29 mai 2018

Un deuxième jour sans histoires

Oui, le deuxième jour s'est passé sans une réelle histoire. Dans le calme et la sérénité. Dans l'inquiétude du rendez-vous manqué avec ma U certes, mais aussi dans un chaos difficile à décrire. Par contre sur le plan de l'écriture académique, j'ai réussi à mettre en place la structure de ma dernière intervention sur le marxisme et le monde francophone. Contrairement aux habitudes, je suis resté à la maison l'avant-midi afin de me consacrer d'assez près à mon travail de publication. Comme toujours dans de pareils cas, on ne va jamais au bout de sa peine ni de son désir. J'ai commencé le noble travail, mais j'étais continuellement harcelé de visites, de problèmes d'ordre social et financier. Soit. J'ai réussi à canaliser positivement les énergies. 
L'avant-midi s'est passé sans histoire. Le temps d'écrire quelques lignes de mon article, la lumière s'est éteinte. L'ombre s'est appaissie en dépit de nos invocations. Une personne a fini sa dette après près de 8 ou 9 ans. Incroyable mais vrai, je n'ai pas l'envie de raconter cet épisode que je juge irresponsable et immature. La vie continue.

28 mai 2018

Une semaine qui commence

28 mai 2018. Ce matin, j'ai conduit Madeleine et Jr relativement tôt à l'école. Les cours ont repris après deux semaines d'interruption pour la classe 4. L'examen de Common Entrance a eu lieu le 8 mai. La semaine suivante, on leur a accordé un congé de reconstitution. La semaine d'après, c'était d'abord lundi de Pentecôte. Le mardi 22 mai, il y avait cours mais ils n'y sont pas allés parce que nous les parents avons effectué un aller-retour sur Trinidad et Tobago. Partis à 6 heures le matin, nous sommes retournés à 22h30. Le 23 une demie-journée de cours, ils ne sont pas partis. Le jeudi 24, élections législatives. Le vendredi 25, le parti de l'Opposition qui a gagné les élections a décidé une journée chômée à partir de 13 heures. Une semaine complètement perturbée pour les enfants. Ce matin, il fallait revenir aux bonnes habitudes; et ce n'était pas facile. Nous sommes arrivés tôt à l'école, quoique étant partis relativement tard de la maison. Soit. Tout dépend des caprices du trafic.
A la place, j'ai été informé du décès d'un jeune homme de 28-29 ans par accident de moto le samedi 26 mai. Il s'est trouvé que je connaissais sa mère, une qui s'occupe de la propreté sur toute l'étendue de la plage. Comme elle était assise dans le bureau, je suis allé la consoler et lui promettre de prier pour elle et sa famille. Au moment de la quitter, elle a saisi ma main pour m'exprimer sa reconnaissance: "Vous avez trouvé les mots justes pour me consoler. Je vous remercie de tout coeur." Après ma natation, elle m'a de nouveau remercié. Je ne comprends franchement pas ce monde si cruel. Pour moi, cette femme aurait dû rester tranquillement à la maison plutôt que de subir le lot de la loi capitaliste du travail. 
La deuxième rencontre a lieu à la Winston Scott Polyclinic où je suis allé acheter des anti-malarias en prévision de mon voyage en Afrique. Je ne savais pas que le lundi était réservé aux enfants. Il me fallait m'enregistrer à l'entrée et solliciter uune intervention spéciale du médecin. Un infirmier m'a pris en charge et m'a facilité la tâche. En moins de quinze minutes, j'ai trouvé le médecin qui m'a écris la prescription voulue. Par contre, j'ai perdu presque une heure à la pharmacie tellement il y avait du monde.
La troisième rencontre, celle-là, était permanente, poétique, un contact-écran avec ma dulcinée, ma U. Elle a été présente aussi bien pendant le trajet de la maison à l'école qu'à la plage, à la polyclinique et au bureau. Elle sait tout de moi, elle est de tous les coups, elle demeure près de mon coeur, c'est ma complice bien aimée.
Pour une semaine, elle commence plutôt bien. Le Seigneur disposera.

25 mai 2018

Aujourd'hui il y a 21 ans s'est éteinte Maria



Ruhe in Frieden Mama Resie.
Juin 1985 à Munich. Je suis venu exprès de Kenge pour célébrer la messe de son 80e anniversaire de naissance. 
Octobre 1997. Mme Theresa Weingärtner est décédée le 25 mai 1997 dans son appartement de Munich. Je me suis incliné à sa tombe à Lindau en octobre 97. 

"Sois Bienheureuse, Ma'Dionie" (A. Albert Ngengi Mundele)


Dix ans ! Comme ce matin.
(25 Mai 2008 – 25 Mai 2018)

TON AMOUR EST PLUS FORT QUE TOUT !
Sois Bienheureuse, MA’DIONIE !


Chère Sœur,
Cher Frère,
C’est pour une intention pieuse et particulière que je vous partage cette photo et ces pensées en ce jour du 25 Mai 2018, dix ans après jour pour jour. Merci. Soyez bénis.

Ce que vous allez lire est un extrait tiré de « Ma’Dionie, Apôtre de l’Amour ». C’est une brochure que j’ai écrite en mémoire de maman.
-         Son nom complet : Nzonzi Mvenge Léonie
-         Née en 1935
-         Veuve de Papa Mundele Matoka Longi (+ Mars 1978)
-         Rentrée auprès du Père éternel le Dimanche, le 25 Mai 2008 à Kinshasa.

Cet extrait a été composé la semaine qui a suivi son enterrement le 29 Mai 2008, la veille de la messe d’action des grâces, célébrée au Grand Séminaire Interdiocésain de Kikwit. Est-il un poème ? ou dans quelle catégorie allez-vous le classer ? Peut-être faudra-t-il discuter avec le Prof. Claver Mabana, un spécialiste en Littérature Africaine de langue/expression française, veuillez consulter son blog ou avec l’un de vous, comme Gaby Kwambamba.

= Albert Ngengi Mundele =


DOUCE LARME CONSOLATRICE

Après avoir annoncé à l’Abbé Albert Kenkfuni, Recteur du Grand Séminaire Interdiocésain St Cyprien de Kikwit, la nouvelle du décès de Mama, la larme coula ; je m’assis un moment chez lui, puis je remontai chez moi.  Elle commença à couler à flots. J’étais incapable de l’arrêter, je ne l’avais pas appelée, je ne l’avais pas invitée, mais elle était déjà, cette douce larme bienveillante et bienfaisante, je la laissai couler ; car, je sais combien elle me faisait du bien ; elle me tenait compagnie : pendant que j’entendais le recteur téléphoner par ci par là. « –  pauvre recteur, me dis-je – certes bientôt il viendra me rejoindre – qui sait ?  Peut-être cette petite larme est aussi auprès de lui ; car ce n’est même pas une année que Ma’Louise, sa maman avait précédé sa sœur, Ma’Dionie auprès de Dieu ».

Douce Larme, Consolatrice !
Je ne t’avais pas invitée ; je ne t’avais même pas dit mot,
Mais tu es là,
Comme tu es bienveillante !
Tu coules sur mes joues, caressant mon cœur et mon esprit.
Douce larme !
Ta douceur est comme le sein maternel
Qui allaite le bébé et celui/celle–ci en prend plaisir
Tu caresses et consoles pour l’endormir.

Douce Larme, Consolatrice !
Certes ! Puissante, Tu l’es :
Tu pousses les autres à entrer dans la danse de la consolation :
-         A la main de prendre un mouchoir ou un pan de pagne
                   Pour humecter le nez ou se moucher ;
-         La gorge à se racler et la voix à étouffer ;
-         Aux sanglots à exploser ;
-         Aux bras à chercher d’autres bras à embrasser ;
-          Aux yeux, d’autres yeux pour t’en retrouver ;

Douce Larme, Consolatrice !
Je te comprends maintenant : Tu es l’amie intime de maman
Qui t’avait mise en service perpétuel dans nos mères, nos sœurs, nos religieuses,
Qui me téléphonant ou s’approchant vers moi les bras ouverts, je te vois dans leurs yeux rouges, sur leurs joues mouillées et sur leurs lèvres tremblantes.

Douce Larme, Consolatrice !
Tu es magnétique parce que tu attires toute personne vers celle affectée
Tu es magique, parce que tu m’as ébranlé et mis dans l’amour maternel :
Tu es magnétique et magique parce que tu es l’expression même de l’amour vrai ;
Tu as balayé « la croix » que j’avais mise sur certaines personnes
et nous a poussé sans résistance à nous étreindre longuement comme des amoureux.

Douce Larme, Consolatrice !
Tu es superpuissante parce que tu as ébranlé Bibamu, mon jeune frère, dernier fils de maman, qui me disait au téléphone à partir de lointain Canada de remercier maman pour tout ce qu’elle a fait pour lui ; puis je l’entendis s’effondrer et tu étais là solidement planté auprès de lui.
Tu es coriace parce que c’est toi qui a fait fondre Felly qui m’interpellait au téléphone, de dire à maman un « doux au revoir » de sa part. Tu l’as accompagné pour faire sortir ses mots dans les sanglots.

Tu es superpuissante et coriace, oui, parce que, à ces deux coups de téléphones, qui m’atteignirent alors que nous étions en route amenant maman vers Kinkole, le dernier demeure terrestre, Tu t’es présenté à moi sans aucun effort,
M’éblouissant les yeux,
Me caressant les joues,
Me poussant à me moucher tout en pensant à ces deux-là pour lesquelles, maman, veuve pendant 30 ans, a travaillé durement pour qu’ils deviennent « des hommes » dans la société ; et c’est vrai : car en ce jour-là du 29 Mai 2008, l’un au Canada et l’autre en Belgique, ces deux-là, pour des raisons indépendantes de leurs volontés, ne pouvaient pas lui mettre un peu de terre sur son cercueil.

Douce Larme, Consolatrice !
Electricité ! Tu déranges et affoles tous les paramètres devant la souffrance de la personne aimée : à la tombe, alors que je rapportais à maman de messages de ses plus jeunes enfants, et de moi-même, tu m’as saisi, terrassé et tu as été la plus forte. C’est mieux comme cela. Je t’en reconnais. Personne ne voulait voir maman souffrir ;  mais devoir la laisser à la tombe, était plus que dur ; alors Toi Douce Larme Consolatrice tu as immédiatement embauché Cyrille Luwala, mon fils et mon confrère, à venir danser dans ton rythme : entrelacement des bras, éloignement de la tombe, paroles douces, consolation pure.

OUI c’est toi Douce Larme, Consolatrice
Tu es L’Amour Contagieux, Bienveillant et Bienfaisant.
Tu es Douceur du sein maternel, Coriace, Puissance, oui Superpuissance
Tu es Magnétique, Magique et Electrique,
Tu es Embaucheur des Vaillants auprès des souffrants
Tu es - Merci-Dieu-Créateur - CONSOLATION PURE.

= Albert Ngengi Mundele =

23 mai 2018

Misericordia et Gaudium




Depuis le 20 mai 2018 Mgr Jean-Pierre Kwambamba a été intronisé évêque de Kenge. Il ne me revient pas de commenter sur cette spectaculaire et splendide cérémonie que j'ai vécue par des photos, des images, des vidéos  et des audios venues de plusieurs sources. Dans ce décor presque féerique qui m'a longtemps été familier, j'ai vu et reconnu du beau monde aussi bien de la hiérarchie ecclésiastique que du terrain politique et de toutes les souches sociales. Congratulations aux organisateurs!
Des témoignages élogieux fusent de partout et de tous les horizons. Une nouvelle page pleine d'espoirs s'ouvre désormais dans l'histoire du diocèse de Kenge. La coïncidence de dates y a pris une  portée profonde selon les propres mots du prélat. Félicitations pieuses et meilleurs voeux au nouvel évêque de Kenge! Je m'unis à la prière unanime des filles et fils de ce diocèse, pour lui souhaiter un fructueux ministère épiscopal et invoquer l'aide du Seigneur sur son serviteur. 
Avec la permission de l'auteure, je reprends une émouvante exhortation de Gabrielle Ilenda publiée sur Facebook: 

"Les Amis du Saint Rosaire, hier le diocèse de Kenge, mon diocèse, a eu un nouveau Évêque, en la personne de Son Excellence Monseigneur Kwambamba Masi Jean-Pierre. Bana Mama, demandons à Notre Dame des Douleurs pour les Évêques et les Prêtres ,de le préserver de l'orgueil, de l'ambition, de la vaine gloire, et de lui faire trouver dans sa consécration au service de Jésus et de ses frères "la plénitude de la joie". Je vous salue Marie........Amen." (Sic)

Je dois avouer que je me retiens d'en rajouter à des hommages plus éloquents et plus autorisés que le mien. Que "Misericordia et Gaudium" ne soient pas de vains mots, mais des réalités vécues au quotidien dans ce diocèse. 

17 mai 2018

As-tu des amis?

- Papa, as-tu des amis?, demande mon fils.
- Beh oui, pourquoi?
- Parce que je voudrais simplement savoir.
- OK. Et toi tu as des amis?
- Moi, oui et non. Oui, mon ami Bryan est parti pour l'Australie. Ici, je n'ai pas d'amis.
- Et Quinn? Et Terrence? Et Giovani? Et Adim?
- Ah oui, ce sont des amis. Mais pas des amis comme Bryan.
- Comment fais-tu la différence entre ceux-ci et l'absent?
- Beh, Bryan me disait tout, il était toujours avec moi à l'école.
- Autant l'est Adim si je ne me trompe.
- Non Adim n'est pas mon ami parce qu'il a une fois menacé de me tuer.
- Ce n'était qu'une fois, il reste quand même ton ami.
- Non papa, tu ne comprends pas; tu ne comprends rien du tout. Adim ne peut pas être mon ami, il a voulu m'éliminer.
- L'a-t-il voulu vraiment? Ou bien il voulait t'intimider?
- That is exactly the point Daddy. A friend does not threaten the life of his friend. Common sense!

L'avenir de l'Afrique 2

5. L'Afrique dit continent noir a aussi un avenir noir. Ce n'est pas un secret au vu de ce qui s'y passe. Toute l'infrastructure laissée par les colonisateurs s'est effondrée par l'incompétence, la négligence et le manque de vision de ses propres filles et fils. Hôpitaux, écoles, régies d'eaux et sociétés d'électricité, centres culturels, importants instruments de production et de consommation, et d'autres institutions, sont vidés de leur raison d'être, détournés vers des intérêts individuels. L'Afrique est vidée de ses moyens par ses propres filles et fils, parfois avec la complicité des étrangers. Scandaleux! Les étrangers y sont pour beaucoup, mais la responsabilité première incomble aux Africains eux-mêmes. Comment expliquez qu'un pays qui produit du pétrole soit incapable de le distribuer sur son territoire de sorte à obliger ses habitants à sortir du pays pour l'acquérir? Allez à Kraké, à la frontière entre le Bénin et le Nigeria! Vous le verrez. J'en ai été témoin il y a 23 ans, on me dit que rien n'a changé à ce jour. On comprend qu'avec la baisse du prix du pétrole, la population soit encore frappée de plein fouet par la précarité et la misère. 
6. Leaders politiques! Vous avez dit: "leader"? Un meneur d'hommes qui ne parle que par les armes. Un leader se doit de convaincre ses sujets par sa vision, sa transparence dans les idées, son courage dans les décisions parfois impopulaires mais nécessaires au bien commun, ses initiatives de paix et de réconciliation. Les nôtres en Afrique brillent par une insouciance incroyable vis-à-vis du sens de l'Etat qu'ils dirigent et confondent avec leur propriété privée. Ils vivent dans une opulence qui défie la pauvreté de leurs populations. Il y a quelques jours, j'ai revu une interview du Président Mobutu répondant à des journalistes belges qui l'interrogeaient sur sa fortune logée en Suisse ou valorisée en réserves d'or et en biens immobiliers. L'occasion était propice pour qu'il évoque la spoliation systématique du Zaïre par Léopold II, par le Royaume de Belgique pendant la colonisation et après la proclamation de la république sécessionniste du Katanga. Et moi de commenter pour mon interlocuteur: "Mobutu avait l'art de détourner la question lorsqu'on évoquait sa fortune. Il perdait son sang-froid. C'était son point faible". "Dotation présidentielle votée par le Parlement" dont personne n'a jamais su le montant exact. Et d'ailleurs connait-on le salaire de nos leaders de présidents? La série continue. La Gambie serait en train de vendre les biens de Yaya Jammeh afin de renflouer ses caisses. 
7. Un population sans voix. La voix de la population africaine n'est pas entendue au sommet des institutions. Vous me direz qu'il y a des assemblées nationales, certes, celles-ci ne représentent que la voix des membres du parlement (MP) élus qui se laissent corrompre afin de voter les lois du pays. Pratique courante un peu partout sur le continent. L'argent, le trafic d'influences et la dépravation financière font plus tourner leurs têtes que le développement ou le bien-être des populations qui les ont élus. Celles-ci croupissent dans la misère noire. De ces élus très peu reviennent à la base concrétiser leurs promesses électorales. Certains élus, ingrats et condescendants, vont jusqu'à toiser de haut leurs électeurs en déclarant qu'ils ont obtenu leur siège de député national grâce à leur argent plutôt qu'aux voix des urnes. Je ne cesserai jamais de décrier la politique comme étant un double jeu de dupes. Tant que la population ne sera pas écoutée, l'avenir de l'Afrique demeurera sombre. 
8. Le drame des intellectuels. L'intelligentsia africaine a du mal à se gérer. Les diplômes secondaires, professionnels et universitaires ne se comptent plus. Chaque famille ou presque en possède. Mais l'emploi ne suit pas. Que des chômeurs diplômés à travers les villes et campagnes de nos pays où l'économie informelle s'implante de plus en plus pour montrer la démission de l'état. Que valent ces diplômes s'ils ne sont pas mis au service de la communauté? Des institutions supérieures et universitaires émergent de la poussière dans tous les coins d'Afrique sans que leur impact se matérialise sur le terrain. L'Afrique ne sait pas utiliser ses intellectuels ni ses autres ressources humaines. Incapacité congénitale, diront les mauvaises langues. Les intellectuels africains sont inutiles, muets, passifs; ils ne savent pas mettre leurs compétences au service de leur pays; entend-on dire aussi. Quel type d'intellectuels pour l'Afrique? On dirait que plus le pays compte d'intellectuels plus il s'enfonce dans le marasme du sous-développement. Le problème de l'éducation est donc crucial. A quoi sert-elle si elle ne sert pas l'Afrique? L'école n'est ni pertinente, ni utile, ni adaptée aux réalités de l'Afrique car elle ne s'est jamais intégrée dans l'essor du continent. Tant que l'Afrique ne se détachera pas du modèle éducatif hérité de la colonisation politique et culturelle, son avenir demeurera sombre.

15 mai 2018

Pour garder un ami (Shemsi Husser)

J'ai connu Shemsi et ses enfants Damien et Maloé devenus entre-temps grands en décembre 1987 à Tramelan. Ils étaient en visite chez leurs grands-parents lorsque nous y sommes passés avec l’abbé Pierre Comte. On allait à Bonfol. Une année plus tard, nous nous sommes retrouvés au Val-de-Ruz, Neuchâtel, où j'assurais un remplacement dominical. Nous nous sommes dès lors connectés et sommes restés amis jusqu’à ce jour. Certains de mes proches comme Rigobert, Séraphin, Traudl, la connaissent. Son oncle le père Comte, ancien vicaire général de Port Moresby en Papouasie, est lié  à Mgr JP Kwambamba, l’évêque nommé de Kenge. Si l’âge  et la santé le lui avaient permis, il serait sans aucun doute parti pour Kenge pour la prise de possession ce 20 mai. Shemsi était du petit nombre de personnes qui m'ont accompagné de leur soutien moral pendant le temps critique de ma vie sacerdotale, en échangeant longuement sur ce cap de vie. Que des rencontres à Fribourg, au Genevez, à Colombier, Boudry, Enney, Eislingen! Cette naturopathe "qui marche sur le feu ardent" m'a soigné aux huiles essentielles à la fin de ma licence. Elle a assisté à ma défense de thèse; est venue avec Joël son mari nous visiter sur l’île de la Barbade. Et je la vois chaque fois que je repasse en Suisse. Ecoutez ce qu'elle dit de l’amitié:

https://soundcloud.com/jocolio' 


14 mai 2018

L'avenir de l'Afrique

1. Quoi que l'on dise, l'avenir de l'Afrique sera sombre tant qu'il demeurera un continent dilapidé par ses propres habitants. Quelqu'un me disait: "Les Africains n'ont pas hésité de vendre leurs propres pères, frères et sœurs, comme esclaves. Pensez-vous qu'ils seraient capables de résister à dilapider leurs terres et leurs ressources? Les faits parlent d'eux-mêmes. Du moment qu'ils peuvent s'enrichir en spoliant honteusement leurs propres richesses naturelles, ils vont de l'avant. L'appât du gain facile, de l'opulence et du plaisir, est plus fort que leur maîtrise" (sic). Appelez cela comme vous voulez, mais cela s'entend, se vit et se perçoit. L'Africain a perdu ses repaires depuis la traite de l'esclavage, la colonisation et l'introduction de l'économie de marché. De quoi se demander s'il ne pèse pas une fatalité sur ce continent? Il prétend être riche en matières premières, mais il n'a pas la capacité de les exploiter. L'Occidental, le Chinois et l'étranger bénéficient plus de ses ressources naturelles que l'Africain lui-même. Sommes-nous à ce point aveugles, insensibles et irresponsables? 
2. Nos leaders politiques sont à blâmer pour n'avoir pas créé des structures susceptibles de défendre nos intérêts. Sont-ils d'ailleurs conscients de ces intérêts lorsqu'ils signent, sous l'effet des coupes de Champagne et d'alcools forts, des contrats léonins à des sociétés étrangères? Ils se réjouissent dès que les pourcentages que leur génèrent ces opérations sont déposés dans leurs comptes ou que des chèques leur sont offerts. La corruption est le premier fléau qui sous-tend l'attitude égoïste de nos dirigeants qui ne se préoccupent d'abord que leurs intérêts. Tout s'achète avec l'argent, même la nomination à un poste politique, social ou administratif. J'ajouterais "religieux" aussi, mais là je ne dispose d'aucune preuve convaincante. Il n'y a pas de structures de contrôle à quelque niveau que ce soit. Un leader emprisonné pour détournement des fonds publics peut retrouver son poste après la prison, sans qu'aucune forme de protestation ni d'indignation ne se déclenche. Le chef n'est pas contrôlé, et ne répond de rien. Il fait ce qu'il veut impunément. Tant que son pouvoir n'est pas touché, il s'en fout du reste.
3. Des structures délabrées. Comment construire l'avenir d'un continent sur des structures héritées du système colonial qu'on n'a ni comprises, ni maîtrisées ni acceptées de gré? La notion du bien commun est souvent inconnue de nos chefs qui gèrent leurs républiques "bananières" comme ils l'entendent. A l'occasion d'une mutation de service, on détruit, salit et encrasse la résidence officielle pour que le successeur ne soit pas le bienvenu. On vide les caisses, on dépouille la résidence des meubles, des toilettes, des ampoules électriques, etc. à défaut de la peindre aux excréments, d'arracher les tôles, ou de la brûler; ce qui serait trop visible. A considérer les choses de près, c'est les structures mêmes de l'entité "Etat" qui sont complètement délabrées, défaillantes. L'impunité étant le gage de ce système, on comprend qu'aucun progrès ne se réalise à ce prix. Vous trouvez dans ce cas de figure tout ce qui est impensable, inconcevable. Là encore, comme disait jadis un oncle, vaut-il la peine de spécialiser en philosophie sans s'avilir ni se bâtardiser pour survivre ici?
4. Ce destin fatal et désastreux est-il lié à la peau noire? D'aucuns l'avouent comme un argument de poids. Et ils disposent des preuves pour soutenir leurs arguments. Là n'est pas ma piste de réflexion. Aucun peuple, disait Césaire, ne possède le monopole de l'intelligence ni de l'imagination. Des conditions historiques ont certes favorisé tels ou tels groupes humains à développer telles ou telles capacités techniques, intellectuelles ou artistiques, mais ces capacités ne sont que contingentes. La loi du plus fort a toujours prévalu sur le plus faible. 
A suivre...

12 mai 2018

Un dialogue sur l'avenir de l'Afrique

Il y a quelques jours, au cours d'un rêve, je discutais de l'Afrique avec un collègue engagé en politique. Voici le contenu verbatim de notre échange:
- CL, on dirait que tu te complais avec ton honteux diplôme de littérature française?
- Qu'entends-tu dire par là? Tu es fier de ton diplôme de philosophie? 
- Beh oui, moi au moins je cherche une voie pour rétablir la pensée africaine et politique de nos ancêtres. Tu répands à gauche à droite la culture française. Comme si cela ne suffisait pas, tu n'épargnes pas ta communauté de Kenge de ces non-sens. Nous avons déjà été colonisés assez comme ça.
- Cher ami, toi et moi venons de la même école. Tu possèdes, mis part la spécialisation, les mêmes notions de littérature que moi j'ai de la philosophie. Tous les deux nous attachons "africaine" à nos sciences.
- Que non CL, tu propages la culture française à travers le monde. La francophonie te reconnait à ce titre. Pour preuve, l'ambassade de France t'octroie le visa Schengen gratis. 
- Ce n'est qu'un détail. J'aurais été en Afrique que ce visa ne me serait même pas livré, ou très difficilement. 
- Un détail qui vaut son poids d'or. Les Français apprécient mieux ta contribution à leurs langue et culture que tu ne le crois. 
- Tu ne me convaincs pas. C'est quelque part le lot de tout intellectuel africain. L'Occident a réussi de nous rendre étrangers à nous-mêmes en nous imposant ses langues et ses pensées, sa foi et sa démocratie. Nous y demeurons étrangers.
- Comment penses-tu que l'Afrique se développera si tu ne deviens pas actif, activiste comme moi? L'engagement politique s'impose à moi comme un devoir d'action sociale plus efficace que ton verbiage.
- Pour moi, c'est un dramatique cercle vicieux. En t'engageant en politique, tu joues le jeu du pouvoir, participes à ce leadership africain tant décrié, corrompu et sans état d'âme. C'est qu'il nous faut, c'est un changement de mentalité, une autre culture politique, voire une une révolution radicale. Tels sont notre défi et notre destin.

Joyeux anniversaire abbé Mukanu

12 mai. J'envoie des voeux de paix, sagesse, santé et bonheur à l'abbé André Mukanu, professeur à Kalonda, à l'occasion de son anniversaire de naissance. Grâces et bénédictions abondantes de la part du Seigneur ND! 
Ad multos annos!

9 mai 2018

Pics of May 8, 2018: 11+ Day







Première épreuve de la vie

Ce mardi 8 mai 2018 Ibangu et Mukawa ont subi leur toute première épreuve de feu. La plus important jusque là. Après des mois de privations, de sacrifices et d'engagment, ils ont finalement présenté l'examen tant attendu, l'examen qui couronne le parcours de l'école primaire. Après tant de corrections, de révisions, de répétitions, de redites et de simulations, s'est passée aujourd'hui la dernière étape de leur formation primaire.
En tant que parent et enseignant, je suis sceptique quant à la représentativité de cet examen qui terrorise les enfants, les déséquilibre et met le doute dans leur esprit. Comment toute une formation de 8 ans peut-elle se résumer en une seule épreuve? Le progrès de l'enfant, son développement intellectuel et humain, la réussite scolaire ne sont pas reflétés dans cet examen si médiatisé, et donc frustrante, pour les enfants les plus faibles. Jusqu'à preuve du contraire, j'estime pour ma part que c'est une faille dans l'éducation de nos enfants. L'enfant qui n'est doué ni en math ni en anglais n'aurait aucun avenir dans ce système éducationnel qui, réellement, néglige l'aspect holistique de l'individu-enfant. A mon avis, le concept même de cet examen doit être revisité, réévalué et adapté aux besoins réels de nos enfants. Si le besoin se présentait, j'opterais volontiers pour une suppression pure et simple des épreuves de ce genre, en privilégeant plutôt le travail quotidien et continu de l'apprenant. Soit, ce n'est qu'une réflexion à haute voix, qui n'a aucune valeur pédagogique ni politique.

7 mai 2018

Un weekend assez frustrant

De Kenge est arrivée la nouvelle du décès de Bosco, fils de Mama Geneviève Kunga.  Paix à son âme! Une atroce mort dans la fleur de l'âge qui a révolté la jeunesse au point d'accuser sa mère de l'avoir sacrifié dans le cadre de son attachement à la Rose-Croix. Les jeunes, motivés par un esprit de vengeance en ont voulu à sa mère à telle enseigne que la Police a décidé d'anticiper l'enterrement pour éviter des troubles. Les nouvelles de cette mort tragique me sont parvenues de plusieurs sources concordantes. Le jeune homme est mort à la suite d'un horrible accident de circulation. Il était sur une Moto lorsque celle-ci a violemment percuté l'arrière d'une remorque ou a été percutée par ce camion-remorque. Selon les témoins oculaires, Bosco est décédé sur place, la tête fracassée, les intestins dehors et les parties intimes écrasées. De là à établir immédiatemment le lien avec les pratiques rosecruciennes de sa mère n'a pas été difficile. Et cette rumeur a accompagné tout le temps du matanga. Cet accident m'a rappelé un autre survenu pendant les grandes vacances de 1986 sur la descente de Kasombo, au cours duquel est décédé le propre grand-père du défunt. Grand-père et petit-fils sont décédés à moins de 10 km de distance. Paix à leur âme. D'un point de vue mythique, l'histoire quelque part se répète, la fin de la vie du grand-père avait 32 ans auparavant préfiguré celle de son petit-fils. Pour ma part, j'ai appelé Geneviève à deux reprises pour lui présenter mes condoléances, m'unir à sa douleur, et l'encourager pour la suite des jours. Comme le monde est méchant. Comment et dans quel intérêt une femme qui a porté son fils depuis l'état de foetus jusqu'à la fin de ses études universitaires pourrait-elle le tuer? Pour gagner quoi? Que reçoit-elle en retour? Une élévation dans la hiérarchie sacrificielle rosicrucienne ne vaut pas le prix d'une vie humaine. Cette pauvre femme n'est que la victime de nos croyances qui consistent à chercher et trouver la personne qui cause la mort, le ndoki. Je ne suis pas édifié. C'est malheureusement le seul langage qui se comprend dans nos sociétés où l'on ne se détache jamais des croyances sorcières.   
Dans l'après-midi d'hier nous avons eu un long coup de fil avec une ancienne amie de famille. Séparée du mari que nous avions connu et remariée aujourd'hui à un autre, elle a rappelé pas mal de détails sur son passé. "Si j'avais écouté l'avis de mon papa, je n'aurais jamais épousé cet homme." En effet, son père pour avoir connu le père de son ex, n'avait pas accepté le mariage. Son père reprochait au vieux père d'avoir violé une fille de 9 ans. Malgré cette spectaculaire accusation, la fille était tellement emportée dans l'envoûtement du prétendant qu'elle n'a rien voulu entendre. Deux décennies plus tard, le fils répéta presque le même crime de viol sur une mineure venue séjourner chez eux en échange scolaire. Comme quarante années plus tôt, le crime a été dissimulé et le violeur n'a jamais été inquiété. Et quand cette dernière devint majeure, elle a remplaçé la maîtresse de maison. Ce septuagénaire en est à son sixième ou septième mariage aujourd'hui. Une vie digne d'un roman dramatique!
Ce weekend du 5-6 mai est aussi le dernier que Madeleine et Claver Jr ont passé avant l'examen dit de Common Entrance. La veille, ils ont reçu une visite impromptue de compatriotes africaines. Hier dimanche, nous sommes allés à la messe dominicale où ils ont chanté avec le groupe des enfants. De retour à la maison, nous les avons laissés plutôt faire autre chose que préparer l'examen. Ensuite ils ont effectué une révision de certains points difficiles d'anglais et de mathématique. Ils étaient stressés à tel point qu'ils ont eu des malaises dans la soirée: diarhée, toux, insomnie. Ils se sont pourtant bien réveillés ce matin pour l'école. Pour ce soir, on a décidé de les divertir dans un park d'enfants. On peut tout me dire: je soutiens que cet examen ne reflète pas forcément le niveau de l'enfant car les conditions dans lesquelles il s'effectue ne sont pas appropriées à l'épanouissement intellectuel et psychologique de l'enfant. Des enfants de 11 ans soumis à une épreuve qui décidera de leur avenir et de leur vie, sans qu'ils y soient responsablement préparés. Que des nuits passées à réviser, des jours dédiés aux fameuses "lessons", véritables businesses pour les enseignants qui amassent des sommes importantes. Tout cela avec le mythe créé autour de cet examen fort contestable dans son essence. J'ai des collègues qui ont épargné ce calvaire à leurs enfants en choisissant un autre créneau d'enseignement. D'autre part, on vous répondra que c'est une épreuve par laquelle tout le monde est passé et doit passer. Pas d'autre choix! Trêve de discussions! Rendez-vous est pris pour ce 8 mai 2018 à 9 heures à travers les centres d'examens éparpillés dans toute l'île de la Barbade!

5 mai 2018

5 mai: Bicentenaire de la naissance de Karl Marx

5.5.1818-5.5.2018 soit 200 ans depuis que Karl Marx, le père du communisme, est né à Trier. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il faut reconnaître de façon évidente que c'est un grand penseur qui a marqué l'histoire du monde. Le premier à avoir affronté le capitalisme de face. Et à sa suite, après le Manifeste du Communisme, et la publication des trois volumes du Kapital, le monde a assisté à un changement profond dans son évolution historique. Tout le bloc Soviétique fondé sur le marxisme-léninisme, tout l'Est européen, la Chine, la Corée du Nord, toute l'Amérique Latine, toute l'Afrique progressiste, bref le monde entier porte la marque de Marx. L'effondrement du Mur de Berlin, c'est même la chute du marxisme.  
Il y a deux semaines, j'ai présenté un exposé sur la pensée de Marx telle que reflétée par la théorie littéraire africaine et caribéenne. Je me suis appuyé sur les oeuvres créatives et critiques de Roumain, Senghor, Fanon et Mudimbe. La première question que je me suis posée était de savoir si je connaissais Karl Marx. J'ai répondu par l'affirmative, m'appuyant sur ma formation de philosophie de Mayidi, Rome et Fribourg. Je connais Marx autant qu'un diplômé de philosophie le connaît, c'est-à-dire à travers l'histoire de la pensée socio-économique et culturelle du monde. Dans la réalité, je n'ai jamais écrit une étude sérieuse sur Marx. Cet exposé serait le premier, et même encore, basé sur des généralités plutôt que sur une recherche approfondie des travaux originaux. Nul ne saurait, hélas, tout embrasser. 
A une épopque donnée, une idée s'est enracinée dans les têtes de nos penseurs politiques et économiques, selon laquelle l'avenir de l'Afrique ou du monde était marxiste, communiste, c'est-à-dire foncièrement opposé aux théories capitalistes. Que le monde serait plus juste avec l'égalité entre les hommes en termes de distribution des biens matériels. J'ai été tôt emballé par des termes de Marx Que l'impérialisme occidental serait vaincu par la vague socialiste telle que exemplifiée par la Russie, la Chine ou certaines démocraties populaires de l'Est. Même la notion de science a été bouleversée. Là je pense à un compatriote nommé Edgar (sans plus) qui, à la suite d'une discussion, m'a rappelé ce que j'avais appris dans mes cours d'athéisme à Rome. Pour lui la science n'était pas un savoir, mais une action. En fait il n'est de science que celle qui contribue visiblement à  l'amélioration des conditions matérielles des humains. D'où la notion de socialisme scientifique que prônait Marien Ngouabi. Lisez l'autobiographie de Mudimbe, vous noterez avec une certaine surprise que le président Ngouabi se formait en philosophie pour renforcer sa notion du socialisme. Cela m'a amené à me demander si nos politiciens comprenaient ces notions qu'ils s'efforçaient à inculquer à la population. "La pensée vaut l'action" ou "Le succès d'une idéologie se constate sur le terrain". Ujaama, socialisme africain, panafricanisme, développement communautaire, révolution prolétarienne africaine, autant de slogans imprégnés de marxisme. N'Krumah, Sekou Touré, Nyerere, Lumumba, Modibo Keita, Amilcar Cabral, Samora Machel, Augostino Neto, Kadhafi, Nasser, et tant d'autres, ont tous flirté avec la pensée de Marx dans leur carrière politique. Et certains ont payé le prix fort: leur vie. Le cas de Fidel Castro est des plus éloquents, des plus radicaux:" O Socialismo or Muerte!".
L'Afrique s'en est-elle mieux sortie avec le marxisme? Que non. Avec le capitalisme? Encore pire, puisque le pillage de ses ressources naturelles et minières; puisque l'esclavage continue sous des traits inédits et nouveaux; puisque le colonialisme et l'impérialisme sont encore influents; puisque les super-puissances continuent de dicter leurs lois sur le monde. Tous ceux qui ont pratiqué le marxisme ont obtenu des résultats discutables. L'expérience montre que le modèle marxiste s'est avéré difficilement applicable dans la réalité concrète, ou dans la démocratie moderne. Comme tout choix, le marxisme portes ses avantages et ses désavantages. L'Allemagne divisée en RFA and RDA a suffisamment montré les visages des deux formes d'impérialisme. Les désaccords fondamentaux entre l'Ouest et l'Ouest sont souvent basés sur une interprétation idéologique du marxisme.
Aujourd'hui dans la ville de Trêves se vit une polémique autour de Marx. La Chine a offert à la ville de Trier une statue K M de 6 m pour célébrer le centenaire de ce grand homme. Le maire de la ville est satisfait alors que des milliers de critiques élèvent leurs voix contre cette idéologie qui a tué des millions de personnes ou justifié des travaux forcés à Goulag, des exils sans espoir de retour au pays natal. Et le maire de rétorquer que Marx n'a jamais été dictateur ni sanguinaire, qu'il n'a jamais créé de centres d'extermination ni en URSS ni en Chine. Il ne faut pas confondre la pensée de Karl Marx et ses applications erronnées  par des disciples criminels et totalitaires. La controverse est loin de se résorber.
Pour ma part, je célèbre un penseur qui a apporté sa contribution à la libération du monde. Des pensées de la libération, fussent-elles littéraires, scientifiques, théologiques, philosophiques, politiques, économiques, sociologiques, culturelles, féministes ou même LGBT, se réclament de Karl Marx ou s'ajustent sur lui. C'est donc un personnage qu'on ne saurait effacer de l'histoire de ce monde. Plus qu'aucun autre penseur, il a survolé le 20e siècle, jusqu'à l'effondrement du bloc communiste. Et même encore, sa pensée demeure considérable, immense, vivante, inspiratrice à plusieurs égards. Le capitalisme avait besoin d'un contre-poids, et Marx l'a trouvé. Aux autres de créer du neuf, c'est-à-dire de nouvelles rimes sur des vers anciens. C'est ainsi qu'évolue l'histoire de l'univers intellectuel, pratique, idéaliste et matérialiste. 






1 mai 2018

Joyeux 1er mai

Joyeuse Journée du Travail.
Voilà un jour important pour l'humanité entière. Le travail ennoblit l'homme; le travail donne de la valeur à l'homme. Un homme qui ne travaille pas ressemble à une roue qui tourne dans le vide, sans objectif, soumise à la routine machinale. Une vie sans travail n'en est pas une, ie une aventure sans boule en pleine mer. J'ai appris le sens du travail très tôt dans ma vie. Du temps où je gardais le noix de cola ou puisais de l'eau pour la maison, j'ai retenu la valeur de la responsabilité. C'était un plaisir - pas toujours je le reconnais - que d'être envoyé par mes parents faire ceci ou cela. Déjà avant l'école primaire, j'ai planté mes premiers plants de mandarine à Kabwita. Aujourd'hui, je plante du paspalum, des arbres fruitiers dans mes concessions, les élague, les coupe ou les soigne. Il y a quelques semaines, j'ai construit du béton comme boy-maçon. Autant d'activités à côté de mon travail d'enseignant.
Pendant que j'écris ces lignes, me parvient une photo-message de Frank Mapasu, un pote avec qui j'ai planté le paspalum que l'on admire à Kalonda, travaillé au jardin, au poulailler ou aux toilettes du séminaire. Il se souvient bien de notre ministre des affaires ntséwé. Lui et moi éprouvons du respect pour le travail car par la force du travail, nous sommes devenus, Dieu aidant, ce que nous sommes. Nous avons un patrimoine de travail. Merci Mafranx pour ce rappel. Un symbole de ma formation.
Je hais la médiocrité, et préconise l'excellence. Je respecte tout métier pourvu qu'il soit exercé dans la loyauté, l'honnêteté et pour la dignité de l'humanité. "Ora et labora" de St Benoît constitue un socle pour ma vie. 
J'ai exercé différents métiers dans ma vie. J'enseigne à l'université sans avoir reçu un seul cours de pédagogie. Dieu merci, des ateliers de formation m'ont aidé et m'aident encore à parfaire l'exercice de mon métier. On n'a jamais fini d'apprendre. Peu importe le métier que l'on exerce pour qu'il soit exécuté avec maîtrise et compétence. La qualité importe. La semaine dernière, à la fin du colloque de CHIPS, je suis allé serrer la main de Ms. Judy Millington, pour la féliciter pour son professionnalisme. Cette dame, qui était censée finir son travail à 17 heures, était là jusqu'à 19h30 alors qu'elle aurait pu demander à ses collaborateurs d'assurer la permanence. Elle ne fait pas juste son métier, mais elle l'adore et l'exerce avec zèle et compétence. J'ai appris que des médecins de garde préfèrent confortablement rester à la maison, et laisser des stagiaires s'occuper des malades. Ils sont payés gras, mais ne font pas la garde, et dirigent les opérations si jamais depuis leurs chambres. Parlez-moi de conscience professionnelle. 
Journée du Travail. Je dénonce toute forme d'exploitation inhumaine - esclavage moderne des femmes et des enfants, servitude sexuelle, traffic d'êtres humains mutilés d'organes essentiels, engagement des enfants dans des mines ou comme soldats dans des guerres qui ne les concerncent pas, oppression des faibles par les forts, mauvais traitement des pauvres par les riches -. Le type de travail qu'on choisit est aussi déterminant pour l'épanouissement individuel. Il y a de l'espace en ce monde pour que chacun exerce un métier qui lui procure bien-être, argent et dignité. Mais les conditions politiques ou sociales ne le permettent pas toujours. C'est cela le défi. Des milliers de personnes perdent ou risquent leur vie à la traversée vers l'Occident rien que dans le but d'y trouver du travail bien rémunéré et des meilleures conditions sociales. 
Chaque peuple, chaque pays possède sa culture du travail. Des partis communistes de l'Est aux partis du travail et aux divers syndicats répandus à travers le monde, il y a une célébration et une valeur accordées au travail.  Des préjugés racistes ou politiques sous-tendent certaines pratiques ou distributions du travail. Les Blancs sont des patrons, bourgeois, colons et riches, comme les Noirs sont des ouvriers, prolétaires, colonisés et pauvres. De telles réalités doivent être considérées en ce jour.
Un Joyeux 1er mai à tous!



Happy Labour Day

Happy Labour Day!
"Ora et Labora", ie "Pray and Work", said St Benedict. This is a wonderful life motto: a life with prayer and work. 
I started working very early in my life. I can not only pretend but state that I know what work is. I have performed all kinds of works from fetching water, cutting plantation field, planting paspalum to working in a textile factory. I know the value of work be it manual or intellectual. Beside my parents, there is somebody whose name I do not want to mention here, who taught me to work efficiently. I know the value of work. It is life. Everyday when I wake up, I benefit of the work of many millions to be alive,  have food and shelter, feed my dear ones, help others, etc. All this because work has been at the heart of human activities for living and survival from generation to generation. 
People have organised work in many ways. As owners, patrons or business practitioners, as slaves or exploited servants, work has even been the decisive point in terms of class division, political parties, or distribution of wealth. Today is therefore a very controversial day across the world. Celebration of St Joseph the artisan or Jeanne d'Arc, everybody has his agenda. Celebration of Labour Party from Russia to the anonymous little island of Bulawayo where work is forced. All forms of works are performed across the world. 
I therefore take this opportunity to denounce all forms of present slavery, exploitation of women and child in various traffics and trades, oppression of poor by rich, abuse of weak by powerful. There is on this earth space for everyone to live in peace, dignity and love. Work grants value and honour to man. The day before my birthday I was surprised to hear from my twin kids: "Daddy we made breakfast for you: Jr made coffee and Chrys made the omelette. A jam and a juice are also ready for you." That is something I never did for my father because we lived in other circumstances. My duty was to hide cola nuts for daddy, kill hens or later goats. To be sent to buy beer or something useful for the house. Is that work? Not really, but it gave me a sense of responsibility, which is a key in life, a sense of dedication and caring for the others. 
In 1986-87 I was appointed as director of CERCA (Centre d'étude et de recherche pour la construction adaptée), Kenge. The initiative did not last long because, I guess, of lack of funding. I organized the curriculum and taught a course of "Droit du Travail". I mention this because I learnt the content of the course whereas I was teaching it. I tried my best bearing in mind that a better qualified colleague could do a better job. On the other hand, we could not wait for this "special" teacher. The same I built concrete for my house because there was no one to do so. Specialists are not necessarily needed for any job. Nobody is born a mason or carpenter. One learns, sometimes the hard way, sometimes by trial and error. Before that I taught courses for which I never learnt the pedagogy. I even realize that I just practice teaching without being trained to teach. Not really true. I have participated in many workshops aiming at improving teaching, assessing and learning methods. For a teacher as I am, my stakeholder is the student, the learner who can speak to my integrity, standard and competence. 
I value the honest job. I admire all kind of jobs done excellently. I have seen rich people whose monthly salaries do not reflect their properties, belongings and way of life. Please do not ask them how they acquire the wealth. I hate mediocrity. I admire all who perform their job beyond duties, with an aspiration for excellence. Respect work, any kind of work nobly performed for the improvement of humanity.
Happy Labour Day to all my readers!