17 mai 2018

L'avenir de l'Afrique 2

5. L'Afrique dit continent noir a aussi un avenir noir. Ce n'est pas un secret au vu de ce qui s'y passe. Toute l'infrastructure laissée par les colonisateurs s'est effondrée par l'incompétence, la négligence et le manque de vision de ses propres filles et fils. Hôpitaux, écoles, régies d'eaux et sociétés d'électricité, centres culturels, importants instruments de production et de consommation, et d'autres institutions, sont vidés de leur raison d'être, détournés vers des intérêts individuels. L'Afrique est vidée de ses moyens par ses propres filles et fils, parfois avec la complicité des étrangers. Scandaleux! Les étrangers y sont pour beaucoup, mais la responsabilité première incomble aux Africains eux-mêmes. Comment expliquez qu'un pays qui produit du pétrole soit incapable de le distribuer sur son territoire de sorte à obliger ses habitants à sortir du pays pour l'acquérir? Allez à Kraké, à la frontière entre le Bénin et le Nigeria! Vous le verrez. J'en ai été témoin il y a 23 ans, on me dit que rien n'a changé à ce jour. On comprend qu'avec la baisse du prix du pétrole, la population soit encore frappée de plein fouet par la précarité et la misère. 
6. Leaders politiques! Vous avez dit: "leader"? Un meneur d'hommes qui ne parle que par les armes. Un leader se doit de convaincre ses sujets par sa vision, sa transparence dans les idées, son courage dans les décisions parfois impopulaires mais nécessaires au bien commun, ses initiatives de paix et de réconciliation. Les nôtres en Afrique brillent par une insouciance incroyable vis-à-vis du sens de l'Etat qu'ils dirigent et confondent avec leur propriété privée. Ils vivent dans une opulence qui défie la pauvreté de leurs populations. Il y a quelques jours, j'ai revu une interview du Président Mobutu répondant à des journalistes belges qui l'interrogeaient sur sa fortune logée en Suisse ou valorisée en réserves d'or et en biens immobiliers. L'occasion était propice pour qu'il évoque la spoliation systématique du Zaïre par Léopold II, par le Royaume de Belgique pendant la colonisation et après la proclamation de la république sécessionniste du Katanga. Et moi de commenter pour mon interlocuteur: "Mobutu avait l'art de détourner la question lorsqu'on évoquait sa fortune. Il perdait son sang-froid. C'était son point faible". "Dotation présidentielle votée par le Parlement" dont personne n'a jamais su le montant exact. Et d'ailleurs connait-on le salaire de nos leaders de présidents? La série continue. La Gambie serait en train de vendre les biens de Yaya Jammeh afin de renflouer ses caisses. 
7. Un population sans voix. La voix de la population africaine n'est pas entendue au sommet des institutions. Vous me direz qu'il y a des assemblées nationales, certes, celles-ci ne représentent que la voix des membres du parlement (MP) élus qui se laissent corrompre afin de voter les lois du pays. Pratique courante un peu partout sur le continent. L'argent, le trafic d'influences et la dépravation financière font plus tourner leurs têtes que le développement ou le bien-être des populations qui les ont élus. Celles-ci croupissent dans la misère noire. De ces élus très peu reviennent à la base concrétiser leurs promesses électorales. Certains élus, ingrats et condescendants, vont jusqu'à toiser de haut leurs électeurs en déclarant qu'ils ont obtenu leur siège de député national grâce à leur argent plutôt qu'aux voix des urnes. Je ne cesserai jamais de décrier la politique comme étant un double jeu de dupes. Tant que la population ne sera pas écoutée, l'avenir de l'Afrique demeurera sombre. 
8. Le drame des intellectuels. L'intelligentsia africaine a du mal à se gérer. Les diplômes secondaires, professionnels et universitaires ne se comptent plus. Chaque famille ou presque en possède. Mais l'emploi ne suit pas. Que des chômeurs diplômés à travers les villes et campagnes de nos pays où l'économie informelle s'implante de plus en plus pour montrer la démission de l'état. Que valent ces diplômes s'ils ne sont pas mis au service de la communauté? Des institutions supérieures et universitaires émergent de la poussière dans tous les coins d'Afrique sans que leur impact se matérialise sur le terrain. L'Afrique ne sait pas utiliser ses intellectuels ni ses autres ressources humaines. Incapacité congénitale, diront les mauvaises langues. Les intellectuels africains sont inutiles, muets, passifs; ils ne savent pas mettre leurs compétences au service de leur pays; entend-on dire aussi. Quel type d'intellectuels pour l'Afrique? On dirait que plus le pays compte d'intellectuels plus il s'enfonce dans le marasme du sous-développement. Le problème de l'éducation est donc crucial. A quoi sert-elle si elle ne sert pas l'Afrique? L'école n'est ni pertinente, ni utile, ni adaptée aux réalités de l'Afrique car elle ne s'est jamais intégrée dans l'essor du continent. Tant que l'Afrique ne se détachera pas du modèle éducatif hérité de la colonisation politique et culturelle, son avenir demeurera sombre.

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