30 janv. 2022

Vivre au présent

Beaucoup de gens vous conseillent d'oublier le passé et de vous concentrer au présent ou de vivre au présent. La tradition ou la morale familiale vous ont pourtant enseigné à corriger les erreurs du passé pour ne plus les répéter au présent et mieux préparer l'avenir. Aujourd'hui on vous dit que le passé est passé, qu'il ne compte plus. Inutile de regretter les erreurs commises il y a plus de vingt ans alors qu'elles ont déterminé votre cheminement. Inutile de juger quelqu'un sur des fautes commises il y a des décennies car le temps le transforme et l'assagit. Ce qui est passé est passé. Jamais vous ne le referez. Quand bien même vous le referiez, cela ne serait ni ne sera jamais la même chose. Il faut simplement vivre au présent. J'ai écrit il y a quelques jours que j'ai commis des erreurs et que s'il m'était donné de les refaire, je les aurais corrigées. Il y a des choix que j'aurais dû autrement orienter. C'est absolument faux. Je le répète. Rien n'arrive au hasard dans ma vie. Tout lecteur de ce blog sait combien je crois fermement en la Providence divine. Ma vie ressemble à celle de Jacques le Fataliste de Diderot; mais je crois qu'elle est ce qu'elle est, et je l'accepte comme telle. Quitte à changer ceci ou cela au présent. Avec le poids de l'âge et qu'on ressent des changements réels dans son corps, on en est parfois à se demander ce qu'il en sera demain. La peur de la mort devient constante dès que l'on se rend compte des vides qui se creusent autour de nous. Parents, amis, congénères partent jusqu'au jour ce sera notre propre tour. C'est la déstinée ou mieux la condition humaine. 

Vivre au présent est une option de vie. J'entends souvent dire: "Je ne peux pas me plaindre... Dieu fait grâce, le Seigneur est bon." Attitude des individus face à l'inénarrable, face à la vie réelle. Si on est là, si on en est là, c'est par la bienveillance divine. Le reste n'est que contingent et éphémère. Dieu est le maître de la vie. La personne que je suis en ce moment est la somme de toutes les expériences de vie que j'ai traversées depuis ma tendre enfance. Il me revient d'assumer toute ma vie avec ses réussites et ses échecs, ses hauts et ses bas, des gains et des pertes. Il ne s'agit pas de s'attarder sur des malheurs ni des déconvenues qu'on a affrontés, mais de se redynamiser pour un meilleur présent. Il ne s'agit pas de céder au désespoir. Il n'est jamais trop tard pour faire le/du bien, pour réussir ou se sentir bien. Que la maladie ne vous empêche de croire en la vie, m'a dit un jour un ami. "C'est plus facile à dire qu'à vivre. Cela dépend de quel type de maladie." Comment vivre au présent avec le cancer, la prostate ou la dépression? La force intérieure ou la grâce divine viennent à notre secours. Trêve de discours. Vivons au présent.  

29 janv. 2022

Un weekend pas comme un autre

Ce weekend s'annonce laborieux. Rien que pour cette journée, trois activités importantes: atelier de chimie pour Ibangu, commissions au marché, Africa Union à midi. Je devrai descendre au bureau pour achever un dossier que je ne peux pas traiter à la maison. Restons sereins, la vie continue. 

Du côté du Kwango, nous avons appris avec consternation la mort du grand artiste Kas Kasongo, fils du terroir, dont les oeuvres resteront à jamais gravées dans les mémoires. Je l'ai découvert en août 2012 en même temps que Pierre Manwana qui a animé les funérailles de ma défunte maman. Voilà une carrière riche mais relativement courte dont le vide ne sera jamais comblé. Sisa Bidimbu chantait essentiellement en kiyaka, mais aussi et parfois en lingala. Nous le savions malade, mais il a tenu jusqu'à ce jour. Que la terre de nos ancêtres lui soit tendre et légère. Paix à son âme! Wenda mboti mwanetu!

Encore une fois bon weekend à vous toutes et tous.



27 janv. 2022

Rêve: Message de Defao à Siatula

Siatula, un comédien que j'ai apprécié à ses débuts, est un homme sage et posé. L'artiste distribue une vidéo dans laquelle il raconte avoir vu en rêve le sieur Général Defao Matumona décédé le 27.12.21 et enterré le 22.01.22, qui lui a transmis un message. Comme en leurs temps Tshiala Mwana et Mbil' Ya Bel. Le message de Defao est cinglant: "Siatula tala makambo ezo lekana. Nalobi nini? Ekomeli nga na matoyi kuna na cimetière... baleyi mbongo na nga ya cotisation... Yebisa bango bakende kozongisa mbongo na famille na nga. Date limite eza le 20 février. Sinon te, oyo ekoyela bango bango moko bakomona." Ultimatum: Que les détourneurs de l'argent alloués à l'inhumation le remettent à sa famille d'ici le 20 février 2022. Si non il leur arrivera du malheur. Ils sont avertis. Le rêve a été interrompu par l'intrusion de l'incontournable prophète Denis Lessie, mon parent.

Dans son message, l'artiste rêveur dévoile la catégorie des voleurs: "Batia yo na politique oyibi, batia yo na église oyibi mbongo, batia yo na organisation ya matanga oyibi cotisation. Finalement tozokende wapi tokosuka wapi?" (On te met en politique, tu voles de l'argent; on te met dans l'église tu voles l'argent; on te met dans l'organisation des funérailles tu voles la cotisation. Finalement, où allons-nous? Où allons-nous en finir?). Politiciens, pasteurs, et collecteurs d'argent funéraire sont clairement montrés du doigt. Des personnages réputés intègres mais le vol est devenu systématique dans le monde actuel: chacun vole à son niveau. Tout le monde vole, surtout ceux-là mêmes qui sont sensés protéger les biens, assurer la justice et la morale sociales. Dites-moi qui ne vole pas? Il y a quelques jours, parlant de politiciens et des religieux, j'ai demandé à mon neveu de m'en citer un seul qu'il connaîtrait qui soit immaculé en matières d'argent et de biens. Une bande de voleurs nous dirigent et se partagent entre eux par millions l'argent du pays. Jusqu'au portier de la résidence du chef du village, tout le monde se sert. Les scandales sont légions. L'inspecteur réputé incorruptible brade toutes les vertus morales pour le gain immédiat. Nul ne fait exception. Monsieur ou Madame Mani Pulite sont souvent les plus implacables corrompus dans un inextricable système qu'ils ont monté pour se graisser les pattes. J'ai assez vécu pour m'étonner de quoi que ce soit. Où vont nous? dirait Monsieur Boubou d'heureuse mémoire.    

Conscience mal formée

Je suis de la vieille école. En philosophie morale on me parlait de conscience mal formée, une conscience qui ne sait déterminer le bien ou qui confond bien et mal. On me disait aussi que ce n'était pas de la philosophie, mais du thomisme ou de la scholastique. J'ai entendu tout cela. Un autre m'a une fois sorti l'expression "éthique sociale": "Au grand séminaire, vous ne faites pas de la philosophie mais de l'éthique sociale." Dixit un démolisseur. De quoi je me mêle encore? Je parlais de la notion de conscience mal formée, sans allusion morale ni idéologique. Je m'en doutais, mais depuis quelques années, j'ai détecté dans le fonctionnement de certaines personnes une conscience mal formée? Certains sont proches, d'autres un peu moins; mais leur procédé de fonctionnement me paraît identique. 

Hier, je me suis surpris de révéler à mon confident de frangin que pour vivre dans notre pays, il fallait opter pour la mentalité des Wewa et des chargeurs. Les motards et les chargeurs - chauffeur de taxi, pousse-pousseurs, vendeurs à la criée - appartiennent à cette catégorie. Ils ont toujours de l'argent frais qui se dépense au jour le jour dans des plaisirs culinaires et vestimentaires. Qu'y a-t-il de plus beau que de s’asseoir au retour d'une course dans le trafic infernal de Kin, au tour d'une table et consommer sa viande de chien ou son kamundele? Mais attention. Certains motards, chargeurs, taximen... sont d'honorables propriétaires de maison ou autres business. Cependant, la plupart sombrent dans l'alcoolisme, la débauche et l'irresponsabilité. Dans leur propension pour l'action, ils sont capables de transformer un quartier en une poudrière incontrôlable, de tuer sans pitié ou de détruire un immeuble en un souffle de vent. Ils travaillent à la sueur de leurs fronts. A revenue égal ou salaire égal, pas forcément même train de vie. C'est là que j'évoque la notion de conscience mal formée. Cette catégorie de personnes passent encore, mais il y en a une autre que j'appelle des "parasites".

Des personnes d'un certain âge qui ont renoncé à tout esprit de travail ou à toute envie de travailler mais qui se tapent de bonnes rentrées financières puisque tout est résolu pour elles. Elles ont mis en place un astucieux système pour résoudre tous leurs problèmes. Effectivement, tout se résout pour elles sans qu'elles mettent la main à la pâte. Pendant/depuis des années, le pain leur est servi à table sans qu'elles aient fourni le moindre effort. Il leur suffit d'écrire des textos à gauche à droite pour que l'argent leur tombe comme manne du ciel. Il suffit d'un coup de fil à telle et telle personnes pour qu'elles reçoivent ce dont elles ont besoin, parfois même plus. Elles ne travaillent pas, n'investissent pas, brûlent tout ce qui leur passe par la main. Elles vont jusqu'à se moquer de ceux qui se réveillent à 4 heures pour se rendre à un boulot qui ne paie que des miettes ou rien. Elles jugent insensés ceux qui travaillent alors qu'elles passent leurs journées à d'interminables réunions d'associations ou de spectaculaires projets. Elles se considèrent elles-mêmes intelligentes, surdouées et aptes à de grandes choses dont seul leur rêve peut justifier la teneur. Des parasites incapables de vivre indépendantes, responsables et sensées. Une vision déplacée et obscurantiste du monde! A la limite des braqueurs et "creuseurs" ambulants! Une conscience mal formée.

Ai-je tort ou raison? Cela ne m’intéresse pas. J'ai travaillé, je travaillerai toute ma vie à être libre et indépendant. Je ne supporte pas les personnes qui dédaignent le travail. Pas de confusion avec l'idéologie nazie avec leur macabre slogan: "Arbeit macht Frei". Conscience mal formée! Mon pourfendeur ne me laisse pas tranquille: "Qui dit que ta conscience est bien formée?" Au fait, qui le dit? Je n'ai pas de réponse, j'y crois mais ne saurai jamais le prouver. 


25 janv. 2022

Mon cycle de maladie

Longtemps la fin de janvier a été un temps de maladie (grippe, malaria) pour moi. La date du 25 janvier, j'ai souvent été malade. C'est un cycle. Cette semaine, je l'ai échappé belle. Il fait froid la nuit. J'ai fait de la fièvre, ai toussé plusieurs fois sans interruption, et me trouve sous cure. La nuit du 24 au 25 janvier, la toux n'a pas fini de me déranger jusqu'à ce que je me suis fait une tasse de thé au citron. Ce matin, Mukawa m'a suggéré de prendre un médicament qu'ils ont ramené du Canada. Je l'ai pris trois fois à intervalle de 5 heures. La toux est presque terminée. Alors que j'écrivais l'entrée précédente, je me suis souvenu de la fin de janvier à l'école primaire comme à l'école secondaire. Le cycle continue jusqu'à ce jour, sans que je m'en rende compte. Psy, revisitez vos connaissances!

Erreur fatale 2

La vulgarisation des motos fait des ravages au pays des motards. Il y en a partout, même dans les villages les plus reculés. Une femme handicapée vendait de l'essence dans un village. Comme sa case n'était pas cimentée, elle a creusé un trou dans lequel elle gardait le fruit de son travail: un pactole enviable dans un village si pauvre. Un jour, l'inimaginable est arrivé: un bidon d'essence a pris feu alors qu'elle préparait son dîner. Au lieu de se sécuriser, elle a décidé d'aller récupérer son argent dans la case, et n'en est jamais ressortie. Voilà un drame qui aurait pu être évité. Et la dame, c'est une parente qui vivait seule avec ses deux enfants, à Mikula. Paix à son âme! Je parie que de tels drames se sont passés et se passent encore dans ce pays des Wewa.

Des erreurs fatales, on en commet, on en commettra toujours. Cela dépend: beaucoup, peu, souvent. Cela dépend de plusieurs facteurs. Certains attendus, d'autres inattendus. Cela dépend du tempérament de l'individu: lorsque l'on est pressé d'obtenir quelque chose, se presser mène souvent à de telles erreurs. Mal percevoir ou concevoir quelque chose peut aussi mener à des conséquences inattendues. Comme je l'ai dit: c'est une histoire d'un instant. Il suffit de prendre la mauvaise décision ou de déconsidérer un détail, tout le fléau se déclenche. C'est comme quelqu'un qui s'accroche une corde au cou pour tenter d'imiter ou de simuler un suicide. De l'instant qu'il s'accroche la corde, fut-ce pour une seule seconde, il est déjà un suicidé. Ainsi en est-il des infections graves et bénignes qui se contractent par négligence. L'instant est un moment décisif. Il constitue la frontière entre le raisonable et l'irrationnel, la barrière entre le fleuve et la terre, la limite entre la raison et la folie. Le message que je me débats à faire passer mais que je n'exprime pas clairement, c'est que l'erreur existe autour de nous, qu'elle fait partie de notre vie, et que nous sommes enclins à la commettre sciemment ou à notre insu. C'est comme un coup de butoir, une épée de Damoclès sur notre tête. Elle nous menace tant que notre esprit n'est pas éveillé. Il y en a qui en arrivent à regretter d'avoir manqué d'agir à l'instant décisif et de prononcer la parole qu'il fallait. L'occasion idéale s'est dérobée sous les yeux. Il arrive de poser un acte qu'on regrette soudain, dont on a pas peser les conséquences ni prévu les tenants et les aboutissants. C'est comme un chateau qui s'effrondre devant les yeux ahuris de ses propriétaires ou usagers. C'est comme une flamme, si minime au départ, qui brûle un village entier semant le désarroi et le désespoir. Comme une tige d'allumette abandonnée au bord de la route qui peut incendier des vastes forêts et brousses. Aujourd'hui, oublier de porter son masque dans un lieu infesté par le coronavirus peut vous coûter la vie, ou la mort; c'est selon. Un petit rien, c'est ça l'erreur fatale. Une histoire vous tombe dessus, et vous perdez toute votre fortune. Il faut accepter ses échecs, se remotiver et garder une foi inébranlable en soi. Le risque de tout perdre est là, permanent, vous tirant à gauche et à droite. Discipline, mesure, vigilance. Un temps d'inattention, un goût excessif pour l'argent ou des plaisirs mondains, une négligence de l'ordre, une consommation exagérée des drogues, etc. tout cela peut constituer d'irrémédiables erreurs. Attention. Il n'y a pas de sorcellerie ni de magie dans cet univers là. Pas de fatalité qui vous contraigne à oublier vos rêves. Vivez lucides, calmes et stables. Laissez passer le vent (fatal). 

Un autre coup d'état burkinabé

Ce 24 juillet 2022, les armes ont crépité dans différents certains quartiers de Ouagadougou pour renverser le président Roch Christian Kabore. Constitution suspendue, gouvernement et assemblée abolis, frontières bloquées, couvre-feu imposé. A la suite de plusieurs mutineries, l'armée se retrouve de nouveau aux commandes du Burkina Faso. Un énième coup d'état en Afrique. Une Afrique violente où tout se règle par la force, la force des armes. A n'importe quel moment, l'armée est en mesure de prendre le pouvoir comme bon lui semble, remettant en question tout le processus démocratique en cours dans les pays. Le monde entier va protester, les putschistes seront déclarés illégitimes mais finiront toujours par s'installer solidement au pouvoir jusqu'à ce qu'une autre bande d'assoiffés de pouvoir et de vengeurs de l'ancien régime ne revienne semer la panique. Chaque coup d'état, ai-je observé, a sa méthode, son histoire et ses prétextes. La méthode peut être violente, comme elle peut être cruelle et impitoyable semant des morts par centaines. Elle peut être douce, en sourdine, parlementaire comme Ben Ali avait écarté le vénérable Bourguiba. L'histoire est justifiée par une remise d'ordre dans le monde corrompu et incivique des politiques véreux, traîtres et jouisseurs. Voilà Kaboré remplacé par son homme chargé de l'anti-terrorisme: Paul-Henri Sandaogo Damiba, Lieutenant Colonel. Le MPSR, Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration, dont le sieur Damiba est le président, vient à la rescousse d'un leader affaibli par des massacres et des mutineries qui ont endeuillé le pays. Mobutu n'avait-il pas, en son temps, renversé Kasavubu une semaine après avoir été élevé au poste de chef d'état major général? Même scénario 57 ans plus tard. Le Burkina Faso offre le spectacle d'une longue histoire de putschs; est-il destiné à être un pays à coups d'état permanents? C'est la question que je me pose.

24 janv. 2022

Lu pour vous

"Frappeurs, chekouleurs et creuseurs aux commandes de la RDCongo" 

https://www.lecongoquonaime.com/post/frappeurs-chekouleurs-et-creuseurs-aux-commandes-de-la-rdcongo 

Ça donne une République Bananière conduite par des prédateurs corrompus, sans morale ni vergogne. Une République Sans Loi. Un Non-Etat. Une République tribaliste, pillée, bradée, vendue, trahie, où rien ne va sauf l'enrichissement excessif des tenants du pouvoir. Un Gouvernement des Warriors dont les actions s'enlisent dans l'incompétence et le détournement permanent des fonds et biens communs qu'il est censé organiser et contrôler. Une République qui paupérise sa population avec le concours des étrangers. 

Mr Barnabé Kikaya a publié une réflexion à la suite de cet article: "Trois ans de l'UDPS au pouvoir, trois de manipulation (Réflexion)".

https://congosynthese.com/kikaya-3-ans-de-ludps-au-pouvoir-3-ans-de-manipulation-reflexion/. 



21 janv. 2022

Erreur fatale

Une seconde d'erreur peut vous coûter la vie. C'est le cas de l'accident routier, car la vie ne tient qu'à un fil. C'est comme quand on casse un verre, qu'on oublie un chiffre important de son compte à numéro, qu'on confond la droite et la gauche... tout réside dans l'instant. Cet instant peut s'avérer fatal ou salutaire. Quitte ou double. C'est seulement avec l'âge que je me rends compte de plusieurs choses que j'aurais dû faire autrement dans ma jeunesse. Erreurs certes, mais m'était-il possible de les éviter? Je ne crois pas. Je vivais mon âge et ma maturité. Il existe ce qui s'appelle un point de non-retour. On devient fou en une seconde: se déshabiller en public vous range automatiquement du côté des fous. Dès que vous traversez l'entrée de la maison d'un sorcier pour solliciter son assistance, vous vous classez déjà dans l'autre monde. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas reprendre vos esprits, mais la tare du méfait demeure indélébile. Aussi au titre individuel que social. Qu'est-ce qui m'a pris? "Nkibiakhwata" fut le nom de mon oncle Pilamosi. "Qu'est-ce qui m'a pris?" littéralement. Un nom symbolisant un regret, une déception, ou la reconnaissance d'une erreur fatale. Une reprise de conscience, un retour à la bonne conscience car il existe aussi des consciences mal formées. Et il y en a hélas beaucoup qui circulent par milliers parmi nous. Comme il y a des hommes et des femmes, des personnes conscientes de leur ego mais inébranlablement constantes et confiantes dans leur propre intimité. La mauvaise conscience fonctionne sur le nombrilisme, et ne voit le monde qu'à travers l'étroitesse de ses vues qu'elle priviliégie sans discernement ni mesure. Tout est contingent, éphémère: tout peut changer en un tour de main comme par un coup magique. Tant que vous n'avez pas encore soufflé toutes vos bougies de vie, tout peut vous arriver. Riches ruinés, pauvres devenus millionaires ou milliardaires par la force des choses, tout dépend du destin. Que dis-je de la Providence divine? Le mythologue cède au théologien. Allez-voir. Le plus fort du monde peut devenir le plus faible en quelques secondes à la suite d'une erreure de quelques secondes, ou d'un incident technique. Un homme devient criminel à l'instant comme Oedipe se crevant les yeux à la suite de l'oracle de Delphes lui imputant la responsabilité de la peste qui endeuillait Thèbes. Ou même Jocaste, la mère incestueuse d'Antigone et Ismène, se tuant dès que la vérité de l'inceste lui est connue. Le vainqueur du Shpynx réduit à un paricide fatal. Voilà le tragique. Erreure fatale parce que jamais impunie. Elle nous guette à chaque tournant de la vie.   

19 janv. 2022

In memoriam Papa Frédéric

16 janvier 2001. Date fatidique pour ma famille. Jour du destin pour ma génération. Voilà 21 ans que Papa Frédéric Kayolo a été brutalement arraché à notre affection. Les circonstances de sa mort demeurent encore obscures. Je détiens une lettre de Maman Véronique, elle aussi d'heureuse mémoire, où elle m'a décrit comment il est décédé ainsi que ses dernières paroles. Je récuse toutes les interprétations farfelues qui ont été avancées par ses détracteurs, évoquant des batailles sorcières dans la forêt de Manzau, et ne verserai jamais dans la polémique. Ce Papa est l'homme qui le premier me suggéra d'aller soit au petit séminaire soit au collège de Bandundu. J'étais en cinquième primaire: j'optai pour Kalonda... et voilà où j'en suis aujourd'hui, marqué par l'impact de son premier coup de pouce. Ensemble avec tous tes enfants, nous honorons ta mémoire. Repose en paix Papa Mbombi Bunda Manzodi!

17 janv. 2022

Quelques coups de cloche pour Kamvinda Vwanga

18 décembre 2022. On en a tellement célébré d'anniversaires que l'inspiration des surprises a fini par tarir. L'imaginaire bloqué par les plis de l'âge peine à innover contrairement à ce que prétendent les prophètes de bonheur et les liseurs des mouvements des oiseaux et des étoiles. Qui aurait crû que nous en serions encore à deviser sur les fleurs de cactus et les nouvelles de notre N nationale revenue des nuées célestes? Qui aurait crû que nous en serions aujourd'hui à discuter sur les coulisses des prélats et les visions des politiciens tribalistes, affairistes et corrumpus jusqu'à la moelle? Qui aurait enfin cru que le rêveur de Mikba finirait sa course à Lugudunum, capitale de la Gaulle Romaine? Réveille-toi cher ami car en ce jour tu chausseras du plus gros sabot comme du temps de Café Sans Sucre Bazooka. "C'est la vie Kiosi, basusu balela, basusu baseka mokili elingi kaka boye". Signé Nono avec les Messagers. Un libanga ya somo. A cette époque tu reçus de mes mains "Djoliba" de Tabu Ley avant que les âfres de la vie ne t'engloutissent dans le torrent des miracles et cercles divins. Tu es là, héros survivant des ténèbres, guide et conseiller des jeunes, surtout et par-dessus tout l'ami de toujours. Inébranlable roc de fidélité, de complicité et d'amitié. Kamvinda Vwanga Forever! Quelques coups de cloche pour célébrer ta vibrante sagesse! Quelques coups de cloche pour rappeler aux rues nocturnes d'Abomey-Calavi que tes racines sont aussi profondes que le baobab aux pythons du Vaudou et de Ouidah. Adjotè, n'est-ce pas que j'y célébrai une messe mémorable dans la belle brousse béninoise non loin de Ganvier, la Venise d'Afrique. Le colonialisme et le mirage de l'Europe continuent de fasciner les esprits. A tort hélas. Ces cloches, je les entends sonner comme du temps où nous étions à Kibentele! Encore une trouvaille de nos mémoires chez Niveau. Ou encore chez Sam Kabunda parti si tôt ad patrem. Ou encore sur un camion entre Masimanimba et Bulungu à Bayaka avec nos boites d'elengi éyé et de haricots. Et pourquoi pas exécutant dans la nuit de Blg "Mfumu Telema" original avec son concepteur? Et, et, et Keba Imbusu? Qui a dit que nous étions finis? Nous sommes encore là Big Man. Cool oui, mais aussi par défi. Nous résistons. Joyeux anniversaire!

Questions spéciales de littérature congolaise

Janvier 2022. "Questions spéciales de littérature congolaise d'expression française" (QSLC), tel est l'intitulé du cours que j'assure ce semestre 1 en L2 ou Maîtrise 2 dans le système LMD décidé par le ministre de l'ESU (Enseignement Supérieur et Universitaire). Je l'ai comméncé le 5 janvier en horaire bloqué pour le terminer le 10 janvier. Je suis habitué à ce genre d'exercices quoi que je ne m'y identifie pas, alors pas du tout. Un mois auparavant, j'ai proposé aux étudiants de voir et préparer la vidéo Un Fou noir au pays des Blancs, de Pie Tshibamba. Quatorze étudiants parmi lesquels une seule étudiante ont répondu présents. Ladite étudiante a un frère nommé Claver Mabana. Sans blagues! Il serait étudiant à l'Unikin. Revenons à notre griot moderne. A travers ces récits oraux sont exposées toutes les misères du monde, sont revisités tous les thèmes relatifs à l'immigration, à l'identité, au colonialisme et à la tradition oratoire locale. Dans les jours qui ont suivi, j'ai présenté des commentaires à la suite des exposés des étudiants. Répartis en groupes de cinq, les étudiants étaient priés de fournir un mémo et de soulever des questions à débat. J'ai été cette fois satisfait du travail des étudiants. Le cours de séminaire sera donné plus tard. 

Me voilà de retour à la Barbade

Parti en décembre 21, je suis de retour à la belle île de la Barbade ou Bim depuis hier, soit une année après ou un mois pour les amis du précis. Soit 40 heures de vol en avion sans compter les nombreux escales. Je suis allé en RDC, mon pays d'origine, pour remplir quelques devoirs familiaux. Comme toujours, j'en ai profité pour "donner en retour" à ma communauté. "Giving back to my home community" est un devoir que je remplis depuis bientôt cinq ans. En effet, j'assume des enseignements à l'ISP Kenge. Cette fois a été particulière, car en plus des enseignements dans les conditions qui sont les nôtres j'ai animé un atelier sur la "supervision de travaux de fin d'étude, mémoire et thèse". Les quelque 52 collègues et étudiants qui y ont participé ont manifesté beaucoup d'intérêt à cet exercice pourtant de routine pour moi. J'en profite pour remercier le Comité de gestion de l'ISP qui a énormément contribué à la réussite de cet atelier. Leurs interventions pour élucider l'un ou l'autre détail ont été substantielles. Merci au campus de Cave Hill pour avoir financé ce voyage. Sans oublier toute la machine discrète qui a réglé les pistons des coulisses. J'élaborerai un article sur ce genre d'activité interuniversitaire pour donner des pistes de réflexion et de collaboration.  

Le coronavirus a changé le monde. Les controverses au sujet de la vaccination demeurent aussi fortes que jamais. Pro et contra trouvent des arguments pour se contredire. A chacun d'agir selon sa conscience sans tenter de convaincre l'autre. C'est la meilleure attitude à prendre pour éviter d'inutiles discussions. Je me suis fait vacciner et booster. Je n'ai de compte à rendre à personne. Je suis convaincu que j'ai bien agi ce faisant. Pas de remords ni de regrets. Celles et ceux qui n'en veulent pas ont tout autant raison. Ce qui complique les voyages, c'est qu'il y a une pile de formulaires plus compliqués que les autres à remplir pour chaque pays. A mon retour à la Barbade, j'ai dû subir un test antigène rapide dont les résultats sont donnés dans les 20 minutes. En effet, il est pensé qu'on pourrait l'attraper dans l'avion même après avoir subi le test PCR deux jours auparavant. En plus autre formulaire d'arrivée (douane). On ne sait jamais. 

Je suis parti. Je suis revenu. J'ai repris du service, d'abord en ligne, puis au bureau dès que possible. Il y a des taches urgentes à remplir. Tout ce qui est resté flottant à cause de mon absence. Merci à toute mon unité pour avoir maintenu l'excellence dans le service... j'ai hâte de les retrouver. Dieu est grand, je suis de retour sain et sauf.  

4 janv. 2022

A mes lecteurs et lectrices

Kenge, 4 janvier 2022. Je vous ai déjà souhaité mes voeux les meilleurs pour cette nouvelle année. Il n'y a aucun mal à les répéter. Succès, paix, amour, tolérance, santé et tant d'autres bienfaits soient le lot de vos coeurs. Mes nombreux lecteurs et lectrices ne se lasseront de lire toujours les mêmes réflexions et nouvelles dans ce blog. C'est en quelque sorte mon personnage écrivant qui s'étend d'un bout à l'autre de l'année sous de nouvelles formes. C'est toujours moi. Mon blog, c'est ce que je pense et suis, comme aurait dit de Montaigne à l'ouverture de ses Essais. Je vous remercie de votre constante fidélité à travers les douze années d'existence de ce blog. Encore une fois, la vie continue avec ses méandres de hauts et de bas. Nous sommes ensemble.

Cette année s'annonce pleine de surprises, d'imprévus heureux et malheureux. Les morts continueront dans notre entourage comme des motifs de joie. L'année dernière nous a largué d'impromptus malheurs, très peu de guérisons chez nos proches et lointains parents. Le coronavirus va encore sûrement emporter des vies, bravant toutes les prévisions des augures et des prophéties. L'adaptation de nouvelles technologies aux défis actuels connaîtra du succès certes, mais le système nouveau qui en sortira aura des obstacles à franchir car le monde n'est pas psychologiquement prêt à s'assumer autrement. Alors que la situation s'améliore dans certains pays, c'est comme si c'était un éternel compte à rebours dans ceux du tiers-monde réduit à retourner à des pratiques jadis abandonnées. 

Un discours politique anachronique. On nous promet une victoire sans pareil sur la pauvreté alors que la réalité montre que nous nous enfonçons inlassablement dans la pauvreté la plus abjecte. Les politiques tiennent à leur mandat plus qu'au bien-être de leurs électeurs et électrices. La corruption ronge toutes les entrailles essentielles du réseau socio-économique et juridique. Elle s'est installée en mode de gouvernement. On nous fait miroiter des promesses sans que le minimum vital ne soit assurée. Distribuées à travers des infrastructures inadaptées, l'eau et l'électricité constituent encore des données rares au pays du grand fleuve. On ne perçoit nulle vision de solution permanente à ce problème pourtant vital. Ne parlons pas d'autres domaines de base pour l'assise d'un état de droit. Ce qui existe n'est pas entretenu. Ce qui se construit n'est pas sûr d'être achevé. Les assistants et chefs de travaux de l'éducation tertiaire annoncent une grève dont l'issue constitue une goutte d'eau dans un océan de plaintes interminables posées par d'autres employés de l'état. L'éducation comme la santé n'est pas valorisée à sa juste mesure. La réflexion pourrait s'étendre à beaucoup d'autres domaines. Ce blog éveillera toujours notre conscience et nous aidera à appréhender notre être dans le monde actuel. Telle a été toujours été et sera notre mission.

C'est donc parti pour d'autres défis. Bonne et heureuse année 2022 chers lecteurs et lectrices.  

3 janv. 2022

4 janvier

RDC - Journée des martyrs de l'indépendance. Martyrs tombés il y a 62 ans. Respect et honneur à leur mémoire!


Retour sur Décembre 2021

Le mois de décembre 2021 a été marqué par quelques événements importants au niveau du travail comme au niveau personnel. Au travail nous avons eu quelques réunions pour terminer le semester 1 et préparer le suivant. J'ai fait partie d'une réunion du comité des nominations du campus suivie d'une autre des directeurs, en plus d'un comité d'audition. Mon office a réglé des affaires courantes de préparation du semestre et de l'année suivants. Au niveau personnel, se sont organisés des voyages pour Ottawa et Kinshasa dans un contexte éprouvant des contraintes du coronavirus. Les choses se sont compliquées tel point que le saut pour le Canada a été retardé de quelque trois jours, impliquant une reprise de test PCR. Beaucoup de détails, de documents à remplir, et de formalités n'ont pour but que de décourager lespays? paisibles voyageurs. Les pays nantis en profitent pour durcir les conditions d'entrée à leurs territoires et ainsi restreindre drastiquement l'accès à leurs espaces. Les dispositions prises par certains pays n'ont de but que de bloquer le phénomène d'immigration.

Le mois de décembre  2021 a aussi connu des décès: Mgr Daniel Nlandu, évêque émérite de Matadi; Mgr Tharcisse Tshibangu, émérite de Mbujimayi; et Mr François Butandu. Décédé le 13 décembre, Mgr Nlandu a renoncé à son siège épiscopal une année avant sa mort. J'ai eu privilège de le connaître comme grand séminariste de l'archidiocèse de Kinshasa à Jean 23. Je l'ai retrouvé à Rome comme prêtre de Kinshasa faisant des études de morale au collège Leonianum. Il y était arrivé avec son collègue Bulamatari. Et je me souviens des détails de leur logement à ce collège plutôt qu'au Collège Urbain. Je dois avouer que j'avais des relations courtoises avec lui. Mgr Tshibangu, je l'ai connu comme la plupart de personnes en tant que rester prêtre puis vicaire épiscopal. En tant que président du conseil des universités est demeuré la plus haute autorité académique du Congo. Quant à Papa Butandu, il fut mon enseignant de 4e primaire à St Frédéric (Mateka Mbuta) en 1966-67. Homme de rigueur, humoriste et excellent formateur, Colonel comme il se faisait appeler ces dernières années est resté égal à lui. Son nom figure parmi les personnes que j'ai remerciées dans Transpositions francophones du mythe de Chaka (Bern: Peter Lang, 2002). Cette nuit du 3-4 janvier, j'ai passé près de deux heures à la veillée funéraire organisée à son domicile, à quelques centaines de mètres de mon guest house. Paix aux âmes de ces défunts!