Par-delà ce discours d'un colonisé en crise d'identité et qui se trouve mal dans sa peau, il y a une richesse des langues qui est indéniable. De connaître une autre langue ouvre largement des horizons. Les missionnaires l'ont très bien compris pour asseoir les jalons de leur évangélisation. Ils se sont investis dans les langues et l'étude théorique des langues, clés pour comprendre le comportement des peuples, leurs réactions et leurs usages naturels. Ils ont ouvert des centres de langues pour s'imprégner des cultures des peuples à évangéliser. Ils ont codifié des récits oraux, écrit des dictionnaires, des manuels de grammaire et d'ethnologie. Au final, les missionnaires qui ont eu le plus de succès sont ceux qui ont maîtrisé les langues des "gentes".
Je ne m'en prends pas au français, mais aux conditions assimilatrices dans lesquelles il m'a été enseigné au point de me vider de mes pulsions originelles. Je m'insurge contre le colonialisme linguistique qui a soumis tout un continent, des continents, à se voir à travers des paramètres européens. Je me révolte contre cet esprit aliénateur qui m'a imposé une identité d'emprunt, identité ambiguë à laquelle les propriétaires naturels du français me renient l'appartenance et l'association. J'aurais préféré parler et penser en kisuku, kikongo ou lingala, me voilà sommé d'être classé francophone sur l'échiquier des langues du monde. Pourquoi tout cela? On m'a aliéné, mais il y a plus, je n'ai pas d'armée, je n'ai pas de fusil. Car le colon ne s'est pas imposé les mains vides, il avait les armes pour assurer que sa volonté de puissance soit faite, pour s'assurer l'exploitation des richesses. J'aurais été puissamment armé que j'aurais combattu pour préserver ma langue, mes langues, de toute invasion étrangère.
Une anecdote signée un musicien tanzanien de Kanda Bongo Man. Une Britanique d'origine congolaise s'est fait contester, puis retirer la nationalité anglaise à l'aéroport d'Addis Abbeba. Et pour cause? Elle n'a pas su formuler une seule phrase en anglais devant l'agent d'immigration qui l'interrogeait sur les détails de son voyage alors qu'elle brandissait fièrement un passeport UK.
Une anecdote signée un musicien tanzanien de Kanda Bongo Man. Une Britanique d'origine congolaise s'est fait contester, puis retirer la nationalité anglaise à l'aéroport d'Addis Abbeba. Et pour cause? Elle n'a pas su formuler une seule phrase en anglais devant l'agent d'immigration qui l'interrogeait sur les détails de son voyage alors qu'elle brandissait fièrement un passeport UK.
Je dirais aux jeunes: apprenez les langues, pas forcément les langues occidentales, mais aussi les langues africaines. J'ai commencé ma carrière dans un Institut des sciences asiatiques et africaines où étaient enseignés le ntwi, le haoussa, et le swahili. Je ne sais pas s'il existe en Afrique un département qui enseigne ces langues en dehors des territoires où ces langues sont parlées. Aux Africains d'élever leurs langues à un niveau national et international, d'en faire la publicité et de créer les conditions idéales pour leur diffusion. Entre le vœu et l'action il y a un affreux gouffre mental et culturel.
Connaître plus d'une langue constitue une richesse considérable, car à travers une langue s'acquièrent une culture, un mode de vie, un comportement linguistique particuliers. On devient polyglotte par l'environnement immédiat, par l'apprentissage obligé ou choisi, par un effort d'assimilation de nouveaux sons et écrits. Boulot, commerce, amour, intérêt pédantesque, pragmatisme, ouverture sur le monde, autant des raisons pour justifier l'acquisition d'une langue. Souvent, la maîtrise de la langue maternelle conditonne initiale l'apprentissage des langues inconnues ou étrangères. En d'autres mots, tout laisse croire que les bons appreneurs de langues étrangères sont au départ bons dans leurs propres langues.
Une langue est une clé, elle ouvre la porte du cœur. Oui on drague avec la langue, mais c'est plus profond. Le père allemand Wilemi Hoff SVD, Mfumu Nkulutu, s'est fait adopter et aimer à Matari-Muboso-Mahungu-Kimbau non pas parce qu'il distribuait les mpidi, kayabu ou des sardines, mais parce que, parlant le kisuku, il a été reconnu comme l'un des nôtres. Paix à son âme!
En passant, une pensée pour le Ben Overgoor SVD, mort il y a trois ans. Big Ben fut notre professeur de latin, d'anglais et d'histoire à Kalonda. Pax tecum!
Connaître plus d'une langue constitue une richesse considérable, car à travers une langue s'acquièrent une culture, un mode de vie, un comportement linguistique particuliers. On devient polyglotte par l'environnement immédiat, par l'apprentissage obligé ou choisi, par un effort d'assimilation de nouveaux sons et écrits. Boulot, commerce, amour, intérêt pédantesque, pragmatisme, ouverture sur le monde, autant des raisons pour justifier l'acquisition d'une langue. Souvent, la maîtrise de la langue maternelle conditonne initiale l'apprentissage des langues inconnues ou étrangères. En d'autres mots, tout laisse croire que les bons appreneurs de langues étrangères sont au départ bons dans leurs propres langues.
Une langue est une clé, elle ouvre la porte du cœur. Oui on drague avec la langue, mais c'est plus profond. Le père allemand Wilemi Hoff SVD, Mfumu Nkulutu, s'est fait adopter et aimer à Matari-Muboso-Mahungu-Kimbau non pas parce qu'il distribuait les mpidi, kayabu ou des sardines, mais parce que, parlant le kisuku, il a été reconnu comme l'un des nôtres. Paix à son âme!
En passant, une pensée pour le Ben Overgoor SVD, mort il y a trois ans. Big Ben fut notre professeur de latin, d'anglais et d'histoire à Kalonda. Pax tecum!
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