29 août 2021

L'hypocrisie à la mort de quelqu'un

La mort de quelqu'un est un lieu privilégié pour observer les relations humaines. J'entends: amour, inimitié, vengeance. La mort réunit et sépare. Familles, rôdeurs, sympathisants et ennemis, se rassemblent autour de la personne défunte. Les intentions les plus diverses y sont présentes: intérêts,  conflits de famille, règlement de comptes. Ce que les gens ne voient pas, c'est ce qui se passe sous les décors de l'apparence. Tous les scénarios sont possibles. Les présents ne sont pas forcément tous unanimes ni unis dans leur appréciation du défunt, encore moins dans la justification de leur présence. Chacun y va pour un but clairement ou sournoisement affiché: amour, reconnaissance, formalité, devoir, protocole, manque de choix, etc. D'autres, cyniques, y vont pour narguer sans pitié ni commisération, et la personne défunte et la famille éprouvée. La mort de ma grand-tante Hélène Luamba m'inspire cette réflexion que j'étends volontiers au-delà des faits présents.

Le monde est impitoyable. Peu de temps avant mon arrivée à Kenge, Kha Hélène a passé un ou deux jours à la clinique de Kenge. On l'a même pleurée, la croyant morte. Elle avait des problèmes de respiration et de suffocation. Lorsqu'on la transportait, elle a entendu des adultes ou des enfants dire: "Akende, azonga lisusu te, awumeli mingi" (sic). (Qu'elle s'en aille et ne revienne plus, elle a déja vécu longtemps). Les gens du quartier estimaient qu'elle devait céder l'espace aux plus jeunes comme si le souffle de vie dépendait de leur seule volonté. Elle devait céder la place pour avoir déjà suffisamment joui de la vie. Si ces gens savaient ce qu'elle a vécu au cours de sa vie, ils se seraient tus. La femme de Kisalu Bakaba vient de mourir 52 ans après son mari. Et j'ai été l'un des tous derniers à entendre sa voix au téléphone mercredi dernier. La voilà morte aujourd'hui, qu'ils s'en réjouissent. 

Le monde est méchant. Ceux qui pleurent, crient le plus fort lors des veillées funèbres ne sont pas toujours les plus éplorées ni les plus affectés. C'est connu, amplement connu. Ceux qui affichent la mine la plus triste n'ont souvent que ce décor facial à montrer, rien de plus. Des fois, que dis-je, souvent le sorcier est le plus précieux pleureur. Comme le cœur de l'homme peut être méchant! Pourquoi le meurtrier ne serait-il pas l'organisateur des obsèques comme dans des films policiers? La méchanceté humaine va loin, plus loin. Dans certains pays, il y a des pleureuses professionnelles dont les services sont sollicités à prix d'or. Les plus nantis ne s'en privent pas pour organiser des funérailles historiques et sensationnelles. Et lorsqu'on s'informe, le défunt a été laissé pour compte au cours de sa vie. Bande d'hypocrites.

Les masques tombent. L'apparence peut camoufler les sentiments les plus odieux. L'hypocrisie est comme un masque de carnaval. On le porte juste pour le bal ou la réception finale. Le bal masqué est un concept à la mode. Face à l'événement fatal, on porte le masque pour jouer son rôle à la partie. Mais les gens n'ont pas la mémoire courte; ils savent la vérité même s'ils se taisent. Ne rien dire ne signifie pas ignorer ni ne rien savoir. Observez attentivement la masse, vous verrez. Ecoutez les discours, vous discernerez les non-dits. Le non-dit est ce qui fait tomber les masques. Espèce de littéraire sans pudeur! Comment oses-tu désacraliser la sainte pratique? Je perçois des choses que d'autres ne sentent pas. Je sens le mouillé, le sec, l'humide dans le fouillis des textes et des discours. Je scrute l'âme humaine comme Démiurge. 

Quand quelqu'un meurt, on lui pardonne tout, on oublie tout le mal qu'il a fait pour ne retenir que le bien. On lui tisse une couronne de bonté et de générosité dont il n'a eu cure au cours de sa vie. On écrit des hommages qui redorent son image. La personne morte devient bonne, juste, généreuse; elle mérite l'entrée directe au ciel. On va à son enterrement pour la forme, on présente le bouquet de le fleurs le plus cher. Cela s'est vu et se verra encore. La mort amène à ce que l'on se réconcilie avec la personne qu'on a pourtant détestée de son vivant, voire expulsée de son univers. Il faut cesser l'hypocrisie, exprimer ses sentiments et opinions sans ambiguïté, éviter la palabre et la polémique inutiles, car la mascarade sociale ne tranquillise jamais la conscience. J'ai dit.   

27 août 2021

La paix ne s'impose jamais (par la force)

27 août 2021. La nuit dernière, j'ai vu des images de l'aéroport de Kaboul avant de lire en ligne à propos de l'attentat meurtrier qui a coûté la vie à des Américains et des Afghans qui cherchaient à quitter le pays. Paix aux âmes des victimes. Plusieurs questions se posent mais demeurent sans réponses. Les Talibans chassés en 2001 reprennent le pouvoir en 2021. Quel était le but de cette invasion massive dont tout le contenu disparaît aujourd'hui? En assurant l'évacuation de leurs concitoyens et de leurs collaborateurs afghans, les Occidentaux donnent l'air d'avoir perdu la guerre et de capituler. Qu'on me corrige car je ne comprends pas trop ce qui se passe. On annonce un chaos, un état islamique radical, mais on plie bagages sans laisser une mission ou force de paix. Les Nations Unies semblent dépassées, laissant l'initiative aux seules grandes puissances de décider. Une leçon à retenir: la paix ne s'impose jamais par la force. La force fait peur, elle ne réconcilie jamais les cœurs. Si les Afghans ne veulent pas de la paix, la paix ne s'imposera jamais en Afghanistan. Cette règle s'applique à tous les peuples du monde. 

Kha Hélène wendi kwandi

 27/08/2021. Kulu wendi kwandi lelu. Wendi muwana Kisalu Bakaba ye bakhaka bosu. 

Wenda mboti Khaka. Mfumu Nzambi kakusambula, kakuheka ngemba ye luzingu lwa konda tsuka. Amen!

26 août 2021

Respect aux morts

"Claver, 

Je lis tes articles et remarque que depuis un mois tu as tendance à régler des comptes publics et personnels. Et te connaissant un peu, du moins autant que l'on puisse connaitre un auteur de blog, je crois qu'il se passe quelque chose chez toi. Tes titres de juillet sur l'argent, la trahison, l'ingratitude et certains événements démontrent une crise manifeste de confiance chez toi. Par contre tes deux dernières entrées sur Kyungu et Habré relèvent de l'essence même de ce blog. Et la métatextualité fonctionne à merveille. C'est en fait ces contradiictions internes dont tu possèdes le secret, qui constitutent l'atractivité de tes écrits. J'aime sans que je sois forcément d'accord avec toi. J'en viens au respect des morts.

Ce blog est plein d'éloges funèbres qui pourraient, en termes de beauté et de profondeur, rivaliser avec ceux de Bossuet. J'y recours pour retrouver certains souvenirs oubliés que tu gardes si bien grâce à ta bonne mémoire. Nous savons de qui Miledi mia Khatu l'a héritée. La mémoire doit, hélas, être courte pour que les gens vivent en harmonie et en paix. On doit oublier. Comment oses-tu toucher à de grands hommes de l'histoire africaine comme Habré et Kyungu? Leurs adeptes ne voient que le bien et les bonnes actions qu'ils ont accomplis au cours de leurs carrières politiques. Ce sont des monuments, des icônes qui ont drainé derrière eux des masses considérables d'adhérents à leurs doctrines. Tu dois savoir que des malfrats ont commis des crimes en leurs noms sans que cela les affecte directement. Par respect pour les morts comme veut notre tradition africaine, il faut leur pardonner et oublier le mal qu'ils ont fait ou inspiré. Chaque métier a ses risques, et le crime involontaire fait partie de cette dynamique. 

Respect aux morts! Une fois morts, ils deviennent sacrés et méritent notre reconnaissance. Voilà ce que tu sais mieux que moi sans aucun doute, mais que tu sembles avoir oublié.  Leurs familles sont encore sous le choc. Laisse-les enterrer leurs morts dans la méditation et le recueillement."


Ma réaction à chaud: 

Crime involontaire sur des milliers de personnes innocentes? Je dis: NON. Non Monsieur le Moraliste.

25 août 2021

Hissène Habré (1942-2021)

La nouvelle est confirmée. L'ancien président tchadien Hissène Habré est mort à Dakar où il était emprisonné à vie pour crimes contre l'humanité. On reproche au dictateur, entre autres, d'avoir éliminé près de 40 000 personnes. Les gens qui portent sur leurs mains le sang de leurs compatriotes innocents ne bénéficient d'aucun respect ni honneur chez moi. A bas la politique criminelle où qu'elle soit pratiquée, par qui que ce soit et quelles que soient les circonstances, n'a aucune justification. La logique du pouvoir n'est malheureusement ni éthique ni humaine.

Tiens bon Kha Hélène

Je viens de recevoir un message whatsapp de Donat que Kha Hélène ne bouge plus, ne parle plus, mais qu'elle est encore consciente, voit, réagir par des signes qui s'affaiblissent de plus en plus.  Hier pourtant, je lui ai parlé, elle articulait difficilement mais je réussissais a comprendre ce qu'elle disait. Les signes ne sont pas bons, mais l"espoir de la voir reprendre ses facultés s'amenuise pas chez nous. J'ai appelé Anessy tantôt, pas de changement. Prions, prions et encore prions pour l'unique Nkaka qui m'est restée. Pitié Seigneur! Union de cœur avec tous les miens!

23 août 2021

Mama Matsasu wenda kwandi

23.08.2012. Wenda kwandi mama. Lelu mvula vwa hana twakumina batsona. Wenda kwandi mama Christine Matsasu Kayengo. Kenda buna kazinga ye mbatalala-mbundu, ye luzitu ye lukumu. Mama kaswekiki mambu mingi ku mbundu, ma pasi ye kiesi. Kazonziku bwingi, kazodikiku kumonisa mutu pasi. Mpila kazingila, ni wa bwa kedi mu mambu ye yandi, samuna ngeyi mutwa mbi. Mbundu yina, kweku mutu wa monga ya, ziku Louise ye bana ba bakhetu. Ziku. Keku Bea, ziku Passy. Keku Koka ziku Kalongu. Aho! Kansi mama buna katutsasa, katuheka mbundu ya lutondu ye kusadisana. Biakala ludi, biakonda lusi kikesa ye ngolu lwa dia. "Nzo yena luzitu tata." Dilongi ka peka ha yasumba nzwa theti ku Kin ye kwaku twena. Ngudia Kahiudi kakala mutu mosi wa kubatama. Katulonga luzitu lwa bambuta ye bima bia bakwenu. "Mekiku kuyiba ata mbongu ata bima bia ngani, kilumbu biakubalukila. Sadiku mukwenu mambi. Mweniku mukwenu kimpala to "kheni". Mama kakala ye kisingitina kia mambu mosu: kabidiku diambu, kabidiku mutu, kazayiku batu bosu ye mazina ma bawu. Ngangu ye nduka zingi. Katutaniniki bwingi. Kakala ye mambu mandi kazodiki ata bu kazonziku bwingi. "Abbé Mabana muntu ya Kimbau, nge mama na yandi muntu ya Mikawu. Nki mutindu?" Père Jean Malembi kamuhiula kilumbu kimosi. Kilumbu kisa mutala Koka, katsamwana ni bazonzaku bwingi, kaka kutalana mesu ye mesu. Mama kuna wenda, tuyindulaka betu bana baku twasala, tutaninaka, tutalaka ye mesu ma nkenda hana twabwaka mu mafu, tusadisa twa telema mu zina dia Tata Nzambi. Tusambilaka mama, luzingu lwatutona. Twasimbana mu lutondu, twazolana buna twasala, twalanda malongi watulonga. Matondu mama buna lwazinga ye tata mu kutuyedisa mu nzila ya masonga ye mawaete, mu mambu mosu wasala kikuma kia betu bana baku bosu ye bakhaka ye nzo zetu. Wenda mboti. Hwena kuna wena mama. Hwena mu ngemba mama, Ngudia Miledi mia Khatu.. 

22 août 2021

Gabriel Kyungu wa Kumwanza (1938-2021) est mort

Aujourd'hui la RDC et le Katanga pleurent Mr Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l'Unafec (?). Il est décédé à Luanda ce 21.8.2021. Paix à son âme! Condoléances à sa famille biologique et politique. 

Un grand homme? Oui, co-fondateur de l'UDPS. Oui une grande voix. Baba wa Katanga, comme on aime le présenter, était une grosse gueule. Il a eu une grande notoriété à travers ses activités politiques. Mais son tableau n'est pas aussi brillant qu'on le présente. Des éloges fusent de toutes parts pour rendre hommage à ce digne fils du Katanga qui a incarné des valeurs séparatistes, tribalistes et ethniques. Comme l'impunité est de règle dans ce pays, je ne m'étonnerais pas d'apprendre qu'on lui décerne une médaille de chevalier de l'ordre des Léopards (?) ou qu'il soit proclamé héros national ou provincial. C'est sur ce point que je marque mon désaccord.

La mémoire des Congolais est décidément courte. Kyungu n'est-il pas le gouverneur du Shaba qui a attisé le feu de la haine tribale entre Shabiens et Kasaiens? Ces derniers appelés Bilulu (sauterelles) étaient accusés d'avoir envahi le Shaba et pris l'emploi ou les postes de travail des natifs du terroir. Des milliers des Kasaïens ont perdu la vie comme leurs emplois et leurs biens. Des milliers chassés sont retournés complètement démunis comme des misérables étrangers dans leur propre pays. Et Kyungu porte l'entière responsabilité de ce drame. Une page sinistre de l'histoire de la RDC. Curieusement, ni Mobutu, ni les deux Kabila, ni même Tshisekedi n'ont élevé la voix pour dénoncer ce délit de massacre collectif et emprisonner le malfrat. Bien au contraire, le criminel a été adulé, encensé, adoré au point de continuer tranquillement sa carrière politique. Kyungu porte du sang des Congolais sur les mains. Et à ce titre, Mr Kyungu ne mérite à mes yeux aucun honneur. Adorez-le si vous voulez. Libre à vous. Mais moi, je ne suis pas la masse. Je dis NON. Qu'il paie le sang des innocents qu'il a martyrisés ou qu'il soit acquitté de ses crimes à titre posthume. Je ne marche pas avec la masse. Pauvre de moi littéraire, qui suis-je pour déboulonner un monument ou un baobab dont, paradoxalement, le Katanga salue unanimement l'action et l'idéologie politiques? Je dis: NON.

21 août 2021

Courage Kha Hélène

Hier vers 2 heures du matin, j'ai reçu un message annonçant que Kha Hélène est hospitalisée à la clinique de Kenge, qu'on lui a administré l'extrême-onction, et que j'informe les gens de Londres. Bouleversé par la nouvelle, j'ai tenté d'appeler Anessy sans succès, mais j'ai passé le message à Gisèle Mvundji à Londres, à Tante Marie Mayengo à Mons et à René Mbangu à Dakar. J'ai remarqué que les gens de Kin n'étaient pas encore informés. Tante Marie, très émue, s'est mise à pleurer: "Mama na beto me bikalaka kaka yandi. Sambu na nki mpasi ya mpila yai?" Et dire que quelques heures auparavant vers 21 heures, j'ai raconté à Mama Mapasa que j'éprouvais à Kenge un immense plaisir à retrouver Kha Hélène, que je la visitais tous les deux-trois jours lors de mes séjours. Appelez cela coïncidence gratuite! C'est moi ça, Kilavedi comme elle m'appelle affectueusement. Nous avons souvent de longues conversations, nous rions beaucoup ensemble. Dernièrement, j'ai découvert qu'on l'appelle "Kulu", un sobriquet né du fait que ses petits-enfants l'appelaient "Koko": "Koku koku benu bosu, abwe mana Kulu?". Il paraît que ce surnom inconnu de moi existe depuis des années. Voilà pour la petite histoire. Je me suis recouché, et j'ai attendu le matin pour relancer la communication. J'ai ainsi pu parler avec Anessy, Marie Kitu et Adolphine toutes les trois au chevet de leur maman. Merci à G. d'avoir facilité la communication. Plus de peur que de mal: Nkaka est en bonnes mains; elle se remet lentement et calmement de sa crise. Gloire à Dieu! Tout le monde se mobilise pour apporter secours, réconfort et joie à Kha Hélène, la digne survivante de son mari Kisalu-Bakaba décédé en juin 69. Que le Seigneur la bénisse, la protège, lui accorde encore de longs jours parmi nous. 

Elle aurait eu 116 ans aujourd'hui

20 août 1905. Il y a 116 ans est née à Hangach près de Lindau en Allemagne, précisément entre Lindau et Bregenz en Autriche Maria. Theresia Weingärtner est la mère spirituelle envoyée par l'Eternel pour m'alléger le poids de la vie. Elle a été associée à tous les grands moments de ma vie jusqu'a sa mort. Elle est paisiblement décédée le 25 mai 1997 à Munich-Talkirchen. Mutti Resie, Du warst immer für mich da, jede Zeit wenn ich Dich brauchte. Bleib lebend in Ewigkeit. Herzlichen Dank fūr alles. 

 

18 août 2021

Congolité 2

"Claver,

Tu as touché là un thème actuel, mais aussi important. J'admire la clarté de tes propos sur ce thème qui soulève actuellement des passions effrénées. La congolité est à mon avis un mal nécessaire, même si elle paraît discriminatoire aux yeux de certains. Un sujet sensible certes, mais qui mérite qu'on s'y penche sérieusement car il en va de l'avenir de toute une nation. Devons-nous plaire à des individus aux vertus exceptionnelles qui viennent d'ailleurs juste dans le but de leur plaire ou leur réserver un accueil chez nous? Ces individus qui ne remplissent pas les conditions pour devenir présidents au Congo n'ont qu'à rentrer à leurs origines pour y être présidents. Je souhaiterais par contre que les lois du pays soient claires afin d'éviter toute ambiguïté. Ne soyons pas dupes: on peut, comme tu l'as dit, fabriquer des citoyens congolais de toutes pièces et leur attribuer la congolité pour leur ouvrir le chemin de la présidence. Ton analyse m'a plu. Congrats jeune homme."


16 août 2021

Corruption

"Corruption des corruptions, tout n'est que corruption"

Ce n'est pas de moi. Moi je sais plutot un verset biblique qui y ressemble: "Vanité des vanités, tout est vanité" (Eccl. 1, 2). Mais je crois que la leçon profonde est la même. Politica, politica, mani pullite.

14 août 2021

"Congolité", et si nous y réfléchissions?

Le mot "congolité" n'est pas nouveau dans ce blog. Je l'ai utilisé dans d'autres circonstances, notamment à propos de mon propre paternel, du M23, etc. Mais c'est la première fois que je voudrais y consacrer une réflexion personnelle, qui n'engage que moi et moi seul. Comme pour tout débat, la porte est ouverte aux avis contraires dans le respect des sensibiltés individuelles. 

Sujet à controverses et polémiques. Concept discriminatoire ou d'exclusion. Tout cela s'est lu et entendu. Lorsque le sieur Tshiani s'explique ou s'exprime, il est soupçonné de rouler pour une task force ou pour une classe politique qui le soutiendraient dans cette aventure trop risquée. Il dit tout haut ce que d'autres pensent dans leurs coeurs sans avoir le courage de l'exposer. Même les journalistes qui l'interviewent ne sont pas loin de le faire croire. C'est désormais une loi déposée à l'Assemblée nationale, semble-t-il. Le débat semble trop passionné pour qu'on en parle froidement, sans état d'esprit. Le philosophe, n'est-ce pas celui tente de dépasser la subjectivité afin d'atteindre le plus d'objectivité? Terrain risqué, je l'abandonne. Parlons en littéraire, joueur imaginaire sur un échiquier réaliste, observateur impassible de scènes de la vie.

Sujet sensible. La "congolité" définie comme qualité de congolais de père et mère congolais porte des relents radicaux d'exclusion et de "racisme" tribal ou ethnique. Le droit du sol n'existerait pas, la naturalisation serait une leurre. Ne seraient congolais que celles ou ceux qui prouveraient l'exclusivité congolaise de leurs parents. Jusqu'à quelle ascendance? On ne le détermine pas. Qu'on se le dise, la RDC est parmi les pays où le certificat de naissance se fabrique sur base de témoignage pour un jugement supplétif. D'autres pays sont mieux organisés, et les attestations de naissance sont fiables, traçables, enregistrées, documentées. Qu'on me corrige si je me trompe. Donc le flou commence à la naissance. Nos hôpitaux, encore moins nos villages, ne disposent pas de documentations ni de registres fiables. L'ascendance biologique est très problématique.  Et de fil en aiguille on remonterait jusqu'à la provenance proto-bantou depuis les temps où le Sahara fut encore fertile. Je me dis "Congolais" alors que j'ai vécu plus de 40 ans de ma vie hors du territoire congolais. En quoi consiste alors ma congolité? J'aurais bientôt vécu plus d'années à la Barbade qu'en RDC. En quoi suis-je plus congolais que Ndomanwenu d'origine angolaise qui est né et a vécu toute sa vie dans ce pays? La congolité est donc à redéfinir en d'autres termes. On peut être congolais de naissance, par le droit du sol et par naturalisation. Une fois qu'on est congolais, on l'est et dispose de tous les droits et devoirs ou obligations auxquels sont soumis tous les congolais. Qu'on les aime ou qu'on les déteste, les Kengo Wa Dondo, Mafuta Kizola, Mario Cardoso, ou Jeannot Bemba ont servi ce pays avec zèle et dévouement. Devraient-ils devenir présidents pour mieux servir le MPR ou l'UDI?

La congolité devient douteuse lorsque certains citoyens à double tête servent à la fois leur pays d'origine tout en trahissant leur pays d'adoption. Là se pose un véritable problème. Dans les années 90-92, un ami Jean Biletsi me disait que si jamais il y avait une guerre déclarée entre le Rwanda et le Zaïre, le géant Zaire la perdrait parce que le chef de la logistique des FAZ était rwandais. On raconte que le Général angolais qui aurait fait déguerpir l'armée rwandaise de Kitona serait d'origine congolaise. Personnellement, je n'ai pas de problème avec le caractère congolais des naturalisés. Plutôt que de les juger généralement, il faudra le faire au cas par cas. Les traîtres existent partout; les espions à doubles casquettes prolifèrent partout au gré de leurs intérêts. Un Vital Kamhere accusé de double nationalité devrait se définir et couper tout lien avec ses maîtres-penseurs avant d'occuper la présidence d'un pays où il serait né mais dont il ne serait pas originaire. Ces ambiguités poussent vers une congolité radicale. Ce genre d'attitude accroit la xénophobie envers ces étrangers envahisseurs qui pillent nos ressources, nous tuent ou occupent nos postes. Ce sentiment radicalise les tenants de la congolité comme par effet de causalité. Vrai ou faux, le constat est que les étrangers vivent mieux des ressources de ce pays que les Congolais de souche. Les intouchables Indiens, Pakistanais, Chinois, Libanais, Israeliens et autres se pavanent dans les rues de Kinshasa ou Lubumbashi en conquérants vainqueurs de guerre.

Calcul politique. Au-delà de la volonté inoffensive de servir la nation congolaise se dissimulent de sournois enjeux politiques. La scène politique actuelle de la RDC note la force populaire de Moïse Katumba et de son Ensemble qu'il a su installer à travers toutes les provinces du pays. Le pouvoir a du mal à assumer son bilan jugé négatif par la population. Il faut redistribuer les cartes, et la congolité faciliterait ce projet. Les gagnants probables de ce conflit de nationalité ont pour noms: Tshisekedi qui se positionne pour briguer un second mandat; Fayulu dont la popularité tissée aux élections précédentes demeure sans conteste la plus forte; et d'autres dont le profils tardent encore à se manifester. Cette manoeuvre de la congolité vise à écarter des candidats sérieux à la magistrature suprême. Le tempo correspond au calendrier électoral, c'est le mid-term, dirait les Américains. Donc il y a du temps pour d'éventuels arrangements au cas où ce machin ne provoquerait pas un "glissement" à la Kabila. Tout cela s'est vécu; rien n'est impossible à ce niveau. Le pouvoir en place boucle tous les rouages pour s'assurer une probable ré-élection. Au diable la vérité des urnes pourvu qu'on gagne et marque des penalties au coin de la rue. On a le pouvoir, on le garde, et la congolité vient à la rescousse. Toutes les positions-clés sont pourvues en Congolais pur sang, entendez par là l'ethnie régnante comme si aucune autre ethnie de ce pays n'avait droit au chapitre. Cela se constate. Vous avez dit: congolité; je dis ethnicité. Ces deux mots riment parfaitement par leur sonorité comme par leur réalisation métalinguistique. 

Bref, le concept de congolité est important pour éviter que des non-congolais n'occupent des positions fondamentales de la république. Il pose cependant de sérieux dangers de division et d'éclatement de la nation. L'occupation systématique qui a lieu à l'Est ne favorise pas un climat de paix: on occupe, on s'arme avec la complicité des compères intérieurs et extérieurs, on se dit congolais. Citoyens à double face, s'en méfier comme des serpents. "Mbwa kula nioka": un chien qui pourchasse un serpent. Tel est le danger de la congolité. Je suis clair: il ne faut jamais attribuer la présidence à un Congolais naturalisé ni d'origine étrangère. D'autres pays ont inscrit cette clause dans leurs constitutions, pourquoi cela constituerrait-il un problème en RDC? Aux Congolais d'en décider par referendum s'il le faut. Les autres postes, quiconque peut les occuper si elle ou il en a les compétences ou y est élu. La nationalité congolaise doit être ouverte à quiconque la désire sans distinction de race, de religion, de sexe ni d'opinion pourvu que ce dernier ne trouble pas la paix et la sécurité nationales. Une nation ne se construit que grâce au sacrifice de ses filles et fils; elle se consolide grâce au consensus grâce à un serment d'allégiance. Ne baissons pas les bras, soyons vigilants. Que les étrangers naturalisés contribuent à la nation congolaise et au développement de ce pays dans le respect des lois de ce pays. Traîtres, espions, doubles têtes doivent être bannis, arrêtés, déportés ou emprisonnés. Je défends une congolité radicale pour la magistrature suprême, mais ouverte aux naturalisés. Ma congolité elle-même laisse à désirer car je n'y ai plus vécu depuis novembre 1987.   

 


Dialogues entre amis sur la congolité

Georges Bernanos avait publié Dialogue des Carmélites, voici "Dialogue entre amis" en plus fade mais en plus vivant et actuel. Le littéraire reprend son plagiat. Le directeur de l'école doctorale sait de quoi il parle, mais ne l'applique jamais à lui-même. La congolité soulève des passions chez les uns comme chez les autres. Parlons-en sans tabous.

- Que penses-tu de la loi Tshiani? 

- C'est quoi encore cette histoire? 

- Prof. Tshiani est un ancien candidat malheureux aux élections présidentielles de 2018. il soutient au nom de la congolité que la présidence de la RDC soit exclusivement exercée par un Congolais de père et de mère congolais. Ainsi que les postes importants comme le PM, les ministères sensibles (intérieur, défense, sécuritè,  etc.). 

- Excellente initiative que je soutiens à 100%. 

- Tu as bien réfléchi?

- Oui, il n'y a même pas à y réfléchir; je suis catégorique, sûr et certain. La RDC n'a que trop souffert des leaders aux statuts ambigus. Que ces postes soient exclusivement verrouillés et réservés aux seuls Congolais de sang, de père et mère. 

- Sais-tu prouver si tu n'as pas de sang angolais en toi?

- Suis congolais pur sang, jusqu'à la preuve du contraire.

- Sais-tu qu'on peut t'attribuer des parents angolais pour te faciliter l'accès à la présidence de ce pays-là? Cela s'est vu, cela s'est entendu.  Les présidents Kaunda, Kabila, Mobutu, Bongo. Ouattara ne se sont-ils pas vus attribuer des nationalités étrangères? 

- Oui, j'ai entendu, lu cela. Mais n'empêche que j'endosse la position de Tshiani.  

- Moi, je suis d'accord pour la présidence... mais accepterais volontiers de voir des Congolais qui ne sont pas de souche à des postes de responsabilité. Ayant des enfants barbadiens, j'imagine les opportunités de travail qu'ils ont ici. Je ne partage que partiellement cette position. On peut très bien servir, comme je le fais, sans être forcément président.

- Je te comprends parfaitement cher ami. Je soutiens le concept de congolité pour une raison très simple: de nos jours on ne sait plus qui est qui dans ce pays. L'armée congolaise est infiltrée des Rwandais. James Kabarere fut chef de l'armée nationale congolaise. Incroyable! On a ainsi instauré l'occupation dont la RDC est victime jusqu'à ce jour. Ça doit cesser.

- Tu as sans doute raison, je comprends tes ressentiments. La RDC est humiliée, occupée parce qu'elle s'est laissée naïvement occuper par ses voisins soit-disant pour faire tomber un régime de Mobutu pourtant déjà moribond. Et les autorités actuelles semblent poursuivre cette même voie pour se maintenir au pouvoir.

- Exactement. Moi je refuse de m'inscrire dans cette logique d'occupation. La RDC aux Congolais, tel est l'objet de mon combat. 



13 août 2021

43e anniversaire

13.8.78-21 soit 43 ans depuis  que les abbés JR Singa et Michel Jr N'Gob sont devenus prêtres du diocèse de Kenge. Doyen JR décédé depuis une année, mbuta Jr continue seul son destin apostolique dans la vigne du Seigneur. Félicitations au survivant. Auguri tantissimi caro Don Michele. 

12 août 2021

Ce qu'on ne sait pas

De son vivant, Malen'O disait: "Ce qu'on ne sait pas, c'est parfois terrible". Je renforçais: "C'est souvent terrible". Et lorsque l'on découvre la vérité, c'est souvent désarçonnant, pénible, tuant, décourageant. La désillusion survient à tel point que l'on remet tout, tout le passé, en question. Est-ce vrai? Ai-je vécu dans la vérité? Comment ne me suis-je pas rendu compte à temps de la mauvaise foi de mon ami ou partenaire? Souvent, c'est trop tard et le mal est fait. Chapeau L'homme! Paix à ton âme là où tu te trouves. J'ai encore vu ta tombe en décembre dernier à Katende. Que des douleurs à penser qu'un voile s'est à jamais érigé entre toi et moi. Ce qu'on ne sait pas, c'est qu'il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi. Je n'ouvre jamais ce blog sans penser spécialement à toi. Ciaiiiiiisssssssimo La Tortue, cela te dit quelque que tu as su et vu. Vive notre ciné-club. Passons aux choses sérieuses!

Le mythologue littéraire que je suis imagine souvent des choses qui se révèlent finalement vraies. Lorsque j'émets des doutes et que mon imagination combine quelques intuitions, elles se révèlent souvent vraies. Je connais tellement bien mes frères et sœurs que leur silence réalise souvent ce que je crains. A tel point qu'ils m'attribuent les échecs éventuels de leurs projets. "Si ceci a réussi pour un tel, sera-ce le cas pour toi aussi?" Question souvent incendiaire qui déséquilibre le plus promettant et spectaculaire des projets. Un certain degré de scepticisme me sert de garde-fou contre un enthousiasme exagéré généré par la beauté éthérée des pensées. Au-delà des flatteries dont m'entourent des admirateurs acquis à ma cause ou à ma personne se dissimule le vrai visage faux de mon "petit" ou de ma "petite" de confiance. Cela, je l'ai perçu, je le perçois. A l'âge que j'ai aujourd'hui, je ne me préoccupe plus du qu'en dira-t-on? ni des jugements des thuriféraires au double visage. Ce qu'on ne sait qui serait "parfois" terrible, je le déniche souvent à temps. Halte aux faux amis!

Un secret. Je ne l'ai jamais dit à qui que ce soit, foi de ma fleur de cactus, mon Erato. J'avais pleinement confiance en quelqu'un qui m'a trahi, vilipendé, tout en me montrant un visage des plus amicaux du monde. Et ce quelqu'un a tout fait pour que ma vie devienne un cauchemar. Je le trouvais à chaque coin de rue, à chaque tournant de route. Terriblement touché par mon sort, l'ami s'était personnellement impliqué dans ma vie de sorte qu'il me conseillait et m'encourageait dans mes rêveries de promeneur solitaire. C'est JJ Rousseau dont le titre devint mon livre de chevet. Si j'ai survécu à ces épreuves, ce fut grâce à la lecture des Rêveries d'un promeneur solitaire. Ce ne fut pas la Bible, encore moins une oeuvre de Lavelle ou Tchicaya, qui m'ont relevé de ma décrépitude que d'aucuns jugeaient honteuse ou scandaleuse. Cela ne se sait pas. Secret de lecteur. Secret de lecture. Je démolissais les obstacles qui se posaient devant moi. Un autre secret. Il est récent. Est-ce vrai? Je ne saurais l'affirmer. Une personne que je croyais "amie" me condamne et me vire pour avoir dérogé à son injonction familiale. Je n'ai jamais su que notre relation était conditionnée par cet aveu. Il n'y en a jamais eu en réalité car elle s'est éclaboussée dès mon départ pour d'autres cieux. Adios Babe, que je me suis dit. Bon débarras! Un autre, un soi-disant prophète moins médiatique que Ben Hill, tente de renouer avec moi par des frères et sœurs interposés, sans avoir le courage de m'approcher directement. La question est de savoir ce qui a fait qu'il en arrive là. Pour moi, ce qu'il ne sait pas, il n'existe plus dans mon univers; je l'ai raturé. Je ne vois pas ce que je gagnerais à le récupérer dans mon sérail. Il n'a qu'à vivre heureux là où il se trouver, loin de moi. Qu'il savoure son ingratitude au plus haut point. Quant à ton bannissement, je le lui apprends à travers ce blog. Et il se reconnaîtra j'en suis sûr au cas où il me lirait encore.

Sacré Faust, tu as tout dit. Oui, dernièrement, s'est dévoilé aussi un visage. Le masque est tombé lorsque j'ai ouvert la boite de Pandore longtemps demeurée fermée. Je sais tout désormais. Le traître, ton traître, boit et mange avec toi. Ton démolisseur est parmi tes plus proches, ne le cherche pas loin ni ailleurs. Sagesse séculaire! La vérité libère, dit-on. Plus rien ne sera comme avant car le premier Gao n'est pas Gao; c'est le deuxième qui... Eléphant braisé, tu mangeras à la mangeoire nationale. Merci d'être devenu honnête. Pas loin du miracle. "Ce qu'on ne sait pas, c'est parfois terrible", martelait tel un prophète dans le désert Faustin Antoine Ondjo. 

Happy Birthday Natassja

Happy Birthday Natassja Bynoe. Plenty God's Blessings !

11 août 2021

Des rencontres révélatrices

Lors de mon dernier séjour en RDC, j'ai eu trois rencontres je ne dirais pas insolites mais révélatrices. En fait, certaines choses que nous apprenons des gens demeurent parfois enfouies dans notre mémoire et reviennent à l'esprit au détour d'une conversation. 

Kenge a tellement changé que je n'ai pas retrouvé mes vieux repaires dans le quartier attenant au couvent des sœurs de Marie Reine de la Paix. A l'occasion d'une visite à mon aîné Alexandre Mutoni, j'ai retrouvé un quartier à la fois transformé et resté le même. Je m'explique: des constructions récentes dont le Centre Pastoral que je n'avais jamais vu que sur maquette - et qui porte aussi mon impact - constituent le décor de ce coin jadis vide. Pour la première fois, j'ai visité de jour ce centre où siège l'Assemblée provinciale du Kwango. J'y suis pourtant passé en 2018 mais de nuit en compagnie des Honorables Mulenga et Lutros, mais je n'avais pas vu grand chose. Je découvre à côté la maison construite par la famille Muzembo mais aliénée plus tard aux sœurs. De vieilles constructions existent encore, mais transformées, repeintes ou adaptées. Lorsque je marche devant le couvent, je remarque des ajouts, le kiosk a disparu. Sur le chemin, de nouveaux édifices aux toits multi-pointus impressionnants, symbole d'extravagance d'un style hérité du Nigéria. Boom immobilier. Cela indique la prospérité de certains propriétaires quoique la précarité demeure la commune mesure. Les enfants qui circulent sont de la deuxième génération après mon départ il y a mille ans. Je ne retrouve plus des maisons que je connaissais pourtant bien, probablement annihilées par l'ouragan de l'histoire. Au-delà du paraître, ce qui m'a le plus marqué de la rencontre avec Ya Alexandre, c'est sa connaissance de l'histoire de la ville de Kenge, des bâtiments, et de surcroît du Kwango. J'ai pu renouer des histoires que je savais négligemment, mais avec un éclairage nouveau. Par exemple je savais que l'abbé Innocent Mwela a fait sa 6e primaire à Kimbau avant d'aller à Kalonda, mais dans quelles circonstances? Je l'ai su de lui. Je l'ai encouragé à mettre ces vastes souvenirs par écrit. La meilleure chose à chose à faire est, je crois, de l'interviewer. 

Les deux autres rencontres ont eu lieu à Kin. J'ai été cloué au lit par un malaise alimentaire. Je ne suis sorti que pour le test de l'INRB et une démarche à l'ESU qui n'a même pas abouti. Un pays à la dérive. Ce même jour, j'ai réservé un temps pour visiter une sœur qui a requis l'anonymat  chez elle. Un cadre féerique, vraiment bien, calme en plein centre ville. S'est à cette occasion confirmée une histoire entendue jadis d'un inceste familial dont j'ai toujours douté, tellement je n'en croyais pas mes oreilles. Un pacte sorcier lierait à jamais toute la famille dans un secret de polichinelle. Je l'ai entendu comme tout le monde. Il est dans la vie des choses dont tout le monde parle, sans que parfois ce soit vrai. Je me réserve le bénéfice du doute en général. Et là me voilà convaincu alors que je connais ces gens depuis mon enfance. La deuxième histoire, je l'ai apprise, comme par hasard au cours d'une conversation WhatsApp. J'avais appris, du temps de mon petit et grand séminaires, des récits d'abus de belles-sœurs par un illustre cadre de l'éducation non autrement identifié. Une des victimes m'en a révélé la véracité, avec des détails très atroces. Abusée depuis la quatrième primaire par celui que cette orpheline considérait comme son père, elle a été mise à deux reprises à l'internat pour l'éloigner de l'intouchable violeur. La deuxième fois, la décision a été imposée par papa Donatien Mabana. Ce dernier a gardé ce secret jusqu'à la mort sans me le révéler. Mais je comprends mieux certaines piques qu'il ne cessait de lancer à l'endroit du vénérable éducateur. 

Ces rencontres physiques et virtuelles m'ont révélé des choses connues certes mais confirmées de sorte à supprimer tout doute. J'en suis resté très ému. Comme quoi, le voisin demeure un parfait inconnu. Même mon pote Vwanga a fait tomber le diable de son illustre piédestal. J'ai toujours dit à MF que je ne me fie qu'à ce qu'elle me dit. J'ai entendu, mais mais je ne crois que ce que tu me dis, F comme Voyelle." Allez-y voir. Cela est un acte de confiance qui me tranquillise la conscience afin de ne pas céder au doute. Chacun a certes sa vérité, mais il est un point qu'il ne faudrait jamais dépasser dans toute relation. C'est quitte ou double. Le doute est destructeur de la vérité, j'en sais quelque chose. En fin de compte, ma vérité n'engage que moi seul. Parole de littéraire! Ne cherchez pas à mettre des visages à ces personnages car toute coïncidence ne serait que scandaleusement fortuite et impertinente. Foi de MF, ma fleur de cactus.  

Happy Birthday Eileen

To my great friend Eileen E. Scrivener nee Baker my warmest wishes. She belongs to the very few ones who happened to cross my way and remained dear to my heart. Life is wonderful: Königin Eileen is the proud half of Mitch and the mother of Paige and Hunter. Pleasant Birthday. Be blessed dear Staufener of fond memory. 

8 août 2021

8.8.88 - date unique dans mes annales

8.8.88 Jour fatal où je pris une décision fatale, mais qui ne se réalisa jamais. Ce jour-là, j'écrivis de Bonfol en Suisse, un pamphlet incendiaire à quelqu'un pour rompre tout lien qui nous unissait. Ce lien-là existe encore jusqu'à ce jour. De nulle part adviendrait quelqu'un pour me dire ma destinée et m'expliquer le pourquoi de ceci et cela. Jamais il n'advint. Je ne l'oublierai jamais. Ma colère se décolora, je pardonnai la bévue sans oublier; la vie redevint normale, voire extraordinaire. Je mesurai ce jour-là à l'aune sentimental la fatalité de mes liens. L'aérogramme remplit parfaitement sa mission salutaire de rectification. Pas loin de la trahison de Blaise Compaoré dans la Révolution burkinabé. Sauf qu'il n'y a eu ni mort ni fosse commune. L'histoire parlera. Toujours est-il que cette date du 8.8.88 numériquement unique demeurera symboliquement unique dans mes annales personnelles. 

Ce jour, c'est MJ et Gaby Ilenda qui fêtent leurs anniversaires. Paix, santé, bonheur et réussite dans la vie. Que souhaiter de plus que d'autres n'ont exprimé explicitement ou implicitement. C'est aussi Tide, la compagne de mon frère Freddy, qui souffle quelques bougies après son demi-siècle. C'est aussi ma fleur de cactus qui m'inspire la joie de tenir les deux bouts de l'année dans une confiance illimitée. Joyeux anniversaire.

8.8.83 Katende. La fête des profs ordonnés. Un porc grillé par les bons soins de Manzanza. Je revois le pied bloqué de quelqu'un dans l'étau d'une enclume. Bombance, bombance, bombance. C'est aussi l'allègre randonnée vers l'étang et la forêt comme à nos habitudes héritées de Kalonda-Mayidi. Haut-lieu de conversations et discussions sur tout et sur rien. Tradition d'une amitié qui s'est toujours raffermie contre vents et marées. C'était aussi la photo prise par Jean-Robert. Je la garde jalousement. Et le soir de 8.8 à 18 heures, se célébra pieusement à Notre-Dame de Kenge ma toute première messe. Souvenirs merveilleux d'un chemin de vie avant que la courbure de l'univers ne l'entraîne dans son tourbillon. Célébrons ensemble le sacerdoce des élus du Seigneur!

Un pays à la dérive

Notre pays est à la dérive. Difficile à accepter mais c'est la vérité. L'état dans lequel il est fait pitié. On dirait un no man's land. Sur tous les plans rien ne marche. Alors rien. Commencez une démarche aussi simple que chercher un passeport, obtenir un acte de naissance ou un jugement supplétif d'acte de naissance, vous verrez l'inimaginable. Confiez un chèque en bonne et due forme à quelqu'un, il y a un marathon pour l'encaisser. Passez à l'hôpital visiter un malade, ou vous faire examiner, vous ferez face à l'impensable. A l'Inrb quand même, j'ai trouvé de l'ordre quoique l'on doive être sur ses gardes semble-t-il. Peu de services, très peu alors fonctionnent comme il faut. Surtout pas l'église du coin où le pasteur charlatan clame ses aventures amoureuses comme des trophées de guerre et des performances olympiques. Surtout pas le presbytère du prélat domestique dont le train de vie luxueux côtoie la précarité misérable de ses ouailles. Encore moins chez le sorcier qui vous dira que vous portez des épingles, des barres de fer, des arêtes de poisson ou du poison contagieux dans votre ventre. Sans oublier le commerçant dont le serpent avale la totalité des affaires de ses rivaux. 

Blague à part, le pays va mal, il va même à la dérive. Tous les paramètres de base d'un état font défaut ou ne fonctionnent pas. La tribu au pouvoir dicte sa loi sur les autres: la totalité des postes du pays sont entre leurs mains; et on empêche qui que ce soit de s'insurger contre ce système tribaliste érigé en principe de gouvernement. Le cardinal catholique en a dernièrement fait l'expérience. Et les marionnettes des institutions de gestion du pouvoir ne sont là que pour célébrer le maître des céans. La roue tourne en faveur d'une victoire écrasante aux élections prochaines de 2023. Tout est mis en oeuvre pour atteindre cet objectif: la cour constitutionnelle, la commission électorale nationale indépendante, le parlement, le sénat, les services de sécurité et de l'ordre, sont pilotés par de solides partenaires ou des supports tribaux. Là c'est la politique. Rien n'augure une sortie heureuse du tunnel. 

J'ai entendu, j'ai vu, j'ai vécu. Avez-vous jamais vu dans un pays au monde un prisonnier construire des immeubles et dont les affaires prospèrent alors qu'il a été mis en tôle pour justement avoir détourné des fonds de l'état? Règlement de comptes certes, mais la réalité sur le terrain est déconcertante. Un prisonnier qui n'avait rien il y a trois ans se trouve soudain propulsé au sommet des magnats millionnaires congolais alors même que sa carrière politique est compromise. De quoi dire que tout ce qui est mauvais, le pire, se passe dans notre pays. Des salaires mensuels de 100 mille, 680 mille, 2.5 millions US Dollars sont perçus par des agents de l'état dans un pays où la majorité vit en-dessous de 1 dollar la semaine. Incroyable, mais cela se passe dans ce pays. Des individus, des haut gradés de l'armée comme des individus, usurpent impunément des biens de l'état, possèdent ou gèrent des gisements d'exploitation minière avec la complicité des étrangers. Des Chinois, Libanais, Indiens, Juifs gèrent désormais toute l'infrastructure économique: diamant, ciment, brasseries, grandes surfaces, coltan, or, bois, etc. Ils occupent tout l'espace macroéconomique et financier ainsi que tous les moyens de production. Le chemin de fer est maintenu dans un piteux état de délabrement afin de permettre à des sociétés privées d'assurer le transport des matières premières. J'arrête là. Je croyais rêver, mais une partie de ce que j'écris là s'avère vraie. 

En fait tout est faux dans ce pays. Les statistiques officielles sont fausses comme le recensement de la population. C'est même un non-état. Un non-pays. Comme dans un film fictif, les décisions sont prises à la hâte sans vision ni perspective d'amélioration. Une pègre sans conscience gère ce pays dans une incompétence délirante. L'argent du pays se détourne en centaines de millions par jour. Le pays est pillé systématiquement par ceux-là même qui sont censés en assurer l'intégrité et l'unité. Les factures d'eau et électricité se paient sans que ces précieuses denrées soient décemment livrées. On peut les effacer avec la complicité des agents de la Régideso ou de la Snel. Le système de gouvernement ne sert nullement le peuple qui continue de croupir dans la misère. Nos familles vivent dans une pauvreté inouïe. Un pays à la dérive. Entrez dans les quartiers populaires, fiefs des Kuluna, vous vivrez dans une insécurité totale. Regardez les Wewa circuler à travers les rues et les routes du pays, vous obtiendrez le véritable profil de ce pays. La dérive, et nul ne saura redresser la barre. Je suis pessimiste certes, mais je ne vois pas, je ne sens vraiment pas comment on pourra s'en sortir. Le pillage, la corruption sont systématiques. A chaque retour au pays, je constate que la situation empire, le pays sombre inéluctablement dans le marasme. "Why don't you manage your country properly?", question posée par Jeffrey Sachs à un ministre de ce pays. Un pays à la dérive, pillé par Léopold II, par les Belges, miné par une administration criminelle et par une dictature sans nom à répétition. Voilà ce qu'est ce pays! Rien ne le délie de ce destin fatidique. 

On me dit qu'ailleurs en Afrique, c'est pire. Je n'ai pas été ailleurs sauf à l'aéroport de Bole à Addis. J'étais impressionné par la compagnie aérienne Ethiopian et l'infrastructure que possède ce pays pourtant moins riche en ressources naturelles que le nôtre. Allez-y voir. Où va l'argent de notre pays??? "C'est notre tour aujourd'hui, attendez le vôtre", qu'un crapuleux quidam me rétorque comme pour me narguer. "Interrogez plutôt le régime précédent que le régime actuel. Vous risquez d'être éliminé si vous continuez dans cette direction. Regardez et taisez-vous sans élever la voix, c'est la sagesse." Et moi de conclure que nous sommes simplement maudits, damnés à la mort. Il n'y a pas mieux à dire dans un pays à la dérive et sans avenir. Au lieu d'être gouverné, le pays est pillé à tous les niveaux, même par des prisonniers détenus pour détournement et dont les affaires prospèrent. Nous sommes les "damnés de la terre" dont parlait Frantz Fanon. Des générations sacrifiées par la cécité de nos leaders. 

Pas facile de tenir le blog au pays

Plusieurs circonstances détournent du blog lorsque l'on séjourne au pays. Entre autres: la désorganisation systématique du quotidien, l'incertitude du support électrique et électronique, la vie tumultueuse autour de soi, le manque d'inspiration. Est-ce si vrai? J'en doute. N'est-ce pas un manque de flexibilité ou d'adaptation pour quelqu'un habitué au luxe de son quotidien barbadien? Toujours est-il qu'il m'est difficile d'écrire au pays. Je prétends pourtant le contraire. Souvent je suis surpris comme si je ne le savais pas. Alors, je me pose des questions, j'observe. Oui, j'observe beaucoup, et me tais. Me taire? Pas si vrai car j'ai la langue pendue. Mes étudiants finissent par découvrir ma lecture de la situation sociale de chez nous. Oui, j'observe. Et mon blog en souffre car le rythme de la vie n'est pas souvent propice à la concentration sur des divers ni à la méditation intime. Des choses que l'on liquide en peu de temps prennent une éternité au pays. Rien que sortir un document de son laptop, imprimer une lettre ou un courriel, coller plusieurs chapitres ou articles en un syllabus, pour ne citer que ces opérations, peuvent coûter des heures et des heures d'attente, voire des jours. Le système est foncièrement lent, et tout le monde s'en accommode. On vous fait attendre inutilement simplement parce que le huissier attend d'être soudoyé ou complique la manoeuvre pour en tirer quelques dividendes. On s'en fout de l'excellence et de l'efficacité. La mangeoire fonctionne à tous les niveaux. Bien que j'aie cherché à l'éviter, je n'ai pas dépassé la vingtaine d'entrées en juin et juillet. C'est que, lors de mes séjours au pays, j'écris les articles à partir de mon téléphone android. Impossible d'utiliser le laptop, le hotspot coûtant les yeux de la tête. Et même encore, le service est pitoyable, défectueux et ruineux.  

7 août 2021

Un retour assez alambiqué

Je n'y croyais pas. Je ne croyais pas que je serais arrivé à la Barbade aujourd'hui. Pour plusieurs raisons. La RDC et l'Ethiopie étant classées à haut risque par la Grande Bretagne, il m'a été proposé par Going Places plusieurs possibilités pour échapper à la mise en quarantaine sur le territure anglais avec tous les frais que cela impliquerait. J'ai finalement décidé de venir sans bagages comme le voyageur de Jean Anouilh. A la différence que ma réalité a été vécue ce jour-même. En effet, afin de ne pas franchir les frontières du Royaume Uni, j'ai décidé de transiter par Heathrow sans bagages et de continuer vers la Barbade avec Virgin Atlantic. Tout a marché, mais il y a eu une erreur de fonctionnement de la part du transporteur et de la sécurité de l'aéroport. Embarqués dans un bus pour le Terminal 1, nous avons dû vite déchanter et vociférer afin d'obliger les agents à nous ramener au Terminal 3. Et là, je suis arrivé juste à l'heure d'embarquement. La veille, le 6 août, les agents d'Ethiopian Airlines m'ont perdu un temps fou pour m'embarquer. Ils devaient vérifier on ne sait quoi. Leur responsable était incapable de me donner une explication sérieuse et convaincante. Bref, tout était difficile durant ce voyage retour. Je suis d'autant plus heureux qu'à la fin tout s'est décanté sans problème. Ce retour a été vraiment alambiqué.

Enfin de retour à la Barbade

7 août 2021. Me voici de retour au bercail. Comment dire? C'est le plus long séjour que j'aie jamais passé au Congo depuis pas mal des années. D'habitude, je fais trois ou trois semaines et demi. Cette fois, j'en ai fait presque cinq. C'est long pour les siens. Il me faudra patienter un jour avant de retrouver les miens et mes pénates.

7 août 2001. Mon engagement à Cave Hill comme Lecturer in French Language and African Literature in French. Aujourd'hui, je totalise 20 ans de loyaux services à l'université des West Indies, Campus de Cave Hill. En fait, toute ma carrière universitaire s'est dessinée, façonnée et développée dans cette île aux fabuleuses merveilles. Louange  éternelle au Maître de l'univers pour sa clémence car c'est devenu désormais mon pays.

7 août 1983. Ordination sacerdotale à Kenge de dix diacres. Vives Félicitations aux amis qui vivent encore: Tryphon Ilenda, Modeste Kisambu, Liévin M'Banga, Jean-Robert Mifuku, René Ngambele. Heureux 38 ans de travail apostolique dans la vigne du Seigneur. Pieuse mémoire pour nos amis défunts: Flavien Busina, Benjamin Fala, Jean-Pierre Gavuka et Faustin Mampuya. Paix à leurs âmes. Des amis sympatiques n'hésitent pas de m'exprimer des voeux pour un sacerdoce autrement exercé... n'est-ce pas gentil? Ma communion avec mes compagnons de lutte demeure ferme, lucide et courtoise. Proficiat à tous!