28 sept. 2017

Les Saints Archanges Michel, Gabriel et Raphaël

29 septembre. C'est la fête des saints archanges Michel, Gabriel et Raphaël qui  correspondent chez moi à un autre trio tout aussi légendaire que celui des jeunes martyrs de Nabuchodonozor: Ananias, Azarias et Misaël. En fait, c'est le souvenir de ma formation à Kalonda. Dans ce souvenir, il y a un aîné: Liévin Luki qui fut notre bidèle général en 69-70 et qui animait la prière.  "Toutes les oeuvres du Seigneur bénissez le Seigneur". Médecin de son état, celui que nous surnommions An Az et Mi habite depuis plusieurs années au Canada. Tous mes congénères se souviennent de ce beau cantique de Daniel où sont évoqués ces trois jeunes icones de la résistance à l'idolâtrie et aux puissances de ce monde. Seulement, je n'arrive pas à expliquer le rapport qu'il y a entre les archanges et ces jeunes légendaires. Le seul rapport, c'est  simplement la similarité du trio. 
Les archanges eux sont évoqués en tant que messagers spéciaux de l'Eternel auprès des mortels, avec une mission précise de libération. Chaque archange est reconnu pour sa mission prophétique. Michel est le vainqueur du dragon, Gabriel le prophète, au sens original du terme, de l'incarnation, et Raphaël le thérapeute de la vue. Intermédiaires entre Dieu et le monde des hommes, ils sont vénérés par l'Eglise pour leur proximité de Dieu et celle des hommes. Saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël, priez pour nous.

La révocation d'Ancelotti du Bayern

La décision de révoquer Carlo Ancelotti est tombée ce matin du 28.9.17 comme un coup d'épée. Le Bayern de Munich s'est débarrassé de son entraîneur à l'issue de la correction qu'ils ont subie hier face au PSG. Les propriétaires des clubs, qui souvent ne comprennent rien au foot, ne visent que des résultats et des profits financiers. A leur avis, une équipe ne peut que gagner tous les matchs alors que l'équipe se bat dur pour chaque point gagné, chaque but marqué.  Cela laisse encore une fois réfléchir à la profession d'entraîneur.  
1. Un métier ingrat. Lorsqu'une équipe gagne, c'est les joueurs; lorsqu'elle perd, c'est l'entraîneur. Ignoré en cas de victoire, et vilipendé en cas d'échec. L'honneur va aux joueurs, les seuls acteurs que tout le monde voit sur le terrain pendant que celui qui conçoit la stratégie de la victoire est invisible. Il arrive très souvent qu'un entraîneur soit révoqué en cas de contre-performance. Di Matteo renvoyé de Chelsea moins d'une saison après avoir la coupe d'Europe; Mourinho expédié comme un colis malsain de Chelsea; Ranieri lâché par Leicester après avoir gagné la Premier League. Arsène Wenger trône encore sur les perches d'Arsenal quand bien même il n'a presque plus rien gagné. Autant d'exemples qu'on peut évoquer. La dernière parole revient aux actionnaires majoritaires des clubs.
2. Ancelotti, un des meilleurs entraîneurs de football au monde. L'histoire le retiendra comme celui qui a tout gagné partout où il est passé. En commençant par son Italie natale où je l'ai connu comme joueur de l'AS Roma, en passant par Milan, l'ancien coach de Juventus, Chelsea, PSG, Real Madrid, détient un impressionnant palmarès. Le voilà aujourd'hui destitué de son poste du Bayern comme le dernier des Mohicans. Eh oui, c'est la vie d'entraîneur toujours écartelé entre des dirigeants qui n'attendent que des résultats et des joueurs aux tempéraments parfois difficiles à gérer. Cela est encore plus dur pour un entraîneur italien (donc latin) dans un milieu allemand (germano-saxon). Un entraîneur, c'est comme une orange pressée. Cela se prouve presque à chaque saison sportive.

26 sept. 2017

26.09.2007 - 26.9.2017: Né Sabana mort Mabana

Cela fait dix ans aujourd'hui Papa Donatien Kasongo Bunda Mabana est décédé. Un dizième anniversaire sans éclats. Peut-être même que je suis le seul dans la famille à m'en être souvenu. Quoi qu'il en soit, il ne m'est pas venu à l'esprit d'organiser quoi que ce soit pour commémorer cet événément. Essayons de répondre à une question: par quel miracle le nommé Sabana est-il devenu Mabana? Dans le coin de Kabanda - KiTsakala où est né Kapita Manzanza, le nom de Sabana est connu et commun. 
Les Africains aiment créer des mythes autour de leurs personnages. Même moi, j'ai les miens. Lisez les 1500 entrées de ce blog, vous en trouverez beaucoup. Papa n'a pas fait exception. Comment son nom d'origine a-t-il été changé de Sabana à Mabana relève d'un secret de polichennelle, lequel en fait n'existe pas. L'erreur du missionnaire belge a été évoquée, sans trop convaincre l'auditoire. L'astuce du jeune espiègle soucieux d'être en bonne position doit avoir pris de la prépondérance. Plutôt que d'être flanqué au bas de la liste, le nommé Sabana aurait tiré l'avantage du milieu de l'alphabet. Du moins c'est ce qu'il m'a dit. Personne ne m'a jamais, même ses frères et soeurs compris, soufflé ce secret. Personne de mes oncles et tantes n'a jamais confirmé cette anecdote. D'autre part, il n'y a aucune raison de contester cette affirmation car elle est venue du porte de ces deux noms. Aucun document à ma connaissance ne porte ce nom de Sabana. Et dans un pays où les archives ne font l'objet d'aucune attention, il est très difficile voire impossible de reconstituer les ficelles d'un tel puzzle. J'aurais donc pu m'appeler Sabana plutôt que Mabana. Sait-on jamais?
Après la longue et tumultueuse journée d'hier - où j'ai failli être arrêté par la police pour avoir oublié mon permis de conduire et j'ai connu une panne de crevaison de pneu alors même que le compresseur du service quado de mon coin a pété - je me suis consolé, ce matin, de célébrer sereinement cet anniversaire de la mort de mon paternel. En route pour l'école, je l'ai annoncé aux jumeaux: 
- Es-tu content ou triste de la mort de ton papa? A demandé Chrystelle.
- Bien sûr que je suis triste. Seras-tu heureux si je meurs aujourd'hui même?
- Non, qu'elle s'empresse de dire.
- Alors soyez gentils à mon égard pour toute la journée. 
- Oui papa.
Echangeant avec une collègue copiste de notre faculté, qui a perdu sa mère il y a deux semaines, je lui ai raconté l'histoire du coup de fil manqué avec papa. Elle a compris ma désolation et m'a encouragé: "Be happy you were able to talk to him shortly before he died". Aujourd'hui comme hier, je reste marqué par cette perte qui m'a laissé hagard, perplexe et révolté jusqu'à ce jour.
"Tata kuna wena watutalaka betu bosu twa zinga mboti mu lutondu ye ngemba. Mini Kahiudi wuna."

25 sept. 2017

Incroyable ce qui se passe dans ce monde

1. La vie m'a appris à ne m'étonner de rien. Lorsque j'étais jeune, je me laissais affecter par n'importe quelle anomalie sociale. J'étais conduit par l'ordre naturel ou divin dans lequel j'ai été levé, et auquel je reste attaché malgré un certain libéralisme d'esprit. Je me souviens d'une discussion que j'ai eue à Berlin avec Flora Veit-Wild, Ezenwa Ohaeto d'heureuse mémoire, Suzan Arndt, et Alain-Patrice Nganang (?), à propos du personnage de Chaidana dans La vie et demie de Sony Labou Tansi. La pratique par Chaidana de la prostitution pour massacrer les rivaux politiques de son père me répugnait, alors que mes collègues n'y voyaient qu'un subterfuge romanesque de SLT. Je me souviens encore d'Ezenwa s'apitoyant en quelque sorte sur ma sensibilité pratiquement puritaine. Comme pour dire, alors que  je crois certaines réalités déjà effacées, elles resurgissent du fond de moi et manifestent ma personnalité sans que je m'en rende compte. J'appellerais volontiers au secours mon ami psychologue Jean-Marie Matutu.
2. On s'habitue tellement à l'inédit et à l'incroyable qu'il finit par devenir normal. Un constat qui se vérifie  sur tous les plans. A force de voir des trans-génériques ou travestis, on a fini par leur accorder une identité "autre", mais acceptée officiellement et légalisée par la politique. A force de voir des couples homosexuels ou lesbiens se présenter sans gêne en public et revendiquer leur droit d'exister, on a fini par leur reconnaître tous les droits légaux, sociaux et religieux réservés autrefois aux couples hétérosexuels. Aujourd'hui on est scandalisé qu'un président africain menace de tuer des compatriotes coupables de ces excentricités LGBT non encore admises par la société africaine; on le traite de despote, d'aliéné, de ségrégationiste. Le vent du monde actuel veut qu'on soit à la page par rapport à ce type de comportements. Tous ceux qui tenteront de le stopper se retrouveront sur la paille.
3. Oui, le monde change. Il change dans tous les sens. Même la vision du monde change, et on doit s'y habituer. Le résultat électoral d'hier 24 septembre 2017 en Allemagne laisse penser à un ébranlement politique. La chancellière Angela Merkel qui prônait l'accueil massif des étrangers dans son pays est en passe de co-gouverner son pays avec l'AfD (Allianz für Deutschland), l'extrême droite nationaliste. Dans ce pays-là, ce qui est bien, c'est que le peuple est souverain; il a voté selon son coeur; nul ne peut remettre en doute sa lecture de l'histoire. Frau Merkel sait que son avenir politique dépend de cette surprenante coalition; et que la puissante CDU dont je revois clairement le sigle depuis le train à Bonn et depuis le bus à Berlin, déjà en perte de vitesse, devra redresser la barre. Une nouvelle Allemagne est en train de voir le jour. Et c'est dans la ligne de toutes les élections survenues de dernier temps aux Etats-Unis, comme en Europe. Le nationalisme, même revisité, a le vent en poupe. L'entrée des Verts au Bundestag avait eu il y a vingt ans le même effet rénovateur ou dévastateur que celle que s'apprête à effectuer l'AfD aujourd'hui. Attendons voir. 
4. Je pourrais continuer la réflexion mais je m'arrête là. Le monde d'aujourd'hui est-il malade, déchu, immoral? Cela dépend du regard qu'on jette là-dessus. Les tenants du pouvoir se complaisent à le voir marcher dans le bon sens, car ils doivent justifier leurs actions. Le petit peuple n'y trouve pas son compte et, dans les pays où il y a une vraie démocratie, il sanctionne leurs dirigeants. Regardez à gauche, à droite, et au centre! Vous avez vu, je vous remercie.  


   






23 sept. 2017

Le monde devient de plus en plus dangereux

1. Catastrophes naturelles. Les tremblements de terre, les séismes maritimes, les volcans, autant de signes qui mettent en danger la vie humaine dans toutes les parties de l'univers. Rien que cette saison nous avons assisté à des ouragans meurtriers d'une ampleur jamais connue auparavant. La catégorie 5 est le maximum prévu par l'échelle Simpson. L'amplitude des séismes terrestres arrive facilement autour de 8 et plus. Les records se battent à une vitesse extraordinaire. Il ne se passe un mois qu'on n'entende l'avènement d'un éboulement terreste, d'une chute de boue destructrice de vies et d'infrastructures d'un pays. Il ne se passe pas un mois sans qu'on entende parler d'une chute de glaciers, d'avalanches dévastatrices, de tourbillons de sable, de pluies diluviennes et donc d'inondations ravageuses. A n'en pas finir. Le changement climatique est une réalité qui doit être prise au sérieux si on voudrait offrir aux générations futures un monde sain où il fera bon vivre. Mais les hommes sont loin de s'entendre à ce sujet, car ils privilégient les dividences financières et des accords d'enrichissement basés sur des intérêts nombriliques, nationalistes ou capitalistes. Aucun sens d'éthique.
2. Dissensions politiques. Chaque époque possède ses points forts et faibles. Les guerres mondiales n'ont pas été déclenchées par hasard. Un ensemble de faits et conditions les ont rendues possibles. Des facteurs humains et des hégémonies politiques ont fait qu'elles aient lieu. Aujourd'hui alors que se tient l'Assemblée Générale de l'ONU à New York, on assiste à une montée de menaces nucléaires. L'Iran vient de lancer un missile Koramshar pour défier le géant américain. La Corée du Nord est entrée dans une rhétorique belliqueuse contre les Etats-Unis que les Russes qualifient d'une querelle de "Kindergarten". En Europe, la tendance qui poussait les états à s'unir est mise à dure épreuve par le Brexit. L'unité de l'Europe prônée par l'Union Européenne se fragilise du moment que la sortie des Anglais inspire d'autres nations à les suivre. Le Moyen Orient et l'Asie ne s'en sortent pas mieux. Les négociations de paix entre Israëliens et Palestiniens sont dans un cul-de-sac. Les dissensions créées par les divisions coloniales ou idéologiques s'éternisent et se radicalisent alors même que des mouvements de bons offices s'activent désespérément à ramener l'entente et la paix entre les frères et soeurs séparés de deux bords. L'Afrique et l'Amérique Latine sont minées par des conflits internes.
3. Guerres civiles. Ca bouge partout. La Colombie et Venezuela font face à des tensions internes ravivées par la crise économique. Des poches de rébellions s'activent ci et là sans mentionner les puissants cartels de la drogue. L'insécurité bat son plein dans les grandes villes du Brésil, du Mexique, et de certaines îles. Il ne se passe pas un jour sans que meurent des innocents à la suite de ces actes souvent accompagnés d'échanges de tirs. En Afrique, les Sarahouites se battent; le Sud-Soudan depuis son indépendance s'occupe plus de la guerre que de sa construction; la RDC connait ci et là des affrontements militaires attribués à des groupes armés à l'Est et au Kasai. Il y a deux jours, une de nos secrétaires m'a envoyé un reportage de Reuters ou BBC (?) relatant la cruauté de ces groupes. Un nommé Kawana déclarait avoir choisi d'être brûlé plutôt que d'être décapité par les assaillants. Et la caméra a montré sa jambe droite brûlée. Dieu seul sait comment ce miraculé a pu s'échapper pour se retrouver à Kikwit. Imaginez-vous placé devant un tel choix!  

Les réflexions sur ce qui précède m'amènent à noter que les menaces à la vie se situent à tous les niveaux; elles sont naturelles, belliqueuses ou criminelles, rendant ainsi le monde de plus en plus dangereux. De multiples questions se posent à la conscience des hommes de ce monde. Faudrait-il rester chez soi dans une île susceptible d'être rayée de la surface terrestre par un cataclysme ravageur? Faudrait-il opter pour un Eldorado Occidental au risque de perdre sa vie dans un canot surchargée et d'être victime d'une maffia des passeurs sans coeur? S'exiler dans un pays où les étrangers sont accueillis en parasites ou accusés de tous les péchés du monde? Faudrait-il rester chez soi privé des droits élémentaires ou dans des conditions précaires de pauvreté et de détresse? Ou bien faudrait-il croiser les bras et regarder stoïquement le monde s'effondrer sans qu'on dise un mot? Dans un monde où un nationalisme xénophobe, haineux et raciste revoit le jour, il convient de garder, quelle que soit l'option qu'on prend, sa personnalité intègre et intacte contre les vents de l'histoire. 

Quelques pensées


  • 22-23 septembre. Je pense à l'abbé Nicolas Berends qui aurait pu fêter 90 ans en ce jour. Paix à son âme! Je pense à l'abbé Jean-Pierre Gavuka, décédé il y a trente et un ans. Paix à son âme! Avec Nico, nous avons posé les jalons de la paroisse Anuarite à Kenge. Avec Jean-Pierre, nous avons partagé les méandres de Kalonda, Mayidi et Rome avant nos quatre années communes à la procure et à l'évêché de Kenge. "Lux aeterna luceat eis, Domine!"

Une semaine de reconstitution

Après le passage de la tempête tropicale Maria quoiqu'elle n'ait pas frappé la Barbabe, on a l'impression que l'île se remet petit à petit d'un malaise climatique. Les plages ont changé de configuration, des arbres sont tombés, les alertes et les points de secours sont encore en action. Au niveau psychologique, les gens bien que sereins et habitués à ces tourbillons annuels ne semblent pas encore prêts d'oublier cet événement. Les images qui viennent des autres îles proches et lointaines interpellent souvent: "Cela aurait pu aussi arriver ici".  Toutefois, Harvey a laissé de sérieux dégâts matériels dans l'une ou l'autre paroisse de l'île. Les gens ont la mémoire longue.
Je constate pour ma part un incroyable élan de solidarité qui ne fait que s'amplifier chaque année. Les tonneaux de "UWI Relief Fund" sont visibles à différents sites du campus. Les trois campus sont mobilisés. Aujourd'hui, plus significativement qu'auparavant, toutes les couches de notre population universitaire - étudiants, personnel académique, administratif, sécuritaire, technique, service d'entretien - s'impliquent dans cet effort régional d'assistance aux personnes qui ont tout perdu suite à ces désastres naturels. Cela existait aussi par le passé, mais ce qui a surtout changé, c'est l'organisation. L'organisation centralisée de ce service de collecte d'argent et de produits de première nécessité en faveur des îles frappées par les catastrophes, s'est révélée efficace et, surtout, respectueuse de la personne humaine. Je me souviens encore des conditions dans lesquelles, lorsque je dirigeais la Cave Hill Film Society qui n'existe plus malheureusement, nous avions pris l'initiative d'une action en faveur d'Haïti. Aujourd'hui, la différence est que cette initiative serait directement intégrée dans un plan déjà mis en place au sein de l'institution-université.
Hier, lors de ma randonnée à la plage, je suis allé revoir mon ami "marginal" qui, pour six mois de l'année, a élu domicile au pied d'un hôtel dans le bosquet de la plage, à moins de cinq mètre de la mer. Un monsieur comme vous et moi, mais atypique, original. Le décor a changé cette fois. Par le passé, il avait un véritable abri couvert d'une sorte de tente. Là je n'ai vu qu'un lit placé sur une sorte de grande planche à natation et couvert de quelques couches de plastic. 
- Hello, Mr S.
- Hi my friend. Nice to see you. 
- How are you today?
- Very well thanks.
- Where did you hide during the last hurricane?  
- Nowhere. I was here as you see me. Don't forget I am a water-man. Water is my life. I live in the water. My job deals with the water. I listen to nobody's advice. I follow the beat of my heart and self (sic).
- But, hold on, Sir. Hurricane can kill you or at least threaten your life.
- Do you know what happened some years back when Thomas passed by? All the trees around fell down except the ones you see on my right. I was safe and sound. Etc.
Pour la petite histoire, l'ouragan Thomas eut lieu en 2010 et tua, si ma mémoire est bonne, près de cent personnes dans la région. Cet homme qui vit tout seul dans ce bosquet n'a peur de rien et n'écoute personne. Ce que j'aime chez lui, c'est son esprit original, sa liberté totale. Son analyse du monde est surprenante. Je le respecte beaucoup et quand j'en ai le temps, j'aime discuter avec lui.
"I hate White people, I hate Black Americans, I like Caribbean, African and North Korean people. As you know, Whites possess the whole world, take everything from Africa, Latin America, Asia and so on. Their Imperialism has put in place strategies to keep all the other inhabitants of the world in slavery, poverty, submission. That is why I hate them all. I like the young Korean leader because he resists all pressures from the West. His people love him otherwise they would have killed him like Saddat in Egypt..." 
Cet homme qui dit avoir voyagé à travers le monde entier, et je le crois sincère, a des idées claires quant aux rapports entre les puissances, les races, la distribution des richesses, la politique qu'il abhorre parce qu'il la trouve malhonnête et corrompue. Mr S. est un héros dans l'ombre. En décembre, il va abandonner son bivouak pour honorer son contrat de travail annuel.  
La semaine touche à sa fin, nous reprenons nos routines hebdomadaires. Elle a commencé avec deux jours de fermeture d'écoles, elle finit ensoleillée, pleine d'espoirs, d'ardeur. La vie reprend lentement son cour normal.

18 sept. 2017

Au son de la tempête Maria

18 septembre 2017. Ce matin, nous nous sommes réveillés au son de la tempête Maria. Après Harvey qui a provoqué des inondations à la paroisse St Peter et des destructions à Christ Church, après Irma qui a désolé Barbuba et St Barth, voici la tempête Maria. Annoncée catégorie 1, elle suit la trajectoire d'Irma. Cependant, elle a provoqué à la Barbade une pluie torrentielle interminable qui nous retient à la maison pour toute la journée. Les écoles sont fermées. La circulation est réduite au minimum quoique certains de nos voisins soient sortis, partis où Dieu seul sait et pour des raisons assurément justifiées.
Pendant que j'écris ces lignes, la météo informe que Maria vient de passer à la catégorie 2 dans les autres îles des Antilles. A suivre donc!
Nous sommes sains et saufs. Merci de penser à nous dans vos prières!

15 sept. 2017

Une semaine entre deux sentiments.

La subordination c'est ce que les gens appellent le professionalisme. Accepter son statut de travailleur ou d'ouvrier TO comme il se doit, c'est cela. Obtempérer aux injonctions des supérieurs, obéir sans réchigner, ne suivre que les instructions de l'autorité, c'est ce que d'autres nomment déontologie professionnelle. Mais ce n'est pas la même chose. Moi, dans mon ignorance et ma spontanéïté naïves, j'évoque souvent ces termes sans les distinguer.
Lundi passé, mon département a trouvé que j'avais une charge horaire en-dessous de la moyenne, maintenant que je ne suis rien. J'entends ni chef, ni coordinateur, ni chargé de quoi que ce soit. Un torchon comme un prêt-à-porter Yves St-Laurent émoussé jadis prestigieux. J'ai été remercié du dernier comité d'une façon très diplomatique. Je suis devenu nul. Quoique je ne dispose d'auncun pouvoir special, ma qualité me case pourtant dans les sphères décisionnelles de l'institution. De temps en temps, je participe à telle ou telle réunion.  Des fois, je pousse mon aventure jusqu'au nez de notre leader académique. Sans ambition ni vergogne. En dépit de ma proximité de l'autorité, je ne m'identifie jamais à cette distinction. Quand j'étais jeune, je me définissais comme quelqu'un de gauche. Je le suis resté, mais un peu seulement.
Eh bien, cette semaine, une étudiante a secoué le baobab parce qu'elle a payé ses frais mais ne s'est pas vue offrir un cours. Alors, on a cherché dans l'écurie la brebis gâleuse pour remplir le trou et surtout éviter à l'institution l'opprobre d'un jugement au tribunal. Un quidam m'a soufflé que nous perdons tous les procès. Alors, il faut éviter toute friction avec ces instances. Les étudiants de cette génération savent mieux que d'autres revendiquer leurs droits. La logique est simple. Elle n'a pas payé pour qu'elle rate son cours, d'autant plus que l'acquisition élémentaire d'une langue étrangère compte comme crédit pour l'obtention de son diplôme. J'ai ainsi été obligé d'accepter cette charge plutôt que de perdre ma personnalité. Avais-je seulement le choix? L'astuce de l'autorité revient à imposer sa volonté par le truchement d'une question rhétorique. "Would you be able to do so and so?" On vous demande d'accepter sans le vouloir, une corvée qui ne dit pas son nom. Pour moi, il y a du boulot, je le fais. Je ne me pose pas de questions.
Ce matin, j'ai été surpris par une nomination inattendue. On m'a mis dans un conseil de l'université, celui chargé des études postgraduées et de la recherche. Pour trois ans. Un honneur pas du tout mérité. Suis pas le meilleur, mais j'estime que c'est mon tour et que chacun doit aussi porter le flambeau. Il y a du boulot, je le fais. Le reste ne m'intéresse pas. La première réunion, c'est pour bientôt. J'en parlerai le moment venu. Deux sentiments? Que non, un seul. Celui de la surprise. Moi je suis un professionnel. Au moins je le crois.

9 sept. 2017

9.9 St Pierre Claver

Je ne l'ai pas oublié bien que j'aie reçu un message de Mme Traudl Schmitt, une des rares personnes à s'en souvenir: "Natürlich denke ich an Dich... besonders heute an Deinem Namenstag. Alles Liebe und Gute, Gesundheit und Glück, Erfolg und ein gutes Leben." 
Merci Traudl pour ta fidélité. Voilà vingt-trois ans que tu n'as jamais oublié de me souhaiter bonne fête patronale. Une fête devenue quelque peu désuète. Soit. La pensée est là; c'est l'essentiel. 
Un jour pareil aux autres mais pas tout à fait. Je ne suis sorti qu'après 18 heures pour une virée nocturne à la plage de Folkstone. Conversations avec pas mal des gens, mais plus soucieux de s'enquérir de l'ouragan Irma que de mon saint patron dont ils ne savent que peu ou prou. Des voeux d'anniversaire de naissance écrits à trois dames : Ritha Kayolo à Paris, Béa Mukangu à Wash DC, et Nadine à Kinshasa. 
9.9.79, je foule le sol européen pour la première fois par un vol d'Air Zaïre qui a atterri à Fiumicino à 6h00 du matin. J'ai dû revoir ma copie de langue italienne apprise à partir d'un manuel Italien sans peine arraché à Zéphyrin Mukangu, convaincu que mon parcours me menerait vraisemblablement eun jour en Italie. Ce fut chose faite une année plus tard. La blague courait que pour bien parler l'italien, il suffisait de tourner les mots latins au datif ou à l'ablatif. C'était un bon coup de départ. Je parlais sans me préoccuper des fautes comme d'ailleurs je le fais pour toute langue. Quoi dire encore? Rien.
Je suis fatigué, je vais dormir. Mille excuses!  

7 sept. 2017

L'ouragan Irma

Depuis quelques jours sévit l'ouragan Irma sur les Antilles. J'écris surtout pour rassurer parents, amis et connaissances que nous nous portons bien, que la Barbade n'a pas été touchée par cette bombe aquatique dévastrice. La mer est toutefois très agitée. Je recommande à vos prières toutes les personnes dont la vie est mise en danger par cet ouragan. Notre espoir est dans les mains du Seigneur.

La leçon des élections présidentielles au Kenya

1. Une première en Afrique que l'annulation des résultats des élections par la Cour suprême kenyane. L'Afrique est habituée à voir les présidents en place ou leurs dauphins remporter haut la main les elections. Quoique le Rwanda nous ait récemment présenté un autre tableau, les 99,99% ne sont plus de mise aujourd'hui. On s'habitue désormais à des résultats moins spéctaculaires. Mais la règle de la victoire tient toujours: "Le pouvoir organisateur des elections les remporte indiscutablement." La règle implicite veut qu'on n'organise pas les élections pour les perdre. Au Kenya, il s'est passé des choses inédites. Peu avant les elections, l'homme qui était chargé d'entrer les résultats, c'est-à-dire celui qui détenait le mot de passé, a été enlevé, torture, et retrouvé pendu, assassiné ou suicide en pleine forêt. Un assassinat dont les traces conduisent vers les manipulateurs du système.
2. Des juges incorruptibles. Une amie dont le véhicule a été détruit à la suite d'un accident, s'est vue imposer de "soigner" le procureur de la république afin d'obtenir gain de cause. La logique est que le juge soit corrompu par les deux parties pour rendre justice. Ainsi, dans cette logique, le lésé et l'agresseur paient le juge en dehors des normes en vigueur. Et les frais de reparation fixés par les services automobiles sont sujets à caution. Au final, la dame a eu à dépenser beaucoup plus que si elle avait decide simplement de réparer les dégâts elle-meme. Ainsi parler de juge incorruptible dans toute l'Afrique ressemble à une aberration. Pourtant, il y a des pays où les instances de la justice fonctionnent avec une surprenante satisfaction, en s'alliant exceptionnellement du côté du peuple. Le cas du Kenya mérite qu'on s'y penche.
3. L'annulation des résultats est une étape importante. Ce n'est pas souvent qu'une telle situation arrive en Afrique où les présidents en place sont presque toujours assurés de conserver leurs sièges.  Ce dernier tient d'une main de fer tous les instruments de la victoire électorale: la radio, le service de sécurité, l'argent, l'armée, la police, la commission électorale dite indépendante, etc. Tous les appareils et rouages de l'Etat sont massivement mobilisés pour le camp présidentiel contre une Opposition souvent minée, muselée et divisée. Je n'ai nulle part dit "corruption" ou "mascarade électorale". Au Kenya on peut comprendre la frustration et l'intransigeance de Mr. Raila Odinga  vis-à-vis de la Commission Electorale Indépendante, qui n'a d'indépendance que le nom, qui en fait détient les clés de la victoire ou de la défaite. Véritable caisse de résonnance de l'establishment politique. C'est hélàs là que tout se joue. On joue la comédie, aurait commenté le dramaturge togolais Zinsou.
4. Attendons donc voir les inconnus que nous réservent Monsieur Uhuru Kenyatta et sa famille politique. Tous les yeux sont braqués sur ce beau pays oriental que les Shebab tentent de démolir sans succès. Plus rien ne sera comme avant.  

6 sept. 2017

La pratique fétichiste en sports

En Afrique, rien ou presque rien ne se fait sans arrière-plan fétichiste ou occulte. Même ou surtout dans les domaines où on s'y attend le moins. Les fétiches, c'est comme la prière. On y croit ou on n'y croit pas. Ceux qui y croient y vont à fond, parfois au risque de mettre leur honneur et leur personnalité en veilleuse. C'est indécrottable. C'est notre culture, ajoutent certains. C'est la sève fondamentale de nos croyances d'Africain, entend-on dire aussi. 
"O tempora o mores", aurait dit Cicéron. Hier matin, peu avant le match des Léopards contre les Tunisiens, j'ai été surpris de voir rapporté sur Facebook un culte occulte insolite au Stade des Martyrs. à Kinshasa: A cette cérémonie  fétichiste, il y avait des hommes et des femmes en habits de parade circulant à travers le terrain de football, évoquant Dieu seul sait quel ancêtre ou quel diable. Des personnes qui ne savent sûrement rien du foot. J'ai reconnu parmi les participants mon propre cousin. C'était, selon toute apparence, lui à la manette de ce spectacle digne d'un cirque de sorciers d'un autre siècle. Par pudeur et par refus de tenir des propos spontanés, je me suis retenu d'écrire un commentaire. En plus, j'étais trop occupé par mes responsabilités pour y consacrer du temps. J'ai eu toutefois le loisir de lire les commentaires de quelques internautes sur la toile. Les uns encourageaient et validaient cette pratique tandis que d'autres s'en fichaient éperdument.
En exergue on pouvait lire: "Allez Y Les léopards. Nous avons fait ce qui relève de notre pouvoir." Le match est joué, je n'ai suivi en direct que quelque cinq minutes. Difficile de dire quelle a été la part des incantations diaboliques dans ce score de 2 - 2. Qu'on se le dise une fois pour toutes. Le charlatanisme n'a jamais fait gagner un match; tout est dans la preparation physique, mentale et tactique. Le reste tralalala, blablabla. Une équipe qui encaisse deux buts dans les dernières minutes alors qu'elle a mené 2 - 0 ne peut s'en prendre qu'à son dysfonctionnement interne et à son défaillant manque de concentration. Les joueurs comme les spectateurs croyaient le match gagné d'avance, au lieu de persévérer jusqu'à la dernière minute. A ce jeu-là les Tunisiens se sont montrés les plus forts. Il n'y a aucun mystère à cela. A quoi cette cérémonie sorcière a-t-elle servi?
La CAF et la FIFA doivent banner ces pratiques si l'on tient à ce que le football avance dans nos pays d'Afrique. La sorcellerie, je l'ai toujours soutenu, est un obstacle au développement d'un pays.