La subordination c'est ce que les gens appellent le professionalisme. Accepter son statut de travailleur ou d'ouvrier TO comme il se doit, c'est cela. Obtempérer aux injonctions des supérieurs, obéir sans réchigner, ne suivre que les instructions de l'autorité, c'est ce que d'autres nomment déontologie professionnelle. Mais ce n'est pas la même chose. Moi, dans mon ignorance et ma spontanéïté naïves, j'évoque souvent ces termes sans les distinguer.
Lundi passé, mon département a trouvé que j'avais une charge horaire en-dessous de la moyenne, maintenant que je ne suis rien. J'entends ni chef, ni coordinateur, ni chargé de quoi que ce soit. Un torchon comme un prêt-à-porter Yves St-Laurent émoussé jadis prestigieux. J'ai été remercié du dernier comité d'une façon très diplomatique. Je suis devenu nul. Quoique je ne dispose d'auncun pouvoir special, ma qualité me case pourtant dans les sphères décisionnelles de l'institution. De temps en temps, je participe à telle ou telle réunion. Des fois, je pousse mon aventure jusqu'au nez de notre leader académique. Sans ambition ni vergogne. En dépit de ma proximité de l'autorité, je ne m'identifie jamais à cette distinction. Quand j'étais jeune, je me définissais comme quelqu'un de gauche. Je le suis resté, mais un peu seulement.
Eh bien, cette semaine, une étudiante a secoué le baobab parce qu'elle a payé ses frais mais ne s'est pas vue offrir un cours. Alors, on a cherché dans l'écurie la brebis gâleuse pour remplir le trou et surtout éviter à l'institution l'opprobre d'un jugement au tribunal. Un quidam m'a soufflé que nous perdons tous les procès. Alors, il faut éviter toute friction avec ces instances. Les étudiants de cette génération savent mieux que d'autres revendiquer leurs droits. La logique est simple. Elle n'a pas payé pour qu'elle rate son cours, d'autant plus que l'acquisition élémentaire d'une langue étrangère compte comme crédit pour l'obtention de son diplôme. J'ai ainsi été obligé d'accepter cette charge plutôt que de perdre ma personnalité. Avais-je seulement le choix? L'astuce de l'autorité revient à imposer sa volonté par le truchement d'une question rhétorique. "Would you be able to do so and so?" On vous demande d'accepter sans le vouloir, une corvée qui ne dit pas son nom. Pour moi, il y a du boulot, je le fais. Je ne me pose pas de questions.
Ce matin, j'ai été surpris par une nomination inattendue. On m'a mis dans un conseil de l'université, celui chargé des études postgraduées et de la recherche. Pour trois ans. Un honneur pas du tout mérité. Suis pas le meilleur, mais j'estime que c'est mon tour et que chacun doit aussi porter le flambeau. Il y a du boulot, je le fais. Le reste ne m'intéresse pas. La première réunion, c'est pour bientôt. J'en parlerai le moment venu. Deux sentiments? Que non, un seul. Celui de la surprise. Moi je suis un professionnel. Au moins je le crois.
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