29 juil. 2019

Retour à Schiltigheim

29 juillet. J'ai passé toute la journée à Wurmlingen. Beaucoup de dialogue avec mon hôtesse. J'hésite entre mon et ma hôtesse. N'oubliez pas que j'appartiens à la race de ceux qui prétendent qu'on dit "ma idée". Je passe. Après tout, c'est pas ma langue maternelle. N'importe quoi Professeur de littérature francophone, s'interloque ma fleur de cactus. Ma muse inspiratrice s'étonne parfois de mes écarts de langage, estimant que je devrais  être au-dessus de la mêlée. Là n'est pas mon sujet de ce jour. 
Wurmlingen, c'est d'abord un point tournant de ma vie: la mort de Louise. Donc aussi des souvenirs. Je pense surtout au cercle de personnes qui m'ont entouré en août-septembre 1994. Je pense à l'ornitologue dont j'avais marié la fille qui doit vivre au Japon. Il est mort. Je pense au boucher dont j'ai baptisé le petit-fils André. Il vit. Je pense à Tante Lucie, la brave enseignante du village, qui n'avait trouvé mieux que de m'offir le paquet de lardons qu'elle s'était procuré. Je repense aux Walz que j'avais mariés à Rietheim. Je pense à Manfred qui, dégoûté des femmes européennes trop matérialistes à ses yeux, me demanda de lui chercher une femme en Afrique, une qui réfleteraitla sauvagerie et l'instinct des tropiques. Et aux morts bien entendu: Frau Elsen, Gisela, Tante Lucie, les soeurs du curé qui gardaient à leur table des couverts pour ce dernier pourtant défunt, Herr Fottner, Herr Zepf, Herr Meismer, à la forte Josefa, et... à Frau Schmid. Je revois ma collaboratrice, l'assistance pastorale, Deeing. Une charismatique du Sublime. Je ne sais pas trop ce qu'elle est devenue. Autant d'adieux et de coups de coeur! En tout et pour tout, Mme Traudl Schmitt.
J'ai quitté Wurmlingen à 17 heures pile. Comme un horloger suisse. Mais j'ai eu le temps de retrouver un jeune homme que je voyais lorsqu'il avait autour de 6 ans. Il a la vingtaine aujourd'hui, a une petite amie et possède une grosse bagnole qu'il a garée près de ma Jeep de location. Je le revois encore du temps où il venait avec d'autres enfants jouer avec Noëlle, la chiotte de Mme Schmitt. J'ai quitté en redonnant un peu d'espoir de retrouvaille à mon hôtesse. Que Dieu la garde en bonne santé!
Suis arrivé à Strasbourg peu après 19 heures, m'étant arrêté en chemin. Un voyage sans histoires! Une conversation avec MF avant de monter les escaliers retrouver Mukawa, Ibangu, Lukas, Stéphanie et Daniel. La vie continue. 

28 juil. 2019

De nouveau à Wurmlingen

28 juillet 2019. Je suis de retour à Wurmlingen. Parti de Strasbourg à 8 heures piles, je suis arriv à Wurmlingen à 10 heures. Exactement comme prévu par le GPS. Je ne connais que depuis récemment ce tronçon. Soit une distance de 135 km. Un retour aux sources pour moi. Deux autoroutes - Frankfurt-Basel, et Stuttgart-Singen. J'ai perdu beaucoup de temps entre les deux autoroutes à cause des travaux de reconstruction ou refection. Typique des Allemands. Soit. J'ai bien roulé. J'ai retrouvé Mme Schmitt en bien meilleure santé que j'avais cru. Elle était vraiment surprise de me revoir car elle n'y croyait pas. Je suis là. 
Retrouvailles après une année. Tant de souvenirs ressassés depuis 94. Le 5 août, cela fera vingt-cinq ans depuis que nous nous connaissons. Des miens, nombreux, sont passés chez elle. Je citerai Rigobert, Donat et Nicolas Mabana, le P. Séra Kiosi et l'abbé Gustave Mombo. Je citerai aussi Albertine Kuketuka. Et chacun à sa façon a bénéficié de la générosité de cette dame qui se dit "Egyptienne" dans l'âme. Gratitude pour cette femme d'honneur qui a énormément contribué à ma vie en me soutenant financièrement et matériellement. Respekt Traudl Schmitt, Du warst mir immer sehr behilflich. Bleib bitte gesund trotz aller Lebensprüfungen. Vor allem bleib wer Du immer gewesen bist. Je repars demain 29 juillet pour Schiltigheim la case-départ.

27 juil. 2019

A la BNU Strasbourg

Depuis deux jours je suis de retour à ma vie de chercheur à temps plein. Cela me manque beaucoup car les bibliothèques qui sont dans mon environnement habituel n'offre pas ce que je trouve dans les "bibliothèques". Et la crise que traversent depuis quelques décennies les universités n'arrangent pas les choses. La conversion qui s'opèrent vers le digital ou le numérique ne favorise pas l'investissement dans les livres classiques qui m'intéressent. C'est une flagrante lacune. Voilà c'est réalité. Je suis à la Bibliothèque Nationale et Universitaire, où j'ai pris un abonnement pour le temps qui me reste quoique je puisse effectuer un saut en Allemagne.
Pouvez-vous imaginer que la seule bibliothèque universitaire ouverte dans tout Strasbourg. Toutes les autres sont fermées. Quoiqu'elle soit bien équipée, elle ne dispose pas de tous les manuels dont j'ai besoin. Par contre la bibliothèque du Portique semble mieux approvisionnée en termes d'ouvrages spécialisés. Quoi qu'il en soit, je me suis remis dans l'ambiance de ces temples du savoir, de ces sanctuaires de la lecture qui me manquent tant dans mon vécu quotidien. J'ai cherché la thèse de mon aîné Dominique Kahang'a; elle est à Portique. Tout comme quelques-unes de mes propres chapitres des collectifs ou articles de revues.
Ce soir, je suis rentré un peu plus tôt à la maison pour attendre deux prêtres de Kenge… mais ils sont en retard. Je les attends bien au-delà de l'heure convenue. Demain tôt je ferai un crochet en Allemagne chez Mme Schmitt, à 160 Km.

25 juil. 2019

Alida Muzembo in memoriam

25 juillet 2014, Alida, oooo j'allais oublier ma chère nièce. Voilà cinq ans qu'elle est elle aussi partie soit vingt ans joiur pour jour après sa tante Louise. J'écris depuis la bibliothèque nationale et universitaire  de Strasbourg, ville d'où je suis parti pour participer aux obsèques d'Alida à Kinshasa. Ce fut il y a cinq ans. 
Paix à  son âme!

O mort où donc est ta victoire?

Je voudrais reprendre ma veine poétique. Je le suis redevenu un peu grâce à ma muse, ma fleur de cactus. Je ne suis pas Bossuet ni Hugo pour déclamer des éloges mémorables, mais j'en fais quelques uns dont les échos sont positifs parmi les lecteurs et lectrices de ce blog que je tiens bientôt depuis dix ans. 
O mort où donc est ta victoire? Comment dire? C'est le refrain psalmodique que chantent ou récitent les croyants du Dieu d'Israël. Notre chant de consolation lorsque nous perdons un être cher. Voilà vingt-cinq ans que la plaie tracée dans mon cœur par Anne-Louise ne s'est jamais refermée. Le sera-t-il jamais? Je ne saurais le dire car chaque année à cette date je retombe dans ma méditation poétique et métaphysique. Je tente de retisser les deux bouts de la vie avec une certaine dextérité. Je m'en veux toujours d'en dire trop ou trop peu. 
La mort est entrée dans ma vie avec Louise. Auparavant, je la croyais réservée aux autres. Depuis, elle est devenue un souci quotidien, une préoccupation qui me rattrape à tous les coins de la vie. Entre-temps des parents très chers sont partis, des amis et des amies de cœur ont quitté cette terre. A chaque fois, je pense toujours à Louise comme ces années-ci, après la mort de Maman, je pense à ma muse et ma fleur de cactus. L'épine fait partie de la rose du temps de mes rêves.
Où donc est ta victoire, O mort? Tu ne tueras jamais l'étoile de mon amour. Cela je le garantis jusqu'au jour où tu me prendras. Nous venons de réciter le rosaire familial pour Louise. Je me sens plus que fort et inspiré pour affronter les réalités du quotidien. 
C'est décidé. Dans quelques jours je retourne à Wurmlingen en quelque sorte en pèlerinage… pour retracer les fils de mes souvenirs pour Louise. Si elle le peut, Mme Traudl Schmitt m'accompagnera à l'église St Gallus, comme elle le fit 25 années auparavant. O mort, où donc est ta victoire?
Merci encore une fois Louise pour ton amour. Repose dans la maison du Seigneur!


Vingt-cinq ans depuis que Yimbu est morte.

25.7.94-25.7.19. 
Aujourd'hui cela fait vingt-cinq ans depuis que Louise est morte. Elle est partie la fille de mon père et de ma mère. Elle s'en est allée Anne-Louise, décédée le jour même de son anniversaire (1965-94). Le jour de sa naissance, papa m'avait envoyé suivre maman à la maternité de Kenge. Je suis entré dans la salle d'accouchement, mais maman m'a prié de sortir immédiatement. L'enfant n'était pas encore né. Je garde cette image dans ma tête jusqu'à ce jour. Quand elle est décédée en 94, Donat m'a appelé au téléphone. Je vivais en ermite à Enney, Suisse. Ce soir-là est venue ma sœur Josephina Konga qui habitait Romont pour me réconforter et compatir avec moi. Le jour suivant, j'ai célébré une messe à Bulle à son intention. Peu après je me suis rendu pour un ministère d'été à Wurmlingen; là je mentionnais le nom de Louise à chaque messe, forçant les paroissiens à connaître son nom. Sa tombe se trouve à Munikenge, près de la piste d'aviation. Je l'ai vue en juillet 2012.
Depuis la mort de Louise, je n'ai plus jamais vu une seule photo d'elle. Je garde certes son visage dans ma tête et dans mon cœur; mais je ne possède plus une photo d'elle. Toutes celles que je possédais ont disparu. Bizarre! Ce 25 juillet, nous sommes avec Ibangu et Mukawa à Strasbourg. Nous pensons prier un chapelet à son intention… pour qu'elle intercède pour nous de là où elle se trouve. 
Louise, Yimbu, repose en paix là où tu es. Souviens-toi de nous qui sommes restés ici-bas. Dans les mains de Dieu! May your soul rest in peace Anne-Louise Mabana. Amen!


Mvula makumodi ye tanu hana kafila Yimbu

25.7.94-25.7.19. 
Lelu mvula makumodi ye tanu zilungi hana kafwila Luisa. Wenda kwandi mwana tata ye mama. Wenda kwandi Anna Louise. Kilumbu ka butuka kiena phi kilumbu ka fwa (1965-94). Kilumbu kabutuka, tata kapitika yenda mulanda mama ku maternité ma Khengi. Ya kota ye muna salle d'accouchement, mama kakhula. Hana mwana khaku kabutuka. Kifwanisu kieni yena kiawu mu m'twa ye lelu diadi. Kilumbu ka fwa mu 94, Donat wa thela; ya kala mini buhika ku Enney, Suisse. Ku masika ma Josephina Konga wa kadiki ku Romont wisa ndidisa yandi buhika. Kwa kia yenda sala misa ku Bulle. Kunima ha yenda ku Wurmlingen, ya tangiki zina diandi mu konso misa. Bakristu bazaya zina diandi. Ndumba za Luisa zena ku Kimunikhengi, mu belabela ya piste d-aviation. Ya tala za mu ngonda tsambwadia dia 2012.
Hana kafila Luisa, mbonieku foto dia yandi ata. Ilunzi kia yandi yena kiawu mu m'twa ye mu mbundu, mana yeku dihika ata foto dia yandi. Mosu ma ya monga mabila. Kuyituka! 
Lelu twena ye Ibangu ye Mukawa ku Strasbourg. Twa musambila chapelet… katusambila kuna kena. 
A Luisa, a Yimbu, hwena mboti kuna wena. Tuyindulaka betu twasala. Mu moku ma Nzambi. May your soul rest in peace Anne-Louise Mabana. Amen!

24 juil. 2019

Zur Erinnerung an Gertrud Kanu

Juli 24. Heute morgen wurde ich vom Tod unserer Bekannte Gertrud Kanu informiert. Kulutu Paul Indongo sagte, sie sei zwischem dem 26 Dezember 2018 und dem 4 Januar 2019 in ihrem Bett gestorben; die Autopsie habe keine weitere Nachrichten geben können. Alles sei total unklar geblieben. Ihre Bestattung fand Ende März statt. Ihr den ewigen Frieden. 

Gertrud habe ich ziemlich whärend der Zeit meines Aufenthalts in Berlin gut gekannt. Vielmal hatten wir sie getroffen und miteinander diskutiert. Wir hatten uns gegenseitig zum Essen eingeladem. Sie war sehr lebendig, humorvoll and intelligent. Ich erinnere mich an viele Spässe die sie über dem Mobutu wusste oder erzählte. Ich erinnere mich immer  noch und wundere mich über ihre Liebe für die D R Kongo. Als Journalistin and Forscherin hat sie viel getan, damit die Probleme wie Diktatur, Armut, Not oder Krankheit, von der D R Kongo in Deutschland gekannt werden. Sie hatte wirklich ein Herz für unser land gerichtet. Die Website www.news.kongo-kinshasa.de hat sie mit ihrem Freund Paul Indongo bis zum Ende ihres Lebens geführt.

Vielen Dank Gertrud für alles! Deine Freunde werden Dich nie vergessen.  Ruh in Frieden Gottes. 


23 juil. 2019

23 juillet

Le 23 juillet 1961 fut ordonné à Kimbau l'abbé Dieudonné M'Sanda. Paix à son âme.
58 ans se sont écoulés depuis. Entretemps l'homme a travaillé à l'Ecole normale St Jean Bosco de Kenge, est allé à l'Urbaniana où il a été reçu docteur en droit canon, est revenu au Congo, a travaillé comme curé à St Hippolyte Bandundu, directeur du petit séminaire de Kalonda, évêque de Kenge. Une vie au service de l'église universelle et locale. Respect et hommage!
"Ut diligatis invicem"

Entre Anvers et Bruxelles

Arrivés ce 20 juillet à Anvers, nous avons été accueillis très chaleuresement par nos hôtes anversois. Des relations solidement tissées depuis le temps de Berlin et de Kinshase. Non pas des amitiés volatiles d'une soirée d'envoûtement. En effet, c'est la deuxième fois que nous opérons ce déplacement. Et les jumeaux adorent, insistent qu'on y aille encore, en espérant qu'un jour nos hôtes nous rendront la pareille quand Dieu le voudra. Soit, ce n'est pas le sujet de nos propos d'aujourd'hui. Dès notre arrivée est passé le P. Serge Takamba de San Egidio pour nous saluer et passer la soirée avec nous. Un moment fabuleux.
Le jour suivant cap sur Bruxelles. Les enfants restent entre eux, préférant vivreg ce temps ensemble, avec la promesse d'aller au ciné le jour suivant. Willy et Anto nous conduisent d'abord chez une cousine chez qui nous passons un temps avant de nous rendre chez JR. L'idée est de descendre à Matonge pour un petit verre. Mais comme c'est le jour de la fête nationale du Royaume de Belgique, les routes sont envahies ou bloquées. Le défilé de l'après midi a draîné du monde sur les rues de Bruxelles. Le plan B ne fonctionne pas non plus. Des coups de fils fusent de partout. On parle avec les anciens de Kalonda, alors qu'on sirote de la Leffe à gogo. Maman a mijoté quelques petits plats délicieux et suaves. 
Le jour après, je le passe avec l'ami JR. Seuls alors. Il me prend au tour de midi, et nous sillonnons les artères de la capitale belge avant de nous retrouver à son domicile, chez des amis et chez un cousin. Le temps est trop court pour qu'on en profite vraiment, mais l'essentiel est de se retrouver après tant d'années. Les hommes comme les femmes changent avec le temps. C'est la loi du temps, et de la vie. Le retour vers Anvers prend du retard. Un dernier rendez vous est presque raté, mais je tiens à honorer ma fraternité avec Flavien en rendant visite à Yvette. Il est minuit lorsque Willy me ramène à Deurne. Trop vite, mais peut être trop beau pour être vrai. Ainsi s'est vécu l'épisode d'Anvers. 
Ce soir du 23 juillet, nous sommes à Schiltigheim, Strasbourg. Ibangu retrouve Stéphanie et Mukawa Daniel. C'est leur monde de cousins. On y est pour quelques jours. 

21 juil. 2019

Wünsche an Rigobert

Juli 21. Alles Gute zum Geburtstag Rigobert. Möge der Herr Gott Dich segnen und Dir Gesundheit, Frieden and Liebe schenken.

19 juil. 2019

Kha Heleni

Ce fut un dimanche 7 janvier 2018. Après la messe paroissiale, ont eu lieu d'autres retrouvailles avec les miens. Un apéro gentiment offert par mes hôtes, puis un repas où je fais le figurant car je dois me rendre aux Champs des Tirs, un quartier où j'ai passé deux années  d'école primaire à Kenge entre 1965 et 67. Donc une visite familiale chez mon cousin Zingle, au cœur de ma jeunesse.
Une moto me prend à 13 heures. Me voilà parti. Détour vers la Tribune, passage devant le Camp Commis, le Désert, suite vers Kabambare, jusqu'à l'avenue Yolo. Que des souvenirs! Que des scènes revenues à la mémoires! Que d'espiégleries d'enfants revécues comme si elles étaient récentes! Enfant à Kenge, enfant de Kenge. Dans chaque rue traversée, je revois un papa, une maman, un copain, une copine de jeu, un vieux, un jeune dont l'aura m'envoûte d'un bonheur inouï. C'est Kenge. La maison des Mazumbu, celle des Makasu, celle des Ndoko, Kapalala, Oliveira, Kha Madiya-Dinesi etc. Je revois dans ma tête Kisi qui, s'apitoyant de moi, croyait que j'étais orphelin de père et de mère. C'est le cas aujourd'hui. Je vois défiler Félicité, Tryphon, Papa Bunda, Kahuma, Tsingani, Malvina, etc. Je ne saurais dire ce que tout ce beau monde est devenu.
Pour le retour je préfère marcher, refaisant en sens inverse, ce qui fut jadis mon chemin de l'école. J'atterris chez ma grand-tante Hélène, femme de Kisalu Bakaba. Je suis tellement ému que des larmes me sortent des yeux. Je suis tellement que de la revoir me donne la chair de poule. On dirait une rencontre inespérée avec un être qui revient d'un autre monde. Elle est là, revenue pour mourir là son feu mari "Kisalu Bakaba est mort et a été enterré." Quel retour en arrière, au fond de mon enfance. Vincent Hungu fut un grand-oncle adoré pour moi, mes frères et sœurs. Il nous témoigna d'un amour sans failles. Ce magasinier de qui nous héritâmes un cheptel bovin fut un monsieur respectable, notable à Kenge. C'est lui qui signait mes bulletins de classe, car il m'offrait tous les objets dont j'avais besoin pour l'école. Il est mort en juin 69, enterré à la Barrière. En revoyant sa veuve en 2018, je remonte à la mémoire de l'illustre disparu. Je passe une bonne heure avec elle, on parle de tout. Surtout j'apprends beaucoup de choses que je ne savais pas, ou que je savais mal à propos de nos relations familiales et claniques. Je comprends beaucoup de détails qui m'étaient inconnues ou que ma jeunesse ne m'a pas permis de comprendre. Une mine d'informations pour moi. Kha Hileni connait tout le monde et sait tout de ma famille.
Et depuis tous les deux trois jours de mes séjours à Kenge, je m'efforce d'aller rendre visite à la seule femme que j'appelle encore ma "khaka". Honneur et hommage à Kha Kisalu Bakaba, décédé il y a aujourd'hui cinquante ans. Paix à son âme!

Trêve de vantardise

"Cher Claver,
Comme toujours je lis avec attention tout ce que tu écris. Là tu dépasses la mesure. Tu nous prends pour qui? Tu crois que nous ne savons pas analyser comme toi le littéraire les non dits de tes gribouillages? Ton blog, en dépit de quelques intermèdes d'humilité, constitue le couronement de ton intelligence et de ta capacité de survie. J'admire une chose en toi: ta prétention à l'excellence. Tu dresses de toi même un portrait digne d'un prince normand.  Mais moi, je sais ce que tu es. Trêve de vantardise."
Ton Pourfendeur. 

18 juil. 2019

Les dernières entrées de ce blog

Depuis que j'en ai le temps, je tiens à récupérer un certain nombre de brouillons parmi la centaine que je garde sur la page de composition. Les moins intéressants, je les ferai disparaître. La lectrice et le lecteur attentifs remarqueront un certain anachronisme. Mais qu'importe?  Ndlr.
Je salue en passant ma fleur de cactus, ma muse qui m'a suggéré cette pensée. O Déesse littéraire!

Avez-vous déjà eu des ennuis à votre service?

- Jamais, m'a répondu une collègue.
- Oui, m'a dit un deuxième.
- Plus ou moins, dit la troisième, ça dépend de ce qui s'entend par "ennuis".
La première est cheffe de département. Le deuxième est étranger tandis que la troisième vient de la région. La réponse que vous donnez à une question vous identifie. Les services de renseignements sont attentifs à ces détails. 

Ce que l'on ne sait pas

"Ce que l'on ne sait pas, c'est parfois terrible", disait l'Homme. Souvent terrible. Ce qui se traduit vulgairement par: "Kozanga koyeba eza liwa ya ndambo" (Ne pas savoir, c'est une demie mort). Souvent le cocu, le trompé, le dupé, c'est le dernier à savoir qu'il est cocufié et tourné en ridicule. Un peuple entier subit ce sort. Qui dit qu'il ne savait pas?

Comme les gens changent

Les gens changent. Ce n'est pas moi qui le dis. Chacun change quoique le changement ne soit pas perceptible au premier abord. La vie selon qu'elle est dure ou suave apporte des changements sur tous les plans. 
Un jour de juillet 2003. Nous avons rendez-vous avec des anciens copains de Kalonda à la Taverne de la 6e rue à Limete. Alphonse Mukokila est l'homme qui a organisé la rencontre, alerté quelques amis dont certains ont émis leur accord. L'occasion est propice pour refaire les contacts, évaluer les chemins de vie que chacun de nous a pris. Les amis que je revois pour la première fois depuis ma renonciation au sacerdoce sont intéressés par mon nouveau statut et mon nouveau look. On se pointe au lieu du rendez-vous. Clavère connait certains d'entre eux, mais ce groupe est assez insolite car certains n'ont pas fait longtemps au grand séminaire ou n'y sont même pas allés. Peu de temps après notre arrivée se pointe un monsieur élégant, élancé qui a des traits physiques d'Alphonse, mais possède un teint plutôt clair. Quoique hésitant, je lui fais l'accolade. Je m'écrie m'adressant à CM: "Comme les gens changent!". Ce n'était pas Alphonse, mais son sosie des circonstances. Les amis Marc Mutombo, Anatole Bipa et deux autres dont j'oublie les noms se sont ensuite joints à nous pour des retrouvailles émouvantes et inoubliables. Ce jour-là on reparla longuement de Kalonda.
Les gens peuvent changer. La vie change les gens; l'argent change le coeur l'homme; la promotion ou la déchéance sociales, les conversions religieuses changent les hommes. Souvenez-vous du Pasteur barbu et tête rasée que Mobutu a rencontré sous les Eucalyptus de N'Djili! Beaucoup d'événements peuvent changer un homme. La vie change les hommes et les femmes. Moi qui écris avait juré de vivre le sacerdoce jurdictionnel jusqu'au bout de ma vie, j'ai changé de vie bien que des centaines de personnes continuent de me servir du "Monsieur l'abbé Mabana". J'ai pourtant changé de bout en comble, mais le titre colle à ma peau. Barbu hier, chauve aujourd'hui. Élancé hier, relativement rond aujourd'hui en dépit des exercices que je déploie pour me maintenir en forme. Est-ce si vrai? En apparence sans aucun doute, mais pas tout à fait.
Il y a des personnes que je revois aujourd'hui, qui étaient tout à fait différentes du temps de ma jeunesse. Leur visage a changé, leur stature physique est devenue plus courte, des fois seule leur voix est restée la même. Un ami congénère m'est apparu bien plus âgé que son âge ne le suggérerait; et un autre plus jeune. Les gens changent physiquement et spirituellement. L'autre jour, marchant dans la rue principale de Kenge, j'ai rencontré une ancienne voisine qui a totalement changé, mais que j'ai reconnue sans retrouver le nom. Je l'ai plutôt appelée du nom de sa sœur entre-temps décédée. Leur maman par contre vit encore. Imaginez la surprise, la déception et la douleur que comporte ce genre de retrouvailles. C'est la raison pour laquelle je me réserve de poser des questions sur des gens que je n'ai plus vus depuis des décennies. 
Oui les gens changent, mais il serait intéressant de savoir de quel type de changement. Les gens changent mais gardent leurs traits fondamentaux. Que l'apparence  contingente ne nous trompe pas.  


Le venin de l'argent

J'ai toujours dit en bon africain: "L'argent est un venin. Mettez-le devant quelqu'un ou entre ses mains, observez son comportement. Vous saurez clairement qui il est."

Comme recoudre mes refexes de survie.


Il m'est arrivé quelque chose d'hallucinant. Tu ne me croiras pas. A quoi penses-tu? A une apparition de la SV Marie ou à la transfiguration de Jésus sur la montagne? Au défilé de mode ad personam exhibé par ma fleur de cactus ou bien au passage houleux d'une fée des tropiques? Rien de tout cela. Un peu de tout cela mais c'est plutôt l'histoire d'une totale incompréhension et d'un revers personnel sans ambages. Le reste, c'est un secret entre toi et moi. J'ai volé, j'ai corrompi les DN, j'ai triché, je disposais d'une machine à voter aux sénatoriales. Je suis sorti, mais on dit que c'est une farce de mauvais goût. Je suis sorti mais on me toise de mépris. Comment recoudre mes amours? Telle est ma préoccupation de nouveau sénateur. 

La réussite des Occidentaux

S'il est une chose que les Européens ont réussi à imposer aux Africains, c'est de leur construire une image et de les avoir formatés à cette image. Ils ont forgé un concept de nègre auquel ils ont ensuite inoculé tous les venins de leur haine raciste et méprisante. La négritude a en partie échoué à cause de sa tentative de répondre à cette vision occidentale au lieu de libérer l'homme noir africain par une prise de conscience plus combative et pragmatique. S'il y a une chose que les Occidentaux ont réussie à merveille, c'est d'avoir imposé aux Africains noirs et non noirs la haine d'eux-mêmes.

Un enfant de mon école

7 avril 2019. Un garçon de mon école n'est pas straight. Si tu étais son parent, tu allais accepter cela? Dieu a dit: il faut aimer les filles et les garçons. Les filles doivent aimer les garçons et les garçons doivent aimer les filles. C'est Dieu qui l'a voulu ainsi. 
Je suis plus intelligent que toi. E=mc2.
Une autre fille, Jepsie Blancher, elle a tué sa mère parce qu'elle lui mentait, qu'elle la rendait malade.
Signée Ibangu

Napesi melesi

"Tata Nzambe mobateli na nga, napesi melesi na banguna na nga soki bazali. Kasi baza te: moto nionso aza ndeko na nga. Liboso nabandaka kokanisa moto nionso alingaka nga, sikoyo namoni bilongi na bango, bandoki. Au nom de Jésus bakokoka nga te. Amen."
(Sic: Losambo ya tongo ya Pastor John).

Mensonge et justice

Le monde s'est développé tel que l'on ne sait plus ce qu'est le mensonge ni ce qu'est la justice. Il n'y a pas de justice; il n'y a que mensonge. Je regrette de le dire aussi crûment. Vous recourez à la justice usant simplement de vos seuls droits de recours et de réparation, vous le regretterez parce qu'il n'y a pas de justice. Vous devons lécher les pattes des Mrs de la Justice. Vous dites la vérité, on vous croit menteur parce que votre voix ne compte pas, comparée à celle du puissant voisin qui usurpe votre liberté ou vos biens. Le général a toujours raison. Le maître a toujours gain de cause. De là à lui laisser le loisir de décider de votre sort ou à le laisser vous maltraiter, le pas est vite franchi. 
Tenez. Hier, lors d'une conversation sur Whatsapp, j'ai appris qu'une dame, agent de voyage, est mourante à la suite d'une violente agression. Cette dame que je ne connais pas personnellement mais qui m'a facilité des démarches par le passé a tout perdu, ruinée par une malencontreuse épreuve. Elle aurait aidé les enfants d'un général à se rendre au Mexique, mais là, les visas leur octroyés se sont avérés faux. Ces enfants ont été expulsés sans ménagement. Le généralissime n'a rien trouvé d'autre comme solution que de la faire tabasser, coffrer à l'ANR du côté du fleuve, et sommer de rembourser la totalité des frais encourus. Soit une coquette somme de 20.000 USD. Elle serait tombée dans le coma dans le cachot de l'ANR où les démolisseurs l'ont frappée à mort. Elle n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention des défenseurs des droits de l'homme. Revenue à la vie, elle a perdu toutes ses facultés, devenue l'ombre d'elle-même, et se trouve toujours sous la menace d'arrestation de l'impitoyable général. Comme si cela ne suffisait pas, elle a perdu son emploi, elle vit dans la maison familiale, poussant sa vieille mère à la soigner et à veiller sur elle. Abandonnée des collègues et amis, elle a perdu tout espoir et tout goût à la vie. Incapable de se défendre, elle ne saurait recourir à la justice pour se libérer des assauts répétés de l'agent de l'armée nationale. Peine inutile, d'où elle risque de perdre le peu de souflle de vie qui lui reste. Appelez cela un état de droit!
On le voit dans tous les domaines. Un coup d'oeil aux dernières présidentielles et législatives. La justice se décide de haut. Il y a des Maharajah dans notre société. Pas seulement chez nous, mais dans le monde entier. Mensonge et justice se confondent inlassablement.  

Un voyage sur BA


June 8, 2019 : A bord de BA
Je suis en plein air mais en route pour Londres dans un avion fabuleux de BA. Le service est formidable. Je suis comme à mon habitude dans la classe des pauvres. Je n’ai aucune raison de voyager en première classe, même si j’ai déjàeu à en profiter. Mais ces genres de choses ne sont pas de mon goût. Mes amis et les miens le savent pertinemment bien. Oui, je suis dans l’avion British Airways BA21554 partant de BGI pour  LGW. Dès qu’on y entre, on sent la diffrérence entre les pauvres et les riches.
J’observe beaucoup et vois beaucoup de choses que le commun des mortels ne voit pas. Ames sensibles s’abstenir. Que non ? Sensibilité raciale, s’abstenir. En première comme en premium vous êtes accueillis au champagne. La différence est claire et nette. Vous avez payé, vous avez ce que vous méritez. Vous voulez obtenir plus, assurez, c’est-à-dire payez. Vous avez payé, votre rang est sauf, vos privilèges ne souffrent d’aucune ombre.
Humoriste à mes heures, j’aborde une ravissante hôtesse qui tient deux flutes et lui souffle à l’oreille, mais assez fort pour que mes voisins de voyage entendent : « Madam, I am waiting for my glass of Champagne ». L’effet attendu est réalisé : des rires fusent à ma gauche et à ma droite. On se transmet la blague. D’autres hôtesses se présentent à la rescousse de leur collègue. « I do not need any Champagne. I was just kidding. I have not paid for that and do not deserve it.” Je décline poliment leur gentille offre. C’est toute la difference avec Air France. Le champagne n’est pas une denrée réservée à une classe de voyageurs chez Air France. Chapeau Air France.
J’attends comme tout le monde le service de notre classe. La dame arrive avec le chariot, mais me passe sans me regarder. Après qu’elle a servi la rangée derrière moi, j’interviens : « Mam, you forgot us ». Elle se confond en excuses. Décidément, elle n’a pas de chance avec moi. La coïncidence a fait qu mon voisin direct, un jeune homme probablement étudiant en début d’université, est aussi de ma race. Cela me rappelle une nuit où circulant avec des amis allemands, ils m’avaient conseillé de porter une veste à rayures dorées ou oranges que mettent les ouvriers ou les policiers la nuit afin de me faire remarquer des chauffeurs. Mais tel n’est n’était pas le p-cas cette nuit.
Bref, je dois arrêter car on vient servir la nourriture. J’ai faim. A plus les gars.
                                                                    

Débrouille ou corruption? 2

"Cher Claver,
J'ai comme toujours lu avec attention ton entrée intitulée "Débrouille ou corruption?". Bien que ton analyse soit acceptable, j'estime que tu devrais tracer une claire différence entre qui vit de la débrouille et qui vit de la corruption. Je trouve que le petit peuple se débrouille alors que les tenants du pouvoir sont corrompus et vivent à coup de corruption. Cela peut se relativiser, mais je le pose comme point de départ pour mon raisonnement. 
Le petit peuple vit de débrouillardise. Il vit dans la rue, va au boulot, et rapporte le fruit de sa sortie à la maison. Selon la récolte du jour - à la manière de nos ancêtres qui allaient en forêt attraper du gibier ou cueillir des fruits - la famille peut être nourrie à sa faim ou bien se contenter de quelques miettes. A l'époque des "villes mortes", les fonctionnaires souffraient énormément car ils vivaient de ces sorties. Un collègue professeur d'université m'a raconté que ses enfants attendent qu'ils reviennent avec un colis ou un paquet de nourriture à la maison, alors qu'il sort de la maison pour enseigner et non faire des provisions au marché. C'est la débrouille. Chaque maison possède devant la grille un coin de vente: haricot, riz, poisson, tomate, arachide, légumes, et même des allumettes, biscuits, piles, etc. Tout le monde vend pour survivre. Tout le monde vend, sinon impossible de tenir les deux bouts du mois. Le petit ligablo a sa raison d'être.
Le jeune homme acolyte à St Augustin de Lemba va vendre ses petits objets "noix de cola, gingembres, mouchoirs à papier, eau "pire" à Bandal, de peur de perdre son honneur dans son quartier d'origine. La jeune fille est exposée à la prostitution ou à l'esclavage moderne, et sa famille attend qu'elle leur rapporte l'argent nécessaire pour payer les études de ses frères et sœurs cadets. Les enfants de la rue vivent de vol, de recel, de tous les crimes mineurs susceptibles de leur rapporter à manger, à fumer et à boire. Les policiers et soldats prétendent protéger la population qu'ils rançonnent en plein jour, et se transforment en bandits la nuit venue. Cela c'est la débrouille.
La corruption est à tous les niveaux, comme tu l'as écrit. En réalité, c'est la débrouille des tenants du pouvoir. Les élections législatives, présidentielles et sénatoriales ont démontré combien la corruption a promu des non-élus au détriment des élus du peuple. Ce n'est pas moi qui le dis, et je n'ose pas abonder dans ce sens. J'ai dit tantôt "tout le monde"; je le confirme. Seulement l'objet de la vente change selon le cas. Tu as écrit que la corruption va jusqu'à la trahison de son propre pays. Les fameux arrangements souterrains et nocturnes ne visent qu'à piller le pays de ses ressources naturelles et non naturelles. Des Chinois entrent en toute illégalité parce qu'ils sont protégés par des "grands" qui tirent d'énormes bénéfices des trafics d'or, de coltan, de diamant et que sais-je encore. Le sénateur élu a dépensé des sommes auprès des députés provinciaux. Et les plus malins de ces députés se sont laissés corrompre par tous les candidats-sénateurs. Des maisons se bâtissent à vue-d'œil, des véhicules de luxe s'achètent, des objets de grande valeur s'acquièrent grâce à ces genres de corruption. En plus de leurs salaires faramineux lorsque l'on sait que les fonctionnaires sont impayés depuis de dizaines et des dizaines des mois.  Un enrichissement fulgurant dont on se vante alors que tout le monde sait qu'il vient des malversations, des trahisons, des trafics et des contrefaçons. Le pays entier est devenu le ligablo des grands corrompus jusqu'à la moelle épinière. 
On dit d'eux qu'ils ont réussi. Les pilleurs des richesses du pays sont adorés au détriment des honnêtes citoyens muselés et sommés de croupir dans la misère. Se débrouillant à tous les niveaux, ils vont se livrer à la merci des églises du réveil où des pasteurs sans scrupule abusent de leur foi, de leur naïveté. Ces derniers aussi sont de grands débrouillards aussi corrompus que les tenants du pouvoir avec lesquels ils entretiennent des relations obscures, parfois difficiles à "débrouiller". Les voleurs sont hissés au sommet de la gloire matérielle et financière. Des millions sont dilapidés par des agents sans cœur. Telle est notre réalité. L'essentiel est de ne pas se laisser impressionner par l'étalage des richesses matérielles, car on sait qu'elles proviennent souvent des chemins malhonnêtes.
Voilà le petit point que je voulais faire. Débrouille pour les pauvres, mais la débrouille des riches, c'est la corruption. Débrouille du peuple, corruption des tenants du pouvoir. Je ne te convaincs pas, hein?"
Ton Pourfendeur
(Email du 17 juillet 2019). 

17 juil. 2019

Débrouille ou corruption?


Expérience de la RDC (Juin – Juillet 2019)
Je viens de passer trois semaines dans mon pays. J’ai beaucoup observé, comme à mon habitude.
Je suis resté une semaine à Kinshasa avant de descendre à Kenge à bord d’une Mitsubishi Colt dans la nuit du lundi 17 au mardi 18. J’ai donc perdu une journée d’enseignement, et pour cause ? Le service corrompu de notre administration. Quand quelqu’un refuse visiblement de se laisser corrompre, sache qu’il est le plus corrompu et qu’il a son réseau de corruption. Le plus exécrable corrompu se montre le plus correct et honnête des agents des services publics. Méfie-toi des apparences. Tout s’achète, même les consciences. Tout s’achète à tous les niveaux. Il n’y a rien pour rien.  A chaque opération il y a de l’argent à dépenser sinon tu vas poireauter indéfiniment. Passe par la porte à côté et tu verras de quel bois il se faut. Je l’ai souvent remarqué à mes dépens. Lorsque je me gêne de présenter des billets pour un service – pour lequel cet agent reçoit son salaire – je dois comprendre qu’il est attendu ou suggéré que cela se fasse dans la discrétion.
Passant devant une banque tous les jours, j’ai demandé à un motard de m'expliquer les raisons de l’attroupement que j’y vois tous les jours. Ce dernier de me rétorquer : « Il y a paiement des agents de l’état. La plupart de ceux que tu vois là, sont des figurants, des fictifs. Les vrais prédateurs sont invisibles, mais présents chaque fois que quelqu’un perçoit son salaire. Certains de ces agents vendent au marché, mais viennent percevoir leur paie comme commis à tel ou tel service de l’état. » Et il ajoute : « Taba nionso na mulayi ya singa na ye. Moto nionso aza na musuni na ye ! » (Chaque chèvre à la mesure de sa laisse. Chacun obtient sa part du gâteau.) Entendez par là : Les plus gros bouffent les parts des plus petits. Intelligenti pauca. Bref tout le monde est corrompu.
Déplorable et triste constat. Quoique j’éprouve un amour inaliénable envers mon peuple, quoique je demeure solidaire du sort de mes compatriotes, j’ai honte de m’identifier avec les pratiques de corruption en vigueur dans mon pays. La corruption est devenue, à tous les niveaux, notre seconde nature.De celui qui se présente comme le serviteur zélé de l’état, mets-toi en tête qu’il est prêt à vendre même son pays rien que pour se remplir les poches. Chance éloko pamba. J’observe beaucoup. J’observe surtout le petit peuple car j’affiche mon indépendance, m’éloigne des leaders politiques et des personnes de la haute société financière et sociale. Ma place est auprès des démunis dont je me sens proche et partage les malheurs. Mais la corruption est une tare indélébile qu’il nous faudra éradiquer ensemble. Souvent je suis surpris par la fausse réticence de mes interlocuteurs qui n’y croient pas, alors pas du tout. 
Un monde de la débrouille ou de la corruption? C'est selon, comme on dit chez nous. Chacun s'y prend à sa façon. Chacun arrive à sa fin. 

Kenge - Kinshasa - Londres - Coulommiers en six jours

Parti de Kenge le 10 juillet, je suis arrivé le 16 juillet à Coulommiers à 19 heures. Quel voyage! Premier escale Pont-Kwango. Je rencontre l'abbé M'Banga et Son Excellence Zéphyrin Mbangala, avec qui j'échange brièvement mais sérieusement. Contact est pris pour une collaboration. L'avantage de retrouver des copains après tant d'années. La Mitsubishi Colt tire bien, on arrive à Kin de bonne heure, sans encombres. 
Samedi 13 juillet, c'est fête. Béa et Vicky célèbrent leurs anniversaires ronds et unitaires. On se retrouve à Chez Sebastien. Simple mais bel événement. Je ramène les Lubamba pour les déposer à Dépot. Dimanche 14 juillet à 14 heures, départ pour l'aéroport mais la route est longue à cause des sautes-moutons ou sauts de moutons. Je prévoyais m'arrêter chez Adrienne, mais je préfère aller sur Bibwa chez mon oncle Papa Bunda. Là, la voiture s'enlise dans le sable. J'ai choisi le mauvais côté car d'autres voitures ont passées après moi mais sur le côté droit. Frédéric Kayolo se charge de récupérer la bagnole et de la rendre à Binza-Pigeon. Vol Ethiopian Airlines à 0h45. A 7h, je suis à Addis Abeba pour quatre heures d'attente. Départ Ethiopian pour Londres Heathrow où j'arrive à 17h. Via London Underground jusqu'à Kilburn Park Road. 
Mardi 16 juillet, 9h45, je suis à Londres Gatwick pour un vol Vueling pour Paris CdG, départ 12h45 et arrivée à 15h00. Notez le décallage horaire, car le vol ne dure que 45 minutes. A Charles de Gaule, j'attends le TGV jusqu'à 17h57. J'ai préféré le TGV au RER qui me ramenerait à Chatelet pour y prendre la Ligne B qui devait me conduire à Marne-la-Vallée Chessy en plus d'une heure. Il ne m'a fallut que douze minute. Un coup de chance, le bus de Coulommiers démarrait dès mon arrivée. 
Un véritbable parcours de combattant. Retrouvailles avec les mapasa et leur maman sans histoires. Bien de revoir les siens. 
Ce 17 juillet, fatigué, je me repose, remet de l'ordre dans mes affaires. Je suis désormais reconnecté au blog.

14 juil. 2019

ISTM MRP Kenge - Abbé Fidèle Khoto


"Vu le caractère public de l'annonce, je me permet de réagir aussi publiquement. C'est drôle que ces choses se fassent sans consultation du diocèse qui est l'initiateur de cette œuvre et gestionnaire. Le diocèse de Kenge a trop investi pour cette institution, il serait malhonnête et criminel que cette œuvre lui soit arrachée. C'est vrai que les hommes passent et les institutions restent, il s'agit là des personnes physiques. Par rapport à la gestion de l'Istm, le diocèse est une personne morale, et donc ne peut passer. Si ce document vient réellement du ministère, pourquoi le gestionnaire ( le diocèse) n'a pas été consulté ni informé ? Nous connaissons très bien ce jeu-là. Ce n'est pas d'ailleurs la première fois que ça arrive. Je ne suis pas contre les personnes nommées, mais contre la procédure. Ça sent mauvais. De toutes les façons, le diocèse va se battre pour recouvrer ses droits. C'est drôle que ces choses arrivent encore et toujours." (Sic)

(Publié avec l'accord de l'abbé F Khoto).

11 juil. 2019

ISTM Kenge

Depuis deux semaines est sorti un arrêté ministériel nommant le professeur Ngonso DG de l'ISTM MRP Kenge, en remplacement de l'abbé Firmin Mboma. Mais cela suscite un chaos énorme au sein de l'Institut.
1. Un arrêté contestable pour les uns et irréfutable ou valide pour les autres, surtout les membres du nouveau comité.  L'arrêt signé par l'ancien ministre de l'ESU Steve Mbikayi serait daté de novembre 2018 et sa notification de juin 2019. Une SG corrompue aurait bloqué son exécution et serait suspendue à la suite de cette irrégularité.  Le comité de gestion nommé proclame sa validité et la défend passionnément. Ou ça passe, ou ça casse.
2. Une situation de léthargie totale. L'abbé DG  se trouve à Kin alors que son ancien général académique promu et son nouveau comité s'activent pour que la remise-reprise se fasse plus vite jusqu'à y conditionner l'ouverture de la session des examens. Des memoranda et des messages sur des réseaux sociaux circulent accusant le comité sortant de mégestion et d'incompétence. Tout est bloqué. Les masques tombent qui couvraient les ambitions, les haines et les rivalités longtemps tenus secrets. L'opinion se demande comment le comité entrant est confié à un membre du comité sortant jugé médiocre; et comment le gouvernement central a pu provoquer une telle déconvenue. Il y a donc manipulation quelque part. Comment en est-on arrivé là?
3. Des questions sans réponses. L'arrêté ministériel est-il authentique, valide et exécutable? On se demande si le diocèse de Kenge, institution fondatrice de l'ISTM a été consulté. La réponse probable est négative.   Si L'arrêté est valable, pourquoi devient-il sujet de polémique? Comment s'effectue la passation des pouvoirs dans les institut supérieurs? Si oui, pourquoi n'y a-t-il pas de claires injonctions susceptibles d'assurer un fonctionnement normal de l'ISTM MRP? Le nouveau comité aurait demandé que soit gelée toute transaction bancaire jusqu'à la remise et reprise. A-t-il ce droit? Pourquoi créer un climat aussi troublé qui paralyse toutes les activités de fin d'année? Il revient au ministère de l'ESU de clarifier la situation et de remettre de l'ordre dans les couloirs de l'Institut? Y aurait-t-il en coulisses des intérêts ou des conflits politiques? A qui profite ce chaos? Pas aux étudiants, alors à qui? Il y a comme partout d'inévitables pêcheurs en eaux troubles qui tirent les marionnettes. Si les documents sont valides, que des dispositions soient prises en conséquence. Mais si  les documents sont établis faux, des sanctions pour usage de fauc doivent étre prises à l'endroit des semeurs de troubles. Seul l'ESU détient la clé de l'énigme. Des mises en scène dignes d'un Hexenkrimi,  une anarchie, c'est vraiment le cas de le dire.