28 févr. 2017

Félicitations à Matu et Matthiew Cave


Ce 28 février 2017 est né à Bayview Hospital, Barbados, Luca Cave. La famille est en liesse pour cet événement attendu depuis des mois. Matumwene et son fils se portent à merveille, et devront passer quelques jours à l'hôpital avant de retourner à la maison. Louange et gloire soient rendues à l'Eternel, Père de l'amour et de la vie. Félicitations aux époux Matu et Matthiew!

27 févr. 2017

"Où vont-nous?" 2

"Claver,
Tu sais vraiment me prendre de court. Il y a quelques jours, je repensais à toi, justement à ta chute sur le vélo de Papa, je ne sais plus son nom qui venait de Kalenge. Nestor Kiala était venu rapporter la chute à toute classe. Nous étions en 2e CO, Kalonda 1970-71. Le soir de ce jour-là, voyant que tu étais blessé dans ton amour-propre, Nestor t'a appelé à l'écart pour te demander pardon. Tu es démeuré admiratif, alors que tu souffrais encore des séquelles de cette chute. Je ne parle pas de ta chute à Kikwit avec Chrysostome ni de celle de Kenge en moto dont tu portes encore des marques au bras droit et au visage. Discrétion oblige. 
Cela dit, j'en viens à tes propos d'hier. "Où vont-nous?" Sais-tu où tu allais lors de ces chutes? La première, c'était le plaisir d'un jeune adolescent qui voulait s'amuser à vélo. La deuxième chute, tu n'y étais pour rien. Vous faisiez un  tour de la ville de Kikwit, depuis Kinzambi en route pour l'évêché et Kikwit Sacré-Coeur. La troisième chute, tu exerçais ta profession: tu étais dans les démarches d'un enterrement. Tu t'étonnes que je révèle ces choses? Pour essayer de répondre à ta question: revois ta propre vie, tu trouveras un début de réponse par rapport à ce qui se passe dans ton pays. Ces chutes, c'est des heurts sur le chemin de la maturation, des moments de fragilité dans ton développement. La similarité n'est pas convaincante, mais j'ose l'exposer. 
"Où vont-nous?" Une entorse délibérément voulue à la syntaxe française pour revendiquer son originalité. Qui défend aux Congolais le droit de transgresser les principes démocratiques, de prendre l'initiative de pourfendre leur Constitution et de changer le cours de l'histoire? Pourquoi les élections prévues en 2016 ne sauraient se tenir en 2018, ou 2019 voire 2020? C'est dans cette logique d'Où vont-nous? que le pays se trouve. La différence avec tes chutes, c'est que tu t'es vite relevé. Les chutes qui se vivent actuellement se révèlent allégoriques, obscurantistes et sans horizon clair d'avenir. Nul ne peut rien dire de précis sur ce qui va venir. Aucun débat intellectuel ne saurait le décrypter.
"Où vont-nous?", c'est le secouement d'un chien qui se débarrasse des gouttes d'eau issues de sa chute. Il voudrait oublier sa chute en éliminant les traces qui la lui rappelleraient événtuellement. Pourrais-tu regarder de près et scruter ce qui se passe dans ton pays. Ne vois-tu pas quelque chose? Te faudrait-il un troisième oeil? C'est pourtant visible à l'oeil des aveugles. Tout le monde semble savoir où l'on voit, mais personne n'a le courage de le dire. C'est confidentiel, semble-t-il.
Seulement fais attention. Opte davantage pour un langage moins compliqué car tous tes lecteurs pourraient ne pas avoir la lucidité ni la sagesse de comprendre la teneur de tes propos. "Où vont-nous?" E viva Boubou pour l'éternité! A chacun de se poser la question.
Bien à toi"
Le pourfendeur (Email du 27 février 2017)

26 févr. 2017

"Où vont-nous?"

"Toi y en a pas singe parlant bien sûr?", "Où vont-nous?" Mes congénères reconnaîtront aisément dans ces questions la voix d'un de nos plus brillants condisciples, Mr Boubou, d'heureuse mémoire. Paix à son âme!
Oui, c'est le cas de se la poser: Où allons-nous? Les blocages politiques se multiplient alors que le temps avance, ou presse pour d'autres pressés d'en finir avec les confusions qui se suivent depuis le début de cette année. Notre élite politique est, on dirait, à bout de souffle. Le statu quo est de rigueur. On avance d'un pas, ça bloque de deux pas. On avance de deux pas, ça bloque d'un pas. On tire prétexte de tous les événements pour justifier cette schlérose ou cette inertie qui éternise l'incertitude. Un ministre est passé annoncer l'impossibilité de rassembler l'argent nécessaire à l'organisation des élections. Puis la CENI a annoncé l'enregistrement de plus de 15 millions sur le fichier électoral, invalidant la somme préconisée par le ministre. Pourquoi ou dans quel but sème-t-on le doute dans la tête de la population? Il y a une absence totale d'orientation, on dirait, une volonté d'entretenir un chaos et de prolonger l'attente. Au sommet comme à la base, on attend. On est dans l'attente de quoi? De l'imprévu au lieu de planifier la vie politique et sociale du pays. A présent, on a presque oublié l'accord de la Saint-Sylvestre comme j'entends dire, on s'occupe du premier-ministre mais conditionné par l'enterrement de M. Tshisekedi. On politise tout, même le cadavre d'un opposant. Cela me donne de la chair de poule. Avons-vous vraiment perdu le sens de l'humanité à ce point? C'est toujours du temps gagné pour les pêcheurs en eau trouble.
"Les morts ne sont sacrés que pour toi," rétorque mon pourfendeur de lecteur critique. "Au pays des charniers et des fosses communes, la mort d'un acteur politique, fut-il un héros, ne signifie plus rien. Ou bien elle n'a de signification qu'en termes de positionnement politique. Le calcul impose qu'on en tire tous les atouts stratégiques qu'elle pourrait apporter. N'osez pas évoquer nos traditions longtemps dévaluées et oubliées. Au lieu d'enterrer l'illustre disparu, famille politique, famille biologique et gouvernement s"empoignent et suivent un agenda qui n'a hélas rien à voir avec l'événement. Voilà bientôt un mois depuis que Tshisekedi est décédé, le rapatriement du corps en reste encore à l'étape des préliminaires. Beaucoup de questions à se poser, et les réponses sont souterraines mais visibles, opaques mais claires. Dans l'entre-deux!  Alors là, le Nzadibois Nestor Kiala aurait pertinemment posé la question: Où vont-nous???" Pour quoi je dis: la politique a des schémas insondables... que dis-je, des navigations à vue d'oeil. Le sommet de l'iceberg pointera bientôt à l'horizon.  

22 févr. 2017

A propos des videos meurtrières

Vidéos falsifiées ou pas, le plus important est d'établir s'il y a eu oui ou non des morts, car il s'agit de vies humaines. Et il y en a eu de toute évidence. Filmés, photographiés ou simplement vus, ou non, ces morts ont droit au respect. Il s'agit de dignité et de justice à leur rendre, maintenant surtout que ces personnes sont décédées, peu importe leur obédience politique ou idéologique, peu importe leur appartenance ethnique. Les autorités politiques de n'importe quel pays ont le devoir de dire la vérité, de fournir la bonne information à leurs populations, de les rassurer en les protégeant avec un sens de patriotisme. D'autant plus lorsqu'il s'agit de nos propres frères et soeurs, avec lesquels nous partageons des attaches intimes, le même sang et le même pays, la décence la plus stricte est requise.
Je suis particulièrement dégoûté et scandalisé par le mépris et la légereté avec lesquels nos morts sont traités. Nous sommes des hommes, pas des mouches, des fourmis ni des chiens. Et même encore, les chiens bénéficient d'un enterrement à la mesure de leurs propriétaires ou des personnes dont ils ont assuré la compagnie ou la protection. Je le crie haut et fort à quiconque l'ignore, quel que soit son rang, quelle que soit sa race, quel que soit son pays. En Israël, l'armée a le devoir de ramener le soldat israëlien tombé au front. Il y a quelques années, l'Etat israëlien a une fois échangé le cadavre d'un soldat contre des centaines de prisonniers palestiniens pour récupérer le corps d'un soldat tué par les Palestiniens. En Afrique, au vu de multiples fosses communes, la mort d'un individu peut passer complètement inapercue.
Limiter le débat des vidéos rapportant des massacres de Congolais à leur authenticité est une erreur. Il nous appartient de rendre honneur à notre propre sang. Pour ma part je tiens notre sang, jusqu'à preuve du contraire, pour sacré et inviolable.

19 févr. 2017

L'immigration actuellement

J'ai suivi un exposé de l'ambassadeur de Guinée aux Etats-Unis qui expliquait à ses concitoyens la nouvelle loi américaine, et les détails des dispositions prises par l'administration Trump à propos des étrangers. Cet exposé diffusé sur Facebook m'a fait comprendre combien il devient désormais difficile d'y entrer comme réquerant d'asile ou refugié, et même comme porteur d'une carte verte issue des lotteries. L'ambassadeur a parlé particulièrement de 55 Guinéens en voie d'être expulsés du sol américain pour crimes, vols, viols, faux et usage de faux. Des personnes en situation irrégulière ou transgressant gravement les lois du pays hôte. Il a dit beaucoup de choses susceptibles d'intéresser tous ceux et toutes celles qui entendent séjourner aux US comme visiteurs, immigrés. Les sans-papiers, les clandestins, surtout ceux qui sont entrés avec un visa régulier mais ont prolongé leur séjour au-delà de la date-butoir, sont particulièrement visés par ces mesures d'expulsions immédiates. Il faudrait les prendre très au sérieux, et dans plusieurs cas, les ambassades ne sont pas en mesure de défendre les droits de leurs concitoyens qui transgressent ces dispositions. Il s'agira de contrôler son comportement et de renoncer à toutes les pratiques non conformes à la législation américaine. Halte aux étrangers trafiquants de drogues, falsificateurs de chèques, bandits à mains armées, violeurs, malfrats impliqués dans des actes repréhensibles sur le sol américain! Je dois avouer que c'est la première fois qu'il m'a été donné de comprendre la teneur de ces mesures, grâce à cette claire intervention d'un diplomate africain qui y fait face au quotidien.

17 févr. 2017

Le terrorisme, un fléau

Tuer des innocents en masse simplement parce que leur visage (racisme, discrimination), leur vision politique ou religieuse (conflits idéologiques) ne vous plaisentt pas, est un acte à la fois affreux, détestable, inconcevable, inhumain, lâche. On ne saura jamais le qualifier. Pourtant, c'est tous les jours qu'on en entend parler à la radio ou qu'on voit des scènes atroces à la télévision. Des masses d'hommes, de femmes et d'enfants perdent violemment la vie suite à la folie d'individus qui s'abreuvent du sang. Même les enfants arrivent à regarder de telles images. Il faudrait de préférence les éloigner des infos pour les empêcher d'affronter ces scènes intenables. Et chaque jour qui passe, il y a apparemment un coin du monde où des personnes vaquant à leurs occupations journalières sont massacrées par la cécité terroriste d'individus assoiffés de sang. Dans certaines villes, des quartiers sont entièrement isolés du monde et maîtrisés par des gangs, des mécréants qui y sèment leur loi criminelle. Les forces ne parviennent pas à les déloger ni démasquer. Il y a trop d'armes en circulation, trop d'armes aux mains des tueurs à gage. Une atmosphère de terreur guette à chaque tournant de la rue. Il y a donc des gens dont le métier est de tuer, tuer, tuer le plus de monde possible. Quelle conscience de telles gens peuvent-ils avoir? Ont-ils une pierre à la place du coeur? Quelle idée que de tuer aveuglement des femmes et des enfants dans un marché, une école, un cinéma? Quelle idée que de massacrer des croyants adorant leur Dieu dans une mosquée, un temple ou une église? Quelle idée que d'attenter à un avion, un train, un métro juste dans le but de revendiquer d'obscures idéologies meurtrières? Quelle idée que de tuer...? Et dans ce monde que nous vivons, hélas! Un monde où règne la violence sous toutes ses formes. Un monde où la terreur cause la peur au ventre dès qu'on sort de chez soi au cas ce ne serait pas chez soi. Même allumer son générateur est dangereux dans certains quartiers sans éléctricité. Le terrorisme, il faut le dire tout haut, est un véritable fléau, un désastre dévastateur de la conscience, un crime contre l'humanité.

16 févr. 2017

Adieu Jan Vansina (1929-2017)

Ce 8 février est décédé l'éminent historien et anthropologue belge Jan Vansina, professeur à l'université Wisconsin. Spécialiste de l'Afrique Centrale et Orientale, J. Vansina a énormément contribué à la valorisation de la tradition orale comme source historique ainsi que l'attestent ses publications notamment: De la tradition orale, essai de méthode d'histoire (1961) et Oral Tradition as History (1985). La nouvelle m'est parvenue via une communication du réseau écriture-mukanda coordonné par Pierre Halen. Je ne l'ai vu mais connu par son oeuvre ainsi que par le canal de deux de ses anciens disciples et collègues historiens: les professeurs Crispin Makwanza d'heureuse mémoire et Jerome Mumbanza.
Rome 1980. Mbuta Makwanza que j'ai connu en 1978 à Kalonda se trouve logé au collège Urbain et effectue des recherches à l'Institut Italo-Africain. Une institution dont je découvrirai l'existence. Cet aîné prépare encore à l'époque sa thèse de doctorat sur l'histoire migratoire des Basuku. Dans la foulée des manuels qui traînent sur son bureau, je trouve De la tradition orale de J. Vansina. Je connaissais Vansina depuis Mayidi, mais je n'avais jamais eu accès à ce livre. Là, je rencontrais un de ses anciens disciples de Lubumbashi.
Berlin 1999-2000. L'historien Jerome Mumbanza de l'Unikin est en séjour de recherches à l'université Humboldt de Berlin. J'aurai l'immense plaisir de le recevoir chez moi en même temps  que l'écrivain et critique littéraire Dieudonné Kadima-Nzuji, professeur à Marien Ngouabi, Brazzaville. Ce dernier effectue des recherches à Bayreuth chez Janoz Riesz et a été invité à Humboldt pour une conférence sur Sony Labou Tansi. Retrouvailles des deux anciens condisciples, mais aussi collègues à la faculté des lettres où M. Mumbanza est vice-doyen. Peu après, au cours d'une conversation, il me révèle que Jan Vansina lui a une fois envoyé un appel à candidatures pour un poste de professeur d'histoire dans une université américaine. Sans trop y réfléchir, il a cédé l'appel à un autre collègue. Ce n'est que plus tard ou trop tard qu'il a compris que Vansina, connaissant son domaine de recherches, l'invitait en quelque sorte à le joindre aux Etats-Unis car le poste convenait parfaitement à son profil. Quelle élégance dans le geste! 
Ces deux témoignages donnent une bonne image du Prof. Jan Vansina, historien et homme de culture. Non seulement il assurait un enseignement rigoureux, non seulement il inspirait ses lecteurs, mais aussi à son honneur, il valorisait aussi hautement ses collègues. Merci à Jan Vansina pour son amour de l'Afrique et sa remarquable contribution à notre histoire! Paix à son âme! Sincères condoléances à sa famille biologique, et à la communauté des historiens d'Afrique.
   

15 févr. 2017

Migration, Politics and Gender Issues in La Sorcière aux tendres bombes



The aim is to comment on a book La Sorcière aux tendres bombes, a play I published in 2013 by ILV, Cergy. This play was meant to be performed by the Cave Hill French students at the 2012 Intercampus Theatre Festival, but the performance never took place. The plot is located in Negrolasie, a fictional country which is very similar to Ivory Coast. Returning home from Paris to Pokedjan forms for Johnny Playboy an ideal occasion to participate in the development of his country by starting a discrete business, which will change his people’s views on gender issues and intimate practices, and culturally open Pokedjan to the world. But since government controls and spies on everyone, the protagonist faces a strong resistance even before starting anything; he is threatened, suspected of willing to destroy the country; he is even put in jail by the service of Coupé-Décaleur. Dinah, Johnny’s ex girlfriend, is involved in a relationship with the powerful Home Affairs Minister as a sorcerer with tender bombs. This nickname actually is applied to a girl or an escort-girl who works with security forces in order to track political opponents. The play shows how an emigrant becomes a foreigner in his own country. This paper explores the francophone space in its unity and complexity through the topics of globalization, exile-return to native land shocks, political threats, gender issues, intercultural conflicts, emigration, etc. Negrolasie allegorically represents Mother Africa and her whole Diaspora with respect to the present historic development and the global movement of populations.

Practicing Translation as a Life Experience



This presentation is not really academic, but a testimony of a translation experience. It is a strictly personal reflection on what I can a life experience of translating. From early primary school to university level I have been exposed to many languages where many translation techniques were constantly practiced.
I did Latin and English and some Greek at secondary school, and Italian, German, Greek and Hebrew at tertiary level. The habit was by starting with the literal translation before attempting the literary translation. I then participated in the translation of the Catholic French Missal into Kikongo Fukimina Mfumu, which was published in 1986 by Father Nicolas Berends. In Rome a book written in English titled New Testament Greek was used for Greek lessons whereas the course was held in Italian. When I worked in Kenge (DR Congo) in the 80ies, I used to interpret speeches from French, German, English into Kikongo and vice-versa. Later in Switzerland I used to proofread confidential texts submitted to me a German association, which advised people in difficulty. My job was to make sure that the French version corresponded to the German original. At UWI Barbados, I co-taught for two years the course of translation with Dr Bernadette Farquhar.
This presentation will try to draw some reflections from these experiences. Since it is on ongoing process my purpose will be to retrace what can be learnt out of this constant practice of translation. Not only the professional translator practices translation but also everyone who shifts from one language to another. Even from Bajan, Creole or Patois to English or French.  

PSG vs Barcelone: 4-0

14 février 2017. La St Valentin a eu un goût amer pour les Catalans après cette humiliation de 4-0 qui leur a été infligée par les Parisiens. Une leçon de football. Un match se joue sur un terrain, non pas dans les vestiaires ni dans les journaux. Barcelone a dèjà encaissé de tels scores. La finale avec le Fc Milan ou même face à Madrid. Comment sera le match-retour? Pas plus tard que la semaine passée le FCB a gagné par 6-0. Un match de Liga ne vaut pas Champions League, rétorquera-t-on. Un match quand même. Une équipe pleine de vedettes comme l'incontournable Messi, Suarez et Neymar est capable de miracles, mais je ne crois pas à ce genre de miracles. Quand bien même elle gagnerait par 5-0. Retenons donc notre souffle.
Bravo aux PSG et à leur magicien de coach. Il a un nom: Unai Emery. C'est de la finesse tactique que tout a dépendu. Gare à la surestimation! Il faut vite oublier cet impressionnant succès... et penser au match-retour car tout se décidera finalement au Camp Nou. En foot tout est possible. C'est cela la beauté de ce sport: nul n'est invincible. Même la meilleure équipe du monde peut à tout moment subir un désastreux revers comme on vient de le vivre.

14 févr. 2017

Bonne Saint Valentin à tout le monde

Il paraît qu'il faut célébrer cette fête de l'amour. Je la trouve un peu trop populaire, sans originalité, cette fête de St Valentin. Alors interrogeant les jumeaux sur le chemin de l'école, j'ai été étonné de recevoir la réponse suivante: "St Valentine is the one who made sure that people do not die single, said Sr Pauline. It is the reason why were celebrate and thank him." C'est Claver Jr qui l'a dit. Ne me posez pas trop de questions.  En tout cas, bonne Saint Valentin à tout le monde en ce jour glorieux et inoubliable.

13 févr. 2017

Prêtre et devin 2

A la suite de mon entrée titrée "Prêtre et devin", j'ai reçu des messages oraux directs et indirects, des emails et des commentaires allant dans tous les sens. D'aucuns ont cherché à personnaliser le débat au lieu de se situer au niveau du général. D'autres ont identifié des pasteurs et prêtres directement impliqués dans ce trafic, et il se fait que les coïncidences ne manquent pas. Quoi qu'il en soit, je reste dans la logique de ce blog. Lorsque je cite des noms de personnes, c'est dans un but précis. Pour éviter toute confusion, j'ai tronqué ma réflexion de son ouverture.
Prêtre et devin ou sorcier. Antinomies! Lorsque j'étais enfant, on associait souvent le prêtre au sorcier. Tous les mythes qui circulaient sur eux ne me sont pas restés inconnus, je les ai consommés comme tout enfant de mon âge. J'avais tôt développé un sens critique très fort vis-à-vis de ces fantasmes collectifs. Je dis haut et fort que j'en suis arrivé là grâce à mon père. Relisez ce blog pour vous en convaincre. Je me souviens même à quel endroit, à quel moment d'août 1969 à Mutoni. Enfant, je me suis nourri de cette ambiance de superstition indécrottable. Du prêtre devin-sorcier j'ai toujours entendu parler, car il est considéré aussi "nganga" que le nganga nkisi ou nganga-ngombo. Lorsque je suis devenu servant de messe à la paroisse St Esprit de Kenge, ma grand-mère maternelle Kha Mususu m'a mis en garde: "A nge mwana yandu kulwenga! Kiloki wa monga. Nani wahana?" (Et toi petit-enfant trop éveillé. Tu auras la sorcellerie. Qui offriras-tu en sacrifice?" Je n'avais pas dix ans. Telle fut la conviction des gens à l'époque. Telle est encore la pratique des gens aujourd'hui.
Lorsque les Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge devraient aller en Europe en 1967, beaucoup de parents, dont les miens, ont refusé de laisser leurs enfants entreprendre le long voyage mais ce n'était pas pour la même raison. En dépit de toutes les assurances que le P. Van den Boom avait données aux gens, une psychose collective avait affecté les habitants de Kenge. Certains ont cru que leurs enfants seraient "lavés" ou "blanchis" et ne reviendraient pas vivants, mais métamorphosés en blancs. Un accident de noyade survenu au bac de la Wamba/Kenge II fut tout de suite lié à ce voyage. Trois enfants dont Mazumbu, qui avaient accompagné un certain Mr. Daniel, ami du P. Van den Boom, furent noyés, sacrifiés sur l'autel de la sorcellerie sacerdotale. Un discours anticlérical et méfiant fut explicitement tenu. Les croyances sont multiples à propos de meurtres sacrificiels, tellement enracinées dans nos coutumes qu'il nous est presque impossible de nous en défaire. Des pratiques de désenvoûtement avaient lieu dans les rues en ces années-là. Que dire des bruits qu'on entendait circuler à propos de l'abbé Makula? Des histoires à dormir debout, mais je les ai entendues. Ce qui est bien, c'est que j'ai eu plus d'une fois l'occasion d'en parler avec lui-même lorsque je devins son confrère. A Kimbau, la proximité des pères avec les morts était encore plus évidente: on disait d'eux qu'ils alimentaient les morts en bananes. Lorsque le Père Everard Leferinck svd allait administrer l'extrême onction quelque part, les gens étaient convaincus que la personne n'allait jamais survivre ou presque. Le P. Everard, homme d'une spiritualité sans ambiguïté, est pourtant un missionnaire exemplaire que je respecte et aime.
Pour dire que j'ai grandi dans ces mythes, et que je les connais relativement bien pour avoir été des deux côtés du monde. C'est qu'il y a une distance incroyable entre ce que sont les prêtres et ce que les gens croient à leur sujet. C'est à ce niveau que tout se joue. Certains ecclésiastiques aiment à entretenir ce mythe mystique ou ce mysticisme afin de s'attibuer un ascendant occulte sur les communs de mortels. De l'exorcisme à la pratique divinatrice, du sensationnel à la superstition, le saut s'effectue parfois dans une embrouillante confusion. Il faut savoir distinguer le bon grain de l'ivraie.




8 févr. 2017

Le malheur des autres

Cette fois, c'est dans l'eau de mer. Je m'apprête à plonger lorsque je reconnais mon voisin. Ce monsieur m'appelle normalement: "Africa Man ou Congo Man." Chaque fois il ajoute: "I would like to see Africa before I die, man. I 60 years now, man. But it is expensive to travel down there." Hier, je me suis permis de lui demander dans ce qu'il fait comme travail. Il me l'avait sûrement déjà dit, jamais j'ai oublié.
"I am a security guard at a government building. Working 15 hours a day! I messed up my life because of 15 credits short. I was almost finishing my BA in Sports Studies in the US when my life stopped. Since that time I kind of struggling to survive."
" But you have a great job," que j'ai dit.
"No man, this is the lowest job you can ever get in the hierarchy of government. I have been working there for many many years without any hope of promotion. Many of my classmates are successful  in life. That causes me to cry, even to die."
Et il s'est mis à verser des larmes. Profondément touché, je lui ai tapoté les épaules pour l'encourager et l'inciter à voir le bon côté de la médaille:
"Another one would be happy what you have achieved so far. You have got a job, you live honestly. You are respected by your fellow citizens. What else do you expect from life? Be happy with few you have instead of envying other people who might have money but you do not know by what means they get it. Never give up!"
Il s'est empressé de me remercier: "Thank you Congo Man for your sweet words. Respect! Thanks for giving me courage and trust."



Quand notre misère prendra-t-elle fin?

A voir comment le monde évolue, je me demande où se trouve notre place? Mon identité de noir africain, me soumet souvent à des épreuves inattendues. A voir comment les autres s'industrialisent, j'en suis à me demander quand notre peuple et notre continent sortiront de la pauvreté, si jamais. De l'Afrique, on n'a jamais des idées, mais des stéréotypes et des clichés. CNN, RFI, BBC et d'autres grandes chaînes de télécommunication sont là pour le rappeler. Et nous n'en sortirons pratiquement jamais tant que l'ordre mondial sera le même. On a l'impression que tout complote pour nous maintenir dans l'ignorance, dans l'inculture, dans l'incurie et l'inertie intellectuelles. Les préjugés jouent en notre défaveur à tous les niveaux. 
Nous, Africains au sens restreint et étendu du terme, souffront d'une misère viscérale sur tous les plans. On dirait de nous que nous avons été maudits dès la création du monde. La pauvreté nous colle à la peau: c'est même notre raison d'être. Nous prétendons avoir des valeurs que nous tournons en dérision dès que nous sommes en présence de nos dominants. Solidarité africaine, teranga, slogans vides de sens à la moindre épreuve.
Mes recherches sur la négritude m'ont rendu attentif à l'idéalisme béat qui l'a marquée. Les pères fondateurs de ce mouvement ont partagé une vision, discutable peut-être, mais qui a rendu possible une unique prise de conscience raciale. On dit qu'elle est morte, la négritude; tombée désuète et caduque, la négritude. A voir l'incapacité de l'Afrique à devenir démocratique et de distribuer équitablement les dividendes des ressources minérales et naturelles dont elle régorge, c'est à se demander s'il y a une issue de sortie à cette impasse. Ces poètes ont-ils vraiment creusé dans le vide? Les scènes avilissantes et criminelles de nos potentats érigés en intouchables rois sans couronnes témoignent d'une grave transgression des valeurs et droits humains élémentaires. L'impunité érigée en système dévalue l'Afrique aux yeux du monde entier. 
L'eldorado européen a fermé ses frontières aux migrants, la Méditerranée devient le gouffre exterminateur de nos frères et soeurs qui se battent pour un travail et une vie meilleurs, qui fuient les dictatures sanguinaires et impitoyables de nos pays. Que des carnages sur ce chemin vers la liberté occidentale! Et une fois en Occident, on devient un "sans-papiers", réquérant d'asile, traité comme un chien par les fils et filles du pays. On vous répétera tous les jours: "Que venez-vous chercher chez nous? Vous n'avez qu'à rentrer chez vous, vous installer dans vos jungles et vous pavaner sur vos arbres en compagnie des gibbons et des chimpanzés. Votre place n'est pas ici." Et souvent, la situation est telle que retourner chez soi équivaut à une sorte de suicide... Autant rester clandestin et subir en plein visage les humiliations réservées aux étrangers. Quand bien même vous vous intégrerez et adopterez les privilèges, honneurs et devoirs de votre pays-hôte, il vous sera impossible de vous identifier totalement à vos hôtes. Malgré les simulations du système, nous sommes en réalité plus ostracisés, plus persécutés dans ces pays dits de droit que dans les pays "émergeants" dont nous sommes ressortissants. Nous restons dans notre misère atavique. Quand notre misère prendra-t-elle fin? Pas de ma vie. 

Prêtre et devin

Je viens de tronquer le début de cet article à cause d'une mésinterprétation à laquelle il a donné lieu chez certains lecteurs. Tout en regrettant ce malentendu, je garde intact le reste de ma réflexion sur ce thème.
J'ai observé d'assez loin les prêtres guérisseurs qui ont le charisme de l'exorcisme. Beaucoup commencent par utiliser des plantes et autres objets naturels pour guérir leurs patients. Puis ils y ajoutent l'apport spirituel de la prière au cas où ce ne serait pas le contraire. Souvent, il y a un rapport équilibré entre l'usage des plantes et la distribution de prières miraculeuses et passages bibliques porte-bonheur. De là à évoluer vers des sphères plus élevées et illuminatrices, le passage se franchit rapidement surtout lorsque le guérisseur ou le devin est prêtre. La question à poser est la suivante: Comment un homme très solidement formé dans la sainte tradition philosophique et théologique catholique en arrive à embrasser ces pratiques que ni son savoir rationnel ni sa pratique sacerdotale ne peuvent justifier? Et souvent, ils obtiennent un succès et une réputation auprès des chrétiens qu'ils maintiennent sans le savoir dans l'ambiguïté de la foi du jour et de la sorcellerie de la nuit. En épluchant de plus près on en arrive à se poser des questions sur la finalité ultime de ces pratiques complètement contradictoires. Prêtre et guérisseur passe encore, mais prêtre et devin??? Prêtre de Baal peut-être mais pas celui de Jésus-Christ. La discussion peut s'étendre à la voyance, à la prédiction, à la guérison miraculeuse.
Pour moi, le prêtre devin n'est pas du tout différent des pasteurs du réveil dont les méfaits et abus sont étalés au grand jour dans les réseaux sociaux. Cela ne passe pas chez moi quoique je m'efforce à y voir clair. En tranchant délibérément des cas d'espèce, le prêtre sème plus de confusion et de haine dans la famille que de bien et d'entente. Il doit certes justifier son salaire, mais pas à ce vil prix. Le plus inquiétant, c'est qu'il croit lui-même en ces élucubrations que la foi catholique s'efforce d'extirper. Contre-témoignage. Expansion du paganisme, de l'animisme et de la sorcellerie. Démission flagrante devant sa mission prophétique qui consiste à rendre témoignage à la parole de Dieu. Il n'a qu'à relire la mission du prêtre dans l'épitre aux Hébreux. Si non qu'il ait le courage d'avouer ses vraies convictions de façon claire et nette et d'en tirer les conséquences qui s'imposent.
Un médecin de mes amis m'a révélé avoir vu des fétiches et talismans sur le corps d'un haut prélat catholique qu'il a eu à consulter de son vivant. Il ne m'a pas dit le nom, mais l'essentiel n'était pas là. Je n'y ai pas cru, mais je ne serais pas étonné que cela fût vrai. Car il ne faut s'étonner de rien. L'homme intérieur ne correspond presque jamais à l'homme extérieur. Cela s'est prouvé plus d'une fois. Au fait, pourquoi un prêtre ne serait-il pas sorcier, magicien, occultiste, voyant, devin? Il y en a dans la Rose-Croix, parmi les Illuminati comme dans la Francmaçonnerie. Pourquoi pas? 
J'ai déjà soutenu, et à plusieurs reprises, sur ce blog que je ne crois pas à la sorcellerie, source de plus de conflits que de réconciliations entre les hommes. Voilà pour ce matin. Je vais au boulot.
    

5 févr. 2017

La RDC au fil des jours

Après une fin d'année tumultueuse où le bain de sang a été évité de justesse grâce à l'accord mené par les évêques, le début d'année politique s'enlise dans une sorte de blocage qui remet en doute l'organisation des élections comme préconisées par les politiciens. On assiste à une certaine léthargie. Le pays s'engage dans une période d'incertitudes que les événements politiques ne semblent pas désamorcer.
Le pays entre en ce moment dans une transition dont le visage est mutilé par la disparition du leader charismatique Etienne Tshisekedi. Qui le remplacera à l'UDPS comme à la présidence du comité de transition? La donne change, mais nul n'est irremplaçable dans une institution. Le roi est mort, vive le roi. Qu'on ne s'attarde pas sur des détails pourvu que la tâche soit accomplie.
Des ambitions éfreinées. Les Congolais ont la manie d'afficher leurs nombrilismes et leurs trahisons de façon éhontée. L'ambiguïté identitaire ne les dérange pas pourvu qu'ils perçoivent les rançons de leurs forfaits. L'intégrité fait cruellement problème. Les alliances s'établissent à coups de corruption et d'espèces trébuchantes. C'est cela le jeu politique qui fait que la démocratie nous demeure complètement étrangère en dépit de bonnes intentions ingénuement exprimées. Tout le monde veut devenir ministère, gestionnaire d'une entreprise publique, quand bien même on n'en a pas la compétence. Tout le monde, tous les partis, veulent profiter de cette période de transition plus pour se positionner et se remplir les poches plutôt que d'assurer la stabilité politique et contribuer au développement politique et socio-économique du pays. 
La pauvreté et la misère. La politique est un système d'enrichissement; c'est pourquoi presque tout le monde cherche à y participer. Comme disait Mgr Ambongo, les politiques imbus d'eux-mêmes ne semblent se soucier ni de la souffrance ni de la précarité endurées par la population. Oui, les gens souffrent, nos familles vivent dans un état misérable comme frappées par un destin. La pauvreté et la misère s'agravent alors que nos élites politiques s'enrichissent inlassablement. Les fonctionnaires, impayés depuis plusieurs mois, survivent grâce à de douteuses combines ou commissions. Ceux qui ne savent pas nager dans l'eau trouble sont laissés pour compte. J'en connais une qui, engagée depuis plus de cinq ans, a vu son salaire mécanisé seulement pour un mois. Ses arriérés sont perdus sans qu'aucune explication ne lui soit fournie. Ce cas n'est malheureusement pas unique. Il paraît que, pendant ce temps, les hauts dignitaires sont payés régulièrement, et grassement.
Qu'on se le dise, ce temps est crucial. Il faut poser les bases pour une RDC juste, libre et prospère.

Le monde comme il va

Comme d'aucuns s'en étaient doutés, l'avènement de Donald Trump aux Etats-Unis est un événement qui risque de changer la face du monde. Quoi que l'on dise, il n'y aura pas de troisième guerre mondiale, par contre des conflits armés impliquant les Américains sont possibles, très probables. Les derniers raids du Yemen, sur ordre de RT, qui ont coûté la vie à des femmes et enfants, n'augurent aucune période de répit. Les menaces demeureront, mais le seuil du non-retour ne sera pas franchi. Le Mexique, l'Iran, l'Australie depuis peu, résistent à la fougue de nouveau Président, lequel remet en question beaucoup d'alliances internationales contractées du temps de ses prédécesseurs. Sa gouvernance par "executive order" montre une détermination et une impulsion vers une Amérique forte qui se met en première ligne. Une sorte de frénésie nationaliste qui réduit les autres à la sujettion sinon à l'inexistence. Lorsqu'n homme d'affaires, milliardaire et n'ayant jamais occupé de poste politique auparavant, arrive à la tête de la première puissance mondiale, cela donne lieu à une politique de puissance autarcique.
Des raisonnements du genre "je bâtis le mur, vous payez la facture" passent dans la tête des plusieurs supporters de DT, alors que le commun des mortels ne sauraient même pas les considérer logiquement admissibles. A la rigueur on en vient à se demander à quoi s'attendre dans les pires des circonstances. A son actif, c'est qu'il tient la plupart de ses promesses électorales cncernant la création d'emploi et la sécurité, Dieu seul sait à quel prix. Une chose certaine est qu'avec ou après DT la politique mondiale ne s'effectuera plus comme avant. Beaucoup d'inattendus, beaucoup d'incertitudes, beaucoup de coups de poing, beaucoup d'agressivité dans la prise et la défenses des positions. La rhétorique diplomatique va complètement changer. Des avis conflictuels  se livrent par Twitter, par les réseaux sociaux comme par des créneaux parallèles, sans égard pour la discrétion habituelle qu'exige la diplomatie.  Des leaders européens n'hésitent pas à exprimer leurs opinions contraires à celles de leur allié d'Outre-Atlantique.  C'est ce que personnellement j'apprends de ces deux premières semaines du nouveau président américain.
Etant un observateur extérieur, et non politologue, j'estime que ce que je projette là pourrait être le contraire de ce qui se passera dans la réalité. Attendons voir l'évolution des choses! D'autre part, le président Donald Trump n'en est qu'à ses débuts. Que le bénéfice du doute lui soit accordé avant de tirer quelque conclusion que ce soit, car à un moment ou à un autre, l'expérience de la réalité politique reprendra la place qui lui revient.
  

2 févr. 2017

La mort d'Etienne Tshisekedi (1932-2017)

1er février 2017. La bouleversante nouvelle est tombée comme un couperet. Tshisekedi wa Mulumba, l'opposant historique congolais, est mort à Bruxelles. C'est en entamant une conversation téléphonique que j'ai été informé par un ami hier après-midi qui, par ailleurs, assumait que j'étais au courant. Paix à l'âme de ce grand héros de notre pays!
Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, Tshisekedi mérite un vibrant hommage à cause de sa longévité politique d'abord, ensuite de l'immense impact de son action sur la psyché congolaise. Aussi curieux que cela puisse paraître, il ne m'est pas arrivé de rencontrer ce personnage dont les mythes ont été sur toutes les lèvres. Par contre, j'ai su son nom dès mes premières années d'éveil à la politique de notre pays. Mais c'est plus tard que je suivrai, comme tout compatriote, ses engagements politiques. Surnommé Moïse, il a porté la lourde tâche de "démystifier Mobutu" et d'influencer l'évolution du pouvoir en RDC. Sa mission s'arrêtait là selon moi.
L'homme au "V" légendaire n'avait peur de personne. Il a osé braver le président Mobutu, l'intouchable et l'inamovible despote qui règnait d'une main de maître sur le Zaïre en semant la terreur à tous les citoyens. Son mérite est justement d'avoir été, dans l'histoire de cette dictature si l'on peut l'appeler ainsi, l'homme qui a su affronter le démon de face avec une relative réussite. Son opposition au Maréchal était intransigeante, déterminée et dévastatrice. Le Sphynx de Limété a subi la prison, la relégation, la torture, l'humiliation sous le régime Mobutu. Considérée d'un point de vue mythique, son ambition de devenir président était déplacée quoique en pensent ses partisans.3 Et je dois l'avouer, je l'avais supporté comme opposant car il a donné du courage à des millions de Congolais pour voir en Mobutu un homme plutôt qu'un surhumain. Ce pari là, il l'a réussi.
Tshisekedi fut longtemps un proche collaborateur du colonel et président Mobutu depuis le temps de ses études à Lovanium. Il a occupé d'importants postes ministériels comme l'intérieur ou la justice. On lui attribue d'avoir signé l'ordre de l'arrestation de Lumumba, d'avoir signé l'ordre d'exécution de Kimba et consorts, d'avoir posé les bases légales ou idéologiques du MPR. Un solide pilier du régime Mobutu jusqu'aux années 80, avant qu'il ne rejoigne le fameux groupe des treize parlementaires contestataires qui furent relégués en résidence surveillée dans leurs villages. Avec vaillance, courage et détermination, le PM Tshisekedi s'est mesuré au dictateur sanguinaire au point de forcer ce dernier à reconnaître l'UDPS dès l'entame du processus de démocratisation.
On dit aussi de l'homme du changement qu'il entretenait des rapports ambigus avec Mobutu du genre "opposant le jour" et "ami la nuit". Raison pour laquelle, semble-t-il, ce dernier ne l'avait jamais éliminé physiquement. On dit que c'était plutôt un ordre des Américains. On raconte qu'il recevait des soutiens financiers du Maréchal, qu'il se rendait incognito ou "en soutane" auprès de Mobutu pour retirer ses allocations, etc. On dit aussi qu'il portait une marque indélébile sur son dos: MPR = Servir, la devise du parti-état de Mobutu. On parle aussi d'une affaire de femmes qui les aurait divisés. Autant de mythes à vous faire dormir debout! Tous les compatriotes congolais ont entendu l'une ou l'autre de ces versions de récits.
Au-delà de ces anecdotes difficiles à vérifier, il y a son parcours depuis son opposition au deuxième régime jusqu'à ses derniers engagements . Opposant aux Kabila père et fils, il n'a jamais réussi à obtenir le fauteuil présidentiel. Le plus dramatique, c'est qu'il a prêté serment se disant président élu de la RDC en 2011. J'ai parlé de ce sombre passage en son temps sur ce blog. Il est demeuré un opposant intraitable au régime Kabila, qui l'a séquestré à résidence après les élections de 2011. Doté d'un franc-parler sans ambiguïté, Tshisekedi était un personnage charismatique, peut-être le plus populaire à Kinshasa et dans certaines régions du pays. Trahi par les uns, abandonné par d'autres, Ya Tshitshi est resté égal à lui-même. Les immenses foules qu'il drainait à son passage en sont des signes indiscutables. Il était populaire, aimé de la population à cause de son langage clair, tranchant, et souvent incendiaire. Il n'avait peur de personne.  Il est resté actif dans la vie politique de la RDC comme leader du Rassemblement. Les derniers pourparlers dit de la CENCO l'ont désigné à la tête de son comité de suivi. Il est temps à l'UDPS de se réorganiser en fonction des futures échéances politiques, d'y apporter un souffle de jeunesse, d'inspiration et de créativité.
Le combattant Etienne Tshisekedi laisse un vide irremplaçable dans l'Opposition congolaise certes, mais j'estime que les Congolais s'arrangeront pour trouver la meilleure alternative à cette situation. Qu'on se le dise, l'homme passe, les institutions restent. Simple loi de l'histoire. La RDC restera, mais les hommes passeront, nous passerons. Une page de notre histoire vient de se tourner avec la disparition de Tshisekedi. Il ne reste qu'à souhaiter un hommage national à ce Congolais qui, à sa façon, siège au panthéon de nos leaders héroïques. Que son inhumation ne serve pas de prétexte pour causer des troubles et des "morts" dans les villes de la RDC.
Que son âme repose en paix!