30 janv. 2016

Polygamie ou prison?

La décision du gouvernement erythréen d'imposer la polygamie aux hommes au risque d'être emrpisonnés dérange, surprend et révolte selon que l'on soutient telle ou telle doctrine de vie. Les hommes applaudissent, les femmes refusent ou se résignent. Une décision pareille, je ne sais pas à quel niveau elle a été prise, démontre la complexité du monde et des visions du monde. Pour les uns, elle répond à un exercice souverain de la conduite d'un état; pour d'autres c'est simplement un abus de pouvoir qui va à l'encontre des principes fondamentaux qui sous-tendent les droits de l'homme. 
1. Exercice de la souveraineté nationale? Le gouvernement erythréen a le devoir d'assurer la vie et de l'organiser au sein de son territoire. Vu le nombre élevé de femmes comparé aux hommes, vu l'insuffisance démographique, ce gouvernement a jugé judicieux d'imposer une justice pour que plus de femmes jouissent du droit d'être épouses et que, par conséquent, la population erythréenne décimée par la guerre, augmente de façon raisonnable. Le bien de l'Etat prévaut sur celui des individus. Ce faisant, aucun autre état ne saurait s'octroyer le droit d'imposer à l'Erythrée des principes d'organisation qui ne répondent pas au besoin de son peuple. Et dans ce domaine comme dans les autres, la souveraineté nationale ne se discute pas, ne se négocie pas et ne souffre d'aucune imposition idéologique extérieure. Quand il touche à des points sensibles et individuels, il y a de quoi se demander où commence le droit de l'individu et jusqu'où s'étend le pouvoir du gouvernement d'un pays.
2. Abus de pouvoir? On croirait avoir affaire à une dictature morale ou ethique. Le gouvernement en prenant une telle mesurene va-t-il pas à l'encontre des libertés individuelles et sociales? On répondra assurément que nul ne sait, mieux que le gouvernement erythréen, ce qui est bien pour l'Erythréen. Son devoir n'est-il pas de veiller au bien-être de la population et de réguler sa vie communautaire? Avec de tels raisonnements, on tombe vite dans l'arbitraire et l'imprévisible. D'un point de vue simplement éthique, l'imposition de se marier sur l'ordre d'un gouvernement soucieux d'assurer une justice égalitaire et d'augmenter la démographie de la population paraît abusive, totalitaire et sans fondement. Le passage forcé d'un souhait à une loi est controversé et ne saurait recevoir l'unanimité des citoyens. Le résultat est que les hommes applaudissent alors que les femmes y sont opposées. Logique! On légalise le voeu des hommes d'avoir plusieurs femmes pendant que celles-ci sont réduites à subir le calvaire d'une polygamie non désirée. Il va sans dire qu'on touche à leur liberté fondamentale quoique ce soit dans un pays musulman. On touche à leur droit fondamental.
3. Atteinte aux droits de l'homme? Etre emprisonné pour avoir refusé de devenir bigame ou polygame revient à une condamnation qui porte atteinte aux droits de l'homme. Tout dépend de comment on interprète la loi qui impose la polygamie. Qu'adviendra-t-il des hommes incapables physiquement ou psychologiquement d'entretenir un foyer à plusieurs femmes? Qu'adviendra-t-il des femmes qui déserteront la maison à la suite d'un désaccord avec le mari sur ce sujet? N'y a-t-il pas risque de déstabiliser la société et son fonctionnement? Je ne sais pas s'il y a une minorité chrétienne; si elle existe, faudra-t-il mettre en prison tous ces chrétiens qui s'attacheraient aux principes de leur religion? Là alors, on frise l'intolérance. Que prévoit la loi pour les récalcitrants ou les objecteurs de conscience qui seraient tentés de s'y opposer par des moyens légaux et par l'activisme? Qu'adviendra-t-il du droit au divorce? Les questions sans réponses claires sont nombreuses.
4. Des solutions? Il y a dans ce monde déjà plusieurs pays qui encouragent la natalité en prenant des mesures plus ouvertes, sans empiéter sur les libertés individuelles. Les pays scandinaves (Suède, Norvège, Finlande, etc.) accordent des congés de paternité et de maternité allant jusqu'à une année; congés payés avec des allocations spéciales, soutien de l'infrastructure sociale, amélioration des conditions de vie et de santé pour les familles nombreuses. Ils pratiquent des politiques sociales plus humaines sans contraindre qui que ce soit à devoir devenir père ou mère contre son voeu. Pour que les femmes ne se sentent pas désavantagées par une telle loi discriminatoire et partiale, il faudrait responsablement les associer à la recherche des voies et moyens plus respectueux de leur statut de femme et de mère. La polygamie étant autorisée par la religion islamique, il conviendrait d'équilibrer l'autorité du mari en évitant les abus les plus délicats. Dans un monde de plus en plus matérialiste et capitaliste, le centre de l'action sociale doit viser la valorisation de la femme et du rôle qu'elle pourrait y jouer. Notons toutefois que les Erythréens sont absolument indépendants et libres de trouver les meilleures solutions à leurs problèmes.

Erythrée: Polygamie ou Prison

Ci-dessous un texte intégral que j'ai lu sur Facebook:

"Le gouvernement erythréen impose  la polygamie aux hommes ou c'est la prison.
Le gouvernement d’Erythrée, pays dans la corne de l’Afrique, demande aux hommes de marier plus d une femme sous peine d emprisonnement. Le pouvoir de ce pays oblige ainsi les hommes à être polygame ou de faire l’objet de poursuites judiciaires.
femmes 200
Un texte de loi a été rendu public à ce sujet, en ces termes : « en se basant sur le jugement de Dieu à propos de la polygamie et des circonstances actuelles du pays (beaucoup plus de femmes que d hommes), le département érythréen des affaires religieuses a pris les décisions suivantes. D’abord tous les hommes devront épouser au moins deux femmes et l’homme s y opposant pourrait purger une peine d emprisonnement à vie avec travaux forcés ». Les menaces ne sont cependant pas que pour les hommes car, il est précisé : « la femme qui essaye de dissuader son mari d’épouser une autre femme encourt une peine d’emprisonnement à vie ».
D’après le gouvernement tous les hommes devraient marier le plus de femmes possible et avoir le plus d’enfants possible pour rattraper le déficit causé par la guerre qui opposa le pays à l Éthiopie voisine. La majorité des hommes du pays ont accueilli la nouvelle avec joie, une minorité trouvant elle que la décision va à l’encontre des droits de l homme. Plusieurs femmes y sont formellement opposées."

(Source: http://popafro.com/le-gouvernement-erythreen-exige-la-polygamie-aux-hommes-ou-cest-la-prison/ )

Les Léopards de la RDC en demi-finale

30 janvier 2016. CHAN. Par un coup du hasard, j'ai obtenu grâce à Max Mbemba un lien pour suivre en direct le match des quarts de finale entre le Rwanda et la RDC. C'était déjà vers la trentième minute. C'était déjà 1-0. Mais j'ai tout de suite déchanté à la vue du match tellement les Rwandais déployaient une meilleure possession du ballon que les Congolais qui se contentaient de relancer la balle plutôt que de gérer lucidement le match. Si les attaquants rwandais n'étaient pas maladroits, ils auraient égalisé dès la première période. A la reprise, le Rwanda a continué sur sa lancée; et j'ai logiquement admiré le but égalisateur sur une erreur défensive notoire du libéro congolais. Lorsqu'on est dernier défenseur, on s'assure de maîtriser la balle plutôt que de céder à la panique ou de tenter des gestes hasardeux. Une bonne vision du jeu aurait pu éviter cette bavure. Puis, j'ai eu à accompagner les enfants au ballet et au coiffeur. De là j'ai pu accéder à l'internet pour lire le résultat final, soit 2-1 en faveur des Congolais. Je dois avouer que j'ai été profondément surpris et satisfait de cette qualification. Congratulations pour cette victoire aux connotations symboliques qui venge le sang de tant des morts congolais oubliés! 
Voilà les Léopards désormais en demi-finale avec toutes les chances de gagner la coupe CHAN 2016. Mais ce ne sera pas facile avec une équipe du genre de celle que j'ai vue ce soir. L'entraîneur Ibenge devra cependant revoir sa tactique en opérant les changements qui s'imposent au classement. La défense paraît solide; mais la médiane est presque inextante. Un travail technique et tactique s'avère nécessaire pour la gestion de la demie-finale, vu qu'à ce niveau toute erreur se paie dramatiquement.
Allez les gars! Faites honneur à vos compatriotes!

Heureux Anniversaire à Tata-Khetu-Mama Macha

30 janvier 2016. Ma tata-khetu-mama, tante paternelle et maternelle - ainsi en a voulu le sort - Charlotte Mayengo entre dans une nouvelle étape de sa vie. Ma tante chérie fête un anniversaire important. Que l'Eternel lui accorde des grâces et bénédictions abondantes pour le reste de sa vie. Elle est devenue heureuse double grand-mère au cours de l'année écoulée avec les naissances de Michael et Michaella, enfants de Giselle et Rozy, signe que le Seigneur veille sur elle et sa descendance. Au nom des miens, je lui souhaite un heureuse anniversaire.
Depuis notre toute première rencontre à Kenge, loin dans la mémoire de l'histoire, nous sommes attachés par un amour sans failles. Mes passages à Croydon s'effectuent dans une ambiance familiale qui émeut toujours mon coeur. Ensemble, nous partageons les joies et les peines de la vie. Ensemble, nous évoquons nos morts. Ensemble, nous évaluons le présent et nous nous soutenons pour le meilleur. Tout dire reviendrait à édulcorer la magie de l'amour qui nous lie. Je m'arrête là.
A tata-khetu-mama, buna twa zonziki ku kileki. Kola, kola, kola. Kha Mwanga ye Mwana-Nzima bakutanina kuna benda. Beto bosu ku nina dia ngeyi, twa monga makabu ma luzingu. Tata Nzambi kakusambula! Mini Mutekulu Kahiudi, Mutekulu Mayengo!
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29 janv. 2016

Une conversation de ce matin

29 janvier 2016. Ce matin, j'ai eu une conversation avec une dame qui dit ne pas croire en Dieu mais plutôt en un Créateur et maître de l'univers. Elle refuse Dieu du fait que l'évangélisation est liée à la colonisation des peuples et à la destruction systématique de leur substance culturelle et religieuse originale par la force du plus fort. Je lui ai répondu que je ne discutais pas ces genres de choses simplement parce qu'il est impossible de trouver un terrain d'entente avec une doctrine révisionniste et raciale dont les contours sont difficiles à cerner rationnellement. Tout en respectant son opinion je n'ai pas cherché à la convertir à ma vision du monde. Elle est presque tombée des nues lorsque je lui ai appris mon parcours de vie, ainsi que ma formation philosophique et théologique. A sa demande à propos de l'avantage d'avoir étudié à Rome, centre d'endoctrinement religieux par excellence selon elle, j'ai à peu près répondu comme suit.
S'il est des privilèges que j'ai eus d'étudier à Rome, c'est d'avoir été au coeur de l'église catholique et d'avoir approché des sommités ecclésiastiques et religieuses. Des privilèges qui ne sauraient se concevoir hors des murs romains. J'ai passé trois mémorables années dans la Ville Eternelle. J'ai assisté à des messes aussi bien à la basilique St Pierre que dans la chapelle privée du St Père. J'ai eu des professeurs qui travaillaient dans les dicastères pontificaux; j'ai eu des condisciples qui sont aujourd'hui évêques, nonces et grands responsables de l'église. J'ai pratiquement vu tous les cardinaux que comptait l'église d'alors. J'ai croisé un cardinal futur pape dans le jardin derrière l'édifice de Radio Vatican. J'ai vu pendant ce temps, outre les sarcophages papaux, celui de Ste Catherine de Sienne comme celui St Arnold Jansen à Steyl. Je pourrai en citer plus. Mon recteur et professeur de sacrements est devenu plus tard préfet de la congrégation romaine des causes des saints. Un autre a dirigé la commission pontificale pour l'unité des chrétiens. Il m'a été donné l'occasion de suivre des conférences tenues par des théologiens de réputation internationale. Dans la foulée, j'ai aussi croisé deux personnes aujourd'hui reconnues saintes: le Pape Jean Paul II déjà canonisé et Soeur Mère Thérèse en voie de l'être. Comme pour ajouter à l'édification, après Rome j'ai vu à Isiro en janvier 1986, non seulement le lieu où a été assassinée Sr Clémenentine Nengapeta Anuarite, martyre congolaise de la foi, mais aussi ses parents et ses soeurs, encore vivants à l'époque. Des personnes charmantes.
D'autre part, et j'ai tenu à le souligner car les Caribéens possèdent une vision stéréotypée de l'Afrique, le passage à Rome ne doit pas occulter la formation chrétienne et humaine de base reçue aussi bien dans ma famille qu'au sein des écoles primaire, secondaire et supérieure chez moi au Congo. Là aussi j'ai eu des maîtres qui m'ont aidé sur mon chemin de vie. La liste est longue. A Mutoni, Kimbau comme à Kenge ou à Kalonda, j'ai bénéficié d'un encadrement qui m 'a permis de m'orienter aussi bien humainement que spirituellement. Ce que je suis aujourd'hui, je peux prétendre, avec le recul du temps et sans risque de me tromper, que c'est le résultat de tout cela. Gloire soit rendue à l'Eternel.

26 janv. 2016

Richard and Jeannette Allsopp Centre for Caribbean Lexicograhy

January 25, 2016 was a very important day, a mlilestone in the life of the Centre for Carribean Lexicography: the centre has officially been named after Richard and Jeannette Allsopp. The centre being part of the Department of LLL, I  was partly involved in the organization of the event. At the level of my department, we inaugurated a Richard Allsopp Memorial Lecture, which will be held annually if possible. The naming ceremony took place at 10 am. Mr. Campus Registrar Ken Walters was the MC; Remarks were made respectively by Dr Jason Siegel, Research Fellow, PVC and Principal Prof. Eudine Barriteau, Prof. em. Woodville Marshall and Dr. Jeannette Allsopp. After the speeches, the plaque was unveiled by Prof. Barriteau and Dr Allsopp in the presence of more than 100 invitees. A tent was build in front of the McIntyre Building of the Cave Hill Campus to host the event.
Guyanese born Dr Richard Allsopp (1923-2009) was a reader in linguistics at the University of the West Indies, among the founding members of the Cave Hill Campus in the sixties. He occupied many positions of responsibility in the administration of the campus. His passion for the right word and expression brought him to create in 1972 the centre for lexicography, to which he dedicated the rest of his life. He fought courageously to keep the centre functioning despite many obstacles. He managed to raise funds for the survival of the centre with the lovely assistance of Jeannette. Nothing could stop him from doing what he aimed to do.
In the evening at 7 pm, our department organized the Inaugural Richard Allsopp Memorial Lecture, with Prof. Ian Robertson as guest speaker. Friends, colleagues and family of the Allsopp attended the lecture. Dr. Jennifer Obidah opened the floor by welcoming the audience. I then made some remarks, followed by Dr. Jason Siegel before the lecture. Prof. Robertson is a former dean the Faculty of Humanities at the St Augustine Campus, Trinidad. A .student of Richard Allsopp at Queen's College back in Guiana, he was actually the best person to speak on Allsopp's work and achievements. We were not disappointed. I am particularly happy for Jeannette, because all these events went successfully. Thanks to my LLL colleagues for their professionalism.
What a great day! We really honoured an outstanding scholar whose pioneering work in the area of linguistics and lexicography is universally acknowledged by the specialists of Creole dictionaries. His opus magnum Dictionary of Caribbean English Usage makes him the "Caribbean par excellence", a legacy for the entire Caribbean. I knew Richard Allsopp as soon as I arrived in Barbados. He gave me books in French that he thought I would use for my teaching and  personal development. There were among other classical outputs by Hugo, Baudelaire, Zola, Claudel, Peguy, etc. Thank you Richard for your love and commitment to the Caribbean.
Jeannette, his wife, is also an internationally acclaimed lexicographer whose knowledge and publications are seminal in the area. She is the renowned author of The Caribbean Multilingual Dictionary of Flora, Fauna and Food in English, French, French Creole and Spanish.She also deserved the recognition of the UWI Cave Hill. Congratulations chère amie Jeannette!

24 janv. 2016

Relire ses propres textes avant de les publier

L'autre jour, mon pourfendeur de lecteur, m'a encore interpelé, notant qu'il y avait une baisse de qualité dans mes écrits. Ce qu'il voulait dire, c'est qu'il y trouvait de plus en plus des fautes qui parfois en rendaient la lecture incompréhensible. Il m'a conseillé de me relire. Oui, c'est son conseil: me relire avant de publier quoi que ce soit car il en va de mon honneur. Ai-je encore à prouver que je sais écrire, moi qui ai pourtant tant publié? Hélas oui! Le texte qui est devant le lecteur ne mentionne nullement tes publications antérieures. Un lecteur avisé pourra le remarquer, mais le texte en présence parle de lui-même. Il est là, document muet et sans état d'âme. Relire ses textes, c'est conseillé; j'y souscris mais lorsque je me relis, souvent je n'y trouve pas de coquilles. Bien sûr que je relis mes textes, car je suis le premier lecteur de mes textes. Allusion à Michel de Montaigne, à Marcel Proust, et à mon maître Jean Roudaut. Ce dernier dirait: "Le texte se donne à lire."
A ce propos, j'ai déjà parlé d'un collègue très méticuleux sur ces genres de détails, qui met des jours et des jours à vérifier chacun de ses textes. Eh bien, la toute première ligne d'un de ses livres comporte une erreur. Je pourrais le scanner si cela vous intéresse. Certains conseillent de soumettre les manuscrits à un ami ou à un service de correction professionnelle, ou à des lecteurs anonymes. Cela a aussi ses avantages et désavantages. Si je devais le faire, je ne tiendrais jamais ce blog. Je l'ai fait pour un livre, cela m'a coûté beaucoup d'argent sans que la qualité du travail soit forcément bonne. Une lecture serait idéale, mais trouver un lecteur toujours disponible est un hic. Bref, compter sur soi-même! A force de trouver des fautes dans mes textes, je n'en fais plus un drame. Par contre, je suis estourbi par celles des autres, Dieu me pardonne! Ma formation y est pour beaucoup. Vanité humaine! J'écris et publie, c'est tout.
L'expérience m'a montré que lorsque je relis un texte tout de suite après l'avoir écrit, je ne détecte jamais toutes les fautes. Je n'en fais pas un problème; mais comme ce blog est mien, je le publie quand même, quitte à corriger plus tard. Je fais ça toujours. Les textes du premier jet portent toujours de lacunes stylistiques, grammaticales ou d'orthographe. Les textes spontannés tirés d'événements ambiants obéissent au rythme des événements sans que je prenne le temps de les travailler sérieusement. Par contre certaines réflexions prennent des jours avant d'être publiées. La qualité d'une ntrée dépend de l'importance que j'y accorde, de la classification que je lui impose. Des lecteurs attentifs me l'ont fait remarquer, car il leur arrive de relire mes articles. Sur ce blog, je corrige ou modifie légèrement des textes publiés il y a des années. Souvent aussi, je suis mû par le désir de servir mes lecteurs, et partant de me servir, d'une pensée qui me plait ou que je déteste.
D'autre part, tout ce que j'écris pour ce blog n'est pas forcément publié. Il y a des sujets et cas sensibles susceptibles d'heurter des individus que je connais personnellement. Dans ce cas, je retravaille le texte jusqu'à ce que je le juge publiable. Parfois, bon littéraire, je change le scénario tout en gardant intact l'événement sensible. Les choses déjà publiées sur le net, je les republie quand il le faut en mentionnant la source. Ce n'est pas tant la syntaxe que le contenu qui compte dans de tels cas. Et très souvent, je les supprime quand je ne les trouve plus intéressants. D'autres articles me sont demandés par des personnes qui voudraient avoir mon avis sur tel ou tel sujet. J'évite délibérément certains sujets très difficiles ou controversés par souci d'honnêteté intellectuelle et morale. Je défends des opinions, des convictions, des valeurs. J'ai également des contradictions, et je les assume. Oui, mon pourfendeur de lecteur a raison: c 'est bien de relire ses textes avant de les rendre publics. Cela permet d'éviter des surprises et conséquences désagréables.
 

23 janv. 2016

Mort en prêchant l'évangile

Depuis quelques semaines circule sur le net une vidéo sur la mort en direct du Père Gaston Hurtubise, OFMD, qui meurt d'arrêt cardiaque alors qu'il prêche sur le coeur sacré de Jésus. Et ses  derniers mots: "(...) la grâce de comprendre la grandeur, l'immensité de l'amour de Dieu pour chacun d'entre nous. Malgré nos péchés, malgré peut-être une vie de faiblesse, de misère, malgré tout cela, il nous dit encore: un regard de notre part, un geste de pardon, et il est prêt à nous ouvrir son coeur pour nous établir en lui pour l'éternité bienheureuse. Merci Seigneur." Son coeur lâche. Et il tombe son micro à la main pour entrer dans le royaume éternel en présence d'une assemblée charismatique médusée.
Ces dernières tirades prononcées par un homme qui a entièrement consacré sa vie à Dieu ne peuvent qu'édifier tout esprit ouvert à la parole divine. L'image de cette mort est merveilleuse quoique terriblement assommante. Merveilleuse par la douceur et paisible mine qu'affice l'élu de Dieu qui rend un ultime témoignage à son modèle, Jésus-Christ. Assommante car le père agonise debout alors même qu'il prêche l'amour divin et la bonté miséricordieuse et icommensurable du Pére Céleste. Cette mort ne le surprend pas outre mesure, mais l'assome en présence de congressistes qui accourent pour lui porter secours alors même que son coeur a déjà rejoint le coeur de son bien-aimé. Il rejoint Jésus dans l'éternité au moment même où la communauté attend d'apprendre un peu plus de charité, de service, d'amour, de générosité, d'humilité, de disponibilité à la parole évangélique. Il rejoint Jésus comme pour mettre en pratique ce qu'il vient de prêcher et laisser aux autres de poursuivre l'oeuvre de propagation de la foi. Quelle intelligence que de traduire en des mots clairs des vérités sacrées d'une surprenante finesse! Quel discernement que d'orienter sans les contraindre les auditeurs sur le chemin de l'amour divin et de la solidarité humaine! Quelle humilité, enfin, que de témoigner de la grandeur de Dieu à travers les limites de la faiblesse humaine! 
Le Père Hurtubise a la sérénité du Maître pasteur de l'univers dont il incarne la sagesse, la bonté et la simplicité. Oui, c'est un vrai pasteur d'hommes et prophète; ce visionnaire inspiré l'a démontré par la profondeur de sa prédication et par la preuve de sa mort. Aussi insolite que cette mort puisse paraître, elle n'en est pas moins un message de solidarité au genre humain, une interpellation aux faux-prophètes usuriers et païens qui pullulent à travers le monde entier. Halte aux prédicateurs monnayeurs d'anti-valeurs! Cette mort épiphanique manifeste sans aucun doute la  grandeur d'âme de ce serviteur de Dieu. Au milieu de tant d'infidélités et péchés, de transgressions de la pudeur, des banalisations de la vie, de refus de Dieu et de sa parole, il existe encore des personnes - si peu soient-elles - qui assurent l'indéfectibilité de la foi en Jésus-Christ.
Merci P. Gaston de m'avoir permis cette méditation si instructive. Repose en paix!

21 janv. 2016

Me Kamanda wa Kamanda est décédé

Paix à son âme! Me Kamanda, un monsieur de la politique et du barreau congolais, vient de tirer sa révérence après avoir rempli sa mission. Quelqu'un dont j'ai entendu parler déjà du temps de mon école secondaire, du temps où il est revenu des services centraux de l'OUA. Je ne l'ai vu qu'à deux reprises: à l'ordination épiscopale de Mgr Mununu à Kikwit en 85 et,, une anné peu plus tard à la procure de Kenge. Commissaire d'état aux affaires étrangères et à la coopération internationale, il était venu trouver l'évêque de Kenge pour un projet d'hôpital dont le diocèse assumerait la responsabilité avec le concours de la GTZ. La signature du ministère n'était jamais apposée au document jusqu'à mon départ de Kenge en 87.
Grand leader, Me Gérard Kamanda  a occupé des postes très importants aussi bien dans la deuxième république que dans la troisième. Il appartient à la première génération des avocats issus de Louvanium. Ce poids lourd du monde politique congolais avait la réputation d'être un excellent juriste et négociateur des cas difficiles. On se souviendra de son intervention à la mission de clarification qu'il avait assumée avec Me Nyimi dans le cadre des relations belgo-congolaises. Bref, un homme d'état prafaitement accompli sous ses divers chapeaux!
A sa famille biologique et à toutes les sensibilités politiques qu'il représentait, je formule mes sympathies les plus vives tout en me joignant à leurs prières pour le repos de son âme! Que la terre des ancêtres lui soit tendre et accueillante!



20 janv. 2016

Démocratie ou démonstration de forces en Afrique

J'ai toujours soutenu que la démocratie n'était pas africaine et qu'elle ne le serait jamais. Plus d'une fois, j'ai aussi écrit que la faiblesse de la politique en Afrique trouve son explication dans la faiblesse de ses institutions. On ne saurait avoir la démocratie dans un continent où tout repose sur l'arbitraire, la force et l'imprévisible. Tout peut basculer du jour au lendemain. On fait ce qui n'est pas prévu, et on ignore ce qui est prévu. Pour un littéraire, les scénarios que représentent les gesticulations démocratiques africaines ont origine à l'intérieur même de notre tissu social. L'image que l'on se fait du chef est basée sur une flagrante immaturité politique sputenue par un usage exagéré de la force. 
Confusion totale. 2016, nous dit-on, est une année électorale. La République du Congo va bientôt aux urnes après avoir modifié sa constitution pour favoriser un troisième mandat à M. Sassou Nguessou. La République démocratique du Congo a plutôt choisi d'aller au dialogue d'où se dégagera un consensus sur l'organisation des élections présidentielles et régionales. Et ce dialogue est loin de recevoir l'unanimité des opposants. Le Rwanda vient de changer sa constitution pour favoriser une présidence presque à vie à Mr. Kagame. Autant d'événements susceptibles de faire que les Africains sont des incapables, des incompétents et des naïfs, sur lesquels pèse encore l'enclume du destin.
Et tous ces pays s'appuient sur un concept original de démocratie. On rectifie la constitution à l'aune du leader en place. Telle est la leçon qu'on peut tirer de ces événements. Lorsque j'en ai parlé à mon collègue kenyan, il m'a surpris en enfonçant encore plus loin le clou: "Nos leaders n'ont conscience que de leurs propres ventres. Ils détournent à leur propre fin tous les fonds alloués aux travaux publics et aux infrastructures communes. Le petit peuple ne les intéresse que lorsqu'ils font campagne. Lorsqu'ils parlent de nation, ils entendent d'abord eux-mêmes et leur entourage ensuite. Si on devait les poursuivre en justice, aucun n'en sortirait indemne."

17 janv. 2016

MULTOS ANNOS SERAPHIN

Voilà une journée qui s'annonce mémorable pour le Père Séraphin Kiosi Kamvinda Vwanga S.D. C'est son anniversaire. Et c'est un milestone comme disent les Anglais. Il se trouve à Lugudunum, en train de siroter du pastis, je ne l'envie pas du tout.
Lorsque j'avais fêté mon vingtième anniversaire il y a bientôt quarante ans, on était au grand séminaire de Mayidi, Séraphin m'avait dédié un poème intitulé "Naja Dekunda!" Depuis, moi qui me prétendais poète, ai cherché à lui rendre la pareille sans jamais trouver l'inspiration. Et cette fois, je croyais que ce sera la bonne; peine perdue, rien n'y fait. Les muses m'ont abandonné définitivement. Que j'en suis malheureux! Comment lui rendre la pareille, c'est-à-dire vers pour vers, oeil pour oeil, dent pour dent? Voilà donc quarante ans que j'ai laissé mon ami, que je prétends mon meilleur, dans l'expectative d'une réciproque poétique. Puis, au cours d'une méditation philosophique ou poétique, appelez cela comme vous voulez, j'ai reçu une révélation épiphanique. Ayant senti mon désarroi, le maître des céans m'a demandé à trois reprises:  Pourquoi te tracasses-tu à composer des vers alors que votre amitié est déjà un poème qui n'a besoin ni de parole ni de temoignage? Pourquoi te fends-tu la tête avec des pensées venues d'ailleurs alors que la forêt de ton pays natal dessine un fleuve qui coule des monts vers l'aval des âges? Pourquoi, enfin, chercher à rendre la pareille à ton ami alors même que tu sais que rien n'est jamais pareil? Ce jour-là, j'ai trouvé les phrases de mon poème, c'est-à-dire rien. Le néant. Le né en l'an S.D. de l'acrostiche:
Sois heureux en ce jour et remercie 
Dieu qui t'a tant donné! Et qu'il te patafiole!

Kilumbu yango
Imbwa kudiaka maki
Olala kufwaka mpakasa
Satou kuvandaka ve
Ibuna mono yindulaka Sam.


Papa Frédéric Kayolo quinze ans déjà

16 janvier 2001 - 16 janvier 2016 soit quinze années écoulées depuis que mon oncle paternel bien aimé a quitté ce monde. Papa Frédéric est né le même jour que son cousin Papa Kala. On lui a donné le nom de cendre "Mbombi", pour signifier que les Bunda ne restent pas au foyer, alors que l'autre nommé "Kala", charbon symbolisait stabilité, constance, permanence. Ces deux noms résument les rapports conflictuels et agressifs qui existaient dans la famille paternelle. La cendre s'évade du foyer alors que le charbon demeure le noyau du feu. Les enfants de Kahiudi seraient inutiles au clan en disparaissant à travers le monde alors que les enfants de Khoso constitueraient l'inamovible berceau du clan. La réalité se révéla pourtant différente.
Elève brillant, Papa Kayolo a été pris en charge par mon père, son frère aîné jusqu'à l'obtention de son diplôme pédagogique à Banningville 1961. Le père Antoine Ekkelboom était le directeur de l'école normale avant sa cession aux frères joséphites. Il était de la promotion des directeurs Bampumbudia, Félix Kapende, etc. De son tout premier salaire d'enseignant à Kimbau, il offrit une pièce Wax à ma mère Christine avant même de penser aux autres siens. Un cadeau très symbolique! Muté peu après de Kimbqu pour Kenge, il a aussitôt été nommé directeur à St Frédéric - actuellement Mateka Mbuta -.
Comme personne, il était l'enfant le plus aimé et le plus apprécié de sa famille. Ses frères et soeurs ne juraient que par/sur son nom. Fwetedika, comme l'appelait tendrement Kha Kalongo, faisait la joie de sa mère à laquelle il était très attaché. J'en ai été témoin. Généreux, abordable et sage, Papa Frédéric a longtemps été l'homme qui réconciliait ses frères et soeurs lorsque des problèmes surgissaient. Homme de relations et de contacts, il savait mener des démarches avec succès. Un démarcheur très efficace! Il avait aussi ses défauts comme tout homme. Travailleur infatigable, il a énormément contribué à l'éducation de la jeunesse du Kwango et du Bandundu. Il a entre autres suggérer la création de beaucoup d'écoles du diocèse: notamment l'école primaire Ntinu-Ngemba avec l'argent des PCDK. Je le vois encore entonner à la deuxième messe, à St-Esprit, à l'intention de ses élèves: "Mu butuka Yezu Kristu" et les élèves répondaient: "Bantu sa baguluka. Mfumu Nzambi unkwa mawaete utusadisanga, etc..." Tous mes congénères s'en souviennent avec affection.
Papa Frédéric m'aimait beaucoup: "Tu es mon fils aîné", me répétait-il lorsqu'il était mon directeur à Kenge. Il suivait attentivement mon évolution. Les Bapelende m'appelaient: "Mwana Kayolu." Quelques souvenirs! Lorsqu'il était en Europe en 67, il avait envoyé un aérogramme à Maman Véronique: j'étais impressionné par cette lettre écrite sur l'enveloppe. La toute première lettre dactylographiée que j'aie reçue de ma vie m'a été envoyée par lui début 69. Ce fut un honneur pour moi. Dans cette lettre, il me suggérait de m'inscrire  au petit séminaire de Kalonda ou bien au collège de Bandundu, les deux meilleures écoles de l'époque. J'optai pour Kalonda auquel j'étais déjà psychologiquement préparé.
Lorsqu'il revint d'Europe, Papa Frédéric m'apporta de jolies culottes et chemises. Je me souviens aussi qu'il avait ramené un tourne-disque. Et parmi les disques qu'il aimait et qui le poussaient à danser, il y avait: "A ya samba tokosamba na yo ooo"; et il s'agenouillait. Je n'ai jamais oublié cette scène. Papa Frédéric était un viveur, un ambianceur, un féru de la bière et de la belle vie. 
Lorsque j'entrai à Kalonda, il s'occupa de mes frais d'étude, et je passais mes vacances de Noël à Kenge. A la surprise des dirigeants de Kalonda, il est arrivé que mon minerval soit payé doublement, ie par mon père et par mon oncle. Son déplacement de Kenge en 1971 a en quelque sorte arrêté cet élan spontané de générosité. Papa Frédéric m'a toujours pris pour son propre fils, et m'a traité comme tel. Il m'appelait "Papa", exactement comme Papa Donatien avec lequel il avait une complicité indescriptible. Il m'est rarement arrivé de voir deux frères s'entendre si bien. Plus d'une fois, je me suis dit: "cette fois, c'est fini entre les deux". Mon père, cracheur de vérité, avait souvent un langage très agressif et critique contre son frère, mais ce dernier ne se laissait jamais ébranler. Chapeau!
Sa contribution a été énorme à l'organisation de notre diaconat et de notre ordination. Je n'oublierai jamais son discours de circonstance, le 15 août 1982, à l'hôtel Musey de Kenge: "Entendons-nous, entendons-nous. Nous sommes venus célébrer le diaconat de nos abbés. Réjouissons-nous dans la paix et l'ordre." Pendant tout le temps que j'ai travaillé à l'évêché de Kenge, je me rendais tous les dimanches soirs ou presque au camp ONL. Et lorsque je suis retourné de Fribourg en  mai 1992, il s'est déplacé de Kenge pour Kinshasa avec l'abbé Pindi et Papa Mabana afin de m'alerter de ce qui se tramait à mon sujet. On a eu une conversation importante et décisive à la 1ere Rue. Pour le petite histoire, cette année-là, en octobre je suis reparti pour Fribourg contre vents et marées. Pour dire que Papa Frédéric a été de tous les événements importants de ma vie et a énormément contribué à ma formation comme à ma vie.
Comme la vie tourne, Ma Véronique a été arrachée à notre amour il y a une année. Puissent-ils tous les deux jouir du repos éternel dans la maison céleste du Père.
Requiescant in pace!



De nombreux morts ce dernier temps


De la mort de Mbuta Mayengele à Kenge à Marie Misamu en passant par Maman Mankasi et Papa Khoni, la mort a frappé des personnes connues dans notre grande communauté. Paix à leurs âmes! Un père est arraché à l'affection de siens, une mère se soustrait discrètement à l'amour de ses enfants, une dame de grande réputation choisit la route de l'éternité. Dieu est grand, que son nom soit loué!
Ici à la Barbade où j'habite, une collège de la bibliothèque vient de partir, et un autre de l'Open Campus a aussi tiré sa révérence. Je les ai bien connus, des collègues gentils et compétents. Dieu en a décidé ainsi. Paix à leurs âmes. Comme je l'ai toujours soutenu, la mort nous tient tous les jours jusqu'à l'échéance fatale.
Janvier dans ma famille est devenu un mois de mort. Ma Véronique, et son mari mon oncle Papa Frédéric il y a quinze ans, nous ont quittés en janvier. Quelle douleur lancinante! C'est comme si c'était hier. C'est comme si le monde avait cessé de tourner, et pourtant, la vie continue inlassablement. Le temps passe, mais l'amour que nous leur avons porté, demeure sans fin. Joignons-nous dans la douleur et respectons la mémoire de ces êtres tant aimés dans la méditation et le recueillement.

10 janv. 2016

Une photo de décembre 15

L'acquisition de plusieurs langues

Jamaïque, décembre 2015. Le séminaire de l'AUF m'a amené à réflechir sur l'acquisition de plusieurs langues. Pendant une réunion avec mes collègues de Mona et St Augustine, nous avions entre autres parlé de l'avantage culturelle qu'il y a d'apprendre plusieurs langues quand on en  a l'occasion. Chacun a donné sa version des faits. Nous, Africains, Caribéens ou Latino-Américains, qui utilisons plusieurs registres de langue et plusieurs langues dans notre environnement quotidien,  disposons d'un bagage précieux de manoeuvre.
En commençant cette réflexion, j'estimais que le père Ben Overgoor était mon meilleur professeur de grammaire française, parce que dans son cours de latin, outre De Give, nous utilisions abandamment Maurice Grevisse. Erreur. Ce serait minimiser le travail de longue haleine entrepris depuis l'école primaire par mes enseignants - Jean Muzungu, Joseph Bumbangi, Stéphane Mwanza, Séverin Mayamba, Adrienne Ndombi, François Butandu, Donatien Lufwa, Bonaventure Mandeko - . Sans compter l'apport impayable de mon propre père. A Kalonda, j'ai eu tour à tour MM. Pierre Niamadjomi, David Mwanzala, Crispin Manswala, Isaac Mbemba, M. Obula, M. Bolomba, Remy Onsenge, Oscar Makolo et Emmanuel Maviya. Quoique beaucoup soient morts entretemps tandis que d'autres vivent encore, je leur rends à tous un vibrant hommage.
Le latin du Père Ben m'a aidé à manier avec une relative aisance les déclinaisons et les inversions de l'allemand. Et plus tard en théologie à me perfectionner en grec et hébreu, des langues assez indigestes pour certains collègues. Mes congénères et anciens condisciples qui me lisent apprécieront car c'est aussi leur parcours.
Nous sommes, hélas, des humains. La tête ne sait pas tout absorder malgré la bonne résolution de s'y adonner. J'ai ainsi été incapable d'apprendre l'espagnol sous prétexte qu'il se confondait avec l'italien. J'avais opté de retenir l'italien que j'utilisais dans la vie plutôt que d'acquérir une langue qui me propulserait vers l'inconnu. Je ne regrette pas ce choix bien qu'il m'eût peut-être permis de mieux gérer la discipline d'espagnol de mon département actuel. Le jour où j'ai entendu le nonce Mgr Léon Kalenga s'exprimer sans interférence en espagnol, j'ai été littéralement impressionné. Sa carrière diplomatique exigeait sans aucun doute cette maîtrise de l'espagnol. Chapeau, Excellence!
Il est clair que la maîtrise de la langue d'origine porte une influence significative sur celle de la langue acquise. Mon expérience d'enseignant aux Antilles anglaises montre que les étudiants qui sont bons en langue française sont d'abord bons en anglais. L'acquistion d'une .langue étrangère repose indispensablement sur une solide fondation dans sa langue vernaculaire.

9 janv. 2016

Adieu Ma Antoinette Kileya

Parfait Kileya sur Facebook
Avec toute tristesse je vous annonce le décès de ma grande soeur Marie Antoinette à Kikwit ce 8 janvier 2016. Que le Seigneur la prenne en pitié et la reçoive dans sa maison. A Dieu soit rendue toute gloire!
(8 janvier 2016)

Comme un coup de massue, la nouvelle de la mort de Ma Antoinette Kileya est tombée. Paix à son âme! Que la terre nos ancêtres lui soit tendre et accueillante! Ma dernière rencontre date du temps où j'entrais au grand séminaire. C'était soit à la procure de Kenge soit chez sa soeur Ma Rosalie, qui était voisine de ma cousine-tante Léonie Gungu. Je ne l'ai plus revue... je la savais à Kikwit, pas plus. 
Les Kileya constituent, il faut l'avouer, une famille intellectuelle modèle dans notre contrée. Sur les traces leur père de patriarche, un des tout premiers diplomés du coin, tous les enfants Kileya ont bénéficié d'une formation intellectuelle remarquable. Comme Ma Rosalie, première directrice d'école, Ma Marie-Antoinette a été parmi les premières graduées qu'il m'a été donné de croiser.
Une anecdote de ma vie. Juillet-août 1976. A la fin de ma première année de philosophie à Mayidi, je me trouve à Kenge en route pour Mutoni. Voilà que le Frère aviateur Michel doit aller chercher les Gibbers à Matari pour les ramener à Ito où Mr. Gibbers s'occupait du centre agricole diocésain. Le Père Gerald Lesch, procureur de Kenge, propose qu'il me dépose à Kimbau; mais en plein air, je suggère d'aller visiter Matari. L'accueil à Matari est plutôt mitigé. Le père Hoff ne s'attendait pas à me voir. On me trouve toutefois un coin dans les appartements réservés aux chauffeurs, juste à côté de la cure. Les paroissiens, avec les Makambu père et fils en tête, sont mobilisés pour m'offrir un séjour agréable; les invitations à dîner ou souper ne se comptent pas. Le deuxième matin, je reçois un mot Papa Kileya m'invitant chez lui; sa maison solitaire se situe entre la paroisse et Kambundi. Je ne l'avais jamais vu mais le connaissais de réputation par mes parents. Lorsque j'y arrive, accompagné par un petit séminariste de Kalonda dont le nom ne me revient plus, Papa fait une déclaration qui m'a profondément ému: "Papa, je ne peux pas supporter qu'un fils de Donatien et Christine souffre devant mes yeux, pendant que je peux faire quelque chose." Parole d'un brillant enseignant qui a formé la génération de nos parents. L'enfant qui vivait avec lui n'était autre que Parfait, que je retrouverai des années plus tard dans mon cours d'anglais à Katende. Lorsque je lui ai raconté cette parenthèse de mon histoire en 2003, il en était ébahi.
Permettez que je reprenne pour terminer les mots que j'ai écrits spontanément sur Facebook
"Sincères condoléances à la famille Ķileya au nom de tous les miens. Paix éternelle à l'âme de ma Antoinette. Union de prières!"



6 janv. 2016

Sommes-nous vraiment destinés à être pauvres?

Sommes-nous vraiment destinés à être pauvres? C'est la question que je me pose car plus les années passent, plus l'inaction perdure dans ce sens. Les échos qui nous parviennent du pays font constamment état d'une permanente carence d'eau et d'électricité, de moyens financiers, de conditions sanitaires et hygéniques de base, voire de capacités pour faire face aux problèmes de base que rencontre la population. En même temps nous lisons ou sommes informés d'inaugurations spectaculaires d'infrastructures de luxe et de modernisation qui ne rencontrent pas les besoins de la population. L'Afrique offre le spectre d'un développement à deux vitesses. Pour s'en rendre compte, il vous suffit de sortir de la route principale et d'utiliser les artères secondaires. Les boulevards par où passent les autorités politiques sont dorés à l'extrême, alors que les rues utilisées quotidiennement par le petit peuple portent des nids de poules, de la boue, voire des immondices au point de devenir totalement impraticables. On dirait que le bien-être social n'est pas la préoccupation principale de nos dirigeants. Lors des campagnes électorales, on entend pourtant des promesses de toutes sortes, mais la réalité ne correspond jamais à ces discours.
J'ai toujours soutenu que, dans nos pays, l'on devient politicien pour s'assurer des conditions meilleures de vie, pour accéder à des crédits et pouvoirs d'achat autrement inaccessibles, pour s'enrichir plutôt que servir le peuple dorénavant relégué au rang d'électeur ou d'instrument sur le chemin de l'ascension de l'élu. En fait on forme sans le savoir une classe sociale privilégiée qui pense à tout empocher plutôt à qu'à créer la richesse pour tout le monde. Le directeur d'école, une fois élevé au rang d'honorable, oublie aussitôt sa base et ses origines, étale scandaleusement les privilèges de sa fonction et trahit les aspirations profondes de ses électeurs. C'est la politique, c'est-à-dire l'art du mensonge et de la cruauté. Mon frère Parfait m'a surpris en les appelant "politi-chiens". Ils portent l'entière responsabilité de la pauvreté.
Le développement ne se définit plus en termes d'argent ni d'investissemenst, mais en termes d'accessibilité à l'éducation, la santé, au bien-être social et financier, aux infrastructures élémentaires que sont l'eau et l'électricité. L'indice d'évaluation a changé depuis des années. Un fait élémentaire m'a impressionné à mon arrivée à la Caraïbe: c'était l'eau chaude dans les maisons. Chose réservée aux riches dans ma société d'origine, encore faudrait-il qu'il y ait l'eau et l'électricité. Chose inimaginable chez nous. Le premier appareil de chauffage à eau pour douche que j'aie vu était installé à Kalonda par les Américains qui construisaient les antennes électriques d'Inga-Shaba.
Pourquoi sommes-nous incapables de nous libérér de la pauvreté alors que nous disposons d'un continent rempli de matières naturelles et premières enviées par le reste du monde? Ce serait faux d'attribuer toute la responsabilité aux politi-chiens; mais il faudrait à la base une éducation au développement et un changement radical de mentalité. Un villageois qui devient citadin, qui renonce à sa chasse hebdomadaire et à la cueillette afin de travailler comme sentinelle ou ouvrier, ne sortira jamais de la pauvreté. Un fils né dans des conditions d'extrême pauvreté ne fera que bouchée double de tous les biens communs qui passeront devant ses yeux, car il devra incessamment satisfaire un manque originel jamais assouvi. Cupidité, égoïsme, arrogance du parvenu. Et un pays dirigé par des parvenus de toutes sortes ne pourra jamais sortir de la pauvreté. 
Un gouvernement qui ne se soucie pas des besoins fondamentaux de la population est défaillant, peu importe la valeur intellectuelle de ses membres. Souvent ce type de gouvernement, composé de millardaires sortis de rien, trône sur une population indigente sommée de vivre des miettes qui tombent de la table de nouveaux riches. La pauvreté n'est pas un destin, qu'on se le dise. Elle peut être vaincue si l'effort est mis: c'est à la capacité de la juguler qu'on peut juger l'action d'un gouvernement. Malheureusement nos gouvernements africains sont plus préoccupés de conserver le pouvoir plutôt que de servir la population dont ils tirent leur légitimité. Feu Mobutu aimait dire: "mon seul juge, c'est le peuple zaïrois." Attention au discours démagogique!
Sommes-nous vraiment destinés à être pauvres? Oui si nous sommes muselés par la peur du changement, la terreur des réprésailles politiques, l'incapacité d'améliorer nos conditions de vie. Oui si nous restons inactifs et attendons que la manne nous descende du ciel. Oui si nous nous laissons tirer par des guides providentiels incapables de séparer le bien du pays de leurs intérêts personnels. NON, si nous récusons la misère et optons collectivement de nous en débarrasser. C'est à ce niveau que le leadership prend de l'importance.

3 janv. 2016

Condoléances à l'abbé Michel

- Est-ce que Michel t'a appelé?
- Non, que je réponds. Devrait-il?
- Je venais de lui parler il a quelques trente minutes. Il est éprouvé. Son frère Jackson est décédé au pays.
- Que son âme repose en paix, ai-je continué. Comment était-il?
- Très affecté, mais Michel sait voiler sa peine. A ma question "comment ça va?", il a répondu "bien". Ignace qui était à côté est intervenu: "ça ne va pas; il vient de perdre son frère Jackson."
- C'est une mort qui arrive à un très mauvais pour l'abbé Michel, ai je dit. 
- J'ai aussitôt appelé Marius pour m'informer des détails; il ne savait rien: c'est plutôt moi qui lui ai appris la nouvelle. L'abbé devrait repasser pa ici avant de retourner au pays.
(...)
La mort vient encore de frapper à notre porte, comme l'indique ma conversation ci-dessus avec Séraphin. L'abbé Michel N'gob se trouve pour le moment en Allemagne chez son ami Pfr. Ignace Matensi. Ma famille s'unit à cette douleur et présente ses sympathies à l'abbé et à sa famille biologique.Foi et courage!

2 janv. 2016

Le deuxième jour de l'an

Pour avoir raté le premier, faute de temps comme toujours, je me rattrape avec le second jour de l'année. Ceci me permet de remonter plus haut.
Commençons par le 31 soir. Ma petite société civile a prévu d'aller à l'église pour le dernier service de l'année. Seul moi ai réussi à y aller. La messe est terminée à 23h30 mais comme il a plu, je me suis réfugié dans mon véhicule. Il était 23h50 lorsque je me suis présenté à la terrace de la cure St Francis, où les fidèles partageaient des snacks et boissons de tous les goûts. J'ai pris une bière Banks avant de me retirer méditer dans un coin. Peu après le countdawn, s'est ouvert le traditionnel feu artifice. Un feu d'artifice toujours plus spectaculaire que l'année précedente.
La matinée du 1er janvier s'est déroulée dans le calme. On n'est pas sorti, on a fait la grasse matinée. Puis dans l'après-midi, nous nous sommes allés chez Andrew Millington pour le diner du nouvel an. Une bonne dizaine de personnes adultes ont fait compagnie à nos jumeaux. A noter que Andrew a aussi des jumeaux - Che et Kai - nés  cependant le 25 décembre de la même année que les notres. Mais leur anniversaire a été célébré il y a deux semaines. Très belle soirée culinaire avec des recettes de la Louisiana d'où est originaire Michellle Millington. Un des plats contenait un mélange de légumes et de haricots, susceptibles d'attirer la prospérité sur le consommateur. On ne s'en est pas privé. Nous attendons donc la prospérité, bien qu'on nous ait qu'elle adviendrait tout de suite.
J'ai aimé la convivialité des invités. Les discussions ont tourné autour des sujets tels que les taxes, les écoles, les mathématiques, le paiement des frais académiques, la politique américaine et universelle. Il était 21 heures passées lorsque nous sommes retournés chez nous. Ainsi fut le premier jour. Le deuxième jour a eu la particularité de farniente. Seule activité: Mme et les enfants sont allés acheter des cadeaux pour deux personnes oubliées, et pour leur ami Shevani qui fête son anniversaire. Quant à moi, à un moment donné, je suis sorti faire un tour de relaxation. Un farniente déguisé. Le travail reprendra lundi 4 janvier 2016.