30 oct. 2016

Une semaine singulière

Jamais dans ma vie j'ai passé une semaine comme celle qui vient de s'écouler. Une semaine avec plusieurs objectfs dont finalement aucun ou presque n'a été atteint intégralement. Je me croyais fort physiquement pour réaliser cette prouesse qui, jadis, a créé ma réputaion de travailleur. Helas, non. J'étais jeune à l'époque, organisé et très conséquent dans ce que j'entreprenais. J'avais des ressources intellectuelles et physiques, quoique la discipline soit capitale lorsqu'on est impliqué dans ces genres d'activités. C'était la semaine de travail avec le CXC, dont j'ai parlé il  a plus d'une année. A partir de 15 heures, souvent je ne tenais plus, me mettant à bailler comme un vieux gorille. Ce n'est plus pour moi. J'ai démisssionné de mon poste de chef examinateur pour le français, la raison majeure étant le manque de temps à y consacrer. Je n'ai pratiquement pas eu de vacances. Une collège plus jeune que moi me remplace. Mission accomplie!

29 oct. 2016

La politique, je n'y comprends rien du tout

Là alors, les politiciens nous réservent des surprisesm et pas des moindres. En fait de part et d'autre, le langage est défiant, opportuniste et arrogant. Chaque camp se targue la prime de la raison. Chaque côté campe sur ses positions de façon unilatérale. Pouvoir et opposition se jettent la balle; quand ils parlent de dialogue, ce n'est jamais de leur dialogue, mais d'un dialogue amputé ou inégal. Un dialogue avec un facilitateur tronqué et contesté par ci, un conclave d'opposants par là. Aucun espoir de consensus! L'avenir du pays se joue sur un manque de cohésion fatal et dangereux. Cela ne semble préoccuper ni les uns ni les autres, car chaque camp demeure inflexiblement intransigeant. C'est cela le triste spectacle que les politiciens de ce pays nous offre au grand jour.
Nous le petit peuple on trinque; on voudrait effectivement des élections apaisées et transparentes, voeu pieux dont seul Dieu sait si jamais il se réalisera. En fait, au vu de ce qui se passe, tout laisse croire que le dialogue voulu par peuple n'a pas eu lieu, mais on fait de chaque côté comme si tout était en règle. C'est le destin de notre pays qui se joue, pas le destin d'un individu ni d'un groupe d'individus, fussent-ils président ou ministres ou députés. C'est une responsabilité historique qui exige abnégation, sacrifice, patriotisme. Nos leaders semblent ignorer ou oublier cet aspect. Le pays reste, les hommes passent. Chacun a donc devoir de marquer positivement sa contribution dans les mémoires de la postérité. Les descendants Hitler ont dû changer de noms par la force des choses.  
Lorsque je vois sur Mediacongo la photo des présidents Kagame et Sassou Ngouessou tout souriants, insistant sur le dialogue pour la RDC, je me dis alors que la politique est un très beau métier. Ces deux présidents totalisent chacun plus d'une décennie à la tête de leurs pays respectifs, Dieu seul sait quand et comment ils en partiront. Soit ils viennent au secours de leur collègue congolais, pour l'initier aux coulisses des combines électorales. Soit ils narguent leurs peuples respectifs et le peuple congolais, savourant ainsi leur propre victoire électorale et regardant d'un regard interrogateur ce qui qui va se passer. Or ces deux illustres personnages ont un  passé connu en termes de démocratie.
Et oui, je n'y comprends rien du tout. En tant que littéraire, c'est ce que je fais le mieux, j'estime que tous les scénarios sont possibles. Tout le monde vient à la rescousse, les églises comme les "gentes".
Tout le monde devient conseiller. On dit que devant l'incertitude du lendemain, ceux qui sont au pouvoir assurent leurs arrières en amassant des fortunes colossales. Au fait, ils contrôlent le pouvoir et se servent au gré de leur volonté, ils n'ont de compte à rendre à personne. On dit aussi que ceux de l'opposition soit se prostituent pour retirer quelques dividendes de la situation soit se radicalisent dans leur effort de prendre le pouvoir et amasser à leur tour l'argent qui leur échappe depuis l'investiture du présent régime. Une question de "ôte-toi de là que je m'y mette." Pendant ce temps, nous le petit peuple on croupit dans la misère, la précarité, la maladie, la faim et le dénuement.
Le plus grand échec de la politique chez nous est, au vu de l'insécurité qui règne partout, de n'avoir jamais assuré la paix, la paix sociale, socle sur lequel se bâtit une nation juste et prospère, responsable et redevable vis-à-vis du souverain primaire. Ces mots, je les comprends, je les répète, mais je ne crois pas qu'ils se traduisent en réalités. Quant à la politique, je n'y comprends rien. Nul, niente, nada, zéro. Alors zéro.



25 oct. 2016

Kerene Lukelu, joyeux anniversaire

En ce jour du 26 octobre, ma nièce Kerene fête son quinzième anniversaire de naissance. Puisse l'Eternel lui accorde grâces et bénédictions en abondance. Qu'elle grandisse dans la joie, la paix et la sérénité. Que ses rêves deviennent des réalités au cours de sa vie à venir.
Depuis la lointaine Barbade, reçois mes voeux dans ton pays d'accueil où tes parents t'ont conduite. Dieu t'accompagne!
Ton cousin et ta cousine ainsi que ta tante t'envoient également leurs meilleurs voeux!


23 oct. 2016

15 ans déjà: Mgr M'Sanda (1935-2001)

22 octobre 2001 - 22 octobre 2016. Soit 15 ans passés depuis que Mgr Dieudonné M'Sanda est décédé. 15 ans passés sans qu'il disparaisse de notre mémoire. 15 ans pendant lesquels son nom est toujours présent dans mes rapports avec le monde. 
Le seul temps où j'ai travaillé au diocèse de Kenge en tant que diacre et prêtre, j'étais son secrétaire. Pendant cinq ans, j'ai vu, observé et regardé Mgr M'Sanda de l'intérieur à l'oeuvre, en temps de joie comme en temps de doute, de peine. Je l'ai respecté et apprécié. J'ai aussi subi ses sauts d'humeur, je dois l'avouer, avec un relatif stoïcisme. Trois personnes l'ont remarqué: mon oncle l'abbé Fidèle Pindi, le père Etienne Van Eygen d'heureuse mémoire et Mme Mira Bender à Malsch. Je lui demeure reconnaissant pour tout ce qu'il a fait spécialement pour moi. 
Je regrette de n'avoir pas revu mon père peu avant sa mort. Il avait pourtant promis de me rendre visite à Berlin, mais Dieu en a décidé autrement. Alors que j'avais pris des dispositions pour son accueil à la paroisse francophone, j'ai quitté Berlin pour la Barbade.
Ce n'est pas le moment d'abonder dans des témoignages que par ailleurs d'autres ont déjà rendus, quoique les miens portent un cachet spécial. Au cours de sa vie, Mgr M'Sanda n'a pas eu que des amis. Beaucoup de personnes ont gardé des souvenirs amers de sa gestion et de son administration du diocèse. Beaucoup aussi le regrettent. C'est cela la vie. Merci encore une fois Père Evêque. L'heure est à la méditation, au recueillement et à la prière pour le repos de son âme. 
Que son âme repose en paix!

Qu'y a-t-il dans la tête d'un politicien?

Je l'ai entendu d'un collègue, ce n'est pas de moi. J'essaierai de traduire aussi fidèlement que je le pourrai. Un ministre du gouvernement l'a invité à une discussion. Suivez:
- Je vous ai appelé, dit Son Excellence, pour m'aider à tirer le plus profit de mon temps en tant que ministre. Comme je vous connais depuis des années, j'ai pensé à vous. Dans ce pays, vous savez?, être ministre c'est un cadeau que le pouvoir vous fait pour vous associer au partage du gateau national. Rien de plus. Oubliez les discours politiciens! Concrètement, il s'agit d'élaborer le plus de projets possibles susceptibles de générer le plus d'argent possible en termes de commissions et de dividendes. Que diriez-vous si je vous nommais conseiller financier? Votre compte personnel ne sera pas oublié (sic), vous aurez votre part du gateau.
- Mais Excellence, je suis historien, pas économiste. D'autre part, je croyais que vous travailliez d'abord pour le bien du peuple. Il n'y a pas très longtemps vous étiez opposant; je vous ai entendu déclarer que ce régime était une clique de voleurs sans morale; je vous ai entendu dire "le peuple d'abord".
- Eh bien, oubliez le peuple pour ce poste. C'est à prendre ou à laisser. Ou vous êtes pour moi, avec moi, ou bien vous êtes contre moi. Ce que j'ai dit pendant la campagne, c'est ce que les électeurs voulaient entendre. A présent, il s'agit d'assurer ses arrières car être ministre, c'est une aubaine qui n'arrive pas deux fois dans la vie.
- Dans ce cas, avec votre permission, je suis la voix de ma conscience, je n'accepte pas votre offre qui ne correspond pas à mes compétences.
- En voilà des manières. Vous osez refuser ma nomination? Vous rendez-vous compte de l'outrage que vous me faites? Réfléchissez! Que vais-je faire maintenant que l'arrêté a déjà été signé.
- Avec le respect que je vous dois, je vous prie humblement de l'annuler. Je préfère garder mon intégrité.
- En voilà encore des manières, (Excédé) Vous prie humblement, humblement, humblement... Intégrité, vous croyez que je ne saisis pas vos insultes à peine voilées. Vous ratez la chance de votre vie. (Après plusieurs secondes d'hésitation) Vous pouvez disposer.


21 oct. 2016

Le bras de fer entre pouvoir et opposition

Les 19 et 20 septembre, à Kinshasa, il y a eu des marches de la population organisées par l'opposition, et il y a eu des morts. Le 19 octobre, il y a ville morte. Les échos sont divers: la vie aurait continué normalement, les bus ont circulé, les bureaux étaient ouverts. Par contre les magasins et supermarchés étaient fermés, toutes les écoles également car les parents ont craint d'exposer leurs enfants aux dangers de ces tensions. Les fonctionnaires avaient reçu ordre de se rendre au travail, au risque d'être sanctionnés, mais certains ou la plupart n'ont pas atteint leurs bureaux faute de transport. Beaucoup de gens n'ont pas bougé de leurs maisons sauf ceux en état d'urgence. La police était présente, armée jusqu'aux dents, sur toutes les artères de la capitale. Par contre à Goma et Beni, il y a eu des marches hostiles au régime de Kinshsasa. La majorité minimise, l'opposition renchérit: c'est la logique du métier.
Au-delà de ces événements, il y a une réflexion qui doit se faire qu'on soit du pouvoir ou de l'opposition. Quelle sera l'issue de ce bras de fer? C'est une situation inédite. Elle ne s'est jamais produite dans ce pays. Il y a d'une part un dialogue avec une opposition accouche d'un accord qui fixe les élections en 2018 et d'autre part un conclave du rassemblement (opposition) qui tient strictement à ce que la Constitution soit scrupuleursement respectée et que les élections soient tenues le plus rapidement possible. Depuis deux ans, il était clair que ce serait un sujet de dispute. La majorité au pouvoir possède les manettes du fonctionnement démocratique tandis que l'opposition brandit l'illégitimité de ces dispositions anticonstitutionnelles. Là alors on entre dans la politique congolo-congolaise que ce pays offre depuis qu'il est devenu république démocratique. Une politique toujours minée par des menaces de rébellions, de sécessions, de balkanisations. A chaque tournant de l'histoire ont surgi dans l'esprit des gens une ambiguïté et une incertitude indescriptibles. Du déjà vu. Alors que certains dialogues, congrès ou conférences ont connu une relative unanimité, la situation actuelle est plus tendue, dangereuse voire mortelle. L'intransigeance des deux poles fait craindre une radicalisation des positions, donc des affrontements sanglants entre un état surarmé et une opposition qui n'a que le verbe à la bouche. Les morts risquent de se compter par milliers si l'on y prend garde. La majorité minimise, l'opposition renchérit: c'est la logique du métier politique. 
Le pouvoir, qui n'a pas organisé et n'entend pas organiser les élections dans les délais constitutionnels, a le devoir de convaincre sa population du bien-fondé de dispositions du dialogue tandis que l'opposition devra cesser d'enflammer la division et la haine dans la population, d'inciter à la violence. La masse n'est pas idiote ni dupe, qu'on se le dise; dans son silence, elle observe et évalue l'action de ses dirigeants. Tout est dans la mesure. C'est à cette seule condition qu'un compromis salutaire pour le pays pourrait voir le jour. Plutôt que de lutter pour le pouvoir, il faudrait penser au peuple qui souffre de faim et de misère, pensez à construire les bases pour un pays où règnent la paix, la justice et le travail. C'est le seul vrai défi plutôt que la politicaille qu'on nous offre. Une politicaille pratiquée par des politi-chiens (l'expression n'est pas de moi) sans vergogne ni coeur, sans projet de société ni stature éthique et qui ne voient que leurs propres intérêts.
Je me souviens d'un slogan du temps de ma jeunesse: "Tout pour le peuple, rien que pour le peuple". Marien Ngouabi, Samora Machel, Thomas Sankara, Patrice Lumumba,... voilà des modèles d"inspiration. Le sacrifice de son sang!

19 oct. 2016

Vous avez dit Opposant?

Il y a plusieurs types d'opposants. Des vrais et des faux. Les vrais sont imbus de convictions inébranlables qui guident leurs actions et engagements politiques. Les faux opposants sont des flip flap, tournant casaque au gré de leurs intérêts. Ce sont des opposants alimentaires, traîtres, opportunistes, troublant, goûtant à toutes les sauces sans le moindre regret. Les collabo, des véritables espions et parasistes qui minent l'opposition réelle. Les vrais opposants sont souvent radicaux, intransigeants et durs avec le régime au pouvoir; les autres crient fort pour ne rien dire. Les récompenses qu'ils obtiennent de leurs trahisons sont souvent faramineuses car le régime en usant de leurs services se dévoile à eux, mais tient à garder un semblant de légitimité. Quoique ce soit dans les coulisses qu'on est vraiment opposant ou pas, des signes qui ne trompent pas révèlent la vraie identité de l'individu. 
Les zing-zagueurs politiques ont la réputation de n'être que de vils mécréants mus par leurs seuls intérêts, au mépris de celles et ceux au nom desquels ils prennent la parole dans les assemblées publiques.
- Voyons, vous avez bien dit opposant?
- Oui, monsieur le nargueur.
- Mais opposant à quoi? à qui? pour quoi faire?
- Beh au régime en déclin bien entendu! Nous au moins nous avons le courage dénoncer les maux et fléaux qui sévissent au pays.
- D'accord. Vous définissez-vous vraiment opposant ou perdiemiste de séances législatives?
- Il n'y a pas de meilleur opposant dans ce pays que moi. Au bout du compte c'est l'intérêt du peuple qui compte.
- Ah bon! Le pouvoir ne tient pas un autre langage que je sache. Je ne crois pas que si j'étais politicien, je serais dans votre opposition. Elle ne me convaint pas de sa solidité. Un petit vent de menace accompagné d'un paquet de dollars suffit pour la faire tomber. Et c'est cela la politique, semble-t-il. Je vous la laisse.

18 oct. 2016

Vous avez dit politique ou démocratie?

Cela revient au même. La politique c'est le pouvoir du leader sur le peuple; et la démocratie, c'est le pouvoir du peuple sur le leader En principe seulement. Le leader tire sa raison d'être du peuple, mais le peuple existe bien sans leader, c'est ce qu'on oublie souvent. Il y a dictature lorsque le pouvoir du leader engloutit celui du peuple, le contrôle à ses fins, et le soumet à ses intérêts.
Il se prouve un peu partout en Afrique que le président de la république est d'abord une machine à intérêts, un système qui fonctionne sans qu'à la rigueur il s'implique personnellement. Les structures sont mises en place pour que les ambitions du leader soient canalisées, astucieusement dissimulées sous des pratiques de corruption et de menaces physiques ou psychologiques, sous des pactes ténébreux couverts par l'omerta. Alors que le peuple pense à son bien commun, le leader lui pense à sa propre vie, à sa survie. Et souvent il lie le destin du pays au sien propre. La Constitution dont il est officiellement le garant ne constitue pas forcément sa référence fondamentale. Il peut monter son arsenal idéologique pour la torpiller ou la tripatouiller, selon son gré et impunément. Cela s'est vu. Ne comptent ses propres intérêts et ceux de sa clique.
Le pouvoir, il le garde par un étalage terrifiant d'armes sophistiquées et des menaces d'emprisonnement ou de mort. Les services de l'armée, de la police, de sécurité et d'autres structures secrètes acquises à la cause du pouvoir en place fonctionnent uniquement pour cette fin. La Constitution est réinterprétée en fonction du désir du maître, réajustée au profil du leader et au profit de la clique régnante. Les intouchables sont nombreux, qui perturbent la vie des paisibles citoyens pour que le pouvoir exhibe sa puissance et sa force de frappe. En Afrique, il y a touujours ou presque toujours des morts lors des manifestations voulues au départ pacifiques. Ailleurs, malgré des affrontements parfois sérieux, des casses et des dégâts matériels, on signale rarement des décès par balle. C'est à cette jauge que devrait se juger le degré de démocratie et de tolérance dans un pays. 
Lorsque le pouvoir veut obtenir quelque chose, il l'obtient quoi qu'il en coûte. Comme cela se prouve chaque jour, il ne recule devant rien pour se maintenir. Il réussit à diviser l'opposition pour faire passer ainsi ses dispositions, ses volontés et diktats. Il sait mater toute velleité de protestations et rébellions parfois avec des moyens disproportionnés. Des citoyens aux mains vides sont encadrés par des chars de combat lors des manifestions politiques. Le discours des thuriféraires du régime tourne autour de la personnalité immaculée du leader dont ils transmettent la volonté et le désir de régner "démocratiquement". Des rues ou des quartiers entiers sont bloqués ou mis hors d'état de nuire par des hommes armés jusqu'aux dents, insensibles aux doléances du peuple. Des bandits se confondent dans les mêlées pour servir de prétexte à la police ou à l'armée de tirer à balles réelles. Démocratie et politique en Afrique convergent lorsqu'elles exploitent les instruments de la république uniquement au service du leader-président.  Ce scénario est connu de tous les Africains observateurs des mises en scènes politiques. L'assassinat d'opposants ou de partisans trop en vue forme une recette très appréciées des leaders sanguinaires. L'argent, la corruption, le clientélisme battent leur plein pour faire avaler des couleuvres au petit peuple auquel on arrache le peu de droits qui entretiennent ses illusions de démocratie. En Afrique politique = démocratie. Ne me demandez surtout pas de quelle démocratie il est question! Un concept pas du tout fait pour les Africains. Politique, politque, mani pulite!

17 oct. 2016

Heureux anniversaire

17 octobre. Heureux anniversaires à monsieur l'abbé Floribert Kiala Sadila Kanda, et à monsieur Roger Kayolo, petit-fils de Kahiudi. Que le Bon Dieu les benisse et les protège!

Elle a aussi eu son coup 2

"Claver,
Comme d'habitude, je lis avec attention tout ce que tu écris. Là, je trouve que tu exposes la vie privée de ton voisin ou celle de ta compatriote africaine. Ne serait-ce pas mieux d'opter pour la retenue lorsque des faits touchent des proches que l'on pourrait aisément identifier? Fais gaffe, l'Internet peut être un mauvais support. Tu es averti." (GF, Email du 16 octobre 2016)

Ma réponse:
"Chère GF,
Merci pour tes remarques, je vais te répondre en deux points:
1. Je comprends ta préoccupation de sauver ma peau. Je répète ce que j'ai toujours soutenu et que tu sembles avoir oublié. Littéraire je suis, littéraire je resterai. Entre l'histoire et la fiction, il y a un intervalle que je franchis aisément ou fais semblant de franchir. Cela me permets de faire vivre mes témoignages qui sont en réalité des trompe-l'oeil. Du réel à l'imaginaire, le parcours est court et simple sur ce blog. Jouant dans cet entre-deux, je crée mon histoire, mon récit, au gré de mes rencontres et élucubrations cérébrales. Je ne rapporte des faits que ceux évidents, attestés sur un support codifié. Et souvent, j'ajoute la référence de mes sources.
2. Ne vous donnez pas la peine d'aller identifier le voisin ou la compatriote, vous ne les trouverez jamais. L'homme de St Vincent peut aussi être de St Kitts; s'il se révèle être de St Vincent, ce ne sera qu'une scandaleuse coïncidence d'inspiration. La Sud-Africaine pourrait être d'Afrique australe comme du Soudan, et vivre à St James plutôt qu'à Christ Church. L'essentiel n'est pas là. Le problème que j'expose à travers ces entrées est de loin plus important que les individus qui l'illustrent. Le sort de l'étranger en milieu familial barbadien ou caraïbe me préoccupe plus que l'individu en présence. Les traits de la masculinité caribéenne exigent une investigation plus profonde que les simples querelles de ménage exposés dans ces récits. Les conflits intercommunautaires parlent plus à l'esprit que la convivialité factice des réceptions populaires ou diplomatiques. Je place ce genre de publications dans un vraisemblable qui n'a de réalité que dans l'espace scriptuaire de ce blog. Qu'on se le dise!
Passe le bonjour à Fabien.
C"


15 oct. 2016

Elle a aussi eu son terrible coup.

Elle, c'est Y comme Yvette. Elle a aussi eu son coup.
Elle est sud-africaine; elle a traversé l'Océan Atlantique pour rejoindre l'île de la Barbade, le pays de son mari. Elle y vit depuis quelques années et a une jolie petite fille de six-sept ans. Femme pratique et réaliste, elle a ses petites affaires qui tournent bien. En outre, Yvette travaille comme cadre dans un ministère de la place où elle bénéficie d'un salaire correspondant à ses compétences. Le seul hic, c'est son mariage. Tout allait à merveille jusqu'au jour où sa belle-mère s'est introduite dans leur ménage, décidée de récupérer son fils qui à ses yeux s'attachait un peu trop à cette Africaine sans racines caribéennes, pour ne pas dire étrangère. Depuis quelque temps, elle vit seule avec sa fille dans un appartement qu'elle loue. Voici son récit.
Yvette habitait la paroisse de Christ Church, dans une maison située non loin de celle de sa belle-mêre. Son mari barbadien a soudain changé de comportement, sous l'instigation de sa mère. C'est elle qui payait tous les frais de la maison: emprunt immobilier, ménage, eau, électricité, nourriture, etc. Sa belle-mère n'a pas trouvé mieux que de briser ce cycle afin de reprendre le contrôle sur son fils. Elle a décidé que son fils mange désormais, dorme la plupart des nuits chez elle sauf les weekends. Allez y voir! Pour mieux enfoncer le clou, elle a fait aménager un débarras en chambre pour son fils, sous les yeux ahuris de l'étrangère. Et cela dans une maison qui ne lui appartient pas. En femme avertie qui connaît ses droits, la Sud-Africaine a engagé les services d'un avocat afin de protéger les intérêts de sa fille à qui, selon tous les papiers, reviendra la maison quand elle atteindra la maturité. Cette fois, une autre surprise, monsieur a décidé de vivre dans ce débarras avec une idée claire: "Nous allons désormais vivre comme cela afin de protéger notre adorable fille." "Pas question", rétorque l'étrangère. "Cette fois, avons-nous divorcé? ou sommes-nous en train de divorcer? Puisqu'il s'agit d'un divorce déguisé ou qui ne dit pas son nom, c'est moi qui sors, avec l'enfant. Quitte à la Cour de justice de décider la suite." En attendant, de peur de mettre sa vie en danger, elle a préféré quitter la maison conjugale pour louer un appartement près de l'école de l'enfant. Comme quoi, à chacun(e) son coup terrible!
 

Un coup terrible

Cet article a été écrit il y a quatre jours. Mais je l'ai effacé par erreur. J'ai décidé de le refaire, mais comme je ne me souviens que de sa structure, je vais le réduire à l'essentiel pour permettre aux lecteurs qui n'ont pas lu la première version de mieux comprendre "Un coup terrible 2". Je veillerai à ne pas perdre ce texte.
Le matin du mardi 11 octobre, je suis interpelé par mon voisin X qui m'a aperçu à travers la clôture en treillis qui sépare nos habitations. Il m'assène un coup terrible: "Come closer. I am leaving you guys... Je rentre chez moi à St. Vincent, car je veux ma paix. Je ne peux plus vivre avec cette femme avec laquelle je me querelle tous les soirs, et qui m'impose une vie de tension et d'enfer. Cette femme n'a pas de coeur, elle ne me respecte pas; elle encourage sa fille de 13 ans à me désobéir sous prétexte que je ne suis pas son père. Je me fais seulement beaucoup de souci pour mon fil de 5 ans, S., que je suis obligé de laisser sous sa garde. Voilà comment cette femme me remercie après avoir tout fait pour elle. Je vais prendre douche, un taxi vient pour me transporter à l'aéroport. Je n'amène que mes habits et quelques documents importants. Tout le reste reste."
Pour la petite histoire, mon voisin X a acquis cette propriété il y a quelque chose comme 4 ans aujourd'hui. Peut-être moi. A la retraite, il a presque 70 ans et sa femme à peine la trentaine. Les enfants de son premier sont plus âgés que son épouse. Elle de son côté a une fille d'une première relation. Et ensemble, ils ont le petit S., un enfant adorable, bien élevé et poli. Il est très lié à Chrystelle et Claver avec qui il se retrouve soit sur le trampoline, soit à velo, soit chez eux pour soigner les tortues, les chiens, et d'autres animaux domestiques qu'ils sont.
J'ai reçu ce coup comme une massue tellement j'ai été préoccupé toute la journée du 11 octobre et les jours suivants. Quel est état de conscience dans une condition pareille? Si j'avais été informé, j'aurai revêtu mes frocs de calotin pour tenter de les réconcilier. Cela me réussit de temps en temps. J'aurais au moins tenté de retisser les liens. Soit, c'est passé. Je revois ce bon voisin, toujours prêt à servir, toujours très gentil envers les miens et moi. Le voilà parti, sans vraiment sonner l'alarme. Je ne peux que lui souhaiter tout de bon.

13 oct. 2016

Un coup terrible 2

Dès la fin de ma conversation avec X, je suis rentré vers la voiture dans laquelle les jumeaux attendaient impatiemment. J'ai informé leur mère de la situation, en lui demandant de passer lui dire au revoir. En route, j'ai informé les amis de S:
- "S. Dad is leaving Barbados for a long time. We will not be seeing him these days."
- "How long? Two days? Three days or one week?
- "More... maybe some months"
- "One year?"
- Maybe, maybe not.
Soit pendant tout le trajet, je n'ai fait que penser à cela. Nous sommes arrivés à l'école juste à temps pour que les écoliers rejoignent les autres dans les rangs. Tant mieux! Je suis ensuite allé à Brownes Beatch comme d'habitude, décidé d'y passer le moins de temps possible. La réalité m'a réservé le contraire. J'y ai passé presque une heure. Et pour cause? Le terrible coup du matin.
Voilà un couple atypique et insolite! Le mari, originaire de St. Vincent, draine avec lui une première séparation douloureuse. J'ai déjà fait allusion à X dans une entrée il y a plus d'une année. Lorsqu'il a dit: "Mon premier mariage a volé en éclats dans des conditions pareilles. Mais qu'ai-je fait à ces femmes barbadiennes pour mériter un tel sort? Je veux ma paix, etc." Son premier mariage s'est dissous de façon dramatique. Son ex, avec laquelle il a eu trois enfants devenus grands maintenant, est partie après avoir vidé comptes en banque, falsifié les documents parcellaires et vendu leur propriété commune. Toutes les tentatives juridiques de récupérer sa part se sont avérées inutiles. Pris de découragement et de résignation, il s'est résolu d'arrêter cette onéreuse procédure et de refaire sa vie avec une autre. Seulement voilà. Il se révèle que cette autre qui aurait pu être sa fille puisque moins âgée que ses enfants du premier lit, avait aussi ses plans. Elle se débarrasse de lui en ce moment où le prêt bancaire est presque terminé, où la propriété a pris une valeur prodigieuse, et où elle sent qu'elle peut désormais voler de ses propres ailes. Est-ce cela que X  a voulu insinuer en évoquant les femmes barbadiennes? Je ne saurais ni l'affirmer ni l'infirmer. Me revient à l'esprit le problème du mariage avec un étranger dans un pays où on est étranger. Le fils ou la fille du pays tirent en général les ficelles.
Je me reproche mon impuissance devant ce coup terrible. J'aurais pu revêtir mes froques de calotin et intervenir si j'avais été informé. Cela me réussit encore de ramener la paix entre deux individus qui se disputent. "What happens or occurs behind the doors is something unpredictable", que me dit souvent une des secrétaires de notre département. Je ne peux hélas que confirmer cet adage. Il y a environ une semaine, je les ai entendus se quereller à tue-tête. J'avais du mal à croire que cela venait de chez les voisins, car dans la nuit tout est possible. Lorsque je le lui ai dit, il m'a répondu que ce scénario se passait tous les soirs. C'est leur vie après tout.
Mes réflexions m'ont amené à des considérations juridiques et culturelles. Barbadiens et Vincentiens sont différents quoique proches. Cela rentre aussi en ligne de compte. Ce qui me frappe le plus, c'est la facilité avec X a déguerpi du domicile qu'il a acheté à tant de frais. Quelle conscience a un individu lorsqu'il est confronté à une telle situation? C'est vraiment le tragique qui sous-tendait cette insolite relation. Des questions me sont passées dans tous les sens. La paix du coeur est un élément important dans la vie, c'est la moralité à retenir de ce terrible coup.

11 oct. 2016

Je suis encore là

L'élan habituel de mes interventions sur le blog est freiné par des problèmes mineurs d'organisation et de temps. Mais, c'est promis, je me remettrai à l'oeuvre. Un peu de patience!
Je suis en train d'enseigner Aimé Césaire à des étudiantes anglophones qui ne sont pas habituées à ce genre d'écriture. Je les ai consolées en déclarant que ses compatriotes et les autres francophones ne comprennent pas Cahier d'un retour au pays natal. Pour un enseignant, c'est un plaisir immense de voir les apprenants évoluer vers une certaine "compréhension" d'un thème ou d'un texte réputé difficile. Un texte aussi hermétique que Cahier mérite l'usage de clés de lecture. Ce matin, j'ai eu l'impression que quelque lumière pointe dans leur tête. Un véritable défi à relever. Un aléa de notre beau métier.

6 oct. 2016

Georges Balandier est mort

J'étais surpris d'apprendre qu'il vivait encore. Je le croyais mort depuis longtemps. En réalité, bien que j'aie eu à le citer dans mes publications, je ne me suis jamais intéressé à sa vie. Je savais que c'était un sociologue africaniste qui a fait d'énormes investigations en Afrique de l'Ouest et du Centre, touchant à tous les aspects de la vie africaine. Afrique ambiguë dont la lecture m'a fasciné par le passé illustre la perspicacité d'esprit dont a fait preuve ce maître du savoir. Un de meilleurs spécialistes de l'Afrique vient de partir. Georges Balandier a aussi touché à la littérature africaine, car je sais avec certitude qu'il a publié un article sur Chaka dans le deuxième numéro de Présence africaine; mais c'est à vérifier. soit.  Son oeuvre a contribué à faire connaître l'Afrique de manière considérable. Chapeau à l'érudit chercheur et à l'homme de la terre africaine!

Matthew - un ouragan dévastateur

L'ouragan Matthew est devenu dévastateur. Alors que nous l'avions à peine senti à la Barbade, il a causé au moins 108 morts dans le sud d'Haïti. Paix à leurs âmes! Tempête tropicale modérée à la Barbade, il a atteint le grade 4 en un rien de temps. A présent il se dirige aujourd'hui vers les côtes de la Floride, au sud-est des Etats-Unis, réduit au grade 3. Les experts craignent toutefois que le réchauffement des eaux océaniques le ramène à l'échelle 4 ou 5. Ce qui serait catastrophique. Que des vies et des biens en danger de disparition! Que des humains menacés au plus profond d'eux-mêmes! Des routes et des ponts ont été détruits au passage de la tempête; des arbres,  immeubles comme des maisons privées vont être balayés de la surface terrestre par un coup de vent chargé d'eau. Le gouverneur de la Floride a ordonné que près d'un un million et demi de personnes soient évacuées de leurs domiciles. Tous ne quitteront pas leurs logements pour des raisons diverses. Tel est l'insolite lot de cette partie de la terre. Un coup de vent suffit à anéantir du revers ce que des années entières ont érigé à force de patience et de sacrifice.
Je me pose beaucoup de questions à ce sujet, en essayant de me mettre dans la peau de ces frères et soeurs humains frappés par ce sort. Haïti n'est jamais épargné par les désastres naturels qui se produisent ces dernières années. Qu'est-ce que les Haïtiens ont fait à Dieu - comme disent les Africains - pour subir de tels malheurs? Quelles offenses ont-ils commises pour mériter cette ire répétée des dieux? Imaginons que l'alerte soit donnée à tous. Que doit-on faire ou prendre avec soi avant de quitter le domicile menacé de destruction? Les documents importants? Les biens de valeur? Souvent le temps d'alerte est trop court pour permettre de telles réflexions. Pris dans la vague, on réagit au gré de la vague. Il faut se sauver: la vie humaine d'abord. Tout le reste n'est pas ou plus important. C'est à des moments pareils qu'on réalise ce qui compte le plus dans la vie, qu'on prend conscience de la vanité des choses matérielles ou des luxes auxquels on s'attache toute la vie. Tout est vanité, rien que vanité. Les pays les mieux équipés s'en sortent relativement bien, mais des catastrophes ont déjà montré les limites des puissances économiques ou industrielles, dévoilant dans ces pays riches, une misère qui n'a pas de noms. Comme disait le capitaine d'Une Tempête de Césaire au conseiller du roi: "Maintenant, le roi, c'est le vent." C'est le vent qui commande tout le monde; et tous sont priés de s'y conformer. Voilà comme le monde est désespérément accroché désormais au sort que le vent nous réserve. Seuls la peur et le désarroi peuplent les coeurs des populations.
Prions ardemment que le Bon Dieu soit miséricordieux, et protège ses fils et ses filles.