21 juil. 2015

Vivre en clandestin (bis)

Si vous cherchez à identifier ma parente, pour ceux qui me connaissent, vous perdrez votre temps car je suis et reste un littéraire sur tous les plans. Ce qui m'a intéressé en illustrant cette histoire, c'était de souligner la difficulté qu'entraîne la vie clandestine voulue ou subie dans un pays étranger. Il m'est arrivé de rencontrer des clandestins dans ma vie, car cela fera bientôt trente ans presque sans interruption, que je vis à l'étranger. Si vous remontez à l'amont de mon blog, vous trouverez d'autres témoignages liés à la vie clandestine. J'en sais quelque chose pour avoir collaboré, en Suisse et en Allemagne, avec des ecclésiastiques engagés pour cette cause. Et bien entendu, ma contribution a été reconnue de mes partenaires. Certains des compatriotes africains rencontrés dans ces circonstances ont percé, comme on dit chez nous, c'est-à-dire ont réussi à se stabiliser et à obtenir des postes enviables dans la société. D'autres sont retournés au pays et y mènent une vie digne et paisible.
Beaucoup de concitoyens du Sud vivent dans la conviction que le Nord (l'Europe Occidentale et les Amériques) est le seul lieu d'où ils pourraient réaliser leurs rêves. Cette conviction justifie les risques qu'ils encourent en traversant la Méditerranée dans des canots périlleusement pleins, miroités par l'Eldorado et trompés par des imposteurs mafieux. D'où les migrations massives vers l'Europe par la voie maritime maintenant que l'espace Schengen est complètement scellé par la voie aérienne, maintenant que les visas ne s'octroient plus comme par le passé. Quelqu'un a raconté qu'une fois sorti de l'avion à Genève, il est monté dans un charriot-poubelle et s'est fait pousser par l'agent nettoyeur complice avant d'escalader un mur et courir. Il a erré pendant quelques heures dans Genève avant de dénicher, guidé par son flair et son instinct de survie, un compatriote complaisant qui lui a filé les tuyaux de la clandestinité. Mais sa destination finale était la France où il se trouve aujourd'hui marié et heureux père de famille.
Chacun a son destin comme on dit. Certains réussissent là où d'autres échouent, voire perdent la vie. Vivre en clandestin, c'est un camouflage osé et risqué de son soi. On suspend son identité pour un temps au risque de se faire coffrer en prison si l'on est démasqué. Certaines personnes, et elles sont très nombreuses, aiment ces aventures, prêtes à recommencer, convaincues qu'elles réussiront un jour. C'est un jeu du genre "où ça passe où ça casse", où l'on met sa vie à prix. Qu'on se le dise, c'est une vie suspendue pas enviable quoiqu'elle constitue un tremplin pour d'autres aventures plus intéressantes qu'édifiantes les unes que les autres.

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