29 mai 2014

Le paradoxe FN

Depuis plusieurs décennies je suis régulièrement le discours raciste et xénophobe non seulement du FN français, mais aussi d'autres partis d'extrême droite essaimés à travers l'Occident. Le discours est le même partout: le pays aux habitants, les autres n'ont qu'à retourner chez eux.
Mon premier séjour en Europe m'a rendu sensible au problème racial. Ayant vécu principalement en Italie, je considérais ce pays comme un lieu idéal de vie. Je jurais que, si j'avais à choisir, ce serait mon pays d'élection. Un ami m'a vite remis à ma place: l'Italie prospère et accueillante que tu as connue diffère complètement de l'Italie d'aujourd'hui. La crise économique, le chômage et d'autres délitements sociaux justifient cette volte-face. Le souvenir de Cécile Kyenge est encore frais dans nos esprits. Les étrangers y sont l'objet d'agressions racistes, d'humiliations et d'autres actes de violence.
Chaque fois qu'il y a une crise sociale ou économique dans un pays, on l'impute aux étrangers qui pourtant exercent les plus modestes emplois. La misère des Européens vient des réfugiés asiatiques, africains ou latino-américains qui s'emparent de leurs emplois, de leur espace, de leurs avantages, qui envahissent leurs écoles, centres de santé et infrastructures communes, qui accèdent à des droits réservés comme le chômage, les allocations de toutes sortes. Un banal accident de circulation n'a d'autre suite que d'insulter l'étranger broussard qui ne respecte jamais les règles de la route quand bien même le natif du pays aurait tort. Bref, l'étranger est assimilé au voleur, au fraudeur dans les transports publics - pas seulement Mme Royal - au violeur de mineures, au criminel de grand chemin. On le prend pour un malhonnête dans les affaires, un vil profiteur des biens du pays d'accueil. Pour lui on n'éprouve que du mépris, du dédain et du dégoût. On distinguera entre l'Arabe assassin, le Chinois imposteur, l'Africain hédémoniste et paresseux, le Noir jouisseur, l'Allemand travailleur, le Suisse horlogier, l'Américain sans culture. Des stéréotypes basés sur des critères douteux, subjectifs et obscurs, mais qui forment des impensés impulsifs d'actes, d'abus et d'attitudes xénophobes.
Le FN ou l'extrême droite, c'est la voie autorisée du racisme et de la discrimination nationale. Il soutient que les fils et les filles du pays n'ont de compte à rendre à personne dans l'espace de leur pays, que tous les non-natifs n'y ont pas de place. A force d'insister sur ce slogan gratuit, l'on finit par trouver qu'on serait mieux sans les étrangers. "Une poubelle abandonnée en pleine rue, c'est pas suisse. Propre en ordre, c'est suisse". Ainsi l'étranger du village est spontanément montré du doigt par toute la communauté communale, alors que ce n'est pas lui qui a abandonné la poubelle à la place du village. Pourquoi? Parce que l'étranger est une non-personne. "C'est le torchon dont on s'essuie le cul", a dit un fameux musicien dont je tais le nom. 
Aux approches d'importantes échéances électorales, tous les candidats deviennent populistes, tenant des propos ambigus ou dont l'ambiguïté est intentionnellement entretenue, dans le but de s'attirer le vote des mécontents au nombre desquels on compte les Lepenistes, les Vlamsblok, les droites nationalistes. Les étrangers, sujet controversé, deviennent des cibles discursives idéales pour l'acquisition du pouvoir. On s'est étonné naïvement lorsque la France Républicaine s'est réveillée avec Le Pen comme deuxième candidat à la Présidentielle. On oublie que ce monsieur disait haut ce que d'autres pensaient tout bas.
Le paradoxe FN consiste en ce que la vérité énoncée par la bouche de la majorité ne reflète pas celle des urnes. Personne n'est raciste, mais le nombre des racistes augmente presque à chaque élection. Marine Le Pen peut se frotter les mains, Yannick Noah peut se mordre le pouce, la roue tourne dans le sens de la haine, de l'intolérance raciale et sociale. On durcit les lois de l'immigration, on restreint les conditions d'octroi de visas, on complique l'acquisition de la nationalité aux enfants étrangers nés sur le territoire, on impose des restrictions sur l'accès aux soins, aux avantages sociaux, à la scolarité. Tout cela pour rappeler, à chaque tournant de l'histoire, que l'étranger n'est pas chez lui. On a même créé le mot "intégration" pour le dépouiller de ses barbaries originelles. On a ... on a... on a ainsi posé les bases pour rendre la vie difficile aux non-natifs du pays.
La montée des extrêmes droites aux élections européennes est symptomatique d'une réalité simple, vécue au quotidien: l'incertitude de l'union avec l'étranger. Autrement dit, l'échec de l'Europe angélique affichée comme prétexte pour gérer des situations sociales et économiques inconciliables. Que les riches Suédois, Allemands ou Danois se mettent au même diapason que les pauvres Espagnols, Grecs ou Portugais, rien de plus utopique. Cette Europe-là menée par le bout du nez ne satisfait personne, ni les riches ni les pauvres. Quoi qu'il prêche des antivaleurs, l'inégalité des races et des hommes, le FN a encore des beaux jours, que dis-je, des belles années devant lui.

28 mai 2014

What is a Rosary?

- Claver, tell me. What is a Rosary?
- It is a necklace with many many Hail Mary and some Our Father.
- Who told you that?
- Nobody. I don't need anybody to tell me.
- Have you ever prayed the Rosary?
- Yes, but I never finish the whole necklace. It's too long...
- Claver, you can't say that.
- Daddy, I only say the truth. Too long (...)

(Sunday, May 25, 2014)

26 mai 2014

Les expulsions du Congo-Brazzaville

"Claver,
J'ai lu avec attention tes interventions sur les expulsions des citoyens rd-congolais du Congo-Brazzaville. Monsieur le littéraire, ton texte était truffé des fautes d'orthographe et de syntaxe, que tu as pris le soin de corriger à la dernière version. Je l'explique par l'émotion ou la passion qui t'animent face à ce drame ignoble qui dépasse tout entendement. Ton analyse de la situation demeure littéraire, sans ampleur politique ni géopolitique. Ton registre est sentimental, jouant sur la communauté historique, ignorant que ces peuples aux ancêtres communs comme tu dis n'ont plus rien en commun. Sinon, tout resterait en ordre normal. Le sort commun par lequel ils sont liés, n'existe plus que dans des contes traditionnels inconciliables avec les réalités modernes. Tes recommandations aux autorités politiques ne sont rien que des voeux pieux, lettres mortes d'un novice ou d'un apprenti-sorcier qui n'y connait rien en politique. Et çe qui se passe là, c'est la Realpolitik.
Mon cher ami, nous sommes là en face d'un tournant historique majeur. Un changement radical et irréversible est en train de s'opérer, qui marquera les années à venir. Le silence des leaders surprend alors que leurs agents parlent, chacun dans le sens de la paix et de la diplomatie sans que la réalité sur le terrain ne change. Les expulsions continuent. L'ONU a élevé sa voix, deux mois après le début de cette chasse aux sorciers rd-congolais. Qu'elle ait attendu si longtemps pour dénoncer cette flagrante injustice et cette violence sans nom étonne l'opinion.
La vraie question est de savoir qui tire les ficelles de ces sordides manoeuvres ou à qui profitent ces crimes d'innocents soudain tournés en indésirables malfrats. Car sous le prétexte de punir des Kuluna (bandits), on s'en prend aussi à des paisibles personnes. Que gagne Brazzaville par cette épuration? Que perd Kinshasa impuissant devant les souffrances de ses expatriés refoulés? Quels sont les enjeux politiques de l'heure? Pourquoi ces expulsions ont-ils lieu maintenant alors que ces gens dits sans papiers ont toujours vécu là-bas? Quoiqu'il y ait eu des conflits verbaux par le passé, la haine entre les deux pays n'avait jamais atteint une telle ampleur. La xénophobie a certainement longtemps couvé dans le cœur des gens; j'ai entendu plus RD-Congolais affirmer que les Congolais d'en face nous détestent à mort. Quoi qu'il en soit, ce n'est plus le temps de jouer à la victime.
Au vu du nombre d'expulsés ou de personnes tuées ou incarcérées, il y a aussi lieu de se demander s'il n'y aurait pas un agenda caché, une connivence entre les deux régimes pour se débarrasser d'opposants ou des rebelles encombrants. N'est-ce pas contradictoire qu'on parle d'ériger incessamment un pont entre les deux villes au moment même où on durcit les lois de la traversée? Exiger un passeport avec visa à la place du laisser-passer habituel complique les rapports entre les deux pays. J'espère que les autorités se rendent compte de la gravité de leurs décisions. Au moment où l'Europe défait ses frontières, au moment où se hisse le drapeau de l'Union Africaine, ces mesures impulsives apparaissent à long terme inadaptées, inadéquates, aveugles et révolues. Des signes qui ne trompent pas puisqu'ils font montre d'une immaturité diplomatique.
La solution à ces expulsions doit être politique ou diplomatique. Des pressions internationales doivent être exercées sur la RC afin de rétablir des relations de bon voisinage. Les grandes puissances, muettes jusque-là, doivent forcer la paix par tous les moyens étant donné que les deux pays concernés ne s'en sortent pas. C'est à ce niveau que les autorités de la RDC doivent montrer l'efficacité de leur politique étrangère et leur souci de protéger leurs concitoyens." (...)
(KCM Email du 26 mai 2014)

25 mai 2014

RC-RDC ou la consécration de la haine

Les républiques du Congo et démocratique du Congo consacrent la haine au lieu d'apaiser les esprits. 130 000 ressortissants rd-congolais ont été expulsés du Congo Brazzaville dans des conditions inhumaines et indescriptibles. Motif: séjour illégal.
Dans ma première intervention à ce sujet, j'insistais sur le colonialisme occidental qui a réussi à rendre les Africains les uns ennemis des autres. La création des états modernes africains, tels que nous les connaissons aujourd'hui, a opéré des profondes divisions et mutations dans les rapports entre les Africains. Et les Africains semblent satisfaits de ces divisions tant qu'ils ont le soutien des Occidentaux. J'ai déjà insisté sur la proximité et l'appartenance aux racines communes de ces peuples situés de part et d'autre du fleuve Congo.
Qu'il y a ait plus de RD-Congolais à Brazzaville, Ouessou ou Pointe-Noire, que de R-Congolais en RDC relève de la proportion de la population. Que la RC décide d'expulser les étrangers en situation irrégulière relève de la souveraineté du pays. Le problème, c'est la manière dont se machinent ces expulsions. Et même encore, on devrait établir des lois de solidarité plutôt que de séparation. Que j'aie besoin d'un passeport et d'un visa pour traverser le fleuve est inconcevable. En prenant de telles décisions, les autorités de deux côtés ne servent pas la cause de la population, elles consacrent plutôt la division et la haine. Il sera plus facile d'aller à Paris-Bruxelles que de traverser de l'autre rive.
On ne saurait faire table rase de ce qui est arrivé. Ignorer la brutalité et l'humiliation qui ont accompagné ces rapatriements serait irresponsable. Les deux pays ayant un destin commun, il faudra qu'à l'heure où on parle de l'Union Africaine, ils s'assoient autour d'une table et négocient sereinement les enjeux de leur situation unique. Des familles entières sont détruites, séparées, condamnées à ne plus se reconstituer à la suite de tels événements. A l'allure où vont les choses, je ne serai pas étonné qu'on interdise des mariages entres les Congolais des deux rives. Quelles sont les origines des grands écrivains r-congolais Tchicaya U Tam'si, Sony Labou Tansi ou Henri Lopes? Sans parler d'autres personnages dont le réseau familial traverse le fleuve.
Je lance une interpellation aux autorités de nos deux pays. Elles ont le devoir de calmer la situation, car les deux Congo sont liés par le sort. Elles ont le devoir de trouver des solutions qui rassemblent plutôt que d'enfoncer le clou de la division et de la haine. Autrement, elles consacreront leur incapacité à réunir leurs peuples à cause d'une vile arrogance nationale mal gérée ou de combines politiques sans scrupule. Qu'au-delà des querelles intestines insensées mais inévitables entre voisins alienés par le joug colonial triomphe la sagesse de nos ancêtres communs.

Real Madrid-Atletico Madrid: quelle finale?

Je n'ai pas eu le temps d'écrire mes sentiments sur cette finale que je juge dramatique, injuste quelque part pour les Colchoneros qui ont vu la coupe s'envoler de leurs mains. Fatigués, essoufflés après tant d'efforts, les joueurs de l'Atletico ont subi la deuxième période tout en contenant les assauts du Real. C'est la loi du football: un match c'est 90 minutes, et il peut basculer à n'importe quel moment. C'est ce qui s'est fait.
La tactique défensive à outrance que l'Atletico a pratiquée à la fin du match a l'avantage de garder le score intact, mais elle a le grave défaut d'offrir plusieurs occasions aux adversaires, dont une seule peut être fatale. C'est ce qui s'est fait. D'autre part, on vous dira qu'on ne peut défendre et attaquer à la fois. Certaines équipes réussissent la contre-attaque accélérée; là, ils étaient trop fatigués pour y recourir avec succès. La ligne médiane était complètement assaillie par le Real, ce qui leur a donné beaucoup d'avantages. 
La prolongation était psychologiquement en faveur du Real, vu que l'Atletico avait misé sur une préservation du 1-0. La seule motivation n'aurait plus suffi à contenir les adversaires. Félicitations au Real pour son réalisme et sa persévérance. L'homme du match, contrairement à ce qui s'écrit, c'est Sergio Ramos. Son but de la 93e minute a non seulement abattu l'Atletico et relancé le match, mais aussi accordé la coupe au Réal. Bale, Marcelo et Ronaldo ont parachevé le reste. Le but décisif de Bale est intervenu grâce à la combattivité de De Maria. Un joueur qui a brillé de bout en bout par son engagement.
Au-delà du drame, félicitations méritées à l'Atletico et à son entraîneur pour ce beau parcours. N'oublions pas que cette équipe a éliminé Barcelone et Chelsea. Le football veut, malheureusement, qu'il y ait un vainqueur et un vaincu. Le Real l'a emporté. Et de quelle manière?

Heute vor 17 Jahren


25 Mai 1997. Heute vor 17 Jahren ist Frau Theresia Weingartner (92) in München gestorben. Ruht sie in Frieden des Ewigen Gottes. Vier Wochen zuvor war ich mit ihr zum letztenmal, um meinen Geburtstag mit ihr zu feiern. Obwohl ihr Gesundheit schon so schlimm war, war ich der Meinung ich würde sie nochmals sehen. Wir waren gemeinsam im Restaurant von Wildmoser, sie konnte ihr Bierglass nicht fertig trinken. Ich bin sicher, es ist sehr wahrscheinlich ihr letztes Bierglass  gewesen, bevor sie starb.
Liebe Maria, liebe Mutter, vielen herzlichen Dank für alles, was Du fûr mich getan hast und für Deine Anwesendheit neben mir jedesmal es möglich war. Ich bin Dein Sohn gewesen, den Du leiblich nicht gehabt hast. Alles was wir miteinander erlebt hatten bleibt unvergesslich im meinem Herzen. Viele Erinnerungen von unseren Treffen in Rom, München, Lindau, Hangnach, Fribourg, Enney, St. Gallen, Zürich, Bonfol, Basel, Genfer See,... und sogar Köln. Über dreissigmal bin ich in München gewesen. Mein Leben is so gewesen und geworden, weil es Dich gab. Dank sei dem Herrn, der uns aus Gnade nebeinander gesetzt hat. Ruhe in Frieden und hab das ewige Leben.
 

17 mai 2014

La richesse des langues

Par-delà ce discours d'un colonisé en crise d'identité et qui se trouve mal dans sa peau, il y a une richesse des langues qui est indéniable. De connaître une autre langue ouvre largement des horizons. Les missionnaires l'ont très bien compris pour asseoir les jalons de leur évangélisation. Ils se sont investis dans les langues et l'étude théorique des langues, clés pour comprendre le comportement des peuples, leurs réactions et leurs usages naturels. Ils ont ouvert des centres de langues pour s'imprégner des cultures des peuples à évangéliser. Ils ont codifié des récits oraux, écrit des dictionnaires, des manuels de grammaire et d'ethnologie. Au final, les missionnaires qui ont eu le plus de succès sont ceux qui ont maîtrisé les langues des "gentes". 
Je ne m'en prends pas au français, mais aux conditions assimilatrices dans lesquelles il m'a été enseigné au point de me vider de mes pulsions originelles. Je m'insurge contre le colonialisme linguistique qui a soumis tout un continent, des continents, à se voir à travers des paramètres européens. Je me révolte contre cet esprit aliénateur qui m'a imposé une identité d'emprunt, identité ambiguë à laquelle les propriétaires naturels du français me renient l'appartenance et l'association. J'aurais préféré parler et penser en kisuku, kikongo ou lingala, me voilà sommé d'être classé francophone sur l'échiquier des langues du monde. Pourquoi tout cela? On m'a aliéné, mais il y a plus, je n'ai pas d'armée, je n'ai pas de fusil. Car le colon ne s'est pas imposé les mains vides, il avait les armes pour assurer que sa volonté de puissance soit faite, pour s'assurer l'exploitation des richesses. J'aurais été puissamment armé que j'aurais combattu pour préserver ma langue, mes langues, de toute invasion étrangère.
Une anecdote signée un musicien tanzanien de Kanda Bongo Man. Une Britanique d'origine congolaise s'est fait contester, puis retirer la nationalité anglaise à l'aéroport d'Addis Abbeba. Et pour cause? Elle n'a pas su formuler une seule phrase en anglais devant l'agent d'immigration qui l'interrogeait sur les détails de son voyage alors qu'elle brandissait fièrement un passeport UK.
Je dirais aux jeunes: apprenez les langues, pas forcément les langues occidentales, mais aussi les langues africaines. J'ai commencé ma carrière dans un Institut des sciences asiatiques et africaines où étaient enseignés le ntwi, le haoussa, et le swahili. Je ne sais pas s'il existe en Afrique un département qui enseigne ces langues en dehors des territoires où ces langues sont parlées. Aux Africains d'élever leurs langues à un niveau national et international, d'en faire la publicité et de créer les conditions idéales pour leur diffusion. Entre le vœu et l'action il y a un affreux gouffre mental et culturel.
Connaître plus d'une langue constitue une richesse considérable, car à travers une langue s'acquièrent une culture, un mode de vie, un comportement linguistique particuliers. On devient polyglotte par l'environnement immédiat, par l'apprentissage obligé ou choisi, par un effort d'assimilation de nouveaux sons et écrits. Boulot, commerce, amour, intérêt pédantesque, pragmatisme, ouverture sur le monde, autant des raisons pour justifier l'acquisition d'une langue. Souvent, la maîtrise de la langue maternelle conditonne initiale l'apprentissage des langues inconnues ou étrangères. En d'autres mots, tout laisse croire que les bons appreneurs de langues étrangères sont au départ bons dans leurs propres langues.
Une langue est une clé, elle ouvre la porte du cœur. Oui on drague avec la langue, mais c'est plus profond. Le père allemand Wilemi Hoff SVD, Mfumu Nkulutu, s'est fait adopter et aimer à Matari-Muboso-Mahungu-Kimbau non pas parce qu'il distribuait les mpidi, kayabu ou des sardines, mais parce que, parlant le kisuku, il a été reconnu comme l'un des nôtres. Paix à son âme!
En passant, une pensée pour le Ben Overgoor SVD, mort il y a trois ans. Big Ben fut notre professeur de latin, d'anglais et d'histoire à Kalonda. Pax tecum!

15 mai 2014

Destiné à être aliéné?

Les circonstances de la vie ont fait que je devienne un intellectuel du genre "peau noire masque blanc" ou "peau ébène macaque blanc". Pouvait-il en être autrement? Né de grands-parents et parents colonisés par les Belges, par quel miracle aurais-je pu forger ma voie hors des voies tracées par le schéma colonial? Comment aurais-je pu me détacher de mon destin d'aliéné, de déraciné, d'inférieur racial et d'acculturé auquel m'a méthodiquement préparé l'école coloniale? Ce problème touche tous ceux de ma génération qu'on a lancés sur le chemin de l'école occidentale en leur faisant miroiter les merveilles dont les Blancs sont les authentiques détenteurs. Ce drame est celui d'une race, d'un continent, de tout colonisé. Un cercle vicieux!
"Fils d'évolué", j'ai appris à détester ma langue maternelle pour exceller dans une langue d'emprunt, à rejeter mes sonorités ancestrales pour embrasser, fasciné par l'érudition occidentale, des structures linguistiques aliénantes et avilissantes. J'ai appris à en tirer fierté et arrogance au point de me moquer de mes compatriotes qui ont du mal à assimiler ce parler. Tout cela, je le fais. Chaque fois que je perçois des fautes d'écriture ou d'élocution, je m'empresse d'en rire, satisfait au fond de maîtriser des tournures que mes compatriotes francophones éprouvent du mal à manier.
Le mal est que cette langue-là qui est devenue, par la force des choses, mon gagne-pain, ne m'intègre pas du tout à son histoire. Marginalisé comme tous les intellectuels francophones, miné par mes origines raciales et nationales, je suis chassé du cercle linguistique dont je me réclame. En parlant le français, je me sens comme happé dans un micmac étranger qui ne dispose d'aucune place pour moi. En parlant le français, j'embrasse une civilisation et une culture dominante qui annihile mes traditions et croyances d'origine. Je m'identifie à cette culture qui, en réalité, m'écarte de son cercle. Je m'identifie à cette langue que j'ai acquise après une longue scolarisation primaire, secondaire et universitaire à la suite de décisions qui m'ont été imposées et dont, en fait, les structures émotionnelles m'échappent totalement. Avec cette langue d'emprunt, je vis une vie d'emprunt. Je ne l'ai pas choisie. Celle avec laquelle je suis née m'a été enlevée par le biais d'une aliénation huilée au lavage de cerveau.
Par contre, je suis relativement satisfait des autres langues puisque je les ai choisies librement. Elles sont occidentales toutes. (... Ecrit le 13 mai 2014, Apes Hill, Barbade)
14 mai 2014. A l'aube, un dernier rêve. Je me retrouve à Kimfingia, mon village paternel. Images futuristes, car le lieu où il siégeait quand j'y avais effectué mes dernières vacances est vide; des jeunes gens y jouent au football, ignorant ma présence. Ce qui me surprend et me déçoit car dans le temps, sur ce même terrain, on me recevait comme un roi. J'y suis avec un coopérant allemand qui a transformé la concession de Kha Tata Piela en son bureau, un bureau de développement sans doute, mais je n'en suis pas sûr. Bien évidemment, je parle allemand avec mon seul interlocuteur. En dehors de ce lieu il y a un quartier construit en matériaux durables, que je n'avais jamais vu auparavant. L'idée me prend de m'enquérir des anciens habitants du lieu car je suis un de là. Surgissent comme de l'ombre deux visages familiers. "A Tata Kasala", que je dis à un grand-oncle mort que je confonds avec cousin qui me parle "Gilbert Makesi" vieilli mais plus jeune que moi. Puis une tante qui m'a aperçu mais s'est éclipsée pour m'avoir entendu parler une langue inconnue avec un étranger. J'ai aussitôt réoccupé mon terrain, le terrain de mon village paternel. J'ai reconnu un sentier du coté ouest qui menait jadis au ruisseau "Nzau". On m'apprend que la population s'est vidée depuis un mois. Une porte s'ouvre, je sors du rêve.
Avons-nous encore besoin d'autres preuves? Je suis destiné à être aliéné. La langue m'a destiné à être étranger à ma culture, à mon être et à mon pays natal.
 

13 mai 2014

La pertinence de sa langue maternelle

Jetons un regard vers l'Ukraine, vers la RCA, vers la Syrie ou vers la Corse. Un constat étonnant et constant: lorsque ce n'est pas la langue qui divise, c'est la religion ou la race (ethnie). Le monde est ainsi divisé. Regardez la carte de l'Afrique, combien de pays en dehors du Maghreb et de la Tanzanie ont des langues officielles africaines? Les langues coloniales trônent au sommet de toutes les institutions occidentales, et ne laissent aucune places aux parlers régionaux. Revenons à l'Ukraine.
J'aime bien l'anecdote. Deux amis d'enfance se retrouvent dans un même milieu de travail. Le premier est curé; le second agent pastoral. Le curé, dans sa toge de directeur spirituel de la famille, convainc l'épouse de son agent que son mari est indigne est indigne d'elle. Le mariage se dissout, le curé se retrouve père du bâtard et abandonne aussitôt la dame à son propre sort. J'appelle cela le syndrome du voisin ravageur et envahisseur; le même qui se retrouve chez le puissant voisin Russe manipulant la minorité Ukrainienne. Jeu de cache-cache, mais jeu quand même. Le curé et madame sont du même groupe tribal et parlent la même langue. Et ce matin j'ai entendu sur BBC qu'une femme ukrainienne a décidé de quitter Donetsk parce qu'il lui serait désormais incapable à son âge d'apprendre et de parler le russe, la langue du vainqueur du referendum (démocratique).
La langue est une arme de guerre. L'histoire l'a montré dans tous les sens de sorte qu'il est inutile d'y revenir. Caton défendait en public que les Romains apprennent le grec; mais lui-même s'enfermait le soir pour l'apprendre en catimini, au point de s'abimer les yeux sous une lampe défectueuse.
Les Congolais ont l'habitude de poser une question: "Oza ekolo nini?" qui signifie: "De quel coin es-tu?" mais en réalité: "Quelle langue parles-tu". La langue que tu parles peut jouer pour ou contre toi. Un soir autour de 23h30 à Kinshasa 1ere Rue Dilandos, Limété, j'ai été pris en tenailles par trois hommes habillés en tenues de soldats. J'ai eu le réflexe de crier en kisuku, les sentinelles du coin ont vite accouru machettes et couteaux à la main pour faire déguerpir les malfrats. Comme cela se sait, la plupart des sentinelles ou des gardiens de propriété sont yaka ou suku pour ne pas dire du Bandundu. La langue m'a sauvé d'un mauvais quart d'heure.
Seulement voilà. Cette langue "suku" dont je me réclame tant et dont je suis si fier, n'existe pas dans le système scolaire. J'ai été éduqué en kikongo (les premières années) et en français. Pour m'exprimer, je suis plus à l'aise en français que dans n'importe quelle autre langue. Vous aurez remarqué combien j'étale mes connaissances de l'italien, de l'allemand, de l'anglais sur ce blog. Le kisuku et le kikongo ne sont utilisés qu'occasionnellement. Et pourquoi? ALIENATION MENTALE, DERACINEMENT CULTUREL, ACCULTURATION. Ces mots sont ma réalité au quotidien. Qu'est-ce que j'enseigne à l'université? Le français. Pas le kisuku, ni le kikongo. Le ridicule ne tue pas.

Le français est vraiment difficile 2

Partons du titre de notre journaliste:
"LA CERMONIE DE DEVOILLEMENT DE 29 PISTES DE ANCIENS PREMIER MINISTRE"

1. Une défaillance totale: orthographe catastrophique (6 mots sur 11 sont fautifs), accords grammaticaux défectueux, misconception des phonèmes et morphèmes, indication d'une diction incorrecte. J'ai préféré garder le titre en majuscule parce que je ne suis pas sûr de sa transposition en caractères minuscules.
2. Mauvaise élocution. Ces erreurs sont en partie dues au fait que le journaliste ou ses scribes parlent incorrectement le français: "cérmonie" au lieu de "cérémonie", le deuxième "é" est avalé en flagrante transgression que le "é" est toujours tonique, jamais atone. "dévoillement", le scribe ajoute généreusement un "l" pour enrichir son vocabulaire. "pistes" au lieu de "bustes", là c'est le plus grave car non seulement il change le sens de l'événement, mais il montre son ignorance à propos de ce dont il parle. En fait, le mot "buste" lui est inconnu; tellement il est habitué aux pistes de danse des bars kinois. C'est comme si, lorsqu'écoutant une langue inconnue, on cherchait à y reconnaître quelques sons ou mots de son univers familier. Le reste, je vous laisse le soin d'en juger.
3. Comprenez-moi bien. Mon but n'est pas de ridiculiser le journaliste, mais de montrer avec humour la difficulté dans laquelle nous, Africains, nous retrouvons pour nous exprimer, communiquer nos pensées ou désirs, dans une langue qui nous a été imposée par l'histoire coloniale. Je voudrais souligner ce drame que Laleau a immortalisé dans un poème: "Ce désespoir à nul autre pareil / que de dire avec des mots de France / ce coeur qui m'est venu du Sénégal". Ce journaliste aurait été sans nul doute meilleur en lingala, swahili, tshiluba ou kikongo qu'il ne l'est en français. Il s'humilie naturellement, intrinsèquement ou fondamentalement, un usant d'une langue dont apparemment il ne maîtrise pas la structure et à laquelle il demeure complètement étranger. Moi-même, je n'échappe pas à ce dilemme déracinant; ce journaliste, c'est aussi moi.
4. Le complexe d'infériorité. Frantz Fanon nous a rendus attentifs à ce phénomène. Le pouvoir du maître du monde a poussé le sujet à se mesurer à l'aune de son modèle. Ce complexe-là demeure ancré dans notre subconscient. En Afrique, celui qui parle le "long français" (français ya mulayi) est vénéré, reconnu intelligent au détriment du vénérable sage de nos villages. En Martinique, Césaire était réputé pour son français jugé meilleur que celui des Français-français ou de souche. Ce complexe-là fait partie de la culture commune née de la colonisation. On nous impose une langue, on se moque de nous lorsque nous la parlons ou l'écrivons mal.
5. La France par sa politique d'assimilation a mis en place les mécanismes pour la diffusion de sa langue. La francophonie en assure l'expansion dans les territoires occupés d'Afrique, d'Amérique, d'Asie et du Pacifique. Et même au-delà pourvu que la langue de Malesherbes soit reconnue, enseignée, perçue. Le baragouin ne tue pas la langue dans son essence, au contraire il la fait briller au sommet de l'échelle de la Civilisation. Ceci vaut à quelques différences près pour toutes les langues coloniales de l'Occident qui trônent sur nos continents et/ou à l'ONU.

6. Déclaration finale: Que nous, (anciens) colonisés, soyons forcés de parler des langues occidentales assure la pérennité du colonialisme! S'il y a quelque chose que le colonialisme a réussi, c'est de nous avoir imposé d'utiliser leurs langues, signe d'une aliénation fondamentale; de nous avoir amenés à nous penser à travers des schèmes linguistiques et idéelles de l'Occident. Un coup sérieux qui entravera pour des siècles notre développement humain, culturel et mental. Il est temps de nous lever, de dire NON. "Get up, stand up for your rights", comme chantent nos frères et soeurs de la Diaspora.

11 mai 2014

Le français est vraiment difficile

Français eza pasi penza. La langue française est vraiment difficile. Je n'invente rien:

LA CERMONIE DE DEVOILLEMENT DE 29 PISTES DE ANCIENS PREMIER MINISTRE
http://www.touscongo.com/la-cermonie-de-devoillement-de-29pistes-de-anciens-premier-ministre/

Je précise simplement que ce que le journaliste appelle "pistes", c'est "bustes". Jugez vous-mêmes.
Je vous laisse également le soin du reste.

10 mai 2014

Dégoûtant, les expulsions des RD-Congolais de Brazzaville

Les images humiliantes que j'ai vues, les discours haineux que j'ai entendus, la hargne que j'ai perçue dans les actes sanguinaires de nos voisins d'en face, sont insoutenables. Ces affreux événements dépassent tout entendement. Ce qui est révoltant, c'est le silence des autorités et l'absence complète d'une piste de solution. Le sang appelle le sang, c'est hélas la loi de la nature. Je n'inviterais jamais à la vengeance criminelle, quoique tout semble pousser vers cette solution. Si l'on y prend garde, un sursaut de nationalisme pourrait amener à une guerre inutile et meurtrière.
J'en suis encore à me demander pourquoi et comment on en est arrivé là. Qu'est-ce qui a déclenché ces sauvageries inhumaines et dégoûtantes? Comment des êtres humains peuvent être traités comme des chiens, des cochons? Sans le moindre respect, sans le moindre sens de considération, enchaînés à la queue leu leu comme du temps des esclaves, ceinturés et brûlés aux pneus, battus à coups de ceintures et de bottes, frappés sans ménagement ni retenue, humiliés, dénudés, blessés dans leur intimité. Les femmes sont violées, dénudées avant d'être exposées à la risée publique. Le plus dégoûtant, c'est que ces actes sont posés par des gens qui partagent beaucoup de choses en termes d'histoire, de langues, de culture et race, d'usages et coutumes, de croyances et traditions. Cette xénophobie aveugle n'a vraiment pas sa raison d'être ainsi que l'ignoble cruauté qui l'entoure. A qui profite cette flagrante transgression des normes sociales élémentaires de décence et de convivialité? Qui tirent les marionnettes de cette tragédie? On se croirait dans un monde des hors-la-loi, un monde sans pitié ni compassion.  
En dernière analyse, toute cette histoire est une honte pour les deux pays qui se montrent incapables de dépasser leurs rivalités et leurs passions par manque de maturité politique. Une action doit être immédiatement entreprise par les autorités des deux rives pour que cessent ces douloureuses exactions qui font la honte de l'Afrique. Ce qui se passe entre les deux pays est incroyable, impensable, inimaginable, dégoûtant, dégradant, inhumain, criminel. Les autorités respectives doivent en répondre.

Adieu Ignace Wawa Mangalaba Mikay

"Evariste Pini-Pini
De Bandundu, nous apprenons le décès inopiné de notre ami et frère Ignace Wawa Mangalalibe, Mance ; décès survenu le 8 mai à Bandundu-Ville. Que son âme repose en paix." (Sic: Facebook, 10 mai 2014)
 
Paix à l'âme de mon cher aîné Ignace!
L'abbé Evariste a tout dit. Comme beaucoup de mes condisciples, j'ai connu Ignace Wawa au petit séminaire de Kalonda en septembre 1969. Il était en quatrième littéraire avec les Félix Manzanza, Henri Tamuzi, Onésime Kalala, Odon Kinzi, Hubert Masala, et autres Mundaba, Kisantu, Likibi, Lumbemba. Pendant les deux années vécues avec lui à Kalonda, il était toujours responsable de quelque chose, des sports comme des travaux, si mes souvenirs sont bons. Il était de ceux qui collaboraient avec l'abbé préfet. Puis il a fait Mayidi, l'ISSR et d'autres formations. Etabli définitivement à Bandundu-Ville,  il a servi avec zèle l'état et l'église congolais comme enseignant, journaliste ou animateur. Je l'ai revu à d'autres occasions à Bandundu.
La dernière fois que j'ai rencontré Mance, c'était en juillet 2003 à Bandundu. On était avec Donat Mosimi sur Budjala 48. Il venait de se remarier après avoir été veuf à trois reprises. Il nous a présenté sa quatrième épouse. Je me souviens de sa toute première fiancée, Yema. Comme par coïncidence, sa première épouse Madeleine était une amie d'enfance de Clavère qui s'est écriée en apprenant la nouvelle: "E ngoo, bo me kwe kutana ti Madeleine".  Ainsi se ferme la boucle.
Nos condoléances les plus émues à sa famille biologique et à toute la communauté qui le pleurent. Puisse le Tout-Puissant lui accorder la paix, la miséricorde et la vie éternelle!
Kwenda mbote mpangi!
 

8 mai 2014

"Ne me touche pas, je ne suis pas ta femme"

8 mai 2014. Il est à peu près 7h05 lorsque Chrystelle, 7 ans, sort de la douche toute mouillée malgré l'essuie-main dans lequel elle s'est enroulée. Lorsque spontanément je m'empresse de lui sécher le dos et les épaules, ma fille réagit vigoureusement et lance à ma surprise: "Ne me touche pas, je ne suis pas ta femme". Surpris par l'agressivité du propos, je me maîtrise au lieu de m'emporter et lui demande: "Ma fille, Est-ce que tu sais ce que c'est une femme?". "Oui, répond-elle sans hésiter, moi je suis une femme, toi tu n'es pas (sic)". C'était parti pour la journée.

6 mai 2014

Réinventer l'Afrique

Réinventer l'Afrique, une expression qu'on entend beaucoup sans souvent savoir à quoi elle rime. Tout le monde intellectuel serait prêt à soutenir ce slogan, mais se trouve divisé quant aux moyens pour atteindre ce but. Cette réflexion m'est suggérée par la loi kenyane autorisant les hommes à épouser les plus des femmes possibles. Je voudrais apporter des précisions à mes premières impressions publiées il y a deux jours.
J'ai affirmé que cette loi remettait l'Afrique à sa place en évoquant avec insistance les notions comme émancipation, liberté idéologique, retour à l'ordre pré-colonial, africanité, authenticité dans la perspective d'une défense de la femme et d'une certaine morale. J'y suis allé vite en besogne, mais il y a une façon de replacer l'Afrique à son honneur qui peut s'avérer défendable. J'ai toujours prôné le refus des valeurs coloniales ou importées sans discernement; je n'y reviendrai plus. Que signifie au juste réinventer l'Afrique?
Ma pensée va à V.Y. Mudimbe, spécialement à ses livres The Idea of Africa et The Invention of Africa. Deux oeuvres qui posent les bases pour les Africains de se démarquer de la notion de l'Afrique imposée par le colonialisme et de se frayer une nouvelle identité, indépendante et libre vis-à-vis de la pensée occidentale. Le cercle vicieux de cette démarche est que le philosophe reste dans le giron occidental même qu'il entend bannir. Il se proclame agnostique, existentialiste et marxiste. Il utilise les théories de Michel Foucault pour opérer sa révolution sur les mentalités africaines, mais refuse l'essentialisme de la négritude. Il a de fait raison de dire: "I am what I am and I am what I am not" or "I am not what I am and I am what I am not". Rien n'est plus vrai.
Autant dire le dilemme de l'Africain face à sa crise d'identité. Souvent politisée, cette crise prend sa racine dans l'être-même de l'African en face de l'histoire. L'esclavage l'a vidé de ses forces vives, la colonisation l'a laissé pour compte, l'indépendance l'a animalisé, et la globalisation lui enlève le peu de dignité qui lui restait. Réinventer l'Afrique, mais avec quels moyens? Les moyens de l'Occident bien entendu! Le discours révolutionnaire pour se détourner des avatars de l'Europe se puise au sein de l'univers occidental. Le dilemme de l'intellectuel est dramatique à ce point. L'Africain n'est qu'une  copie fanée et édulcorée de son maître-penseur. Là réside selon moi la tragédie de la colonisation pour l'Africain, vidé d'élan vital et rendu de fait incapable de se définir, de résoudre ses problèmes vitaux, culturels et matériels.
Réinventer l'Afrique reviendrait à lui donner un nouveau visage, celui que les Africains souhaitent de leurs voeux, sans les séquelles aliénantes du passé. La réflexion fondatrice doit donc partir de cette remise en question. Quelle Afrique faut-il forger pour assurer le bien-être de tous les Africains? Les états modernes issus de la volonté européenne ne constituent aucune garantie puisqu'ils obéissent à des schémas tracés ailleurs; le système démocratique est étranger à l'Afrique tout comme l'éducation scolaire qui ignore la sagesse des ancêtres. Bref, au centre de tout, il y a l'homme. Et l'homme en Afrique ne vaut pas un chien en Europe. Les scènes de violence ou de guerre qui sont vécues un peu partout en Afrique en témoignent; elles consacrent le retour vers l'animalité.
Pour réinventer l'Afrique, il est impératif de modeler d'abord le visage de l'homme africain, de le libérer mentalement  avant de lui insuffler un peu d'humanité. Etre soi-même, voilà le maître-mot! L'Afrique ne reviendra aux Africains qu'à ce prix.

5 mai 2014

Epouser autant de femmes que possible (Kenya) 2

Retour en arrière ou évolution en faveur des valeurs traditionnelles africaines? Ignorance totale de l'évolution moderne en matière de moeurs, de genres et de mariage?  Pour ma part, j'y vois trois choses.
1. Affirmation absolue de la masculinité
Les hommes, toujours les hommes, sont les conducteurs majeurs de la population. C'est eux qui dirigent la maison, la communauté sociale et religieuse. La responsabilité, quoiqu'ils la partagent avec les femmes, leur revient de plein droit. La tradition phallocratique universelle a fait que partout dans le monde l'homme soit le maître de la maison, de la famille, de sa femme et de ses enfants. La tradition a voulu qu'en Afrique et dans les pays musulmans il se marie à plusieurs femmes par souci de justice, vu le nombre élevé des femmes. La femme par nature a(vait) besoin d'être protégée, aimée, rassurée par l'homme; donner autant d'enfants que possible et les élever constituaient sa raison sociale. Mais le cours de l'histoire a changé avec la colonisation européenne ou l'alphabétisation, qui ont favorisé l'émancipation, l'égalité et la liberté de la femme. Et de là une consitution de l'état moderne qui tient compte de ces réalités. Et pourtant? La libido masculine africaine, au milieu de tant de préceptes de sagesse et d'interdictions, couvait son plan de récupération de l'ordre ancien au nom de l'anti-colonialisme, de l'africanité. Ce à quoi nous assistons au Kenya est le fruit d'un rétablissement instinctif de la libido masculine. Le sexe fort impose sa loi et sa justice sur le sexe faible. L'homme étant toujours aux commandes de la société au Kenya a imposé l'ordre ancien, au grand dam des tendances modernistes inadaptées ou venues d'ailleurs.
2. Ethique africaine.
Retour à l'ordre précolonial, recours à l'authenticité africaine, revalorisation des valeurs traditionnelles, refus radical de l'aliénation mentale, voilà un pan conceptuel qui justifie la démarche des Kenyans. Uhuru Kenyatta et son régime africaniste ont posé un acte renforçant les habitudes matrimoniales d'autrefois. L'Europe et sa religion chrétienne ont imposé la monogamie contre le système social en vigueur, sans tenir compte des coutumes du pays. En clair, l'indépendance politique acquise dans les années 60 n'était que de façade, ayant laissé intactes les normes europénnes établies par l'ordre colonial. Il fallait à tout prix revenir aux coutumes strictement africaines sans aucune référence au modèle européen. Une éthique africaine pour les Africains, ainsi peut se résumer cette volte-face législative. Faisant table rase des habitudes importées d'Europe ou de l'Occident, les Kenyans ont affirmé leur différence morale. En réalité, ils n'ont fait qu'officialiser une pratique vécue au quotidien et entériner un état des faits. Considérée concrètement, cette loi confirme non seulement la situation familiale de beaucoup de politiciens et hommes africains qui en ont les moyens financiers, mais consolide également l'idée que les Africains qui ne sont pas polygames pratiquent une éthique d'emprunt. Je prédis que d'autres pays leur emboîteront les pas. En d'autres mots, la polygamie est naturelle à l'Africain.
3. Un camouflet à la femme
Seulement voilà. Comment, en plein vingt-et-unième siècle, un peuple moderne ou qui prétend à la modernité peut prendre une décision aussi rétrograde? Comment un pays christianisé peut-il renier ses fondements moraux monogamiques au profit d'une minorité musulmane qui favorise la polygamie? Doit-on simplement croire que l'Africain, indépendant, est libre de choisir sa voie? D'un point de vue idéologique, on peut se demander si le discours féministe avec son arsenal de concepts - émancipation, égalité, droits, mariage égal, liberté de consentement - tient encore dans un pays comme celui-là. L'homme africain menant la politique de l'immédiateté n'a pas trouvé mieux que de remettre les choses à leur place en annihilant le temps colonial et postcolonial. Les femmes perçoivent cette loi injuste comme une atteinte directe à leurs droits, à leur identités, à leurs personnes. Bien plus, c'est un camouflet sans pareil à la femme, une humiliation sans nom de la part d'un régime immoral qui prône la délinquence sexuelle masculine. Ce geste politique muselle la femme en l'insultant dans son être profond et en la chosifiant. La femme est un bien qu'on peut acquérir au même titre qu'un bijou, qu'un objet matériel. La femme est quelque chose dont on peut jouir et se débarrasser comme on veut.
Epouser autant de femmes que possible porte atteinte à la dignité de la femme tout en absolutisant le virilisme ou la masculinité. Alors que l'Allemagne permet désormais de choisir le sexe auquel on s'identifie, que l'Europe autorise l'union de même sexe, l'Afrique résiste à accepter le mariage égal pour tous. A l'homosexualité répudiée du champs de la vie morale, l'Afrique oppose le mariage polygamique sans retenue au profit d'une heterosexualite masculine debridee. La polyandrie n'est même pas un thème dans cette phallocratie. Les Bashielele qui pratiquent la polyandrie n'ont plus de place dans ce monde. Je pense en particulier à feu abbé Gilbert Mwah (Idiofa) d'heureuse mémoire; mes congénères savent de quoi je parle. Le problème est donc très complexe, et la réflexion s'impose à tous les niveaux.

4 mai 2014

Epouser autant de femmes que possible (Kenya)

Vive le Kenya. Pendant que le monde change, nos braves législateurs kenyans ne trouvent pas mieux qu'à assouvir leurs penchants libidineux. Ils ont eu la géniale idée de légaliser la polygamie, alors de manière radicale, au nom de l'africanité. Voici comment le Figaro.fr transmet la nouvelle:

"Les députés kényans ont voté une loi permettant aux hommes d'épouser autant de femmes qu'ils le souhaitent, sans en toucher mot à leur première épouse, à la fureur d'élues qui ont claqué la porte du Parlement de Nairobi, indiquent aujourd'hui les médias.
(...) Quand vous épousez une femme africaine, elle doit savoir que la deuxième va suivre, puis la troisième (...) c'est l'Afrique", a expliqué devant la chambre l'ulitn de ces élus, Junet Mohammed, cité par Capital FM.
Je me trouvais en route pour l'université lorsque j'ai suivi cette nouvelle sur BBC.World Service captée sur FM. Arrivé sur le campus, j'ai croisé comme par coïncidence mon collègue kényan au bureau départemental d'histoire et philosophie d'une part, et de langue, linguistique et littérature dont nous deux sommes respectivement les chefs. Fred Ochieng'-Odiambo m'a précisé, en présence de nos secrétaires interloquées par la catastrophe, que la loi impliquait un non-consensus de la première épouse.
Pour amuser les dames, je les ai informées que j'avais décidé de devenir Kenyan. Belle blague!

3 mai 2014

Sur quelques systèmes de football

1. Le système ultra-défensif de José Mourinho. Les équipes de Mourinho prennent en général peu de buts, parce que le jeu se construit depuis la défense. Une fois qu'il a joué avec une équipe offensive, c'était à Barcelona il y a quelques années. Il avait pris le risque d'aligner Eto'o, Pandev et Milito d'entrée de jeu. Le résultat était là. Il est comme une loi que l'équipe qui élimine Barcelone prend la coupe de la Ligue des Champions.
Avantages: Ce système casse le jeu de l'adversaire en rendant stériles leurs attaques. Le catenaggio qui a fait jadis la gloire de l'Italie a encore de beaux jours devant lui. Une maîtrise totale des latéraux adverses peut fortement neutraliser leur capacité de nuisance. Des relances rapides du genre que pratique la Mannschaft.
Désavantages: Le système peut se retourner contre vous si vous n'y prenez garde, vu qu'il offre beaucoup de possibilité de buts à l'adversaire. Un attaquant n'est pas un défenseur. Le penalty concédé par Eto'o n'aurait jamais existé s'il avait été un défenseur. La confusion de rôles peut se révéler nuisible.
2. Le football total de Pep Guardiola. C'est l'école hollandaise de Johan Cruyff et compagnie. Une circulation parfaite du ballon, passes à plusieurs trajectoires, appels de balle constants, mouvements permanents, tout cela fatigue l'adversaire et parfois le conduit à la faute. Lorsqu'il fonctionne bien, le résultat peut être admirable. 
Avantages: Une maîtrise complète du terrain et de tous ses espaces, une suffocation des adversaires poussés à la faute et au doute, l'impression d'un football scolaire dominant à la perfection.
Désavantages: Une multiplication de passes quand bien même il faut tirer au but peut se révéler stérile, monotone et improductive. Un système qui, lorsqu'il est brisé, expose toutes les failles de son fonctionnement. Très difficile à appliquer lorsque l'équipe est menée. Le Real de Madrid a ainsi aisément brisé le mythe Guardiola en battant le Bayern à l'Alleanz Arena de Munich SVP.
3. Le système Sir Alex Fergusson. Manchester United s'est forgé la réputation d'une équipe qui crée des buts à partir de rien grâce à un système basé sur la créativité et la détermination du joueur. Le joeur fonctionne comme un maillon dans une chaîne commune de l'équipe. Circulation rapide du ballon, attaques par les latéraux, appels de balle efficaces dans les vingt mètres du but, titularisations couplées des joueurs, efficacité de relances. Bien que je ne sois pas convaincu par sa ligne défensive - avec un Rio qui panique - United est (était) solide en tous points de vue.
Avantages: Tactiques réalistes et pragmatiques, efficacité extraordinaire, relances rapides, circulation alternées des latéraux défensifs et offensifs, maîtrise du terrain, utilisation raisonnée des capacités des joueurs en faveur de l'équipe donc liberté de jeu, respect de l'autorité de l'entraîneur. La coupe de Champions League gagnée à deux minutes de la fin face au Bayern en 1999 constitue le couronnement international de ce système.
Désavantages: Faiblesse en ligne défensive centrale, faiblesse dans les couloirs intérieurs, replis lents. Le MU de Sir Fergusson a recu quelques claques face à Chelsea sous Vialli et Mourinho, une leçon de foot face à Barcelona en Ligue des Champions. Erreurs tactiques, mais propres au système Fergusson.

Depuis quand es-tu devenu un connaisseur du football? Depuis toujours.
J'aime bien la défense solide de Mourinho, la maîtrise du terrain de Barcellone et le pragmatisme de Fergusson. Tout système vaut ce qu'il vaut. Chacun pratique un jeu suivant qu'il se sent à l'aise avec et qu'il y trouve son compte. Le plus efficace, c'est celui qui porte les meilleurs résultats, en fonction des adversaires. C'est là que la tactique ou technique intervient. C'est à ce tournant qu'on reconnaît un bon entraîneur et une bonne équipe.

La voix qui s'entend

Ce 29 avril pendant que je me fais une tasse de thé, je suis interpelé par la dame qui travaille à la cafeteria de notre faculté:
- "Dr Mabana did you call me?"
- No I did not.
- But I heard you calling me.
- I did not call you, indeed. I see. I can understand. That happened to me many years ago. That still happens from times to times.
Cette conversation m'a rappelé mes propres histoires de voix. La voix qui s'entend n'est pas forcément produite au moment où on la perçoit. Oui, j'entends nettement des voix venues de nulle part, mais que je perçois clairement. Lorsque j'étais petit séminariste, on parlait de la voix de la conscience que chacun porte en soi pour distinguer le bien du mal. Le bien est à faire, le mal à éviter, nous enseignait-on à l'époque. Lettres mortes aujourd'hui car la réalité du monde n'y obéit plus. Dites-moi que je me trompe comme cela arrive souvent.
Je me souviens des phrases formulées par des gens il y a vingt, trente, quarante, voire cinquante ans. Des phrases de mon père du genre: "Ukonda luzitu ku batata nge?" Ou de mon grand-père Kahiudi: "Nge kuzola kubaka kinkokoto?", peut-être la seule phrase qu'il savait en kikongo ya leta. Et d'autres. La plupart des voix, je les entends en rêves. Je parle souvent avec mes morts comme avec les vivants dans mes rêves. Au réveil, je m'amuse à les interpréter du mieux que je peux.
Souvent, j'entends un cri lointain qui me réveille. Ce cri est vrai, il me réveille encore comme du temps où tout cela se passait. Ce fut le cri de l'abbé Jean-Pierre Gavuka de septembre 85 à septembre 86, date de sa mort. Paix à son âme! A l'évêché de Kenge, sa chambre était attenante à la mienne. A chacune de ses crises, on entrait par la porte intérieure donnant sur le couloir pour lui porter secours. Après sa disparition, ce cri strident a longtemps retenti à mes oreilles endormies. De moins en moins avec les années, je l'entends encore quand même.
La voix la plus claire, je l'avais entendue à Tuttlingen en RFA. J'étais endormi lorsque le train s'est arrêté. Et comme par miracle, j'ai entendu Mme Schmitt m'appeler: "Claver, Claver". Je me suis révéillé en sursaut, encore à temps avant que le train ne redémarre. Une sortie en catastrophe qui a surpris mon hôtesse qui m'attendait sur le quai. La réalité est qu'elle n'avait pas prononcé mon nom. Je me serais assurément retrouvé à Schaffhouse si je n'avais pas eu ce déclic libérateur.
Lorsque Chrystelle et Claver avaient un, deux, trois ans, combien de fois me suis-je réveillé à leurs cris alors que je me trouvais loin à Kinshasa, à Brazza ou ailleurs. Ces cris-là, je ne les entends plus, peut-être parce que je vis avec eux tous les jours, que je suis leur développement physique et spirituel au quotidien. Peut-être, peut-être.

2 mai 2014

Afrique, pauvre Afrique

Vive l'Afrique!
Afrique, pauvre Afrique,
te voilà voilée d'un deuil
incommensurable
te voilà à jamais condamnée
à suivre un destin emprunté
te voilà désormais engluée
dans une lancinante plante
incapable de dire non
aux maîtres du monde.
L'Union Africaine promise
avec fracas tarde à éclore
portée jadis par l'homme de Tripoli
inspirée par le premier d'Accra
et oubliée à perte de vue
comme une lointaine chimère
L'espoir qu'elle a fait naître
en fumée s'est évaporé
en eau s'est liquéfié
en nuit s'est transformé.
A quand la paix en Afrique?
A quand la fin des treillis posés à Berlin?
A quand l'ère de l'amour entre nous?
Faudra-t-il encore compter tant de morts
pour qu'à jamais fonde l'épée cruelle
et sanguinolente de la haine ethnique
tribale-régionale-nationale-honteurse
xénophobe-discriminatoire-raciste
inspirée par le Blanc et sa Bible
et par l'Arabe et son Coran
ét établie par l'arme à feu?
Afrique, pauvre Afrique
te voilà déchirée par la cupidité
des prédateurs pilleurs et avares
venus du lointain ailleurs
prétendus porteurs de valeurs
de culture et de civilisation
verre cassé sans réparation.
Voilà que tu me fais poète d'un seul chant
qui perce mon cœur d'une flèche aride
qui cherche le son de ton kora morose
dont les notes se sont prostituées.
Afrique, pauvre Afrique,
avoue que tu n'es pas morte
avoue enfin que tu résistes à tout
avoue que tu vivras... sans fin.

(KM, 2 mai 2014)

1 mai 2014

1er mai: Journée du Travail.

Bonne Fête de St. Joseph Artisan à tous les ouvriers que nous sommes!
Que le travail rapporte à vivre, à manger et à boire, à économiser et à investir, à tous les travailleurs afin que le monde devienne spirituellement plus juste et humainement plus digne et pacifique.
Halte aux émigrations humiliantes vers des paradis soit disant économiques! Halte à la haine, à l'oppression et à l'exploitation de l'homme par l'homme par l'exercice du travail. Vivent enfin l'amour, le courage, la paix, la liberté, la justice, le travail et la vie. Tous ceux et toutes celles qui veulent vivre du prix de leur effort de façon honnête et faire face aux défis matériels quotidiens ne souhaitent qu'une seule chose: le travail bien rétribué. Les factures ménagers, les soins médicaux, l'éducation des enfants, la vie quotidienne, nécessitent pour chaque adulte un travail correspondant à ses talents et compétences. Il est indigne de mendier lorsqu'on est capable de gagner son pain à la sueur de son propre front. Certains pays priorisent la formation éducative et professionnelle afin de valoriser la qualité du travail. L'emploi, c'est la vie d'un pays.  C'est l'occasion de le dire: assurer le travail aux citoyens d'un pays est le devoir primordial de tout gouvernement responsable. Concrètement, il lui revient de créer les conditions idéales dans lesquelles chacun trouve un travail de ses vœux. C'est dans la mesure où le chômage est résorbé qu'un gouvernement assure la stabilité sociale. Le président François Hollande en a fait, avec raison, une condition pour sa candidature à un second mandat.
1er mai: fête du syndicat. Les syndicats ont mission de défendre le travail et les travailleurs à tous les niveaux. Il nous revient de les encourager à continuer leurs luttes si nobles, et à protéger les intérêts des ouvriers contre les abus des patrons capitalistes et cupides, contre les lois discriminatoires en cette matière. Que l'action suive les discours, pas l'inverse.
1er mai, fête du travail, fête de l'espoir.
 
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