majorité de son ethnie derrière lui quoiqu'il soit issu des parents hutu-tutsi. Et l'ethnie dans son cas est celle avec laquelle il s'identifie.
Attendons voir comme je dis toujours. Comment apaisera-t-il les tensions que son troisième mandat a suscitées? Comment fera-t-il reconnaître son pouvoir dans les quartiers et régions qui lui résistent ou lui sont hostiles? En d'autres mots, comment le Burundi se portera-t-il après cette incroyable brèche dans son parcours démocratique? J'ai déjà soutenu, et je le répète, M. Nkurunziza présidera aux destins du Burundi par défi. Le problème sera de savoir si le peuple le suivra. 

21 juil. 2015

Vivre en clandestin (bis)

Si vous cherchez à identifier ma parente, pour ceux qui me connaissent, vous perdrez votre temps car je suis et reste un littéraire sur tous les plans. Ce qui m'a intéressé en illustrant cette histoire, c'était de souligner la difficulté qu'entraîne la vie clandestine voulue ou subie dans un pays étranger. Il m'est arrivé de rencontrer des clandestins dans ma vie, car cela fera bientôt trente ans presque sans interruption, que je vis à l'étranger. Si vous remontez à l'amont de mon blog, vous trouverez d'autres témoignages liés à la vie clandestine. J'en sais quelque chose pour avoir collaboré, en Suisse et en Allemagne, avec des ecclésiastiques engagés pour cette cause. Et bien entendu, ma contribution a été reconnue de mes partenaires. Certains des compatriotes africains rencontrés dans ces circonstances ont percé, comme on dit chez nous, c'est-à-dire ont réussi à se stabiliser et à obtenir des postes enviables dans la société. D'autres sont retournés au pays et y mènent une vie digne et paisible.
Beaucoup de concitoyens du Sud vivent dans la conviction que le Nord (l'Europe Occidentale et les Amériques) est le seul lieu d'où ils pourraient réaliser leurs rêves. Cette conviction justifie les risques qu'ils encourent en traversant la Méditerranée dans des canots périlleusement pleins, miroités par l'Eldorado et trompés par des imposteurs mafieux. D'où les migrations massives vers l'Europe par la voie maritime maintenant que l'espace Schengen est complètement scellé par la voie aérienne, maintenant que les visas ne s'octroient plus comme par le passé. Quelqu'un a raconté qu'une fois sorti de l'avion à Genève, il est monté dans un charriot-poubelle et s'est fait pousser par l'agent nettoyeur complice avant d'escalader un mur et courir. Il a erré pendant quelques heures dans Genève avant de dénicher, guidé par son flair et son instinct de survie, un compatriote complaisant qui lui a filé les tuyaux de la clandestinité. Mais sa destination finale était la France où il se trouve aujourd'hui marié et heureux père de famille.
Chacun a son destin comme on dit. Certains réussissent là où d'autres échouent, voire perdent la vie. Vivre en clandestin, c'est un camouflage osé et risqué de son soi. On suspend son identité pour un temps au risque de se faire coffrer en prison si l'on est démasqué. Certaines personnes, et elles sont très nombreuses, aiment ces aventures, prêtes à recommencer, convaincues qu'elles réussiront un jour. C'est un jeu du genre "où ça passe où ça casse", où l'on met sa vie à prix. Qu'on se le dise, c'est une vie suspendue pas enviable quoiqu'elle constitue un tremplin pour d'autres aventures plus intéressantes qu'édifiantes les unes que les autres.

20 juil. 2015

Vivre en clandestin

Il y a beaucoup de personnes qui vivent en situation irrégulière soit sans le savoir soit par négligence. Il y a quelques années je devais envoyer de l'argent à une proche parente vivant à l'étranger. Son mari avait préféré se présenter comme le bénéficiaire de l'envoi parce que son épouse n'avait pas de pièces en règle. Trois années plus tard, la situation est la même. C'est que la dame, n'ayant toujours jamais rien obtenu ni régularisé son état, continue de vivre dans la clandestinité. Aucun papier, aucun document d'identité. Et apparemment, rien n'a été entrepris pour que les choses changent.
1. Inconscience. Comment une personne peut-elle vivre dans ces conditions? En fait, toute la vie est limitée. A l'étranger, c'est encore plus critique car une fois surprise elle risque une expulsion immédiate. Comment vivre des années sans avoir à recourir à ses pièces d'identité? Plus profonde encore est la question. Quel genre de vie cette personne mène-t-elle lorsqu'elle ne peut sortir de chez elle, lorsqu'elle ne peut recevoir du courrier sous son nom, lorsqu'elle est constamment obligée d'éviter la police et autres agents de l'ordre qui exigeraient ses documents officiels. Pourquoi n'a-t-elle jamais fait l'effort de vivre normalement comme les autres? Pour une mère de famille, c'est irresponsable de mettre sa vie en danger ou en situation difficile.
2. Instabilité. Une femme sans documents se laisse à la merci de son mari qui, à la rigueur, pourrait abuser de la situation. Comme personne, à force de cacher son identité,  elle se met dans un état permanent d'instabilité et dans une dangereuse illégalité. Comme destinée à une fatidique fatalité, elle ne saura jamais travailler, ni jouir d'un  quelconque statut professionnel. Alors qu'elle n'a jamais commis de crime que je sache, ma parente vit en clandestinité et ne saurait apporter à son ménage sa contribution financière. Son mari, beau parleur et baratineur, s'en sort plutot grandi et fort, car il peut contrôler tous les mouvements de son épouse. Il peut la mâter sans se préoccuper d'éventuelles conséquences légales étant donné qu'elle n'osera jamais l'accuser de peur de s'exposer elle-même. Il tire avantage que la situation perdure et n'aide pas à l'améliorer. Une personne clandestine ne pourra jamais évoluer ni s'épanouir dans sa vie, tellement elle est plongée dans les arcanes de l'immédiateté. Une véritable candidate aux églises du réveil qui promettent l'obtention des papiers.
3. Clandestinité. La clandestinité des immigrés, quoiqu'elle soit une stratégie de survie parmi d'autres, constitue en soi une prison voulue, choisie, subie ou imposée. Dans l'histoire, elle est reconnue comme un moment de préparation pour une révolution politique ou sociale. On entre en clandestinité afin d'échapper à la surveillance des autorités, afin de cacher les complots subversifs par lesquels le groupe entend mener son action. Si les choses tournent bien, le succès est garanti; mais souvent, ces genres de coups bas sont étouffés dans l'oeuf. On se retranche momentanément du monde pour y revenir en force. Une retraite stratégique en quelque sorte. Tel n'est pas le cas de ma parente dont la vie se limite aux quatre murs des appartements qu'elle occupe avec les siens. Je ne saurais que l'inviter à rentrer dans l'ordre, la légalité et à jouir de tous ses droits à défaut de retourner sans fanfares ni trompettes au pays natal. Mieux vaut vivre en toute liberté que clandestin dans une prison dorée.

18 juil. 2015

La pauvreté, parlons-en

Depuis quelques semaines, je réfléchis sur ce que je peux apporter comme contribution à une conférence sur la pauvreté. Au début, je pensais que n'étant pas économiste, c'était une mission impossible. C'est en partie vrai. J'estime toutefois que le phénomène "pauvreté" est beaucoup plus complexe et ne saurait se limiter au seul domaine économique. Pauvreté pécuniaire ou financière, pauvreté mentale, pauvreté spirituelle, autant de termes couvrant une panoplie de domaines. La pauvreté dont il est question ici est plutôt d'ordre social et touche tous les pays du monde. Avant d'en parler dans les détails, il conviendrait de la définir et éventuellement d'élaborer, à partir de ce qui se sait, une sorte de typologie personnelle. J'ouvre donc une série de réflexions qui vont m'amener à déterminer d'ici-là mon sujet de présentation. Je vous informerai de la suite, car pour un littéraire les outils d'analyse sont assez limités. 
1. Pays pauvres et pays développés. Le monde est divisé en pays riches (Nord) et pays pauvres (Sud), tout comme la société en classes aisées et classes démunies. Les nantis possèdent tout tandis que les pauvres n'ont presque rien. Donc la pauvreté est un seuil de division du monde et de la société. En terme de pouvoir, elle représente le prolétariat, les misérables, les moins que rien. Le pays développés réussissent le test des attributions liées à ce statut: abondance de biens, argent, luxe, facilité, aisance, santé, nourriture, longévité, etc. Les pays dits pauvres sont appelés par euphémisme pays en voie de développement. En réalité, ils n'atteindront jamais le seuil du développement tel que défini par les détenteurs du pouvoir et de l'argent. Pour se défendre contre l'hégémonie "coloniale" ou l'impérialisme occidental, ils se sont eux-mêmes appelés "pays non alignés" à la suite de la conférence de Bandoung.
2. Le seuil de pauvreté. Il y a en Afrique, en Asie et en Amérique Latine des ménages qui vivent avec moins d'un dollar américain par jour tandis que d'autres dépensent sans compter. Ils vivent, dit-on, en dessous du seuil de pauvreté qui est de 2 UDS. Me revient à l'esprit l'image de Michael Jackson faisant son shopping dans un magasin exclusif. "I like this", répétait-il sans même discuter le prix. Ce décallage est simplement scandaleux dans un monde où les richesses sont distribuées de façon inégale. Les riches s'enrichissent, et les pauvres n'ont aucun espoir de s'en sortir à moins de recourir à des moyens malhonnêtes ou violents. L'ordre économique en vigueur n'offre pas d'issue aux plus démunis sacrifiés sur l'autel du capitalisme. Des mouvements de diverses tendances luttent et s'activent à relever le pouvoir d'achat de tous les hommes à un niveau plus élevé. Ce voeu demeurera pieux tant que des mesures ne seront pas prises à l'échelle mondiale, tant que des efforts ne seront entrepris pour que la majorité de l'humanité accède à l'éducation, à l'eau et à l'électricité, à la santé et au minimum vital, signes fondamentaux d'une vie décente. Il en va de l'équilibre économique universel.
3. L'éradication de la pauvreté. Voilà un défi qui exige l'engagement de toutes les forces actives du monde. Depuis une décennie, à chaque réunion du G8 fait pendant une rencontre des tiers-mondistes. Dans ce contexte est sortie l'expression: les pays émergeants. La Chine, le Brésil, le Mexique, l'Afrique du Sud sont classés dans cette catégorie qui comporte des connotations davantage politiques que réellement économiques. Pour avoir réuni les conditions d'une amélioration de conditions sociales, ces pays constituent un marché susceptible de concurrencer, voire de dépasser les tenants de la haute finance qui dirige le monde. La voix leur est de plus en plus accordée lors des grands sommets. Malheureusement, cette mouvance ne se traduit pas encore dans la réalité sociale des pays du Tiers-Monde, terme inadéquat mais dont l'existence est plus qu'évidente.
5. La littérature et la pauvreté. Y a-t-il un lien entre la littérature et la pauvreté? Oui. La littérature parle-t-elle de la pauvreté? Oui. Comment est-elle exposée? Beh simplement à travers des personnages, des scénarios et des récits qui évoquent ce thème. Dans le passé, des auteurs recouraient à la littérature pour dénoncer les fléaux sociaux de leur temps. D'autres comme Clément Marot s'en sont servi pour inspirer la générosité de leurs nantis mécène, pour s'adresser directement aux tenants du pouvoir politique. Balzac, Hugo, Zola en ont fait le point de mire de leur combat social. Les cas sont nombreux. Sans parler de la littérature francophone d'Afrique et de la Caraïbe avec Roumain, Césaire, Mongo Beti, Oyono, Ousmane Sembene, etc. qui ont épinglé la pauvreté avec une surprenante perspicacité. Il existe donc en littérature un champ immense pour l'exploration de la pauvreté. Le plus intéressant serait d'examiner les solutions ou les voies d'issue qu'elle propose.

17 juil. 2015

Autour des élections au Burundi

C'est vraiment intéressant ce qui se passe au Burundi cette année. Le constat le plus évident est que le Burundi est un état souverain qui n'a de compte à rendre à personne, qui ne se lie à aucune négociation fabriquée hors de ses territoires par des étrangers. Le deuxieme constat nous plonge dans une mascarade politique propre à l'Afrique.
1. Commençons par le commencement. La crise que le monde observe au Burundi n'existe que dans le chef de ceux qui veulent y voir une crise. Le gouvernement burundais continue à appliquer son agenda sans entraves. Contre vents et marées, contre vagues et houles, le pays a élu son parlement il y a deux ou trois semaines; il s'apprête à élire son président, c'est-à-dire à réélire son président le 21 juillet pendant que les négociations de Museveni en sont encore à discuter troisième mandat et calendrier électoral. On dirait que le message des gouvernants de ce pays n'est pas compris. Aller au-delà du 21 juillet serait inconstitutionnel. On reconnait quand même l'existence de la Constitution.
2. Les gouvernants du Burundi sont représentés à ces inutiles négociations en signe de bonne foi et pour la forme, mais ils n'y ont pas du tout leur coeur. Pendant qu'ils discutent de bonne foi à cette table du consensus, ils laissent diffuser des appels à voter massivement le 21 juillet. N'est-ce pas une farce de mauvais goût? Appelez cela comme vous voulez. La réalité est que le train des élections est en marche depuis des mois et que rien ne saura l'arrêter. Il serait complètement naïf de croire à un changement radical à moins d'une insurrection improvisée, mais tout semble sous contrôle.
3. Les chefs d'Etat des Grands Lacs n'ont pas trouvé mieux que de nommer comme facilitateur le président Yoweri Museveni d'Ouganda. La réaction spontanée de mon conseiller politique - car j'en ai un comme tout grand homme - a été: "Eh bien, on joue vraiment la comédie, comme aurait dit S. A. Zinsou. Perte de temps, d'énergie et d'argent! Que peut-on attendre dans de telles négociations d'un président qui a changé à plusieurs reprises la Constitution de son pays pour se maintenir éternellement au pouvoir? Un président autoproclamé à vie va ramener au Burundi la paix qu'il n'a jamais réussie à imposer dans son propre pays. Mascarade!" (sic). L'Afrique, il faut le croire, est en panne d'hommes crédibles, intègres et efficaces pour de telles conciliabules. En fait, il n'y a de la part des dirigeants africains aucune volonté de résoudre la crise burundaise. A l'allure où les choses évoluent, à moins d'un miracle comme aurait dit Tshimpumpu en 74, l'élection présidentielle aura bel et bien lieu le 21 juillet et M. Nkurunziza sera réélu pour son troisième mandat contesté. Celle des sénateurs suivra, et la prestation de serment aura lieu à la date prévue.
3. La suite. Mais de quelle suite s'agit-il? Les média occidentaux ou étrangers crieront au scandale, les donneurs de leçon occidentaux fermeront les robinets de la manne financière, les diplomates accorderont des interviews sans ampleur, etc. La suite, c'est la réalité burundaise. La vie continuera normalement après quelques secousses. Ayant tiré la leçon du coup d'état manqué, l'armée, les forces des renseignements et de l'ordre contiendront toute velléité de révolte, museleront l'opposition, et contrôleront drastiquement l'ensemble du pays. Les camps de réfugiés se rempliront encore un peu en Ouganda, en RDC, au Rwanda et en Tanzanie; mais rien d'alarmant car ce schéma des mouvements migratoires est classique, connu. Contrairement à Zakaya Kikwete de Tanzanie qui vient de présenter son dauphin, M. Nkurunziza s'accroche au pouvoir car deux mandats ne lui suffisent pas. Il a promis de le quitter après ce prochain mandat qu'il dit être le dernier. Un geste d'apaisement qui cache des sous-entendus. Du déjà entendu et vu: Eyadema, Nyassimbé, Museveni, etc. D'autres présidents africains lorgnent sans doute du côté du Burundi avec un intérêt pressant.
4. Qui m'a appelé politologue? Je suis un littéraire qui perçoit le non-dit des textes et des événements. Je n'ai pas d'autres prétentions. Pour preuve, ce que je prédis ne repose sur rien de solide. Une seule chose est vraie à mes yeux: L'Afrique a encore un long chemin en terme de démocratie.

16 juil. 2015

Un tremblement de terre de magnitude 5,7

12.30 ce jeudi 16 juillet 2015. Je me trouve dans mon bureau depuis 10 heures. Je viens d'avoir une conversation sur Skype avec le père Séraphin Kiosi: on a parlé des fleurs de cactus comme à notre accoutumée. Il m'a aidé à éplucher un thème dont je parle très peu: la pauvreté. Ce thème est complexe et difficile à traiter lorsqu'on n'est pas économiste; son point de vue m'a ouvert des pistes de réflexion; je l'en remercie. Il m'a parlé d'Amadou Kourouma qu'il a été écouter à Lomé sur les enfants engagés dans les guerres tribales. Je n'y avais pas pensé. Le reste a tourné autour de nos salades sans vinaigrette.  Peu après notre conversation, je voulais me remettre au boulot quand mon portable a sonné: "Because of a earth tremor please come and collect your children". C''est la colonie de vacances où se trouvent les jumeaux qui m'a appelé. J'ai eu juste le temps d'alerter mon assistante administrative pour m'enquérir d'un éventuel dossier urgent: celle-ci a confirmé le tremblement alors que personnellement je n'ai rien senti. Je parie que la terre a tremblé pendant que je parlais avec Séraphin. Moins de quinze minutes plus tard, je suis entré dans l'enceinte de l'église de Nazarene. La centaine d'enfants et leurs instructrices étaient en train de prendre leur déjeuner sur l'esplanade de l'église. Oui, la colonie a décidé de libérer les enfants par crainte des répliques sismiques qui suivent les tremblements. J'apprendrai par la radio que la terre a bougé deux fois: tôt à 5 heures, et vers 7 heures. Je n'ai rien senti. Cela me rappelle l'époque de mon séjour romain, où j'étais toujours le seul à Emmaus à n'avoir senti les secousses sismiques.  Bref la terre a bougé: 5,7 sur l'échelle de Richter, c'est beaucoup bien qu'il n'y ait pas de dégâts. Nous sommes alertés. Il n'y a pas de menace de tsunami, pour l'instant.
De retour à la maison, j'ai reçu de l'université une annonce officielle de notre département des désastres qui a prodigué des conseils et consignes à suivre en cas de catastrophe. Après les préparatifs des ouragans, c'est parti avec les tremblements de terre; c'est la deuxième fois que je vis cela depuis que j'habite la Barbabe. La première, c'était en 2008, ma mémoire est bonne.

15 juil. 2015

Mr Marc in memoriam

Pendant mes années d'école primaire de 1965 à 1967, j'ai eu à croiser Mr. Marc parmi les expatriés de Kenge. Je le connaissais tous de près ou de loin. C'était généralement des commerçants, des coopérants, des enseignants ou des missionnaires. Les dimanches ou les jours de fêtes, ils se retrouvaient à l'église St Esprit où j'étais servant, chantre. A travers nos correspondances, j'ai découvert que nous avions des connaissances communes. Je n'ai pas eu de rapports directs avec lui; par contre, je le revois encore photographier les messes dominicales chantées par les PDCK. Et comme photographe, il y avait aussi le Père Henri Giezeman (Kimbungu). Co-fondateur des PCDK, il a les encadrés et accompagnés lors des voyages/séjours à Kinshasa et en Europe. En 1966 par exemple, c'est Mr. Marc qui nous avait photographiés pour l'établissement des documents officiels et passeports. Très gentillement, il m'a envoyé par la poste un album-photo et un disque 33T des chansons des PCDK. Ci-dessous le commentaire qu'il a écrit à ce sujet:

26/08/2014

To: Kahiudi C Mabana
"Cher ami Claver,
Entretemps vous serez déjà en possession du petit paquet mystérieux et vous avez pu constater que c’est un album de photos des Petits Chanteurs & Danseurs de Kenge que j’ai prises en 1965. Les dessins sur les pages gauches sont aussi de ma main, imitations maladroites et primitives des cartes de voeux qu’on pouvait acheter à Léopoldville chez des vendeurs ambulants et au fameux ‘Marché d’Ivoire’...
A part le Père Bernard je ne reconnais plus aucun chanteur/danseur ( à part un batteur de tamtam qui s’appelait – je crois – Garcia... Vous par contraire, avec votre mémoire visuelle excellente, y trouverez sûrement des anciens camarades.
Vous pouvez garder ce petit cadeau en guise de sympathie pour votre blog, pour le Congo et pour les congolais.
PS : j’ai connu le Frère Vincent à Ngi et quelque part je dois avoir encore un dia de lui...
Amicalement,
Marc"
"Ngasia" était le frère aîné de mon condisciple Macaire. Selon Noël Manzanza, il vit actuellement à Matadi.

En plus, Marc m'a donné des témoignages sur des missionnaires SVD et personnes qu'il a connus et fréquentés pendant son séjour au Congo. Parmi les morts: Pirmin Haag, Félix Klaveren, Vincent Reiter, Van Baal, Mgr Hoenen, etc. Par sa fonction d'enseignant, il a formé la jeunesse et contribué au développement de notre pays. Merci, Marc, pour ton dévouement et ton service!
Je regrette une chose: celle d'avoir manqué à le rencontrer lorsque j'étais en Belgique fin 2013. J'ai une excuse: la perte de mon sac (passeport, pc, argent, livres, etc.) dans le train Anvers-Bruxelles a compliqué mon séjour et rendu toute rencontre impossible. Telle était la volonté de Dieu!
Merci encore une fois pour tout.
Adieu Marc, puisse les Anges t'ouvrir les portes du Ciel pour un repos bien mérité! Kwenda mbote nduku na mono!


14 juil. 2015

Adieu Marc Van Renterghem (1940-2015)


13 juil. 2015

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11 juil. 2015

Politique ou démocratie chez nous

L'autre soir, j'apprenais à mon épouse qu'elle et moi ne sommes plus de la même province. Né au Congo-Belge dans la Province de Léopoldville, j'avais appartenu à la province du Kwango peu après l'indépendance à l'époque des provincettes. J'ai aussi suivi les tribulations entre Kikwit et Banningville jusqu'à ce que Mobutu a imposé que Bandundu devienne le chef-lieu de la région. Un trou dans ma mémoire, je sais seulement qu'à un moment il y a eu Takizala, puis Bozi comme gouverneur. Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est mon statut de Kwangolais. Que le Kwango ait été un territoire du temps du Congo-Belge, ou district ou encore sous-région, ou comme aujourd'hui de nouveau province, la seule chose qui est restée la même pour moi, c'est mon identité kwangolaise. Je suis kwangolais.
A quoi rime tout ce changement de décor? A une meilleure gouvernance, dit-on. C'est là que la politique porte le soupçon d'être une pratique d'agenda plutôt qu'un service pour le peuple. L'Occident s'est débarrassé de Saddam Hussein et de Kadhafi rien que pour accéder au pétrole et cacher certains secrets inviolables. Il faudrait éviter de réfléchir si l'on veut comprendre quelque chose. Je ne suis pas juriste, encore moins politologue, mais je suis comme beaucoup de compatriotes surpris par la précipitation des événements. Si la division territoriale et le démembrement des provinces sont consignés dans la Constitution depuis 2006, pourquoi a-t-on attendu jusqu'à ce jour pour l'appliquer? Pourtant les décideurs sont des politiciens chevronnés dont les noms sont entendus depuis plus d'une décennie. L'approche de l'élection présidentielle suffit-elle seule à les justifier? Assurément, mais allez-y voir. J'y vois plutôt une complication qu'une simplification des choses. En plus, l'élection des gouverneurs est annoncée non pas par la CENI, mais par le ministère de l'Intérieur. L'autorité doit quand même expliquer ces dysfonctionnements car le peuple a le droit de savoir comment il est dirigé et gouverné. En plus, il faudra installer ces provinces, les construire et les équiper en personnel, en matériels et en infrastructures. Opposants et partisans de la majorité s'entredéchirent pour clarifier leurs positions. A cette allure, l'impasse pointe à l'horizon. J'estime que nos autorités sont assez lucides pour clarifier ces situations et éviter des dérapages.
C'est très différent de ce que j'ai vu ailleurs où j'ai assisté au transfert de pouvoir de Bonn à Berlin. La politique décidément n'est pas pour moi, pauvre littéraire.

10 juil. 2015

Semeur de troubles (2)

On me traite de semeur de troubles. Faussement, car j'ose dire tout haut ce que d'autres disent tout bas. C'est là la différence. J'ose exprimer mon point de vue sur tout ce qui se passe autour de moi. Je n'ai cure que ce soit politiquement correct selon l'expression consacrée par les anglophones. Pourquoi dois-je parler lorsque les intéressés se taisent? Qui m'interdit de parler des choses qui se révèlent instructives à mes yeux si ce n'est ma conscience seule? A l'époque de mes études philosophiques, on parlait de conscience mal formée. Peut-être que la mienne étant mal formée, je justifie mes excentricités par des attitudes peu correctes. Qu'importe, j'ai à dire et je dis. Du reste, je m'en fous, comme aurait feu mon père. 
Vous avez cherché des troubles, vous en aurez. J'ai eu vent de la remise et reprise entre l'ancien et le nouveau leader de l'ISTM Kenge, ou plutôt entre l'ancienne et la nouvelle équipe dirigeante. Le défi était au rendez-vous. Mais tout s'est passé dans un esprit fraternel et convivial selon l'expression sacerdotale. A la méfiance initiale a succédé une harmonie parfaite et sans failles. Vous me croyez? Alors vous pouvez continuer à lire mes blablabla. Suis fatigué, m'en vais dormir. A demain.

9 juil. 2015

FIFA, une nébuleuse

Il y a plus d'une année si ma mémoire est bonne, j'avais écrit sur Twitter qu'on critiquait faussement Sepp Blatter et qu'il exerçait honnêtement son travail. Je l'avais écrit sans conviction, juste dans le but de provoquer des réactions. Elles ne s'étaient pas faites attendre du genre: "Blatter is a leech feeding himself via FIFA on the greatest sport on earth. He has failed to address FIFA reform or transparency" (Splat, 1 Jan 2014). Il a toujours été soupçonné depuis son accession à ce poste, et surtout à la suite de ses multiples réélections à la manière des despotes africains. Tout en se faisant admirer des courtiers de son organisation, il a siégé et continue de siéger sur une organisation qui parle d'abord d'argent plutôt que de football. Le football suit l'argent à la FIFA.
Les scandales n'ont cessé de saper la réputation de cette institution mondiale, prise en otage par quelques individus qui la gèrent comme une machine à corruption. Je ne fais là que tirer les conséquences de ce que nous lisons au sujet de sa gestion et de l'octroi des marchés que sont les Mondiaux. Des sommes colossales passent de main à main pour être blanchies dans des activités financières de toutes sortes. En parcourant la liste des membres de cette fédération qui sont mis sous examen, j'en suis arrivé à conclure que la FIFA est avant tout un système qui a ses règles: vous y entrez, vous jouez le jeu jusqu'au bout, jusqu'au jour où vous sauterez sur une mine. Poser la question de la corruption, c'est comme chercher à discerner dans un tournoi les dopés des non-dopés en cyclisme et d'autres sports. Comment quelqu'un qui n'est pas dopé peut-il rivaliser pendant des semaines avec quelqu'un qui l'est? Comment arrive-t-il à vaincre "clean" dans une compétition de haut niveau? En réalité, tout le monde se dope; seuls sont convaincus de dopage les malchanceux, les moins rusés. Il y a tout un impressionnant arsenal de dissimulations derrière les apparences. Marion Jones, Lance Armstrong n'avaient jamais été "attrapés" pendant qu'ils pratiquaient leurs sports. Le soupçon de corruption plane sur tous les membres de la FIFA, qu'ils le veuillent ou non. Des preuves longtemps voilées sont de plus en plus révélées au monde.
C'est la loi de l'argent qui prime. Qui touche à l'argent est d'office soupçonné de le détourner, quelle que soit la quantité.  Et lorsqu'il s'agit de millions et de milliards, le soupçon se traduit vite en évidence. Regardez les quantités d'argent accumulés en des temps records par les présidents africains et leurs ministres, et dites combien ont été traduits en justice tant qu'ils détiennent le pouvoir? Et même la démocratie est définie en fonction des intérêts de la clique au pouvoir dans ces pays-là où présidents et ministres sont propres. Cela marche aussi ainsi pour la FIFA. Aujourd'hui Chuck Blazer est banni à vie par la FIFA parce qu'il connaît la boite et a collaboré avec la CIA pour démanteler le réseau FIFA. Sous le couvert de la commission d'éthique, le sérail de ces millionnaires défend les intérêts du bateau. Entre-temps, des agents sont aux arrêts; de nombreux officiels de la FIFA sont mis en examen. Une nébuleuse inextricable et indéchiffrable!

8 juil. 2015

Semeur de troubles?

"Claver,
Comme à ton habitude, lorsqu'il s'agit du diocèse de Kenge, on dirait que tu gesticules au lieu de livrer de bonnes pensées. Tu te fourvoies dans des histoires qui ne te regardent pas. J'admire quand même comment tu soutiens tes informations. Comment as-tu fait pour obtenir l'arrêté de la nomination de Firmin à l'ISTM? Après t'avoir lu, je suis resté sur ma soif. A la fin, je n'ai pas saisi la vraie portée de ton message. Je dirais que tu es un véritable semeur de troubles. Quelle est ta position? Tu t'es réservé de développer les questions que soulève le remplacement de l'abbé Singa par l'abbé Mboma. C'est ton droit le plus légitime, mais sache que tes lecteurs auraient attendu un peu plus que juste édulcorer les sujets. J'aurais été satisfait de lire un peu plus sur la nomination de ton condisciple Ngarené à la tête de l'UNIBAND ou encore de Marc Matsumakia à l'ISP Bandundu; mais tu as préféré la polémique. Voilà pourquoi je confirme que tu es un semeur de troubles. (...)" 

(Email du 8 juillet 2015) 

Ma réaction: 
1. Combien de fois te dirai-je que j'écris librement ce qui me passe par la tête et que ce blog n'engage que moi. Je ne force personne à le lire ni à être d'accord avec moi. J'y donne mes avis et prises de position sur tout sujet qui m'intéresse ou que je décide d'examiner; La question de la succession à l'Istm/Kenge, tout le monde en parle et observe les événements. J'ai des antennes qui m'informent de l'évolution des choses. Celles-là, je les garde pour moi. Et je ne livre pas sur le blog tout ce que je reçois ou sais. 
2. L'arrêté ministériel est authentique. Là, rien n'est secret. C'est un document officiel, publié, daté et signé. Rien à redire. Je n'en fais pas de trafic et n'en tire aucun bénéfice quelconque. Il faudrait le lire pour comprendre l'esprit de la destitution du premier et son remplacement par le second. Les expressions du Ministre sont bien choisies, méticuleusement présentées et précieusement efficaces. Un admirable travail de gestionnaire de la chose publique. Une décision d'un responsable qui vise le bien de la population dans son propre fief électoral. 
3. Oui, j'aurais dû parler un peu plus de mon ami René Ngambele. Mais pour dire quoi? Sa compétence est indéniable; sa probité intellectuelle ne souffre d'aucune ambiguïté. Je suis très heureux pour lui et fier de lui, car nous sortons tous d'un moule commun. Je lui souhaite un excellent travail comme recteur de l'UNIBAND. Quant à Marc Mutombo, sais-tu que c'est l'homme qui, le 5 ou 6 septembre 1982, m'a accueilli au secrétariat de l'évêché à Kenge? Il y faisait son stage. Et qu'en 1992, il m'a accueilli dans son appartement de Louvain-la-Neuve pour une agape fraterna. Et qu'en plus nous collaborons au CRECEM avec JC Akenda. Je lui souhaite succès à l'ISP Bandundu. 

C

7 juil. 2015

Félicitations aux nouveaux recteur/directeurs généraux

En recoupant des nouvelles reçues dernièrement, je me rends compte que pas moins de quatre collègues et proches ont été nommés à la tête d'université et d'instituts supérieurs par le ministre Théophile Mbemba. A l'ISTM MRP de Kenge, la tête de Doyen Singa est tombée au profit d'un proche, l'abbé Firmin Mboma. Le DG Tsudi était déjà remercié à l'ISP. A Misay, l'abbé Bernard Fansaka a dû céder sa place à un laïc dont le nom ne m'a pas été communiqué. Faute de temps pour fouiner dans les données en ligne, je ne cherche pas. A Bandundu, c'est à René Ngambele que revient l'honneur de diriger l'UNIBAND, une institution qui avait été dirigée jadis par l'abbé Chrysostome Tampwo. A l'ISP Bandundu, le choix est tombé sur Marc Mutombo. Congratulations à tous ces heureux promus et meilleurs voeux de réussite dans leurs nouvelles fonctions!
Le sort qui me préoccupe particulièrement est celui de l'abbé Jean-René Singa. Cet homme de Dieu s'est battu bec et ongles pour assoeir les fondations de l'ISTM. Il s'y est maintenu contre la volonté de son évêque qui n'a pas hésité de le suspendre ad infinitum. Ses réalisations pionnières parlent pour lui. Le diocèse étant gestionnaire de cette institution de l'Etat, on comprendra qu'il y ait des intérêts politiques et ecclésiastiques en jeu. Il existe un conflit foncier à propos de la propriété. Le prêtre directeur-général a été la cible de ces luttes politico-religieuses intestines. Voilà qu'aujourd'hui lui est enlevée la seule fonction à laquelle il s'accrochait pour parer à son humiliation sacerdotale. J'ai déjà exprimé ma position sur ce même blog à l'époque des lettres qui le menaçaient de destitution. C'est accompli désormais. Le fait que son remplaçant soit l'abbé Firmin Mboma suscite d'autres questions que je me réserve d'aborder. Voici comment est libélé l'arrêté ministériel No 80 du 27/06/2015: 
"Le Ministre de l’ESU, …., considérant les conflits persistants entre le Directeur Général et le Diocèse de Kenge, Initiateur de cet Etablissement et dont le Directeur est prêtre ; considérant la nécessité de faire régner un climat social apaisé ; considérant l’urgence et en attendant la prise toutes les mesures réglementaires d’application afférentes à la loi-cadre…. ARRETE :
Article 1 : Est nommé Directeur Général : le Docteur Mboma Manzandala Firmin."
Il ne me reste qu'à féliciter mon jeune frère et à lui souhaiter courage et succès dans l'exercice de ses responsabilités.


 

5 juil. 2015

La démocratie au Burundi

Les élections au Burundi servent de laboratoire pour les autres pays dont les présidents hésitent à quitter le pouvoir. L'élan inspiré du Burkina Faso qui a chassé Compaoré est révolu, violemment arrêté par les manoeuvres dilatoires des présidents. Et Nkuruniza vint! Le chef de l'état burundais poursuit contre vents et marées sa lancée vers la réélection; et il sera réélu. Après son retour au pouvoir qui a vacillé pendant quelques jours, il est plus que fort pour défier le temps et l'histoire. Le fameux coup d'état manqué lui a redonné du poil: il tient à son pouvoir, plus rien ne peut l'arrêter. Il possède les verrous et en détient tous les secrets. Le peuple, intimidé, joue profil bas et ne peut qu'aquiescer sans réchigner. En outre, il y a en filigrane l'éternel conflit interethnique qu'on ne saurait dans le contexte burundais. On n'en parle pas, mais il est là souterrain.
D'aucuns craignaient la reprise d'une guerre civile dont le pays a déjà expérimenté la monstruosité. Ce n'est pas impossible quoique l'on décèle un certain essoufflement de l'Opposition. Les plus réalistes y voient simplement la concrétisation d'une dictature qui ne dit pas son nom. Tous les responsables du sénat ou de la Céni qui se sont opposés au troisième mandat du président ont pris le chemin de l'exil. Il y a un pouvoir puissant à Bujumbura et qui dispose de tous les moyens pour se maintenir à la tête du pays. Allez encore me dire que la démocratie est faite pour l'Afrique!
Entre-temps, il y a un sommet organisé en Tanzanie pour tenter de débloquer la situation. Le président burundais y est absent, car pour lui la roue de l'histoire tourne en sa faveur. Il n'y a donc aucune raison de s'y rendre, étant donné qu'il tient le bon bout. Il n'y a donc rien à attendre d'un tel sommet qui ressassera des recettes déjà connues, aussi inefficaces les unes que les autres. Quant aux opposants, ils n'ont d'autre choix que d'y aller: c'est la seule tribune où leur voix peut se faire entendre. Au pays, les moyens de l'Etat servent exclusivement le pouvoir en place. Telle est en gros la situation qui prévaut actuellement au Burundi. 
Tous les pays africains ont à présent les regards tournés vers le Burundi afin de scruter ce qui s'y passe. Sur la base de faits observés, leurs stratèges examinent les détails, étudient le phénomène de résistance à la pression populaire et peaufinent des mécanismes de maintien au pouvoir. Service de  renseignements, armée, police, argent, corruption et trafic d'influence constituent les rouages de la réussite politique. Qui les possède a le pouvoir. C'est sur ces recettes que se fondent les analyses des hommes du pouvoir. Rendez-vous le 15 juillet 2015.

3 juil. 2015

Adieu Pierre Kalala Mukendi (1939-2015)

Voila un monument de l'histoire du football congolais qui s'écroule! Le nom Pierre Kalala reste pour les Congolais de ma génération une référence. A côté de Mokili Saio, Kibonge, Kazadi, Katumba, et plus tard Kalonzo, Tshinabu, Kidumu, Kakoko, Bwanga, Kalala passait pour être le meilleur buteur. Meneur de Mazembe, il a gagné deux fois la coupe Kwame Nkrumah et a été deux fois vice-champion de la CAF. "Monsieur But" comme on le surnommait a longtemps fait la joie de ma jeunesse. A une époque, notamment après sa fracture, on l'appelait "Yaoundé". Dans le TP Englebert Mazembe comme dans les Léopards, il a vraiment donné le meilleur de lui-même et a considérablement contribué au développement du football dans notre pays. Un monsieur respectable!
A mon avis, il mérite qu'un stade porte son nom. Ce joueur-emblème du TP Mazembe avait tous les atouts d'un grand joueur: son but de victoire contre le Ghana à la finale de la CAN 1968 est un but d'anthologie. Quelle rapidité! Quel contrôle du ballon dans la surface de réparation! Quelle intelligence et quel sens du but! J'ai été toujours été admiratif de Kalala. 
"Kalala tuta ndundu" aimait répéter mon feu Tatu Mabana. La seule phrase qu'il ait sans aucun doute connue en langue luba. J'estime pour ma part que le pays n'a pas rendu assez hommage à ce héros qui a donné à notre nation sa première coupe continentale. Et même comme entraîneur, il n'a pas démérité. Peut-être, c'est le seul joueur congolais à avoir un palmarès international aussi élogieux. Je ne parle pas de mercenaires cumulateurs d'argent de ce jour, je parle de Pierre Kalala alias Yaoundé, "Monsieur But", artiste du ballon, buteur et  meneur d'équipe. Honneur et respect à son nom!
On nous cherche des héros nationaux? En voilà un qui mérite cette couronne car il a mis les talents dont l’Éternel l'a gratifié au service de son peuple et de sa patrie. Paix à ton âme et adieu Champion!

2 juil. 2015

Demain sur notre campus

Demain, il y aura du beau monde  sur notre campus de Cave Hill. Les chefs d'état et de gouvernement d'Amérique centrale sont en réunion à la Barbade autour de Monsieur Ban ki Moon, le Sécrétaire Général de l'ONU. En effet, hier j'ai reçu un coup de fil de l'ambassade d'Espagne à Port-d'Espagne me demander d'aller retirer un document que l'ambassadeur laisserait pour moi à la réception de son hôtel. J'y suis allé peu avant midi aujourd'hui:
- The Ambassador of Spain left an envelope for me at the desk. 
- What is your name, Sir?
- Mabana
- One moment please. 
Quelques secondes plus tard, le portier revient et tend une enveloppe à une réceptionniste qui sans me regarder demande à l'autre s'il a vérifié mon identité:
- My name is Mabana. I was called by the embassy to collect the item. Do you have doubt about that? 
J'avais pourtant mon ID card, que j'ai présenté à mon arrivée, sans que quelqu'un s'en rende compte. Au moment de l'exhiber, j'ai décliné la demande juste pour les enquiquiner, comme j'ai l'habitude de le faire. C'est lorsque j'arriverai sur le campus, que je lirai les emails et le journal, que je lierai la présence de l'ambassadeur d'Espagne avec ces assises. Ainsi donc, Ban Ki Moon viendra parler dans notre amphithéâtre d'EBCCI dans le cadre de Caribbean Youth Speak. Il s'agit d'une rencontre spéciale avec la jeunesse caribéenne autour des thèmes de l'éducation, de la paix et de l'environnement.
J'ai appris plus tard par mon collègue Terrence Inniss que le Président du Panama visitera le campus et le language laboratory. Comme c'est dans mon département, j'ai pensé y participer par courtoisie. Mais niet. Nous sommes cordialement évités dans nos propres installations.

1 juil. 2015

Abbé François Tuma ad aeternitatem

L'abbé François Tuma di Fwalongo est décédé depuis le 11 avril en Allemagne et ce n'est qu'aujourd'hui que je découvre la nouvelle par un hasard de circonstances. Paix à son âme! J'en suis à me demander pourquoi je n'ai pas reçu cette nouvelle à temps. Aucun ami commun, aucune connaissance commune, personne ne s'est dérangé pour me tenir informé. Les réseaux sociaux où je puise mes renseignements n'ont rien diffusé à ce sujet. Et pourtant, je sais que la plupart des amis ont été mis au courant en temps voulu. Par coïncidence, son adjoint à la commission de l'éducation, l'abbé Désiré Tsumbi, est mon propre cousin. Que son âme repose en paix!
J'ai connu TuFranc (lisez Tout-Franc) dès son entrée au grand séminaire de Mayidi en octobre 1976 où il me suivait d'une année. Homme de relations, excellent joueur de football, il formait avec Robert Mangala la solide médiane de notre équipe. Un des meilleurs dribbleurs et distributeurs de balle que j'aie eu le privilège de jouer avec. Celle-là même qui avait battu l'ISP de Mbanza Ngungu par 5-1 en 1977. Deux souvenirs me restent de cette époque: il fumait beaucoup, il buvait beaucoup d'alcool. Nous nous sommes ensuite retrouvés à l'Urbaniana pour la formation théologique. Il était venu avec Jean Marie Mbungu Mayala. Dans le beau site du Collegio Urbano, il a continué avec ses prouesses de sportif, mais un peu moins comme tout le monde d'ailleurs. Plus d'une fois, nous sommes allés ensemble suivre l'Angelus du Pape à la Place Saint-Pierre. Après Rome, nos chemins se sont diamétralement dispersés. Nous avons été ordonnés la même année chacun dans son diocèse, bien outillés spirituellement et intellectuellement.
En juin 86, j'avais séjourné à Moanda pendant une semaine de vacances. De passage à Boma sur le chemin de retour, j'ai rencontré François au petit séminaire de Mbata-Kiela où m'avait gentillement conduit Célestin Mbodo Makaya. Il était formateur, préfet de discipline. Nous avions eu une bonne conversation, la dernière, et on s'était promis de se revoir, conscients de l'énormité des distances qui nous séparaient. Même là, il avait encore sa cigarette et sa bière. Cela fait donc presque trente ans que je n'ai plus revu l'abbé François Tuma.
Entre-temps, par des amis prêtres, j'ai su que ce serviteur de Dieu a poursuivi des études d'éducation en Allemagne, qu'il est devenu coordinateur diocésain, puis national des écoles catholiques, etc.
François, kwenda mbote, vwanda na ndembama ya Mfumu.