27 mars 2010

Le temps, mon Dieu, qu'il passe vite !

Beaucoup de gens font cette expérience. Le temps passe vite. Hier encore, on faisait ceci. Aujourd'hui, c'est déjà une année. Souvent, c'est l'intensité du souvenir qui l'étend ou l'écrase. Je viens de revoir une photo de moi-même tirée il y a bientôt dix ans. Et j'ai pris le soin de me photographie illico avec un appareil digital. La différence est nette. Moi qui me crois toujours jeune, suis aujourd'hui vieux, même très vieux. Mais je refuse de le reconnaître, je refuse de vieillir et de me soumettre à la loi du temps. J'ai l'illusion que j'ai encore longtemps à vivre.
Je continue de penser aux gens comme s'ils avaient encore le même âge que la dernière fois que je les ai vus. Untel, mais il a vieilli. Cela n'arrive qu'aux autres. Une nièce qui, hier encore se réjouissait sur le boulevard Lumumba en criant "toleki bango" (nous les avons dépassés), est aujourd'hui une respectable mère de quatre enfants. Je ne l'ai pas vue depuis, mais je ne garde d'elle que le souvenir de ses huit ans. Ne soyez donc pas surpris, si un jour vous vous percevez dans votre propre cerceuil. Pourquoi pas? L'imaginaire rejoint parfois le réel, et ce sera votre fin.

20 mars 2010

"Suniah, Kobu, mwana Tata Kasala"

"Bing Bang, Jacob, fils du papa de Kasala" Voici une anecdote signée "Kahiudi Original". Pour la petite histoire Kahiudi, le postnom que je porte, fut le nom de mon grand-père décédé en 1991. Mon grand père racontait l'épopée d'une réussite singulière aux examens d'état.
"De partout se sont amenés des gens, des milliers de gens. Des jeunes, des adultes, hommes et des femmes de tou âges pour ce concours décisif. Kolokoso était bondé de monde. Comme pour une guerre, de tous les élèves qui se sont présentés au centre des examens de Kolokoso, il n'y a eu qu'un seul vainqueur comme un miraculé: Jacob, fils de Tata Kasala."
L'écrit ne peut malheureusement pas réfléter l'éloquence du vieux sage ni la beauté poétique du timbre de sa voix. Jacob est le miraculé qui a accompli cet exploit. Très fier qu'un fils de son village soit universellement couronné pour son intelligence, mon grand-père n'a pas dérogé à l'art des envolées épiques de la tradition des Basuku. Allez-y savoir ce qu'il y comprenait effectivement! Quoi qu'il en soit, tout le monde dans la famille a retenu cet épisode.
Jacob Bilombi Menga Mbela est mort il y a dix jours. Il a été enterré le 17 mars 2010 à Kinshasa. Paix éternelle à son âme! A Kobu, wenda mboti, m'leki. Nzambi kakuheka luzingu lwa konda tsuka.

15 mars 2010

Passeport biométrique de la RDC

Je viens de lire sur digitalcongo.net un article au sujet des magouilles perpétrées dans les ambassades congolaises pour la vente des passeports biométriques. Obtenir ce passeport relève d'un héroïque parcours de combattant. C'est le passeport le plus cher qui existe au monde, alors que la population congolaise compte parmi les plus démunies. Je suis allé le chercher à Kinshasa-même, Dieu seul sait au prix de combien d'humiliants sacrifices et de perte inutile de temps. Ce qui surprend, c'est la corruption généralisée, c'est, à tous les niveaux, l'immense foule d'intermédiaires et facilitateurs prêts tous à tirer leur part de la manne. On y perd un temps précieux à ne rien faire, à attendre que la roue tourne en sa faveur. Une odieuse expérience où l'on est réduit à une chose! Les agents du service, moqueurs de votre naïveté, vous suggèrent de recourir au "nzela ya mukuse", un raccourci. Un ami m'a taquiné: "Tu aurais dû prendre une chambre au ministère des affaires étrangères, au lieu de prétendre que tu es venu nous voir".

D'autre part, le délai pour l'invalidation des anciens pass était très court, et l'information très mal diffusée. Au point de se demander si vraiment nos gouvernants ont le souci de faciliter les choses à leurs sujets. Il y a aujourd'hui des milliers des Congolais bloqués ou interdits de voyage à cause de ce passeport. Un autre s'étonnait qu'après tant d'années à l'étranger j'aie gardé la nationalité congolaise. Une chose est vraie: Malgré toute l'ignominie liée au statut congolais, je nourris au fond de moi un attachement très fort pour ce pays qui m'a vu naître. "Tu rêves debout, rétorque-t-on. Cher ami, le patriotisme est un mot vide et révolu dans ce pays-là et aucun miracle n'y est possible."