27 nov. 2013

27.11.2013

L'avant-midi j'ai préféré travailler à l'hôtel simplement parce qu'il m'aurait été impossible d'ouvrir l'Internet sur le computer mis à ma disposition. L'ID number dure quelques jours. J'en ai profité pour mettre les choses au point car il me reste trois jours à l'hôtel avant d'occuper la chambre qui m'est réservée dans un home universitaire.
A 13 heures, lunch à la mensa avec ma personne de contact, Dr Jeanette den Toonder. Visite à l'Institut Français où je m'informe des activités qu'organise la communauté francophone. Reprise de la clé de mon bureau et arrangement de mon programme pour le deuxième moitié de la semaine. Il y a demain un colloque sur les études canadiennes francophones et vendredi un séminaire sur les littératures minoritaires. J'essaierai de participer à ce deux activités. J'ai retenu trois interventions au programme.
A 15 heures, j'ai assisté dans le bâtiment administratif à une remise officielle de diplômes à quatre étudiantes de la faculté des lettres. Une cérémonie beaucoup plus simple que celle l'université des West Indies m'a habitué à voir ces dix dernières années. Les diplômés sont présentés personnellement, leurs thèses résumées, avant de recevoir leur document officiel et de signer le régistre des diplômes. Un maître de cérémonies préside cette remise, en présence de quatre membres officiels de l'université. Applaudissements, photos, félicitations. Tout s'enchaîne jusqu'à la clôture de l'événement. Comme quoi, chaque pays a ses traditions universitaires et populaires. Quoique cela se soit déroulé en néerlandais, le contexte a fait que je comprenne quelques mots sans vraiment saisir les détails. A Groningue, l'anglais se parle partout.
Peu après, je suis rentré à mon nouveau bureau pour enregistrer mes textes sur lesquels je vais travailler au cours des vingt jours qui suivent.

26 nov. 2013

A l'université royale de Groningue

Hier 25 novembre, je suis parti de Bruxelles-Midi à 6h18. Jean-Robert m'a déposé à 6 heures. Arrivé à Gronigue à 11h44, j'ai aussitôt cherché l'hôtel Friesland dans lequel je n'ai pas réussi à confirmer ma réservation. L'hôtel n'est pas situé loin de la gare, mais quand on ne sait pas, c'est de la mer à boire parfois. Autour de 13 h, j'ai pris le bus pour ce que je croyais être l'université selon les instructions reçues de l'hôtel. J'ai donc visité ce campus là pour y marquer des repères. Eh bien, c'était absolument faux. C'est ce matin que je le découvrirai, à mes dépends.
Pour mon rendez-vous avec le service des échanges universitaires d'Erasmus, je suis rentré. Ponctuel, j'y étais à 10 heures. Mais seulement au mauvais endroit, au mauvais campus. J'ai dû retourner à la gare car le chaufeur qui m'a conduit ne connaissait pas la rue. Puis repris un troisième bus pour m'y rendre. A ma surprise, la fameuse rue que je cherchais n'était pas du tout loin de mon hôtel. Moins de dix minutes ou dix au plus.
Le passage au bureau des Mobilités n'a pas duré car une des responsable n'y était pas. Il fallait rentrer entre 14 et 16 heures. Je suis revenu à l'hôtel vérifier si l'hôtelier avait réparé le chauffage et la fenêtre. Puis vers 12h30, j'ai repris le chemin de l'université, cette fois pour rencontrer Jeanette den Toonder. On s'est finalement vus à la mensa. Avec Jeanette, on s'était vus sans se connaître en 2011 à Waterloo, Canada, au colloque Roman et mémoire organisé par François Paré et Tara Collington. En effet, les actes publiés comportent nos articles.
Le tour des édifices et des bureaux a duré relativement long. Il fallait trouver un bureau pour moi, obtenir un ID, signer ceci et cela, etc. Dans le couloir, j'ai retrouvé Dagmar Reichardt sans la reconnaître du premier coup. Jeanette nous présente l'un à l'autre:
"Look, this is Kahiudi Mabana, who is here in the framework of Erasmus.
"My name is Dagmar.
"I know somebody with the same name.
"It is actually a Sweedish name. My father gave me it. As a child, I was called Magda instead.
Puis, on s'est séparés. Jeanette devait me conduire à un bureau pour je ne sais plus quoi. Ah pour que je sois en mesure d'utiliser le computer, d'accéder à la bibliothèque et même au "café". Je devais remplir un formulaire pour cela mais elle a dû vite partir pour récupérer son enfant de l'école. Lorsque sa collègue m'a conduit à la photocopieuse, j'ai retrouvé Dagmar. Et nous avons réengagé notre conversation.
- What's your name again?
- Dagmar
- And what's yours?
- Kahiudi
- Mais c'est mon ami Claver, s'est-elle écriée en français. On s'est vus à Michigan en ...
- Beh oui, Dagmar, et on a publié ensemble une entrée "Aimé Césaire" pour Metzler Lexikon Weltliteratur.
On s'est embrassés, étonnés et surpris de ne nous être pas reconnus du premier coup. Mais le magnétisme a fonctionné. Allez me dire que j'ai une mémoire fabuleuse. Le temps a fait que chacun de nous a changé, car on s'est rencontrés en 2005 à la conférence de Michigan Academy.
A Groningue donc, moi qui me croyais étranger au début, ne le suis pas tout à fait.


Le colloque de Paris-Créteil: 21-22 novembre 2013

"Littératures en langues françaises: histoire, mythes et création", tel est le titre du colloque international organisé conjointement par l'UPEC (Université de Paris-Est Créteil) et l'AUF (Agence Universitaires de la Francophonie) en partenariat avec Laval, Omar Bongo, Craïova, !roraina, Maldova, et le CIEF da la Sorbonne. Les profs Papa Samba Diop et Alain Vuillemin étaient les maîtres d'orchestre à Paris-Créteil. Six ateliers concomittants en deux-trois sessions de trois présentations ont constitué les vingt-huit ateliers initialement prévus. Le premier jour on a assisté après l'ouverture officielle, à une table-ronde rassemblant Ndhembi et Caya Makhele, animée par Jacques Chevrier, professeur émerite. La conférence inaugurale de Samba Diop a porté sur les tendances observées actuellement en littérature subsaharïenne.
A la pause, c'était un temps de retrouvailles et de connaissances de personnes connues à travers leurs publications. Retrouvailles entre autres avec Justin Bisanswa, Olga Hel Bongo, Romuald Fonkwa, Valentina Tarquini, Williams, Léontine Gweye, Selom Gbanou, Caya Makhele, Jacques Chevrier. Sylvère Mbondombari du Gabon n'est pas venu. Connaissance avec Marie-Rose Abomo-Maurin, Amuri Mpala, Céline Gahungu,Elise Adjoumani, Alain Vuillemin ou Papa Samba Diop. A ce dernier, j'ai demandé si c'est lui qui avait écrit un compte-rendu sur mon livre Des transpositions... dans Research in African Literature. Je voyais Abomo-Maurin pour la première fois bien que j'ae collaboré à son collectif Tchicaya U Tam'si ou l'éternelle quête de l'humanité de l'homme en 2010. J'ai aussitôt pensé à régler mon litige financier avec elle à l'issue de cette collaboration. J'ai fait de bonnes confusions: j'ai attribué à Léontine Gweye la nationalité gabonaise alors qu'elle est ivoirienne. Je tenais à mettre un visage sur le nom de mon collègue de L'shi, Amuri Mpala qui a publié un excellent livre sur Tchicaya. Bref, des rencontres formidables. Puis a commencé la présentation des contributions individuelles. J'ai suivi Fonkoua et Bisanswa avec beaucoup de plaisir. Des exposés d'une facture exceptionnelle en terme de recherche et de pertinence.
Ma propre présentation "Des littératures-mondes aux francophonies périphériques" était prévue pour 16h45, mais elle a eu lieu trente minutes plus tard. J'y ai présenté le livre d'Oana Panaïté et mon propre livre en insistant sur leur dimension théorique comme étant des tentatives de résolution du conflit français vs francophone. Le débat qui s'en est suivi était intéressant, mais je devrai éliminer quelques éléments de mon texte qui sera publié dans les actes.
Peu après, mon beau-frère Dr Donatien Mosimi est passé me chercher à la bouche du métro Créteil-Université. Et nous sommes partis pour Coulommiers. Là, une surprise, car peu de temps après notre arrivée, il m'a demandé de l'accompagner voir quelqu'un. Savez-vous qui? Me Grégoire Munoko, procureur général de la république. Quelles retrouvailles! Nous avons passé près d'une heure à l'hôtel où était logé mon illustre cousin paternel à parler comme tous les Kalondais de Kalonda, de la famille et de la vie. Un moment très touchant pour moi.  Le matin suivant, Donat nous a reconduits tous les deux à Paris.
La deuxième journée du colloque était marquée par la présence d'un écrivain roumain, Viesniec Matei, qui nous a parlé de son expérience d'écrivain devenu francophone par la force des choses et par choix. Il écrit ses pièces de théâtre en français, mais ses romans s'écrivent en roumain. On peut le comprendre. J'y ai appris que quand Caeucescou avait fui Bucarest et que le pouvoir était dans la rue, c'est un poète qui a rappelé la population au calme avant que les politiciens ne récupèrent l'arène politique. Ainsi que l'immense contribution de deux comédiens roumains à aider la population à panser ses plaies.
Dans l'après-midi, j'ai suivi l'intervention d'Elise Adjoumani de Cocodi, Abidjan: "Ecritures francophones hybrides: révélatrices d'une diversité ou d'une identité des littérures d'expression française". Exactement le sujet sur lequel je travaille et pour lequel j'ai obtenu une bourse de recherche à Gronigue. Une présentation très instructive selon moi par une jeune chercheuse qui, je vous assure, possède une carrière exceptionnelle devant elle.
Bref, une très bonne conférence dans l'ensemble sur le plan de la qualité des sujets et de l'organisation. Deux couacs: on nous a donné des stylos mais pas de bloc-notes sur lesquels prendre des notes; aux pauses-cafés il n'y avait que des croissants, du café avec sucre sans lait. A la française quoi! Pas de thé. Je conseillerais à l'avenir de disposer une logistique plus efficace. J'ai vu pire ailleurs. Je suis parti après avoir réglé le compte d'Abomo-Maurin. Le retour à Coulommiers a été en douceur malgré la basse de temperatures autour de 1°.

19.11.2013



19 novembre 2013. Parti hier de la Barbade, je suis arrivé ce matin à Frankfurt à 10h30. 6° C contre 28° au départ de la Barbade. Il était 11h15 lorsque je suis sorti de l’aérogare, informé que mon bagage était embarqué sur la connexion pour Amsterdam. Il me fallait donc prendre une carte d’embarquement auprès du guichet de la Lufthansa. Un petit problème s’est posé, le bagage n’était pas enregistré correctement. Dès que je me suis libéré de ce doute, j’ai appelé la Barbade. Claver Jr a pris l’appareil car il était exactement 6 h là bas. Ils se réveillaient pour se préparer pour l’école. Ensuite, j’ai appelé Mme Schmitt pour l’alerter de mon passage. J’ai tenté de joindre les Français. J’ai appelé mon frère Rigo, sans succès également. A 12h35, je me suis embarqué sur la Lufthansa qui m’a déposé à Amsterdam. De là, j’ai pris le train Thalys à 14h34 pour Paris-Nord, via Rotterdam, Anvers, Bruxelles. Curieusement, depuis des années, je n’ai jamais visité Amsterdam sauf la gare ou l’aéroport. Je suis en route pour Paris.
Que des souvenirs en survolant Frankfurt et la Hollande. J’avais passé en 1980 un séjour mémorable avec le Père Bernard Overgoor svd dans sa famille à Stoutenbourg, près d’Utrecht. D’en haut, j’ai retrouvé le joli paysage hollandais jadis cultivé de betteraves, de maïs et de fleurs, aujourd’hui vide dans la tristesse séculaire hivernale.  Le passage par Anvers m’a rappelé deux ou trois voyages dont l’un en 1993 pour y embarquer une voiture Peugeot 305. Le tout dernier voyage à Anvers a eu lieu  en 2008 avec Chrystelle, Claver et leur maman. On était allés en voiture depuis Coulommiers pour rencontrer Mr José Mosimi. Bruxelles, n’en parlons pas. Encore plus de souvenir depuis ma rencontre légendaire en 80 avec le père Malfliet (Lufweleti ou Kayefwa). C’est en effet le prêtre qui m’a baptisé un certain 19 mai, trois semaines après ma naissance. Et beaucoup d’autres souvenirs…

17 nov. 2013

Kienge, Taubira ... Obama: le même combat

Victimes d'un même fléau, ces trois figures représentent en ce temps toute la misère que subissent les Noirs en Europe et aux Etats-Unis. Discrimination raciale, ai-je dit? Certaines choses arrivent, certains problèmes surgissent, certains propos humiliants sont tenus, certaines affaires se compliquent parce que c'est eux. Il y aurait eu d'autres personnes à leur place que rien ne fût arrivé. Ils affrontent la haine raciale, le dénigrement, la gifle au visage, la méprise et le dédain arrogant de leurs compatriotes simplement parce qu'ils sont d'une autre race. Ils dérangent. Kienge, Taubira ... Obama livrent le même combat.
Et ce combat est loin d'être gagné malgré le fait que leur présence à ces étages de l'échelle sociale soit due à leur valeur et à leur parcours personnels en tant qu'être humain. Comme disait Dambudzo Marechera: "I have never met an African but only human beings". Leur vrai combat est d'acquérir le statut d'homme auprès de leurs compatriotes peu enclins à le reconnaître, bloqués par des préjugés révolus. Tel a été le combat des mouvements New Negro, Harlem Renaissance, Négritude, African Personality, Ujama, etc. Ce combat gagné idéologiquement n'a jamais franchi le seuil de la mentalité.
Or la mentalité est pire que tout. La déraciner revient à une gageure de titan. Une mentalité couvre un réseau très complexe de stéréotypes, de sous-entendus, de clichés et d'irrationnels qui, mythiquement, meuvent l'esprit et l'agir de l'homme. Des lapsus de façade et de profondeur. Tant que l'ordre économique et politique mondial sera dominé par les Blancs, les autres races seront toujours rejetées au rang du non-existant et du néant. Une rhétorique difficile à accepter mais qui correspond à l'expérience des personnes de race noire partout où ils cohabitent avec les autres races.
Un combat de titans! Etant les premiers dans leur catégories, nos vaillantes icones parmi d'autres nombreuses connues, inconnues ou méconnues, servent de cobaye au bouleversement de l'histoire qui se trame sous nos yeux. L'heure est venue où la prise de conscience des injustices, des inégalités et des déséquilibres qui existent dans le monde devra mener à des actions concrètes de pacification et de recherche d'harmonie. Mais le chemin est encore long, très long même. Kienge, Taubira ... Obama, et bien d'autres de leur race, forment les paradigmes du combat gagné quoiqu'encore contesté. Nul ne pourrait arrêter la roue de l'histoire: elle tourne, tourne et tourne dans un sens bien donné. Celui de la victoire de l'humain.

Un voyage qui s'annonce long

Demain soir, 18 novembre 2012, s'il plait à Dieu, je voyage pour la Hollande via Francfort avec Condor. Ce voyage s'annonce long. Une semaine à Paris pour une conférence à Créteil les 21-22 novembre. Un saut à Coulommiers. Puis le 24 novembre, date-anniversaire de la révolution zaïroise, arrivée à Groningen pour presque un mois de travail. J'en rendrai compte au fil des jours.

Kienge, Taubira... Obama: le même péché

Kienge, noire d'origine congolaise, est ministre en Italie. Taubira, noire d'origine guyanaise, ministre en France. Et Obama, africain-américain de père kenyan, président aux Etats-Unis. Ils ont tous commis le même péché: celui d'être né avec du sang noir, que dis-je?, d'être noir.
Dans un monde majoritairement blanc qui prétend évoluer en démocratie, des personnages élus par leur système ou accédant à des postes de leader au sein de ces systèmes prônant l'égalité et les droits de l'homme, sont traités de singes, de chimpanzés, d'animaux sauvages, de sales noirs sans que les pouvoirs en place prennent les sanctions qui conviennent. Les déclarations changent selon qu'on est en face d'un Noir ou d'un Blanc. Dans ces pays-là, le travail, le logement, l'éducation, la santé, l'activité politique se distribuent en fonction de la peau, et deviennent un problème dès qu'on se trouve en face d'un Non-Blanc. C'est la réalité au quotidien. Le discours officiel, quant à lui, est immaculé; il n'est pas raciste, mais la population n'hésite pas à le transgresser. En toute impunité s'il vous plait! Je dirais même en toute légalité. Seul le Front National, le KKK et les extrêmes droites affichent ouvertement leurs propos racistes.
Peut-on en conclure que le racisme est juste un lapsus de langage? Que non! Le mal est plus profond. Il dénote un choix délibéré, une haine de la différence, une intolérance vis-à-vis de l'autre qui n'est pas soi. C'est un discours d'exclusion permis à certaines personnes dans leur environnement naturel. Ne vous étonnez donc pas de voir les Italiens, les Français et les Américains revendiquer le poste politique qui, de leur propre aveu, leur revient de droit et assure leur hégémonie raciale. L'élévation des Noirs à ce poste est perçue comme une transgression de codes, une usurpation de privilèges ou un échec de l'establishment racial. D'où l'impunité pour ceux qui osent exprimer haut et fort les agressions et frustrations racistes.
Le monde est régi par l'injustice. Est-ce le temps de baisser les bras? Non, le temps du combat et de la lutte pour imposer ses droits, qui a commencé depuis les premières révoltes contre l'esclavage et le colonialisme, doit continuer. Chacun de nous peut devenir, à sa mesure, un héros de notre libération.
Courage Kienge, Taubira ... Obama! Votre seul péché, c'est d'être noir. Vous êtes les héros d'une race "victimisée" par l'histoire. Prenez vos responsabilités et veillez à ce qu'on vous apprécie non pas à cause de la couleur de votre peau, mais en fonction de vos actes!
 

15 nov. 2013

Joyeux Anniversaire, Adrienne!

Je lui ai parlé ce matin, craignant que je n'aurais pas l'occasion de l'appeler dans la journée. Ma mémoire me trahit rarement, dans des cas pareils. Je me souviens de l'événement. Mes parents parlaient très souvent de ce jeune homme prodigieux que fut mon oncle Frédéric Kayolo qui a été parachuté directeur d'école à peine sorti de l'école normale de Banningville. Les photos de cet oncle bien-aimé, que je n'avais jamais vu de visu, étaient affichées sur une toile de notre maison. Il y avait des photos de leur mariage. Et surtout une photo de Maman Véronique pédalant une bicyclette qui m'impressionnait. Impensable à mes yeux d'enfant élevé dans la stricte rigueur de la distinction des genres. Il y avait également la photo d'une bébé très jolie. C'était Adrienne, ma chère cousine. Je ne sais pas ce que ces photos sont devenues. Disparues, brûlées ou volées. Je crois savoir où elles pourraient se trouver. Probablement là où ont disparu mes propres photos d'enfance. Ce n'est qu'en juillet 1965 que j'ai vu tout ce beau monde pour la première fois, à Kenge.
Joyeux Anniversaire, Adrienne!

11 nov. 2013

Oraison funèbre en mémoire du Professeur Dr Abbé Dominique Kahang (Prof. F. Kinkani)

Oraison funèbre en mémoire du Professeur Dr Abbé Dominique Kahang
Epigraphe  
"La plupart de ceux qui avant moi ont pris ici la parole, ont fait un mérite au législateur d'avoir ajouté aux funérailles prévues par la loi l'oraison funèbre en l'honneur des guerriers morts à la guerre. Pour moi, j'eusse volontiers pensé qu'à des hommes dont la vaillance s'est manifestée par des faits, il suffisait que fussent rendus, par des faits également, des honneurs tels que ceux que la république leur a accordés sous vos yeux ; et que les vertus de tant de guerriers ne dussent pas être exposées, par l'habileté plus ou moins grande d'un orateur à trouver plus ou moins de créance. Il est difficile en effet de parler comme il convient, dans une circonstance où la vérité est si difficile à établir dans les esprits. L'auditeur informé et bienveillant est tenté de croire que l'éloge est insuffisant, étant donné ce qu'il désire et ce qu'il sait ; celui qui n'a pas d'expérience sera tenté de croire, poussé par l'envie, qu'il y a de l'exagération dans ce qui dépasse sa propre nature. Les louanges adressées à d'autres ne sont supportables que dans la mesure où l'on s'estime soi-même susceptible d'accomplir les mêmes actions. Ce qui nous dépasse excite l'envie et en outre la méfiance. Mais puisque nos ancêtres ont jugé excellente cette coutume, je dois, moi aussi, m'y soumettre et tâcher de satisfaire de mon mieux au désir et au sentiment de chacun de vous. (THYCIDIDE à Périclès)
Eminence, chers collègues Professeurs, Mesdames, Mesdemoiselles,  Messieurs, gens d’ici et d’ailleurs (puisque selon un certain mythe africain, en pareilles circonstances, sont aussi présents des gens d’un autre monde),
Je prends la parole au nom de toutes et tous, en ce jour de deuil, pour rendre un hommage mérité à un des nôtres, le Professeur Abbé Dominique Kahang’a Rukonkish Tshaw Tsha Makwegn, qui nous a malheureusement quittés le 15 octobre 2013, suite à ce que l’on appelle pudiquement une longue maladie. Longue maladie, parce que l’Abbé Dominique a souffert pendant longtemps. L’impitoyable faucheuse a donc enfin frappé dans nos murs.
Je disais que l’Abbé Dominique a beaucoup souffert… Mais dans le souci de servir, de communiquer la vie, il a longtemps géré sa souffrance, ses douleurs avec philosophie. Cette attitude, il l’a observé jusqu’à son dernier jour. En effet, à quelques minutes du dernier soupir, il a, avec un ton plein d’amour et de relativisation de sa souffrance, posé la question à l’Abbé Odon qui était à son chevet en ces termes : « comment tu vas ? »… A Odon de répondre : « je vais bien, et toi, comment te sens-tu ? ». L’Abbé dira : « je vais bien, je n’ai pas mal »…
Mesdames, Mesdemoiselles,  Messieurs, gens d’ici et d’ailleurs,
Si la pratique de l’oraison funèbre remonte à l’Antiquité avant de devenir un genre littéraire au XVIè   siècle, cette pratique prend aujourd’hui la forme d’un snobisme, d’une civilité dont les préceptes sont énumérés dans les codes de conduite et qui, finalement, ne viennent pas de notre moi profond. L’oraison funèbre est justement devenue cette déploration cérémonieuse visant à créer une profonde émotion collective en faisant l’éloge du défunt. Il ne s’agira pas aujourd’hui pour moi de cette politesse cérémonieuse et raffinée qui rime avec l’hypocrisie et le mensonge. Mon propos de ce jour s’assimile à ce que le Philosophe Bergson appelle la politesse de cœur et de l’esprit, ce sentiment profond qui se vit et ne se dit pas aussi aisément parce qu’il est partage de considération, de fraternité et de sympathie.
Pour le dire autrement, contrairement aux habitudes qui veulent que le discours soit dithyrambique, mon propos sera volontairement sobre, voire, pour certains, indigent. En effet, si de là où il repose, Dominique peut nous voir et nous entendre, il me reprocherait véhémentement de pérorer et de sombrer dans ce qu’il exécrait le plus, à savoir, penché sur sa pierre tumulaire, la découverte des qualités post mortem. Par respect pour sa mémoire, je m’en tiendrai donc à une narration ad litteram.
Pour traduire ce sentiment incommensurable au langage, j’ai choisi de vous re-parler d’abord du Professeur Abbé Dominique Kahang’a Rukonkish et ensuite, de parler à mon patriarche (c’est ainsi que je l’appelais affectueusement).  Oui, Dominique Kahang n’était pas seulement un maître, parce qu’il m’a enseigné et formé, comme d’autres amis et collègues Professeurs ici d’ailleurs, mais il était aussi mon chaleureux Patriarche.
Que vous dire de Dominique Kahang'a Rukonkish Tshaw Tsha Makwegn?
En peu de temps, il me sera difficile de donner une image quelque peu complète du Professeur, du collègue, de l'homme, qu’il a été durant une vie si bien remplie.
Dominique Kahang’a Rukonkish, Homme au sens noble du terme, est né le 12 février 1946 à Makukula, dans le territoire de Kahemba, district du Kwango, province de Bandundu. Il a fait son école primaire à Lokando et Kambangu dans le Kahemba. Après de brillantes études secondaires qu’il termine en Greco-Latine au Collège Albert (actuel Boboto), est admis au Grand Séminaire de Mayidi pour y poursuivre le cycle de philosophie en vue du sacerdoce. Après la philosophie, il est admis en théologie qu’il termine en 1972 à Jean XXIII.
Il est ordonné Prêtre pour le diocèse de Popokabaka le 27 août 1972.
Son ambition intellectuelle lui inocule le virus des études. L’Evêque de Popokabaka de l’époque, Mgr Bouckart, l’envoie poursuivre ses études universitaires à l’université de Strasbourg en France Sans complexe, il obtient en 1974 sa licence en philosophie. Une année plus tard, soit en 1975, il décroche sa maîtrise en philosophie.
En 1977, il obtient le diplôme d’études approfondies en philosophie du 18ème siècle à nos jours et un autre diplôme d’études approfondies en philosophie de la technique.
En même temps que les études classiques de philosophie, l’Abbé Dominique fera d’autres formations. C’est ainsi qu’il obtiendra, en 1973, le Diplôme d’études  universitaires littéraire.
En 1980, il est reçu Docteur en philosophie à l’université de Strasbourg, mention Très Honorable, avec félicitations du jury. Titre de la thèse : L’affectivité et l’expérience du temps. Aussitôt vêtu de la plus belle robe de « Docteur », de Nganga Mayele, il rentre au pays et se voit confié les charges de Recteur du Grand Séminaire Interdiocésain de Kalonda. Il resta à ces fonctions huit (8) ans, et le Grand Séminaire connut une grande évolution sous le mandat de l’Abbé Dominique. Il a façonné Kalonda à sa vision de grandeur. Plusieurs Prêtres de la Province de Bandundu, aujourd’hui Docteurs et Professeurs, ont développé et caressé cette ambition sous l’impulsion de l’Abbé Dominique.
De 1988 à 1994, il est chercheur à Montpellier et vicaire de paroisse.
En 1989, il est invité du Conseil de l’Europe à Strasbourg et aussi invité de la Société belge de Philosophie.
En 1993, il est envoyé de l’Institut de Missiologie d’Aix-la-Chapelle (Aachen).
De 1995 à 2003, il est Secrétaire de la commission épiscopale Justice et paix (8 ans).
Travailleur acharné, rigoureux, voire perfectionniste, il profite de ses rares moments de liberté pour préparer et soutenir une thèse de doctorat nouveau régime à l’Université de Montpellier en 1995. Titre de la thèse : Ethique de la vie et développement. Questions posées à la modernité africaine.
Le Professeur Abbé Dominique Kahang’a Rukonkish Tshaw Tsha Makwegn était membre du Cercle académique du Professeur Agel Henri.
Il a été de son vivant, un fervent défenseur des droits de l’homme. Son engagement pour ceux-ci le voit attribué le prix des Droits de l’homme de la République Française en 1999.
En 2002, il est nommé Professeur à temps plein aux Facultés catholique de Kinshasa où il enseignait depuis 1987 comme « Professeur visiteur ».
Frappé par la limite d’âge, il prend sa retraite en 2010. Déjà à cette époque, la santé de l’Abbé Dominique que je rencontrais chaque soir dans notre quartier commun de Yolo-Sud, devenait de plus en plus fragile. Son bref-long séjour en France l’aida à recouvrer quelques bonnes calories ; sans totalement retrouver sa bonne santé. De retour au pays au terme de ce séjour, et soucieux de la formation des jeunes, il accepta de rentrer au Grand Séminaire de Kalonda qu’il aimait tant pour y travailler comme Professeur résident, et contribuer derechef à la construction intellectuelle des jeunes esprits admis à ce séminaire interdiocésain.
J’ai eu le privilège de le retrouver lors de mes propres enseignements à Kalonda, et il ne cessait de me souffler ses bonnes intentions pour cet établissement de l’Eglise… Il me disait qu’après sa mort, toute sa bibliothèque devait être acheminée à Kalonda. Un petit testament !
Il convient aussi de signaler que le Pr Abbé Dominique Kahang a enseigné à la Chaire Unesco de l’Université de Kinshasa.
Professeur d’Histoire de la philosophie ancienne, de Philosophie de la Religion, de Morale générale, de Métaphysique, les enseignements de l’Abbé Dominique étaient essentiellement centrés sur les conditions et possibilités de la Vie Bonne. Très attaché aux valeurs qui fondent la communauté, il professait une philosophie de l’altérité qui avait pour mot de passe : « Agir l’un pour l’autre au bon moment ».
L’Abbé Dominique a écrit beaucoup d’articles scientifiques que nous, ses enfants dans la science et collègues, voudrions bien rassembler pour en faire une somme. Le concours de chacun de vous sera sollicité à quelque degré que ce soit pour immortaliser sa pensée.
Le Professeur Kahang avait une connaissance linguistique enviable. Il maniait le Kikongo, le Lingala, le Swahili, le Français, l’Anglais, l’Allemand ; et écrivait parfaitement le Grec, le Latin et l’Hébreu.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
En parcourant les grands événements ou moments de la vie de l’Abbé Dominique, on remarquera avec étonnement la permanence du chiffre 8 : il est ordonné prêtre au mois d’août ; il est reçu Docteur en 1980 ; il est Recteur de Kalonda pendant 8 ans, Secrétaire de la commission épiscopale justice et paix pendant 8 ans, Professeur à temps plein aux facultés catholiques de Kinshasa pendant 8 ans. Pour moi, et en lisant de près la vie de l’Abbé Dominique Kahang, ce chiffre symbolise la vie des béatitudes menée par l’illustre disparu. Oui, l’Abbé Dominique est un homme des béatitudes !
L’Abbé Dominique a été une estampille sur laquelle des milliers des gens se sont hissés pour aller à l’assaut de la vie, de la survie et de la vérité. Humanitaire et philanthrope à souhait, on se souviendra des allers-retours effectués entre Kinshasa et Brazzaville pour sauver les vies des centaines des Rwandais et Burundais qui redoutaient la mort…
Homme de cœur, il n’a jamais hésité de se faire « locataire » pour laisser sa propre maison à ceux et celles qui en avaient le plus besoin.
Professeur rigoureux, l’Abbé Dominique ne faisait pas facilement passer les hérésies et inepties intellectuelles. Quand votre analyse ou point de vue était philosophiquement gauche, il réagissait d’un ton toujours grave : hein hein. Ce n’est pas comme cela qu’il faut réfléchir. La saisie des questions philosophiques passe par la maîtrise de ce par quoi ceci est cela
Je revois encore cette silhouette et ce style Kahang : Chemise bleue Mitterrand, fourrée dans un pantalon tissu, le tout accompagné d’une petite cravate, et une  barbe qui faisait penser aux philosophes de l’Antiquité.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, gens d’ici et d’ailleurs, pour nous philosophes, la mort inattendue du Pr. Dominique Kahang’a Rukonkish Tshaw Tsha Makwegn s’inscrit dans la dialectique de la mort physique et de l’immortalité sociale et métaphysique ; celle-ci ne peut s’acquérir qu’après celle-là. Le Pr Dominique Kahang’a Rukonkish aimait enseigner aux étudiants de Philosophie l’histoire de la philosophie ancienne. Dans celle-ci, on retiendra entre autres le mythe d’ER le Pamphylien du livre X de la République de Platon. Si aujourd’hui, son âme entreprend le voyage d’ER le Pamphylien, nous pensons  que comme toute âme, elle reste immortelle. Qui plus est, les actions menées par cet artiste des consciences, nous laissent espérer que les dieux de l’au-delà lui réserveront un meilleur sort.
Hier Prêtre actif et Professeur vertébré, comment peut-on évoquer aujourd’hui le nom du Pr. Dominique Kahang’a Rukonkish  en termes de veillée et de dépouille mortelle ? C’est la terrible interrogation qui nous conduit à disserter sur la mort.
Ultime transgression de l’homme dans la mesure où elle se définit par le corps sans vie, le cadavre, la mort apparaît comme le plus grand malheur de l’homme. Elle est une fêlure constante qui fait basculer l’univers, trouble la façade de la respectabilité. C’est pourquoi elle gouverne les vivants comme l’inévitable, l’indomptable expérience. Le Philosophe dira que dès qu’un bébé naît, il est assez vieux pour mourir.
Mesdames, mesdemoiselles, Messieurs, nous avons beaucoup partagé avec Dominique Kahang’a Rukonkish. Convaincus de sa mort, nous aussi, nous savons que nous passerons… En effet, si chaque pas dans la vie est un pas vers la mort, il est des morts qu’il faut assassiner ; ces morts qui arrachent les plus vigoureux, les plus frais, les plus productifs, les plus aimables !
Par la disparition du Pr Dominique Kahang’a Rukonkish, l’Eglise de Popokabaka, les universités et instituts où il consacrait la majeure partie de son temps, non sans sacrifice, deviennent orphelins. Avec ce vide difficile à gérer, je constate avec vous que la mort a envahi tout l’espace : elle est sur terre, dans l’eau, dans l’air ; elle court, saute, rampe, elle cherche, traque tout le monde et toutes les choses. Mais loin de tuer en nous le goût de l’aventure chrétienne et intellectuelle,  nous devons aujourd’hui considérer Dominique comme un modèle.
Le Pr Dominique Kahang’a Rukonkish  n’est pas mort à la vie sociale et intellectuelle puisqu’il laisse à la postérité l’exemple de sa propre vie, des nombreuses publications scientifiques, et des milliers d’étudiants qu’il a formés et encadrés.
Permettez à présent, Mesdames, mesdemoiselles, Messieurs, gens d’ici et d’ailleurs que je m’adresse directement à mon Patriarche, à notre baobab, avant de me réduire au silence méditatif qu’impose la douleur de cette mort dont le philosophe dit qu’elle n’est rien pour nous.
Que dire enfin à mon Patriarche en ce jour douloureux?
Comme l’histoire de l’élan vital qui, à son origine, est condamné à rencontrer l’adversité de la matière dont il triomphera pour ensuite traverser toutes les autres formes de vie, y compris la matière elle-même,  nos premiers rapports, je l’avoue, n’ont pas été ceux des plus fraternels. Tu symbolisais pour nous, étudiants d’alors, une rigueur que nous considérions à tort comme une trahison : tu considérais la note 7/10 comme moyenne. Tu avais une vision de l’excellence qui faisait résigner les moins ambitieux. Mais ce style nous a  tous formé et nous a aidé à comprendre qu’on pouvait être grand ou se croire grand, mais que la meilleure grandeur est assurément celle que l’on acquière dans la rigueur et l’humilité.
La vie qui est Amour et dévoilement d’imprévisibles nouveautés a ramassé et fondu notre passé dans un présent et un avenir qui nous ont rapprochés et liés comme un fils à son père. C’est d’ailleurs ainsi que tu voulais que je t’appelle. De tes enseignements publics, dans les locaux des Facultés catholiques de Kinshasa, de tes enseignements privés vers un petit café de la ville ou sur le balcon de ta maison à tes derniers jours de malade dans ta chambre, les débats et discussions n’ont cessé de nous rapprocher.  
Cher père, tu aimais le travail bien fait. Pour toi, tout travail, quel qu'il soit, devait être bien fait. Le Grand Séminaire de Kalonda, la Commission Justice et Paix, les Facultés catholiques de Kinshasa, l’Université saint Augustin de Kinshasa, le Kwango et la RDC étaient ta passion, ta chose.
Cher Maître, tu aimais les défis et tu avais une âme de gagneur.
Tu étais un Homme qui détestait la médiocrité. Ceux qui baignaient dans celle-ci, tu les considérais avec humour comme des « hommes gaspillés ».
Tu étais un Homme plein d’espérance, et plein d’optimisme. Je sacrifierai le peu que je sais de ta vie si je n’évoque pas le fait que tu as vécu les dernières années de ta vie comme un revers. Tu as connu humiliations, frustrations, déceptions et rejets. Les propos irrespectueux et peu révérencieux, tu les as subi, même au sein des institutions où tu as donné le meilleur de toi-même. Malade et faible, il t’est arrivé que les générations, qui hier te témoignaient respect et vénération, te fassent marcher ou poiroter… Tu t’en plaignais souvent en ces termes : « on fait de moi le dindon de la farce… » « on me prend pour un imbécile, un idiot… »… Devant toutes ces réalités qui ne manquaient pas donc de t’affecter, tu ne cessais de dire : « il faut prendre la vie du bon côté… Le plus important est de vivre toujours selon la Vertu ».
Ton enthousiasme, ta perspicacité et ton abnégation au travail t’ont valu admiration et vénération.
Tu es sans conteste, l’enseignant qui a marqué par son organisation au travail, de nombreuses générations d’étudiants (es). Ton savoir-être et ton savoir-faire resteront gravés dans la mémoire de tous ceux qui ont eu le privilège de t’avoir eu comme enseignant, ou de partager un moment avec toi comme collègue ou confrère.
Tu étais un maître expérimenté, respectueux du plus petit, une source pour tes étudiants et ta famille. Tu étais un chercheur performant, dévoué et désintéressé.
Tu as été un grand homme, un scientifique curieux, un professeur respecté ; Tu as été tout simplement un " Monsieur". Pour qu'on puisse s'adresser ainsi à toi, c'est tout simplement parce que tu as aimé tes semblables.
Tu étais un homme de paix, voyant en chaque être humain une manifestation de la grandeur de la création. Beaucoup de choses étaient pour toi sujet d'émerveillement, que tu traduisais avec talent dans tes nombreuses interventions. Tu aimais le Beau, le Bien et le Vrai.
Cher Dominique, tu étais un prêtre, un bon prêtre. Tes homélies courtes et à yeux fermés, étaient prises par certains comme une métaphysique religieuse qui invitait à une forte ascèse pour en saisir le sens et la profondeur.
Tu avais un sens élevé pour ton sacerdoce. Un jeudi de 2002, te souvenant n’avoir pas dit ta messe depuis le matin, tu t’empressais à rejoindre la chapelle universitaire pour la messe qui y est dite chaque midi. Ton empressement était tellement préoccupant que tu titubas sur les escaliers devant le secrétariat général académique, au point de te casser à la cheville.
Oint pour bénir le peuple de Dieu, tu bénissais finalement tout. Je me souviens que lors de nos balades à Kinshasa à bord de ta Land cruiser, tu ne ratais pas de bénir une dépouille mortelle qui passait. Un jour, alors que tu tenais à bénir un corps qu’on conduisait vers Kinkole ou Mikonga, tu cognas un autre véhicule, et le propriétaire, te regardant dans les yeux vous dira : « ne vous en faites pas, je ne doute pas que vos pensées étaient ailleurs »… Oui, il t’arrivait d’avoir des pensées ailleurs au point que nous tes cadets devions vérifier chaque fois si tu n’as pas oublié quelque chose en partant de quelque part.
Quoi de plus normal pour moi que de demander à Celui au nom duquel tu bénissais des milliers de gens, de te bénir toi-même, de bénir ton âme, d’accorder un repos mérité à ton pauvre corps qui désormais nous manque et appartient au règne de souvenir !
Au moment de te dire l’éternel adieu, je voudrais publiquement te dire ceci :
-     Nous sommes fiers de la formation que nous avons reçue de tes soins aussi bien aux Grands Séminaires de Kalonda, de Mayidi, Kaggwa, aux Facultés catholiques de Kinshasa qu’à l’Université saint Augustin de Kinshasa : tu étais un artisan, une lumière scientifique et intellectuelle.
-     Nous gardons en mémoire combien tu es resté stoïque et digne devant la douleur et la maladie jusqu’à ton dernier souffle. Tu étais un homme d’honneur.
-     Tu étais animé d’une profonde foi. Durant les dernières semaines de ta vie, cette foi profonde a été merveilleusement soutenue par ta famille, tes amis.
-     Tu es parti avec le titre de PROFESSEUR. Mais c’est tout le monde qui t’appelais affectueusement « Maître ». Nous te disons merci de tout cœur cher Dominique. Merci pour ta vie que tu nous laisse en témoignage. C’est pourquoi comme ce poète, je dis : « Ô mort ! Ô néant ! Que tu es cruelle ! Aujourd’hui encore tu brûles mon cœur ! Mais où est ta victoire ? Il est mort, Je pleure, moi j’ai tort, Là-bas, il dort ».
Si tu arrives là où tu vas, salue de notre part les Abbés Tatamosi, Zandu et Mbambu. Transmets nos amitiés et fraternité au Pr Abbé Faustin Mapwar, à Zangio et à Mafuta Kizola.
Au nom du Père, de là où tu es, Cher Patriarche, Père, Professeur et frère, veille sur ta famille et ton diocèse.
Au nom du Fils, veillent sur tous ces gens qui te considéraient comme père dans la foi ou dans la science. Nombreux souffriront dans leur âme de ne pas te voir dans cette caisse où ne vit que l’espérance que tu portais comme une chandelle. Je te transmets leurs adieux !
Au nom du Saint-Esprit, veille sur le Kwango dont tu étais un des dignes fils… Tu as laissé des idées, et rassures-toi que nous les exploiterons !
Au nom de tes idées, veille sur la paix en République Démocratique du Congo.
Depuis l’annonce de ton départ vers le Père sur ma page facebook, j’ai enregistré près de 1000 commentaires : un baobab est tombé, un père s’en est allé, un Grand esprit dans un petit corps. L’homme de la Maât. Oui Dominique, Dieu a su placé dans ton petit corps un Esprit qui dès aujourd’hui, et par le souvenir qu’on en garde, devient immortel.
Le mardi 15 octobre 2013, la nouvelle de ta mort a retenti comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, produisant l’effet d’une bombe au sein de ta famille, de tes amis, de tes collègues et de tes étudiants.
La maladie qui te minait depuis quelque temps déjà, a fini par avoir raison de toi, laissant ta famille, tes amis, tes collègues dans un profond désarroi.
Pr Abbé Dominique Kahang’a Rukonkish Tshaw Tsha Makwegn, comment allons-nous nous passer de ton rire communicatif, de ta joie de vivre, de ta gaieté et de toutes ces belles histoires que tu aimais tant nous raconter ? Mais comme le dit Charles Péguy dans ce poème inspiré d’un texte de Saint Augustin :
 « La mort n’est rien.
Je suis simplement passé dans la pièce à coté.
Je suis moi. Tu es toi.
Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné.
Parle-moi comme tu l’as toujours fait.
N’emploie pas de ton différent ».
Cher Dominique, nous continuons à t’aimer, mais… Tu nous manqueras à jamais !
Adieu Père,
Adieu Maître,
Adieu collègue,
Adieu Grand fils de Mwendjila,
Que la terre la République Démocratique du Congo te soit légère.
Au nom de tous, un de tes enfants,
Pr Dr KINKANI MVUNZI KAMOSI Frédéric Adelbert
 Kinshasa, le 23 octobre 2013.

5 nov. 2013

Le M23 défait?

Voici ce que m'a écrit un politologue congolais:

"Le M23, c'est un monstre à plusieurs tentacules. Ces gens qui ont un pied dedans un pied dehors sont en réalité des semeurs de trouble. Ce ne sont pas de vrais Congolais. Les Congolais doivent absolument se méfier d'eux. Le revers subi à la guerre, ils veulent le transformer en victoire. Où a-t-on jamais vu au monde une armée vaincue imposer sa loi aux vainqueurs?
Leurs alliés politiques dont les agenda ne font l'ombre d'aucun doute n'hésitent pas à affirmer que la RDC n'a pas de choix: elle doit les intégrer. Il faut protéger les Tutsis congolais. Pourquoi eux tout spécialement et non pas les Luba, les Lunda ou les Kongo? Une nation se construit sur la base d'un contrat de paix. On cède du sien pour vivre ensemble et construire un pays beau, prospère et libre. On n'y vient pas défendre des intérêts ni des hégémonies d'une autre nation. Pourquoi mettent-ils un pays à genou avec le soutien de leurs parrains étrangers qui sous le couvert de cette rébellion exploitent impunément les ressources naturelles de la RDC et ne cachent pas leur désir d'annexer ce coin? Avec qui le gouvernement négocie-t-il à Kampala? Pour l'intérêt de qui? Pourquoi Kampala une des bases arrières des rebelles alors que d'autres capitales plus neutres auraient mieux convenu? Autant de questions auxquelles les réponses sont claires, mais que personne n'ose exposer sur la place publique!
Mon avis est simple: il faut les poursuivre en Ouganda et au Rwanda, comme ces pays se permettent de traverser la frontière-passoire des Kivu ou de la Province Orientale.
Le M23 est un monstre imprévisible. On parle déjà de M17 ou 33. Kagamé et ses sbires doivent se venger de cet affront au nom de leur pacte ethnique. Les Tutsis congolais, je suis sérieux, c'est un concept conçu dans le seul but d'envahir le Congo et de s'emparer de ses richesses. Ils ne correspondent à aucune réalité naturelle de ce pays. Leur cœur bat pour le Rwanda. Où passent les Nkundabutare, les Rubwera, les Ntanganda, les Bizima, des individus au double chapeau et à l'identité ambiguë? Les Congolais doivent mieux connaître leur histoire."

1 nov. 2013

The Venerable Reverend James Levi Springer (1935-2013)

Barbados, October 31, 2013. Yesterday I attended the funerals of the Late Venerable Rev. James Springer at St. Leonard Church. May his soul rest in peace! I am writing because it was the first funerals of an Anglican Priest I have ever seen. An impressive ceremony presided by Bishop Dr. John Holder accompanied by at least hundred con-celebrants of the Diocese of Barbados. I did not know him personally but I went there because Rev. Springer was the uncle of Sangene Diagne-Watkins' mother. There were many official figures and people I know. The Governor General of Barbados was present. The ceremony was similar, if not the same, to the Catholic mass. The same dignity and splendid decorum. The same creed and communion. The only difference was the presence of female priests.
The sermon by Bishop Holder underlined the hard work and dedication shown by this humble Servant of the Lord, who served the Church of Barbados as Priest since his ordination in 1961 to his death as a retired Rural Dean and Arch-priest.
"I am the Resurrection and the Life" (John 11:25)

Napesi mbote...

Napesi mbote na Ye Moko Mokonzi wa Bakonzi, le Grand Prêtre ... Teee Bishop. Yemei. Mibale Te: La Référence des Mikilistes.Tala kaka. Mwana Paris-London-Bundes-States bino moko boyebi!
Signé Le Grand Nduliste Armand Leki ya suka na libumu ya Zabolo!

Allez-y comprendre. C'est, paraît-il, le langage des jeunes aujourd'hui. En tous cas, beaucoup, surtout ceux et celles des Congolais qui ne veulent pas vieillir, recourent à ce langage.