31 déc. 2010

Une année s'efface avec ses peines et ses joies




2010 a été pleinement vécu avec ses hauts et ses bas. Des êtres chers sont partis, des événements malheureux et regrettables ont eu lieu. C'est le lot de la vie. Il y a eu aussi des moments de joie.
Grande était ma joie de de retrouver ma mère Christine le 6 décembre dernier à Kinshasa. Pour un fils qui a si longtemps vécu loin de sa mère, depuis l'âge de 8 ans, retrouver sa maman est toujours une bénédiction, un événement important. Ce n'est pas tout à fait exact, j'avais encore vécu deux ans d'affilée avec elle soit d'avril 67 à août 69. Depuis, juste quelques semaines de vacances.
Des retrouvailles, il y en a eu. Avec François Mbila, Euphrasie Kaseka et Alexis Olenga à Ottawa. Avec Faustin Mampuya, Ruffin Mikan, mon cousin Désiré Tsumbi à Kinshasa.
Des coups de coeur. J'en ai beaucoup. J'ai repris des contacts avec des aînés et des ami(e)s avec lesquels le contact était coupé depuis longtemps. Carla et Marina Petino, l'abbé Michel Ngob, Victorine Ndeki, et d'autres.
Quelques heureuses surprises. A Berlin, en mars dernier, mon collègue Sylvère Mbondobari de l' université Omar Bongo, Libreville, m'a fait l'honneur de se référer à ma thèse pour baser son exposé sur le roman policier africain. Mes écrits sont certes cités ailleurs par des collègues mais c'est la première fois que je m'entendais cité au cours d'une conférence.
Je me suis redécouvert un talent caché: l'écriture théâtrale. J'en suis à ma troisième pièce. Qui sait? Je pourrai les publier un jour. Une chose est certaine: mes pièces sont jouées par mes étudiant(e)s lors des festivals intercampus de l'université des West Indies. J'ai le privilège de les mettre en scène moi-même, avec l'aide d'une collègue.
Par-dessus tout cela, je pense avoir rempli mes devoirs de père avec responsabilité et amour. Ibangu et Mukawa peuvent en témoigner. Leur mère ne les contradira sûrement pas.
Au Tout-Puissant haute gloire et louange éternelle!

24 déc. 2010

A Merry Christmas and a Happy New Year 2011


I wish you all a Merry Christmas and a Happy New Year 2011 full of graces and blessings.


Je vous souhaite à toutes et à tous un Joyeux Noël et une Heureuse Année 2011 pleine de grâces et de bénédictions.


Ich wünsche Euch allen Frohe Weihnachten, ein gesegnetes und gnadenvolles Jahr 2011.


A voi tutti auguro un Buon Natale e un Felice Anno 2011 pieno di grazie e di benedizioni.


Na bino banso Mbotama ya Mwanza-Nzambe elamo mpe Mbula 2011 ya mapamboli.


Na beno yonso Lubutuku ya Mwana-Nzambi ya mbote ti mvula ya mpa 2011 ya kufuluka na dienga ti lusumbulu.


Benu bosu lubutuku lwa Yezu lwa mboti ye mvula ya pa 2011 ya kiesi, ya dienga ye lusambulu lwa Nzambi.

22 déc. 2010

Mon dernier voyage à Kinshasa

Kinshasa: Limete, 1ere Rue.
1. Contrairement à mes voyages précédents, je suis passé par Nairobi. A l'aéroport Jomo Kenyatta, une Congolaise s'est attiré les foudres de ses compatriotes lorsqu'elle a osé prétendre que l'aéroport de N'djili était plus beau que celui de Nairobi: "Oza na liboma? Eloko nini eza na Ndjili?"
2. Le service de Kenya Airways est impressionnant, semblable à celui de KLM et Air France. Coup de chapeau, les gars. Pour moi, il dépasse celui de Virgin Atlantic que j'avais pris la veille.
3. A l'arrivée à Ndjili l'attroupement des porteurs dans l'aérogare est relativement réduit, par rapport à l'année précédente. Il y a moins de risques de perdre ses bagages.
4. Les routes se sont légèrement améliorées bien que le tronçon de Limete soit encore un cauchemar. Les Chinois construisent comme bon leur semble, sans se soucier des utilisateurs réguliers de ces routes. Les embouteillages sont collossaux.
5. Kinshasa surpeuplé est une poubelle inqualifiable. Les immondices s'accumulent, l'eau de pluie stagne, la boue, les odeurs nauséabondes, les mouches et moustiques... tout cela sans qu'il y ait un signe d'amélioration. On vit vraiment de la main de Dieu, comme m'a dit un jour un prêtre. Presque chaque nuit, aux petites heures, j'entendais des coups de tir. C'est toutefois moins qu'en 1993. Mais l'insécurité se sent.
6. La population devient de plus en plus pauvre. Pas de boulot, et quand on en a un, pas de salaire. J'ai appris d'un ami qu'une partie de la paie de l'Unikin a disparu du coffre-fort de la comptabilité, sans effraction ni autre signe de casse.
7. Il y a des réalisations à l'intérieur du pays, je n'y ai pas été. Tant que les fonctionnaires seront impayés, je conçois mal un développement durable dans ce pays. Les politiciens s'enrichissent alors que le petit peuple vit dans une humiliante précarité.
8. L'enregistrement à Ndjili est encore un parcours de combattant. La taxe d'aéroport s'élève à 50 USD. Trop de paperasses inutiles et de lenteur.
9. Un séjour très court mais instructif comme toujours. La RDC a encore un long chemin devant lui tant sur le plan politique, social, économique, éducatif que sanitaire. Pour s'en sortir, ce pays n'a qu'à scrupuleusement appliquer sa devise: Justice, paix, travail.

Démocratie, un vilain mot!

Un collègue m'a appelé hier pour me dire que j'insultais les dirigeants africains en les traitant d'irrationnels. Je n'ai insulté personne, je n'ai fait que relater des faits connus de tous. Je n'ai rien inventé.
Je suis simplement dégoûté de voir mon peuple souffrir de la tyrannie des despotes passionnés et aveuglés par la soif du pouvoir. Trop de sang coule en Afrique à cause de la folie de ces ambitieux. Le sang d'un président, fut-il milliardaire, ne vaut pas plus que celui d'un pauvre hère qui erre dans les rues d'Abidjan ou du Caire.
Ouatara et Gbagbo, deux intellectuels de stature internationale, deux présidents proclamés d'un même pays, se battent pour que soient enfin définies les règles de la démocratie en Côte d'Ivoire, pays prospère du temps du dictateur Houphouët devenu aujourd'hui un champ du crime, du tribalisme et de l'insécurité. Qui des deux a raison? Faut-il vraiment que le sang coule? Décidément, la démocratie ne convient pas à l'Afrique.
"Tu es pessimiste", a-t-il rétorqué. Parfois, cela dépend d'un personnage génial. Nelson Mandela n'a-t-il pas réussi à éviter la vengeance des opprimés en montant des mécanismes de réconciliation? Mugabe qui, comme Mandela, a connu la prison et la discrimination raciale, ne s'accroche-t-il pas au pouvoir? Pour dire que Mandela a respecté la constitution alors que Mugabe s'en est taillé une sur mesure. Les exemples sont légion. Le Ghana grâce à l'apport de Rawlings s'en sort plutôt bien. Le Botswana également.
Démocratie, un vilain mot susceptible de causer des morts, là où les ambitions ne sont pas tempérées, là où les institutions nationales sont foulées au pied, là où les arbitraires présidents, terrorisant opposants et populations grâce aux kalatchnikovs de leurs gardes prétoriennes, se croient élus à vie, s'y croient destinés par les ancêtres. O tempora o mores!

21 déc. 2010

Côte d'Ivoire: Démocratie à l'africaine ou triomphe de l'irrationnel?

A suivre ce qui se passe aujourd'hui en Côte d'Ivoire, on est en droit de se demander si jamais la démocratie prendra un jour racine en Afrique. La faiblesse fondamentale de l'Afrique, c'est la faiblesse de ses institutions. Un président peut changer la constitution comme bon lui semble pour s'octroyer des mandats illimités, il y a toujours des juristes pour justifier ses folies. Les élections, souvent organisées dans l'ambiguïte totale, sont souvent chaotiques et sources d'effusions de sang. Une commission électorale indépendante proclame un président qui n'est pas validé par la cour constitutionnelle, laquelle remet sur son trône le président sortant. Imbroglio et comble de chaos! Chacun a raison, seul l'affrontement à l'arme désignera le véritable vainqueur. A la seule différence que l'un commande l'armée nationale et que l'autre est soutenu par une force de rébellion. Allez-y voir. Le nombre de morts va bientôt dépasser la centaine; chacun durcit ses positions malgré les appels au calme et au respect de la volonté du peuple soutenus par la communauté internationale.
La démocratie, ce n'est pas pour l'Afrique des dictateurs. Pourquoi condamner Laurent Gbagbo? C'est comme ça partout en Afrique. Regardez un peu! Mugabe s'accroche, Kibaki supporte tant bien que mal Odinga. De plus en plus et presque partout en Afrique, les fils succèdent à leurs pères: Faure Nyassimbe, Joseph Kabila, Ali Bongo sont les fruits vivants de ces choix démocratiques. l'énarque Paul Biya positionne son fils au Cameroun, Abdoulaye Wade prépare Karim à lui succéder au Sénégal, tout comme Moubarak en Egypte. Créons donc un système propre à l'Afrique, un modèle plus original qui résorberait toutes les tensions et passions irrationnelles suscitées par cet exercice imposé à la suite de la colonisation. Ou mieux revenons à nos traditions en les modernisant.... sur la mesure des ambitions de nos tyrans. On aura ainsi la paix; que dis-je; le pays ne sera pas en guerre, le peuple sera muselé et réduit à acclamer son guide timonier pacificateur et bienfaiteur. Oui bienfaiteur, car il distribuera biens et argent dans sa magnanimité. Démocratie! Un vilain mot! Ne le dites surtout pas aux Africains.

Le CRECEM-Afrique, une plate-forme pour la recherche et le développement

Du 9 au 10 décembre 2010, j'ai eu le plaisir et l'honneur de participer au colloque international sur "Epistémologie de la complexité et ses enjeux pour l'Afrique", organisé à Kinshasa à l'occasion de l'inauguration du Centre Régional d'Etudes fondamentales et d'Epistémologie Complexe Edgar Morin. J'y suis allé pour y apporter ma contribution et pour rendre la pareille à Jean-Chrysostome Akenda qui avait, en 2006, participé au colloque Léopold Senghor organisé par mon département à Cave Hill Barbados.
Ce colloque de très grande qualité scientifique m'a certes permis de me retremper dans la pensée complexe d'Edgar Morin, mais surtout de retrouver mon pays dans son répulsif et fascinant chaos, de revivre la réalité quotidienne de mes compatriotes. Bien organisé, le colloque était sous le haut-patronage du Premier Ministre Muzito représenté à l'ouverture par un Vice- Premier Ministre. Le mot du Ministre de l'éducation Mashako a retenu mon attention par la lecture qu'il a dressée de l'histoire intellectuelle du Congo. La présence des évêques Msgrs Edouard Mununu de Kikwit et Louis Nzala de Popokabaka a montré l'importance de l'événement. Pour la petite histoire, Mgr Nzala est revenu express pour suivre mon humble intervention; ce geste m'est allé droit au coeur. Le Seigneur lui en revaudra. Le centre est affilié à l'Université de Kikwit nouvellement agréée, non pas à l'université de Bandundu.
En dépit de quelques retards et quelques absences habituels à ces genres de manifestations, le programme a été bien respecté. Je ne peux que vivement féliciter les organisateurs pour ce travail de longue haleine. J'en profite pour suggérer au CRECEM d'ouvrir un site internet.
Dans les coulisses, j'ai pu retrouver des aînés (les évêques précités, les abbés Dominique Kahang', Théodore Mudiji, Faustin Mapwar), des congénères et cadets (Ruffin Mika, Marc Mutombo, François Mabwisi svd, Ambroise Longi) et faire la connaissance de collègues (Emmanuel Malolo, Willy Okey, Cyprien Bwangila sj, Emmanuel Banywesize, Marcous Bindungwa, Frédéric Kinkani, etc.) L'ambiance était très sereine et conviviale. Coup de chapeau, les amis, et longue vie au CRECEM-Afrique!

30 nov. 2010

Les quatre langues du Congo

Le kikongo, le lingala, le tshiluba et le swahili sont les quatres langues nationales de la RDC. Quatre langues comme en Suisse. En réalité, nous sommes encore tellement marqués par les pesanteurs coloniales que nous n'osons ni utiliser ni défendre, encore moins institutionaliser nos langues. A une époque donnée, ou dans la tête de quelques Congolais, être congolais revenait à maîtriser le lingala. Le régime congolais a inséré le swahili sur le passeport il y a quelques années; on est en droit de se demander pourquoi le swahili, et non les autres langues. Le passeport biométrique mis en vigueur depuis un an est revenu au français et à l'anglais. A quand la valorisation de nos langues vernaculaires sur toutes les emblèmes nationales? Nos gouvernants n'y pensent certainement pas. Même moi-même, j'écris plus aisément en français qu'en kikongo. Sambu na nki? Kana mono kusonika na kikongo to na kisuku, bantu ta seka mono nde mono kuzaba français ve. Inki nsoni? Décidément, l'aliénation mentale et le néocolonialisme occidental ont encore de longues années devant eux.

14 nov. 2010

Where is Barbados?

Some days ago I had to explain to a Congolese priest that Barbados is an island in the anglophone Caribbean. The gentleman has apparently never heard of Barbados in his whole life. I had to explain by e-mail that Barbados is not a part of Spain. Unfortunately, the German post officer who sold him the stamps for a letter he had to send me definitely convinced him after consulting his infallible computer: "Barbados liegt doch in Spanien." Nothing else could help, not even the mail address itself. An initial E was added on the envelope. For the time being the letter is lost somewhere in Spain whereas I here in Barbados am still waiting for it. Will it ever arrive? I don't think so but I am still hopeful.

13 nov. 2010

TP Englebert MAZEMBE Champion d'Afrique

Englebert, nom anachronique, mais c'est sous ce nom que j'ai connu l'actuel TP Mazembe qui vient d'arracher il y a quelques minutes la coupe d'Afrique des Clubs Champions. Félicitations les gars! J'ai suivi par internet le déroulement du match. Cela fait plaisir de voir une équipe presque renaître de ses cendres. Après les Kalala, Kazadi, Bwanga, Mwepu, Kalonzo, Saidi, Tshamala Machine, Tshinabu, Kapata et autres Kalambay, Katumba, Ndume, voilà quarante ans plus tard Mazembe deux fois de suite champion de la Ligue. Même sans Tresor Mputu, l'équipe est arrivée au bout du tunnel. Je n'oublie pas la coupe de l'année 80. Coup de chapeau au président Moïse Katumbi pour sa vision avant-gardiste. Asante sana wanduku wapenzi!

8 nov. 2010

Nous en sortirons-nous un jour?

Lorsqu'il s'agit de l'Afrique, la barbarie est des plus inhumaines. Les guerres, rébellions et guerillas qui sévissent en Afrique, les expulsions massives des étrangers d'un pays vers un autre à l'intérieur même de l'Afrique, sont souvent entachées d'une barbarie inimaginable. Lors de mes études, on me présentait toujours la face d'une Afrique idyllique et respectueuse des valeurs humaines. A Rome, j'ai appris que l'Afrique est l'avenir du monde puisqu'elle a gardé l'humanité que l'Europe a perdue. Cependant, depuis ma jeunesse, je n'ai jamais vraiment vu cela dans la réalité. Mes premières années d'école se sont passées dans la terreur des "jeunesses" mulelistes. J'ose avouer que l'Afrique, n'ayant rien tiré de l'esclavage et de la colonisation, est un continent de violence, d'injustice, de cruauté. Cinquante ans d'indépendance la voient encore au seuil de l'apprentissage démocratique. Les régimes militaires n'ont fait que terroriser leurs sujets sommés d'acclamer et de se réjouir même des humiliations les plus basses. Les intellectuels, nombreux et dispersés à travers le monde, sont le symbole même de l'échec du décollage africain. Leurs réflexions restent fluctuantes, vagues, pas du tout engagées ni réalistes. Même eux tentent de s'improviser politiciens ou gestionnaires d'une institution pour nouer les bouts des mois. Le gain rapide et facile, telle est la tentation. Comment dans ces conditions défendre les valeurs éthiques qui ont fait autrefois la fierté de l'Afrique face à l'Occident jugé trop rationaliste, matérialistes et technique? Pourquoi la barbarie prend-elle en Afrique des formes inédites et des proportions démesurées? La vie n'y est pas respectée. Les tortures des innocents et les viols massifs des femmes n'émeuvent plus personne dans ce continent où l'impunité est un maître-mot. Le silence devant de telles atrocités est coupable et complice; il est temps de se réveiller. On est souvent surpris par la bassesse, la cupidité, le goût exagéré des biens matériels, l'esprit d'extorsion, l'injustice, l'escroquerie et d'autres fléaux qui minent notre société et ceux qui sont censés la guider humainement et spirituellement. Nous en sortirons-nous un jour? C'est la question que je ne cesse de me poser.

2 nov. 2010

On a survécu à la tempête tropicale Tomas

Que faire de ce régime de bananes?


Certains appellent cela un orage, d'autres une tempête, d'autres encore un cyclone. Allez-y voir. En anglais c'est le tropical storm. Nous l'avons vécu à la Barbade le dernier weekend d'octobre. Quels dégâts matériels? Toitures arrachées, arbres défoncées, routes bloquées par des branches d'arbres, coupures de courant et électricité, coupures de téléphone et internet, etc. Nous étions coupés du monde; d'ailleurs certains coins de l'île le sont encore à ce jour.
Chez moi, un bananier qui portait déjà un régime s'est tordu en deux, et un manguier s'est penché sous l'effet du vent. Nous n'avons pratiquement pas pris de dispositions spéciales. Dieu merci, nous avions des provisions suffisantes. On a eu l'eau, mais pas l'électricité. Bref, on est vivants. Dieu soit loué!

27 oct. 2010

Der Herr Gott und die einfachen Menschen

Das freut mich sehr, lieber Claver. Bist Du mit der Lieferung zufrieden?
Stell Dir mal vor, was der Irmgard passiert ist. Sie hat einen doppelseitigen Schlaganfall bekommen und ist erblindet. Welche Strafen schickt unser Herrgott zu einfachen, normalen Menschen? Wie muss er erst die bestrafen, die solche Greuel an ihren Mitmenschen verüben, wie wir sie jetzt wieder lesen müssen von den USA und Großbritannien im Irak Krieg. Ich bin zutiefst erschüttert. Für diesen Satans-Bush gibt es gar keine Strafe, die schlimm genug sein könnte, trotzdem führt er ein gutes Leben.
T. Schmitt

25 oct. 2010

Les démarches au Congo

Faisons un peu d'arithmétique. Le passeport congolais est l'un des plus chers au monde: 150 USD 30 USD pour les formulaires soit 180 USD. Les démarches, volontairement voulues compliquées, sont dissuasives. A chaque stade se trouve un pilleur sangsue qui vous prend votre dernier centime. Le casier judiciaire sur papier coûte 30 USD, mais en réalité, il est plus cher. Sans compter les tracas psychologiques et frustrations qui y sont liés.
Tenez: un extrait de casier judiciaire coûte 3,50 Euro en Italie, 17 Fr Suisses, 13 Euro en Allemagne, mais 75 USD au Congo sans compter les frais d'envoi DHL ou FedEx. Un extrait de naissance revient à 50 USD, un certificat de nationalité à 30 USD. Les prix affichés ne sont jamais ceux qui se paient. C'est le ligablo du fonctionnaire. Le commissaire du territoire exige 50 USD pour signer une lettre justificative de trois lignes. Imaginez à combien revient le dédouanement d'un véhicule à Matadi ou l'inscription dans un hôpital. Une infirmière travaille sans salaire depuis plus d'une année; pour apaiser sa souffrance on lui donne 3 USD à la fin du mois. Solutions: devenons tous des pasteurs, des musiciens, des diamantaires, des intermédiaires et des "managers" d'obscures entreprises! Pourquoi pas des magiciens, des guérisseurs, des voleurs, des mendiants et des tortionnaires pilleurs! Le travail n'est pas valorisé. La débrouille et la magouille rapportent plus, pourquoi se donner tant de peines à bosser huit heures pour un salaire de misère alors qu'on peut user du "nzela mukuse" (raccourci)? Tel est le dilemme pour certains esprits versatiles. Il y a là matière à réflexion dans un pays qui ne dispose ni des statistiques du chômage ni d'une politique de l'emploi.
Pourquoi sommes-nous tombés si bas? La misère ne doit pas justifier la malhonnêté, le vol, l'assassinat de pauvres innocents. On a beau construire des immeubles impressionnants, bâtir des routes gigantesques, rien ne marchera si l'on ne change pas de mentalité. La pauvreté continuera, la corruption s'éternisera, l'impunité couronnera les plus ignobles bandits de grands chemins. J'ai dit.

21 oct. 2010

Adieu Léonard Kasiala

Léon a été élevé par sa mère et son frère aîné, Félicien que je connus déjà à Kenge alors qu'il était à l'école normale. De Mutoni il est entré au petit séminaire de Kalonda. Il a bataillé dur très tôt, s'en est sorti plutôt bien. Sa signature figure sur la liste de l'association Harmonia.
Léonard Kasiala Munene est parti, lui aussi. Il est mort de mort subite, sans être tombé malade. Comme quoi, la mort a ses surprises. On n'en connaît ni le jour ni l'heure. Requiescas in pace, frater!

Mbuta Arthur Muwawa wendi kwandi

Mbuta mutu wendi kwandi. Kiadi kingi mu mbundu! Kilumbu kia theti ya m'mona ku Kalonda mu ngonda vwa mu 69 kakala ya Kisantu (Kaisaint). Kakala mutu wa ngemba, ndinga ya malembi. Kakwatiki badi (gardien de but) mu Benalco ti ba Tamuzi, Mbemba, Kinzi, etc. Sadi luzingu, wendi kwandi buna kisa mu tsi yai. Nzambi kayuka bidilu bieto, kamukotisa mu luzingu lwa konda tsuka. M'ketu ye bana, Nzambi kabaheka ngolu, kikesa ye lukwikila mu kulanda luzolu lwandi.
Mbuta mutu,wenda mboti, tuyindulaka betu tusadi.

18 oct. 2010

Antillanité Créolité Littérature-Monde

Du 14 au 15 octobre a eu lieu à l'université des West Indies un colloque bilingue sur le thème "Antillanité Créolité et Littérature-Monde." C'est le département de langue, linguistique et littérature qui l'a organisé. Nous avons eu Lydie Moudileno comme conférencière invitée qui a brillamment posé les grandes lignes du débat. Il y avait parmi les présentateurs des professeurs, des chercheurs comme des étudiants gradués, et même une étudiante de premier cycle. Venus principalement de la Martinique, de la Jamaïque, de Trinidad, de Ste Lucie, des Etats-Unis et du Canada, les participants se sont mêlés à un important nombre de collègues oeuvrant sur le Campus de Cave Hill. Le colloque s'est terminé par une table ronde qui a réuni des "créolistes" (Yanique Hume, Philip Nanton et Aaron Kamugisha)autour d'un débat avec Michaeline Crichlow une des auteures du livre Globalization and the post-creole imagination. Notes on fleeing the plantations. Remerciements à toutes et à tous pour cette belle participation.

16 oct. 2010

Père Wilemi Hoff svd (1922-2010)

Le Père Hoff aux prémices des nouveaux prêtres de Kimbau- Matari (Flavien Busina, Claver Mabana, Modeste Kisambu, Liévin M'Banga, Tryphon Ilenda) en août 1983.

Ce 15 octobre 2010 est mort un homme extraordinaire par la simplicité de sa vie missionnaire et la rigueur de son engagement: le père Wilhelm Hoff, SVD, fondateur de la paroisse de Matari et ancien curé de Kimbau dans le diocèse de Kenge. Il était mon curé lorsque je suis entré au petit séminaire. Papa m'apprit qu'il suivait mon évolution. Une chose est sûre: c'est grâce à son exposition à l'allemand que j'ai choisi d'apprendre cette langue. Il n'en revint pas lorsqu'un jour d'août 1986, accompagnant une délégation allemande à Ngondi, je le lui dis.

Beaucoup de témoignages disent que Mfumu Kulutu était un baobab, je préfère l'appeler avec Elvis un Mfumu Mamvu ou mieux un Mukalati, arbre de chez nous. Quel amour pour ses ouailles que ce soit à Mabilabila ou à Muboso! Quelle générosité chez cet homme ingénieux capable de faire pousser des légumes sur le plus arides des sables! Quelle humilité pour un homme de Dieu qui a consacré aux pauvres tout son amour, tout son coeur, tout son dévouement... sans jamais rien attendre en retour!

Ce fervent apôtre de l'évangile a soutenu tous les prêtres originaires de Kimbau-Matari, sa mission. Chacun, fruit en quelque de son zèle missionnaire, a reçu du père Hoff du soutien matériel et spirituel. Les premiers ornements de messe avec lesquels le jeune abbé Dieudonné M'Sanda célébra ses prémices lui furent offerts par Pela Wilemi. Il aimait ses ouailles à la folie, et ses oailles le lui rendaient. Je n'oublierai jamais la petite tempête qui eut lieu en 1968 à Kimbau lorsqu'il y revint de Matari comme curé: il était réclamé à Matari.
La dernière fois que je l'ai revu de visu, c'était en août 1995 à Overijse. On était avec Père Séraphin Kiosi alors missionnaire au Bénin. Mais j'ai toujours obtenu de ses nouvelles par des voies parallèles et l'internet bien entendu. Le dernier signe de contact, c'est un e-mail qu'il a envoyé à un mailing list dans lequel j'étais inclu.
Père Hoff, merci pour tant de bien, pour tout ce que tu as fait pour nous. Puisse l'Eternel t'en revaloir dans son royaume!
A Mfumu Khulutu, wenda mboti, ah mini mama! Nzambi kakusambula.

Life



Life is just God's gift.
Madeleine-Chrystelle and Claver at a birthday party

10 oct. 2010

Jubilé sacerdotal: Abbé Albert Mundele Ngengi


10 octobre 2010. Ma pensée toute cette semaine s'est tournée vers l'abbé Albert Mundele qui célèbre ses vingt-cinq ans de sacerdoce. Il a eu la gentillesse de me communiquer l'itinéraire de son voyage de NaïrobItalici vers Kenge, lieu du jubilé.
J'ai connu Albert dès qu'il a commencé le petit séminaire à Kalonda où il me suivait de deux ans. Son nom figure parmi les personnes remerciées dans mon mémoire de philosophie de Mayidi. Je n'oublierai jamais le douloureux jour de mars 1978 où lui parvint la nouvelle du décès de Papa, alors qu'il était en ministère pascal à Bandundu. J'ai eu le bonheur, comme d'autres amis, de connaître toute la famille Mundele. L'homme de Mafolo ressemble, à bien des égards, au Père Ben Overgoor qui lui a enseigné le latin et l'anglais; il témoigne de la même rigueur dans le travail, d'un sens élevé d'organisation et de l'identique droiture d'esprit. Son livre très savant Bildsprache und Mündliche Tradition in Deuterojesaja: Zur Exegese von Jes 42, 6-7 aus afrikanischer Perspecktive (Bern, Frankfurt a.M.: 2003) montre l'immense culture dont est équipé cet exégète formé au Biblicum de Rome et à l'université de Munich. Respekt, Albert! Il a aussi ses défauts comme tout homme, c'est aussi bien comme cela. Son plus grand vice, c'est sa serviabilité et son amour du Christ.

Albert, sois sûr d'une chose: ma petite société civile ,comme tu l'appelles, a été et est en union de coeur et de prières avec toi, en ces jours mémorables.
Meilleurs voeux et félicitations, cher frère et ami! Mbote mingi kuna na Nairobi. Puisse le Seigneur t'accompagner dans la vie et te garder, Melchisedeck, à jamais à son service.

2 oct. 2010

Logique politique

Je viens de parcourir avec attention le rapport des Nations Unies sur les crimes commis en RDC. Je suis étonné de lire en même temps les réactions des pays voisins qui jugent ce rapport de faux, menacent de retirer leurs troupes des missions de maintien de la paix, demandent que ce rapport ne soit rendu public. Tous les moyens de pression sont mis en oeuvre pour étouffer l'embryon dans l'oeuf. Même sans être politologue ni diplomate, tout esprit censé constate l'illogisme de ces réactions. Un rapport est là qui affirme que vous avez tué; prouvez simplement que vous n'avez pas tué ou demandez une contre-enquête. Ce n'est pas à l'accusé de dicter les règles du jeu, mais à la justice. Il ne suffit pas de renier avec fracas et menaces les atrocités décrites dans le rapport mais de prouver soit qu'elles n'existent pas, soit qu'on ne les a pas commises. Une chose est vraie: il y a eu des victimes innocentes ou non, mais il y en a eu. Que la justice prouve leur innocence ou acquitte ceux qui sont montrés du doigt, car jusqu'à la preuve du contraire ils sont innocents. Logique politique, ai-je dit? Non, criminelle.

26 sept. 2010

3 ans déjà

Il y a trois ans, jour pour jour, mourait à Kinshasa mon père, Donatien Mabana Kasongo Bunda, l'homme qui a fait de moi ce que je suis devenu, qui le premier a cru en moi, en ma capacité d'adaptation aux circonstances changeantes de la vie. La plaie de ton ultime départ ne se fermera jamais. Merci de m'avoir tant appris! De là où tu es, tu sais combien je t'ai aimé, combien je t'ai aussi détesté. Paix à ton âme, Papa.
"Le rêve est plus fort que l'expérience" disait Gaston Bachelard.

15 sept. 2010

Papa Mankasi in memoriam

Je viens par un coup de fil d'un frangin d'apprendre la mort il y a quelques jours à Kinshasa de Papa Mankasi. Que le Seigneur le reçoive dans son royaume. J'ai eu le bonheur de le côtoyer ce enseignant, directeur et inspecteur, dont la contribution à l'édification de la jeunesse du Kwango est considérable. Homme rigoureux dans la vie, ce maître du langage avait des convictions solides qu'il savait défendre contre vents et marées. Mes condoléances à toute la famille!
A Jean-Pierre Gravis, je dis courage, tiens bon et crois en Ton Seigneur Consolateur! Bwa lwena luzingu!
Que l'âme de Papa repose en paix!

Mgr Jacques Richoz

Par un message de l'abbé Jean-Robert Mifuku, je viens d'apprendre la mort de Mgr Jacques Richoz, ancien vicaire général du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg. Paix à son âme! Le souvenir que je garde de cet homme d'église est celui d'un homme accueillant, pieux, humble et généreux. Que le Seigneur lui accorde la couronne réservée à ses élus. Comme il sera enterré ce vendredi 17 septembre 2010, je m'associe de coeur et d'esprit à la prière du diocèse de LGF pour son âme.

5 sept. 2010

Frère Michel, Mario Falcon SVD (1934-2010)

Je viens d'apprendre avec une profonde douleur, par un message de l'abbé Gustave Mombo, le décès du Frère Michel SVD en Argentine, décès survenu le 1er septembre. Que son âme repose en paix. Elève d'école primaire à Kimbau, j'étais de ceux qui s'amusaient à subir la poussée de l'air au décollage de l'avion. Le mot "Argentine" me fut connu à cause de lui, bien que le père Albin Schmitt qui m'avait reçu à la première communion ait été aussi argentin. J'ai eu de bonnes relations personnelles avec lui.
Humoriste, gai et affable, le frère Michel était d'une disponibilité, d'une générosité et d'une gentillesse désarmantes. Il a vécu à Ito d'où il rendait ses services au diocèse, aux missionnaires, aux malades et autres personnes en nécessité. Combien de vies n'a-t-il pas sauvées au cours de ses vingt-deux ans de Congo. Ses culottes et ses uniformes d'aviateur toujours bien repassés restent gravés dans la mémoire de ceux qui l'ont connu, admiré et apprécié. Le père Jean van der Hulst n'était pas très tendre à son égard, parce que ce dernier l'avait une fois appelé "Jean Malembe". Je n'oublierai jamais mon tout premier vol de Kenge à Bandundu, le 4 août 1978. Je n'oublierai jamais un autre vol, de Beno sur Banza-Lute en 1984 où nous deux avions failli perdre la vie; nous fûmes sauvés grâce à un phare projeté par le père Joseph Weggener; nous avions atterri dans l'obscurité sur une piste non éclairée. Je n'oublierai jamais tout le mal qu'il a eu à quitter le Zaïre, lorsque le diocèse avait décidé de suspendre le service de l'aviation. Dans la SVD, sa différence se remarquait, sans ambages. Intelligenti pauca!

Frère Michel, ngemba na moyo na nge! Nzambi kuyamba nge na Kimfumu na Yandi.

22 août 2010

20 août 1905

Il y a exactement 105 ans, naissait dans les environs de Lindau Theresia Weingärtner. Je parle d'elle parce que je l'avais rencontrée pour la première fois le 15 mai 1980 à Rome, via de la Conciliazione, à côté de la libreria Ancora où j'étais allé acheter, pour la préparation de mon examen de christologie, le livre Jésus le Christ du théologien allemand Walter Kasper. Cette rencontre fortuite inaugura entre nous une solide relation qui ne prit fin qu'à sa mort, le 25 mai 1997, trois semaines avant la défense de ma thèse de doctorat. Si ma mémoire est bonne, je me suis rendu trente-trois fois chez elle à Munich. En 1993, j'y restai de mai à août, je m'étais inscrit à Ludwig Maximilians Universität de Munich mais fasciné par mon directeur, Mr Yves Giraud, je choisis de retourner à Fribourg en octobre. La dernière fois, en avril 97, j'étais logé chez l'abbé Claude Ozankom.
Voilà une femme qui m'a vraiment aimé comme le fils qu'elle n'a pas eu biologiquement! Une femme qui est devenue ma deuxième mère et qui a dédié les dernières années de sa vie à m'aider financièrement pour me mettre à l'abri de soucis d'argent. Elle a gagné son pari. Ce que j'ai reçu d'elle en espèces et en biens, est impressionnant. C'est grâce à sa générosité que je pus supporter les études de mes frères en Allemagne et en Belgique; et que même quelques-uns de mes amis ont effectué des voyages en Europe. C'est grâce à sa garantie que, contre vents et marées, j'entrepris de coûteuses études de doctorat. Il y a certes eu d'autres apports extérieurs, d'autres bienfaiteurs et bienfaitrices, mais elle est demeurée ma source la plus fiable et la plus généreuse. I am a blessed man. A 90 ans passés, Mutter Resi a encore pris le train de Munich à Fribourg pour me rendre visite à Enney. Je suis allé fêter mon quarantième anniversaire chez elle, trois semaines, avant sa mort. A cette dernière rencontre, pressentant sa mort proche, je lui ai donné l'extrême-onction.
Femme de condition humble et modeste, elle a entrepris d'apprendre le français et l'italien en s'achetant des dictionnaires. Lorsque le Cardinal Ratzinger est parti de Munich pour Rome en 81, elle a dit à la soeur aînée de ce dernier, à laquelle était personnellement liée: "Eines Tages wird der Josef zum Papst gewählt werden". (Joseph sera élu pape un jour) Sa prophétie de fanatique bavaroise est devenue réalité aujourd'hui.
Pour moi, Mutter Resi était la main de la Providence. Elle m'a accompagné jusqu'à la fin de mes études. Paix à son âme! Gloire à Dieu et Honneur à sa mémoire!

13 août 2010

Carnet du Canada:












31 juillet 2010. Mariage de Pat et Jeanne Kapuya

Pat et Jeanne se sont unis devant Dieu et devant les hommes pour la vie au cours d'une merveilleuse cérémonie qui a connu la participation de quelques centaines de personnes.
Louange soit rendue à l'Eternel d'Amour pour avoir lié Pat et Jeanne dans le sacrement du mariage. Puisse la main du Seigneur guider leurs pas sur les chemins de la vie; puisse la lumière de son évangile éclairer leur coeur devant tous les choix qu'ils auront à opérer; puissent la foi et la sagesse divine demeurer leur seule source de réconfort, de confiance et d'amour.
Vita, Pax, Felicitas ad aeternitatem!

12 août 2010

Carnet du Canada















Photos:
1. Mariage de Jeanne et Pax Kapuya.
2. Les Mabana au mariage.
3. Chez Bernadette Ingungu
4. Les Mabana avec Mr. et Mme Tshisungu.
Du 20 juillet au 10 août 2010 avec ma famille, j'ai séjourné au Canada, à Ottawa dans l'Ontario. Les jumeaux Madeleine-Cbrystelle et Claver faisaient leur expérience consciente de l'avion. Consciente parce qu'ils avaient déjà, à quatre reprises auparavant, pris l'avion sur Londres, en route pour Paris. Des premiers vols ils ne se souviennent pas du tout. Celui-ci était tout particulier: ils en rêvaient depuis qu'on le leur avait annoncé. A l'aller, ils ont beaucoup bougé, tandis qu'ils ont dormi la grande partie du voyage retour du fait qu'ils ont dû se réveiller à 4 heures du matin.
Le Canada, un pays formidable, aux immenses dimensions et aux diverses cultures. Le tableau qui se dégage de ses habitants est multiracial et multi-identitaire. On y vit par rapport à ses origines. On est, m'a-t-on dit, canadien de telle ou telle origine. Curieusement, pendant tout mon séjour, je n'ai socialisé qu'avec des immigrés, jamais avec les autochtones.
Les Congolais et Africains que j'ai croisés m'ont paru très concentrés sur leur propre sort. Boulot, Transport, Dodo, etc. Contrairement à la situation de nos compatriotes en Europe, la plupart d'entre-eux travaillent, certains exercent des métiers pour lesquels ils ont reçu une formation adéquate. Comme pour confirmer ce que pensent beaucoup de gens, que la discrimination est plus forte en Europe qu'au Canada, pays d'immigration par excellence.
Il y a eu surtout des retrouvailles soit au téléphone soit de visu. J'ai pu parler au téléphone après trente ans de séparation avec mon aîné du petit séminaire de Kalonda, Dr Nganda Liévin Luki. J'ai retrouvé l'abbé Alexis Olenga après vingt-cinq ans, Euphrasie Kaseka après vingt-trois ans, François Mbila après dix-neuf ans. J'ai retrouvé Bernadette Ingungu apres neuf ans exactement. Autant d'émotions! J'ai manqué d'autres retrouvailles, notamment avec Jean Zenga ou Patrick.
J'ai reçu la visite de l'écrivain José Tshisungu wa Tshisungu le dimanche 25 juillet, avec promesse de se retrouver à Montréal, mais à cause d'une petite indisposition, je n'ai pas pu remplir mon engagement. J'ai retrouvé Pierrot Dibange et fait la connaissance de sa famille.

S'il est une chose que je garde de ce périple canadien, c'est qu'au-delà des péripéties du temps et des événements qui changent l'homme, il y a un moi fondamental qui reste en chacun de nous, immuable et permanent.











3 août 2010

Retrouvailles avec l'abbé Alexis Olenga


Ottawa, 1.08.2010. Ce dimanche, j'ai éprouvé un immense plaisir à retrouver un ancien condisciple et compagnon de lutte. Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis notre dernière rencontre à Kenge. (Dans sa mémoire, c'était à Kalonda, le jour de l'enterrement de Jean-Pierre, Paix à son âme) Je suis allé à Fribourg, il est venu au Canada un peu plus tard.


Je tenais à le rencontrer. Tenez! Appelez cela du hasard. Aussitôt débarqué à Ottawa, j'ai demandé ses coordonnées auprès des connaissances supposées communes; personne n'avait des traces. J'ai cherché sur le net, sur différents moteurs de recherche. Pas de traces. J'ai finalement résolu d'écrire un e-mail aux amis Henri Tamuzi et Jean-Robert Mifuku. Et dès que ceux-ci m'ont répondu, je l'ai appelé. Eh bien, il était en train de sortir sa voiture pour descendre sur Ottawa. Si j'avais appelé cinq minutes plus tard, je l'aurais manqué. Et le lendemain après-midi, il était là. Avec Clavère, Donatien et Ephrem Mosimi, nous avons joui d'une soirée inoubliable pendant laquelle des vieux souvenirs et des vieilles blagues ont été évoqués.


Quoi dire de plus? Une jolie calvitie, signe de maturité et de sagesse, couronne la tête de mon ami, comme la mienne d'ailleurs. Au-delà de ces marques du temps, l'homme de Dieu est resté égal à lui-même, vivant à contre-courant, obéissant à des principes et défis difficilement imaginables en ce vingt-unième siècle commençant. Original, réaliste, vrai et passionné dans ce qu'il fait. Chapeau, Man. On a passé une soirée formidable. Le jour suivant, Sandro a continué vers Montréal, Québec et plus loin.

13 juil. 2010

La danseuse du ventre (KC Mabana, 2010)
















UWI St Augustin, Trinidad, May 25, 2010


The plot takes place in Germany. Norbert Schenker, the owner of Krone Restaurant, gets a very special present for his sixtieth birthday. This present will help him receive the title of “the Man of Culture” for the month. What happened is that, his daughters Flora and Sabina arranged to invite Aminata Chenouda, an Egyptian belly dancer, to perform at the birthday party.. The party is a total success: Aminata’s performance delights all the guests for its rich oriental decorum. Norbert Schenker danced with the dancer and fell under her charm. He later appoints her as a cook to help her obtain immigration status. And he spends much money on her. All of a sudden the news of Aminata being pregnant is spread by rumour, while Flora blames his father for ruining the restaurant business. How will Mrs. Schenker face the scandal created by her husband’s misadventures? What a lesson of pardon, love and fidelity. To Happiness!


L’histoire se passe en Allemagne. Pour ses soixante ans, Norbert Schenker, propriétaire du Restaurant Krone, se voit offrir un cadeau-surprise très spécial. Un cadeau-surprise qui lui vaudra d’obtenir le titre de l’homme de culture du mois. En effet, de connivence avec leur mère, ses enfants Flora and Sabina ne trouvent rien de mieux que d’inviter à se produire la célèbre danseuse du ventre Aminata Chenouda, d’origine égyptienne. La fête d’anniversaire est une réussite totale : le spectacle d’Aminata fascine les invités grâce à son riche décor oriental. Pendant cette performance, Norbert Schenker exécute quelques pas et tombe sous les charmes d’Aminata. La danseuse candidate à l’immigration est engagée comme cuisinière au restaurant. Norbert se paie des folies ruineuses pour elle. Alors que se répand la nouvelle de la grossesse d’Aminata, Flora reproche à son père ses frasques ruineuses. Comment Mme Schenker va-t-elle réagir à ce scandale que la rumeur se charge de répandre ? "Quelle leçon de pardon, d'amour et de fidélité. Au bonheur!"

Un merci tout particulier à mes collègues du département, spécialement à Hélène Zamor pour la mise en scène, et à Bernadette Farquhar pour avoir invité une instructrice de danse, Eronica. Félicitations aux actrices et acteurs pour leur engagement!

Director: Kahiudi C Mabana

Norbert Schenker: Eli Clarke
Ingrid Schenker: Kara-Je Kellman
Flora Schenker: Carvel Daniel
Sabina Schenker: Shakera Collymore
Aminata Chenouda: Shamarra Chalenor

12 juil. 2010

Viva la Spagna

Lorsque j'étais jeune, je m'émerveillais pour le football total hollandais. Cruijff, Neeskens, Kroll, Rep, etc. sont des noms qui m'impressionnaient. Jusqu'à ce jour, j'ai toujours de la sympathie pour les Oranje. Seulement voilà!
Je les ai également admirés pour leur parcours lors de la coupe du monde qui s'est terminée hier. Le beau jeu qui a longtemps fait l'honneur de la Hollande, je ne l'ai pas retrouvé. Les joueurs se sont montrés plutôt violents, brutaux, nerveux, impitoyablement engagés dans les duels avec des accrochages de Karaté. Ils auraient dû subir deux cartons rouges dès la première période, n'eût-elle la bonté de l'arbitre qu'ils ont, pourtant, vilipendé à l'issue de la rencontre.
L'Espagne s'est mieux comportée et s'est montrée plus réaliste, plus solide et mieux organisée. Son secret, c'est d'avoir aligné une structure-charnière de Barcelone où évolue l'indémontable tandem récupérateur et organisateur Xavi - Iniesta, à mon avis le meilleur du monde depuis des années. Victoire méritée au bout du compte! Viva la Spagna!

6 juil. 2010

De Mabana à Obama

Ce matin, forcé par des circonstances, j'ai été amené à rappeler une vieille amie que j'avais connue lors de mes études à Rome, Marina Ruscio, née Petino. N'ayant pas son numéro, j'ai retrouvé sur le net celui de sa famille. Sa maman m'a reconnu mais c'était sans compter que les vingt-cinq années écoulées depuis notre dernière rencontre ont créé d'autres associations linguistiques:

- Mi reconosci? (Tu me reconnais?)
- Si, si, benissimo, Obama! Quanti anni son' passati! (Si, si, très bien, Obama. Après tant d'années!)
Et sa fille de s'écrier de loin:
- Ma mama, Obama è il presidente africano degli Stati Uniti. Questo qui si chiama Mabana. (Maman, mais Obama est le président africain des Etats-Unis. Celui-ci s'appelle Mabana)
Réponse immédiate: - E' lo stesso. dovei sei Obama? (C'est égal. Où te trouves-tu Obama?)
Je lui ai simplement répondu: Alla Casa Bianca! All'isola di Barbados. E' lo stesso. (A la Maison Blanche. A l'île de la Barbade. C'est égal)

30 juin 2010

First Graduation at 3

Little by Little Pre-School, Barbados. Madeleine-Chrystelle Ibangu et Claver Mukawa Mabana ont célébré leur première promotion scolaire le 26 juin 2010 au cours d'une cérémonie de remise de certificats. Cette surprenante cérémonie a connu la participation de plus ou moins soixante-dix parents et enfants. Nos enfants ont trois ans et demi, et fréquenteront l'école catholique St Patrick à partir de septembre. Félicitations, jeunes gens! Comme quoi, à chaque jour suffit sa peine.




Madeleine-Chrystelle Ibangu and Claver Mukawa Mabana celebrated their first graduation on June 26 at the age of 3 and a half. It was the official end of their pre-school at Little by Little Nursery. The ceremony was serious, about seventy parents and children attended the event. All graduants proudly received a certificate from Mr. Small who held the keynote speech. From September on, they will be at St Patrick Roman Catholic School, Bridgetown. Congrats Kids!

31.06.1960 - 30.06.2010: un cinquantenaire

Aujourd'hui, la République démocratique du Congo, mon pays, célèbre ses cinquante ans d'indépendance. Cinquante années de déconvenues, de confusions, de rébellions, de guerres civiles et de mégestions! Voilà un bilan peu glorieux pour ce pays réputé être un scandale géologique! Que célébrons-nous au juste?
J'aime mon pays, je l'adore même. Bien que je subisse passionnellement ses humiliations, je n'ai jamais perdu espoir. Je doute, cependant, de la capacité de nos gouvernants antérieurs et actuels de le mener à bon port. Les beaux discours ne suffisent pas, l'action efficace doit suivre. Tant que la précarité des institutions couvrira une gestion monolithique du pouvoir, nihil novi sub sole.
Dieu bénisse le Congo!

29 juin 2010

30 juin 1960 - 30 juin 2010


J'avais trois ans lorsque mon papa et ses collègues suivirent à la radio le fameux discours de Lumumba. J'ai aujourd'hui cinquante-trois ans. A trois comme à cinquante trois ans, je n'ai jamais compris vers où se mène la barque congolaise. Entre-temps, j'ai croisé des acteurs éminents de ce pays. Joseph Kulumba, Albert Delvaux, Joseph-Désiré Mobutu... jusqu'à ceux qui nous dirigent actuellement dont certains ont été à l'école avec moi. J'ai vu Joseph Kabila à l'hôtel Esplanade de Berlin.



28 juin 2010

Ferdinand Oyono a tiré sa révérence (1929-2010)

L'Afrique littéraire et culturelle vient de perdre un de ses monuments fondateurs: Ferdinand Oyono. Paix à son âme! L'auteur d'Une vie de boy et du Vieux nègre et la médaille a marqué de son empreinte personnelle la naissance du roman francophone d'Afrique. Avec Camara Laye et son compatriote Mongo Beti, il s'est illustré comme l'un des plus grands génies de la plume, exposant avec passion le problème du contact entre la tradition et la modernité dans l'Afrique coloniale. Qu'on l'aime ou qu'on le haïsse, ses textes qui ont fait frémir pas mal des lecteurs demeurent des chefs-d'oeuvre de l'imaginaire.

Le monde de la critique littéraire est cependant resté sur sa soif, l'auteur ayant choisi de pleinement s'engager dans une carrière politique dont on peut dire dire qu'il y a réussi. Dieu seul sait combien la politique féconde la création littéraire! Bien qu'un artiste ne meure jamais, la voix littéraire d'Oyono s'est, à mon sens, éteinte un peu tôt.

A la famille, aux ami-e-s des belles-lettres qui pleurent F Oyono, mes sympathies les plus cordiales! Honneur à ce digne fils d'Afrique. Adieu, Maître!

3 juin 2010

Fête de St Charles Lwanga

3 juin. Jour mémorable où le calendrier catholique commémore les saints martyrs d'Ouganda! La fête patronale du petit séminaire St Charles Lwanga fut toujours un événement attendu, préparé et célébré avec faste à Kalonda. Pour moi, ce fut toujours le meilleur jour de l'année. Que des souvenirs!
Meilleurs voeux aux copains et à tous ceux qui ont eu ou ont encore le privilège de vivre ce grand jour soit à Kalonda soit à Katende! St Charles Lwanga, intercède pour nous, que ta lumière illumine nos coeurs.
"Kieleka kiese ngwa! Ngeye Karolu Lwanga, muna zulu ulemina."

20 mai 2010

Soeur Maria Planellasa, kwenda mbote

Le 18 mai 2010 est décédée en Espagne la Soeur Maria Planellasa. (Ci-dessous l'e-mail que j'ai écrit à l'abbé Charles-Claver Ndandu qui a transmis la nouvelle)

Charles,
Merci de nous avoir fait parvenir cette triste nouvelle. Je me joins à la prière et à la douleur de ceux et celles qui pleurent la Soeur Marie Planellasa: sa famille, sa congrégation et ses amis. Cette humble et savante missionnaire a longtemps symbolisé pour nous "la rigueur mathématique." Modeste, Corneille et Séraphin qui ont suivi ses cours en savent quelque chose.
Kimbau, Juin 1969. J'étais envoyé un soir au couvent des soeurs pour récupérer un médicament auprès de soeur Nuria; celle-ci était retenue à la Foréami à cause d'un "accouchement" qui s'est compliqué. Comme la nuit avançait et que les soeurs devaient toutefois faire sortir "Sacki" (sic) leur gros berger, Soeur Marie est restée auprès de moi, m'a offert des bananes et réconforté car j'étais terrorisé par le chien. Un petit geste, certes, mais qui garde tout son sens au fond de mon coeur.
A Ma Sela, wenda mboti mu ngemba. Mfumu Nzambi kakusambula!
Claver

19 mai, confiteor unum baptisma

J'ai oublié de célébrer quelque chose d'important mais je ne me suis pas donné la peine de savoir quoi. Zut alors! Le soir, tandis que je cherchais un prétexte pour ouvrir une bouteille qui traînaillait dans le placard, l'événement me revient: c'était mon anniversaire. "Ce n'est plus le 29 avril" rétorque Clavère. "Le 29 c'est mon anniversaire biologique. Le 19, c'est mon anniversaire spirituel". Je fus baptisé le 19 mai 1957 par le Père Joseph Malfliet SVD, à Kimbau, mission catholique fondée par le Père Allard en personne il y a bientôt 100 ans. C'était deux mois avant la fondation de la préfecture de Kenge.
Et dire qu'il y a quelques mois, une collègue m'invitait à aller me faire baptiser dans son église, prétendant que le baptême catholique n'offrait aucune garantie spirituelle. Un autre jour, mon étudiant de 19 ans, un fondamentaliste, s'est présenté à mon bureau pour m'expliquer la Bible parce que, pensait-il, la littérature que j'enseigne propage un esprit de péchés. Un autre, un pasteur inspiré, n'avait pas trouvé mieux que de m'annexer à sa liste d'adeptes simplement parce que mon porte-monaie perdu a été retrouvé dans l'enceinte de sa propriété commerciale. Une autre collègue ne cesse de m'inviter à visiter l'église des Nigérians, car celle-ci correspondrait parfaitement à mon âme d'Africain. Blablabla!
Credo in unam sanctam catholicam et apostolicam Ecclesiam

14 mai 2010

Congratulations, Papa Charles et Maman Odile KIOSI

15 mai 1955 - 15 mai 2010.
55 ans de vie matrimoniale. Plus d'un demi-siècle de vie commune, de partage, de sacrifice, d'épreuve, de joie. 55 ans de fidélité. For rich and for poor. Jusqu'à ce que la vie éternelle les sépare.
Félicitations Maman Odile et Papa Charles. 55 ans durant, dans une complicité toujours renouvelée, vous avez vaillamment traversé les brouillards des épreuves, tenu allumée la flamme de confiance du premier regard, rendu et maintenu indéfectible votre amour. De ma lointaine Barbade, je vous exprime au nom des miens ma profonde admiration et ma gratitude pour l'éternelle amitié qui me lie à votre fils Séraphin, pour l'affection et le chaleureux accueil que j'ai toujours reçus dans votre maison. Puisse le Très-Haut vous combler de ses grâces et bénédictions! Paix, santé et joie!
Meilleurs voeux encore une fois!

13 mai 2010

Les Sapeurs

Papa Griffe déclarait au Miami Herald (16.03.2010): "Clothing - it's an important science in this human life on Earth. It gives a person value" (L'habillement - c'est une science importante dans la vie humaine d'ici-bas. Il donne valeur à la personne."
Mwana-Mayi dit: "Nalela kitendi." J'adore le dieu "Vêtement". Les sapeurs, les adeptes de la Sape (société des ambianceurs et des personnes élégantes) traînent déjà une longue histoire, vieille de bientôt trente ans. Blablateurs, ai-je dit hier? Non, nous sommes des sapeurs. Une autre création de nos chers Congolais des deux rives pour hisser au créneau l'habillement comme objet de culte.
Cavalli, Versace, Ceruti, Ferre, Yves-St-Laurent, Dior, Gautier, Smalto, Yamamoto, Masantomo, etc., tels sont les noms de griffes qui sortent spontanément de leurs bouches. Leur conversation quotidienne tourne autour de cette religion. Alain Mabanckou dans Black Bazar en présente un nommé "Fessologue" (vous avez bien compris) qui, au grand mécontentement de son vicieux voisin martiniquais, se sape pour aller balancer sa poubelle à la cave de l'immeuble qu'il habite.
Vous avez dit, un concert de musique? Allez les voir défiler. Ils s'amènent avec des malles pleines d'habits ainsi que des brosses, des fers et planches à repasser. J'ai vu. Ils arrivent en général en retard, dans des tenues extravagantes: des hommes en jupes ou en draps et chaussés de souliers ou bottes ostensiblement impressionnants. J'ai vu un clip où le sapeur n'avait rien trouvé de mieux que de se mettre un soulier comme chapeau. A un moment, le concert s'arrête pour permettre aux sapeurs de dévoiler leurs dernières collections, sans oublier de mentionner les prix de ces trésors à la Place Vandôme, dans un temple de couture de Milano ou de la Bahnhofstrasse de Zürich. Les musiciens eux-mêmes sont des sapeurs, des grands maîtres. Ils aiment à adorer leurs grands chanceliers, lancer leurs grands-prêtres, leurs petits de confiance argentiers de London ou de Panama, leurs reines, princesses et mères, etc. Attention: il n'y a qu'une Mère Premier (sic), Mère Malou. Paix à son âme. Même le Pape aurait voulu savoir qui était Mère Premier, tellement il avait entendu parler d'elle. Papa Wemba avec son obscur ami Niarkos ont construit leur triste réputation sur cette mission du paraître. Ors, bijoux, parfums, coiffures, tissus, chaussures, etc. sont mis à profit pour sculpter le LOOK du Sapeur ou de la Sapeuse (?). Je crois que même les femmes sont appelées sapeurs. Corrigez-moi si je me trompe. Car dans ce monde-là "l'adjectif s'accorde en genre et en nombre avec celui qui parle". Grammaire revue et corrigée. Cela ne vient pas de moi.
La SAPE, telle que pratiquée par certains compatriotes africains, est un fléau source de regrettables déviations. De l'immigration clandestine au vol le plus crapuleux, tel est le lot de ceux qui veulent s'habiller cher. A tel point que, dans ce pays, être propre équivaut à se vêtir cher. Concerts de musique, terrains de football, mariages, baptêmes, églises sont tenus pour des hauts lieux de la Sape. Voire le pasteur lui-même, c'est un haut sommet de grrr...rand-prêtre, un grand mikiliste, un sapeur. L'évangélisateur roule dans une Compressor et porte une montre Rolex ou Breguet. Il se présenterait un jour au culte en pijama qu'il serait acclamé comme un roi par sa congrégation pourvu que le pijama coûte 2.000 $.
La sape a une influence désastreuse sur les jeunes à tel point qu'un jour mon cadet de frangin m'a surpris, me déclarant: "Ya Claver, moi je ne peux pas mettre une chemise de moins de 25 £" (45 US) Il a été surpris de m'entendre dire que moi à qui il tenait ce discours n'ai jamais déboursé autant pour une chemise. Je sors décidément d'un autre monde, d'une autre école. Le luxe ostentatoire, connais pas. Le vrai sapeur acquiert sa chemise à 250 £. N'osez pas lui demander d'où lui provient l'argent. Secret professionnel ou de polichenelle! La fille du pétrolier et de Nkolo Budget, elle-même grand sapeur, est non seulement une adepte des charmes du dieu Kitendi, mais aussi une pourvoyeuse de fonds. BCBG Bon chic bon genre!
Le même frangin m'a rapporté cette phrase d'un sapeur revenant d'un concert: "Lelo, tobeti forme ya danzé. Ya moke te, ya mingi! Ba vivre biso!" (Aujourd'hui nous nous sommes très bien habillés. Sans blagues, très très bien habillés. Nous avons frappé très fort)

12 mai 2010

Comment je vécus l'attentat contre Jean-Paul II

Rome, 13 mai 1981. Ce jour-là, je me trouvais à Rome. J’étais étudiant en deuxième année de théologie à l’université de la Propagande Fide. C’était un mercredi, jour des audiences papales, je suis allé à l’institut Goethe sur la via del corso, près de la Piazza Venezia. Après le cours d’allemand que je suivais tous les mercredi et jeudi de 15 à 18 heures, je cherchais à retourner au collège. Je devrais prendre les bus 64 ou 62. La circulation était bloquée. Rien ne bougeait. Le bus 64 est arrivé mais ne pouvait se déplacer. Alors j’ai décidé de marcher jusqu’au Largo Argentina. Je sentais que quelque chose tournait mal mais je ne pouvais rien dire de précis. C’est là que j’ai rencontré dans un kiosque de tabac un condisciple égyptien Chenouda, qui finissait son cycle de théologie cette année-là.
C’est lui qui m’a dit ce qui m’a expliqué ce qui se passait : « On a tiré sur le pape ». Après un temps de silence, je me suis rendu compte que tout le monde près de moi suivait l’événement à la télévision. Comme nous n’avions pas d’autre choix pour retourner au collège, nous avions marché de Largo Argentina au Collège Urbain sur le Janicule.
Tout était si triste ce soir-là. En plus il y avait une parole maladroite d’une soeur salvadorienne qui vivait au Foyer Paul VI. Selon elle, l’homme qui avait attenté à la vie du Saint Père Jean Paul II était un Africain. Elle était à la Place Saint Pierre lorsque l’incident est arrivé. Je me souviens comme tous les Africains présents lui en ont voulu. Le père Natale Fumagalli, notre recteur, nous a alors invité à une veillée de prière pour la santé du Pape. Je m’en souviens vingt-neuf ans plus tard comme si c’était hier.

Mi ricordo dell'attentato a Giovani Paolo II

Roma 13 maggio 1981. Quel giorno ero a Roma. Ero studente di teologia alla Propaganda Fide. Quel giorno era un mercoledi, giorno delle udienze papali, sono andatto al Goethe Institut sulla via del Corso, vicino alla Piazza Venezia. Dopo il corso di tedesco che seguivo ogni mercoledi e giovedi dalle 15 alle 16, quello giorno, cercavo di ritornare al Collegio Urbano. Dovevo prendere il bus 64 o 62. Il traffico era bloccato. Niente si muoveva. Il 64 è arrivato, pero non si poteva muovere. Allora ho' deciso di caminare fino al Largo Argentina. Sentivo che qualcosa andava male ma non potevo dire niente di preciso. E' là in un neggozio o un tabacchaio ho incontrato il condiscepolo del collegio, Chenouda, un'egiziano che finiva la teologia quell'anno. E' lui che mi ha spiegato quello che succedeva: "Hanno sparato il papa!" Dopo un tempo di silenzio ho visto che tutta la gente accanto a me seguiva l'evento alla televisione. Come non avevamo un'altra scelta per ritornare al collegio, abbiamo caminato dal Largo Argentina fino al Collegio Urbano sul Gianicolo.
Tutto era cosi triste quella sera. C'era anche una sfortunata parola da parte di una suora del Salvador che stava al Foyer Paolo VI. Per lei, l'uomo che aveva attentato alla vita del Santo Padre Giovani Paolo Secondo era un Africano. Era alla piazza quando era accaduto l'incidente. Mi ricordo ancora come tutti gli Africani presenti l'avevano minacciata.
Padre Natale Fumagalli, il nostro rettore, ci aveva allora invitato ad una vigilia di preghiere per la salute del Papa. Me lo ricordo ventinove anni dope come se fosse ieri.

Telema

De la souffrance. On en parle toujours et depuis toujours. On s'enlise dans le problème à force de le répéter. La crasse de la misère noire côtoie et toise l'opulente bourgeoisie formée d'insolents nouveaux riches. La dignité humaine est sacrifiée.
Lorsqu'une parente me disait dernièrement qu'elle buvait à Kinshasa l'eau des mares et des égoûts, je ne voulais rien entendre. Aujourd'hui, j'apprends que des gens boivent de l'eau dont la source est située dans un cimetière. Les robinets sont secs depuis des mois, mais la facturation de l'eau continue. J'en suis estourbi. L'électricité, n'en parlons même pas. Je me souviens d'un clip diffusé sur le thème de "Christmas Lights" où l'on a vu Kinshasa en pleine obscurité, alors que New York, Paris, Johannesbourg, même ..., étaient étincelants.
C'est pourtant le pays du grand fleuve Congo et ses nombreux affluents, de la forêt équatoriale. C'est le pays du grand barrage d'Inga. Et ce sont ces denrées élémentaires, déjà efficacement résolues ailleurs, qui font problème au Congo et en Afrique. A se demander si on n'est pas maudits! Parlez-moi encore de scandale géologique! Blablabla. Mobutu avait pour insulter nos frères d'en face, son néologisme: les "blablateurs". S'il est un record que l'on doit nous octroyer, je n'en trouve qu'un seul: celui des plus grands destructeurs de l'humanité. Vous cherchez des preuves. Osez mettre des cabines téléphoniques, des machines de retrait d'argent ou même des distributeurs automatiques de boissons sur une voie publique. Revenez vingt-quatre heures plus tard. Vous m'en direz des nouvelles. Alors qu'ailleurs, de tels services fonctionnent normalement. Nous avons une capacité incroyable de destruction. Qu'avons-nous fait d'énormes ressources naturelles et humaines dont Dieu nous a pourvus? Rien, rien, rien. Pour dix sous et par égoïsme, on est prêt à trahir son pays. Des incapables et des incompétents, voilà ce que nous sommes! Incapables de nous tenir la main dans la main pour vivre en harmonie. Incompétents, parce que nous ne savons pas ce que c'est qu'une nation souveraine.
Guerre, désolation, désorganisation, gabégie, crime, vol, haine, corruption,... destruction de la morale et du bon sens. Voilà ce en quoi nous passons maîtres!
Get Up, Stand Up For Your Rights! Telema!

23 avr. 2010

Buon Compleanno, Lodo

Ieri, il 22 di aprile la mia amica di Crema, Lodovica Radaelli ha celebrato il suo compleanno. Non ho' potuto chiamarla ma ho pregato per lei.
Conosco Lodo da trent'anni quando era ancora studente a Udine, mi pare. Ci siamo conosciuti all'Instituto Goethe di Staufen in Germania dove avevamo imparato la lingua tedesca. Poi da Roma sono andato parechie volte a casa sua a Crema. L'ultima volta che ci siamo visti era a Fribourg in Svizzera pocho tempo prima del mio ritorno al Congo nel 92. Auguri, carissima Lodo! Dio ti benedica!

21 avr. 2010

Comme le temps passe !

Dimanche, 21 avril 1974. Il y a jour pour jour trente-six ans, je me trouvais pour la première fois à Bandundu; c'était l'ordination sacerdotale de l'abbé Innocent Mwela-Kipoy, premier prêtre de Kenge formé au petit séminaire de Kalonda. Nous sommes arrivés de Kalonda le 20 avril, avions logé au collège Kivuvu. J'étais chargé d'enregistrer les chants de la messe... mais on n'a jamais entendu ces chants. Le jeune homme avait maladroitement manié l'appareil? Ou bien était-ce une panne technique? Allez-y savoir. Les cassettes comme nous les connaissons aujourd'hui n'existaient pas à cette époque. Proficiat abbé curé Mwela! Kisalu ya mbote na dihya ya Mfumu! Je m'en souviens encore comme d'hier. C'était la deuxième ordination à laquelle j'assistais, après celle de l'abbé Kapende deux années auparavant à Kenge.

3 avr. 2010

Where Are You From?

Every African fellow who lives in the Caribbean once comes to be asked this question when talking to Bajans or any other Caribbean. As soon as you open your mouth, your accent discriminates you so that you are automatically taken for a foreigner. To me "Where are you from?" means much more than just a curiosity expression; it is a very tricky question. I might be wrong, it is debatable. Its real meaning depends on the person who asks the question and how the question is put. When one asks me : "Are you from Nigeria?" I always answer: "Not yet" I sometimes add: "maybe in a future life!" People usually laugh everytime I give this kind of answer. That is the way I have found to avoid answering this extremely embarrassing question. But when I am in a bad mood, I simply ignore the question or sometimes express my anger, because it may empower the questioner to go beyond the boarders of courtesy.

"Come on, Man, take it easy, you are in the paradise of Barbados and don't live in your African jungle any more. Life nowadays is much less complicated to cope with, and the world has become a universal village. Don't worry about that, Buddy! It is just a question. Right? "

27 mars 2010

Le temps, mon Dieu, qu'il passe vite !

Beaucoup de gens font cette expérience. Le temps passe vite. Hier encore, on faisait ceci. Aujourd'hui, c'est déjà une année. Souvent, c'est l'intensité du souvenir qui l'étend ou l'écrase. Je viens de revoir une photo de moi-même tirée il y a bientôt dix ans. Et j'ai pris le soin de me photographie illico avec un appareil digital. La différence est nette. Moi qui me crois toujours jeune, suis aujourd'hui vieux, même très vieux. Mais je refuse de le reconnaître, je refuse de vieillir et de me soumettre à la loi du temps. J'ai l'illusion que j'ai encore longtemps à vivre.
Je continue de penser aux gens comme s'ils avaient encore le même âge que la dernière fois que je les ai vus. Untel, mais il a vieilli. Cela n'arrive qu'aux autres. Une nièce qui, hier encore se réjouissait sur le boulevard Lumumba en criant "toleki bango" (nous les avons dépassés), est aujourd'hui une respectable mère de quatre enfants. Je ne l'ai pas vue depuis, mais je ne garde d'elle que le souvenir de ses huit ans. Ne soyez donc pas surpris, si un jour vous vous percevez dans votre propre cerceuil. Pourquoi pas? L'imaginaire rejoint parfois le réel, et ce sera votre fin.

20 mars 2010

"Suniah, Kobu, mwana Tata Kasala"

"Bing Bang, Jacob, fils du papa de Kasala" Voici une anecdote signée "Kahiudi Original". Pour la petite histoire Kahiudi, le postnom que je porte, fut le nom de mon grand-père décédé en 1991. Mon grand père racontait l'épopée d'une réussite singulière aux examens d'état.
"De partout se sont amenés des gens, des milliers de gens. Des jeunes, des adultes, hommes et des femmes de tou âges pour ce concours décisif. Kolokoso était bondé de monde. Comme pour une guerre, de tous les élèves qui se sont présentés au centre des examens de Kolokoso, il n'y a eu qu'un seul vainqueur comme un miraculé: Jacob, fils de Tata Kasala."
L'écrit ne peut malheureusement pas réfléter l'éloquence du vieux sage ni la beauté poétique du timbre de sa voix. Jacob est le miraculé qui a accompli cet exploit. Très fier qu'un fils de son village soit universellement couronné pour son intelligence, mon grand-père n'a pas dérogé à l'art des envolées épiques de la tradition des Basuku. Allez-y savoir ce qu'il y comprenait effectivement! Quoi qu'il en soit, tout le monde dans la famille a retenu cet épisode.
Jacob Bilombi Menga Mbela est mort il y a dix jours. Il a été enterré le 17 mars 2010 à Kinshasa. Paix éternelle à son âme! A Kobu, wenda mboti, m'leki. Nzambi kakuheka luzingu lwa konda tsuka.

15 mars 2010

Passeport biométrique de la RDC

Je viens de lire sur digitalcongo.net un article au sujet des magouilles perpétrées dans les ambassades congolaises pour la vente des passeports biométriques. Obtenir ce passeport relève d'un héroïque parcours de combattant. C'est le passeport le plus cher qui existe au monde, alors que la population congolaise compte parmi les plus démunies. Je suis allé le chercher à Kinshasa-même, Dieu seul sait au prix de combien d'humiliants sacrifices et de perte inutile de temps. Ce qui surprend, c'est la corruption généralisée, c'est, à tous les niveaux, l'immense foule d'intermédiaires et facilitateurs prêts tous à tirer leur part de la manne. On y perd un temps précieux à ne rien faire, à attendre que la roue tourne en sa faveur. Une odieuse expérience où l'on est réduit à une chose! Les agents du service, moqueurs de votre naïveté, vous suggèrent de recourir au "nzela ya mukuse", un raccourci. Un ami m'a taquiné: "Tu aurais dû prendre une chambre au ministère des affaires étrangères, au lieu de prétendre que tu es venu nous voir".

D'autre part, le délai pour l'invalidation des anciens pass était très court, et l'information très mal diffusée. Au point de se demander si vraiment nos gouvernants ont le souci de faciliter les choses à leurs sujets. Il y a aujourd'hui des milliers des Congolais bloqués ou interdits de voyage à cause de ce passeport. Un autre s'étonnait qu'après tant d'années à l'étranger j'aie gardé la nationalité congolaise. Une chose est vraie: Malgré toute l'ignominie liée au statut congolais, je nourris au fond de moi un attachement très fort pour ce pays qui m'a vu naître. "Tu rêves debout, rétorque-t-on. Cher ami, le patriotisme est un mot vide et révolu dans ce pays-là et aucun miracle n'y est possible."

19 févr. 2010

"Non on va à l'école"

Il y a quelques jours, j'ai été surpris par cette phrase prononcée par Claver Jr et Madeleine-Chrystelle. Je ne dirais pas qu'ils aiment particulièrement l'école. A trois ans et deux mois, ils préfèrent rester jouer à la maison plutôt que de subir l'école enfantine où ils sont inscrits.
Et presque chaque matin au réveil, ils répètent: "L'école est fernée" (Sic) Cette fois-là, je leur ai dit: "Alors on va à l'école?" Leur réponse à l'unisson: "Non on va à l'école. L'école est fernée, Papa" Surpris, je réfléchis un peu. Dois-je corriger et dire: "Non, on ne va pas à l'école"? Une formulation certes grammaticalement correcte, mais qui ne correspond pas forcément à leur façon de s'exprimer. Je me retiens.
Me voilà remis à l'école de la logique. Comme ils parlent aussi anglais, j'ai d'abord pensé à une interférence. Peut-être. Qui sait? Leur "No" ne se confond presque pas avec "Non". Allez-y voir! Le fonctionnement langagier de ces enfants de trois ans me semble relever d'une logique plus conforme au génie naturel de l'humain et plus conforme au réel. En effet, ( ~p ) est une négation de proposition, non pas une négation de verbe.
Une collègue linguiste m'a conseillé d'écrire un livre sur les comportements des enfants. J'ai pas envie de transformer ma maison en laboratoire. J'en fais déjà ailleurs. Comme quoi, la vie est une véritable école d'apprentissage.

13 févr. 2010

"Battre sa femme et tous les records"

La vie a de ces surprises qui vous laissent parfois ahuris, hagards, bouche bée. Le même homme est capable à la fois de bien et de mal. Ce n'est pas nouveau, c'est même normal. Nil novi sub sole! Chacun le fait quelque part. Seulement, voilà. Un pays entier, le mien, tient des records inadmissibles. Plus les années avancent, plus il tourne en rond. La faute, c'est toujours aux autres. Le corrompu, c'est toujours l'autre; le corrupteur n'est jamais montré du doigt. Quelle société pourrie!
"Battre sa femme et tous les records" n'est rien de moins que la phrase paradigmatique à laquelle recourait notre illustre professeur de latin pour nous expliquer une figure de style surprenante, le "Zeugma". C'était le Père Bernard Overgoor SVD. Honneur et respect à ce maître de très grande culture, mais à la simplicité désarmante!

Au moment de terminer ces lignes, je découvre sur la page info de la SVD Congo que le Père Ben a accompli ses 50 ans de sacerdoce le 31 janvier dernier. Très sincères félicitations! Vita, pax, felicitas! Merci pour tant de bienfaits... indescriptibles. Je peux entre autres être fier d'avoir eu le privilège de passer avec vous deux semaines chez vos parents - Paix à leurs âmes - à Stoutenbourg en juillet 1980. Dieu vous protège et vous garde.

Je n'oublierais jamais l'autre jubilaire, le père Everard Leferink SVD, mon excurens qui m'a conduit de Mutoni à Kalonda le 1er septembre 1969, pour ma première année au petit séminaire. De Kimbau à Kenge, à Bagata et Bandundu, il est resté un missionnaire idoine et dévoué. Proficiat, Père Divera! Vous souvenez-vous de cette phrase: "Nki m'kuna lwa samwanaka ni, yuka ya tambula kimasi, nganga-Nzambi umponda?" (Sic - Homélie du P. Everard en kisuku, Mutoni, juillet 1970. Reprise aussi dans mon autobiographie) (Pourquoi dites-vous: si je reçois l'extrême onction, le prêtre me tue?) J'étais servant à cette messe. Dieu vous protège et vous garde.

5 févr. 2010

La vie 2

Lorsque j'étais enfant et jeune, je rêvais beaucoup; et quelques-uns de mes rêves se réalisaient dans la réalité. Je rêvais souvent que je sautais d'un lieu à l'autre comme par magie. Lorsque, plus tard, je me suis exercé à la méditation philosophique, je découvrais une partie de moi qui percevait, éveillée et consciente, des sensations prémonitoires. J'écrivais de la poésie que je garde encore jalousement dans mes tiroirs de crainte de me laisser révéler des vérités insoupçonnées. Ils font partie d'un chapitre de mon autobiographie en chantier. J'ai longtemps cru en ma bonne étoile, filante, guide précieuse de mes choix vitaux. Et j'y crois encore, mais avec un peu moins d'assiduité. Peut-être que j'aurais dû y faire plus attention et foi. Ces retournements, c'est aussi la vie. Du moins, je le pense et le crois. Mais seulement voilà, alors que j'ai aujourd'hui la cinquantaine révolue, ce rêve de saut dans l'espace revient. Je ne l'ai jamais complètement enfoui dans l'inconscient. Peut-être que je m'incarne allègrement dans mon fils, Claver Mukawa, de trois ans! Chi lo sà? Psychologues et psychanalystes, à vos trousses!
Une chose est vraie: les rêves m'ont longtemps forgé, guidé et aidé à me protéger contre certains assauts malintentionnés, et il y en a eu beaucoup dans ma vie. Ne dit-on pas que chacun a son petit démon? Mais je ne suis pas superstitieux, je ne crois pas en la sorcellerie.
A cette minute, ma pensée se tourne vers mon ami, Jean-Marie Matutu Ndombasi, professeur de psychologie au grand séminaire de Mayidi et aux facultés catholiques de Kinshasa. Plus d'une fois, au cours de nos conversations à Rome et même à Grez-Doiceau, je lui ai dit ma méfiance vis-à-vis de la science dans laquelle il s'est spécialisé. Diogène, je crois que c'est un cas pour toi.

4 févr. 2010

La vie

Depuis quelques années, je pense de plus en plus, voire très souvent à la mort. En 1976, j'étais très tenté par la profession médicale, mais à la suite d'une malaria qui m'avait terrassé, j'y avais renoncé, pensant que je serais dégoûté d'avoir à traiter des malades au cours de toute ma vie active. Je m'étais convaincu que, tout en respectant considérablement ceux qui ont embrassé cette carrière, ce n'était pas un métier fait pour moi. Bien que je ne regrette nullement mes choix ultérieurs, l'expérience de la vie m'a rendu très sensible aux questions de la maladie et de la mort.
Ces réalités sont proches de moi, je les rencontre chaque jour sous différentes formes. On dirait que la vie d'un être humain ne consisterait qu à retarder l'avènement de la mort. Juste attendre l'échéance fatale et finale. Juste attendre son heure. Rien de plus.

14 janv. 2010

Faustin Mampuya

Je viens d'apprendre par un e-mail du Congo qu'Antoine Faustin Mampuya est hospitalisé à Bonga depuis quelques jours. Cette nouvelle me touche beaucoup parce que c'est un ami avec lequel j'ai traversé une bonne partie de ma vie, depuis Kalonda jusqu'à Kenge en passant par Mayidi, Kalonda II, Rome. On s'est brièvement revus en 2003 à Kinshasa. "L'arbre ne tombe que du côté où il penche", avait commenté Doyen sur une photo que nous avions prise à Zunzi. Bonne guérison, L'homme. Dieu te protège et te garde!

13 janv. 2010

Haïti encore une fois meurtri

Depuis hier, 12 janvier 2010, le monde entier a les yeux tournés vers Haïti où un séisme de magnitude 7.0 a causé la mort des milliers de personnes; le premier ministre craint que le bilan s'élève à plus de 100.000. Paix à leurs âmes! Tout en pensant aux morts, je m'associe à la douleur de ce pays qui est encore sous le choc de cette épreuve cauchemardesque. Que les hommes et femmes de bonne volonté joignent leurs efforts pour soulager nos frères et soeurs haïtiens!

8 janv. 2010

In memoriam: Abbé Boniface Ndoy (1934-2009)

J'ai appris avec une vive émotion le décès, le 7 décembre 2009 à Kinshasa, de l'abbé Boniface Ndoy, prêtre du diocèse d'Idiofa, ancien directeur du petit séminaire de Laba, secrétaire-chancelier, économe. L'abbé Boniface que je connaissais de réputation par mes condisciples de Mayidi, arrivait à Kalonda pour assumer la fonction de premier recteur du Grand séminaire St. Augustin en 1978, l'année même où je faisais ma régence au Petit séminaire. J'ai vu l'intrépide formateur poser, en compagnie de l'abbé Jean-Valère Mbuluku, les bases de la maison de formation. Ce n'était pas facile de mettre sur pied une institution presque sortie de nulle part, mais il avait le charisme propre aux esprits fondateurs; cela a sauvé l'institution des dérapages qui auraient pu nuire à son développement. Que des sacrifices, que des revers, que d'incertitudes! Dieu aidant, il a tenu bon. Le philosophat interdiocésain de Kalonda, qui était inauguré le 11 novembre 1978 par Mgr Lubaki, lui doit énormément.
Au-delà du prêtre pieux, édifiant et dévoué à sa fonction, j'ai reconnu un homme très simple, sympathique et affable... Il n'aimait pas trop la barbe que je cultivais à l'époque, m'offrant volontiers des lames de rasoir. Je n'oublierai jamais ce qu'il prédisait déjà, en 1979, au sujet de notre pays: "A l'allure où vont les choses et à force de s'habituer au mal, le Zaïre connaîtra une très grave crise dont il ne se remettra jamais; et il faudra des générations pour reconstruire ce qu'on détruit." C'est de l'abbé Ndoy que j'ai appris à utiliser l'expression "mine de rien". Et chaque fois que je l'utilise ou la lis quelque part, je pense à lui.
Après Kalonda, j'ai eu peu d'occasions de le revoir. A Rome, à Kikwit. Mais chaque fois que nous nous sommes revus, la chaleur de notre relation était solide. Je garde beaucoup de respect et d'affection pour cet homme de Dieu que j'ai eu la chance de croiser sur mon parcours. C'est pour cela que je joins mon éloge à celui des milliers qui ont apprécié la rigueur de cet agent de l'évangile, qui ont bénéficié de ses conseils et enseignements, et que la perte de l'abbé Boniface afflige profondément. J'ai la conviction que les pères Charles Schwertz (+) et Ben Overgoor, les frères Hermann Helm (+) et Jean Baptiste van Roojen, les abbés Charles Kapende, René Singa, Faustin Mampuya qui ont vu les premiers pas de Kalonda comme grand séminaire, ne me contrediraient pas s'il leur était demandé de rendre témoignage. "O mort, où donc est ta victoire?"
Mbuta na mono, kwenda mbote! Ngemba ya Kimfumu ya Zulu kuvanda na nge!