29 nov. 2012

Le M23 est parti de Goma?

Le M23 a quitté Goma? Tu parles. Mais son chef déclare entre-temps que Goma sera administrativement et politiquement gouverné par le M23. Qu'est-ce- que cela veut dire? Ah, il cède à des pressions des chefs d'état qui se sont réunis à Kampala. Je n'y crois pas du tout, car les parains et leurs complices qui ont supporté cette agression n'en ont pas encore tiré le bénéfice politique et "financier" esconmpté. Mettre l'élu Tshisekedi au pouvoir? Coup de gueule et langue de bois pour distraire l'opinion et assurer un peu de congolité à des revendications complètement étrangères aux Congolais. Car au bout du compte, c'est de la gestion ou du pillage - appelez cela comme vous l'entendez - des richesses de la RDC qu'il s'agit. Et de rien d'autre. Et vous pouvez, sans vous tromper, désigner du doigt les "mains" qui commanditent cette "prise" importante. Même un littéraire apolitique et aveugle le perçoit. Silence, on pille. Non! Silence, on occupe. Et non! Silence, on massacre, humilie, viole, persécute, vole, extermine, dévalise, usurpe des droits.
Politique, politique? Mani pulite! Blablabla. Coup de théâtre! Attendons voir! Et vous connaissez ma solution: il faut chasser le M23 par les armes et contrôler les frontières avec le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi. Au fait, pourquoi la RDC n'a-t-elle pas de problème aux frontières avec la RCA, la RPC, la Zambie? Kagame a la réponse à la bouche: "Failure of Governance". Le Rwanda n'y est pour rien. Les faits sur le terrain disent le contraire. Posez la question au Prix Nobel Wole Soyinka, il vous donnera une meilleure réponse dramaturgique et politico-littéraire.

28 nov. 2012

Vive la démocratie en Egypte!

"Le Caire a accéléré la rédaction controversée de la Constitution, qui doit être achevée mercredi et votée jeudi, alors que l'Egypte traverse sa pire crise depuis l'élection du président islamiste Mohamed Morsi, en raison des pouvoirs exceptionnels qu'il s'est octroyés."
(Source: Yahoo.fr)

Du jamais vu ni entendu! Rédiger une Constitution en une journée et la promulguer le jour suivant, ce n'est qu'en Afrique qu'un pareil ignoble et inconcevable "exploit"  peut se passer. A inscrire dans le Guiness des records! Et vous appelez cela démocratie? Vous connaissez déjà ma position à ce sujet. Elle n'est pas faite pour nous. Laissons les Mugabe, Sassou Ngouessou, Biya, O'Biang, et d'autres trouver les astuces les plus sordides pour se maintenir constitutionnellement et "démocratiquement" au pouvoir à vie! Leurs sinistres disciples les suivront, sans faute. C'est la triste leçon de démocratie que donne l'Afrique au monde entier. 

26 nov. 2012

Pas d'accord avec ta solution belliqueuse

"Claver,
Avec tout le respect qu'on doit à un ami, permets que je te dise que je ne comprends pas que tu puisses soutenir sur ton blog une position aussi tranchée au lieu de prôner la négociation directe ou diplomatique. Par ta formation comme par tes convictions, tu devrais être un homme de paix. Je suis décu que tu soutiennes des solutions de guerre, alors que la voix du dialogue est ouverte.
Le sang de tes compatriotes n'est pas moins défendu si l'on privilégie le dialogue, plutôt que de sacrifier inutilement d'autres vies. Etc."
A N (26 novembre 2012)

A quoi je réponds:

1. Dans les conditions normales, la guerre ne peut qu'être un ultime recours. J'ai longtemps cru à la non violence comme moyen pour désamorcer les tensions sociales et politiques. Mais il y a tellement de violence autour de nous qu'il est suicidaire de se présenter mains nues devant des gachettes incendiaires.
2. La RDC comme tout pays du monde a le droit d'avoir une armée nationale qui la protège et défende son territoire. Cela n'a pas de prix. Nous subissons trop d'humiliations sur la scène internationale et d'agressions étrangères simplement parce que notre armée ne nous défend pas. Tous nos voisins peuvent à tout moment s'emparer de nos terres, de nos ressources et opérer impunément des crimes sur notre territoire sans être inquiétés.
3. La volonté d'un peuple est un ciment, s'il est uni et solidaire. Ce qui fait gravement défaut à notre peuple. Quoi qu'il en soit, ce ne sera pas avec de beaux mots qu'on boutera le M23 hors de Goma. A moins que tu me dises qu'on abandonne Goma et sa population.  Les gardes suisses sont armés; les soldats de l'ONU sont armés. A nous, on impose de négocier en position de faiblesse.
4. Je le répète haut et fort. La négociation doit aller de pair avec un solide appui militaire. J'ai peut-être tort, mais je suis très réaliste.
5. Quant au sang, il coule déjà à flot. La meilleure façon d'éviter qu'il coule plus, c'est de neutraliser les meurtriers, les violeurs, les voleurs à mains armées, etc. tous les malfrats qui sèment le désarroi dans cette partie de notre pays.

Claver

Guerre à l'est de la RDC: "Pro patria mori"

Un lecteur anonyme a écrit ce qui suit:

"Vous voulez mon point de vue? Négocier avec le M23 est une erreur sur tous les plans, une rédition flagrante et honteuse. Une perte de temps qui permet à l'ennemi de s'armer et s'organiser. "O rage, o désespoir o vieillesse ennemie/ N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie". Quoi qu'en pense Bilolo, la RDC n'a d'autres choix que de recourir aux armes si elle tient à récupérer Goma. Ils y sont entrés par la force; ils en sortiront par la force. Les "ultimata" verbaux n'ont de valeur que pour ceux qui les formulent. C'est le moment pour ceux qui s'enrichissent exécrablement des ressources de ce pays de montrer leur nationalisme à défaut d'être accusés de trahison. Ouvrez les yeux et observez attentivement les enjeux en cours! Je perçois des choses, des vibrations qui n'augurent rien de bon. Mais cela me concerne moi seul. Notre pays a le droit et le devoir de se défendre quel qu'en soit le prix. Ceux qui souffrent de cette guerre, ce ne sont pas les hauts gradés ni les élites élues ou usurpatrices et usurières, mais des centaines de milliers d'hommes et de femmes, de personnes âgées et des enfants abandonnés aux impitoyables atrocités d'inhumains prédateurs ou seigneurs de guerres. Pillages, viols, exactions, exécutions à l'arme, tel est le lot de ces frères et soeurs. Pour quoi, je dis "combattons les agresseurs jusqu'à la dernière goutte de notre sang." "Pro patria mori" disaient les Romains. C'est ma conviction personnelle."

PS: Je crois qu'il a raison, ce littéraire de la vieille école. (KC, 26 novembre 2012).

Claver Jr, un Barbadien étonnant


Dimanche 25 novembre 2012. Nous sommes exceptionnellement allés à l'église St Patrick à Bridgetown. D'habitude, nous nous rendons à St Francis, la plus proche. C'était de véritables retrouvailles avec les paroissiens avant, pendant et après la messe. Avant la sortie, Msgr Blackett le curé a demandé que soit chantée l'hymne nationale comme la Barbade commémore son indépendance ce 30 novembre.  J'ai vu Claver Jr. mon fils se lever, jambes et mains en position fixe, le front dressé, sérieux comme un garde suisse. A mon grand étonnement et plaisir, il a chanté très fièrement l'hymne nationale de son pays natal. A la fin, une dame qui l'a suivi est allée l'embrasser et le féliciter en "prétendant" qu'elle-même ne connaissait pas l'entiereté du texte que Claver maîtrisait si parfaitement. J'étais surpris car je ne l'avais jamais entendu chanter cette hymne auparavant. Beaucoup de pensées me sont passées par la tête, à le voir et à l'entendre chanter son pays. Eh oui, c'est son pays, le seul qu'il connaît; et c'est le cas de le dire: un Barbadien étonnant!

Pour la petite histoire, Claver Jr et sa soeur Madeleine-Chrystelle ont besoin d'un visa pour se rendre en RD Congo, le pays de leurs parents et ancêtres. Ils auront six ans le 3 décembre. Ironie du déracinement!

24 nov. 2012

Adieu Abbé Samba (1954-2012)

J'ai appris par un ami commun et sur le site de l'archidiocèse de Kinshasa la mort de l'abbé Emmanuel Samba, prêtre diocésain de Kinshasa. Paix à son âme!  J'ai connu l'abbé Emmanuel alors qu'il était encore grand séminariste. On s'est reconnecté lorsqu'il était dans l'équipe dirigeante de Jean XXIII grâce à l'abbé Augustin Bita. Puis, on ne s'est plus revus, mais je recevais de temps en temps des nouvelles sporadiques.
Je garde d'Emmanuel le souvenir d'un homme simple, intelligent, pieux et constant dans ses relations humaines. Merci pour les échanges et les moments que nous avons eus ensemble. Volontiers je me joins à la douleur de ceux et celles que cette disparation touche: sa famille, son diocèse, ses amis proches et lointains. Sango Emmanuel, kende malamu! Tata Nzambe ayamba yo o mboka ya ye!

Guerre contre le Rwanda? Erreur

Ci-dessous un message reçu d'un de mes lecteurs:

"Claver,
Tu te trompes foncièrement lorsque, naïvement, tu suggères qu'on déclare la guerre au Rwanda. Tu te bases sur des principes logiques certes, mais qui n'ont aucune validité en RDC. Personne dans ce pays n'est disposé de mourir pour sa patrie quoiqu'on clame autre chose. Et lorsque par sursaut d'honneur tu décides de défendre ton pays, tu es pris pour un traître ou un ennemi par tes propres compatriotes. On ne déclare pas une guerre sans disposer d'une armée discipline et entraînée ni d'armes. Nos voisins,  mieux organisés, possèdent des armées nationales. Ce serait une erreur suicidaire d'entrer en guerre avec eux.
On dit que l'armée du Zaïre n'avait jamais gagné de guerre. Mais, à voir ce qui se passe dans l'Est, l'armée d'aujourd'hui ne semble pas mieux faire. Elle pille, viole,  terrorise plus sa propre population plutôt que de protéger le pays et ses habitants. Si tu ne le savais pas, sache désormais que l'Est est une poudrière à la solde des Rwandais et des Ougandais prêts à s'en emparer sous n'importe quel prétexte. La balkanisation de la RDC est programmée. Curiusement, c'est avec eux qu'on négocie. C'est la triste réalité de notre pays.
Que dis-tu des Multinationales et d'autres puissants prédateurs qui tirent d'immenses profits de ces instabilités à défaut de les entretenir? La RDC est trop grande et trop riche pour demeurer intacte. Telle est la conviction des grandes puissances et de nos voisins. N'oublie pas l'Angola qui, de temps en temps, picotent à nos frontières... on n'en parle qu'à demi-mots.
Si on réussit à défendre ce qui nous reste de territoire, ce sera déjà quelque chose. A ce niveau, seule Communaute internationale peut arrêter l'invsaion de notre pays. Je n'entrevois pas d'autre solution.
....
M. Bilolo" (Email du 23 novembre 2012)

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22 nov. 2012

Après Goma, Sake, Bukavu?

Qu'est-ce qui se passe réellement à l'Est de la RDC? Pourquoi les rebelles ne trouvent-ils aucune résistance sur leur passage? Quand bien même ils seraient appuyés par le Rwanda, je ne comprends toujours pas pourquoi la RDC ne peut pas leur rendre la monnaie. Au lieu d'accuser le Rwanda, il faudra leur déclarer la guerre. Du moins, on saura clairment de quel côté chacun se situe. Ce qui passe là dépasse tout entendement.
On apprend que nos soldats se rendent sans combattre lorsqu'ils ne prennent pas simplement la fuite. On entend aussi qu'ils reçoivent des ordres les intimant de déposer les armes. On entend aussi que leurs armes et autres équipements sont carrément vendus à l'énnemi par des généraux sans scrupule. On apprend beaucoup de choses, surtout mauvaises. Que fait entre-temps l'armée congolaise dont la première mission est de défendre le territoire et ses habitants; et non pas les chefs. A Kisangani on brûle les emblêmes du PPRD. A Kinshasa on continue à discuter l'augmentation des émoluments des députés nationaux. Le gouvernement est dépassé, réclame des sanctions. La situation n'est plus sous contrôle quoique la population soit invitée à rester calme. Et patati patata! Où allons-nous? Balkanisaion!  Dieu merci, je suis assez âgé pour ne plus être surpris pas les tournures des événements de ce monde, et surtout du Congo Démocratique.

20 nov. 2012

Les rebelles maîtres à Goma

A la suite des informations lues sur le net hier, l'idée m''est venue ce matin d'ouvrir la télé juste au cas où il y aurait quelque chose sur Goma. Je pressentais quelque chose. Je suis tout de suite tombé sur le titre: "Rebels enter Goma" diffusé par BBC News. Cela m'a rappelé l'entrée de l'ADFDL à Kinshasa. Une froideur m'a pris dans le dos. Les rebelles ont pris Goma sans un seul échange de tirs ni des soldats de l'ONU ni de l'armée congolaise invisible. C'est une défaite et une humiliation très graves pour la RDC. Il y a vraiment lieu de se poser des questions sur les aspects politiques, militaires et diplomatiques de cette situation. Attendons voir!

18 nov. 2012

Roman Thomas in Memoriam

Heute hat mich Christoph Thomas informiert, dass sein Vater vor 4 Jahren gestorben ist. Ich bin damit sehr tief betroffen und schicke nachträglich mein Beleid an seine Frau Inge, seine Töchtern Gabi und Petra, seinen Sohn Christof, seine Enkelkinder und andere Angehörigen.
Die Familie Thomas zählt unter meinen besten Freunden in Deutschland. Durch die Gabi habe ich zum erstenmal Kontakt zu ihnen aufgenommen. Daraus ist eine sehr langjährige Freundschaft entstanden, die bis heute noch gilt. Wieviel mal bin ich zu Besuch nach Fladungen gefahren? weisst nur Gott. Wieviel mal habe ich Pakete und Geld von der Familie Thomas bekommen? kann ich nicht sagen. Der Name der Familie Thomas steht unter den Familien, die in meinem Buch "L'univers mythique..." (1998) bedankt wurden. Meine Dankbarkeit gilt bis heute.
Leider ist unser Kontakt seit 2001 unterbrochen worden, nachdem ich nach Barbados umgezogen bin. Es war eher mein Fehler. Vor ein paar Tagen ist mir eingefallen, dem Christoph ein E-Mail zu schreiben, um zu horen wie es ihnen allen ging. So habe ich die Todesnachricht bekommen. Ich bin sprachlos geblieben und habe mich selber vorgeworfen warum ich nie von mir wiederhören lassen habe.
"Lieber Roman, möge Dir der Herr Gott die Ewige Ruhe anbieten. Ich danke Gott, dass es Dich in meinem Leben gab. Ich werde Dich und Deine Familie nie vergessen. Ich erinnere mich noch daran, als Du mir gesagt hatte, dass es Dir gesundheitlich nicht mehr so richtig ging; aber ich habe nie gedacht, dass Dich der Tod so schnell getroffen hätte. Nochmals vielen Dank für alles. Ruhe in Frieden."   

17 nov. 2012

The Body in the Writings of Women Writers from Francophone Africa and the Caribbean


How do women authors from Francophone Africa and the Caribbean write about the body, be it male or female? What does the female body mean and symbolise in the novels and plays of these writers? Works by Calixthe Beyala born in Cameroon, Aminata Sow Fall from Senegal and Simone Schwarz-Bart from Guadeloupe will be used to approach the subject. In Tu t'appelleras Tanga (Your Name Shall Be Tanga), Beyala treats the female body by transcending its essence, by creating a communion of destiny between a white woman who receives the mission of incarnating the life of her black prison's roommate. Femme noire, femme nue... (Black woman, naked woman) exposes the woman as the embodiment of the evil. Comment cuisiner son mari à l'africaine? [How to cook one's husband the African way] links nourishing the body with strengthening the marital relationship. Pluie et vent sur Télumée Miracle (The Bridge of Beyond) and Ton Beau Capitaine (Your Handsome Captain) by Simone Schwarz-Bart expose two opposite figures of women in relationship to their bodies. There is a strong sense of symbolism in the language expression, in metaphors, in objects (such as money, a shirt, a gift) that directly refers to the human body. Douceurs du bercail (Tendernesses of home)  by Aminata Sow Fall is built around the topic of the female body: the Senegalese Asta hits a security agent because she feels offended by the way she touches her body at Roissy Airport, France. She is refused entry and the French Media reports an attempt of crime. What can be concluded from a philosophical perspective? The range of conception varies from strict Puritanism to Libertinage, from self control and self-respect to no-limitation in the use of the body. Transfer of experience, embodiment of pleasure and evil, feministic freedom, protection of moral values against perversions can be found in these writings.

(Presented at the Cave Hill International Philosophy Symposium 2012: "Body, Mind, Cognition", November 17, 2012)
 

9 nov. 2012

Adieu Père Joseph Wienke SVD (1929-2012)

C'est avec une profonde douleur que j'apprends par un message du P. Lesch sur www.steyler.de  la mort du Père Joseph Wienke, co-fondateur avec le P. Hoff, de la paroisse de Matari. Mort survenue le 4 novembre 2012 à St. Wendel en Allemagne. Il a travaillé près de cinquante ans dans le diocèse de Kenge. Je l'ai connu vers la fin de mon école primaire. Je garde  de lui le souvenir d'un missionnaire dans l'âme, d'un homme de coeur, d'un pasteur d'une grande générosité et d'une simplicité débordante. Cet homme discret, véritable apôtre du Christ, a fasciné beaucoup de chrétiens partout où il a travaillé.
Un jour, passant par l'évêché de Kenge pour un problème très délicat, cet infatigable broussard et à l'époque curé de Kalenge n'a pas manqué de me lancer: "Beno bantu ya ba-bureau, beno zaba ve mpasi ya kusala na nseke". (Vous qui travaillez dans les bureaux, n'avez aucune idée de la souffrance de travailler en brousse). J'ai bien compris que le message ne m'était pas adressé personnellement et ne lui en ai pas tenu rigueur.
Avec lui part un autre pilier de l'évangélisation de Kimbau-Matari. Puisse le Seigneur lui accorder le repos éternel et la couronne de ses élus! Wenda mboti, Mfumu Kayefwa!

8 nov. 2012

Comment en finir avec le M23?

Une amie, ancienne condisciple devenue journaliste politique en Suisse, m'a écrit ce qui suit:

"Mabana,
Cela fait un bout de temps que je lis ton blog. Félicitations! Tu as gardé ton talent d'écriture et de rhétorique. Tu touches à des sujets aussi brûlants, sensibles que passionnés, et n'hésites pas à exprimer ton avis. Je respecte et admire ta liberté d'esprit, quoique parfois je défende une opinion contraire.
Tu sais, c'est grâce à toi que j'ai découvert l'Afrique. Tes interventions dans les séminaires ont excité ma curiosité et m'ont amenée à suivre avec un regard critique les actualités africaines qui sont diffusées dans les médias occidentaux. Merci pour cela. (...)
Ton pays d'origine subit des guerres ou rébellions continuelles soutenues par les voisins et les puissances occidentales. Je n'entre pas dans les détails, puisqu'à lire ce que tu écris, tu es mieux informé que moi. Dans les milieux suisses, on se demande comment la RDC peut en finir avec le M23. Aurais-tu un avis là-dessus? La réélection d'Obama aura-t-elle un impact sur ce conflit? (...)
Si jamais tu passes en Suisse, n'hésite pas de faire un coucou!"
(GF, 7 novembre 2012)

Voici un extrait de ma réponse:

"Le problème du M23 est trop complexe pour être résolu en un tour de main: il y a un volet politique, diplomatique et militaire. Je ne suis ni politologue, ni diplomate ni militaire. Je ne suis qu'un littéraire, et à ce titre, je vois le monde à travers les "imaginaires" possibles. (...) Quelle que soit l'option privilégiée, il faut insister sur la solution militaire. Négocier oui, mais en position de force. Il ne faut rien attendre de Barack Obama. Pour moi, c'est un étranger comme les autres qui visent à découper ce pays. C'est aux Congolais de se battre pour l'unité de leur pays. L'étranger ne suivra que ses intérêts. Et d'intérêts, il n'en manque pas en RDC réputée être un scandale géologique et naturel. Avant tous les blablablas politiques et diplomatiques, la RDC doit se doter d'une armée forte, nationale, intègre, capable de défendre au prix du sang son intégrité territoriale, car dans l'état actuel ses frontières sont trop poreuses. Un même individu peut être Congolais le jour et Rwandais ou Angolais la nuit. Une véritable pièce de théâtre!
Les Rwandais disent que c'est un conflit interne à la RDC, qu'on laisse alors les Congolais le régler entre eux. Et entre eux, la solution ne serait que politique et militaire. La RDC ne doit pas attendre des solutions de l'extérieur, ni de quelque puissance que ce soit. Le temps de jouer aux pacifistes naïfs est révolu. Le temps est à l'action politique et militaire qui pacifie." (KCM, 8 novembre 2012)






7 nov. 2012

Que signifie la réélection d'Obama pour l'Afrique?

La question se pose, on me l'a posée, je l'ai posée. Mon compatriote sénégalais n'en est pas du tout ému. L'élection de 2008 l'a marqué, il a vu Obama évoluer.
Pour ma part, j'en suis très ému. Quoique je me méfie des politiciens, l'homme m'impressionne par sa lucidité, son humanité, sa simplicité. Orateur et rhétoricien hors pair, ce fin stratège né sous une belle étoile hawaïenne a tenu le cap malgré l'atroce hostilité des républicains. Je l'admire comme j'ai admiré par le passé les autres démocrates: Jimmy Carter, Bill Clinton. Rien de plus.
Je suis fier qu'un descendant d'Africain, Kenyan de surcroît, ait accédé à la fonction la plus puissante de l'Amérique et du monde. Rien de plus.
Il est président américain, non pas africain. Pendant son premier mandat, il n'a rien fait de spécifique pour l'Afrique. Il s'est juste rendu au Ghana et en Egypte. Son intervention face au printemps arabe a été discrète. Les Africains n'ont rien à attendre de Barack Obama. Il a eu un premier mandat difficile certes, mais on n'a rien perçu de lui en Afrique. Il était plus préoccupé de l'économie américaine, de la récession financière que des guerres meurtrières qui sévissent à Darfour, en Côte d'Ivoire, à l'Est de la RDC, en Somalie. Il n'avait pas les mains libres, surtout qu'il se préparait à briguer un second mandat. Ce mandat ne laisse rien présager pour l'Afrique. Que les Africains ne se laissent pas bercer par des illusions naïves et des attentes sans fondement d'une réélection qui ne les concerne pas du tout. Si Obama intervient en Afrique, ce sera en tant que président américain et toujours dans le seul intérêt des Etats-Unis. Aux Africains donc de se tailler eux-mêmes le chemin de leur avenir dans les rocs!

Leçons de la ré-élection d'Obama

J'ai suivi de près sur internet, par la presse comme à la télévison, les élections américaines, depuis les primaires jusqu'aux conventions, du premier au dernier débats. J'ai mieux compris le système d'élection et les enjeux.
1. Tous les battlegrounds dans les swing states donnaient Obama gagnant, fut-ce avec une légère avance. Cela s'est prouvé. Dans ces genres d'affrontements, mieux vaut se poser en position d'avant plutôt que d'arrière; mieux vaut être devant que derrière. La Tortue, non pas mon cher ami d'heureuse mémoire, mais la tortue naturelle en sait quelque chose.
2. La démocratie est un exercice cruel, une épreuve atroce et dure lorsqu'on s'y est investi corps et âme et qu'on échoue. Ce risque-là, les dictateurs africains l'évitent en mettant en place des mécanismes propres à leur assurer la pérennité tels que: la corruption, la révision de la constitution taillée sur mesure, la suppression des libertés, la fraude, l'intimidation des opposants, la militarisation des urnes, la distribution de l'argent, etc. Bref, le hold-up électoral.
3. Etre africain-américain constitue un défi aux Etats Unis. Le parcours d'Obama est impressionnant à plus d'un titre. Noir à moitié, blanc à moitié, ce métis a su mettre à profit tout son héritage hybride pour assoeir sa personnalité. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il est le président réélu pour les quatre années à venir, dans un pays où la majorité est blanche. Fin politicien et stratège, il a su utiliser la sagesse et l'envergure de Bill Clinton pour réussir une campagne de proximité qui s'est révélée très efficace et concluante.
4. Les passions mises à part, la victoire d'Obama était prévisible. Là, j'avoue sans risque de me tromper que s'il avait été blanc, la presse aurait très vite relevé ce fait au lieu de prolonger le suspense, en parlant simplement d'une élection très serrée. Le New York Times a publié un schéma qui donnait à Obama plus de 450 cas de figures de victoire contre 75 à Mitt Romney. Personnellement, je ne voyais pas par quel miracle Romney aurait pu renverser la situation alors même qu'il ne dévançait son rival dans aucun swing state.
5. Romney croyait dur comme fer à sa victoire au point qu'il affirmé avoir déjà rédigé son "speech". C'est ainsi qu'il a traîné à concéder sa défaite, attendant les résultats définitifs d'Ohio, état clé pour lui. En désespoir de cause, il s'est emmené en Pennsylvanie, un bastion démocrate; et a continué sa campagne jusqu'au jour de l'élection alors que son rival est allé joué au basket. N'est-ce pas que chacun possède sa superstition? Des signes qui ne trompent pas. Georges Bush père s'était trouvé dans cette même situation lors de son affrontement contre Clinton.
6. S'il est une leçon à retenir des deux candidats, c'est une leçon d'humilité et de respect mutuel. J'ai bien aimé les mots de Romney félicitant son rival et même priant pour qu'il réussisse son mandat au service des Etats-Unis. En Afrique, ce sont plutôt les armes qui crépitent dans les rues en plus ou à défaut de couvres-feux, d'intimidations militaires, d'arrestations arbitraires d'opposants, et d'exécutions sommaires. Pensez à Savimbi, Gbagbo, Fanko, Mugabe, Ngwema, Sassou Nguessou.
7. La démocratie appartient à l'Occident. Une valeur sûre qui fonde la force et la stabilité politico-économique des Occidentaux. Quant à nous, elle ne nous convient pas, que dis-je, pas encore. Une réélection sans contestations n'a jamais eu lieu en Afrique.

Bravo Président Barack Obama, Well Done. J'ai bien reçu vos messages sur Twitter.

5 nov. 2012

A chacun sa superstition

"Claver,
Chacun a sa superstition. Tu ne me contrarieras, car tu déclares sur ton blog que tu es béni. Tu m'as plusieurs fois dit que tu crois en la Providence, que tu obtiens ce que tu veux. Alors pourquoi ne peux-tu pas supporter que d'autres croient en la sorcellerie?" Etc. (Email du 5 novembre 2012)

Oui, je crois en la Providence. Je suis béni. J'ai dans ma vie connu des expériences très édifiantes, contrairement à d'autres qui se plaignent d'être malheureux, mal aimés, voire mal nés. Ce n'est pas mon cas. Je remercie Dieu de m'avoir accordé les multiples dons dont je disposes, et surtout de m'avoir donné, grâce à mon éducation familiale et scolaire, des principes simples à travers lesquels je me situe par rapport au monde.
La providence se traduirait en termes païens comme fortuna, chance, sort. Dans ce sens-là, chacun a sa superstition. Et c'est même un droit. La seule chose qui me dérange, c'est de me voir imposer des convictions que je ne partage pas et dans lesquelles je ne me reconnais pas. Je suis très critique vis-à-vis des "pasteurs", et d'autres de leur acabit, dès que je constate qu'ils se servent de la parole de Dieu pour des intérêts personnels. Le commerce d'exorcismes à la houlette me répugne: on prétend délivrer des enfants innocents de crimes de sorcellerie dont ils ne savent rien, simplement parce que leurs parents irresponsables ne les aiment pas et leur attribuent tel ou tel malheur. C'est un scandale, un crime sur lequel les autorités doivent légiférer au plus vite. Quelquefois, ces mêmes autorités figurent parmi ces vendeurs de salut et les pratiquants de ces inepties.
Une jeune femme en mal d'amour entre dans une secte pour trouver un mari. Et la bonne parole divine concoctée par le pasteur tombe juste, lorsque ce dernier ne se choisit pas lui-même comme l'heureux envoyé de Dieu. Il ne suffit pas de répéter cent fois "Au nom de Jésus" pour que votre coeur impur se transforme en éther angélique. Une cousine à moi qui me traite de païen, est tombée dans le traquenard des "Bima" et s'en est sortie gratifiée de deux ou trois enfants dont le père n'est autre que le pasteur. Pendant de longues années, on ne l'a plus vue; condamnée à prier nuit et jour pour le pardon de nos péchés. Tu diras aussi que chacun a son chemin vers Dieu.
Loin de moi l'idée de mépriser les églises du réveil que je respecte, j'invite seulement à discerner le bon grain de l'ivraie. Des gens ont proposé à un évêque catholique malade d'adhérer au Maikari pour être guéri. Pourquoi pas? Mgr Milingo ne s'était-il pas marié chez les Moons? A chacun son chemin vers le bonheur!
Mon jeune frère Nicolas insiste souvent sur le "ngenge" chez les musiciens ou les sportifs. Les qualités musicales (bonne voix, bon tempo, bonne danse) ou sportives (talent, technique, physique, rapidité, clairvoyance) ne suffisent; les répétitions ou les entraînements ne suffisent pas. Ils ont tous besoin d'un ingrédient supplémentaire: le fétiche, le talisman, le pouvoir de domination. Il prétend qu'un joueur togolais ensorcelle ses coéquipiers: dans chaque club où il est passé, son concurrent direct subit des blessures qui l'éloignent de la compétition pour longtemps. C'est cela le "ngenge", semble-t-il.
Une collègue à moi qui dit ne pas croire en Dieu m'a surpris un jour en m'avouant qu'elle avait été ensorcelée d'une forte diarhée qui a failli l'emporter. A mon étonnement, elle m'a sorti: "Chacun a sa superstition, Claver". Autrement dit, à ce phénomène je crois, mais pas en Dieu.
Les superstitions conduisent le monde depuis le début de son existence. On peut les transposer en termes sacrés comme des rites, des sacrements, des liturgies. L'homme a besoin de signes spécifiques pour atteindre l'explication des choses et des mots. Les luttes des coqs, les tauromachies, les tarots, les oracles, sont autant des moyens d'appréhension de l'avenir qui ont de la valeur pour ceux qui y croient. Je lisais ce matin que la défaite ce dimanche des Redskins de Washington présage une défaite d'Obama demain 6 novembre 2012. Si ce dernier perd les élections, je prendrai cela pour une coïncidence, car rationnellement rien ne lie ces deux événements; d'autres seront confortés dans leur superstition. C'est les Américains qui choisissent leur président, pas sous l'effet d'une quelconque rencontre sportive.  

Soyons clairs. La sorcellerie n'existe pas dans mon système personnel de fonctionnement. Je la laisse à qui y croit. Je n'y adhérerai jamais. Mon père m'a prémuni contre cela depuis août 1969.



4 nov. 2012

Non sens (suite)

J'avais promis une réponse. Je ne cesserai jamais de le répéter: je ne crois pas à la sorcellerie. Et je n'en ai jamais eu une preuve convaincante.
1. Aussi culturelle qu'elle puisse être, la sorcellerie n'a jamais constitué une explication suffisante pour moi. Chaque fois qu'on l'invoque, c'est toujours très discutable. Et souvent, on l'invoque quand il ne faut pas. Quelqu'un se fait voler son sac, on invoque la sorcellerie.
2. Je crois avoir déjà évoqué cet épisode. 2007 on est en jeep centre-ville de Kinshasa. Par erreur, le chauffeur qui me conduit cogne une voiture taxi. On sort pour évaluer les dégâts. Le taximan mentionne en plus du pare-choc le rétroviseur. Je vérifie et ne vois aucun tesson. Il s'étonne, et déclare que les sorciers les ont alors fait disparaître.
3. J'ai une tante qui jure au nom de Jésus, et voit des sorciers partout, dans chaque événement. Elle voulait me convaincre que ma mère a été tuée par les sorciers afin qu'elle ne puisse pas jouir si longtemps de l'argent et des biens que nous, ses enfants, lui offrions. Qui sont ces sorciers? Elle n'a pas dit, car elle n'est pas une devineresse. Peut-être a-t-elle un (des) nom(s) en tête.
4. Un enfant tombe malade; chercher un sorcier au lieu de le conduire à l'hôpital est un flagrant délit. Malheureusement, beaucoup de nos compatriotes africains recourent encore aujourd'hui à ce type de comportement moyenâgeux. Je ne m'identifie nullement à la rationnalité occidentale. Loin de là. Tout en reconnaissant mes racines africaines, je demeure lucide sur tout ce qui me parvient de toute part. Le sage africain n'est jamais dupe, quoi qu'on prétende.
5. Pour en revenir à notre honorable député, je crois qu'il y a eu une malencontreuse coïncidence. L'incriminé, quelle que soit la clairvoyance qu'on lui attribue, de dispose pas de plus d'yeux que le commun des mortels. Tout commentaire visant à le culpabiliser relève simplement de la fabulation. Blablabla. L'autre est mort à la suite d'un accident. Et un accident, pour les latinistes, c'est ce qui arrive... L'accident de voiture n'était pas inscrit dans notre patrimoine culturel, c'est un phénomène moderne. Il se serait noyé dans une pirogue, aurait chuté du haut d'un arbre de la forêt équatoriale, que sa mort serait encore demeurée, à mon sens, un accident.
6. Le non-sens revient justement à chercher coûte que coûte un criminel sorcier pour une mort par accident routière dont les circonstances peuvent être aisément expliquées par un excès de vitesse, de l'ivresse, une erreur humaine, un défaut technique ou mécanique, une maladresse du chauffeur, etc.
7. La sorcellerie, je le répète, est une tare dont l'Afrique doit se débarrasser si elle tient à se développer, car elle mine viscéralement notre intellect. Un frein au développement. Son éradication est plus facile à dire qu'à faire. J'en conviens. Il doit s'opérer une véritable révolution mentale, car là on touche à l'irrationnel de l'homme, à l'impensé plus pregnant que le conscient. Qu'importe! Notre développement culturel, social, économique ou technique en dépend. Ce n'est plus le temps évoqué par Tchicaya U Tam'si où l'éléphant représentant Tschilembw a renversé la camion qui transportait son frère Thom' Ndundu pour le tuer. Mais ils sont encore nombre à fonctionner selon ce schéma.
N'importe quoi!

A deux jours des élections américaines

Après avoir lu et considéré avec intérêt beaucoup de sondages et d'articles relatifs à ces élections, j'en dégage deux tendances idéologiques. La première, celle du président candidat à sa propre succession, est résumée dans son slogan de campagne: "Forward". En termes de pouvoir, c'est un défi: "J'y suis, j'y reste. Votez-moi ou aidez-moi à accomplir mes ambitions politiques".  La deuxième, celle du rival, revient à marteler le changement: "We can't afford four more years." En d'autres mots, sur la base de mon expérience d'homme d'affaires, j'ai un plan pour développer l'économie, créer des jobs, refaire de l'Amérique la nation forte et puissante qu'elle n'est plus.
A en juger par leurs engagements, les démocrates sont socialistes et les républicains capitalistes. Les premiers accusent les seconds de négliger la classe moyenne et les pauvres tandis que les seconds accusent leurs opposants d'augmenter les taxes, de vouloir distribuer l'argent des riches aux pauvres. Etc. Une caricature!
Au-delà de ces déclarations, au-delà des sondages, il est intéressant d'observer les derniers mouvements des candidats. L'Ohio est incontournable. C'est là que se trouve la clé magique de la victoire. Si Obama peut s'en passer, Romney ne peut pas; et aucun sondage ne le donne devant dans cet état. Mais chacun se déclare déjà vainqueur; c'est de bonne guerre. Un sait pourtant déjà qu'il ne croit pas à sa propre victoire quoiqu'une certaine dose de doute soit concevable. Il n'y a plus que deux jours. Hurry up, guys! La propagande, comme je le dis toujours, est pour un littéraire un très instructif sujet d'observation.
Quoi qu'il en soit, le 6 novembre, sera élu le président américain pour les quatre années à venir. Ce sera Mr. Obaromney ou Rombaney. Donnez-lui le nom que vous préférez. Je connais déjà le vainqueur, mais je ne voudrais pas vous influencer. Vive la démo...cratie!