Je suis de la vieille école. En philosophie morale on me parlait de conscience mal formée, une conscience qui ne sait déterminer le bien ou qui confond bien et mal. On me disait aussi que ce n'était pas de la philosophie, mais du thomisme ou de la scholastique. J'ai entendu tout cela. Un autre m'a une fois sorti l'expression "éthique sociale": "Au grand séminaire, vous ne faites pas de la philosophie mais de l'éthique sociale." Dixit un démolisseur. De quoi je me mêle encore? Je parlais de la notion de conscience mal formée, sans allusion morale ni idéologique. Je m'en doutais, mais depuis quelques années, j'ai détecté dans le fonctionnement de certaines personnes une conscience mal formée? Certains sont proches, d'autres un peu moins; mais leur procédé de fonctionnement me paraît identique.
Hier, je me suis surpris de révéler à mon confident de frangin que pour vivre dans notre pays, il fallait opter pour la mentalité des Wewa et des chargeurs. Les motards et les chargeurs - chauffeur de taxi, pousse-pousseurs, vendeurs à la criée - appartiennent à cette catégorie. Ils ont toujours de l'argent frais qui se dépense au jour le jour dans des plaisirs culinaires et vestimentaires. Qu'y a-t-il de plus beau que de s’asseoir au retour d'une course dans le trafic infernal de Kin, au tour d'une table et consommer sa viande de chien ou son kamundele? Mais attention. Certains motards, chargeurs, taximen... sont d'honorables propriétaires de maison ou autres business. Cependant, la plupart sombrent dans l'alcoolisme, la débauche et l'irresponsabilité. Dans leur propension pour l'action, ils sont capables de transformer un quartier en une poudrière incontrôlable, de tuer sans pitié ou de détruire un immeuble en un souffle de vent. Ils travaillent à la sueur de leurs fronts. A revenue égal ou salaire égal, pas forcément même train de vie. C'est là que j'évoque la notion de conscience mal formée. Cette catégorie de personnes passent encore, mais il y en a une autre que j'appelle des "parasites".
Des personnes d'un certain âge qui ont renoncé à tout esprit de travail ou à toute envie de travailler mais qui se tapent de bonnes rentrées financières puisque tout est résolu pour elles. Elles ont mis en place un astucieux système pour résoudre tous leurs problèmes. Effectivement, tout se résout pour elles sans qu'elles mettent la main à la pâte. Pendant/depuis des années, le pain leur est servi à table sans qu'elles aient fourni le moindre effort. Il leur suffit d'écrire des textos à gauche à droite pour que l'argent leur tombe comme manne du ciel. Il suffit d'un coup de fil à telle et telle personnes pour qu'elles reçoivent ce dont elles ont besoin, parfois même plus. Elles ne travaillent pas, n'investissent pas, brûlent tout ce qui leur passe par la main. Elles vont jusqu'à se moquer de ceux qui se réveillent à 4 heures pour se rendre à un boulot qui ne paie que des miettes ou rien. Elles jugent insensés ceux qui travaillent alors qu'elles passent leurs journées à d'interminables réunions d'associations ou de spectaculaires projets. Elles se considèrent elles-mêmes intelligentes, surdouées et aptes à de grandes choses dont seul leur rêve peut justifier la teneur. Des parasites incapables de vivre indépendantes, responsables et sensées. Une vision déplacée et obscurantiste du monde! A la limite des braqueurs et "creuseurs" ambulants! Une conscience mal formée.
Ai-je tort ou raison? Cela ne m’intéresse pas. J'ai travaillé, je travaillerai toute ma vie à être libre et indépendant. Je ne supporte pas les personnes qui dédaignent le travail. Pas de confusion avec l'idéologie nazie avec leur macabre slogan: "Arbeit macht Frei". Conscience mal formée! Mon pourfendeur ne me laisse pas tranquille: "Qui dit que ta conscience est bien formée?" Au fait, qui le dit? Je n'ai pas de réponse, j'y crois mais ne saurai jamais le prouver.
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