26 juil. 2015

Le P. Frank Roelandt SVD in memoriam

Juillet 1965. Toute ma famille se déplace de Makiosi à Kenge pour les grandes vacances. Une maison est à notre disposition sur la rue Kasai, rue dans la prolongement de laquelle se trouve la paroisse St Esprit. Le premier dimanche, c'est le P. Frank Roelandt qui célèbre la messe à St - Esprit. Comme je venais de prendre ma première communion à Makiosi des mains du Père Albin Schmidt, le P. Frank sera le deuxième prêtre qui me confessera. Fréquentant la paroisse avec les autres enfants, je connais dans la foulée: le P. Van den Boom, les abbés Denys Luhangu et Longin Makula. Je dois avouer que le séjour est un peu court pour m'enraciner. Ce sera fait plus tard lorsque j'y rentre en octobre 65 continuer ma troisième primaire; mais le P. Frank n'y est plus, et je ne le verrai qu'à l'ordination de l'abbé Innocent Mwela en avril 1974 à Bandundu. Il est aumônier et prof au collège Kivuvu de Bandundu. Une image m'est restée de ce séjour: je le revois conduisant une mobylette sur le passage à côté de la paroisse St Paul.
Une rencontre va déclencher une phase décisive dans notre relation. Un soir de 1976 que je me trouve en vacances à Yolo-Sud, avec oncle François-Médard Mayengo, arrive lui rendre visite le P. Frank Roelandt. A l'époque, je suis en philosophie à Mayidi et FM Mayengo en médecine à l'Unikin. Un geste que j'ai apprécié car j'ai découvert la profondeur de leur relation. Depuis, j'ai rendu visite au P. Frank à Christ-Roi où j'ai été associé à quelques activités telles que: une récollection à Lutendele, une session biblique avec P. Warmoes au Lycée Motema Mpiko, une séance de photographie d'oeuvres d'art au Musée du Mont Ngaliema. Tous les SVD de l'époque avaient des préjugés vis-à-vis des séminaristes de Kalonda et des grands séminaristes de Kenge. Et le P. Frank affichait clairement sa préférence pour ses anciens collégiens avec lesquels il était plus à l'aise. Nous avons beaucoup discuté là-dessus.
Je l'ai vu mettre sur pied son apostolat des enfants de la rue, l'oeuvre qui est devenue plus tard ORPER. Son ami le Dr Mayengo a assuré pendant un temps les soins médicaux de ces jeunes gens.
A mon arrivée à Rome en 1979, P.  Frank m'a envoyé un chèque via la Casa Generale dei Verbiti pour l'achat d'une machine à écrire, remplissant ainsi un de mes voeux les plus chers à l'époque. Je lui en suis infiniment reconnaissant, d'autant plus que cette machine m'a servi pendant toutes mes années de théologie et à l'évêché de Kenge. Pour la petite histoire, Mgr M'Sanda aimait tellement ses caractères typographiques que je la lui ai cédée. Je ne l'ai pas récupérée à mon départ de l'évêché. 
Lorsque je retournais à Kin, je ne manquais pas de passer dire bonjour à Christ-Roi. C'est là par exemple que j'ai revu pour la dernière fois, un de mes anciens élèves de Kalonda, Georges Kintiba qui y était en stage. Et je suis parti de Kenge pour participer aux cérémonies de son jubilé sacerdotal en 1985. Feu Cardinal Malula était de la partie. L'homélie était prêchée par l'abbé José Mpundu. Il y avait dans l'assemblée un grand séminariste de Kenge: Jean-Pierre Kwambamba, étudiant à Jean XXIII, aujourd'hui évêque auxiliaire de Kinshasa.
En lisant Les corps glorieux des mots et des êtres, l'autobiographie de V. Y. Mudimbe, j'ai découvert qu'ils étaient amis. Mudimbe a enseigné le latin et la religion au petit séminaire de Kalonda, mais je n'avais jamais su comment il y avait atterri. C'était avec la complicité de son ami Frank Roelandt dont une photo fait partie des illustrations du livre. Pour ma part, je lui avais rendu hommage dans mon mémoire de Mayidi (La découverte du moi chez Louis Lavelle, 1978) et un livre (Des transpositions francophones du mythe de Chaka, Lang, 2002).
Je termine ce témoignage en reprenant ce que j'ai écrit sur Facebook: "Que son âme repose en paix. J'ai connu le P. Frank en juillet 65 à St Esprit, Kenge. Un apõtre des jeunes. Je l'ai vu à l'oeuvre à Bandundu et à Kin. Je vais lui consacrer une entrée sur mon blog. RIP". C'est fait.

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