J'avais promis une réponse. Je ne cesserai jamais de le répéter: je ne crois pas à la sorcellerie. Et je n'en ai jamais eu une preuve convaincante.
1. Aussi culturelle qu'elle puisse être, la sorcellerie n'a jamais constitué une explication suffisante pour moi. Chaque fois qu'on l'invoque, c'est toujours très discutable. Et souvent, on l'invoque quand il ne faut pas. Quelqu'un se fait voler son sac, on invoque la sorcellerie.
2. Je crois avoir déjà évoqué cet épisode. 2007 on est en jeep centre-ville de Kinshasa. Par erreur, le chauffeur qui me conduit cogne une voiture taxi. On sort pour évaluer les dégâts. Le taximan mentionne en plus du pare-choc le rétroviseur. Je vérifie et ne vois aucun tesson. Il s'étonne, et déclare que les sorciers les ont alors fait disparaître.
3. J'ai une tante qui jure au nom de Jésus, et voit des sorciers partout, dans chaque événement. Elle voulait me convaincre que ma mère a été tuée par les sorciers afin qu'elle ne puisse pas jouir si longtemps de l'argent et des biens que nous, ses enfants, lui offrions. Qui sont ces sorciers? Elle n'a pas dit, car elle n'est pas une devineresse. Peut-être a-t-elle un (des) nom(s) en tête.
4. Un enfant tombe malade; chercher un sorcier au lieu de le conduire à l'hôpital est un flagrant délit. Malheureusement, beaucoup de nos compatriotes africains recourent encore aujourd'hui à ce type de comportement moyenâgeux. Je ne m'identifie nullement à la rationnalité occidentale. Loin de là. Tout en reconnaissant mes racines africaines, je demeure lucide sur tout ce qui me parvient de toute part. Le sage africain n'est jamais dupe, quoi qu'on prétende.
5. Pour en revenir à notre honorable député, je crois qu'il y a eu une malencontreuse coïncidence. L'incriminé, quelle que soit la clairvoyance qu'on lui attribue, de dispose pas de plus d'yeux que le commun des mortels. Tout commentaire visant à le culpabiliser relève simplement de la fabulation. Blablabla. L'autre est mort à la suite d'un accident. Et un accident, pour les latinistes, c'est ce qui arrive... L'accident de voiture n'était pas inscrit dans notre patrimoine culturel, c'est un phénomène moderne. Il se serait noyé dans une pirogue, aurait chuté du haut d'un arbre de la forêt équatoriale, que sa mort serait encore demeurée, à mon sens, un accident.
6. Le non-sens revient justement à chercher coûte que coûte un criminel sorcier pour une mort par accident routière dont les circonstances peuvent être aisément expliquées par un excès de vitesse, de l'ivresse, une erreur humaine, un défaut technique ou mécanique, une maladresse du chauffeur, etc.
7. La sorcellerie, je le répète, est une tare dont l'Afrique doit se débarrasser si elle tient à se développer, car elle mine viscéralement notre intellect. Un frein au développement. Son éradication est plus facile à dire qu'à faire. J'en conviens. Il doit s'opérer une véritable révolution mentale, car là on touche à l'irrationnel de l'homme, à l'impensé plus pregnant que le conscient. Qu'importe! Notre développement culturel, social, économique ou technique en dépend. Ce n'est plus le temps évoqué par Tchicaya U Tam'si où l'éléphant représentant Tschilembw a renversé la camion qui transportait son frère Thom' Ndundu pour le tuer. Mais ils sont encore nombre à fonctionner selon ce schéma.
N'importe quoi!
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