25 juil. 2018

Pensées pour Louise

Coulommiers 25 juillet 2018. Il y a 24 ans est décédée ma soeur bien-aimée Anne-Louise. Ellle est partie pratiquement le jour de sa naissance. Et je me souviens de cette naissance car ce matin-là, envoyé par mon père pour m'enquérir de la situation, j'entrai par inadvertance dans la salle d'accouchement de la maternité de Kenge. Je n'oublierai jamais la scène car maman intriguée par cette intrusion impromptue me pria de quitter sans tarder le lieu. L'enfant n'était pas encore née. La nouvelle nous arriva au moment où je retournai à la maison. Ce fut il exactement 53 ans. Plutôt que de parler de sa mort, je préfère me souvenir de sa naissance o combien mémorable. De l'auberge "Je me repose" où j'ai élu mes pénates en juin et juillet 18, j'avais le serein et discret loisir d'observer d'assez loin ou près - c'est selon - le lieu de son enterrement à côté de l'ancienne piste d'aviation de Kenge. Paix à son âme!
Je viens de sentir sa présence en ce moment même où je finis ces lignes. Quelque chose d'inoui vient de se passer dans ce salon de Coulommiers où je me trouve. Elle est là avec moi. Il est 3h23. Merci Louise pour ta permanente proximité! Buna bwa mboti Luisa kuna wenda ye kuna wena!

23 juil. 2018

Quelques souvenirs

Chaque fois que je vais au pays, je suis à la fois impressionné et choqué. Impressionné par la résilience des gens que je rencontre et choqué par l'intervalle qui existe socialement entre les riches et les pauvres. Des riches, il y en a, et de plus en plus nombreux. Ne me demandez surtout pas comment ils bâtissent ces immenses entreprises et amassent ces richesses. Ce sont des questions qu'il ne sied ni de poser ni de se poser. On peut rouler cabosse avec un salaire mensuel de moins de 1000 dollars américains. Cela s'est vu, cela se voit et se verra. Les pauvres croupissemt sans pitié dans une précarité qui dépasse tout entendement. 
La route qui mène de Kinshasa à Kenge est bonne comme du temps où je travaillais à l'évêché dans les années 80. Moins de trois heures suffisaient pour joindre les deux villes. Certains croient que cette route remise sur pied par le "troisième" régime ne serait que le fruit de leurs efforts. Certains ignorent que ce pays a toujours existé avec tout ce que nous voyons aujourd'hui. Certaines routes ont été améliorées, élargies; d'autres sont tombées dans les oubliettes. Passez à Yolo pour vous en rendre compte. Ou encore mieux, sortez des grandes artères routières, et vous m'en direz des nouvelles. Le bus Transco semble fonctionner mieux que ne le fut la Sotraz. Il est ponctuel, rassurant et très bien organisé. Cette compagne mérite respect et admiration. Je l'ai empruntée à plusieurs reprises, et je sais de quoi je parle.
A Kenge on mange du pain venant de Kinshasa. Des agences de transfert d'argent comme Lutros ou M-pesa rendent des services énormes à la population. Mais les structures urbaines restent encore dans un état lamentable. Des difficultés normalement résolues ailleurs demeurent insolvables. Hier dans une conversation avec une amie nous sommes arrivés à la conclusion que les élus de Kenge l'ont été sur la base d'un programme visant l'amélioration de l'approvisionnement en eau, électricité et denrées alimentaires de première nécessite. On n'a jamais vu rien venir. Les pré-élections politiques augurent des batailles rangées entre les prétendants au couronnement national. Le discours propagandiste continue.
Kenge est un miroir sur le Kwango et les nouvelles provinces qui peinent encore à se doter d'infrastructures adéquates dans les différents secteurs de la vie. On ne peut que souhaiter un franc succès au nouveau gouverneur Kanys Makofi et à son gouvernement. Bon entrepreneur, ce monsieur a mis sur pied un restaurant; il roule en jeep Hummer, des fois avec sirènes et convoi. Pourquoi pas après tout? Les avis sont partagés quant à son avenir immédiat. Il sera jugé à la mesure de son bilan. Passons. Laissons la politique à qui de droit!

Retour sur un séjour au pays

Du 7 juin au 21 juillet, j'ai séjourné au Congo, plus précisément à Kinshasa et à Kenge. Mes activités principales se sont déroulées à Kenge: recherche, enseignement, direction de travaux de fin d'études. A côté de cela, j'ai effectué des démarches administratives compliquées par un manque d'informations précises. Tenez! 
Remontons au 16 janvier 18. Ce jour là la DG de l'ISP m'a demandé de compléter mon dossier afin d'entériner ma nomination au sein de cet institut. Je contacte le SGA pour les détails pratiques et les éléments constitutifs du dossier. Il m'a fallu attendre jusqu'à la mi-mai pour recevoir la liste des documents. Et cela grâce à un chef de travaux qui l'a fait deux jours après que je l'ai contacté. Du temps perdu  à attendre une liste d'éléments que le SGA n'a jamais pu rassembler en quatre mois.
Du 6 ou 7 juin a eu lieu à Kenge une formation de pédagogie universitaire à laquelle ont participé tous les cadres académiques. J'aurais pu participer à cet atelier si l'ISP avait fait preuve de bonne prévision en me tenant informé car j'étais déjà au Congo. Ce qui m'autrait épargné de faire un saut expres à Kin. En tout état de causes, j'aurais pu obtenir l'attestation de pédagogie universitaire sans problème. 
Le 26 juin la DG de l'ISP me demande de la rejoindre à Kinshasa pour qu'on finalise le dépôt du dossier. Cap sur CA ISP, Fonction publique pour l'équivalence et Ministère de l'ESU. Des bureaux où on rencontre des responsables et où on met des visages sur des titres. L'élément positif, c'est que j'ai pu me rendre compte de la difficulté des démarches dans les édifices administratifs de notre pays. De longues attentes pour un résultat à peine considérable. Impossible de poursuivre les transactions étant donné que certains éléments manquaient au dossier. Trois jours de voyage et de séjour sans issues effectives. Ce qui aurait dû être fait auparavant, n'était pas fait. C'est à mon retour à  Kenge que le dossier complet a dû être constitué dans la précipitation. Du 16 au 20 juillet, j'ai encore dû effectuer des démarches dans les mêmes bureaux. Ces démarches impliquent qu'on dépense de l'argent à n'en pas finir. C'est déposé, le reste suivra son cours. Il est conseillé de graisser de temps en temps les pattes des agents, m'a-t-on dit.
J'ai parlé des mémoires dans l'article précédent. Je n'y reviens plus. Ils m'ont pris un temps énorme au point que je n'ai pas pu dire au revoir à tous les miens.
J'étais logé à l'auberge Je me repose. Un cadre relativement calme et plus commode que la procure où j'ai été les deux premières fois. Cette auberge m'a offert un cadre de travail agréable et efficace. Le grand problème de Kenge, c'est l'eau et l'électricité. Je me suis réjoui de la lumière car il m'est arrivé de demander qu'on tourne le groupe pour que je travaille lorsque les paneaux solaires s'avéraient insuffisants. Transport, nourriture et accommodation étaient bien assurés par mes proches que je remercie infiniment.
Côté politique. J'ai fait la connaissance de plusieurs députés en fonction. Le nouveau gouverneur du Kwango a pris ses fonctions. J'ai pu saluer l'Honorable Théo Mbemba à sa résidence. Dans l'effervesence des élections à venir, il y avait pas mal de rassemblements pour fixer les listes. J'ai ainsi pu croiser des candidats. Tout le monde se positionne. Le gérant de l'auberge est candidat. Mon cousin Zingle se préparait aussi. Mme Gabrielle Ilenda a dans une interview à la Radio Kimvuka annoncé sa candidature au poste de député national pour la ville de Kenge. Tout comme un autre proche, Odon Mumvudi, lui aussi candidat pprd à Kenge. Les choses bougent décidément. Tout en les encourageant, je suis curieux de voir ce qui se passera en décembre.
Etc. j'arrête là pour aujourd'hui. 


22 juil. 2018

23 juillet à Londres

Il y a deux heures, j'ai fait un rêve comme il m'arrive souvent de le faire. Je concélébrais à Pont Kwango une messe présidée par Mgr M'Sanda d'heureuse mémoire. Je l'ai arrêté par mon censeur automatique anti-cauchemar; Ce rêve révèle deux choses. Un certain 23 juillet 61 était ordonné à Kimbau l'abbé Dieudonné M'Sanda. Paix à son âme! Un signal très fort d'un attachement plus que cosmique. La deuxième, c'est que la hantise de mon passé resurgit à chaque tournant important de la vie. D'autre part, l'église de Pont-Kwango fut la dernière église bénie du temps où je travaillais à l'évêché. J'étais présent. A la rencontre qui a suivi la messe, j'avais fait la connaissance de Papa Menga d'heureuse mémoire, père de la  Soeur  qui convola avec Firmino. Autant de liens et de souvenirs.  Le reste, je l'abandonne entre les mains de mon ps personnel et privé. A vos manuels apprentis sorciers!

De nouveau à Londres

Mon séjour de travail et de recherche en RDC s'est achevé il y a deux jours. Enseignement, direction de mémoire et recherches personnelles ont constitué l'essentiel de mon séjour. Je m'en réjouis d'autant plus que j'ai pu, malgré les conditions très difficiles de travail, achever tout ce que j'avais prévu au départ de la Barbade.
Kenge et l'ISP, c'est l'autre bout du monde. L'Internet fonctionne mais n'est pas suffisamment utilisé ni par les collègues profs ni par les étudiants. Le système est tellement suspect qu'un collègue exige que tout texte lui adressé soit envoyé via son neveu, soit une belle cagnotte de 100.000 Francs à chaque envoi. Il charge 5000 Fr par email transféré à son oncle. Et l'oncle de l'autre côté n'accepte que des emails transférés par son neveu. L'Internet est donc une entreprise soumis à des restrictions fantaisistes ou égoïstes. 
Kenge et l'ISP, c'est un autre monde. Le personnel académique enseigne dans un bâtiment qui, lorsque j'étais enfant, servait de lieu de répétitions ou présentations dominicales pour les Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge. Comme ce sont des salles taillées sans aucun souci d'acoustique, il devient parfois impossible d'enseigner dans ces salles d'un autre siècle. L'EDAP et ses élèves ne facilitent pas la tâche, tellement ils font du bruit. Des écoliers peuvent vociférer, crier, chanter ou taper des mains pendant que vous tentez d'inculquer quelques notions compliquées de sciences agronomiques ou de phénoménologie. 
Kenge et l'ISP, c'est un monde d'espoir. Au-delà de ce brouhaha ahurissant, au-delà de ce désordre qui frise l'amateurisme, il y a de l'espoir que le lendemain sera meilleur. Cette conviction-là sert en quelque sorte de leitmotiv. Deux bâtiments sont déjà construits sur le site officiel de l'Institut. Un étudiant, inspiré par un article à moi, a décidé de publier son mémoire sous forme de livre. Il me l'a dit, je n'ai pas vu le texte. Attendons voir la fin de la session et la fin des défenses de mémoires pour en savoir plus. Les étudiants sont enthousiastes, ambitieux et prétentieux dès lors qu'ils ignorent les insuffisances logistiques de leur milieu d'études. 
Kenge et l'ISP ont besoin d'infrastructures académiques et administratives pour fonctionner normalement. Le manque de bibliothèque fait les étudiants ont tendance à faire des travaux basés sur de recherches sur le terrain. Ce qui les libère momentanément - crois-je savoir - de visites dans une bibliothèque qui n'existe pas. Autant travailler avec le matériau local. Au résultat ils produisent de bonnes thèses culturalistes sans une solide ossature théorique ni académique. L'Institut doit se doter  impérativement d'une bibliothèque bien équipée s'il tient à rivaliser avec les autres instituts de la place. Mais l'effort de mieux faire se perçoit sensiblement. Encore une mer à traverser, auraient dit Césaire et Depestre.

14 juil. 2018

14 juillet 2018

Je suis à Kin. Il est 10.50. Mes hôtes regardent la télé. Qu'est-ce qu'ils voient? Depuis les Champs Elysees l'arsenal militaire français et tout ce qu'il implique. Là une impressionnante parade de chevaux de la Garde Républicaine. C'est l'ordre, le pouvoir et la puissance de la France. La marche de la Fanfare. Toutes les races sont représentées en France.
En suivant ce défilé, je note que la puissance d'un pays se manifeste plus par sa puissance de tuer que dans celle de défendre la vie de ses citoyens. Je me trompe peut-être comme toujours. Tuer l'ennemi, l'anéantir et l'envahir, c'est le lot des vainqueurs. C'est ce qui fait la grandeur d'une nation.
Silence: on exécute La Marseillaise. Aux armes citoyens! Le jour de gloire est arrivé. Vive la France.

8 juil. 2018

Vu depuis Kenge

Je viens de passer quelque trois semaines à Kenge. J'ai revu du monde, du beau monde. J'ai revécu des souvenirs, reparcouru mon chemin de l'école, retrouvé des vestiges. Un temps presque fabuleux. En plus d'un retissage des relations avec des proches longtemps oubliés ou enfouis dans les méandres de ma mémoire. J'ai oublié mon blog. Comme toujours il y a mon pourfendeur qui prétend tout savoir de moi qui remarque avec perspicacité: "On reçoit plus de nouvelles de Kenge lorsque tu n'y es pas. Je crois savoir pourquoi." (Sic).
Que non hélas. Je n'ai simplement pas eu envie de publier quoi que ce soit en ces temps-ci. Voilà tout. Je continue ma pratique de l'écriture.
Les mapasa et leur maman vont se mettre en route pour Londres. C'est en France qu'on se retrouvera. Que Dieu les protège au cours de long périple. God bless.