19 févr. 2010

"Non on va à l'école"

Il y a quelques jours, j'ai été surpris par cette phrase prononcée par Claver Jr et Madeleine-Chrystelle. Je ne dirais pas qu'ils aiment particulièrement l'école. A trois ans et deux mois, ils préfèrent rester jouer à la maison plutôt que de subir l'école enfantine où ils sont inscrits.
Et presque chaque matin au réveil, ils répètent: "L'école est fernée" (Sic) Cette fois-là, je leur ai dit: "Alors on va à l'école?" Leur réponse à l'unisson: "Non on va à l'école. L'école est fernée, Papa" Surpris, je réfléchis un peu. Dois-je corriger et dire: "Non, on ne va pas à l'école"? Une formulation certes grammaticalement correcte, mais qui ne correspond pas forcément à leur façon de s'exprimer. Je me retiens.
Me voilà remis à l'école de la logique. Comme ils parlent aussi anglais, j'ai d'abord pensé à une interférence. Peut-être. Qui sait? Leur "No" ne se confond presque pas avec "Non". Allez-y voir! Le fonctionnement langagier de ces enfants de trois ans me semble relever d'une logique plus conforme au génie naturel de l'humain et plus conforme au réel. En effet, ( ~p ) est une négation de proposition, non pas une négation de verbe.
Une collègue linguiste m'a conseillé d'écrire un livre sur les comportements des enfants. J'ai pas envie de transformer ma maison en laboratoire. J'en fais déjà ailleurs. Comme quoi, la vie est une véritable école d'apprentissage.

13 févr. 2010

"Battre sa femme et tous les records"

La vie a de ces surprises qui vous laissent parfois ahuris, hagards, bouche bée. Le même homme est capable à la fois de bien et de mal. Ce n'est pas nouveau, c'est même normal. Nil novi sub sole! Chacun le fait quelque part. Seulement, voilà. Un pays entier, le mien, tient des records inadmissibles. Plus les années avancent, plus il tourne en rond. La faute, c'est toujours aux autres. Le corrompu, c'est toujours l'autre; le corrupteur n'est jamais montré du doigt. Quelle société pourrie!
"Battre sa femme et tous les records" n'est rien de moins que la phrase paradigmatique à laquelle recourait notre illustre professeur de latin pour nous expliquer une figure de style surprenante, le "Zeugma". C'était le Père Bernard Overgoor SVD. Honneur et respect à ce maître de très grande culture, mais à la simplicité désarmante!

Au moment de terminer ces lignes, je découvre sur la page info de la SVD Congo que le Père Ben a accompli ses 50 ans de sacerdoce le 31 janvier dernier. Très sincères félicitations! Vita, pax, felicitas! Merci pour tant de bienfaits... indescriptibles. Je peux entre autres être fier d'avoir eu le privilège de passer avec vous deux semaines chez vos parents - Paix à leurs âmes - à Stoutenbourg en juillet 1980. Dieu vous protège et vous garde.

Je n'oublierais jamais l'autre jubilaire, le père Everard Leferink SVD, mon excurens qui m'a conduit de Mutoni à Kalonda le 1er septembre 1969, pour ma première année au petit séminaire. De Kimbau à Kenge, à Bagata et Bandundu, il est resté un missionnaire idoine et dévoué. Proficiat, Père Divera! Vous souvenez-vous de cette phrase: "Nki m'kuna lwa samwanaka ni, yuka ya tambula kimasi, nganga-Nzambi umponda?" (Sic - Homélie du P. Everard en kisuku, Mutoni, juillet 1970. Reprise aussi dans mon autobiographie) (Pourquoi dites-vous: si je reçois l'extrême onction, le prêtre me tue?) J'étais servant à cette messe. Dieu vous protège et vous garde.

5 févr. 2010

La vie 2

Lorsque j'étais enfant et jeune, je rêvais beaucoup; et quelques-uns de mes rêves se réalisaient dans la réalité. Je rêvais souvent que je sautais d'un lieu à l'autre comme par magie. Lorsque, plus tard, je me suis exercé à la méditation philosophique, je découvrais une partie de moi qui percevait, éveillée et consciente, des sensations prémonitoires. J'écrivais de la poésie que je garde encore jalousement dans mes tiroirs de crainte de me laisser révéler des vérités insoupçonnées. Ils font partie d'un chapitre de mon autobiographie en chantier. J'ai longtemps cru en ma bonne étoile, filante, guide précieuse de mes choix vitaux. Et j'y crois encore, mais avec un peu moins d'assiduité. Peut-être que j'aurais dû y faire plus attention et foi. Ces retournements, c'est aussi la vie. Du moins, je le pense et le crois. Mais seulement voilà, alors que j'ai aujourd'hui la cinquantaine révolue, ce rêve de saut dans l'espace revient. Je ne l'ai jamais complètement enfoui dans l'inconscient. Peut-être que je m'incarne allègrement dans mon fils, Claver Mukawa, de trois ans! Chi lo sà? Psychologues et psychanalystes, à vos trousses!
Une chose est vraie: les rêves m'ont longtemps forgé, guidé et aidé à me protéger contre certains assauts malintentionnés, et il y en a eu beaucoup dans ma vie. Ne dit-on pas que chacun a son petit démon? Mais je ne suis pas superstitieux, je ne crois pas en la sorcellerie.
A cette minute, ma pensée se tourne vers mon ami, Jean-Marie Matutu Ndombasi, professeur de psychologie au grand séminaire de Mayidi et aux facultés catholiques de Kinshasa. Plus d'une fois, au cours de nos conversations à Rome et même à Grez-Doiceau, je lui ai dit ma méfiance vis-à-vis de la science dans laquelle il s'est spécialisé. Diogène, je crois que c'est un cas pour toi.

4 févr. 2010

La vie

Depuis quelques années, je pense de plus en plus, voire très souvent à la mort. En 1976, j'étais très tenté par la profession médicale, mais à la suite d'une malaria qui m'avait terrassé, j'y avais renoncé, pensant que je serais dégoûté d'avoir à traiter des malades au cours de toute ma vie active. Je m'étais convaincu que, tout en respectant considérablement ceux qui ont embrassé cette carrière, ce n'était pas un métier fait pour moi. Bien que je ne regrette nullement mes choix ultérieurs, l'expérience de la vie m'a rendu très sensible aux questions de la maladie et de la mort.
Ces réalités sont proches de moi, je les rencontre chaque jour sous différentes formes. On dirait que la vie d'un être humain ne consisterait qu à retarder l'avènement de la mort. Juste attendre l'échéance fatale et finale. Juste attendre son heure. Rien de plus.