29 juil. 2011

Le monde à l'envers? Pas si à l'envers que ça.

Vous est-il jamais arrivé de voir Jerry Springer ou Maury sur la télévision General Fox? Tout le monde me l'a déconseillé, mais lorsque j'ai un peu de temps et que je suis à la maison, il m'arrive de suivre ces deux émissions. De l'incroyable? Du jamais vu ni entendu?
Pas si vrai que cela, car tout cela n'est qu'humain. Aussi folles qu'elles puissent sembler au premier abord, ces deux émissions ont un succès fou et ne seront pas rayées des écrans de si tôt. Pourquoi? Elles remettent l'homme et la femme à leur place. Un père renie la paternité de son enfant, une femme cherche parmi ses dix amants le vrai père de son enfant, Maury les aide à affronter la vérité, parfois si lourde à porter. Vous voulez vous battre contre votre rival en amour, des hommes de sécurité robustes se retrouvent chez Springer pour vous séparer après quelques échanges de coups. Tout se paie ici bas, dit-on.
"Les Américains sont malades, immoraux", entends-je dire à ce sujet. Je rétorque: "N'es-tu pas par hasard malade et immoral, toi qui sembles ignorer ta vraie maladie et cacher tes défauts?"
Cela me rappelle la page "La vie comme elle va" que publiait le journal Salongo dans les années 70-80. Une femme va au deuil d'une voisine de quartier décédée et découvre que le mari de cette dernière est son propre mari. N'est-ce pas de quoi piquer une crise cardiaque?
Mon ami Faustin Mampuya d'heureuse mémoire disait: "Ce qu'on ne sait pas, c'est parfois terrible". Ce qui peut se traduire par un proverbe en lingala: "Kozanga koyeba eza liwa ya ndambo" (Ne pas savoir, c'est une demi-mort).

26 juil. 2011

L'Afrique comprend-elle vraiment le discours de l'Occident?

Les Africains comprennent-ils vraiment le discours des Occidentaux? Je crains que ma réponse soit négative comme pour le cas de l'indépendance. Nos penseurs et nos gouvernants se modèlent sur le discours occidental. Moi-même, le premier, j'enseigne la littérature francophone et diffuse à profusion la civilisation française. Là n'est pas le vrai problème, du moment que j'aurais pu enseigner le chinois, le japonais ou le haoussa et les cultures correspondantes si j'en avais eu la compétence. Le problème, c'est l'attitude, la manière.
Je suis étonné par le vide qui nous caractérise, nous Africains. Nous répétons, comme des enregistreurs les schèmes occidentaux, sans les soumettre à une critique élémentaire et sélective. Nous défendons la culture occidentale de loin mieux que nos propres valeurs de culture et de civilisation. Nos langues se meurent, pendant que les Occidentaux nous imposent les leurs. Nos politiques défendent des intérêts étrangers plutôt que le bien-être de nos populations. Très aveuglément, nous obéissons aux "mythes" de l'Occident, lequel a réussi par la manipulation et la ruse à nous faire miroiter ses valeurs comme les seules références valables. Au regard de la roue actuelle de l'histoire, les Chinois et les Japonais s'en tirent mieux. Pourquoi? Simplement parce qu'ils ne s'aliènent pas aussi aisément que les Africains face aux pressions des idéologies occidentales.
Les dictateurs africains ont été et sont soutenus, au mépris de tout respect pour leurs compatriotes, par les puissances qui se sont octroyé le droit de régir le monde. Un président africain élu démocratiquement par son propre peuple attend d'être validé - même manu militari - par l'Occident avant de servir les siens. On l'a dernièrement vu en Côte d'Ivoire. Ces jours-ci, la France et l'Angleterre discutent si Kadhafi doit rester en Libye s'il abdique. Après, non sans noter le vice de forme, ces puissances occidentales déclarent communément qu'il revient aux Libyens d'en décider. La raison du plus fort mène décidément tout, surtout lorsque le pétrole est en jeu. Curieusement, les Africains s'accommodent, impuissants, de ce système. Il n'est jamais arrivé à un dominé de penser que les meneurs de la guerre d'Irak auraîent dû comparaître devant la justice pour avoir causé la mort des milliers d'innocents. A ce niveau, la justice n'existe que pour le pauvre, le faible, le sous-développé.
La force de l'Occident, c'est qu'il peut du jour au lendemain détruire un pays africain, déboulonner le pouvoir et placer une autre marionnette à la tête pourvu qu'elle serve ses intérêts. La décision d'éliminer Lumumba ou Sankara était prise en Occident. Trouver les traîtres avides de pouvoir et d'argent prêts à opérer le meurtre était un jeu d'enfants. L'impérialisme est une forme d'esclavage plus atroce que le colonialisme, car il vide ses sujets de leur capacité de réfléchir et d'agir librement. C'est à ce point qu'on en est encore en Afrique. Servir servilement et aveuglément les intérêts de l'Occident, tel est le lot de l'Afrique. Comment se débarrasser de cette tutelle? Aux intellectuels et aux sages de s'y atteler!
Il ne s'agit nullement de détruire l'Occident, loin de là, mais de mieux servir l'Afrique. Des milliers d'Africains perdent la vie dans des océans et mers afin de jouir des libertés et avantages de travail de l'Occident. Pourquoi l'Afrique ne leur fournirait-elle pas la possibilité de rester chez eux, de vivre dignement du fruit de leur travail et de profiter des ressources naturelles de leur terre? La Civilisation de l'universel, dont rêvait Senghor, n'est pas un mythe, mais peut se concrétiser si l'on s'y met. Et notre pierre à cet édifice ne s'implantera qu'à la suite d'une prise de conscience libre et  responsable. Nous ne pouvons croiser les bras et attendre que le pain nous tombe du Ciel, que dis-je, de l'Occident paternaliste. Au lieu de recourir à l'exil, à la corruption et au vol, mettons-nous au travail, exploitons nos valeurs culturelles et nos ressources naturelles et oeuvrons à devenir des partenaires avec l'Occident plutôt que des mendiants. Le discours de l'Occident ne sert que ses interêts, pas ceux des Africains. Aux Africains désormais de se prendre en charge.
Décidément, mon ami politologue va me pourfendre en lisant ces lignes.

25 juil. 2011

Paul Kagame II ou réponse à un objecteur

Un ami politologue scandalisé par mes propos de la semaine passée au sujet de Kagame, m'a appelé pour soulever mes erreurs d'analyse. Je lui ai rétorqué que je ne faisais pas de la politique.
- "Grave erreur. Kagame est la cause des malheurs dont souffre le Congo depuis bientôt vingt ans. C'est un criminel à juger devant le TPI mais qui est solidement protégé par l'Occident. Ta remarque sur le lobby américain est correcte. Un geste aussi sinistre et cynique que son retard aux festivités du cinquantenaire de l'indépendance de la RDC porte une signification historique malheureusement passée inaperçue auprès des naïfs Congolais", a-t-il dit.
Comme je suis resté silencieux pour réfléchir, il a continué:
- "Des femmes conglaises sont violées, des populations entières innocentes sauvagement décimées, déplacées du jour au lendemain à cause de sa seule volonté d'assurer l'hégémonie tutsie sur toute la partie-est de l'Afrique. Examine, pour t'en convaincre, l'identité réelle de tous les dirigeants. Eh bien, quand tu ne t'occupes pas de la politique, la politique s'occupe de toi".
Je lui ai répondu, sans doute naivement, que la politique ne s'occupait pas de moi, je ne suis qu'un littéraire.
- "Grave erreur de jugement encore ! N'est-ce pas toi qui as écrit "Les intellectuels africains: défis et espoirs" qui t'a valu quelques éloges dans certains milieux? Es-tu vraiment un penseur ou bien juste un parloteur aveugle et inconscient? Des milliers de personnes te lisent et s'inspirent de toi. Tu risques de les amener à admirer un impitoyable assassin. Or admirer cet homme sur quelque point que ce soit, qu'on soit politicien ou non, c'est se faire complice de ses crimes."
- "Ah bon? Euh... Lors de mes études à Rome, j'avais suivi des cours à l'Institut de l'Athéisme où j'ai été exposé aux analyses des documents de l'église catholique dans les pays communistes. Ces pays possédaient des espions-théologiens solidement formés au sein des instituts romains mais dont l'objectif était, guerre froide obligeait, de comprendre en profondeur la pensée catholique. Que ce soit clair. Je n'ai nullement adhéré à l'idéologie de Kagame, ma réflexion ne concernait que son discours au Rwanda Day 2011. Ton intervention, agressive et parfois épidermique, reste toutefois très instructive. Je respecte ton point de vue et t'en remercie de tout coeur."

24 juil. 2011

Anne-Louise Mabana (1965-1994)

Le 25 avril 1994 est décédée à Ngungu-Thambu (Kenge) ma soeur Anne-Louise. Paix à son âme! Un jour où j'ai senti le monde s'effondrer sous mes pieds. C'est la première fois qu'un tel événement m'arrivait, d'aussi près. Que j'affrontais la mort en face, que la mort devenait vraiment réalité. Dix-sept années se sont écoulées depuis. Les souvenirs sont encore intenses comme si cela datait d'hier. Eh oui, c'est la vie. Elle est morte le jour de son anniversaire.
Le jour de sa naissance il y a 46 ans, j'avais été envoyé par Papa dès 5 heures du matin à la maternité de Kenge m'enquérir de sa naissance; je me suis retrouvé par inadvertance dans la salle d'accouchement où une femme accouchait.  Maman m'a chassé. Louise était née plus tard dans la journée.
La mort de Louise est advenue alors que je traversais une période difficile; j'en suis arrivé à douter de la vie, à me décourager, à découvrir l'inanité de toutes mes aspirations de ce temps-là. J'ai aussi découvert qui étaient mes amis. "Tout est relatif", me suis-je dit. L'idée me vint d'abandonner la rédaction de ma thèse, mais après réflexions et discernements, je me suis résolu de faire "vivre" sa mémoire à travers ce travail en le lui dédiant. Je n'ai plus jamais vu depuis une photo d'elle. Aussi surprenant que cela puisse sembler, je n'ai jamais été à Kenge m'incliner sur sa tombe. Comme le Père Teilhard de Chardin, j'ai étendu mes mains sur l'immensité du monde pour participer depuis Enney (Suisse) symboliquement à tous les rites relatifs aux funérailles et au deuil. Je la revois souvent dans mes rêves, vivante, souriante, parfois image évasive mais réelle. Il ne se passe un jour que je ne pense à elle.
A Lwisa, tuyindulaka betu kuna wena. Betu pi twakuzolaka, twakuyindulaka bwingi, mwan'etu!

20 juil. 2011

Les pays africains sont-ils vraiment indépendants?

Je crains de croire que non. Lisez cette déclaration de Mr. Alain Juppé à propos du chef de l'état libyen, Mouammar Kadhafi:

"J'entends dire qu'il ne veut pas quitter la Libye. Mais l'une des hypothèses qui est envisagée, c'est effectivement qu'il séjourne en Libye à une condition, c'est que très clairement il se mette à l'écart de la vie politique libyenne", a expliqué le chef de la diplomatie française.

Joyeux Anniversaire, Rigobert

J'avais quatre ans. Du moins j'ai fini par comprendre que j'avais quatre ans lorsque Rigobert est né. En effet, je ne m'étais même pas rendu compte de la grossesse, j'avais compris qu'elle était allée chercher l'enfant à Kimbau. Je me souviens assez clairement des événements qui se sont passés peu avant. Mama était en effet partie de Kabwita pour l'hôpital de Kimbau; c'était à ma connaissance la première fois qu'elle nous avait laissés, Béa et moi, aux soins d'autres mains. Deux élèves cousins de mon père, Richard Munzenza d'heureuse mémoire et Félicien Kana, qui vivaient chez nous se sont occupés de nous pendant ce temps. Lorsque Maman est revenue, elle portait des zikida et une robe ornée de fleurs rouges et blanches; et elle avait un bébé, nommé Rigobert, né le 21 juillet 1961, le vendredi précédent l'ordination de l'abbé Dieudonné M'Sanda à Kimbau. C'est ce dont je me souviens, mais je m'informerai auprès de Maman qui possède une mémoire d'archives. Depuis, la vie a continué avec ses hauts et ses bas, jusqu'à ce jour. Et comme le temps passe si vite, voilà que c'est déjà un demi-siècle. Proficiat! Joyeux Anniversaire, cher frère! Béni et loué soit le Seigneur pour tant de merveilles!

15 juil. 2011

Paul Kagame on Rwanda Day 2011

Je ne suis pas un politicien ni un politologue, mais un littéraire. Mes amis politiciens le savent.

Chaque fois que j'entends parler du président rwandais Paul Kagamé, c'est toujours dans le sens négatif. On l'accuse d'être un criminel de guerre et d'avoir perpétré le fameux génocide rwandais de 1994. La justice française est encore à ses trousses; le Rwanda a définitivement quitté la francophonie pour joindre le Commonwealth.  Son AFPR déstabilise la RDC en l'occupant dans sa partie orientale et est responsable de la mort de quelques six millions de Congolais. Autant d'accusations mais tel n'est pas mon propos ici. Hier comme par hasard j'ai suivi sur la chaîne Africa Channel son discours tenu à Chicago pour le Rwanda Day 2011. J'ai écouté Andrew Young et Jessie Jackson l'encenser pour le présenter. Ce qui m'intéressait, c'est l'homme.
Homme froid  et réservé au premier abord, mais très sensible malgré son visage ridé, Kagamé s'est montré calme, posé. Il a en grande partie parlé en kinyarwanda, il a parfois ajouté des commentaires en anglais. L'homme m'a semblé très intelligent, très pratique et très cohérent dans sa pensée. C'est le genre du chef rigoureux, intransigeant, discipliné et suivi. "My powers are limited" a-t-il estimé malgré le succès économique que connait actuellement le Rwanda. Sa définition de la démocratie est très pragmatique: "There is no democraty where people are hungry, where there is no education or health care, where there are no opportunities for self improvement or development". Au lieu que le ministre attende la sécheresse pour lancer des appels à l'aide, il doit s'employer à créer un grenier pour assurer l'autosuffisance alimentaire. Le nouveau Rwanda qu'il a présenté est un pays en marche vers une modernisation dont les signes sont déjà perceptibles. Il a aussi avoué sa honte devant l'incapacité du continent africain d'exploiter ses richesses et d'en vivre dignement. J'ai vu et écouté un président dont le discours était consistant, très nationaliste, populiste mais ferme et pragmatique qui défend la dignité du Rwanda. "On ne peut pas expliquer la faim à quelqu'un qui a faim... Ne nous posons jamais en victimes; il nous faut agir pour le bien de chaque Rwandais." a-t-il dit à ses compatriotes. Bien qu'il ne soit pas un orateur volubile ni épatant, Kagamé sait faire passer son message. Les Américains et les Rwandais présents l'ont bien compris.
Rien qu'à voir l'assistance, le Rwanda dispose aux Etats-Unis d'un puissant lobby formé d'Africains-Américains pour défendre ses intérêts. La corde "sensible" du génocide est exploitée à fond et avec une surprenante réussite. Je crois que là réside aussi une clé de la force de Paul Kagamé.

Je garde toutefois ma méfiance vis-à-vis de tout discours politique, fut-il à connotation biblique. J'ai dit.

4 juil. 2011

Acte 1, scène 3: Le Sapeur (KM 2011)


PONTIFE: Je rêve. Karl Lagerfeld te connaît ?
SAPEUR: Et pourquoi ne me connaîtrait-il pas ? Tu voudrais que je l’appelle tout de suite. (Tente de composer un numéro)
MIMI LOVE: Nous sommes dans les affaires, mon cher. Tozali na kati ya makambo e ! Tu voudrais voir ses photos avec Calvin Klein ou Gautier ?
PONTIFE: Eh bien, là, je n’en reviens pas.
SAPEUR: Tu n’as encore rien vu. Je représente un empire invisible, comme tu me vois là.
PONTIFE: Comment as-tu fait pour joindre ces gens, et en plus obtenir leurs adresses ?
SAPEUR: La réponse, c’est ma tête. Je n’ai pas été à l’université, mais je gagne mieux ma vie que les universitaires dont les diplômes moisissent dans les tiroirs des archives. J’utilise mieux mon intelligence que les professeurs d’université sans le sou.
MIMI LOVE: Moi, je n’ai même pas mon diplôme d’état, mais je voyage tout le temps sur Paris, Milan, London, Bundes et Bruxelles. Je reviens là d’un défilé des sapeurs à Paris. J’ai pris des contacts avec les sapeurs de Montréal et New York.
PONTIFE: Comment obtiens-tu les visas Schengen qui sont devenus un cauchemar depuis la mise en circulation des passeports biométriques ?
MIMI LOVE: Je ne t’ai pas dit ? Grand Maître n’a pas achevé les présentations. Mais j’ai une carte de résidence en France, que je renouvellerai aux termes des dix ans. Je suis une mikiliste atypique, j’aime beaucoup trop Kinshasa pour m’en séparer.