31 juil. 2013

"Rentrons chez nous"

On nous chasse de partout! Les Anglais ne se cachent plus le visage: "Go Home". Le parti au pouvoir incite les clandestins à quitter le Royaume Uni avec ce slogan. En Italie, les extrémistes poussent la ministre de l'intégration Cécile Kienge à retourner dans sa forêt natale. Les Angolais nous chassent par milliers. Les Congolais de Brazzaville nous traitent tous de Kuluna à tuer; nos sœurs sont humiliées, déshabillées en plein jour. Les Rwandais et les Ougandais nous envahissent en éternisant une guerre marquée par des massacres des femmes et enfants, des viols, des trafics illicites de nos richesses minières etc. Qu'avons-nous fait à Dieu pour mériter ce sort?
Nous Congolais sommes chassés et traqués de toutes parts, menacés de mort à l'extérieur comme à l'intérieur de notre pays. Quels choix nous reste-il à faire pour sauver notre peau? Nous avons choisi l'exil pour mieux valoriser nos potentiels, nous voilà ramenés à la réalité. Nous avons choisi l'exil pour un mieux-être économique, nous voilà traités de paria. Nous avons choisi l'exil parce que nous croyons nous mettre à l'abri de quelques incidences politiques, nous voilà remis à notre place. Devrions-nous aller ailleurs pour subir tant d'humiliations, de déconvenues et de disgrâces? Acculés et désespérés, nous n'avons plus de choix: "Rentrons chez nous!" Car l'amour ne se force pas, on ne se fait pas aimer de force.
La Sénégalaise Aminata Sow Fall a publié, il y a une dizaine d'années, un roman à ce sujet "Douceurs du bercail" que j'encourage à lire. Au lieu de subir l'humiliation et la haine à l'étranger, elle nous invite à aimer notre pays, notre continent. Les mouvements de droite et d'extrême-droite qui règnent en Europe et ailleurs rappellent qu'on n'est mieux que chez soi. Rentrons chez nous, et de là nous pouvons légalement dire aux étrangers de rentrer chez eux. S'il est quelque chose qui nous manque, c'est la passion du pays. Un degré de nationalisme, oui, c'est cela. Rentrons chez nous, nous n'en serons pas plus malheureux.
Seulement voilà! Notre propre pays est-il prêt à nous accueillir sains et saufs? Notre propre pays remplit-il les conditions d'une havre de pays comme il devrait être en principe? C'est là que l'environnement politique, social et économique joue un rôle essentiel.
Un médecin préfère rester en Belgique ou en France où il bénéficie d'un salaire d'infirmier simplement parce qu'il juge qu'il peut vivre décemment. Un enseignant préfère aller ailleurs parce qu'il trouve que le niveau des études est trop bas chez nous. Un autre, un informaticien, se voit dans un cul-de-sac dans un pays où son ordinateur ne peut pas fonctionner normalement faute d'alimentation électrique. Autant d'exemples qui rendent le retour au pays très compliqué après avoir séjourné dans des pays au développement plus avancé. Sont-ce objectivement parlant des obstacles insurmontables?
"Rentrons chez nous" devient alors comme un suicide politique ou économique. Quoi faire? A ceux qui en doutent, je dis toujours une chose: "Home is Home". Rien, ni or ni argent, ni amour exotique ni bien mal acquis, ne peut remplacer le pays natal. Rendons nos pays viables pour que nous y vivions dans la paix, la justice et la distribution équitable du travail et des biens pour tous. "Rentrons chez nous" et participons à la construction de nos pays.
Ceci vaut pour tous les Africains. Malheureusement, on nous a inculqué la haine de notre pays en nous faisant miroiter que l'Europe est un paradis, que les autres pays sont mieux que le nôtre. Les Congolais croient que la RDC est un pays à piller et à quitter. Cette mentalité-là est difficile à déraciner. Si l'on n'y prend garde, le flot des migrations continuera à sacrifier des vies, par milliers.
"Rentrons chez nous".
 

Elections présidentielles au Zimbabwe

Une épreuve de démocratie de plus en Afrique. Le président Robert Mugabe et son PM Tsvangirai s'affrontent à nouveau dans un duel sans merci. Des soupçons de fraudes sont déjà évoquées. Des preuves de bourrages des urnes s'accumulent. Qui vous dit que la démocratie n'existe pas en Afrique? Alors que le Béninois jette l'éponge pour une candidature à un prochain mandat présidentiel, Mugabe juge une lâcheté que de ne pas se représenter. A 89 ans s'il vous plait. Est-il possible qu'il perde ces élections? Oui sur papier, mais jamais en réalité. Il détient le pouvoir depuis 33 ans, il lui est très facile de le garder car toutes les manettes de réglage sont entre ses mains. Ce qu'il ne faut pas ignorer, c'est qu'il joue sa vie, il roule pour sa propre vie: garder la présidence à vie, c'est son moyen de survie. C'est le destin des dictateurs: ou bien il gagne ou bien il meurt. La presse prévoit ce qui suit:
 
"Selon toute probabilité, Morgan Tsvangirai et le MDC devraient arriver en tête, mais seulement si le scrutin n’est pas manipulé, ce qui est très peu probable. Robert Mugabe reste populaire et incarne la défense des droits des indigènes après des décennies d'injustices. L'ex-Rhodésie du Sud n'a obtenu son indépendance du Royaume-Uni qu'en 1980, après une lutte acharnée. Pour certains, Mugabe représente toujours cette Afrique combattante." (http://www.rfi.fr/afrique/20130731-zimbabwe-elections-mugabe-tsvangirai-icg-piers-pigou-jeffrey-smith)
 
Attendons donc voir. Qui des deux gagnera? Mon pronostic est: Mugabe. Le vieux est trop rusé. "The worst creature of God after Satan", m'a dit un jour RM, mon seul ami zimbabwéen.

30 juil. 2013

Ritorno a casa mia

Frankfurt, 29 juillet. Je suis à l'aéroport de Frankfurt, en route ou me préparant à embarquer sur le Condor qui me conduira, s'il plait à Dieu, à Tobago et Barbados. Las d'attendre, je me décide d'écrire sur mon blog. C'est juste une question de perdre le temps. J'aurais pu lire un livre de réflexion mais les circonstances bruyantes du lieu ne sont pas adéquates pour ce genre d'exercices. Par contre, je peux écrire c'est-à-dire raconter ma journée. J'avais mis le réveil pour 4h30, mais je me suis réveillé bien plus tôt, car je craignais de rater le train prévu pour 5h52 depuis Immendingen pour arriver à 9h06 à Frankfurt via Offenburg, Mannheim. Tout s'est passé comme prévu, confirmant la ponctualité légendaire des Allemands. J'avais pris le soin de m'enregistrer sur le net. Surprise: il fallait payer 15 Euro pour réserver une place. Comme les choses changent! Le vol Condor DE 1258 est programmé pour 11h40. Je dois y aller. On doit embarquer, il est 11h15. A plus! Torno a casa mia!

26 juil. 2013

Anne-Louise 19 ans dejà!

25 juillet 1994 - 25 juillet 2013. 19 ans se sont déjà écoulés depuis que ma soeur Anne-Louise, paix à son âme, est morte. 19 ans que la mort fait désormais partie de moi, de mon quotidien. Jusqu'à la mort de Louise, je la croyais loin de moi. Je me trompais sur toute la ligne. Elle était là, elle est là, tous les jours à mes côtés. Depuis, que des morts! que des chagrins lancinants! Ainsi va la vie, ainsi va la mort. Comme soutenait Blaise Pascal, la condition humaine est une sorte de ruée de toute l'humanité vers la mort: on est enchaînés en file indienne, chacun attendant hélas son tour. Repose en paix, soeur chérie!
A Lwisa, kalaka buna bwa bukheti kuna wena; buna bwa mboti kuna lwena benu bosu ye Tata ye Mama.

22 juil. 2013

De retour à Wurmlingen

22 juillet. Comme prévu, je suis de retour à Wurmlingen pour la dernier round de mon séjour européen. Mon passage à Matran en Suisse s'est bien déroulé, je me suis laissé gâter par la générosité de l'abbé Modeste Kisambu que je remercie infiniment.
Hier à la messe de Noréaz, j'ai revu Prof. Dr. Richard Friedli. Une rencontre d'autant plus surprenante que je ne m'y attendais pas. J'avais suivi des cours de sciences des religions de Mr Friedli du temps des études à Fridourg. Hier aussi nous est arrivée la nouvelle de la mort à Kinshasa de Ya Lef, frère de Maman Rose Lefuni et cousin de mon épouse. Que son âme repose en paix! La première chose que j'ai faite ce matin était d'appeler Maman Rose et de lui exprimer à elle et à toute la famille mes condoléances les plus émues. Je lui ai lu la notice publiée par le blog d'Inongo. Merci encore une fois aux webmasters de ce site!  
Après un déjeuner à l'Auberge du Tilleul à Matran, Modeste m'a deposé à la gare de Fribourg où j'ai  pris le train à Fribourg à 15h04 pour arriver à Tuttlingen à 18h30, en dépit d'un retard de dix minutes. En route, j'ai fait la connaissance de Jina, une étudiante qui voyageait pour Luanda. Pendant l'escale de Zürich, je suis allé à un bureau de change. Entre Zürich et Schaffhausen, je me suis rendu compte que j'ai perdu mon billet; ce qui m'a obligé de payer une amende de quelques Euro. Soit! Cela peut arriver à tout le monde. Ce sera donc un temps de repos à Wurmlingen. Encore du repos avant de rentrer dans l'intimité de ma famille et dans le bain ensoleillé de mon île barbadienne.

20 juil. 2013

Adieu Abbé Georges Mboma

Matran, 19 juillet 2013. Au cours d'un échange sur Facebook avec Toussaint Nkonika, j'ai appris la mort de l'abbé Georges Mboma ce même jour du côté de Tivoli en Italie. Paix à son âme! "Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris."
J'ai connu Georges lors de sa première année de philosophie au grand séminaire de Kalonda en 1978-79. C'était l'année de ma régence, l'année de l'ouverture de ce grand séminaire. Il appartient donc au groupe des pionniers de Kalonda sous la houlette des abbés Boniface Ndoyi et Jean-Valère Mbuluku. Il avait pour condisciples: Sawana, Bukasa, Kibefo, Lusengi, Ozankom, Ndala, Molo, Mbukamundele, Mesongolo, et bien d'autres. Je me souviens que du haut de sa grande taille, il était un très bon joueur de football; à l'époque, je m'entraînais avec les grands séminaristes quand le temps me le permettait. Je n'ai plus eu de contacts directs avec lui, mais j'étais informé de son parcours. Je l'ai revu à Rome comme au Congo. Prêtre du Seigneur mort dans la fleur de l'âge, qu'il reçoive la couronne des élus du Seigneur dans le repos de Son Royaume Céleste!
Mes très sincères sympathies au diocèse et au clergé de Kikwit ainsi qu'à sa famille biologique! Leke na mono, kwenda mbote!

19 juil. 2013

Rome, Wurmlingen, Matran




8 - 19 juillet 2013. De Rome Fiumicino, je suis reparti en Allemagne via Zurich Kloten, plutôt que Francfort par besoin de commodité; autrement, je serais arrivé à 1 heure du matin à Tuttlingen. Le séjour à Wurmlingen a été serein, calme et réconfortant. J'ai repris mes marches habituelles dans la nature.
Depuis lundi 15 juillet, je me trouve en Suisse à Matran. J'ai été accueilli à la gare de Fribourg par Shemsi Husser qui m'a conduit à Gurmel pour quelques heures avant que Joël ne m'amène à Matran. J'ai ainsi pu jouir du plaisir de faire connaissance avec Timéo, le fils de Maloë: il a deux ans, il est adorable et intelligent; surtout, il joue au basket avec une dextérité étonnante. Un prochain professionnel de la NBA.
A mon arrivée chez l'abbé Modeste Kisambu m'attend une surprise. L'abbé Ignace Matensi que je croyais en Allemagne s'y trouve. Quelles retrouvailles! On a dormi après 1 heure du matin. Grasse matinée pour nous, sauf pour Modeste qui doit assurer ses services habituels. Le mercredi, on fait une excursion à Vevey sur le Lac Léman jusqu'en France voisine de l'autre côté. Sur le chemin de retour, on fait un détour vers Ecône, le fief du schismatique Mgr Marcel Lefèvre. Je n'y avais jamais été du temps de mes études à Fribourg bien que je sois plusieurs fois passé par Sion. Très belle journée.
Ce jeudi, nous sommes rejoints par les abbés Ignace Pesa et César Mawanzi, venus tous deux de Pfäffikon dans le canton de Zurich. Retrouvailles émouvantes avec Ignace que je n'ai plus revu depuis près de vingt ans. L'ambiance est fraternelle et conviviale. On parle de tout, on rit beaucoup. Ces jeunes nous surprennent avec une chanson en kikongo intitulée "Tata Monseigneur tufingila". Chantée a capella, elle donne "Tata Monseigneur tufi... (répétée trois fois) Tata Monseigneur tufingila....". Assez pour un prélat impatient et primesautier de menacer de suspendre a divinis immédiatement son maladroit curé qui a organisé l'accueil! On a beaucoup ri, évoqué des souvenirs lointains. Les deux jeunes gens sont repartis vers 21 heures.
Au moment où j'écris ces lignes, Mbuta Ignace vient de prendre la route pour l'Allemagne, via Basel, Frankfurt; il a une messe de mariage demain. Quant à moi, il me reste à revoir quelques familles et amis avant de regagner mes pénates dans quelques jours.

10 juil. 2013

Dernières impressions de Rome

Je suis très satisfait de mon séjour romain. Quoique je n'aie pas rencontré toutes les personnes que j'ai prévu de voir, mon pèlerinage romain s'est déroulé dans de bonnes conditions. Tous les miens ont rendu mon séjour agréable et fructueux autant sur le plan humain que spirituel et culturel. L'après-midi du samedi je suis allé chez mon ancien condisciple le Dr Marcelin Sila Lengame et sa femme Wilie, et y ai fêté l'anniversaire de Carlo. J'ai passé la soirée du dimanche avec Carla Petino, Marcelo et Marina Ruscio, des amis connus du temps de mes études à l'Urbaniana. De ces rencontres j'ai retenu que nous avons tous pris de l'âge, que le temps et la mort ne font qu'un. Frères, soeurs et ami(e)s m'ont témoigné beaucoup d'affection et de respect; je citerai: Mgr Jean-Pierre Kwambamba, la soeur Marie-Noelle Nakubuta et les soeurs de Ste Anne, les nouveaux docteurs Floribert Kiala et Firmin Mboma, et leurs co-diocésains. Et d'autres comme SE Mr l'Ambassadeur Albert Tshiseleka Felha, le Dr Rémy Mbuya et sa femme Dr Passy Mbemba. Merci à toutes et à tous pour tant de rencontres pleines de gentillesse, de convivialité et de signification!
 
 

Tombe de l'abbé Denys Luhangu

Chers Frères, Soeurs et Amis,

A l'occasion du quatrième anniversaire de la mort de l'abbé Denys Luhangu ce 20 juillet, sa famille biologique a obtenu l'autorisation de lui élever une tombe à Katende. Paix à son âme!
L'abbé Augustin Bita, actuellement à Kinshasa (Grand Séminaire Jean XXIII, Kinshasa Ngaliema), a pris les contacts nécessaires pour l'achat et le transport de la tombe. A ce jour, un camion et deux jeeps sont à disposition.
Pour tout renseignement, veuillez contacter au choix:
- Abbé Charles Claver Ndandu par courriel: claverndandu@yahoo.fr Tel.
- Abbé Augustin Bita par courriel: agostinobita@ibero.it Tel . +243 825505223
- Mme Béatrice Mungulu au Tel: +243 814923358
Sentez-vous totalement libre(s) d'y apporter ou non une contribution. La famille appréciera. Je ne fais que remplir mon devoir d'informer de cette initiative familiale.
En union de prières et de coeur!

Claver Mabana

9 juil. 2013

J'ai prié avec le Pape François (suite)

Homme impressionnant par sa simplicité. Lorsque je me suis rendu à la Basilique St Pierre, j’espérais revivre des heures fastes et pompeuses que j’y ai vécues du temps de Jean-Paul II.  J’attendais que le Pape soit acclamé à son entrée. Malgré tout le tralala inévitable, le Pape est entré dans la basilique sans sonnettes ni trompettes. C’était une messe de dimanche ordinaire, spécialement dédiée à la vocation au cours de laquelle le Saint Père s’est adressé essentiellement aux séminaristes, novices et autres candidats au travail missionnaire. J’ai été particulièrement impressionné par son homélie. Très simple, très claire, cette homélie de quinze minutes que le Pape François a lue à quelque douze mètres de moi, en se permettant des commentaires spontanés, a particulièrement retenu mon attention et suscité des émotions inattendues. J’avais devant moi un prédicateur sans ambition qui répète les paroles d’un formateur de candidats à la vie religieuse : « L’évangile se fait à genou », ainsi qu’il l’a dit en français. Il s’agissait de souligner l’indispensabilité de la prière comme support de l’évangélisation ». Avec des paroles très ordinaires, il va droit au cœur de l’homme, voire il sait toucher l’âme insensible. En plus François a un contact extraordinaire avec les jeunes. « Non abbiate paura della gioia e del corragio. » (N’ayez pas peur de la joie et du courage).
Je me suis permis de noter quelques expressions et sentences : « la cascatta di tenerezza » (la cascade de tendresse) pour désigner l’amour attentionné du Seigneur, parce que nous devons « sentire la consolazione di Dio » et « seguire la logica de la Croce di Gesù per accedere alla fecondità pastorale » (sentir la consolation de Dieu et suivre la logique de la Croix de Jésus pour atteindre la fécondité pastorale). Il a aussi cité une belle phrase de son prédécesseur  Benoit XVI : « La chiesa non è nostra, è di Dio » (L’église n’est pas nôtre, elle est de Dieu). Autant d’enseignements très courts et inspirateurs. Aucun dogme inculqué !
A l’Angelus que j’ai suivi en compagnie de Mgr Kwambamba non loin de l’Obélisque où j’avais rencontré en 82 le Cardinal Ratzinger et sa soeur, il a annoncé la sortie de l’encyclique Lumen Fidei commencée par Benoît XVI et qu’il a portée à terme. Un signe à mes yeux de grande maturité, de grande estime pour son prédécesseur et de continuité de responsabilité pastorale immense. Un signe qui assure l’indéfectibilité de l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
J’ai fait des photos, mais lorsqu’il est passé le plus près de moi à moins de quatre mètres, mon appareil m’a trahi ; il n’a rien pris. Je me suis contenté de dire : cela aurait été trop beau. Je publierai ces photos sur Facebook et sur ce blog aussitôt que les équipements me le permettront, car en voyage on n’a jamais tout sur soi.

7 juil. 2013

J'ai prié avec le Pape François

7 juillet 2013. Un autre privilège. Aujourd'hui, j'ai eu l'immense honneur de prier et de con-célébrer à la messe dominicale du Pape François dans la Basilique Saint-Pierre. Ma toute première messe avec le nouveau Souverain Pontifie élu en mars dernier. Je ne saurais par où commencer.
Depuis la Barbade j'avais prévu de participer à l'audience papale du mercredi. Je l'ai annoncé à Soeur Susan, la directrice de St Patrick, l'école de mes jumeaux. Arrivé à Rome, j'ai appris de Mgr Kwambamba que les audiences étaient suspendues, faute de place ou pour organisation interne. J'ai tout de suite pris la décision de participer à la messe dominicale. C'est chose faite au moment où j'écris ces lignes.
Ainsi, à la demande de Jean Pierre je me suis présenté à la porte Saint Anne, l'entrée du Vatican, à 7h30 quoique la messe ait commencé à 9h30. J'apprendrai que la Basilique est déjà prise d'assaut dès 6h00, tellement des foules se présentent à cette messe. Le nouveau Pape y amène et ramène du monde. Des jeunes surtout. Vers 7h35, Mgr Kwambamba me conduit par les coulisses jusqu'à l'entrée principale de la Basilique et me confie au service d'accueil. Sur mon billet est indiqué "Servizio", puis Accompagnatore à la main. Mon bienfaiteur dans tout cela, Monseigneur Jean-Pierre Kwambamba Masi.

6 juil. 2013

Rome 5 juillet: Visite de la Chapelle Sixtine

5 juillet 2013.. « Veni, vidi, Roma » est une association de filles consacrées, une association culturelle qui sert de guide aux touristes au Vatican et à Rome. Grâce à l’initiative et à la générosité de Monseigneur Jean-Pierre Kwambamba, j’ai eu l’immense privilège de bénéficier d’une visite guidée au saint des saints de l’Eglise catholique, entendez, à la Chapelle Sixtine, le lieu même où s’organise l’élection pontificale. Il a demandé à Mlle Ivana Patella de m’expliquer l’histoire de la chapelle et les différentes fresques artistiques qui s’y trouvent. Lorsque j’étais séminariste entre 1979 et 82, je suis venu trois fois dans cette chapelle, seul ou en compagnie d’un ami, sans repères ni informations, me contentant de commentaires souvent destinés à d’autres visiteurs. Au lieu de passer par les musées du Vatican, nous sommes venus directement par les couloirs que suit le Saint Père pour s’y rendre, ou même se rendre à la Basilique. J’en ai profité pour parler aux gardes suisses et leur raconter que de mon temps, les séminaristes zaïrois de la Propaganda Fide jouaient des matchs de football contre eux. Un garde suisse, qui n’était pas encore né à l’époque, a affirmé qu’effectivement qu’ils montent encore au Collège Urbain pour des entraînements de foot.
« Veni, vidi. » Notre visite était prévue pour 17 heures. A notre arrivée très ponctuelle, la chapelle était pleine de monde. Nous avons rencontré deux autres collègues de Jean-Pierre qui nous attendaient avec leurs hôtes. Ensemble, nous sommes allés derrière la chapelle par l’aile gauche, dans la salle appelée la salle des pleurs (salla dei piangi). C’est dans cette salle que le nouveau Pape se retire pour « pleurer » aussitôt qu’il est élu. Tout est prévu dans cet étroit décor: une chaise fauteuil rouge, une secrétaire avec un abat-jour. C’est là qu’on l’habille de premiers ornements pontificaux. Il y a à disposition même une toilette très astucieusement cachée sous une table. Attenante à cette salle se trouve vers la droite une autre salle où sont étalées de longues et lourdes châles jadis portées par les papes. Ce qui justifiait la présence des chaises à porteurs. J’apprendrai que le Pape s’habillait de rouge pourpre comme les cardinaux, mais que le Pape Pie V a été le premier à se vêtir de blanc. J’ai ainsi pu y voir des soutanes, des chaussures ou des gants, portés par Léon XIII, Pie XII, Pie X, Jean Paul II. Et même le stylo que le Pape François a utilisé pour signer l’acceptation de sa charge en mars 2013.
Puis nous sommes revenus dans la Chapelle Sixtine. Cette fois, la sécurité a fait sortir tout le monde, sauf nous, j’entends les personnes accompagnées des cérémoniaires pontificaux. On a même fermé la célèbre porte d’où le Maître des cérémonies congédie les cardinaux non-électeurs en disant : « Extra  Omnes ». Ce qu’on a vu à la télévision était une sorte d’esplanade élevée pour protéger le plancher. Des explications d’Ivana, j’ai retenu beaucoup de choses concernant notamment le travail de Michel Ange et les différentes étapes de la décoration. La chapelle a été construite par le Pape Sixte au XVe siècle, soit quatre ans de construction et soixante-dix ans de peinture. Renaissance classique, maniérisme sont les tendances artistiques dominantes. Michel Ange prié par Paul III de décorer cette chapelle de 40m sur 13 construite sur le modèle du Temple de Jérusalem y a aussi mis du sien, notamment son propre autoportrait comme au fond droit en bas le portrait d’un cérémoniaire qu’il n’appréciait pas, enlacé par un serpent qui l’émascule. Les fresques de la Création sont centrales, mais tout dans cette chapelle doit être considéré dans tous les sens gauche-droite, droite-gauche, bas-haut, selon une trilogie constante et selon une symétrie très rigoureuse. La fresque du Jugement derrière l’autel suggère que le Pape voyait d’abord l’enfer lorsqu’il y célébrait la messe. Avez-vous jamais vu les pieds de Dieu ? Eh bien, rendez-vous à la Chapelle Sixtine pour les voir !
Un père augustin qui guidait deux couples allemands nous a révélé qu’il était missionnaire en RDC, à Dungu-Doruma. Admirateur de la liturgie congolaise, il nous a parlé en lingala et a entonné des chants en kikongo que nous avons exécutés ensemble. Dans la Chapelle Sixtine s’il vous plait !

Bref, beaucoup d’informations sont maladroitement reprises simplement parce que je voudrais retenir ce jour o combien mémorable de mon séjour à Rome. Qu’importe ? Merci Mgr Jean Pierre de m’avoir offert ce privilège unique. Merci à Ivana pour son temps et sa disponibilité. N’ai-je pas toujours répété que je suis un homme béni ? Veni, vidi gaudium Dei.

5 juil. 2013

Une précision sur ce blog

De nombreuses personnes qui lisent ce blog le comparent, à tort, à ceux des diocèses d'Inongo et d'Idiofa. Des religieuses, des clercs et des lecteurs cherchant désespéramment des nouvelles sur Kenge estiment que ce blog représenterait Kenge. Que non! Au contraire, il est critique sur ce diocèse. Mon blog ne représente que moi, mon opinion sur ce que je pense, vis, entends ou vois. Les opinions qui y sont exposées, les débats qui y sont soulevés et les contradictions qui s'y lisent, n'engagent que moi, mon libre-arbitraire. Je n'écris que ce qui me passe à l'esprit: société, politique, loisirs, opinions, religion, sciences, etc. Il revient donc au clergé de Kenge d'ouvrir son site au lieu de s'entredéchirer sur la toile! (Cf. Messages du 9.9 et 31.10.2011 sur ce blog). 

Les deux thèses du 1er juillet.

Rome, 5 juillet 2013.
Mon point de vue se veut simplement critique et intellectuel. Deux présentatations, deux personnalités, deux tonalités. Ont-elles quelque chose en commun? Oui. Les présentations touchent à deux problèmes vitaux de la vie d'une nation, d'une société: l'éducation et la santé. Deux problèmes qui servent de critères au développement endogène d'un pays.
Les deux candidats ont situé leurs problématiques autant sur le plan théorique que sur le plan pratique en s'appuyant sur des exemples pertinents. En outre, elles sont tombées dans l'anthropologique au lieu rester dans l'aire théologique ou le domaine sociologique. Le cas du curé défaillant affecté comme aumônier d'hôpital ou le refus des parents africains d'autoriser leurs filles à poursuivre des études avancées sont intéressants mais ne devraient pas constituer l'objet d'une théorisation spéciale. Cela repose la question aujourd'hui discutée de l'interdisciplinarité des thèses doctorales. En d'autres termes, est-il possible de concevoir une recherche qui ne soit interdisciplinaire?
Les fascicules des candidats étaient bien étoffés pour donner une idée consistante de leurs thèses. Deux très bonnes thèses qui ont reçu l'autorisation d'être publiées. Les deux ont proposé des pistes de solution basées sur leur expertise. De la lettre à la réalisation le pas peut être lourd, voire de plomb. Deux thèses courageuses qui donnent une vision optimiste et critique du monde de l'éducation et de la santé. Deux candidats convaincus de la justesse de leurs sujets. Tout cela à l'honneur de mes anciens élèves!
La présentation de Firmin était très didactique, basée sur des faits concrets et des questions pastorales précises, quoique ses réponses sur la sorcellerie et l'exorcisme aient laissé l'auditoire sur sa soif. Les interventions du jury m'ont paru longues.
La présentation de Floribert a été marquée par une longueur de détails alors que le temps lui imparti était relativement bref. Il avait un PowerPoint qui l'aurait aidé à être bref, s'il l'avait utilisé judicieusement. Son livret était pourtant très bien élaboré, précis et clair. Les interventions des professeurs étaient un plus courtes, quoique je n'aie pas bien suivi Mr. Colombi à cause de sa diction propre à endormir l'auditoire. Une thèse  brillante, très corsée sur le plan méthodologique et de la rigueur scientifique. Le candidat s'est un peu fourvoyé avec la question de l'éducation de la femme, rappelant une mentalité dépassée aujourd'hui. La dynamique du temps a changé.
Félicitations méritées à nos nouveaux docteurs! Ces avis nécessitent pour être validés une lecture sérieuse des thèses, car ils sont basés sur ce qui en a été présenté ce 1er juillet. Le débat est donc ouvert. Laissons le reste aux spécialistes!

3 juil. 2013

Rome: le jour de deux docteurs

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Rome, 1er juillet 2013 :Journée exceptionnelle, belle, ensoleillée par l’azur vermeil, comme seule Rome peut l’offrir.  Deux prêtres du diocèse de Kenge, Floribert Kiala et Firmin Mboma, mes anciens élèves (de Kalonda et Katende) vont présenter leurs thèses en ce jour.
Je me lève très tôt car je tiens à arriver à l’heure à la première défense, celle de l'abbé Firmin Mboma Manzandala. 8h30 je suis à la bouche de métro Ottaviano et prend le bus 991 pour descendre et prendre la correspondance à Piazza Igea. Lorsque j’arrive à 9h05 au Camillianum, je suis le tout premier. Pour tuer le temps, je demande cinq feuilles de papier à la secrétaire de l’Institut. Je n’écrirai quand même que deux pages sur ma proposition de conférence au Cave Hill Philosophy Symposium. La porte de l’Aula III s’ouvre. Arrive d’abord un prélat habillé en clergyman ; c’est le père Sapori, co-modérateur de la thèse. Puis le vicaire général de Kenge, Onésime Muyembe, accompagné des abbés Olivier Tamfumu et Serge Ndombe. Puis entrent tour à tour les abbés Godé Kilwembo, Chrysante Mukawa, Joseph Mazola, Elvis Kininga, Fidèle Khoto. Puis le frère général des joséphites Kipoy co-modérateur lui aussi, l’abbé Jean-Pierre Sieme que je ne reconnaîtrai qu’après une dure épreuve de mémoire. Et pour cause? Cela fait plus de trente ans que je l'ai vu pour la dernière fois.
La salle s’anime. SE Mr l’Ambassadeur arrive et s’installe au premier rang. L’homme du jour est là. Les retrouvailles avec Firmin sont très émotionnelles à cause de nos relations familiales. Ma pensée va tout de suite vers Makiosi, vers les absents d’heureuse memoire: Papa Ignace, Ma Sophie, Papa Donatien, Ma Christine. Paix à leur âme ! Dieu merci, Laurette Mboma est là ainsi que Dr Rémy Mbuya  et d’autres membres de famille. Mwana Tata Niasi paraît détendu malgré une certaine tension normale pour ces genres d’événements.
10h30. Le jury s’installe. Après la prière inaugurale, le président accorde la parole au candidat doctorant pour 20 minutes. La thèse s’intitule : De la pastorale des malades à la pastorale de la santé au Congo-Kinshasa. Relecture théologico-pastorale des documents des évêques de la RDC (1972 à 2010). La thèse se conforme bien aux idées fondamentales de l’Institut International de Théologie Pastorale Sanitaire. Il faut mettre le malade au centre de l’action pastorale. Anticipant sur le résultat, le modérateur Père Marco Salvati y voit « un’abilità critica e  un’approfondimento teologico importante » du sujet. Les questions des trois autres membres du jury portent surtout sur l’exorcisme et la sorcellerie. Belle thèse, recommandée sans condition pour une publication en éditions, à l’issue de la proclamation au titre de docteur en théologie pastorale.
Autour de 13 heures on se retrouve dans une salle paroissiale non loin du Salesianum pour une agape fraternelle. Toute la communauté congolaise est présente. Des amis de l’homme du jour venus de Lecce et de Belgique partagent ensemble le repas. On mange, on boit, on danse. Mais peu avant 15 heures, on doit partir pour l’autre thèse.
Rémy nous conduit vers le Vatican d’où l’on prend le bus 64. En mai 80, c’est pour ce bus que je fis la connaissance de Mme Weingärtner sur la via della Conciliazione. A l’époque, son terminus était juste à la Porte San Angelo, l’entrée du Saint-Siège. Corso Vittorio Emmanuelle, à Largo Argentina, on dévie vers la droite pour y rentrer par devant la Piazza Venezia. On a encore dix minutes lorsqu’on arrive à l’Angelicum. D’autres retrouvailles. Cette fois avec Mgr Jean-Pierre Kwambamba, cérémoniaire du Saint Père. Une  religieuse de Kenge Soeur Berth Kalunda, Jolie Mutombo, Adelaïde Mufwenge et d’autres jeunes qui me connaissent, que je ne connais pas mais dont j’ai connu des parents. L’abbé Floribert Kiala Sadilakanda est fin prêt, son projecteur LCD installé. Des livrets de la présentation nous sont distribués. Ici le jury est plus petit : Prof.  B. Sena,  sociologue et Prof. C. Colombi, économiste, entourés de la Sœur Doyenne de la Faculté des sciences sociales. On commence avec quelques minutes de retard.
La thèse de Floribert s’intitule : L’éducation et l’ajustement culturel pour le développement humain en milieu rural africain.  Cas du Territoire de Kenge en RDC. Une lecture sociologique de l’approche des « capabilities » de Amartya Sen.  Le fascicule qu’il lit est un peu long pour le parcourir en trente minutes. Le candidat est donc obligé de survoler certaines parties, mais y parvient avec une dextérité qui prouve qu’il maîtrise parfaitement son sujet. L’originalité du travail consiste à proposer une voie conciliée de l’éducation qui tienne compte aussi bien de l’éducation traditionnelle, tribale africaine que de l’école moderne. Le raccourci théorique a un point d’application bien déterminé : le territoire de Kenge. Les questions du jury aident le candidat à expliciter sa pensée. Le tour est fait. Brillamment ! Un nouveau docteur est proclamé au sein de la Faculté des sciences sociales de l’université pontificale Angelicum.
Après un cocktail dans le corridor attenant à l’Aula magna où jadis je suivis la défense de thèse d’un prêtre italien de mes amis, nous sommes invités à aller célébrer à la maison de Dr Rémy Mbuya. Les routes à cette heure sont bloquées à cause des congestions, Rémy et moi montons dans la voiture de l’ambassadeur qui nous ramène à notre point de départ près du Vatican. Nous voilà après quelques détours à Monte Mario ! Le « reste de Kenge », j’entends ceux qui ont participé aux deux défenses, s’y retrouvent. Soirée très conviviale avec pas mal des ressortissants du coin. Parmi les personnes présentes se trouve Wilie, l'épouse de Sila Lengame, qui ne me reconnaît pas. Et pourtant, amie de ma soeur Trinité, elle m'a parlé plus de trois fois au téléphone. On m'a signalé sa présence après qu'elle eut quitté les lieux. On m'a présenté la soeur de l'ancien vicaire général de Kikwit, Fernand Mukoso, que j'ai saluée avec émotion car, à l'époque, j'avais aidé l'illustre disparu à dactylographier sa thèse. On l'avait fait avec l'abbé Jules Kafuti. Paix à son âme! Dans la foulée, j'ai pu parlé avec mon mbuta Charles Mapunzo grâce à la générosité de Rémy. Autant de retrouvailles! Boissons, nourritures et danses concluent une journée de joie, de paix et d’émotions. C’est vers 24 heures qu’après avoir déposé le Vicaire général Muyembe, les abbés Kilwembo et Mukawa, Floribert m’abandonne, inquiet, au feu rouge qui mène à la Via Santamaura car il ne peut tourner à gauche. Tout est bien qui finit bien. Dieu soit loué et glorifié !