22 févr. 2020

RIP: Rigobert Nzundu

[20/02, 18:40] Claver11: Arthur, l'inévitable est arrivé. Notre cher Fils de l'Homme est décédé aujourd'hui à 11h. Paix à son âme! Consolons-nous de l'avoir modestement assisté de son vivant.

[21/02, 20:56] Arthur Pashi: Bonsoir Claver, c'est très triste. Je me préparais à l'appeler ce weekend, mais hélas il est nous a quitté. L'avoir assisté de son vivant nous soulage un peu. RIP, Fils de l'Homme.

[20/02, 18:05] Noël Matonga: "Oh,ciel! Je m'y attendais après l'avoir visité avant hier. Paix à son âme!"

Feu Rigobert Nzundu fut mon condisciple en 2e primaire à Makiosi (64-65), en 6e primaire à Kimbau (68-69) et pendant tout le secondaire à Kalonda (69-75). Nos chemins se sont séparés lorsqu'il s'est installé à Brazzaville pour ses études de droit. Ensuite il est allé travailler longtemps à l'Equateur avant de retourner à Kinshasa.  Bien que nous soyons des cousins, nous ne nous sommes revus que deux ou trois fois. Une fois en ville et une autre fois à la veillée mortuaire de ma mère en août 2012. En 2e il disait "pofele" (pauvre) pour parler des morts. Le voilà parti à son tour. Dieu ait son âme.
Comme tous les copains, je lui ai consacré quelques pages dans mon autobiographie inédite. Un homme très original, unique en son genre. Réservé et irascible, parfois impétieux dans sa colère. Je le vois encore taper sur la table au refectoire, imitant le 'français des nouveaux" ou encore contrariant le chef de table. Mais quand cela lui plaisait, il savait se montrer gai, gentil et amical. Je le connaissais bien. Je lui disais que le séminaire le retenait simplement parce qu'il était intelligent, autrement il devrait être renvoyé dès la première année. A quoi il répondait avec ironie et hauteur: "Toi Mabana tu te prends pour le directeur de ce séminaire ou quoi? Ton père l'est à l'école primaire." Nous nous tolérions sans être antagonistes.
Mutoni, septembre 1969. Célé et Buka se souviendront de la chanson: " A me ikala ya banza, me ikala banza mama ku m'situ kelengi..." que Rigobert exécutait en balançant brutalement ses mains pour les taquiner. Pour ces deux gars les bleusailles avaient commencé avant même qu'ils arrivent à Kalonda. Voilà une chanson que je n'ai de ma vie entendue que de la bouche de Rigo Nzundu. Je revois encore ses parents d'heureuse mémoire à Kitadika quand je m'y rendais visiter Kha Ndongo. 
Excellent imitateur, humoriste à ses heures, footballeur moyen mais relativement brutal, Nzundros pour les intimes s'intéressait avec passion aux journalistes sportifs du Congo Brazza dont il répétait les extraits verbatim: "Tao-tao.. Renaissance Aiglons Cara, Mbemba Tostao, etc." faisaient partie de son riche répertoire linguistique.
De là à opter pour le titre de "Fils de l'Homme", la magie verbale a opéré un tournant décisif. Tous les séminaristes l'ont connu sous ce surnom entre 1973-75. Ne me demandez surtout pas comment il en est  arrivé là. Aujourd'hui, nous le pleurons. Rendons-lui l'hommage fraternel et amical qu'il mérite.
J'ai encore eu la chance et le privilège de lui parler il y a deux semaines. Il m'a décrit ses longues souffrances depuis octobre 2019 sans évoquer l'empoisonnement dont il a été  victime.
"Wenda mboti pofele Nzundu. Nzambi kakuyamba, kakuheka ngemba "

18 févr. 2020

Inassouvie, notre existence

Je m'inspire de Fatou Diome dont je viens de finir l'excellent livre Inassouvies, nos vies auquel je reviendrai dans les jours qui viennent. Beaucoup d'enseignements et de réflexions peuvent se dégager de ce petit chef-d'oeuvre littéraire, mais je préfère interpréter le dernier événement qui frappe ma famille, à savoir le dur choc subi à la mort de beau-frère Cyrin Muzembo, dont les obsèques auront lieu dans quelques jours. 
S'il est une leçon que je retiens de la vie, c'est son imprévisibilité, son incertitude fatale. Elle n'est ni donnée ni garantie. Elle peut faillir à chaque moment comme une étincelle de feu. "Elle ne tient qu'à un fil" comme on peut le lire dans certaines entrées de ce blog. Pour moi, la mort fait partie de ma vie. J'ai déjà expliqué comment elle est entrée, et aujourd'hui cela se confirme. Tous nos plans, nos biens, nos bonheurs comme nos orgueils se révèlent finalement éphémères, superficiels, vaniteux. On a beau amasser des fortunes, on a beau croupir dans la misère, on a beau acquérir la science, on a beau souffrir d'une carence intellectuelle, une seule chose est vraie: on se bat toujours contre la mort, et la mort a toujours le dernier mot. Inassouvie, notre existence.
Avec ou sans honneur, on finit dans une tombe, quand on n'échappe à l'annihilation ou à la voracité des vautours, à l'incinération. L'hommage rendu à coup de mots poétiques, les éloges funèbres présentés avec une éloquence hyperbolique, l'étalage des richesses ou des misères liées à cet événement, en réalité n'enlèvent rien au drame tragique et à la fatalité que porte en elle-même la mort. Nous nous efforçons de garder un bon souvenir du défunt ou de la défunte lorsque son heure a sonné. Ce travail de deuil est fondamental pour la bonne poursuite de la vie. Inassouvie, notre existence. 
Inassouvie, notre existence. Combien de personnes qui se sont impliquées activement pour que surviennent en ce moment la paix, la justice, le bonheur, le bien-être, l'équité, le développement spirituel et matériel, etc. et qui sont décédées sans voir leur lutte couronnée de succès? Combien ont commencé des projets demeurés en chantiers? Combien ont disparu sans cueillir les fruits de leurs efforts? A la fin on se demande s'il vaut la peine de vivre. A la fin, on se demande si les sacrifices endurés détiennent encore un sens. A la fin on se demande s'il vaut la peine d'appliquer des vertus fussent-elles théologales ou simplement humaines alors que les sans-loi et les criminels se la coulent impunément douce. Les questions peuvent abonder dans tous les sens, mais je m'arrête là pour aujourd'hui. Inassouvie, notre existence.
Au-delà de ces réflexions déconcertantes, mon souhait est de voir mon beau-frère enterré dans la dignité et dans le respect de nos usages coutumiers et chrétiens. Que Dieu lui accorde le repos éternel dans son royaume.  
  

17 févr. 2020

Expérience d'un Congolais voyageant à travers les Antilles

Du 9 au 14 février 2020, j'ai voyagé de la Barbade pour la Jamaïque. L'obtention du visa jamaïcain n'a posé aucun problème. Par contre j'ai demandé si possible un visa de deux ans vu que ces réunions universitaires ont lieu chaque année. L'agent qui m'a reçu a promis d'essayer. La fois passée j'ai eu droit à une année avec plusieurs entrées. Cette fois-ci on ne m'a accordé que trois mois et une seule entrée. Mme le Consul Honoraire m'expliquera qur l'Université aurait dû le notifier dans la lettre d'emploi. La prochaine fois sera sans doute la bonne. Langage diplomatique sans aucun doute car à mon arrivée à Kingston je verrai un grand panneau sensibilisant à l'expansion d'EBOLA. Dans le formulaire d'immigration est posée la question de savoir si on a visité la RDC ou la Chine au cours des trois ou quatre dernières semaines. Heureusement je ne tombais pas dans cette catégorie, ayant quitté Kinshasa le 30 décembre 2019.
L'officier jamaïcain était très gentil, se contentant de s'amuser sur la langue française qu'il haïssait du temps de son collège au profit de l'espagnol plus suave à son goût. Au retour à la Barbade le soir du 14 février, chaque passager était soumis, avant d'atteindre le hall de l'immigration, à un prélèvement systématique de température, supposant qu'une température élevée serait signe d'Ebola ou de Coronavirus. La Barbade tient à la santé de ses citoyens et visiteurs ou touristes.
La Barbade ayant tout informatisé, le questionnaire mentionne clairement une visite en RDC ou en Chine pendant les six dernières semaines. Le 1er janvier, j'ai subi un interrogatoire et il m'a été conseillé de me présenter à la Polyclinic Winston Scott en cas de fièvre ou d'un quelconque malaise de santé.
Une réflexion m'est venue spontanément à l'esprit à la suite de ces dispositions sécuritaires. La Chine prend des mesures drastiques pour contenir le Coronavirus. La RDC est partout montrée du doigt pour être un territoire dangereux où sévit le virus Ebola. Comment se fait-il qu'à l'aéroport de Kinshasa il n'y ait aucune alerte concernant cette épidémie si redoutée par la communauté universelle? Comment expliquer que le territoire-foyer d'Ebola ne dispose d'aucun système visible de prévention, de détection, ni de protection contre cette fatale maladie? Des gens vont à Beni-Butembo et en reviennent sans forcément être inquiétés ni examinés alors que le monde entier surveille attentivement l'expansion de cette pandémie. Les agents sanitaires présents sont plus préoccupés de rançonner les voyageurs sans carte de vaccination internationale que de protéger la population de Kinshasa d'éventuelles infections virales d'Ebola. Je n'ai pas de réponse rationnelle à cette indifférence vis-à-vis d'une maladie qui a fait tant des ravages il y a quelques années dans notre pays. Je suis étonné au point de me demander si cette maladie est vraie, si elle existe réellement en ce pays. Ne serait-ce pas une de ces fumeuses intoxications concoctées par les agences internationales, auxquelles nul Congolais ne croit? Je ne comprends pas. La solution ne relève pas d'une avancée technologique mais d'une conscience responsable de sauver la vie de l'humanité. 

16 févr. 2020

En voilà une semaine

9 février - 15 février 2020. En voilà une semaine qui a commencé par un voyage pour Kingston, Jamaïque, et qui s'est terminée avec l'annonce de la mort de mon beau-frère Cyrin. Que s'est-il passé entre-temps? Des réunions longues en série aux Regional Headquarters, The University of the West Indies Mona.
Comité des doyens de facultés le lundi 10.2, réunion des directeurs des études graduées le mardi 11, réunion sur la propriété intellectuelle le mercredi 12, et conseil des études postgraduées et recherche le jeudi 13.2. Sans répit pour moi alors que d'autres collègues ont eu l'un ou l'autre jour de libre. Retour à la Barbade le 14 février.
Hier samedi je me suis reposé. Une courte sortie à la plage pour accompagner les jumeaux à leur leçon de natation. Sinon je suis resté tout le reste du temps à la maison.  J'ai eu le loisir de m'informer auprès de Jude de l'évolution de la maladie de son père. Il répondra que le traitement suit son cours avec le souhait de voir la tension se stabiliser. C'est vers 23h30 que la terrible nouvelle me surprendra.
Paix à son âme!

Beau-frère Cyrin Muzembo in memoriam

16 février 2020. Je viens d'apprendre avec stupéfaction la mort à Kinshasa de mon beau-frère Cyrin Muzembo de suite d'une très courte maladie. Il y a deux semaines il a été admis à la Polyclinique Mutombo Dikembe. Alors que nous avions l'espoir qu'il retrouverait sa santé, le Seigneur Dieu en a décidé autrement. Que l'Eternel l'accueille dans sa demeure et que son âme repose en paix!
"Papa est mort" m'a écrit Jude sur WhatsApp. Un couperet droit au coeur. J'ai accusé le coup avec une surprenante maîtrise de mes sens primaires. La montre du cellulaire indique 23h20 quand la nouvelle me poignarde.
Mon coeur est avec Béa, mes nièces et neveux, et toute la famille. De ma lointaine Barbade je souhaite que tout se passe dans la dignité, la paix et le strict respect des traditions mortuaires. Union de prières et de coeur. 

10 févr. 2020

Prions pour Me Rigobert Nzundu

Je suis depuis hier 9.2.2020 à Kingston, Jamaïque, où je participe à des réunions centrales de l'université. Voici les derniers messages de Mr. Célestin Ilenda à son sujet:


"Bjr Mfumu, je viens de remetre les 50€ aux mains propre de son epouse qui venait de l'hôpital pour voir les enfants. J ai eu à m entrenir avec Elle pour avoir les brakes informations. Elle me dira sans retenir ses larmes qu'il est aux soins intensifs, ne mange pas, ne boit pas ne parle pas.

Si tu l'appelles, il secoue la tête et fait un clin d'oeil..

Donc a situation n'est pas bonne du tout."

J'en profite pour remercier tous les amis qui ont répondu à la petite action que j'ai initiée en sa faveur. Notre générosité commune a réuni, en promesses, près de 500 USD, vu que certains ont donné en euro, et en francs congolais.
Le plus important pour le moment, c'est vraiment de prier pour lui. Que Dieu le protège et le guérisse.  

2 févr. 2020

2 février: Présentation de Jésus au Temple.

En partant pour l'église ce matin, je pensais à la St Blaise. Une fête que je n'ai vécue qu'en Suisse chez les Missionnaires de Bethléem. Je revois le Père Lovis avec deux bougies croisées, y faisant passer toute la communauté, pour implorer sur chacun de nous la protection divine contre les maux de gorge, la grippe, le rhume, la fièvre. Ce qui donne tout son sens à ce mois de février, le mois de la fièvre. Ce matin donc, je ne pensais qu'à cela en arrivant à l'église. 
A mon entrée, j'ai vu toute la congrégation se diriger vers la sacristie. Marie Aude arrivée peu après moi me demande le pourquoi de cette délocalisation inhabituelle. Je lui parle spontanément de la St Blaise. Elle affirme n'avoir jamais entendu ni vécu une telle cérémonie en Afrique ou ailleurs. En voyant les bougies, une autre idée me revient. Je remonte au Petit Séminaire de Kalonda, et de fil en aiguille, à la fête de la Présentation. La grande procession avec bougies. J'ai quand même le reflexe de consulter le calendrier du lectionnaire romain dans l'Internet. Je corrige mon discours: "Marie, que je lui dis, c'est la Présentation de Jésus au Temple, le jour où le vieux Siméon a déclaré: Maintenant ô Maître tu peux laisser ton serviteur s'en aller en paix selon ta parole… car mes mes yeux ont vu….". 
"Lumen ad revelationem Gentium et gloriam plebes tuae Israel", que je chante de mémoire, en pensant à Wada des grands jours. Paix à son âme! Mais personne ne semble avoir entendu ce chant grégorien.
Dans la foulée, je salue notre diacre permanent: 
- "Voilà un diacre qui met la chasuble comme un prêtre. Même en présence de l'évêque administrateur de ce diocèse qui l'a ordonné diacre. Il devrait mettre l'étole de travers de travers de l'épaule gauche en haut vers la hanche droite. Ou bien simplement une dalmatique." 
- Comment sais-tu tout cela?
- Beh, tu ne sais pas? Je suis passé par le diaconat: j'étais diacre du 15 août 82 au 7 août 83.
- Ah oui, je l'ai perdu de vue, Monsieur le curé.
Pendant la messe, j'ai eu le temps d'observer l'étole du diacre. Elle était bien mise, mais voilée par la chasuble blanche. Ainsi se passa la messe dominicale de ce 02.02.2020. Qui dit que les chiffres ne parlent pas ou ne signifient rien?