Après le passage de la tempête tropicale Maria quoiqu'elle n'ait pas frappé la Barbabe, on a l'impression que l'île se remet petit à petit d'un malaise climatique. Les plages ont changé de configuration, des arbres sont tombés, les alertes et les points de secours sont encore en action. Au niveau psychologique, les gens bien que sereins et habitués à ces tourbillons annuels ne semblent pas encore prêts d'oublier cet événement. Les images qui viennent des autres îles proches et lointaines interpellent souvent: "Cela aurait pu aussi arriver ici". Toutefois, Harvey a laissé de sérieux dégâts matériels dans l'une ou l'autre paroisse de l'île. Les gens ont la mémoire longue.
Je constate pour ma part un incroyable élan de solidarité qui ne fait que s'amplifier chaque année. Les tonneaux de "UWI Relief Fund" sont visibles à différents sites du campus. Les trois campus sont mobilisés. Aujourd'hui, plus significativement qu'auparavant, toutes les couches de notre population universitaire - étudiants, personnel académique, administratif, sécuritaire, technique, service d'entretien - s'impliquent dans cet effort régional d'assistance aux personnes qui ont tout perdu suite à ces désastres naturels. Cela existait aussi par le passé, mais ce qui a surtout changé, c'est l'organisation. L'organisation centralisée de ce service de collecte d'argent et de produits de première nécessité en faveur des îles frappées par les catastrophes, s'est révélée efficace et, surtout, respectueuse de la personne humaine. Je me souviens encore des conditions dans lesquelles, lorsque je dirigeais la Cave Hill Film Society qui n'existe plus malheureusement, nous avions pris l'initiative d'une action en faveur d'Haïti. Aujourd'hui, la différence est que cette initiative serait directement intégrée dans un plan déjà mis en place au sein de l'institution-université.
Hier, lors de ma randonnée à la plage, je suis allé revoir mon ami "marginal" qui, pour six mois de l'année, a élu domicile au pied d'un hôtel dans le bosquet de la plage, à moins de cinq mètre de la mer. Un monsieur comme vous et moi, mais atypique, original. Le décor a changé cette fois. Par le passé, il avait un véritable abri couvert d'une sorte de tente. Là je n'ai vu qu'un lit placé sur une sorte de grande planche à natation et couvert de quelques couches de plastic.
- Hello, Mr S.
- Hi my friend. Nice to see you.
- How are you today?
- Very well thanks.
- Where did you hide during the last hurricane?
- Nowhere. I was here as you see me. Don't forget I am a water-man. Water is my life. I live in the water. My job deals with the water. I listen to nobody's advice. I follow the beat of my heart and self (sic).
- But, hold on, Sir. Hurricane can kill you or at least threaten your life.
- Do you know what happened some years back when Thomas passed by? All the trees around fell down except the ones you see on my right. I was safe and sound. Etc.
Pour la petite histoire, l'ouragan Thomas eut lieu en 2010 et tua, si ma mémoire est bonne, près de cent personnes dans la région. Cet homme qui vit tout seul dans ce bosquet n'a peur de rien et n'écoute personne. Ce que j'aime chez lui, c'est son esprit original, sa liberté totale. Son analyse du monde est surprenante. Je le respecte beaucoup et quand j'en ai le temps, j'aime discuter avec lui.
"I hate White people, I hate Black Americans, I like Caribbean, African and North Korean people. As you know, Whites possess the whole world, take everything from Africa, Latin America, Asia and so on. Their Imperialism has put in place strategies to keep all the other inhabitants of the world in slavery, poverty, submission. That is why I hate them all. I like the young Korean leader because he resists all pressures from the West. His people love him otherwise they would have killed him like Saddat in Egypt..."
Cet homme qui dit avoir voyagé à travers le monde entier, et je le crois sincère, a des idées claires quant aux rapports entre les puissances, les races, la distribution des richesses, la politique qu'il abhorre parce qu'il la trouve malhonnête et corrompue. Mr S. est un héros dans l'ombre. En décembre, il va abandonner son bivouak pour honorer son contrat de travail annuel.
La semaine touche à sa fin, nous reprenons nos routines hebdomadaires. Elle a commencé avec deux jours de fermeture d'écoles, elle finit ensoleillée, pleine d'espoirs, d'ardeur. La vie reprend lentement son cour normal.
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