31 déc. 2012

2012, quelle année!


Quelle année! Quelle horreur! 2012 restera dans ma mémoire comme une année de malheur. J'ai perdu ma mère, celle qui m'a bercé, alaité, nourri, élevé sprirituellement et moralement. Mama wenda kwandi. Je la crois pourtant toujours vivante. Je l'avais vaguement pressentie, cette mort; j'avais écris début janvier 2012 que l'année présageait quelque dure épreuve, que quelque malheur allait arriver. Mais je ne savais pas que les choses allaient si vite se déteriorer. Maman est décédée debout, sans coma ni avertissement quelconque. Pendant que j'écris ce message, la petite Chrsystelle son homonyme est sortie du sommeil et demande de l'eau. Il est 22h43. Preuve que Maman Christine n'est pas morte. Oui, maman est éternellement vivante dans mon coeur. Elle y restera jusqu'à mon dernier souffle. Promis! Paix à ton âme, Ngudia Kahiudi. 

26 déc. 2012

Père Noël et mythe de fin du monde


- Quelle différence y a-t-il entre le Père Noël et le mythe de la fin du monde?
- C'est que le premier vient, dépose les cadeaux dans la nuit et disparaît. La fin du monde, on l'attend, mais elle ne vient jamais.
- Cela signifie-t-il que le Père Noël est réel et que la fin du monde ne l'est pas?
- Oui, on voit le Père Noël. On a annoncé la fin du monde pour le 21 décembre, elle n'est pas venue; nous sommes encore en vie; c'est un mythe.
- Qu'appelles-tu mythe?
- Simplement ce qu'on ne voit pas.

Ma fille qui a suivi la conversation s'interpose:
- Papa, pourquoi tous les Santa (Père Noël) sont des Blancs?
- C'est les Blancs qui l'ont créé.
- Pas Dieu?
- Ah, je vois. L'idée de Santa qui donne des cadeaux est venue des Blancs. Dieu a créé tous les hommes.
- Santa aussi?
- Oui, ma fille. Dieu a créé Santa aussi
- J'ai peur de Santa.
- Mais il t'a apporté des cadeaux
- Sa barbe me fait peur. Ses lunettes aussi.

25 déc. 2012

Season's Greetings


Lubutuku ya Yezu ti mvula ya mpa ya mbote na beno yonso!
Lubutuku lwa Yezu ye mvula ya pha ya kitoku benu bosu!
Mbotama ya Yezu mpe mobu molamu mwa sika na bino banso!
Joyeuses Fêtes de Noël et de Nouvel An à toutes et à tous!
A Merry Christmas and a Happy New Year to everybody!
Auguri di Buon Natale e di Felice Anno Nuovo a tutti!
Allen eine Frohe Weihnachtsfeier and ein gesegnetes Neues Jahr!

Claver-e & Chrystelle, 25.12.2012

22 déc. 2012

Savais-tu?

(Ci-dessous un extrait d'un message reçu d'une journaliste suisse, ancienne condisciple)

"Claver,
(...)
Savais-tu que ton pays, la RDC, est l'un des plus exploités au monde? Vos richesses ne servent que les étrangers et quelques traitres qui se contentent de miettes en millions.
Savais-tu que ton pays, la RDC, est l'un des plus humiliés? Personne ne vous prend au sérieux.
Savais-tu que vous n'avez pas de pouvoir ni d'armée? Regarde ce qui se passe à Goma. Comment permettez-vous que des étrangers vous menacent dans votre propre pays sans répliquer ni vous défendre? Votre pays en réalité n'existe pas.
Savais-tu que vos maîtres sont désormais les Rwandais et les Ougandais qui vous ont aidés à vous débarrasser du moribond Mobutu avant d'installer les régimes Kabila? L'Occident les soutient sans réserve.
Savais-tu que les Rwandais sont intouchables, plus puissants que les Congolais? Leur élection au Conseil de Sécurité en est une preuve.
Savais-tu que le M23 est une émanation directe de l'AFDL, du RCD, du CNDP qui contre vents et marées règnent sur la RDC? Votre gouvernement, infiltré jusqu'au sommet, agit de connivence avec eux car rien de bon ne sortira de Kampala; c'est une perte de temps.
Savais-tu que la RDC n'existera plus dans sa forme actuelle dans vingt ans? Je ne suis pas une prophètesse, mais tout le laisse croire. Vu depuis la Suisse, le destin de la RDC vous échappe complètement.

(GF, décembre 2012)

18 déc. 2012

Analyse de Boniface Musavuli

"RD CONGO, entre humiliation d'un peuple, détresse politique et leçons de l'histoire

Il suffit pourtant de taper dans le portail de Google « Congo massacres », puis de cliquer sur « images[1] » pour ouvrir juste une lorgnette sur la pire campagne d'extermination des populations au monde depuis la Shoah. Mais tout le monde se tait, du moins ceux qui sont censés parler de la barbarie et des violations des droits de l'Homme dans le monde. En Europe, les politiques, les journalistes, les intellectuels ne parlent que de la Syrie et de l'Iran, passant sous silence – hallucinant – le génocide en cours au Congo. Les gouvernements sont au courant. Les ONG les alertent, comme récemment avec cette lettre de 15 ONG au Président Obama. Mais ils se taisent ou se contentent de quelques réponses çà et là, juste pour la forme. L'humiliation Au Congo, le moral est au plus bas. Un profond sentiment d'humiliation ronge les esprits suite à l'affaire du M23, la milice tutsie soutenue par le Rwanda et l'Ouganda qui s'est emparée de la ville de Goma, capitale de la province riche en coltan du Nord-Kivu, le 20 novembre 2012. L'attaque a provoqué l'exode des populations et une catastrophe humanitaire, en plus des dizaines de Congolais tués. Leurs corps jonchaient les routes que femmes et enfants, chargés de bagages, arpentaient dans leur fuite devant l'avancée des troupes d'agression. Puisque, justement, le M23 n'est qu'une façade, c'est le visage du Rwanda qui est revenu dans la mémoire collective. Le Congo à nouveau battu par le Rwanda, un pays 90 fois plus petit qui, aidé par les pays occidentaux, mène au Congo des guerres répétées de pillage, de massacres et de viols. Des guerres sales mais dont tout indique qu'elles vont se poursuivre, les autorités congolaises étant infiniment impuissantes. Le régime de Joseph Kabila, mis en place par les armées rwandaises et ougandaises, est associé aux responsables des humiliations subies par les Congolais. Etc."
(Source:  http://fr.news.yahoo.com/rd-congo-entre-humiliation-dun-peuple-détresse-politique-083135845.html)

De telles réflexions qui n'engagent que son auteur font toutes frémir, inquiètent tout Congolais qui aime son pays. Pourquoi cette impasse? Sommes-nous vraiment maudits ou destinés à disparaître de la carte? Le mal est plus profond, il a commencé bien avant l'indépendance.

15 déc. 2012

26 (28) innocentes victimes du massacre d'un fou

14 décembre 2012. Newtown, Conncetictut. Le monde entier a été choqué par la tuerie de 20 enfants et 6 adultes dans une école du Connectitut aux Etats-Unis: ''Charlotte, Jack, Noah ou encore Grace, ils étaient 12 filles et huit garçons, tous morts sous les balles d'Adam Lanza, comme six femmes également présentes à l'école Sandy Hook.'' (http://fr.news.yahoo.com/obama-va-se-rendre-aupr%C3%A8s-des-familles-des-090910117.html) Même l'homme le plus puissant du monde n'a pas pu maîtriser ses larmes. Paix aux âmes de ces victimes innocentes de la folie humaine! Un tel carnage inquiète, surprend, révolte devant l'impuissance de l'homme à assurer sa vie. Prions donc pour ces pauvres âmes et leurs instructeurs qui n'ont eu que le malheur de se trouver sur le chemin de l'écervelé.
 
 
 

Le monde et la violence

1. Puissances du monde. Plus le monde devient civilisé, plus on affûte les moyens de tuer. Bombes, grenades, fusils, machettes, baïonnettes, navires de guerre, avions bombardiers, revolvers, couteaux, kalatschnikov, sous-marins, armes nucléaires, javelots, épées, etc. L'ironie veut que le pays qui en détient le plus soit classé le plus puissant du monde. Plus atrocement on peut causer la mort, plus glorieux on devient aux yeux du monde aveugle obnubilé par la violence. En fait, nous sommes dans un monde violent, très violent. C'est l'arme qui parle, plus que la voix. Seule la violence soutenue par l'arme donne droit et accès aux tribunes de décisions du monde.
2. L'arme a justifié les conquêtes, la colonisation, la traite esclavagiste comme l'impérialisme. Elle donne droit au veto à l'ONU, l'institution réputée être chargée de maintenir la paix. C'est pourquoi, je dis aux Congolais, défendons notre terre arme à la main. Personne d'autre ne le fera à notre place. Ne rêvons pas. Le Nord-Kivu ne nous appartient plus que de nom parce qu'en réalité le Rwanda l'a déjà annexé. Ils sont en train d'amasser leurs troupes autour de Goma. Ils nient tout en bloc, mais ils sont le M23. Les récents lapsus de Ban Ki Moon ou Cohen, voire l'erreur des Hollandais de traiter directement avec le Nord-Kivu, sont des signes très pertinents. Les pourparlers de Kampala ne sont qu'un paravent maladroit des intentions réelles de nos voisins. Je me demande comment nos gouvernants ont accepté d'aller négocier à Kampala. Un signe évident de faiblesse? L'Ouganda et le Rwanda sont précisément ces pays qui causent le plus de troubles à notre pays, donc pas du tout neutres ni qualifiés pour assurer une médiation. Au fait, quel est l'objet de ces pourparlers? L'agenda caché du M23 ne prévoit que l'annexion du Nord-Kivu au Rwanda, poussant à faire éclater la répartition territoriale jadis décidée à Berlin.
3. J'ai vécu près de treize ans en Suisse. Un pays réputé pacifique qui abrite les instances de l'ONU et qui sert souvent de médiation entre des états. Ce pays qui a longtemps servi de banque pour des dictateurs et des nantis sans vergogne est aussi, proportionnellement, l'un des plus armés du monde. A deux reprises, j'ai trouvé, surpris et stupéfait, des fusils dans des maisons que j'ai habitées. Pas de quoi s'étonner! En Suisse, tout le monde est soldat. Et en tant que tel, chaque soldat garde son arme à la maison. On prétend que c'est l'armée la plus facilement mobilisable au monde; croyez-y si vous voulez. Là n'est pas mon problème. Je parle en termes de dissémination d'armes. Bien qu'il y ait de temps en temps des accidents malencontreux, nul ne croira que la Suisse est un pays violent. C'est au contraire un pays sûr, calme, paisible, même si des milliards d'argent de la drogue et du crime y sont blanchis chaque année. Un ami congolais est devenu tireur d'élite simplement parce qu'il s'est retrouvé dans un village suisse où le sport favori était le tir à l'arme. Mais pourquoi n'y a-t-il pas en Suisse de meurtres d'une aussi grande envergure qu'aux Etats-Unis? L'éducation de base. Il y a en Suisse un sens du respect de la vie qui, selon ce qu'on voit ou entend, tient peu aux Etats-Unis.
4. Le port d'armes doit être contrôlé par une solide législation préventive et sécuritaire. En Suisse comme aux Etats-Unis, on peut acquérir des armes avec autant de facilité qu'on achète une bouteille de vin en France. Ce n'est pas l'arme qui tue, c'est l'homme. Donc c'est l'homme qu'il faudrait former, éduquer, conscientiser. Un enfant de quinze ans armé jusqu'aux dents équivaut à un régiment sans commandant, à un criminel qui assassine aveuglément tout ce qui bouge. Je l'ai déjà écrit.
  

12 déc. 2012

12/12/12

12/12/12 à 12h12. Je lis un article sur la fin du monde selon le calendrier maya. C'est prévu pour le 21/12/12. 21 est un 12 inversé. La prochaine fois, ce sera au siècle prochain. Vous et moi serons morts, "au ciel ou en enfer". Mythe ou réalité, à chacun sa croyance.
Très jeune déjà, je me suis intéressé aux mythes anciens comme contemporains. L'élément déclencheur fut une conversation que j'eus en août 69 à Mutoni avec mon père sur la sorcellerie. Les ngongo-diongo, les kafhumvudi-khengedi, les mifu ou bafu, tous ces êtres extraordinaires dont on avait nourri mon enfance, ont été systématiquement démolis et démantelés de mon univers intérieur. J'ai dès lors compris que le monde dans lequel on vivait se tissait de faux-semblant, d'imaginaire, d'illusion et de rêve. Je me suis créé une logique personnelle qui, jusqu'à ce jour, fonctionne comme la toile de fond de mes convictions intérieures. Je ne suis pas du tout un illuminé, loin de là. J'ai quelques valeurs indéboulonnables sur lesquelles reposent ma vie, ma foi, mes actions. C'est cela qui constitue mon moi.
12/12/12 sera la fin du monde. Réalité: un monde meurt, un autre naît. C'est le cycle réversible du mythe, la réalité du mythe. Chaque idéologie, chaque religion, chaque race, chaque peuple possède ses "mythes". Ce n'est pas nouveau! 

10 déc. 2012

Ida Alama in memoriam

10 décembre 2012. Avec une profonde douleur, nous venons d'apprendre la mort subite hier à Kinshasa d'Ida Alama. Que son âme repose!
Nous en sommes d'autant plus émus qu'elle nous a rendu visite à plusieurs reprises lors de notre dernier séjour à Kinshasa. Une dame si jeune, charmante, généreuse, digne et réservée. J'ai vu Ida pour la dernière fois à la veillée mortuaire de ma mère le soir du 31 août. Ensemble, nous avons dit au revoir à Maman, mais voilà qu'elle meurt sans que j'aie eu l'occasion de lui dire au revoir. Il  était question il y a une semaine qu'on fasse une commande d'habits africains chez elle. Tout en présentant nos condoléances à sa famille biologique, nous nous unissons de coeur à la prière et aux pleurs de  tous ceux et celles que touche cette perte. Clavère est inconsolable.
Kwenda mbote, Ida! Luzolo ya Mfumu Nzambi kusalama, ya beto ve!

Au nom de la famille Claver-e Mabana

7 déc. 2012

DRC - Banana Plantation

"Congo is like banana plantation without an owner" - Yoweri Museveni, July 2012

Whether marked by a colonial pen or the administration of a chief, border zones are sites of exchange, and attempts at subversion. In 1997, academic Mahmood Mamdani identified two tendencies in the Kivu conflicts: militarism and the tendency for all organised politics to take the form of armed politics.


Source: http://thinkafricapress.com/drc/unreported-invisible-frontline-north-kivu






6 déc. 2012

Opinion d'un lecteur anonyme

"Claver,

J'ai lu tes prises de position sur la situation à l'est du pays depuis un certain temps. Je les trouve parfois très tranchées bien que l'on soit des fois obligé d'accepter des concessions. Tu prétends ne pas être politologue mais tes analyses, généralement judicieuses et critiques, ouvrent des horizons sur le débat en cours parfois mieux que ne saurait le faire un politologue attitré. Je suis d'accord avec toi sur certains points. Notamment qu'il fallait chasser le M23 armes à la main. La conséquence directe du fait que le M23 est entré sans résistance à Goma et en est sorti de la même façon est que ce groupe a acquis une position irréfutable de force, et même une reconnaissance internationale. Les autorités de la RDC auraient dû éviter cette situation humiliante de faiblesse. Les voilà aujourd'hui obligées de négocier avec les rébelles... et sans aucun doute de se soumettre aux revendications de ces malfrats. Comme le RCD à l'époque, le CNDP après, ces terroristes mettent le gouvernement de Kinshasa à genou, exigent un traitement spécial et posent des conditions à leur intégration dans l'armée nationale alors qu'il est clair aux yeux de tous qu'ils roulent pour des intérêts étrangers. Pour moi, ce ne sont même pas des Congolais et ils veulent assurer la balkanisation de ce pays.
Ces gens du M23 doivent avant tout prouver leur nationalité congolaise car il paraît qu'un bon nombre ne parlent que le kinyarwanda. Opération impossible dans un état qui ne contrôle pas ses frontières ou incontrôlable à ses frontières. Lorsqu'on parle des Congolais exilés en Ouganda, Tanzanie, au Rwanda ou au Burundi, qui doivent retourner en RDC, rien ne prouve que ce seront des Congolais qui rentrent et pas des Ougandais, des Tanzaniens, des Rwandais et des Burundais pour mieux occuper le pays. La RDC n'a pas la stature d'un état moderne du moment qu'elle ne dresse aucun recensement crédible de sa population. Ce qui explique la présence de  nombreux "citoyens" à la nationalité douteuse. La Constitution donne certes des critères de nationalité ou de naturalisation, mais qui les applique?
Je suis très inquiet pour l'avenir de ce pays qui ne réussit pas à se débarrasser, à tous les niveaux, de l'emprise des étrangers. Ce pays ne nous appartient plus, nous l'avons perdu. A l'allure où vont les choses, je ne vois pas comment on s'en sortira. Nos dirigeants, autoritaires et beaux parleurs à l'intérieur du pays, ne convainquent pas de leur efficacité dans les assises internationales. On ne négocie pas avec les bandits, les ravisseurs, les violeurs, les envahisseurs à moins de légitimer leurs forfaits.
Telles sont les réflexions que je voulais partager aujourd'hui avec toi."


Merci de tout coeur: mes autres lecteurs apprécieront.
C



5 déc. 2012

"Appartenez-vous à une minorité?"

En remplissant un formulaire, j'ai été surpris par une question me demandant si j'appartenais à une minorité: "Appartenez-vous à une minorité?  Si oui, laquelle?" Sans autre précision. D'habitude, la curiosité des décideurs s'évertue à demander: religion, race, handicap, quer ou cross, profession, végétarien, santé, maladie, casier judiciaire, et que sais-je encore. On prétend que c'est "pour votre sécurité, pour aider à convaincre de la pertinence de votre dossier." Tout dépend de ce qu'on entend par ce vocable polysémique et chargé de connotations discriminatoires. Etre de race noire, est-ce être minoritaire? Cela dépend de lieu. En Occident, oui peut-être. Aux Etats-Unis, oui. Mais pas en Afrique. Or justement, dans le monde des formulaires, c'est celui qui détient le pouvoir qui fixe la définition de la minorité. Comme le formulaire venait d'Europe, j'ai spontanément écrit, oui. Puis, j'ai effacé car je venais par là de faire, contre mon gré, de l'Occidental l'homme le plus puissant du monde et de lui léguer la détermination de mon destin. Or, c'est justement contre de tels mythes que je mène ma lutte identitaire. Ma réponse a été, après réflexion, NON. J'affirme avec force ma personnalité. Je refuse toute catégorisation, tout genre de classement qui m'enforme dans un ghetto. Comme disait Tchicaya à peu près: "Je suis homme, je suis nègre. Pourquoi cela prend-il le sens d'une déception?". L'idée est là, mais je corrigerai la citation si elle se révèle incorrecte. Je tiens à être un homme à part entière, quelque puissantes que soient les pesanteurs culturelles et hégémoniques qui dirigent le monde dans lequel je vis. Je refuse, je n'appartiens à aucune minorité et ne voudrais bénéficier d'aucun traitement spécial, autre que celui que subissent "humblement et courageusement" les gens de mon pays, de ma race, de ma religion, de mes choix idéologiques ou culturels.

4 déc. 2012

Satan, c'est le frère de Jésus?

Cette fois-ci, et comme presque toujours, c'est encore ma fille Madeleine-Chrystelle qui pose cette question:
- Papa, Satan c'est le frère de Jésus quand il était bébé? Réponds, Papa. Il était bon comme enfant, puis il est devenu mauvais quand il est devenu adulte?
Curieusement, je suis resté très pensif et coi. J'ai surtout repensé à mes instructions de catéchisme plutôt qu'aux dogmes reçus lors de ma formation théologique. Je me suis contenté de lui dire que Jésus n'avait pas de frère; qu'il était fils unique et n'avait pas de frère biologique. D'où proviennent de telles questions chez un enfant de six ans?

3 déc. 2012

Le Kivu à coup de pioches

3 décembre 2012. J'ai lu avec intérêt les analyses de Kä Mana, écrivain, philosophe et théologien, et Thierry Nlandu Mayamba, dramaturge et professeur à l'Unikin. . Le premier raconte depuis Goma son récit de la prise de Goma; le second analyse avec perspicacité les scénarios mis en exergue par les accords avec le M23. J'ai eu le privilège de connaître ces deux éminents intellectuels congolais il y a quelque trente ans alors qu'ils peaufinaient encore leur formation. Ce qui m'intéresse dans leurs démarches, ce n'est pas tant ce qu'ils déclarent que le reçours à l'imaginaire dans leur herméneutique de la crise de Goma. Le pasteur Kä Mana s'inspire de La Plaisanterie de Milan Kundera et le metteur en scène Nlandu Mayamba étale sa maîtrise parfaite des portables. Et les deux arrivent pratiquement à des résultats ou conclusions semblables. Leurs lectures montrent à quel point les acteurs politiques, à quelque niveau que ce soit, jouent la "comédie humaine" comme aurait dit Balzac. Où est le souverain primaire dans tout cela? Pour les deux hommes de lettres, Goma et le Kivu Nord ou Sud subissent un destin à coup de pioches. Leurs essais constituent une tentative érudite d'amener nos compatriotes à réfléchir sur l'essence de leur nation, s'il en est une, et d'évaluer les méfaits d'une impasse "rationnelle" au sein de cette même nation. Le pouvoir des conducteurs d'hommes n'a de sens que lorsqu'il réussit à canaliser les aspirations profondes du peuple; il devient criminel et irresponsable dès qu'il s'éloigne de sa vocation première. Cette vérité-là prime sur les farces-sinistres des politiciens en cravate ou des militaires bottés.

(Articles lus: Kä Mana: "Comment j'ai vécu la prise de Goma et les questions qu'elles nous posent maintenant": http://www.pole-institute.org/site%20web/echos/echo181.htm
Th. Nlandu Mayamba: M23: "Rébellion de façade et d'un cynisme qui interpellent les Congolais"

Sur la route et à l'école ce matin...

3 décembre 2012. Aujourd'hui, Madeleine Chrystelle Ibangu et Claver Jr Mukawa célèbrent leur 6è anniversaire de naissance. Ils se sont réveillés en pleine forme, gais, heureux, motivés et surtout pressés d'aller rejoindre leurs amis à l'école. Sur la route, ils ont soulevé beaucoup de questions concernant la vie, l'école, leurs parents, leurs grands-parents, Jésus. Ils ont chanté: "I love you Jesus", "God is big, and strong and mighty", etc. Arrivés au niveau d'un feu rouge, Chrystelle demande à sa maman:
- Maman, nous allons changer de classe aujourd'hui?
- Non, répond la maman. Vous avez 6 ans à partir d'aujourd'hui, c'est votre anniversaire.
- Pourquoi ne changeons-nous pas de classe alors?
Pour la petite histoire, à la maison, Chrystelle a écrit les noms de ses neuf condisciples filles sur les paquets de cadeaux-jouets leur destinés. Claver n'en a écrit que deux sur les quatorze garçons que compte son groupe. Ainsi, à l'arrivée, Chrystelle a tout de suite été entourée de ses amies à tel point qu'une enseignante a dit: "Everybody speak of Madeleine's birthday although she is a twin. Almost nobody speaks of Claver." C'était oublier que Claver est un garçon de six ans, peu intéressé à ces petits détails. Pour lui, c'est d'abord lui, puis les autres. Il a quand même eu Terrence et un autre autour de lui.
La classe leur organisera une petite fête, trente minutes avant la fin des cours. C'est la règle de l'école qui veut ça.

Joyeux Anniversaire, Ibangu et Mukawa! Puisse le Bon Dieu vous accorder paix et joie, santé et longue vie, succès et bonheur!

Joyeux 6è Anniversaire Ibangu!

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Joyeux 6è Anniversaire Mukawa!

Today is Your Birthday! A Birthday Wish From Shebamiles!

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1 déc. 2012

Goma entre paix et terreur


Les rebelles du M23 quittent Goma et promettent de revenir si on les provoque.

A voir cette photo et le titre de l'article, on ne peut que se poser des questions.
1. Les rebelles quittent Goma, pour aller ou? Assurément dans une zone (Rutshuru) qu'ils contrôlent. Dans une zone tampon à une vingtaine de kilomètres. Conclusion: La RDC n'est pas entièrement administrée par le gouvernement de Kinshasa.
2. Qui sont-ils au juste? S'ils sont congolais et contestent le pouvoir de Kabila, pourquoi sont-ils appuyés par les Rwandais? En réalité, ils ne sont pas "congolais" et les intérêts congolais ne motivent nullement leur action. Manipulés et armés par des voisins prédateurs et rapaces, ils suivent la voix de leurs maîtres.
3. Ils maintienent Goma entre la paix et la terreur. En réalité dans la terreur. Qui sont-ils pour menacer d'y revenir comme si c'était une "passoir"? Arrogance, méprise et volonté affichée d'humilier la RDC qui ne sont pas sans:rappeler l'attitude condescandante de Paul Kagamé.
4. Cette photo  une preuve tangible de la faiblesse du pouvoir de Kinshasa sur la scène internationale. En principe, plutôt que de les laisser partir, l'armée de la RDC devrait arrêter ces malfrats et les soumettre au jugement pour offense à l'intégrité territoriale du pays, actes de violence et de terreur contre des personnes innocentes, trahison, pillages, etc. L'impunité est définitivement consacrée.
5. La paix a encore un très long chemin à traverser pour atteindre le Congo. Ce qui s'est passé à Goma pourra se répéter, si l'on n'y prend garde, à Bukavu, Uvira, et sur toute la frontière ougandaise où la LRA continue tranquillement sa croisière. Quel bordel! Quelle humiliation pour nous!






29 nov. 2012

Le M23 est parti de Goma?

Le M23 a quitté Goma? Tu parles. Mais son chef déclare entre-temps que Goma sera administrativement et politiquement gouverné par le M23. Qu'est-ce- que cela veut dire? Ah, il cède à des pressions des chefs d'état qui se sont réunis à Kampala. Je n'y crois pas du tout, car les parains et leurs complices qui ont supporté cette agression n'en ont pas encore tiré le bénéfice politique et "financier" esconmpté. Mettre l'élu Tshisekedi au pouvoir? Coup de gueule et langue de bois pour distraire l'opinion et assurer un peu de congolité à des revendications complètement étrangères aux Congolais. Car au bout du compte, c'est de la gestion ou du pillage - appelez cela comme vous l'entendez - des richesses de la RDC qu'il s'agit. Et de rien d'autre. Et vous pouvez, sans vous tromper, désigner du doigt les "mains" qui commanditent cette "prise" importante. Même un littéraire apolitique et aveugle le perçoit. Silence, on pille. Non! Silence, on occupe. Et non! Silence, on massacre, humilie, viole, persécute, vole, extermine, dévalise, usurpe des droits.
Politique, politique? Mani pulite! Blablabla. Coup de théâtre! Attendons voir! Et vous connaissez ma solution: il faut chasser le M23 par les armes et contrôler les frontières avec le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi. Au fait, pourquoi la RDC n'a-t-elle pas de problème aux frontières avec la RCA, la RPC, la Zambie? Kagame a la réponse à la bouche: "Failure of Governance". Le Rwanda n'y est pour rien. Les faits sur le terrain disent le contraire. Posez la question au Prix Nobel Wole Soyinka, il vous donnera une meilleure réponse dramaturgique et politico-littéraire.

28 nov. 2012

Vive la démocratie en Egypte!

"Le Caire a accéléré la rédaction controversée de la Constitution, qui doit être achevée mercredi et votée jeudi, alors que l'Egypte traverse sa pire crise depuis l'élection du président islamiste Mohamed Morsi, en raison des pouvoirs exceptionnels qu'il s'est octroyés."
(Source: Yahoo.fr)

Du jamais vu ni entendu! Rédiger une Constitution en une journée et la promulguer le jour suivant, ce n'est qu'en Afrique qu'un pareil ignoble et inconcevable "exploit"  peut se passer. A inscrire dans le Guiness des records! Et vous appelez cela démocratie? Vous connaissez déjà ma position à ce sujet. Elle n'est pas faite pour nous. Laissons les Mugabe, Sassou Ngouessou, Biya, O'Biang, et d'autres trouver les astuces les plus sordides pour se maintenir constitutionnellement et "démocratiquement" au pouvoir à vie! Leurs sinistres disciples les suivront, sans faute. C'est la triste leçon de démocratie que donne l'Afrique au monde entier. 

26 nov. 2012

Pas d'accord avec ta solution belliqueuse

"Claver,
Avec tout le respect qu'on doit à un ami, permets que je te dise que je ne comprends pas que tu puisses soutenir sur ton blog une position aussi tranchée au lieu de prôner la négociation directe ou diplomatique. Par ta formation comme par tes convictions, tu devrais être un homme de paix. Je suis décu que tu soutiennes des solutions de guerre, alors que la voix du dialogue est ouverte.
Le sang de tes compatriotes n'est pas moins défendu si l'on privilégie le dialogue, plutôt que de sacrifier inutilement d'autres vies. Etc."
A N (26 novembre 2012)

A quoi je réponds:

1. Dans les conditions normales, la guerre ne peut qu'être un ultime recours. J'ai longtemps cru à la non violence comme moyen pour désamorcer les tensions sociales et politiques. Mais il y a tellement de violence autour de nous qu'il est suicidaire de se présenter mains nues devant des gachettes incendiaires.
2. La RDC comme tout pays du monde a le droit d'avoir une armée nationale qui la protège et défende son territoire. Cela n'a pas de prix. Nous subissons trop d'humiliations sur la scène internationale et d'agressions étrangères simplement parce que notre armée ne nous défend pas. Tous nos voisins peuvent à tout moment s'emparer de nos terres, de nos ressources et opérer impunément des crimes sur notre territoire sans être inquiétés.
3. La volonté d'un peuple est un ciment, s'il est uni et solidaire. Ce qui fait gravement défaut à notre peuple. Quoi qu'il en soit, ce ne sera pas avec de beaux mots qu'on boutera le M23 hors de Goma. A moins que tu me dises qu'on abandonne Goma et sa population.  Les gardes suisses sont armés; les soldats de l'ONU sont armés. A nous, on impose de négocier en position de faiblesse.
4. Je le répète haut et fort. La négociation doit aller de pair avec un solide appui militaire. J'ai peut-être tort, mais je suis très réaliste.
5. Quant au sang, il coule déjà à flot. La meilleure façon d'éviter qu'il coule plus, c'est de neutraliser les meurtriers, les violeurs, les voleurs à mains armées, etc. tous les malfrats qui sèment le désarroi dans cette partie de notre pays.

Claver

Guerre à l'est de la RDC: "Pro patria mori"

Un lecteur anonyme a écrit ce qui suit:

"Vous voulez mon point de vue? Négocier avec le M23 est une erreur sur tous les plans, une rédition flagrante et honteuse. Une perte de temps qui permet à l'ennemi de s'armer et s'organiser. "O rage, o désespoir o vieillesse ennemie/ N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie". Quoi qu'en pense Bilolo, la RDC n'a d'autres choix que de recourir aux armes si elle tient à récupérer Goma. Ils y sont entrés par la force; ils en sortiront par la force. Les "ultimata" verbaux n'ont de valeur que pour ceux qui les formulent. C'est le moment pour ceux qui s'enrichissent exécrablement des ressources de ce pays de montrer leur nationalisme à défaut d'être accusés de trahison. Ouvrez les yeux et observez attentivement les enjeux en cours! Je perçois des choses, des vibrations qui n'augurent rien de bon. Mais cela me concerne moi seul. Notre pays a le droit et le devoir de se défendre quel qu'en soit le prix. Ceux qui souffrent de cette guerre, ce ne sont pas les hauts gradés ni les élites élues ou usurpatrices et usurières, mais des centaines de milliers d'hommes et de femmes, de personnes âgées et des enfants abandonnés aux impitoyables atrocités d'inhumains prédateurs ou seigneurs de guerres. Pillages, viols, exactions, exécutions à l'arme, tel est le lot de ces frères et soeurs. Pour quoi, je dis "combattons les agresseurs jusqu'à la dernière goutte de notre sang." "Pro patria mori" disaient les Romains. C'est ma conviction personnelle."

PS: Je crois qu'il a raison, ce littéraire de la vieille école. (KC, 26 novembre 2012).

Claver Jr, un Barbadien étonnant


Dimanche 25 novembre 2012. Nous sommes exceptionnellement allés à l'église St Patrick à Bridgetown. D'habitude, nous nous rendons à St Francis, la plus proche. C'était de véritables retrouvailles avec les paroissiens avant, pendant et après la messe. Avant la sortie, Msgr Blackett le curé a demandé que soit chantée l'hymne nationale comme la Barbade commémore son indépendance ce 30 novembre.  J'ai vu Claver Jr. mon fils se lever, jambes et mains en position fixe, le front dressé, sérieux comme un garde suisse. A mon grand étonnement et plaisir, il a chanté très fièrement l'hymne nationale de son pays natal. A la fin, une dame qui l'a suivi est allée l'embrasser et le féliciter en "prétendant" qu'elle-même ne connaissait pas l'entiereté du texte que Claver maîtrisait si parfaitement. J'étais surpris car je ne l'avais jamais entendu chanter cette hymne auparavant. Beaucoup de pensées me sont passées par la tête, à le voir et à l'entendre chanter son pays. Eh oui, c'est son pays, le seul qu'il connaît; et c'est le cas de le dire: un Barbadien étonnant!

Pour la petite histoire, Claver Jr et sa soeur Madeleine-Chrystelle ont besoin d'un visa pour se rendre en RD Congo, le pays de leurs parents et ancêtres. Ils auront six ans le 3 décembre. Ironie du déracinement!

24 nov. 2012

Adieu Abbé Samba (1954-2012)

J'ai appris par un ami commun et sur le site de l'archidiocèse de Kinshasa la mort de l'abbé Emmanuel Samba, prêtre diocésain de Kinshasa. Paix à son âme!  J'ai connu l'abbé Emmanuel alors qu'il était encore grand séminariste. On s'est reconnecté lorsqu'il était dans l'équipe dirigeante de Jean XXIII grâce à l'abbé Augustin Bita. Puis, on ne s'est plus revus, mais je recevais de temps en temps des nouvelles sporadiques.
Je garde d'Emmanuel le souvenir d'un homme simple, intelligent, pieux et constant dans ses relations humaines. Merci pour les échanges et les moments que nous avons eus ensemble. Volontiers je me joins à la douleur de ceux et celles que cette disparation touche: sa famille, son diocèse, ses amis proches et lointains. Sango Emmanuel, kende malamu! Tata Nzambe ayamba yo o mboka ya ye!

Guerre contre le Rwanda? Erreur

Ci-dessous un message reçu d'un de mes lecteurs:

"Claver,
Tu te trompes foncièrement lorsque, naïvement, tu suggères qu'on déclare la guerre au Rwanda. Tu te bases sur des principes logiques certes, mais qui n'ont aucune validité en RDC. Personne dans ce pays n'est disposé de mourir pour sa patrie quoiqu'on clame autre chose. Et lorsque par sursaut d'honneur tu décides de défendre ton pays, tu es pris pour un traître ou un ennemi par tes propres compatriotes. On ne déclare pas une guerre sans disposer d'une armée discipline et entraînée ni d'armes. Nos voisins,  mieux organisés, possèdent des armées nationales. Ce serait une erreur suicidaire d'entrer en guerre avec eux.
On dit que l'armée du Zaïre n'avait jamais gagné de guerre. Mais, à voir ce qui se passe dans l'Est, l'armée d'aujourd'hui ne semble pas mieux faire. Elle pille, viole,  terrorise plus sa propre population plutôt que de protéger le pays et ses habitants. Si tu ne le savais pas, sache désormais que l'Est est une poudrière à la solde des Rwandais et des Ougandais prêts à s'en emparer sous n'importe quel prétexte. La balkanisation de la RDC est programmée. Curiusement, c'est avec eux qu'on négocie. C'est la triste réalité de notre pays.
Que dis-tu des Multinationales et d'autres puissants prédateurs qui tirent d'immenses profits de ces instabilités à défaut de les entretenir? La RDC est trop grande et trop riche pour demeurer intacte. Telle est la conviction des grandes puissances et de nos voisins. N'oublie pas l'Angola qui, de temps en temps, picotent à nos frontières... on n'en parle qu'à demi-mots.
Si on réussit à défendre ce qui nous reste de territoire, ce sera déjà quelque chose. A ce niveau, seule Communaute internationale peut arrêter l'invsaion de notre pays. Je n'entrevois pas d'autre solution.
....
M. Bilolo" (Email du 23 novembre 2012)

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22 nov. 2012

Après Goma, Sake, Bukavu?

Qu'est-ce qui se passe réellement à l'Est de la RDC? Pourquoi les rebelles ne trouvent-ils aucune résistance sur leur passage? Quand bien même ils seraient appuyés par le Rwanda, je ne comprends toujours pas pourquoi la RDC ne peut pas leur rendre la monnaie. Au lieu d'accuser le Rwanda, il faudra leur déclarer la guerre. Du moins, on saura clairment de quel côté chacun se situe. Ce qui passe là dépasse tout entendement.
On apprend que nos soldats se rendent sans combattre lorsqu'ils ne prennent pas simplement la fuite. On entend aussi qu'ils reçoivent des ordres les intimant de déposer les armes. On entend aussi que leurs armes et autres équipements sont carrément vendus à l'énnemi par des généraux sans scrupule. On apprend beaucoup de choses, surtout mauvaises. Que fait entre-temps l'armée congolaise dont la première mission est de défendre le territoire et ses habitants; et non pas les chefs. A Kisangani on brûle les emblêmes du PPRD. A Kinshasa on continue à discuter l'augmentation des émoluments des députés nationaux. Le gouvernement est dépassé, réclame des sanctions. La situation n'est plus sous contrôle quoique la population soit invitée à rester calme. Et patati patata! Où allons-nous? Balkanisaion!  Dieu merci, je suis assez âgé pour ne plus être surpris pas les tournures des événements de ce monde, et surtout du Congo Démocratique.

20 nov. 2012

Les rebelles maîtres à Goma

A la suite des informations lues sur le net hier, l'idée m''est venue ce matin d'ouvrir la télé juste au cas où il y aurait quelque chose sur Goma. Je pressentais quelque chose. Je suis tout de suite tombé sur le titre: "Rebels enter Goma" diffusé par BBC News. Cela m'a rappelé l'entrée de l'ADFDL à Kinshasa. Une froideur m'a pris dans le dos. Les rebelles ont pris Goma sans un seul échange de tirs ni des soldats de l'ONU ni de l'armée congolaise invisible. C'est une défaite et une humiliation très graves pour la RDC. Il y a vraiment lieu de se poser des questions sur les aspects politiques, militaires et diplomatiques de cette situation. Attendons voir!

18 nov. 2012

Roman Thomas in Memoriam

Heute hat mich Christoph Thomas informiert, dass sein Vater vor 4 Jahren gestorben ist. Ich bin damit sehr tief betroffen und schicke nachträglich mein Beleid an seine Frau Inge, seine Töchtern Gabi und Petra, seinen Sohn Christof, seine Enkelkinder und andere Angehörigen.
Die Familie Thomas zählt unter meinen besten Freunden in Deutschland. Durch die Gabi habe ich zum erstenmal Kontakt zu ihnen aufgenommen. Daraus ist eine sehr langjährige Freundschaft entstanden, die bis heute noch gilt. Wieviel mal bin ich zu Besuch nach Fladungen gefahren? weisst nur Gott. Wieviel mal habe ich Pakete und Geld von der Familie Thomas bekommen? kann ich nicht sagen. Der Name der Familie Thomas steht unter den Familien, die in meinem Buch "L'univers mythique..." (1998) bedankt wurden. Meine Dankbarkeit gilt bis heute.
Leider ist unser Kontakt seit 2001 unterbrochen worden, nachdem ich nach Barbados umgezogen bin. Es war eher mein Fehler. Vor ein paar Tagen ist mir eingefallen, dem Christoph ein E-Mail zu schreiben, um zu horen wie es ihnen allen ging. So habe ich die Todesnachricht bekommen. Ich bin sprachlos geblieben und habe mich selber vorgeworfen warum ich nie von mir wiederhören lassen habe.
"Lieber Roman, möge Dir der Herr Gott die Ewige Ruhe anbieten. Ich danke Gott, dass es Dich in meinem Leben gab. Ich werde Dich und Deine Familie nie vergessen. Ich erinnere mich noch daran, als Du mir gesagt hatte, dass es Dir gesundheitlich nicht mehr so richtig ging; aber ich habe nie gedacht, dass Dich der Tod so schnell getroffen hätte. Nochmals vielen Dank für alles. Ruhe in Frieden."   

17 nov. 2012

The Body in the Writings of Women Writers from Francophone Africa and the Caribbean


How do women authors from Francophone Africa and the Caribbean write about the body, be it male or female? What does the female body mean and symbolise in the novels and plays of these writers? Works by Calixthe Beyala born in Cameroon, Aminata Sow Fall from Senegal and Simone Schwarz-Bart from Guadeloupe will be used to approach the subject. In Tu t'appelleras Tanga (Your Name Shall Be Tanga), Beyala treats the female body by transcending its essence, by creating a communion of destiny between a white woman who receives the mission of incarnating the life of her black prison's roommate. Femme noire, femme nue... (Black woman, naked woman) exposes the woman as the embodiment of the evil. Comment cuisiner son mari à l'africaine? [How to cook one's husband the African way] links nourishing the body with strengthening the marital relationship. Pluie et vent sur Télumée Miracle (The Bridge of Beyond) and Ton Beau Capitaine (Your Handsome Captain) by Simone Schwarz-Bart expose two opposite figures of women in relationship to their bodies. There is a strong sense of symbolism in the language expression, in metaphors, in objects (such as money, a shirt, a gift) that directly refers to the human body. Douceurs du bercail (Tendernesses of home)  by Aminata Sow Fall is built around the topic of the female body: the Senegalese Asta hits a security agent because she feels offended by the way she touches her body at Roissy Airport, France. She is refused entry and the French Media reports an attempt of crime. What can be concluded from a philosophical perspective? The range of conception varies from strict Puritanism to Libertinage, from self control and self-respect to no-limitation in the use of the body. Transfer of experience, embodiment of pleasure and evil, feministic freedom, protection of moral values against perversions can be found in these writings.

(Presented at the Cave Hill International Philosophy Symposium 2012: "Body, Mind, Cognition", November 17, 2012)
 

9 nov. 2012

Adieu Père Joseph Wienke SVD (1929-2012)

C'est avec une profonde douleur que j'apprends par un message du P. Lesch sur www.steyler.de  la mort du Père Joseph Wienke, co-fondateur avec le P. Hoff, de la paroisse de Matari. Mort survenue le 4 novembre 2012 à St. Wendel en Allemagne. Il a travaillé près de cinquante ans dans le diocèse de Kenge. Je l'ai connu vers la fin de mon école primaire. Je garde  de lui le souvenir d'un missionnaire dans l'âme, d'un homme de coeur, d'un pasteur d'une grande générosité et d'une simplicité débordante. Cet homme discret, véritable apôtre du Christ, a fasciné beaucoup de chrétiens partout où il a travaillé.
Un jour, passant par l'évêché de Kenge pour un problème très délicat, cet infatigable broussard et à l'époque curé de Kalenge n'a pas manqué de me lancer: "Beno bantu ya ba-bureau, beno zaba ve mpasi ya kusala na nseke". (Vous qui travaillez dans les bureaux, n'avez aucune idée de la souffrance de travailler en brousse). J'ai bien compris que le message ne m'était pas adressé personnellement et ne lui en ai pas tenu rigueur.
Avec lui part un autre pilier de l'évangélisation de Kimbau-Matari. Puisse le Seigneur lui accorder le repos éternel et la couronne de ses élus! Wenda mboti, Mfumu Kayefwa!

8 nov. 2012

Comment en finir avec le M23?

Une amie, ancienne condisciple devenue journaliste politique en Suisse, m'a écrit ce qui suit:

"Mabana,
Cela fait un bout de temps que je lis ton blog. Félicitations! Tu as gardé ton talent d'écriture et de rhétorique. Tu touches à des sujets aussi brûlants, sensibles que passionnés, et n'hésites pas à exprimer ton avis. Je respecte et admire ta liberté d'esprit, quoique parfois je défende une opinion contraire.
Tu sais, c'est grâce à toi que j'ai découvert l'Afrique. Tes interventions dans les séminaires ont excité ma curiosité et m'ont amenée à suivre avec un regard critique les actualités africaines qui sont diffusées dans les médias occidentaux. Merci pour cela. (...)
Ton pays d'origine subit des guerres ou rébellions continuelles soutenues par les voisins et les puissances occidentales. Je n'entre pas dans les détails, puisqu'à lire ce que tu écris, tu es mieux informé que moi. Dans les milieux suisses, on se demande comment la RDC peut en finir avec le M23. Aurais-tu un avis là-dessus? La réélection d'Obama aura-t-elle un impact sur ce conflit? (...)
Si jamais tu passes en Suisse, n'hésite pas de faire un coucou!"
(GF, 7 novembre 2012)

Voici un extrait de ma réponse:

"Le problème du M23 est trop complexe pour être résolu en un tour de main: il y a un volet politique, diplomatique et militaire. Je ne suis ni politologue, ni diplomate ni militaire. Je ne suis qu'un littéraire, et à ce titre, je vois le monde à travers les "imaginaires" possibles. (...) Quelle que soit l'option privilégiée, il faut insister sur la solution militaire. Négocier oui, mais en position de force. Il ne faut rien attendre de Barack Obama. Pour moi, c'est un étranger comme les autres qui visent à découper ce pays. C'est aux Congolais de se battre pour l'unité de leur pays. L'étranger ne suivra que ses intérêts. Et d'intérêts, il n'en manque pas en RDC réputée être un scandale géologique et naturel. Avant tous les blablablas politiques et diplomatiques, la RDC doit se doter d'une armée forte, nationale, intègre, capable de défendre au prix du sang son intégrité territoriale, car dans l'état actuel ses frontières sont trop poreuses. Un même individu peut être Congolais le jour et Rwandais ou Angolais la nuit. Une véritable pièce de théâtre!
Les Rwandais disent que c'est un conflit interne à la RDC, qu'on laisse alors les Congolais le régler entre eux. Et entre eux, la solution ne serait que politique et militaire. La RDC ne doit pas attendre des solutions de l'extérieur, ni de quelque puissance que ce soit. Le temps de jouer aux pacifistes naïfs est révolu. Le temps est à l'action politique et militaire qui pacifie." (KCM, 8 novembre 2012)






7 nov. 2012

Que signifie la réélection d'Obama pour l'Afrique?

La question se pose, on me l'a posée, je l'ai posée. Mon compatriote sénégalais n'en est pas du tout ému. L'élection de 2008 l'a marqué, il a vu Obama évoluer.
Pour ma part, j'en suis très ému. Quoique je me méfie des politiciens, l'homme m'impressionne par sa lucidité, son humanité, sa simplicité. Orateur et rhétoricien hors pair, ce fin stratège né sous une belle étoile hawaïenne a tenu le cap malgré l'atroce hostilité des républicains. Je l'admire comme j'ai admiré par le passé les autres démocrates: Jimmy Carter, Bill Clinton. Rien de plus.
Je suis fier qu'un descendant d'Africain, Kenyan de surcroît, ait accédé à la fonction la plus puissante de l'Amérique et du monde. Rien de plus.
Il est président américain, non pas africain. Pendant son premier mandat, il n'a rien fait de spécifique pour l'Afrique. Il s'est juste rendu au Ghana et en Egypte. Son intervention face au printemps arabe a été discrète. Les Africains n'ont rien à attendre de Barack Obama. Il a eu un premier mandat difficile certes, mais on n'a rien perçu de lui en Afrique. Il était plus préoccupé de l'économie américaine, de la récession financière que des guerres meurtrières qui sévissent à Darfour, en Côte d'Ivoire, à l'Est de la RDC, en Somalie. Il n'avait pas les mains libres, surtout qu'il se préparait à briguer un second mandat. Ce mandat ne laisse rien présager pour l'Afrique. Que les Africains ne se laissent pas bercer par des illusions naïves et des attentes sans fondement d'une réélection qui ne les concerne pas du tout. Si Obama intervient en Afrique, ce sera en tant que président américain et toujours dans le seul intérêt des Etats-Unis. Aux Africains donc de se tailler eux-mêmes le chemin de leur avenir dans les rocs!

Leçons de la ré-élection d'Obama

J'ai suivi de près sur internet, par la presse comme à la télévison, les élections américaines, depuis les primaires jusqu'aux conventions, du premier au dernier débats. J'ai mieux compris le système d'élection et les enjeux.
1. Tous les battlegrounds dans les swing states donnaient Obama gagnant, fut-ce avec une légère avance. Cela s'est prouvé. Dans ces genres d'affrontements, mieux vaut se poser en position d'avant plutôt que d'arrière; mieux vaut être devant que derrière. La Tortue, non pas mon cher ami d'heureuse mémoire, mais la tortue naturelle en sait quelque chose.
2. La démocratie est un exercice cruel, une épreuve atroce et dure lorsqu'on s'y est investi corps et âme et qu'on échoue. Ce risque-là, les dictateurs africains l'évitent en mettant en place des mécanismes propres à leur assurer la pérennité tels que: la corruption, la révision de la constitution taillée sur mesure, la suppression des libertés, la fraude, l'intimidation des opposants, la militarisation des urnes, la distribution de l'argent, etc. Bref, le hold-up électoral.
3. Etre africain-américain constitue un défi aux Etats Unis. Le parcours d'Obama est impressionnant à plus d'un titre. Noir à moitié, blanc à moitié, ce métis a su mettre à profit tout son héritage hybride pour assoeir sa personnalité. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il est le président réélu pour les quatre années à venir, dans un pays où la majorité est blanche. Fin politicien et stratège, il a su utiliser la sagesse et l'envergure de Bill Clinton pour réussir une campagne de proximité qui s'est révélée très efficace et concluante.
4. Les passions mises à part, la victoire d'Obama était prévisible. Là, j'avoue sans risque de me tromper que s'il avait été blanc, la presse aurait très vite relevé ce fait au lieu de prolonger le suspense, en parlant simplement d'une élection très serrée. Le New York Times a publié un schéma qui donnait à Obama plus de 450 cas de figures de victoire contre 75 à Mitt Romney. Personnellement, je ne voyais pas par quel miracle Romney aurait pu renverser la situation alors même qu'il ne dévançait son rival dans aucun swing state.
5. Romney croyait dur comme fer à sa victoire au point qu'il affirmé avoir déjà rédigé son "speech". C'est ainsi qu'il a traîné à concéder sa défaite, attendant les résultats définitifs d'Ohio, état clé pour lui. En désespoir de cause, il s'est emmené en Pennsylvanie, un bastion démocrate; et a continué sa campagne jusqu'au jour de l'élection alors que son rival est allé joué au basket. N'est-ce pas que chacun possède sa superstition? Des signes qui ne trompent pas. Georges Bush père s'était trouvé dans cette même situation lors de son affrontement contre Clinton.
6. S'il est une leçon à retenir des deux candidats, c'est une leçon d'humilité et de respect mutuel. J'ai bien aimé les mots de Romney félicitant son rival et même priant pour qu'il réussisse son mandat au service des Etats-Unis. En Afrique, ce sont plutôt les armes qui crépitent dans les rues en plus ou à défaut de couvres-feux, d'intimidations militaires, d'arrestations arbitraires d'opposants, et d'exécutions sommaires. Pensez à Savimbi, Gbagbo, Fanko, Mugabe, Ngwema, Sassou Nguessou.
7. La démocratie appartient à l'Occident. Une valeur sûre qui fonde la force et la stabilité politico-économique des Occidentaux. Quant à nous, elle ne nous convient pas, que dis-je, pas encore. Une réélection sans contestations n'a jamais eu lieu en Afrique.

Bravo Président Barack Obama, Well Done. J'ai bien reçu vos messages sur Twitter.

5 nov. 2012

A chacun sa superstition

"Claver,
Chacun a sa superstition. Tu ne me contrarieras, car tu déclares sur ton blog que tu es béni. Tu m'as plusieurs fois dit que tu crois en la Providence, que tu obtiens ce que tu veux. Alors pourquoi ne peux-tu pas supporter que d'autres croient en la sorcellerie?" Etc. (Email du 5 novembre 2012)

Oui, je crois en la Providence. Je suis béni. J'ai dans ma vie connu des expériences très édifiantes, contrairement à d'autres qui se plaignent d'être malheureux, mal aimés, voire mal nés. Ce n'est pas mon cas. Je remercie Dieu de m'avoir accordé les multiples dons dont je disposes, et surtout de m'avoir donné, grâce à mon éducation familiale et scolaire, des principes simples à travers lesquels je me situe par rapport au monde.
La providence se traduirait en termes païens comme fortuna, chance, sort. Dans ce sens-là, chacun a sa superstition. Et c'est même un droit. La seule chose qui me dérange, c'est de me voir imposer des convictions que je ne partage pas et dans lesquelles je ne me reconnais pas. Je suis très critique vis-à-vis des "pasteurs", et d'autres de leur acabit, dès que je constate qu'ils se servent de la parole de Dieu pour des intérêts personnels. Le commerce d'exorcismes à la houlette me répugne: on prétend délivrer des enfants innocents de crimes de sorcellerie dont ils ne savent rien, simplement parce que leurs parents irresponsables ne les aiment pas et leur attribuent tel ou tel malheur. C'est un scandale, un crime sur lequel les autorités doivent légiférer au plus vite. Quelquefois, ces mêmes autorités figurent parmi ces vendeurs de salut et les pratiquants de ces inepties.
Une jeune femme en mal d'amour entre dans une secte pour trouver un mari. Et la bonne parole divine concoctée par le pasteur tombe juste, lorsque ce dernier ne se choisit pas lui-même comme l'heureux envoyé de Dieu. Il ne suffit pas de répéter cent fois "Au nom de Jésus" pour que votre coeur impur se transforme en éther angélique. Une cousine à moi qui me traite de païen, est tombée dans le traquenard des "Bima" et s'en est sortie gratifiée de deux ou trois enfants dont le père n'est autre que le pasteur. Pendant de longues années, on ne l'a plus vue; condamnée à prier nuit et jour pour le pardon de nos péchés. Tu diras aussi que chacun a son chemin vers Dieu.
Loin de moi l'idée de mépriser les églises du réveil que je respecte, j'invite seulement à discerner le bon grain de l'ivraie. Des gens ont proposé à un évêque catholique malade d'adhérer au Maikari pour être guéri. Pourquoi pas? Mgr Milingo ne s'était-il pas marié chez les Moons? A chacun son chemin vers le bonheur!
Mon jeune frère Nicolas insiste souvent sur le "ngenge" chez les musiciens ou les sportifs. Les qualités musicales (bonne voix, bon tempo, bonne danse) ou sportives (talent, technique, physique, rapidité, clairvoyance) ne suffisent; les répétitions ou les entraînements ne suffisent pas. Ils ont tous besoin d'un ingrédient supplémentaire: le fétiche, le talisman, le pouvoir de domination. Il prétend qu'un joueur togolais ensorcelle ses coéquipiers: dans chaque club où il est passé, son concurrent direct subit des blessures qui l'éloignent de la compétition pour longtemps. C'est cela le "ngenge", semble-t-il.
Une collègue à moi qui dit ne pas croire en Dieu m'a surpris un jour en m'avouant qu'elle avait été ensorcelée d'une forte diarhée qui a failli l'emporter. A mon étonnement, elle m'a sorti: "Chacun a sa superstition, Claver". Autrement dit, à ce phénomène je crois, mais pas en Dieu.
Les superstitions conduisent le monde depuis le début de son existence. On peut les transposer en termes sacrés comme des rites, des sacrements, des liturgies. L'homme a besoin de signes spécifiques pour atteindre l'explication des choses et des mots. Les luttes des coqs, les tauromachies, les tarots, les oracles, sont autant des moyens d'appréhension de l'avenir qui ont de la valeur pour ceux qui y croient. Je lisais ce matin que la défaite ce dimanche des Redskins de Washington présage une défaite d'Obama demain 6 novembre 2012. Si ce dernier perd les élections, je prendrai cela pour une coïncidence, car rationnellement rien ne lie ces deux événements; d'autres seront confortés dans leur superstition. C'est les Américains qui choisissent leur président, pas sous l'effet d'une quelconque rencontre sportive.  

Soyons clairs. La sorcellerie n'existe pas dans mon système personnel de fonctionnement. Je la laisse à qui y croit. Je n'y adhérerai jamais. Mon père m'a prémuni contre cela depuis août 1969.



4 nov. 2012

Non sens (suite)

J'avais promis une réponse. Je ne cesserai jamais de le répéter: je ne crois pas à la sorcellerie. Et je n'en ai jamais eu une preuve convaincante.
1. Aussi culturelle qu'elle puisse être, la sorcellerie n'a jamais constitué une explication suffisante pour moi. Chaque fois qu'on l'invoque, c'est toujours très discutable. Et souvent, on l'invoque quand il ne faut pas. Quelqu'un se fait voler son sac, on invoque la sorcellerie.
2. Je crois avoir déjà évoqué cet épisode. 2007 on est en jeep centre-ville de Kinshasa. Par erreur, le chauffeur qui me conduit cogne une voiture taxi. On sort pour évaluer les dégâts. Le taximan mentionne en plus du pare-choc le rétroviseur. Je vérifie et ne vois aucun tesson. Il s'étonne, et déclare que les sorciers les ont alors fait disparaître.
3. J'ai une tante qui jure au nom de Jésus, et voit des sorciers partout, dans chaque événement. Elle voulait me convaincre que ma mère a été tuée par les sorciers afin qu'elle ne puisse pas jouir si longtemps de l'argent et des biens que nous, ses enfants, lui offrions. Qui sont ces sorciers? Elle n'a pas dit, car elle n'est pas une devineresse. Peut-être a-t-elle un (des) nom(s) en tête.
4. Un enfant tombe malade; chercher un sorcier au lieu de le conduire à l'hôpital est un flagrant délit. Malheureusement, beaucoup de nos compatriotes africains recourent encore aujourd'hui à ce type de comportement moyenâgeux. Je ne m'identifie nullement à la rationnalité occidentale. Loin de là. Tout en reconnaissant mes racines africaines, je demeure lucide sur tout ce qui me parvient de toute part. Le sage africain n'est jamais dupe, quoi qu'on prétende.
5. Pour en revenir à notre honorable député, je crois qu'il y a eu une malencontreuse coïncidence. L'incriminé, quelle que soit la clairvoyance qu'on lui attribue, de dispose pas de plus d'yeux que le commun des mortels. Tout commentaire visant à le culpabiliser relève simplement de la fabulation. Blablabla. L'autre est mort à la suite d'un accident. Et un accident, pour les latinistes, c'est ce qui arrive... L'accident de voiture n'était pas inscrit dans notre patrimoine culturel, c'est un phénomène moderne. Il se serait noyé dans une pirogue, aurait chuté du haut d'un arbre de la forêt équatoriale, que sa mort serait encore demeurée, à mon sens, un accident.
6. Le non-sens revient justement à chercher coûte que coûte un criminel sorcier pour une mort par accident routière dont les circonstances peuvent être aisément expliquées par un excès de vitesse, de l'ivresse, une erreur humaine, un défaut technique ou mécanique, une maladresse du chauffeur, etc.
7. La sorcellerie, je le répète, est une tare dont l'Afrique doit se débarrasser si elle tient à se développer, car elle mine viscéralement notre intellect. Un frein au développement. Son éradication est plus facile à dire qu'à faire. J'en conviens. Il doit s'opérer une véritable révolution mentale, car là on touche à l'irrationnel de l'homme, à l'impensé plus pregnant que le conscient. Qu'importe! Notre développement culturel, social, économique ou technique en dépend. Ce n'est plus le temps évoqué par Tchicaya U Tam'si où l'éléphant représentant Tschilembw a renversé la camion qui transportait son frère Thom' Ndundu pour le tuer. Mais ils sont encore nombre à fonctionner selon ce schéma.
N'importe quoi!

A deux jours des élections américaines

Après avoir lu et considéré avec intérêt beaucoup de sondages et d'articles relatifs à ces élections, j'en dégage deux tendances idéologiques. La première, celle du président candidat à sa propre succession, est résumée dans son slogan de campagne: "Forward". En termes de pouvoir, c'est un défi: "J'y suis, j'y reste. Votez-moi ou aidez-moi à accomplir mes ambitions politiques".  La deuxième, celle du rival, revient à marteler le changement: "We can't afford four more years." En d'autres mots, sur la base de mon expérience d'homme d'affaires, j'ai un plan pour développer l'économie, créer des jobs, refaire de l'Amérique la nation forte et puissante qu'elle n'est plus.
A en juger par leurs engagements, les démocrates sont socialistes et les républicains capitalistes. Les premiers accusent les seconds de négliger la classe moyenne et les pauvres tandis que les seconds accusent leurs opposants d'augmenter les taxes, de vouloir distribuer l'argent des riches aux pauvres. Etc. Une caricature!
Au-delà de ces déclarations, au-delà des sondages, il est intéressant d'observer les derniers mouvements des candidats. L'Ohio est incontournable. C'est là que se trouve la clé magique de la victoire. Si Obama peut s'en passer, Romney ne peut pas; et aucun sondage ne le donne devant dans cet état. Mais chacun se déclare déjà vainqueur; c'est de bonne guerre. Un sait pourtant déjà qu'il ne croit pas à sa propre victoire quoiqu'une certaine dose de doute soit concevable. Il n'y a plus que deux jours. Hurry up, guys! La propagande, comme je le dis toujours, est pour un littéraire un très instructif sujet d'observation.
Quoi qu'il en soit, le 6 novembre, sera élu le président américain pour les quatre années à venir. Ce sera Mr. Obaromney ou Rombaney. Donnez-lui le nom que vous préférez. Je connais déjà le vainqueur, mais je ne voudrais pas vous influencer. Vive la démo...cratie!

31 oct. 2012

La vérité des sondages

Lorsqu'on suit les sondages américains et européens sur les élections présidentielles américaines, on est surpris par la différence des résultats. Et on voit sans équivoque de quel côté se penche la balance. Ce qui est le plus surprenant, c'est que les sondages sont réputés être objectifs, réalisés sur un échantillon représentatif de la population. Indicatifs d'une certaine vérité, préfiguratifs d'une certaine issue, ils ne sont jamais totalement objectifs; c'est pourquoi ils prévoient une volatilité, une marge d'erreur. La vérité réside en fait dans les marges d'erreur, et dans le non-dit de l'institut de sondage car les rapports idéologiques sont aussi un facteur déterminant. Fox-News est différent de HuffPost. Les critères pour l'établissement des échantillons jouent aussi un grand rôle. Venons-en aux données actuelles!
En terme de vote populaire, Gallup continue à accorder 5 point d'avance à Mitt Romney alors que Real Clear Politics le maintient à 0.9, 0.8, et même 0.2 aujourd'hui. La référence la plus crédible semble être le RCP. Par contre, au niveau du Collège électoral, Barack Obama garde une avance aussi bien dans les états sûrs et dans ce qui est appelé les "swing-states": Colorada, Ohio, Virginia, New Hampshire, Florida, etc. A une semaine de la date finale, rien ne laisse présager qu'il va les perdre tous ni qu'il les gardera tous. Par contre, si ces données ne changent pas, Obama sera réélu. Quand bien même elles changeraient, il ne les perdrait pas tous ni ne les gagnerait tous.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes quel que soit l'institut de sondage qui les publie. Seulement, selon certains, Romney et les siens au lieu de désarmer laissent planer le suspense jusqu'au dernier. Très combattif, il croit dur comme fer à sa victoire finale. Son vice-président Paul Ryan préconise une avenir meilleur pour les Etats-Unis: "2013 could be a Renaissance in America" tandis que le porte-parole de la Maison Blanche Axelrod jure sur sa barbe: "I will shave my moustache on TV if Obama loses MI, MN or PA". Tous ces discours passionnés sont basés sur des calculs suscités par les sondages.
A ce niveau, chacun a raison; tous les candidats ont raison. Mais qui d'Obama et de Romney aura définitivement raison? Les sondages peuvent prédire, mais la vérité viendra des isoloirs électoraux. Et là, chacun(e) vote son(sa) candidat(e), pas forcément celui ou celle qu'il prétend avoir voté(e). Pour dire que la vérité des sondages, quel que soit le degré de leur véracité, n'équivaut pas forcément à la vérité des urnes. Et là, beaucoup d'éléments d'ordre rationnel, émotionnel, objectif, nationaliste, racial, religieux entrent décisivement en jeu. C'est la loi de la démocratie.
Il paraît que les Américains sont très discrets en ce qui concerne les élections. Un collègue professeur de philosophie aux Etats-Unis m'a dit après la réélection de Bush: "Je n'ai jamais rencontré une personne qui m'a dit qu'il a voté Bush Jr. en 2004. Et pourtant, c'est Bush qui a été élu". Allez-y voir. 

30 oct. 2012

Non-sens

"Claver,
Tu sembles voir les choses, mais refuses de les accepter au nom d'une rationalité étrangère héritée sans aucun de ta formation intellectuelle. Si tu ne crois pas à la sorcellerie, alors tu n'es plus africain. Car tout Africain digne de ce nom y croit. Aussi, ai-je décidé de réagir sans attendre.
La sorcellerie est un élément essentiel de notre culture, j'entends du fonctionnement naturel de notre pensée. Elle est évoquée chaque fois que la raison est incapable de déchiffrer les mystères de la vie. Le sorcier, c'est bien entendu l'honorable cousin. Doué d'un troisième oeil, alerté par ses génies, il a su pré-voir l'événement fatal. N'oublie pas qu'étant de la même circonscription électorale, le départ de l'autre constitue un très bon débarras. C'est la loi de la politique.
En politique plus que dans d'autres domaines, la sorcellerie joue un rôle primordial. On se protège du mauvais sort, on se défend contre les sortilèges, on implore les mânes pour obtenir leur indulgence. Nul n'y échappe.
L'honorable savait ce qui allait arriver à son collègue, autrement il l'aurait accompagné jusqu'à Masina. Combien de temps cela lui aurait pris de déposer son cousin à son domicile? Tu diras qu'il avait son programme. Eh bien, c'était en fonction de ce meurtre sacrificiel. Car, concurrents sur la scène publique, l'un de deux devait mourir afin que l'autre atteigne une réussite fulgurante.
Bref, prétendre que la sorcellerie n'y est pour rien, c'est du non-sens."
(Email du 30 octobre 2012)

J'y répondrai plus tard. C

Le sorcier

Kinshasa, 1986. A la sortie du parlement, un député national demande à son collègue et cousin qui se rend en voiture vers Ndjili de le conduire. Arrivé au niveau de Ndjili, il descend comme convenu pour continuer en taxi vers Masina. Malheureusement le taxi que prend l'honorable député fait un accident; il meurt. Qui est le sorcier, puisqu'il en faut bien un? Vous y croyez, à la sorcellerie?
Voilà la cause de notre sous-développement!

Défaite probable d'Obama?

3 octobre 2012. Ce jour-là, Barack Hussein Obama a perdu non seulement le débat présidentiel, mais aussi les élections. Pourquoi? Parce qu'il a ressuscité des cendres un Mitt Romney totalement en perte de vitesse. Il l'a revigoré, dopé d'une énergie frénétique et d'un excès de confiance. Aujourd'hui, à une semaine de la date butoir, c'est à lui à combler le retard. Il est en train de perdre l'Ohio, le Colorado, la Floride dans les sondages. On se méfiait de Gallup prétendant que son sondage ne tenait pas debout. Aujourd'hui, la balance semble pencher de son côté. Sandy ne vient pas faciliter la tâche de l'actuel domicilié de la Pennsylvania Street, qui risque d'y vivre sa dernière semaine. Cependant, méfiez-vous, la messe n'est pas encore dite.

28 oct. 2012

Vivre dans la peau d'un autre

Néocolonialisme, impérialiasme, aliénation mentale, esclavage, minorisation, complexe d'infériorité, francophonie, commonwealth, ordre économique mondiale, etc. ont opéré un lavage de cerveau au profit du Nord dans tous les aspects de la vie moderne. On vous prend votre terre, on vous impose une langue et un mode de vie, on vous force de gérer un état colonial-moderne qui n'a aucun rapport avec votre fonctionnement naturel. Démocratie, c'est le cheval de bataille de l'Occident pour se permettre de défendre la liberté des hommes même dans les pays souverains. Sous les apparences d'assistance à la bonne gouvernance et à la gestion financière se cache une dictature culturelle et politique sur le monde en fonction des grandes puissances qui tiennent fermement à préserver leurs acquis antérieurs et à contrôler d'une main de fer l'ordre du monde. FMI, Banque Mondiale, ONG et autres formes d'aide bilatérale, autant des forces tentaculaires pour maintenir le pauvre dans la pauvreté, et l'ignorant dans l'ignorance.
On organise unhold up contre le chef d'état d'un pays qu'on tue sans autre forme de procès, et on appelle cela "libérer". Je remets en question une logique politique de l'Occident qui frise l'assassinat idéologique, l'irrationnel frénétique plûtot que la recherche d'une paix durable entre les peuples qui forment l'humanité. On est unilatéralement fier d'avoir tué dans la mêlée Sadam Hussein, Kadhafi, Usama Ben Laden. Encore faut-il que chacun ait commis les mêmes crimes. Pourquoi ne déloge-t-on pas le leader chinois ni le président nord-coréen de leur pouvoir alors que leurs pays transgressent les droits de l'homme et la démocratie? La réponse est simple: la Chine et la Corée du Nord sont trop puissantes. J'entends militairement. Quant aux autres, pauvres agneaux au milieu de lions, on les met à la traîne.
La RDC est un réservoir du coltan utilisé dans la fabrication des cellulaires. Pourquoi ne pense-t-elle pas à produire ces cellulaires sur place? On vous dira: Ah c'est très compliqué. Vous disposez pas de la science ni de la technologie nécessaires pour cela. En clair, on vous dit: "Votre incapacité technique est congénitale. Votre notre grand-père a utilisé la pirogue et vous l'a léguée sans l'améliorer. Poursuivez cette voie-là. Le progrès vous est étranger". Tout est dit. La RDC ne dispose ni des ressources humaines ni de la technologie voulue pour avoir une industrie de transformation viable et compétitive. Exportez la matière première à défaut de nous la laisser piller. Après tout, ce qui compte, c'est que le paysan de Kimbila-Ngundu ou Kisenga peut acquérir un portable et parler avec sa fille à New York quand il le veut. Vive le pouvoir en place! Sans lui, on n'aurait jamais eu cette opportunité. On n'oublie que les avancées technologiques se font indépendamment des individus qui les développent, car qu'on le veuille ou non, elles doivent arriver un jour, tôt ou tard. Adhérez donc à la francophonie, le français vous ouvre la voie du monde international.
Ce diktat s'impose. On s'en accommode. Nul n'ose le questionner, encore moins le remettre en question. Le français ou l'anglais vous ouvrent les portes du monde, vous permettent d'intervenir à titre égal dans les assises internationales. Qu'avez-vous à faire votre ewe, votre wolof, votre haoussa ou luo? Abandonnez-les. Ce sont des langues primitives incapables d'exprimer la rationnalité ni la logique. Participez au concours de Radio France International qui couronnera votre maîtrise du français. Optez pour le mode de vie français afin de répondre aux exigences du temps. Parlez l'anglais à travers le nez comme Sa Majesté la Reine. Quant à votre monde authentique, il n'a jamais décollé et ne décollera jamais de son statut de paysan, de sa ruralité, de sa sorcellerie et de sa magie légendaires. Donc utilisez notre langue, adoptez les manières de l'Europe, ne nous demandez rien en retour.
Voilà donc mon frère et ma soeur africains acculés et forcés non seulement d'emprunter la langue d'un autre pour s'affirmer, mais aussi et surtout de s'adjuster au regard de l'autre, seul garant de son être. Obéir aux critères d'humanité lui imposés par le maître constitue la clé décisive. La situation devient tellemant prégnante qu'ils en viennent à se renier et à obéir à des "personnages" d'emprunt. Soumis et obséquieux, ils tiennent à plaire à la volonté de leurs maîtres penseurs dont ils perpétuent l'héritage et le succès.
Qui sommes-nous à la fin? Des rien. Des moins que rien. Nous vivons oa vie d'un autre, dans la peau d'un autre.

27 oct. 2012

Le temps du paysan (Wickramasinghe)

L'heure du paysan. Cela me rappelle l'heure d'été introduite en Europe Occidentale. Le matin, très tôt, comme j'habitais chez le missionnaire de Bethléem à Fribourg à proximité d'une ferme et humais tous les matins la bouse des vaches à lait, il m'arrivait d'entretenir une conversation avec un des bouviers. Un monsieur bien fait, solide, travailleur et très bien dans sa peau d'éleveur. L'heure d'été dérange les habitudes des vaches dans leur fonctionnement journalier; en réalité c'est les hommes qui changent alors que les bêtes continuent constamment leur mode de vie. Telle est l'énigme du paysan obligé d'assurer un équilibre entre la vie moderne capitaliste et la vie normale de ses bêtes.
Le temps du paysan qui lit les signes du ciel, interprète le vol des oiseaux, sent l'air pour dire qu'il pleuvra ou non, aussi inconsistant et vague soit-il, possède un impact considérable sur l'ordre du monde que la Raison technique occidentale a imposée de force. L'inadéquation de ces deux systèmes devrait interpeler les critiques. Retrouver le temps du paysan doit se constituer en défi incontournable pour l'élite intellectuelle africaine souvent accusée de laxisme et de manque d'initiatives. Le défi de l'intellectuel africain consiste à gérer son acquis occidental en fonction de son patrimoine culturel naturel. Son destin même en dépend.
L'expression n'est pas de moi, mais de Nira Wickramasinghe. Je la trouve judicieuse et susceptible d'aboutir à une efficacité qui repose sur aucun arrière-fond inédit et original. Le retour au temps du paysans revient à retrouver sa racine primordiale, immaculée et originelle.

NB: La première version diffusée de ce message a été publiée par erreur. Je m'excuse auprès de celles et ceux qui l'ont lue.

24 oct. 2012

Les débats présidentiels (suite)

Après réflexions, il me revient de souligner trois points que je juge importants.
1. Le débat des candidats à la présidence d'un pays permet  non seulement de dévoiler l'identité des personnages, mais aussi de présenter ce qu'ils pensent vraiment, leurs idées ou idéologies. Leurs positions vis-à-vis des problèmes de l'heure, leur philosophie politique, leurs convictions religieuses ou sociales peuvent éclairer les électeurs. Dans le cas des Etats-Unis, leur race et leur appartenance politique sont également déterminantes.
2. Le débat présidentiel est, qu'on le veuille ou non, un moment spécial de propagande. Chaque candidat cherche à se vendre, à vendre sa marchandise devant les millions des téléspectateurs et auditeurs. Son message est simple: "Votez-moi, car je suis le meilleur". Tout est donc question de convaincre les téléspectateurs et les auditeurs concernés du sérieux de son programme, de la faisabilité de ses projets, et de la solidité de sa vision. C'est un ingrédient substantiel à la campagne électorale qu'il ne faudrait pour rien au monde négliger, car l'information, les medias et la communication jouent un rôle capital dans l'orientation des choix.
3. Les Africains qui arborent la palabre comme un élément de leur culture traditionnelle devraient opter pour ce type de contact avec la population. Car souvent la propagande dans nos pays se limite à distribuer de l'argent, à saoûler les gens avec quelques bouteilles de bière ou à offrir de la musique gratuite à des gens naturellement portés vers la danse. Le souverain primaire n'a en fait de primaire que l'acclamation tacite ou naïve à brandir face à son puissant, terrorisant, impressionnant et opulent leader qui, en réalité, le méprise avec une condescendance digne d'un esclavagiste-négrier. A la fin, nos populations ne connaissent de leurs leaders que ce que les medias diffusent à leur sujet, sans vraiment les connaître, ni comprendre leurs idées, encore moins leur projet de société qui souvent se limite à d'oiseuses promesses oubliées aussitôt que les élections sont passées. Estimant que les candidats seront passés par cette épreuve sélective au sein de leurs partis, un débat final bien mené ne pourrait qu'aider à atteindre un degré de transparence et de crédibilité dans l'apprentissage ou l'exercice de la démocratie.

23 oct. 2012

Les débats présidentiels

1. J'ai des quatre débats présidentiels américains suivi trois entièrement. J'ai raté le second débat entre candidats présidents, fatigué que j'étais d'une longue journée de travail. Je me souviens des débats entre Carter et Reagan, Bush et Clinton, Bush et Kerry, Obama et McCain. J'ai aussi suivi les débats présidentiels entre Mitterand et Chirac, Royal et Sarkozy, Hollande et Sarkozy. A chaque fois, l'opposant attaque l'action du président en exercice, et le débat est engagé, musclé et parfois embrouillé. Quelle qu'en soit l'issue, une chose m'est apparue certaine: le président est un être humain comme un autre.
2. Le président est un homme comme un autre. Je le répète parce que dans nos démocraties en devenir, cela s'oublie souvent. Comment pouvez-vous remettre en question l'action d'un leader réputé "envoyé de Dieu" et "investi par les ancêtres" sans courir le risque d'être décapité? Cela s'est vu en Afrique, et ce n'est pas aujourd'hui que cela disparaîtra. Nous avons encore de longues années à parcourir pour que les choses se remettent en ordre.
3. Il s'est dégagé du premier débat américain que l'homme le plus puissant du monde a fait montre de faiblesses aussi bien dans son argumentation que dans sa capacité de leadership, qu'un homme politique autre que Barak Obama peut administrer les Etats-Unis avec compétence. On le donnait gagnant à plates coutures, voilà qu'il est aussi vulnérable que tout autre sujet Américain. C'est cela qui rend les élections américaines intéressantes et passionnées. A ce jour, on ne peut prédire exactement qui gagnera ces élections. C'est un sujet d'enseignement pour un Africain habitué à des élections par acclamation, aux résultats manipulés ou dont certaines urnes disparaissent dans la nature lorsqu'elles ne sont pas remplies d'avance ou invalidées pour Dieu seul sait quelles raisons.
4. Après le premier débat, j'ai eu une discussion avec des compatriotes africains du Cameroun, du Sénégal, d'Ouganda-Tanzanie. L'ami camerounais soutenait que le débat n'allait avoir aucun impact sur les élections et qu'Obama serait réélu quoi qu'il en soit. Quel Africain ne souhaiterait pas qu'il en soit ainsi? Les jours suivants ont vu Romney remonter la pente et devenir favori. Pour ma part, j'ai dit que ce serait une catastrophe si Obama perdait les deux débats suivants car j'ai eu l'impression que Mitt Romney s'était très bien préparé à ce débat-là. Entre nous, j'ai même soupçonné une odeur de Watergate. Lors du dernier débat, Obama a tenu à dessiner avec insistance le portrait de Romney à tel point que ce dernier, acculé, a déclaré à deux reprises: "Attacking me is not an agenda". C'est important pour lui, et il a gagné le débat.
5. Bien sûr que le débat a un impact considérable sur les élections, car il donne aux électeurs l'occasion de se faire une idée claire du personnage qu'ils vont élire: son caractère, sa maturité, son intelligence des choses et des affaires, sa capacité à s'en sortir des situations difficiles, voire à prendre des décisions impopulaires pour le bien de la nation. Les téléspectateurs et les auditeurs voient l'individu sans titre et s'imaginent comment ce dernier peut débattre dans les différentes instances du pouvoir aussi bien au niveau national qu'international. Le candidat doit convaincre ses électeurs qu'il est capable de défendre les intérêts de la nation avec efficacité, sagesse et ténacité à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
6. J'ai vu en différé quelques extraits du débat ivoirien entre Gbagbo et Ouattara. Débat très révélateur car c'était une première en Afrique. Ambiance courtoise, conviviale et sereine malgré la gravité de l'heure. Qu'avons-nous vécu après? Une guerre sans merci dont les séquelles minent encore la Côte d'Ivoire.
7. La faiblesse de l'Afrique, je ne cesserai de l'affirme, c'est l'instabilité de ses institutions. Rien n'est certain ni constant, tout est imprévisible. L'Afrique gagnera en maturité démocratique le jour où elle se conformera à des principes fondamentaux relatifs aux droits humains élémentaires, le jour où les présidents descendront de leurs piédestaux impériaux et montreront un visage vraiment humain. Le débat est un moyen parmi d'autres pour dévoiler la personnalité de ceux qui nous gouvernent. Autrement, ils demeureront des îles en plein océan, éloignées ou isolées de leurs populations par l'armada militaire et sécuritaire terrorisante et terrifiante qui les entoure.
 

20 oct. 2012

Un sentiment anti-français?

"Claver,
Il règne sur ton bloc, à ce qu'il me semble, un sentiment anti-français. Ai-je raison ou tort? Tes articles ne sont jamais tendres à l'égard des Français."

Mauvaise lecture! Je n'ai absolument rien contre les Français. J'ai beaucoup d'amis français. J'ai eu de brillants professeurs français pendant mes études en Suisse. Mon maître Yves Giraud, paix à son âme, était français. Donc rien de tel. En plus, enseigner le français et la littérature francophone africaine et caribéenne est mon métier.
1. Par contre, il y a un génie proprement français qui me dérange. Ils tombent tous dans le même pot européen, occidental, donc supérieur au reste du monde. C'est ce mythe qui ne me convient pas. La rationnalité dont ils se prétendent représentants, s'arrête aux portes de Paris, d'Europe. Les contradictions intrinsèques à leur système colonialiste ou assimilationniste me dérangent. C'est au niveau du débat idéologique et politique que j'ai un problème.
2. Le concept de la francophonie me paraît trop ambigu. C'est pourquoi, je n'hésite pas de publier sur mon blog des avis de personnes qui pensent comme moi, comme d'ailleurs, celles qui ne partagent pas mes avis à ce sujet. Je n'irai cependant pas jusqu'à prétendre que j'aime le français outre-mesure, et ne dirai jamais que le français est une "langue africaine". C'est simplement une langue qui m'a été imposée. Je l'utilise seulement, parce que c'est le seul moyen de communication que je maîtrise vraiment. Aliénation mentale ou francophonie se valent à ce niveau. L'histoire a fait que je sois francophone, rien de plus.
3. Sentiment anti-français? Encore une fois. Je suis simplement critique. Je critique tout. Il se fait que les Français, à cause leur passé colonial qu'il prolonge à travers la francophonie, constituent autant un sujet d'observation et de commentaire que les politiciens, les Africains qui sont mal dans leurs peaux, les sapeurs, les pasteurs, les philosophes idéalistes. Je ne suis donc pas plus contre les Français que contre mes compatriotes africains irresponsables, criminels, voleurs ou magouilleurs.
4. Je n'ai aucune raison de haïr la France ni les Français, mais je n'accepte pas une certaine idée de la francophonie monolithique aux relents impérialistes, qui relègue au second plan les Non-Français de leurs anciennes colonie ou qui parlent leur langue. C'est leur langue après tout.
5. Pourquoi ne nous laisserait-on pas parler nos langues? Cette possibilité, ne l'attendons pas de la bonté paternaliste de nos anciens colons, mais d'une révolution culturelle bien menée. "Yakala bakudia ndinga bakudi" (Homme lorsqu'on te mange la voix, on te mange), dit un proverbe suku. J'élève ma voix pour éveiller mes lecteurs face à ces défis culturels dont dépend notre avenir. Je me réjouis d'apprendre que certains de mes lecteurs français et africains sont amenés à repenser leurs idées sur cette polémique grâce à ce blog. Les Français, comme tout peuple, ont le droit de se sentir français et d'en être fiers.

Francophonie, je vais te dire ce que c'est!

"Le Français peut entrer au Sénégal rien qu'avec son permis de conduire, alors que le Sénégalais doit trimer des mois et des mois d'humiliation et d'attente d'un certificat d'hébergement pour obtenir le visa avant de fouler le sol français. Et quand bien même il obtiendrait ce précieux document de Schengen, rien ne garantit qu'il entrera en France. C'est la triste image de la réciprocité, du partenariat et de l'égalité qu'offre la francophonie.
Les Chinois et les Japonais sont reçus comme des rois alors qu'ils ne pigent aucun mot français, rien qu'avec quelques phrases d'anglais. C'est cela la réalité, Claver." (EJ)

19 oct. 2012

Francophonie ou imposture?

Cher Claver,

J'ai lu avec intérêt tous les textes que tu compiles sur la francophonie. Alors que dans ta position de littéraire qui pratique l'enseignement de la littérature francophone d'Afrique et de la Caraïbe, tu es tenté de trouver le juste milieu entre diverses conceptions de la francophonie, laisse-moi te donner mon point de vue. J'en ai honte, de la francophonie, un concept bidon pour voiler un agenda politique bien ficelé.

Pour moi, il n'y a rien de pire que la francophonie. C'est du colonialisme converti en instance de coopération. On vous interdit de parler "officiellement" vos langues, ensuite on a le culot de vous inculquer que le français est la langue de la culture, et de la "gentillesse" (Senghor). On pousse la cacophonie mensongère jusqu'à prétendre que le français est une "langue africaine". On vous impose de vous exprimer dans la langue d'un autre; de vous penser à travers les expressions d'une sensibilité qui n'est pas naturellement la vôtre. On vous traite de petit-nègre lorsque vous parlez mal la langue de la civilisation. On vous appelle des partenaires alors que vous êtes réduits à des "sujets" éternels, mineurs soumis à recourir à la sagesse des aînés majeurs, à confier leurs destinées à la France. On vous accule, pauvres mendiants, à faire la queue devant la coopération française, alors qu'on vous prend vos richesses, vos biens, vos terres, vos enfants... Pour moi, c'est une imposture culturelle et économique.
Levez-vous! Récupérez vos langues vouées à la disparition par l'impact du français, valorisez-les car il en va de votre destin. Francophonie, misère de l'esprit colonisé présenté comme une fascinante ouverture vers le monde. Francophone, utopie de l'oeuvre assimilatrice française vouée à célébrer la grandeur de la France. Francophonie, hégémonie de la France sur des peuples du Tiers-Monde en quête d'un développement de façade. Francophonie, symbole et couronnement du paternalisme français.
Que j'ai honte d'être français! J'en râle rien qu'à voir l'ingratitude dégradante que nous affichons devant ceux qui ont donné leur vie pour construire et défendre ce pays. Francophonie, musellement des opprimés.

Etc.
(Email d'Eric Jacques. 16 octobre 2012)