30 juil. 2017

Un mois de juillet singulier

Voila un mois singulièrement révélateur. En ce mois se sont succédés, en rapport direct ou indirect avec moi, des événements significatifs. Des événements relatifs à la vie et à la mort. 
Un mois de naissance. Joyeux nniversaire aujourd'hui à Glodie Muzembo et à Gabriel Kwambamba. Puisse l'Eternel leur accorder grâces et bénédictions en abondance! Sont nés en juillet Béa et Rigo Mabana. En juillet, j'ai vu pour la dernière fois mes parents vivants presque jour pour jour dans les cinq années qui ont séparé leurs décès. En ce mois a été ordonné et est mort l'abbé Denys Luhangu; ce fut aussi le mois d'ordination de Mgr Dieudonné M'Sanda. Je pense à Serge Kibala, et aujourd'hui à Wada porté en terre hier même à Kinshasa. Et à d'autres anonymes dont le souvenir ne me revient pas ou dont je tais simplement les noms par décence. Naissances et morts rendent juillet un mois singulier.
Hier, c'est Mamadou Diagne qui nous a réunis à son domicile pour son quarantième anniversaire alors que sa fille fêtait neuf ans. Une belle fête qui nous a permis de retrouver des personnes que nous n'avons plus vues depuis des années. Une belle rencontre où sont remontés des souvenirs de collaboration, d'amitie, de convivialité. En fait, c'était deux fêtes, une pour les enfants à 14 heures et une autre pour les adultes à 17 heures. Et nous, j'entends ma société civile, étions là de 15 à 21 heures.
Là, on s'apprête à aller à St Francis pour la messe dominicale. Bon dimanche à tous les ami(e)s lecteurs de ce blog.

28 juil. 2017

"Toi qui dors, réveille-toi, car Kaluumbu est mort en sommeil" 2

Septembre 1975. "Claver, tu as racourbattu la soeur?" avait demandé Wada exprès. Tous les copains présents ont ri aux éclats car ce verbe bidon comportait des connotations insoupçonnées. "Si vous êtes des copains, alors nous autres on est quoi? des cochons??", m'a rappelé Séra se rappelant cette remarque de Wada.
En novembre 1987, je suis à la procure de Kenge lorsque l'abbé Félix Manzanza retourne de Rome. J'y suis en effet depuis le 13 octobre au matin; je prépare mon voyage pour Fribourg en attendant que le visa suisse me soit octroyé. Je suis donc parmi les tout premiers à le rencontrer, mais la tension est déjà perceptible dans ses propos et ses attitudes. Il me parle gentiment de la Suisse où il vient de passer quelques mois de ministère, notamment du Lac de Genève qu'on préfère appeler Lac Léman à Lausanne. Je connaissais déjà la Suisse Allémanique et le Lichtenstein depuis 1980, 82 et 85, mais pas la Suisse Romande. La veille du voyage, les abbés Wada et Michel N'Gob me remettent chacun 50.000 Lire, un geste précieux que je n'ai jamais oublié car les premiers jours de Fribourg étaient relativement durs. Merci Wada pour ta générosité.
Depuis Fribourg, nous n'entretiendrons pas de correspondance régulière. Les échos qui nous arrivent vont dans tous les sens. Et chacun y va de ses commentaires. Je ne suis pas très surpris lorsque j'apprends qu'il a quitté le sacerdoce. Des mois plus tard, il adresse à l'Evêque une lettre datée du 5 mars 1991 et intitulée: Démenti et Précisions, copiée à tous les abbés de Kenge, à la suite d'un rapport de la retraite des Abbés de Kenge en décembre 90. Le ton est cinglant, direct, percutant et brutal vis-à-vis de l'Episcope:  "L'idée de chercher à me récupérer doit être bannie. Cette façon de minimiser et d'apprécier les problèmes qui vous sont posés dénote un manque de considération pour les individus  qui les posent. Je vous répète et veuillez le dire à ceux qui ont la charge de résoudre mon problème que ma décision est irréductible et irréversible". Il ne m'appartient pas de le juger ni de le condamner. Du moins cet extrait donne une idée de l'homme déterminé et décisif que fut notre ami.
Après plusieurs années de séparation, je finis par le croiser à la messe funéraire de la maman de la sœur Marie-Noelle Nakubuta à St. Kibuka, Masina, en juillet 2005. A cette messe participeront pas mal de visages connus et inconnus. Après la messe, nous nous rendons Wada, Crispin Makelele et moi-même dans un bistrot pour marquer nos retrouvailles. On va jusqu'à Lemba Foire avant de revenir à Masina Q. III, où a lieu le soir même le mariage coutumier de Victorine Kalongo et Benoit Lubamba. Un moment important, car c'est la dernière fois que j'ai vu mon père en action dans une affaire traditionnelle. On s'est encore revus une fois à Masina en compagnie de Nicolas.
A mon passage de 2012, je réussirai à le localiser et on prendra un verre à Kitambo Magasin. Deux ou trois heures ensemble pendant lesquelles se passe un fait insolite. Cette fois, je suis décu d'apprendre que Wada soit sans nouvelles de son ami Ndeke. Comme un juge de tribunal, je les sermone et les accuse de céder à des disputes intestines du diocèse de Kenge; ce que les deux récusent avec fermeté. En fait, comme cela arrive souvent dans la vie, sans raison évidente des amis peuvent à un moment être coupés l'un de l'autre sans que leur amitié en souffre. C'est ce jour là que j'ai appris l'existence de "Taman". Plus tard, Enrico et Amengoo m'avoueront, admiratifs et reconnaissants, que mon intervention de cadet les a poussés à être un peu plus attentifs à ce détail. Tout est bien qui finit bien, dit-on. Et au deuil de ma mère, le 1er septembre 2012, Wada rapportera cet épisode à des amis commensaux pendant la réception organisée Chez Sebastien. Je le reverrai encore une fois en 2015 au deuil de ma nièce Alida; c'est lui qui animera les chants de la messe des funérailles. On se retrouvera au bain de consolation au Boulevard Kimbuta. Je crois que c'est la dernière fois qu'on s'est vus tous les deux. Dieu l'a voulu ainsi, hélas.
Félix Manzanza a vécu sa vie. Félix a été ce qu'il a été. Homme gai, loyal, persévérant, doué d'une intelligence remarquable, convivial, social... bref un homme sain d'esprit et de corps. Pour moi, il a été un frère, un aîné, un ami et un modèle au petit séminaire.
Wada, va en paix; merci pour ce que tu as été et fait pour nous. Le corps est sorti aujourd'hui de la morgue. Je m'unis de coeur et en prières avec ta famille biologique et spirituelle, avec celles et ceux qui te pleurent en ce jour. Pour toi, je chante "De Profundis" et "Dies irae dies illa" que toi tu chantais de mémoire à Kalonda.
"Nimba sikama, Kaluumbu wu fwila ku kilu" Wenda mboti Kaluumbu!

  
  

26 juil. 2017

"Wada est parti par le chemin de tout le monde." (Abbé Albert Ngengi Mundele)

Accra, 25 juillet 2017.
"Wada est parti par le chemin de tout le monde. RIP. Que dire ? et comment le dire ?
Disons-le pêle-mêle/
-           En Décembre 2016 dernier, à la mort de Papa de l’Abbé Tshumbi, je l’ai cherché à la Foire-lemba et finalement l’Abbé Fidèle Pindi m’interpella et me dit « le voilà ton ami ». Je savais qu’il ne pouvait pas manquer dans des pareilles circonstances. Car une constatation : Wada était TOUJOURS là (à la procure de Kenge sur la 1ere rue limete – Dilandos) surtout s’il y a un décès au diocèse. Parti du sacerdoce ministériel, il était toujours lié à son Diocèse.
-           En 1987, il m’a passé le « relais » à Rome: il avait fini au Biblicum et j’y arrivais. Je l’ai aidé à faire ses valises ; me racontant en long et en large ce « désaccord avec Mgr Dieudonné pour le doctorat. Revenu en 1991, j’entrepris avec l’autorisation de Mgr Dieudonné la démarche pour son retour au diocèse. J’étais édifié de la confiance qu’il avait eue en moi en me racontant de nouveau toutes les péripéties avec Mgr Dieudonné et SURTOUT de sa réflexion sur sa vie. En fin des comptes, il écrivit une lettre au clergé diocésain, réuni à Ngondi pour les journées sacerdotales que sa décision était irréversible. (Merci Wada pour la sincerité)
-           Quand j’étais à Rome, il me demande de « vider » ses comptes à la banque vaticane (IOR) et récolter quelques billets de chez  ses amis en Allemagne. Chose était faite. Je remets tout le paquet à l’Abbé Jean-Pierre (aujourd’hui S.E. Mgr Jean-Pierre). Celui-ci arrive avec beaucoup d’autres colis et fais arriver aux destinataires. Mais le dernier celui de Wada, quelqu’un de connu, et de lui et de Wada, passe le matin à la 1ere rue et se présente à Mgr JP lui disant que Wada l’a envoyé prendre le courrier. Tout confiant, Mgr le lui donne ; quelques instants après, Wada se présente lui-même en personne « … 7 ans de malheur ! » crierait Capitaine Haddock dans les aventures de Tintin. Wada n’avait délégué personne. Il repart tout de suite à la maison, rien. Il racontera plus tard que le jeune homme était parti le même jour dans un pays africain. « Contristantur » pour Mgr JP et Wada. Yula Mgr JP, yandi mosi yandi tela nge yo.
-           Tu te souviens Claver, Lors des cérémonies de nos sœurs diocésaines (1ers vœux des 1eres sœurs ???), Je viens de Matari sur l’ordre de Mgr l’Evêque pour exercer la charge de Maitre des cérémonies et l’Abbé Wada dirigeait  comme Maitre de Chorale : une synchronisation parfaite, cérémonies religieuses bien réussies. Après cela, à la salle de réception/à manger, il me dit « le travail du Seigneur a été bien accompli, allons manger et boire » ; avec l’Abbé Fidèle Pindi, ils me disent allons-nous mettre près de la porte où la nourriture entre dans la salle ; ainsi nous ne saurons ni en retard pour etre servi, ni oubliés (Permets- moi de rire… kiekiekiekie….). à les (Wada et Pindi) voir  manger et boire, tu dois avoir un grand appétit, racontant des histoires avec des citations en kipelende. (kiekiekiekie) avec ces ceux-là, c’était la fête réussie; yula Fidele Pindi ya tela nge yandi mosi.
-           En fait, depuis que j’enseigne un cours sur la rhétorique et la narrative africaines pour l’interprétation biblique, je pensais enregistrer des conversations avec lui pour l’exploiter scientifiquement. Hélas !!!! hélas !!!!! Hélas !!!!
-           Qu’il soit remercié pour son « etre-avec-nous » et qu’Il repose en paix. 
Claver, je stoppe là pour y penser à lui et à sa famille plus intérieurement.
Salutations et bénédictions à la s.c.
Ntotila"

25 juil. 2017

"Toi qui dors, réveille-toi, car Kaluumbu est mort en sommeil" (Proverbe Kipelende)

Eloge pour un frère et un ami Wada
"Nimba sikama Kaluumbu wu fwila ku kilu"
Félix Manzanza N'Tanda Wada était pour moi d'abord un frère aîné, ensuite un ami. Enfant d'école primaire et plus tard comme adulte, j'ai bien connu sa famille, sa mère, ses sœurs et frères. Ma Mambu et Pele m'ont été les plus proches. La première comme aînée, j'ai rédigé un éloge à sa mort tandis qu'avec mon congénère Pele on jouait au football au champ des tirs. Mes condoléances donc à toute sa famille biologique et spirituelle! 
Je ne saurai dire avec précision quand j'ai vu Wada pour la première fois. Probablement en juillet 65 dans le sillage des Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge, bien avant que je fasse moi-même partie de ce groupe. La seule chose sûre est que je l'ai connu chanteur à la voix d'or à Kenge. Génie musical, il 'était le prototype du petit chanteur, attirant sur lui le regard, la sympathie et l'admiration des visiteurs auditeurs et spectateurs. Mais je n'avais pas eu de relation particulière avec lui avant de le revoir à Kalonda. Il était en quatrième année littéraire quand je commençais la première. Parmi ses condisciples se comptaient entre autres: Dieudonné Mbuya, Odon Kinzi (+), Henri Tamuzi, Kakweni, Melchisédeck Mardouk, Lumbemba, Dieudonné Likibi Lelwi, Justin Mundaba,, Ignace Wawa Mangalaba(+), Bimbala (+), Arthur Muwawa (+), Onésime Kalala, Timothée Mwamba (+), De Mozart Mvunzi, Hubert Masala, Théo Ndula, etc.
Là alors, Félix Manzanza va s'illustrer brillamment comme directeur de chants sous la houlette du Père Christian Van Nijnanten. Je comprendrai d'un témoignage de Liévin Luki qu'il l'avait remplacé à la direction des chants. Il y avait répétition des chants tous les samedis soir, animée par Félix avec un zèle très particulier. Comme beaucoup de mes condisciples, je lui dois pratiquement tous les chants liturgiques appris dans les deux premières années de Kalonda. Animateur sans pareil, et très bon acteur de théâtre, Wada savait faire rire, et surtout improviser de sa belle voix des chansons ou des strophes de circonstances. Tout Kalondais de l'époque connaît: "Ah quelle joie! Mi mi fa mi sol mi mi re! Ah quelle joie! Mi mi! etc." Et se souvient du timbre de la voix de Félix.
La voix de Wada retentit encore à nos oreilles, exécutant l'Exultet, ou la Litanie des Saints lors des ordinations. Son oreille était tellement sensible au temps musical qu'il a noté que le P. Christian mélangeait deux chants lorsque ce dernier mimait: "Yembela Nzambe na nsai, sa itemuka" (sic). Si vous connaissez ces deux chants, vous vous en rendrez compte.
Après la cinquième, Mange comme on l'appelait (surnom issu d'un défenseur de V.Club) a rejoint ses condisciples à Kinzambi relativement en retard parce qu'il avait animé la cérémonie du sous-diaconat de l'abbé Charles Kapende. Après un stage à Nto-Kiese Kenge il entre au grand séminaire de Mayidi qui sera fermé par les évêques en 74-75. Il s'accordera une année libre mais gardera pignon sur rue. Admis à la Faculté Catholique de Théologie de Kinshasa, il aura comme condisciples Firmin Mukwasa (+), Robert Lemba, Benjamain Bwanana (+) et Séraphin Mbenza. Vêture à Kenge en 78, il entre au Théologat de Jean XXIII, Kinshasa, de 77 à 80. Il sera ordonné prêtre avec Benjamin Bwanana  le 9 août 1981 à Kenge, après une année pastorale à la procure de Kenge. Ensuite, il sera envoyé comme excurens à Beno auprès du P. Christian Van Nijnanten avant de s'envoler deux années plus tard pour Rome. Il préparera une licence en exégèse au Biblicum. Pendant ce temps, je lui sers d'intermédiaire pour la correspondance avec sa famille, notamment Maman, sa soeur Mélanie et son neveu Tsumbu au petit séminaire. Plus précisément, j'assure le transfert de l'argent qu'il envoie aux siens via la Procure SVD d'Overijse.
Lors mon congé de juin 85, Wada, Ghislain Mukanu et Jules Ngalula alors grands séminaristes à la Propagande, m'accueillent gentiment à Roma Termini. Je suis ensuite passé le voir au Collège St Pierre, le Père Antoine Verschuur SVD, recteur, était absent. Comme toutes nos rencontres, celle-là était agréable et cordiale. A la fin de ses études bibliques, Félix souhaitait entamer des études de doctorat, mais Mgr Dieudonné M'Sanda a refusé de lui accorder la permission en dépit du soutien appuyé de son recteur. Ce refus a constitué, à mon avis, le point de départ d'un grave conflit qui culminera avec la renonciation au sacerdoce en 1990 de Kaluumbu wu fwila ku kilu". Pour avoir reçu à ce sujet des confidences de ces deux âmes d'heureuse mémoire, je peux confirmer ce qui précède sans transgresser l'intégrité de nos échanges.
(A suivre)

Lu pour vous

FREDDY MULONGO: RD CONGO: Classe politique la plus corrompue et pourrie ! Des troubadours et politicailleurs mafieux ont pris en otage le peuple congolais !

En Afrique et dans le monde: la classe politique congolaise est la plus corrompue et la plus pourrie. A se poser la question, s'il y a vraiment une classe politique en République démocratique du Congo, pays de Lumumba ?
Des chiffonniers qui se battent pour des miettes que l'on leur jette sous la table !
Des troubadours habitués à crier très fort le jour et dans la nuit, comme Nicodème, aller récupérer des cartons d'argent chez Alias Joseph Kabila.
Des roublards et fourbes prêts à faire avaler n'importe quoi au peuple qu'ils sont sensés défendre.
Des caméléons politiques sans convictions qui, au lieu de défendre le peuple, changent et épousent les propositions du régime pour mieux satisfaire leurs instincts bestiaux.
Des girouettes politiques qui tournent au gré du vent et sont prêts à tout pour un maroquin ministériel.
Des traverseurs de rue qui ne cessent de faire des allers-retours entre le pouvoir et la prétendue opposition.

(http://www.reveil-fm.com/index.php/reveil-fm.com2017/07/25/6156-rdcongo-classe-politique-la-plus-corrompue-et-pourrie-des-troubadours-et-politicailleurs-mafieux-ont-pris-en-otage-le-peuple-congolais)

Eloge funèbre de l'abbé HJ Tamuzi pour son ami Félix Manzanza

                       
A toi, très cher ami et frère Félix !
Chères Rosette et enfants,Ya Louis et chère famille. 
Chers amis ! Chers frères et sœurs,
Celui qui nous rassemble, spécialement, depuis le 15 juillet 2017, c’est Félix Manzanza Ntanda Wada Amengoo !

Félix, en latin, signifie : « Heureux ». C’est avec ce prénom de son baptême qu’il avait sa place au milieu de nous et qu’il répondait à nos attentes, nos appels et à notre amour ; et qu’il nous rendait heureux.

Nous étions, nous aussi, « heureux » de l’avoir rencontré, connu, d’avoir grandi avec lui ; partagé de bonnes années jalonnées d’ombre comme de lumière ; il en est ainsi pour toute vie humaine jusqu’à son pèlerinage vers la maison de notre Père des cieux où il s’en va rencontrer ceux et celles qui l’ont aimé ; et ceux et celles qu’il a aimés.

Vous êtes venus nombreux manifester votre amitié à la famille de Félix et partager sa peine. Pour plusieurs parmi nous, cette présence est aussi un témoignage d’espérance. Chrétiens, vous croyez que la mort (qui nous visite et nous bouleverse) n’est pas le dernier mot de la vie et qu’en Jésus Christ, Dieu a ouvert une brèche dans le destin mortel des hommes. C’est le sens de notre rassemblement dans ce lieu. C’est le sens de notre prière ou de nos pensées, de nos convictions.

Puissent ces quelques moments passés ici être des moments de paix. La foi ne rend pas les séparations moins douloureuses. Mais elle nous fait reconnaître la présence à nos côtés du Dieu de tendresse qui, en Jésus Christ, a partagé notre mort. Il se tient près de nous aujourd’hui et l’Eglise va nous redire que la Pâque de Jésus Christ est aussi notre Pâque. Accueillons cette promesse de vie que Dieu nous donne.

Félix, un ancien petit chanteur et danseur de Kenge de réputation mondiale. Quelle voix ! Quelle aisance, Une star ! Un petit enfant, tout simple, talentueux, doux et humble de cœur.

Félix : quel directeur des chants ; compétent, capable, comme le Roi David de louer et chanter son Seigneur par des cantiques et des hymnes, la danse et le tambour. Capable de joindre l’utile à l’agréable dans son animation musicale en y mêlant dans le rythme, de la rumba congolaise. Que des souvenirs !

Henri-Joseph Tamuzi Madiba

23 juil. 2017

Quelques réflexions politiques

J'ai cessé de commenter directement les actualités politiques de notre pays simplement parce que je n'y comprends pas grand chose. A l'allure où vont les choses, tout peut arriver en RDC. Nul, à part peut-etre le pouvoir, ne sait ce qui se combine en ce moment ni ce qui va se passer dans ce pays dans les mois qui viennent. Le bon sens m'interdit toute prédiction rationnellement justifiable. Le pays patauge constamment dans une situation d'incertitudes continuelles. Le pouvoir tient à ses droits de gérer la transition jusqu'à la tenue des élections. Là, rien de clair ne se sait ni ne se présage. On a l'impression de naviguer sans boussole. L'Opposition étant devenue inexistante, c'est souvent ses dissidents qui sont pêchés par les tenants du pouvoir pour être placés à des postes de responsabilités. On dirait qu'un des critères pour obtenir un poste, lorsque l'on appartient à l'Opposition, est de se désolidariser publiquement des dispositions de ce groupe politique. Il ne faut pas de la magie pour faire ce constat récurrent. On l'a vu avec Samy Badibanga, Bruno Tshibala; on le voit encore aujourd'hui avec Olengankoy. Tous ces personnages appartenaient auparavant à l'Opposition, mais s'en sont distancés d'une façon ou d'une autre. Dans un geste de prestidigitation dont il détient le secret, le pouvoir se frotte les mains en tirant les marionnettes à son gré et en les présentant comme membres de l'Opposition. Les opposants purs et durs, inflexibles et intègres, ne sont jamais repris sur la liste des élus. L'Accord dit de la Saint Sylvestre est vidé de sa substance tandis que certains en réclament l'application, sans conviction ni persuasion. Le pays se retrouve avec des institutions qui fonctionnent sans véritables bases constitutionnelles puisqu'elles sont toutes hors mandat. Cette crise des institutions crée en réalité un état d'ingouvernabilité quoique les apparences trompent. L'alternative démocratique tant souhaitée n'est jusqu'à preuve du contraire que lettre morte. Entre-temps on continue l'enrôlement pour des élections non annoncées. Cela dépasse franchement tout entendement. 
Définissez, s'il vous plait, ce qu'est en dernière analyse la politique. Un jeu de dupes. Calcul, stratégie d'acquisition ou de conservation du pouvoir. Rien de plus. Nos autorités ne semblent pas se rendre compte des dégâts que leur insouciance du bien public et leur cupidité causent à notre peuple. C'est une grave responsabilité devant l'histoire.
  

16 juil. 2017

Félix Manzanza Wada, la voix d'or s'est tue 2

Echange SKYPE entre l'abbé Michel N'Gob et moi ce 16 juillet 2017 (soir). J'ai supprimé deux hors-textes. Le dialogue écrit est authentique, spontané. Je n'ai absolument rien changé aux textes.

"CLAVER (15 juillet)
Abbé Mich, je viens d'apprendre la mort à Kin de Wada. Paix à son âme!
A. MICHEL (16 juillet)
Bonsoir Claver; tout justement j'étais sur le point de te l'annoncer, car hier j'ai été trop pris avec la famille chrétienne dont je suis l'aumônier; c'est pratiquement toute la semaine que je suis avec elle, depuis mardi. Effectivement hier vers 16h40', Mbuya Dieudonné m'appellera pour m'annoncer que c'est depuis près de vingt minutes que son frère lui annonçait la mort de Wada interné dans une Clinique où le Petit frère de Mbuya travaille; c'est le taux élevé de sucre. Dommage pour Félix; je n'avais jamais appris avant qu'il souffrait de diabète. Nous ne pouvons que accepter l'irréparable et nous prions pour son âme. Paix donc à son âme. (...) Et comment vas-tu toi? Je vais annoncer la nouvelle aussi à l'Abbé Tamuzi, s'il ne le sait pas encore.
CLAVER
Dur pour nous tous. Je savais qu'il avait des problèmes de santé mais pas au point qu'il meure si tôt. Soit si telle était la volonté divine. Je suis en contact avec Henri qui est très affecté par cette mort. Je lui ai parlé hier. Aujourd'hui je lui ai fait un SMS faute de mieux. (...) Union de prières !
A. MICHEL
Merci Claver. Oui! je le savais pour Henri si attaché à Félix; c'est ce genre de prêtres du Nord et anciens séminaristes du Nord qui ont su dépasser le clivage de Nord-Sud. C'est comme Kalala Onésime à la mort de Mwamba Timothée; d'ailleurs Mwamba est mort entre ses mains. Pour Henri, je viens de lui envoyer un message aussi par Skype; il n'a pas pu prendre, je me dis, la douleur étant très profonde. J'ai le cœur en mal devant cela.
CLAVER
Sais tu qu'une fille de Wada s'appelle "Taman" ie Tamuzi Manzanza? C'est les meilleurs amis.
A. MICHEL 
Oui! Ils portaient tous deux le nom de "Wada" et Henri avait ajouté au sien "Blin", ce qui faisait "Wadablin". C'est tout un symbole, Claver. Un monde qui s'écroule alors avec la disparition de Félix.
CLAVER
Tu t'en souviens encore? A la procure de K, septembre 75, "Wadablin!" Et il répondait "Ebli". Hier encore nous en avons parlé avec Séraphin Kiosi. Oui c'est un monde qui s'écroule.
A. MICHEL
Oui! Je m'en souviens très bien. Félix n'a pas disparu de nos mémoires et de nos nombreux souvenirs. Dommage! Mais tu comprends que nous ne savons pas à qui il faut faire des condoléances
CLAVER
Comme je l'ai écrit à D Mbuya, les condoléances sont mutuelles. Wada c'est nous tous. La douleur nous touche tous.
A. MICHEL
Tout à fait! Tu as bien raison!
CLAVER
J'espère que le programme des obsèques sera connu d'ici là. Cela facilitera les contributions. "

Félix Manzanza Wada: la voix d'or s'est tue 1

15 juillet 2017. Il est 15 heures lorsque je lis: "Mbuta Mawhoko m'informe de la mort de l'abbé Félix Manzanza à Kinshasa" (sic).  Ce message est signé Bernardin Mbuku depuis Bruxelles. Surprise, silence. Premier réflexe: je guette sur Facebook ou Messenger si je peux vérifier la nouvelle. Par un heureux hasard, Bernardin est en ligne sur Messenger. Il commente que le vieux Mawhoko a reçu la nouvelle de Pashi Bay qui, lui, a été contacté par les gens de Kinshasa. Quelques minutes plus tard, c'est de Kenge que je reçois: "Ya C. J'apprends que A. Manzanza Wada me fwa na Kin". C'est alors que je décide de placer un message sur Facebook: "Felix Manzanza Wada est décédé à Kin. Prions pour le repos de son âme!" Les réactions n'ont pas tardé.
Puis tout de suite, j'ai pensé à son alter ego: l'abbé Henri-Joseph Tamuzi Madiba que je joins sur Skype. Lui aussi venait d'apprendre la triste nouvelle. Enrico est en pleurs, affecté, courageux mais abattu: "Lufwa ya Wada me zenga mono makulu. Wada ce n'est pas n'importe qui pour moi. Tu ne peux pas imaginer la profondeur de ma douleur, etc." On parle de bons vieux souvenirs. S'agissant d'une action commune à mener dans ce sens, il se plaint de l'égoïsme qui frappe la jeune génération des ses confrères, plus soucieux de doctorats mais peu enclins à assister les autres en difficulté. Mais l'heure est plutôt à la méditation, au recueillement et à la pensée pour l'ami et frère Wada-Blin. J'y reviendrai dans l'article suivant. Pendant que nous parlons, c'est Séraphin Kiosi qui m'appelle sur Imo. Connexion difficile: Enrico préfère que je prenne Séra et que je le rappelle peu après. Ce dernier s'étonne que moi qui suis à la Barbade sois déjà informé d'un événement qui se passe presque sous son nez. "Je suis connecté" que je lui réponds. Pendant que nous parlons, il reçoit un SMS de Noël Matonga confirmant le décès. J'ai donc rappelé Enrico pour l'encourager à tenir bon dans cette épreuve.
Beaucoup de personnes ont réagi d'Europe, des Amériques et du Congo sur Facebook ou m'ont appelé sur Skype, Imo, Viber pour partager cette douleur avec moi. Comment est-il mort? Telle est la question qui revenait souvent mais à laquelle je ne savais quoi répondre. J'ai dormi en passant à tout ce que j'ai vécu avec Wada, jusqu'à notre dernière rencontre au deuil d'Alida en août 2015. Tellement des choses à dire que je ne saurais par où commencer.
Jusqu'à ce matin cependant, je ne savais pas de quoi il est mort. C'est sur Facebook que Pashi Bay donnera une précision, réagissant à une question d'Evariste Pini-Pini: "Crise de diabète suivie d'une prise en charge dans un dispensaire de Kingasani vendredi et décès samedi". Entendez samedi 15 juillet. Dans un autre message, Bay continue: "Bonjour CLAVER. Pour plus de précisions ,tu peux appeler JUIF MBUYA +243 815 026 525 OU +243 992 229 552". L'ainé Dieudonné Mbuya m'a cordialement répondu: "Mon frère, il est mort de diabète. Je vais chez lui."
Oui, Wada n'est plus de ce monde. Félix Manzanza, Mangé, la voix d'or qui a résonné à Kenge, Kalonda, Kinzambi, Mayidi, Kinshasa, Beno, Rome, en Italie et en Suisse, s'est tue à jamais; mais elle demeure éternellement présente dans notre mémoire. Pieuse pensée pour sa famille biologique et spirituelle. Qu'elle supporte avec foi et pauvreté de cœur cette douloureuse épreuve qu'est la mort de Félix. Paix à son âme!

14 juil. 2017

Horrifié par ce que j'entends et lis

"Tir nourri au Marché Central, Mama Yemo bibembe moyen te. Je quitte la ville. Administrateur Marché Central tué avec plusieurs policiers." (Source: Bruxelles).
Les réseaux sociaux diffusent une nouvelle horrible: un carnage aurait eu lieu ce jour au grand marché de Kinshasa. Et que la responsable de ce marché aurait été tuée, décapitée et dépiécée. On parle même d'une insurrection de Bundu dia Kongo. Des armes auraient crépité abondamment dans certains quartiers attenants au marché, semant la terreur dans la ville entière au fil de déplacement des gens. Allez-y savoir la vérité! C'est une chose incroyable qu'on décapite une personne pour des raisons de violence politique ou sociale. La cruauté touche des dimensions inouïes, inconcevables et inacceptables dans notre pays. Et comme j'écrivais hier sur d'autres événements semblables: "Trop de sang coule en RDC".
Une animosité autour des élections non organisées mais pour lesquelles on exige des gens qu'ils s'enrôlent. Faute de quoi, ils sont incarcérés, extorqués de leurs biens, téléphones et monnaies. Il y aurait des couvre-feux à partir de 20 heures dans toutes les artères de la capitale. Ce qui, au lieu de rassurer la population, provoque une insécurité terrible dans la population. Difficile dans ces conditions de faire une analyse sereine des événements. Le pays se dirige vers un inconnu sans pareil, sans visage ni ombre. Le déblayage du paysage politique amorcé par les évêques de la Cenco n'a mené à rien de concret qu'à confirmer le Président de la République dans ses fonctions jusqu'à la tenue des élections. Parlement, sénat, autorités provinciales sont tous fin mandat, et rien ne présage un prompt rétablissement de la situation. En fait, rien n'est organisé. Une autre façon d'entériner le fameux glissement tant décrié jadis par l'Opposition, car il n'y a toujours aucun calendrier électoral quoique la population s'enrôle activement. Vous avez dit "Opposition"?
Qu'est devenue au fait l'Opposition dans notre pays? Entre-temps, contre vents et marées, le gouvernement Bruno Tshibala s'est installé solidement et incontestablement alors qu'on lui comptait des jours. On n'entend plus les tenants de la ligne dure de l'Opposition poser des revendications. Que sont-ils devenus? Que sont devenus ceux qui prônaient l'option radicale? Infiltrée, rançonnée, intimidée, fragilisée dans ses manœuvres politiques, l'Opposition semble avoir perdu ses repères. Dommage en termes démocratiques car l'Opposition à mon sens a un rôle prépondérant dans l'appréciation du travail du pouvoir. L'Opposition, c'est en quelque sorte le contre-courant du pouvoir; il lui revient de contester les options du pouvoir en vue d'une vision plus équilibrée de la chose politique. Le danger est justement d'avoir un pouvoir sans opposition, sans contre-discours ni mécanisme de rappel à l'ordre. Le rôle d'arbitrage et de contrôle de l'Opposition est reconnu dans toute démocratie qui se respecte. Encore faudrait-il se demander si on ne ferait pas mieux de renoncer à cette prétention démocratique qui frise l'imposture. Ma définition de la politique en quelque sorte. Pour moi, une démocratie qui sème la violence et tue le peuple n'en est plus une.
"Trop de sang coule dans notre pays." Cela doit cesser. Des innocents meurent impunément sans que justice leur soit rendue. Je crains que les semaines qui viennent ne soient encore plus meurtrières, tellement la nervosité est visible aussi bien du côté des forces de l'ordre que du côté de la population pour qui la hausse du dollars constitue un autre cauchemar. Je suis vraiment horrifié par ce que j'entends et lis à propos de notre cher pays. Kyrie, eleison!
    

Des relations humaines

La paix est essentielle dans les relations et il existe plusieurs expressions pour faire la paix. Elles ouvrent toutes l'esprit à la réconciliation, au pardon, à l'oubli voire à l'effacement de l'événement malencontreux à la base de la dissension. "On fume le calumet de la paix", expression consacrée dans un certain milieux. Les relations humaines sont loin d'être parfaites, elles sont ouées à des temps hauts et bas, forts et faibles, selon les tempéraments des personnes. Que des fois sommes-nous étonnés d'apprendre qu'un tel et une telle ont divorcé? Qu'un tel s'est marié deux, trois voire six fois ou plus. Les mariages de Donna Summer, quoique motivées par des intérêts de dot, sont demeurés fameux. Des amitiés se font et se défont au rythme du temps, des intérêts et des circonstances. On vous fréquente lorsque vous possédez des biens et de l'argent. On ne regarde même pas un pauvre mendiant et démuni de tout. Vous voulez faire la paix entre des individus, il faudrait connaître la cause qui, souvent se résument, à la jalousie et à l'incompatibilité de caractères. Mû par l'appât du gain et de l'enrichissement facile, on déteste avec force celui ou celle qui possède plus que soi. 
Peu de gens sont indifférents à la richesse. La société ouvre grandes les portes à ceux et celles qui possèdent. On va à l'école pour s'enrichir plus tard.  On vous pèse sur une échelle sociale imaginaire et émotionnelle. Le respect qu'on vous voue est dû à votre rang social. Le métier que vous exercez compte également beaucoup. "Patron, mvwama, mopao, tycoon, taatu, maamu, boss des boss, grand pétrolier, mwana moke na bamoyen na ye, et j'en passe."Tout ça, parce qu'on nous a inculqué que la valeur d'une personne dépend de ce qu'elle possède en liquides, en biens meubles et immeubles. Et les relations évoluent en fonction de la richesse. Il n'y a qu'à circuler dans les rues de Kinshasa pour vous en rendre compte. Le pauvre n'a pas de place ou mieux il n'y a pas de place pour le pauvre. Et on ignore souvent que la pauvreté matérielle n'est pas forcément synonyme de malheur. Des personnes scandaleusement riches sont parfois plus malheureuses que les plus démunies ou les laissés pour compte. 
Quelqu'un s'étonnait d'être soudain considéré comme très proche par un autre avec qui il a grandi mais sans relations spéciales. Les relations, c'est aussi une question du temps et du milieu. Je prends toujours l'image de la musique de Wenge que j'ai été presque sommé d'aimer lors d'un voyage qui m'amèna de Munich à Louvain-La-Neuve. A force de l'écouter, j'ai fini par l'apprécier alors qu'elle ne me disait rien auparavant. Alors rien du tout. Ainsi en est-ils des liens entre individus.  Le temps passé n'était peut-être pas propice à une bonne entente entre les deux individus. Si des amis peuvent devenir des ennemis, pourquoi des ennemis ne peuvent-ils pas devenir les meilleurs amis du monde? La courbe des relations humaines est imprévisible. 

13 juil. 2017

14 juillet: Le jour de gloire est arrivé!

Gloire et honneur au peuple français en ce jour commémoratif de la prise de la Bastille. La Révolution Française fut un événement qui marqua à jamais l'histoire de France. Vive la République de la Fraternité, de l'Egalité et de la Liberté. Vive la France! Ce pays s'est forgé une place importante sur l'échiquier mondial. De colonial et d'impérial, il s'est hissé grâce à la Francophonie au sommet de la culture et de la politique globalisées. Le génie français n'est pas un vain mot; il représente une histoire, une civilisation et une mentalité uniques dans l'évolution du monde. Hommages aux descendants des ancêtres Gaulois! 

Trop de sang coule dans notre pays

On découvre régulièrement des fosses communes en RDC. Hier, c'était à Kinshasa, avant-hier à Beni; aujourd'hui dans le Kasaï. Plusieurs questions me viennent à l'esprit. Qui sont ces tués ou ces morts? Dans quelles circonstances sont-ils morts massivement pour qu'ils soient ensevelis dans des fosses communes? Par qui ont-ils été tués? Pourquoi sont-ils morts? Pendant ce même temps, deux expatriés qui ont osé y mener des enquêtes ont été éliminés dans des conditions non élucidées. Le gouvernement congolais s'en prend aux rebelles de Kamwina Nsapu, alors que ceux-ci accusent l'armée nationale de commettre des crimes. Où est la vérité? Quelles sont les revendications de ces Kasaïens pour qu'ils s'en prennent aussi bien à l'armée régulière qu'à des experts étrangers? Pourquoi cette région devient tout à coup un centre d'intérêt et de révolte alors qu'on n'entendait parler de troubles que du côté du Kivu? Saura-t-on jamais la vérité? Je m'en doute parce que les événements sont trop politisés, donc obscurcis, pour qu'ils soient tirés au clair.
Vraies ou fausses, toutes ces découvertes de fosses communes montrent une chose évidente: "trop de sang coule dans notre pays". Il y en a tellement trop que ni le gouvernement ni l'opposition ni les rebelles ne savent en rendre compte. Ces tués par balles sont mis dans des fausses communes afin de dissimuler les forfaits des tortionnaires bénéficiaires de ces massacres. La fin est clairement politique. Dans les réseaux sociaux, on apprend que ces massacres sont dus à la résistance des populations locales face à des multinationales qui auraient reçu l'autorisation d'exploiter des ressources naturelles ou minérales de cette région, et de ce fait, de déplacer la population locale. Leur résistance justifierait l'usage de la force meurtrière. Il y aurait tellement d'intérêts économiques que seule l'annihilation de la population permettrait à ces capitalistes sans coeur et leurs parains locaux d'exploiter librement ces richesses. Des villages entiers seraient rasés, brûlés et cruellement vidés de leurs habitants. Où est la vérité? J'ai appris à ne plus m'étonner de rien. La violence fait partie de notre quotidien.
Vraies ou fausses, ces découvertes montrent l'incapacité de nos autorités d'assurer la paix et la protection de la population sur toute l'étendue de la république. Il existe partout des poches de tueries. A l'intérieur, des vastes espaces sont sans sécurité. Ce n'est pas nouveau. J'ai déjà été victime d'une attaque sur les plateaux de la rivière Kwango. C'était le 29 juin 92; on était avec le Fr Simon Van Steen SVD et le chauffeur Zoro Musitu à bord d'une jeep Land Rover. Là c'était des bandits en uniformes militaires. Imaginez la scène lorsqu'il s'agit d'une bande de soldats armés, ivres et drogués, et ce qu'ils peuvent causer comme dégâts humains et matériels sur une population livrée à elle même. Nous avons le devoir, en dénonçant le mal à la racine, d'aider les autorités à garantir la paix à tous les citoyens. C'est leur légitime responsabilité.
"Trop de sang coule dans notre pays." C'est indiscutable, évident. Qu'on découvre des sépultures communes dans un pays où les morts "étaient" sacrés, ne peut que laisser perplexe. En fait, il y a plus de morts, donc des sépultures, qu'on nous cache, et dont l'existence n'est connue que lorsque la presse internationale en parle. Il est émouvant de constater que la population n'est pas du tout protégée, qu'elle est exposée aux attaques d'ennemis sans que l'armée régulière, au cas où elle n'en serait pas commanditaire ni complice, fasse quoi que ce soit pour la défendre. Il n'est malheureusement pas permis de réfléchir sur de telles tragédies, surtout pas à haute voix; il faudrait seulement regarder sans parler.
Messieurs de l'armée, messieurs les rebelles, arrêtez ces massacres d'innocents! Stoppez ce bain de sang!

12 juil. 2017

Leçons de Kenge

Mon séjour du 2 au 22 juin à Kenge a été une occasion non seulement de renouer avec mon passé, mais aussi de poser des jalons pour l'avenir. J'espère que les autorités de mon université me permettront encore une fois d'honorer cet engagement patriotique. 
1. Renouer avec mon passé. Le hangar dans lequel est implanté l'ISP Kenge, je l'ai connu enfant-élève de l'école primaire alors que je participais à des séances de productions culturelles dans le cadre des Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge. Il y a des patins sur lesquels on glissait du haut vers le bas. Mais je me suis finalement rendu compte que la descente jadis assez élevée n'est plus aussi abrupte que je le croyais. Le sable occupant le plus de place  aplanit tout. Mais la charpente métallique est demeurée intacte, la toiture a vieilli mais tient encore. C'était comme rentrer dans un sanctuaire où l'on retrouve des reliques autrefois tenues pour sacrées et vénérées.
A titre symbolique, revenir cinquante ans plus tard sur le lieu de mon éveil à la vie réelle. Kenge a constitué à plusieurs égards une école de la vie pour moi. Je découvrais la valeur de l'amour et de la famille. De revoir par exemple le Vieux Léopard a été pour moi un moment hautement significatif: je revoyais Mozande, les amis et aînés d'enfance. Car cet homme est une bibliothèque pour Kenge, il sait tout, connaît tout. Fils de Kenge, il en incarne les coins et recoins. "Bana ya Tshokuta me baka Mozande, yo kele diaka ve mpila yo vandaka ve."
2. Poser des jalons pour l'avenir. Il était temps que je travaille pour la jeunesse de ma province natale. Je n'ai certes rien apporté de neuf, j'ai par ma présence encouragé les jeunes à croire en eux-mêmes et à cultiver le sens de l'excellence. Les étudiants étaient très enthousiastes de me voir enseigner à partir de mes propres livres. J'ai fait d'eux mes lecteurs, les lecteurs de mes livres et articles publiés en éditions. J'ai fait don à la bibliothèque de l'ISPE Kenge de tous les livres que j'avais amenés pour mes cours. Ayant remarqué que la bibliothèque de l'UWI Cave Hill se débarrasse de beaucoup d'ouvrages en français pour des raisons d'espace, de vétusté ou de commodité, j'ai décidé de suggérer que certains de ces manuels soient récupérés en faveur de Kenge. La démarche est amorcée, j'attends une réponse officielle qui ne devrait pas tarder. Il se posera certes un problème de transport ou d'expédition de ces matériels, mais on trouvera assurément une solution. D'autres collègues me conseillent de faire un projet en bonne et due forme auprès d'institutions internationales afin d'obtenir de livres neufs. L'idée est acceptable. Nous allons donc explorer toutes ces possibilités et décider en conséquence.
3. Comme on peut le constater, le problème de Kenge en matière d'enseignement supérieur relève de l'infrastructure matérielle et humaine. Les équipements ne sont ni suffisants, ni appropriés ni adéquats; le personnel académique et administratif mérite d'être formé afin d'améliorer la qualité de leur rendement. Ces conditions difficiles de travail ne doivent pas détourner de la poursuite de l'excellence. Quant au niveau des étudiants, il peut être amélioré par une bonne sélection, des programmes bien ciblés et des exigences plus strictes dans l'application du curriculum. Les étudiants doivent être formés au raisonnement critique et à la libre pensée, plutôt qu'à régurgiter fidèlement les notes des syllabus. Au bon vieux temps, on disait "apprendre à apprendre" par soi-même. La lecture d'ouvrages fondamentaux  est essentielle dans toute formation sérieuse.
4. Leçons de Kenge. Je suis rentré de Kenge avec le sentiment d'un devoir non accompli. C'est comme si j'étais passé à côté de la plaque. Insatisfaction légitime! Le temps est passé très vite; les cours ont été enseignés à une vitesse qui n'a pas laissé aux étudiants la possibilité d'assimiler la matière. Ils ont certes lu ce que j'ai recommandé sans forcément aller au fond des sources. J'estime toutefois que c'est une première expérience qui mérité d'être suivie d'une autre. A l'avenir, je m'organiserai en conséquence; je ne serai ni surpris par le caractère insolite de l'environnement académique ni débordé par l'ampleur du travail. J'aurais pu me retrouver à Berlin, mais j'ai choisi Kenge. Et ce que j'ai vu et vécu à Kenge, se passe sûrement aussi ailleurs, au Congo et peut-être en Afrique. Ce n'est pas unique. Je reviens d'une école de la vie: je félicite mes collègues qui triment pour former notre jeunesse. J'ai été impressionné par leur engagement et leur sens pratique. Je félicite les étudiants pour leur persévérance, leur zèle et leur volonté d'apprendre.

Joyeux anniversaire Béa

Une pensée toute spéciale pour ma soeur Béa avec qui j'ai partagé ma tendre enfance. Ça signifie que je me souviens encore de l'époque où nous étions encore les deux seuls enfants de cette famille qui, plus tard, en compta neuf. Mère et grand-mère aujourd'hui, qu'elle reçoive grâces et bénédictiions abondantes de la part du Seigneur.
Buna bwa bukheti Musunda!

9 juil. 2017

Professeur Abiola Irele (1936-2017) in memoriam

2 juillet 2017. Il est décédé le 2.7 mais c'est pendant la conférence de l'AFTA (African Theatre Association) que j'ai appris la mort du professeur Abiola Irele. Paix à son âme! Je retiens de lui qu'il a été un très grand critique littéraire qui a défendu L S Senghor attaqué de tous les côtés et sur qui ce dernier s'est appuyé pour son argumentation. Nigérian, donc anglophone, Irele a maîtrisé la littérature francophone d'Afrique et de la Caraïbe mieux que beaucoup de francophone. Le premier peut-être à avoir obtenu un doctorat français. Sa contribution à la diffusion de la littérature africaine est considérable.
J'ai eu le privilège de collaborer avec Abiola Irele à deux reprises. La première fois, en 2006, le comité du Colloque Léopold Senghor que je présidais l'a invité comme conférencier principal au colloque. Il était des nôtres à Cave Hill en octobre 2006. Je me souviendrai toujours du Tour de l'île que nous avons effectué avec les conférenciers et dont il était particulièrement satisfait. Le professeur de Harvard University était tellement pris par ses engagements qu'Isabelle Constant et moi n'avions pas réussi à obtenir ni à publier son discours inaugural du colloque dans Négritude: Legacy and Present Relevance (2009). Mais il n'a pas manqué de citer ces actes dans son livre: The Negritude Moment: Explorations in Francophone African and Caribbean Literature and Thought (Indiana UP, 2011).  Il est revenu en mars 2008 pour la défense de la thèse de Jennifer Hurley dont j'étais le superviseur. C'est dire que j'ai hautement respecté et apprécié le chercheur et critique littéraire qu'a été Irele. J'ai par la suite eu des échanges avec lui sur des sujets divers et dans des circonstances diverses. Je suspecte sans en être sûr qu'il a été un des évaluateurs de mes publications pour le professorat. Je ne saurais confirmer cette présomption car la procédure de promotion est confidentielle.
A une époque donnée, nous voulions inviter Wole Soyinka à un colloque à la Barbade. Abiola Irele m'a gentiment transmis le contact de son agent, à défaut de celui du lauréat du Prix Nobel. Ce qui est compréhensible. Il a pris le soin de m'avertir qu'il fallait prévoir un voyage en première classe, un logement dans un hôtel 5 étoiles et au moins 5000 USD d'honoraire. Le projet n'a pas abouti.
Pour la petite histoire des coulisses, en 2006, lorsque nous avions publié son poster, la première photo représentait Chinua Achebe plutôt qu'Abiola Irele. Le technicien ne s'est douté de rien. Un collègue historien, Dr Richard Goodridge, a tout de suite détecté l'erreur et nous a sauvés de l'embarras que nous aurait causés cette méprise. On a eu un colloque impeccable. Je dois avouer que je perds un mentor, surtout un ami qui a consacré quelques moments de sa vie pour moi. Pour quoi je dis: Merci Abiola!
Il ne me reste qu'à m'unir à sa famille biologique et à la communauté intellectuelle africaine pour rendre hommage à Abiola Irele, un pionnier dans la lecture des textes africains et caribéens. Que le Dieu de nos ancêtres l'accueille dans la paix de son royaume!

Abiola Irele

    Abiola Irele: 1936-2017 by Adéléké Adéẹ̀kọ́
    <https://networks.h-net.org/user/login?destination=node/185756>

by Olabode Ibironke

*/"the elephant is more than something of which one says, ‘I caught a
fleeting glimpse;’ if one saw an elephant, one should say so."/*

The African Literature Association regrets to announce the death of
Professor Francis Abiola Irele, 17th president of the association
(1991), and recipient, in 2015, of its highest service honor, the
Distinguished Membership Award. Resilient eminence are the two words
that come to mind when one reflects on the life and work of Professor
Abiola Irele, doyen of African literary and cultural theory and
criticism, publisher of note, frontline academic editor, great teacher,
category-bending anthology maker, and one of the deepest among
Africanist thinkers. Indeed, to describe Professor Irele as one with an
inexhaustible fund of achievement epithets will be far from an
overstatement. African Literature just got poorer with his passing.
World Literature has just lost one of its cardinal bearings.

Abiola Irele’s legacy is vast and deep. He read fluently and wrote
dexterously across many  modern literary traditions, earning advanced
degrees at the University of Paris in French, and becoming one of the
most important proponents of Francophone writing of the last half a
century, often in predominantly English and Anglophone university
environments in Africa, the United States, the Caribbean, and Europe. As
professor, mentor, and administrator, he was at the forefront of the
struggle to make African imagination the centerpiece of high scholarship
at Ibadan, Legon, Ife, Dakar, Ohio State, Cambridge (UK), Harvard, and
Kwara State University (Nigeria) where he served as the founding Provost
of Humanities and Social Sciences. Perhaps because he saw as imperative
the need to construct a unified African imagination, he also brought the
most sophisticated critical reading apparatuses to the study of
literatures and oratures in African languages.

Irele’s many essays and numerous books on négritude, including /The
African Experience in Literature & Ideology,/ remain the beginning point
for studying that foundational literary movement in modern African
Literature. The historical approach in /The African Imagination/ is
magisterial. His editions of Achebe’s /Things Fall Apart/ and Aimé
Césaire’s classic of négritude, French, modernist poetry, /Cahier d'un
Retour au Pays Natal/ are praised ceaselessly by all. The /Norton
Anthology of World Literature/ that he co-edited with other scholars
lives up to the world coverage ambition of its title.

Of course, Abiola Irele can never leave us. How can Irele be said to
have left us when the records of his work as editor stare us in the face
at /Benin Review/, /Research in African Literatures/, /Transition, and
Savannah Review/. Abiola Irele cannot be said to have left us, as long
as we remember that his New Horn Press introduced Harry Garuba to the
world, gave us the first glimpse into Femi Osofisan's fiction in /Kolera
Kolej/, brought Sembene Ousmane's /Money Order/ to the Yorùbá reading
(and speaking) world as /Sọ̀wédowó/, and midwifed the Yorùbá language
translation of Chinua Achebe’s /Things Fall Apart/ as /Ìgbésí Ayé
Okonkwo/. Abiola Irele shall continue to live at the annual Abiola Irele
Seminar in Theory and Criticism at Nigeria’s Kwara State University.
Every aspect of the institution of literature making, physical and
intellectual, gained some substantial inheritance from Abiola Irele.

To his immediate family, we extend our deep sympathies and pray that the
memories of his time here on earth bring them comfort at this time.

7 juil. 2017

Simone Veil, une grande dame

5 juillet 2017. La France entière vient de rendre un vibrant  hommage à l'une de ses meilleures voix féminines. Simone Veil, une rescapée du nazisme, femme politique dont le rayonnement a dépassé les frontières françaises et européennes, était simplement une grande dame. Au-delà de ses convictions et options fondamentales, Mme Veil était unanimément respectée et honorée de ses compatriotes. Je joins mon éloge à celui de beaucoup d'autres qui la saluent pour son courage, sa constance et son sens humain de la vie. Paix à son âme! 

5 juil. 2017

Les foufous de Kenge

J'ai déjà mentionné ce sujet précédemment. Depuis près de quarante ans, je n'ai jamais consommé autant de foufou en un laps de temps que ce que j'ai pris cette fois à Kenge. Midi à Procure et le soir au camp ONL, le foufou était au menu pendant trois semaines, accompagné de pondu, mfumbwa, ngai-ngai, champignons, poissons, makayabu, mbwengi, viandes de bœuf ou poulet, etc. Sauf une fois quand on m'a apporte des ignames. Presque tous les soirs, des parentes, amies et associées, m'amenaient du foufou. Ma cousine Ma Kitu était imbattable à ce jeu de générosité. Ma tante Odette m'offrait plutôt des denrées genre dessert: cacahuète, ananas, igname... en très grande quantité. Au début, je confiais les plats au réfectoire de la Procure. Mais il y avait tellement de foufous que j'ai décidé de les partager avec mes étudiants, étant convaincu que ces derniers en avaient plus besoin que les abbés de la Procure. Ainsi, je les invitais à venir, pendant la pause de midi ou après 17 heures à participer à cette table spontanée, apprêtée par des âmes très généreuses. D'autres, dans l'engouement de l'entourage, m'en ont promis, sans réaliser leurs promesses. Cela fait aussi partie de notre monde humain. Soit.
Les étudiants étaient impressionnés que j'aie à deux reprises partagé ce repas avec eux. "Un professeur qui mangent le foufou à la main avec ses assistants et ses étudiants", s'est étonné un. Pourquoi pas? Le vieux Mabana n'aurait pas accepté cela, je le sais. Je l'ai fait, le monde ne s'est pas effondré, et le soleil s'est de nouveau levé. Je crois que je n'aurais jamais agi de la sorte si je n'avais opéré en moi même un profond changement d'attitude vis-à-vis de la vie.
Le soir du 10 juin, j''étais supposé aller à une rencontre de famille chez un aîné cousin qui n'a pas bien organisé les choses. Je suis resté dans l'attente d'une confirmation, je tentais de le joindre au portable sans succès. Dès que j'ai eu la certitude que la rencontre avait foiré, j'ai résolu de recourir à un foufou-surprise que j'ai partagé avec des visiteurs. J'ai par contre eu une réunion de famille réussie chez mon cousin préfet-pasteur Richard Mbangi Manzanza. Aucune fois, j'ai pris du riz, de la pomme de terre ou encre des pâtes. Bref, j'ai été soigné, c'est le cas de le dire, davantage au foufou plutôt qu'aux petits oignons. Vive la cuisine de Kenge!

De retour à Bim

Que c'est beau de retourner chez soi, de retrouver sa petite société civile! Les enfants ont grandi physiquement et spirituellement. Après un repos le samedi où j'ai quand même eu à conduire Claver à son piano et à passer retirer le courrier au campus, je me suis remis dans l'ambiance des Antilles. Si la journée précédente était pluvieuse, celle du dimanche a connu un retour de soleil. A la paroisse St Francis, il y avait un Barbecue organisé pour dire adieu à ceux qui quittent la Barbade. Parmi ces départs, il y avait Sharon et Laureen, la responsable de la chorale où Madeleine et Claver Jr.  Une agape fraterna nous a tous réunis pour ce grand moment où chantent la paroisse rend hommage à ses paroissiens et à ceux qui l'animent. Tout était tellement bien organisé que le repas était fini avant 14 heures. Il faut savoir partir, une leçon pour tous.
De retour à la maison, j'ai profité du beau temps pour couper la pelouse dans notre concession. En roulant la tondeuse sur la mauvaise herbe, j'ai d'abord pensé à l'homme qui faisait ce boulot à Kalonda. Par contre, j'ai pensé à la coupe de cheveux, y trouvant des significations et des sensations à la fois insoupçonnées et inappropriées. La similitude était vraiment surprenante, révélatrice. Voilà bientôt dix ans que je m'adonne à cet exercice, et pourtant, je n'y avais jamais songé. Peut-être parce que c'est la première fois que c'était aussi broussailleux. Psys, à vos notes!
Pour clôturer la journée en beauté, je suis descendu à la plage de Folkstone pour une baignade en mer. La plage m'a énormément manqué, je dois l'avouer. Le tableau caribéen étant reconstitué, j'étais prêt pour commencer la semaine et reprendre mes activités habituelles.
Du 6 au 9 juillet a lieu une grande conférence. L'Association Africaine du Théâtre tient à la Barbade sa conférence annuelle. Une centaine de présentations. Parmi les conférenciers invités, une amie sud-africaine connue depuis Berlin, Philippa Yaa De Villiers de Wits University. Faisant partie du comité organisateur, il est évident que j'aie soutenu la proposition dès que le Chair a mentionné son nom. Moi-même, je présenterai un exposé intitulé: "Migration, Politics and Gender Issues in La Sorcière aux tendres bombes", le vendredi 7 juillet.

2 juil. 2017

Dimanche 4 juin 2017 à Kenge

Kenge, 4 juin. Il est 8h35 lorsque j'entre à l'église Notre-Dame pour la messe de 8h30. Arrivé la veille dans les enceintes de la Procure de Kenge qui fut jadis ma demeure, je n'ai pas vraiment eu le temps de m'accommoder à cet espace vieilli et modernisé. Vieilli à cause de la vétusté des bâtiments dont la couche de peinture s'édulcore à vue d'oeil. Modernisé à cause des nouvelles constructions qui émergent du sable caractéristique de Kenge. Je suis toutefois ému par le changement superficiel des décors qui me furent jadis familiers. Le parcours de mon logement au parvis de l'église ND est plein de souvenirs à la fois bons, mauvais, clairs, vagues, joyeux, tristes, brillants, regrettables. En apercevant sur ma gauche le podium où je fus ordonné diacre le 15 août 82 et prêtre le 7 août 83, je pense pieusement à l'évêque, à mes amis décédés et vivants pour lesquels ce jour fut un couronnement sans précédent. Le temps presse car la procession d'entrée tend déjà vers la fin. Très vite, je me trouve une place sur l'aile droite de l'église, non loin de l'autel. Je reconnais des visages mais pas de noms. Mais l'émotion est trop forte pour que je m'attarde à des détails. L'heure grave et solennelle appelle au silence, à la méditation et à l'introspection, malgré les chants exécutés par une chorale aux voix angéliques bien entraînées. L'heure est au souvenir quoique la messe qui se tient en ce lieu soit actuelle, festive et envoûtante.
Je retrouve l'église dans laquelle j'exerçai mon diaconat; et surtout dans laquelle je célébrai ma toute première messe le 8 août 83. L'église ND est demeurée essentiellement identique à ce qu'elle fut autrefois. J'observe. Je prie. Je me situe dans mon environnement, regardant à gauche à droite. A l'autel, il y a comme célébrant l'abbé Romain Lukosi, et les abbés Marc Lukanzu, Albert Munkaba, Jean-Chrysostome Akenda, curé Floribert Kiala comme concélébrants. Je retrouve l'ambiance des célébrations au rite congolais d'antan traversant d'un coup de flèche le temps. Soit trente ans depuis que j'ai quitté officiellement Kenge pour Fribourg. Je retrouve les lumières, les odeurs, l'humidité et la sécheresse d'un lieu familier. Je considère les tôles, les murs, la charpente métallique jadis posée par le Frère Pirmin. J'admire la solidité du travail et la piété des lieux. Tout est demeuré simple, mais propice à la prière et à la dévotion. Je revêts en quelque sorte ma toge de prêtre. Comme pour le prouver, le Gloria exécuté est exactement le même que celui de ma dernière concélébration avec Mgr Dieudonné M'Sanda et Nicolas Berends à la paroisse Ste Anuarité en juillet 1992. "Nkembo ku bavelela alleluia " a fait mes délices. Une personne qui m'observait attentivement mais d'assez loin aurait remarqué une sorte de contentement nostalgique sur mon visage à ce moment de la messe. L'homélie de l'abbé Romain a duré pas moins de cinquante minutes, mais quelle éloquence, quelle maîtrise du sujet et surtout quel sens d'intéraction avec les fidèles. Proficiat Romain.
En ce dimanche de la Pentecote, la prière universelle est dite dans plusieurs langues. Kipelende, kisuku, kiboma, kiyansi sont au menu des langues pneumatiques. J'admire l'originalité et la pertinence de l'intitiative. 
Chaque moment de cette messe forme un souvenir lointain et présent dans mon coeur. Malheureusement, mon appareil ne fonctionne pas convenablement. Je ne réussis qu'à tirer quelques photos. Je me contente d'enregistrer un chant vers la fin. A la sortie, je décide de m'éclipser de peur d'être envahi par les gens qui me reconnaitraient; mais peine perdue je suis arrêté en chemin par des soeurs salésiennes. Le temps d'échanger un peu, je réussis à me libérer du carcan. Je me retrouve vite au bâtiment de la Procure où m'attend Liévin M'Banga et me rejoignent les abbés Munkaba et Akenda. Malgré cela, je reconnais par leurs noms du monde qui ne me reconnait pas. Le titre d'abbé Mabana refait surface, tout ce monde s'empresse d'exprimer dépit, respect, regret, admiration, étonnement... chacun selon son tempérament. Les retrouvailles sont chaleureuses, franches.. 
Je profite d'un moment pour entrer en contact avec les Barbadiens car il est presque 8 heures à St James. Par la magie de nouvelles communications, je laisse Mama Mapasa parler live avec Chantal Kidiata-Maseyi, "muntu ya kunatinaka beto makambu", et qui avait complètement oublié que c'est par elle que je fis la connaissance de Clavère à Bandundu en 78. Le monde est vraiment petit et les bons esprits finissent par se rencontrer. Bref, toute ma vie est remontée à la surface en ce jour qui se révèle être à mes yeux - sans négliger les autres événéments et rencontres - le jour le plus significatif de mon séjour à Kenge.

Helmut Kohl artisan de l'Europe

S'il est un personnage dont j'ai suivi le parcours politique avec une certaine sympathie, c'est bien Dr Helmut Kohl. J'étais en 1980 étudiant à Rome lorsqu'au cours de mon tout premier séjour en Allemagne Kohl battait campagne contre Helmut Schmitt pour le compte de la CDU au poste de Chancelier. J'étais entraîné dans cette passion par ma bienfaitrice Resi Weingärtner qui, elle, supportait sans réserve Franz-Joseph Strauss de la CSU en Bavière. Cette campagne-là que je suivais depuis l'Institut Goethe Staufen où j'apprenais l'allemand est restée mémorable dans mes souvenirs. La raison était simple: venu d'un pays où l'opposition n'existait pas et où on était d'office membre du parti unique, j'étais impressionné par la machine politique européenne en général, et allemande en particulier. Je découvre jeune et ambitieux une autre face de la politique: celle du débat contradictoire et constructif. A cette époque-là, je vouais une admiration pour Kadhafi que j'estime être le seul leader africain vraiment indépendant. Je garderai longtemps dans ma mémoire cette adresse de H. Schmitt déclarant: "Meine Damen und Herren der Opposition." Une telle adresse, j'aurais souhaité l'entendre, mutatis mutandi, de la bouche de notre feu Maréchal Mobutu Wa Zabanga. Dans la foulée, je découvris Helmut Kohl alors plus jeune, dynamique et déjà très visionnaire dans sa façon d'appréhender les choses. J'étais de retour au pays lorsqu'il devint Chancelier pour la première fois. Et j'en fus heureux d'autant plus qu'il y avait en cet homme quelque chose d'incroyable qui me fascinait. Mes années de Fribourg ont consolidé ma connaissance de l'homme qui dirigea le gouvernement fédéral allemand pendant près de seize ans, construisit l'Union européenne et réalisa les pas de la réunification allemande. Au-delà du leader politique, il y a eu l'humain qui pleura à chaudes larmes son ami François Mitterrand. Tout le monde se souvient de cette image d'une sincérité et d'une simplicité de cœur admirable. De l'autre côté, c'est aussi l'homme qui, après avoir instauré un strict contrôle sur le financement des partis politiques, tomba en disgrâce à la suite de l'affaire des comptes au Lichtenstein ou en Suisse. Lorsqu'il perdit les élections face à Schröder, il siégea au Bundestag comme un simple député à la grande surprise de ses concitoyens. C'était un politique avec ce que cela comporte de succès et de contradictions. L'hommage qui lui a été rendu à Strasbourg témoignage de l'immense valeur de son combat pour l'avènement d'un monde meilleur.
En Kohl, je salue un artisan de la RFA et de l'UE dont la contribution demeure, quoi que l'on dise ou pense, considérable et inégalable à ce jour. Ruhe in Frieden, Herr Bundeskanzler!     

1 juil. 2017

Photos de Kenge

                                         L'ISP
                                         Etudiant Kapende
                                         Pasteur Richard Mbangi Manzanza
                                                           Elysée et Exaucé
                                          Kahiudi et Kilolo
                                          Patience et Godé Tsumbu
                                          Ida Mandefu et Tante Odette Ngimba
                                         Papa Frédéric in memoriam
                                         Godé alias "Ogodeshu" saluant le drapeau national

Perline et Perlette

Perline et Perlette Kabwita ce 25 juin 2017

Le serment scout de Claver Jr








30 juin 2017. Aussitôt arrivé à l'aéroport BGI en provenance de LGW, j'ai pris un taxi pour St Patrick RC School où avait lieu une cérémonie de profession scout. J'y suis arrivé autour de 16 heures. Mama Mapasa s'est présentée tout de suite pour que je transvase les bagages du taxi à notre voiture. Comme les préparatifs traînaient encore, Mukawa et Ibangu sont venus m'embrasser avant de s'éclipser. Peu de temps après, Claver Jr devait prêter serment pour être inséré dans le groupe des scouts de la Barbade. Malgré la fatigue du voyage, j'ai participé à cette belle fête des enfants.
Cela m'a rappelé ma propre installation scout, il y a une éternité, sous le totem de Cormoran Nageur devant le Père Ben Overgoor et le CT Séverin Swadi. On avait chanté: "Devant tous je m'engage sur mon honneur, protège ma promesse, Seigneur Jésus. Je veux t'aimer sans cesse, SJ, etc." Cela devrait être en 1970. Ne me posez pas de questions car j'ai oublié. Mais ça reviendra.

Mon voyage LGW-BGI

30 juin 2017. Je me trouve dans l’avion Virgin Atlantic VS029 qui me ramène de London Gatwick à Barbados lorsque je tombe sur un échange très instructif entre deux cadets dont le talent d’écriture me fascine toujours. Il s’agit de Declerd Midon et Gabriel Kwambamba. C’est vraiment une merveille que de les lire. Ils se témoignent réciproquement d’une sincère admiration cimentée par une solide fraternité. A les lire, je me dis : « Kalonda ou Katende a produit des têtes dont nous devons être fiers. » Partout où nous nous trouvons, quelle que soit notre activité, nous valons quelque chose et nous sommes au-dessus de la crasseuse médiocrité qui caractérise beaucoup de nos compatriotes. Ces deux cadets représentent à mes yeux ce qu’il y a de beau et de sublime dans l’univers de notre formation commune. Je ne taris jamais d’éloges pour ces deux là. Je reviens de la RDC où j’ai été assurer des enseignements à l’ ISP Kenge. Et pendant mon séjour à Kenge, j’ai rencontré deux aînés auxquels je suis attaché quoique je ne les voie pas si souvent.. J’ai déjà parlé des congénères et cadets prêtres qui m’ont témoigné de beaucoup de respect et de fraternité.
Mbuta Théophile Mbemba Fundu est un leader politique incontestable qui assume et a assumé de grandes responsabilités dans notre pays. Fils du terroir, il m’a fait l’honneur de m’inviter à sa résidence de Kenge pour une conversation dont je lui reste gré. Nous avons parlé famille, vie, Kalonda, Katende, Barbados, etc. autour d’une bouteille de Champagne qu’il a sortie pour la circonstance. J’ai aimé la simplicité de ce leader : j’ai retrouvé l’homme que cinquante ans plus tôt j’avais connu à Kenge et à Kalonda. Homme de sciences brillant et éloquent qui manie la langue française avec une élégance hors du commun, mon aîné reflète un profond sens d’humanité et appartient à la crème de la crème. Un moment fort de mon séjour au pays. Respect et honneur!
Je suis également allé voir l’abbé Jean René Singa chez lui. Un aîné que j’ai connu d’assez près à travers diverses circonstances de la vie. Pour la petite histoire, lorsqu’il construisait depuis Rome la maison qu’il habite actuellement, c’est moi qui gérais l’argent de la construction. Il me le virait à Overijse et Papa François Butandu le recevait de mes mains. Bien sûr, je suivais les travaux pour lui. Je ne pouvais pas passer à Kenge sans voir mon aîné, en ce moment où il endure une suspension que j’appelle suspensio ad aeternitatem. J’ose croire que mon passage chez lui l’a réconforté. L’ancien DG de l’ISTM Kenge demeure un homme digne et respectable en dépit d’un état de santé relativement fragile. Il tient le coup. Courage Doyen!
Je pourrai écrire plus mais je m’arrête là. Nous sommes en plein vol. J’ai tenu, inspiré par Declerd et Gaby, à rendre un témoignage à ces deux aînés que j’ai eu le plaisir de rencontrer pendant mon séjour au pays de mes ancêtres. Une façon de les remercier pour ce qu’ils ont fait et ce qu'ils sont pour moi.