30 janv. 2017

La double face des politiciens

Alphonse Karr disait que l'homme a trois caractères: celui qu'il a, celui qu'il montre et celui qu'il croit avoir. En d'autres mots, sa personnalité se compose de trois attributs principaux: son identité, son personnage, et son statut social. Souvent le politicien évolue essentiellement dans son statut social. Son identité est des plus ambiguës.
Helmut Kohl, vénérable chancellier allemand pendant quatre mandats, avait posé les bases pour un contrôle efficace des financements des partis politiques en RFA. Monsieur est demeuré propre jusqu'au jour où on a découvert qu'il déposait de l'argent au Lichtenstein. Le monde entier, en commençant par ses plus proches collaborateurs, était abasourdi, muet, hagard à la suite de ce scandaleux revers de médaille. L'homme fascinant qui suscitait l'admiration de tous en siégant comme un simple député au Bundestag après sa défaite contre Schroeder a perdu tout l'éclat de son prestige historique en un tour de main. Le voilà pris dans son propre piège! "Oeuvre de tant de jours en un jour effacée!"
Son ami François Mitterrand, lui, a péché par excès de zèle, en ordonnant la mise sur écoute téléphonique de milliers d'individus rien que dans le but de couvrir ses secrets de famille. Je n'oublierai jamais l'étonnement de Gilbert Gress, entraîneur de foot, extrêmement surpris de figurer parmi les personnes visées et de ne pas en savoir les raisons. On peut trouver dans la politique française d'autres cas avant comme après. L'homme politique n'est propre que du dehors. Peu connaissent l'individu à part le visage qu'il affiche en public. A cause des pactes auxquels la pratique politque expose, honnêteté et politique vont souvent difficilement ensemble.
Un prêtre de mes amis était une fois ébahi de voir un "voleur" à qui il conseillait d'arrêter de "voler" prêter serment devant le Maréchal Mobutu en tant que PDG d'une société importante. Le prêtre et le PDG vivent encore, je n'oserai citer leurs noms par discrétion. Allez y voir. On dirait que le monde appartient à ceux qui savent le manipuler avec ruse et courage. Ceux qui s'engagent en politique ne s'y engagent pas pour le bien du peuple, mais pour le leur propre. N'osez jamais questionner l'intégrité morale du politicien où que ce soit. Les exemples sont légion.
Quoique je me sois abstenu de le commenter, j'ai suivi avec une certaine attention les pourparlers politiques de la Cenco. Dans l'histoire de notre pays, l'église a toujours agi en éclaireur de conscience. Ce rôle-là, l'abbé Joseph A. Malula l'avait assumé avant l'indépendance. L'action de Mgr Monsengwo et des actuels président et vice-président de la Cenco est à interpréter, selon moi, dans ce sens. L'interview de Mgr Ambongo sur le blocage m'a prouvé que l'intérêt du peuple préoccupe les évêques, alors que les politiciens ne se préoccupent que de leurs partis et postes ministériels. Il faut avouer que les échanges ne se déroulaient pas au même diapson en dépit d'un relatif consensus qui se pointait. Chaque camp a gardé son agenda intact, poussant toujours vers plus d'exigences et bloquant tout le processus du dialogue. Les politiciens savent se jouer de la naïveté des évêques qui croient qu'une parole d'honneur engage alors qu'il n'en est rien en politique. Sous peu, ce sont les évêques qui seront traînés dans la boue, vilipendés et diabolisés pour avoir évité le chaos au pays. Dommage pour notre si grand et beau pays! Je garde l'espoir que des solutions plus sages seront trouvées pour une meilleure gouvernance de notre pays.
Cela se passe ainsi partout. L'homme possède une double face. En règle générale, pour revenir à Karr, il n'y a chez les politiciens aucune identité entre l'individu privé et public, entre la face cachée et l'aura sociale. Ils parlent au nom d'une population dont ils ne partagent ni la misère ni l'intérêt, car seuls comptent pour eux leur ego, leurs intérêts, leurs profits, leurs honneurs. Par leur engagement politique, ces millionnaires et millardaires trônent sur une masse des pauvres qu'ils soumettent à la précarité, à l'humiliation et à l'indigence.




Ghana vs RDC: 2-1

Les Léopards ont dit adieu à la CAN 2017 hier. J'ai presque suivi tout le match sur mon ordinateur. Les Ghanaïens se sont plus réalistes que nos compatriotes. Deux erreures fatales de défense ont pulvérisé les ambitions de la RDC. Je n'aime pas des défenseurs qui paniquent. Ce monsieur Mutambala, expulsé lors du premier match, était sur un carton jaune lorsqu'il a provoqué le penalty. Jeunesse peut-être, mais surtout inadvertance.
Adieu les gars!

27 janv. 2017

Le cas Fillon

La politique possède des revers terribles. Les médias affirment que la femme de l'homme qui a reçu le mandat de représenter LR aux prochaines élections françaises aurait exercé un emploi fictif, obtenu  des salaires qui s'élèvent à 500.000 Euros. Une affaire très délicate! Pour le littéraire non politologue que je suis, c'est un scénario très intéressant de la politique. J'ai essayé de lire des articles, des réactions sur les réseaux sociaux, et de voir des vidéos autour de ce qui s'appelle désormais le "Fillongate". Dans une vidéo Madame avoue ne s'être jamais mêlée de la politique de son mari. Dans une interview, Monsieur avoue qu'elle a toujours travaillé avec lui comme attachée parlementaire.  Manoeuvre politique, mais un tracas très sérieux pour l'ancien PM candidat présidentiel. Il lui sera très difficile et très compliqué de prouver son innocence devant les instances judiciaires. Les sondages le montrent déjà en forte baisse. A moins de 100 jours des élections, la France entre dans une phase politique très complexe dont l'issue risque d'être inattendu.

L'Afrique et son destin

Chaque fois que l'on parle de l'Afrique, les médias nous ont habitués à la regarder sous un regard sombre, pessimiste, négatif. L'Afrique est synonyme de pauvreté, de sous-développement, de dictature, de corruption, de gabegie, de sorcellerie, de superstition, bref l'ensemble de toutes les valeurs classées négatives par les maîtres du monde. Cette image-là, imposée au départ de l'extérieur, a été tellement intériorisée qu'il est presque impossible de s'en débarrasser ni de se construire une identité plus positive.  
1. Malédiction? L'Afrique est un continent maudit. Certains remontent dans les mythes les plus anciens pour justifier cette réalité. D'autres y voient une prédiction biblique qui condamne les descendants de Cham. D'autres encore attribuent cette déchéance à notre stupidité légendaire. Et d'autres simplement à un ordre divin qui fait qu'il y ait des races supérieures et des races inférieures. Tout est évoqué. On dit des Africains noirs une race statique, sans créativité ni ingéniosité, sans un quotient intellectuel élevé, incapable de rationalisation ni d'opération compliquées. D'où la justification légitime de la colonisation, de l'esclavage, de l'évangélisation par l'Occident, voire de l'islamisation (?). La réalité prouve pourtant le contraire. Les Noirs sont simplement des hommes comme les autres. Que l'Afrique soit en retard sur le plan du développement économique répond à un ordre normal du réel. Aberration, mensonge, non sens, horrible imposture! Elle s'emberlificote tellement dans ce sort imposé qu'elle ne fait rien pour s'en sortir. La pauvreté n'est pas notre identité, elle est une situation temporaire que nous pouvons vaincre par nous-mêmes. Nous n'osons rien, parce qu'on nous a dit, montré, répété et convaincu que nous sommes pauvres et que cela est inscrit dans notre destin. La pauvreté matérielle ne relève pas de l'être mais de l'avoir, du matériel. Il est temps que cette prétendue malédiction soit débusquée de l'esprit des Africains. Aucun être humain n'est né inférieur à l'autre dans l'ordre divin.     
2. Manipulation des leaders? L'attitude de nos leaders par rapport à cette situation est des plus ambiguës. Hier encore, je suivais une émission où des Américains soutenant Trump regrettaient que des milliards atterrissent dans des poches des dictateurs africains pendant que la pauvreté monte chez eux. Nos leaders sont malheureusement plus préoccupées de leur "survie politique" que du bien-être social et économique de leurs sujets. C'est cela le vrai problème. L'essentiel du budget va à leurs services d'armée, de police, de sécurité plutôt qu'à la santé ou à la scolarisation des enfants. Leurs conseillers intérieurs et extérieurs, mus par l'intérêt, les maintiennent constamment dans ces illusions. Ils se comptent sur les bouts de doigts les leaders africains qui peuvent se targuer d'avoir amélioré le bien-être de leurs sujets et accompli de progrès réels. La distribution de l'eau et de l'électricité demeure irrésolue. Leur bilan se mesure en nombre d'abus de droits de l'homme, des milliards détournés par eux et les apparatchiks, des victimes innocentes tuées pour avoir simplement revendiqué un mieux-vivre, d'emprisonnés à vie... plutôt qu'en nombre d'écoles, de routes, de services, d'infrastructures sociales, hospitalières, ou en accroissement de l'indice de développement. Le pire, c'est que ces intouchables se pavanent dans leur autoritarisme et se font craindre, adorer comme des dieux-sauveurs de leurs peuples.    
3. Aliénation? Au regard de ce qui se passe, il y a lieu de nous dire aliénés. Le bien vient d'ailleurs. L'autre est mieux que nous. Nous Africains fonctionnons selon le jugement et la direction de l'autre. Ce que nous voulons ne compte que dans la mesure où cela satisfait le désir de l'autre. Incapables d'initiatives originales, nous copions nos maîtres colonisateurs. Nous jouons le jeu de l'autre. Le cas de la démocratie est des plus révélateurs. Résignés, nous cédons à l'ordre imposé par l'histoire sans oser y opposer notre vouloir.
L'erreur fatale des Africains c'est de rester incrustés dans le schéma colonial et de se juger à travers les paramètres de l'Occident. Or le monde tel qu'il est fonctionne sous l'ordre politique et économique de ces anciens maîtres. Il est clair que tout individu qui ose toucher à cet ordre-là est à éliminer par tous les moyens, souvent avec la complicité de leurs propres compatriote. Malcolm X, Lumumba ou Sankara appartiennent à cette catégorie de personnes. 
Les Africains doivent s'assumer, prendre leur destin en main et ne plus vivre des miettes qui tombent des tables de leurs exploiteurs de jadis et d'aujourd'hui. Ils doivent mieux gérer leurs ressources naturelles et minérales pour leur propre bien, plutôt que de lier des alliances suicidaires avec des multinationales et des sociétés maffieuses qui tirent un profit énorme. Les millionnaires et milliardaires qui nous gouvernent doivent avoir honte de leurs richesses tirées du sang de leurs frères et sœurs. Shame on you who betray your sacred blood!

26 janv. 2017

C'est la semain de l'amitié

A peine je viens de publier ma réflexion, que j'apprends par un  message sur Whatsapp que c'est la semaine de l'amitié. Qui a commencé quand? Qui finira quand? Je n'en sais rien. Disons le jeudi prochain. Pour une coïncidence, c'en est vraiment une. La première idée qui m'est venue était d'ajouter cette information à l'article précédent, mais elle en aurait changé la structure initiale. Le message au titre de "Certificat d'amitié!" circule en ligne avec obligation de le transférer à d'autres amis, en ces termes:
"Envoie cette phrase à ceux qui méritent d'être serrés dans tes bras et aux gens que tu n'oublieras jamais, et souviens-toi de la faire retourner à la personne qui te l'a envoyée s'il le mérite également. Si tu n'envoies (pas) cette phrase à personne, cela signifie que tu as oubliés tes amis."
Voilà un vœu d'amitié imposé par cette circulaire anonyme du genre "chaîne de St Antoine." Allez-y voir. Sans le vouloir vraiment, ce faisant, j'obéis à cet ordre de Whatsapp plus pour prouver ma réflexion que pour en tirer des bénéfices inavoués, encore moins du bonheur. Car, par principe, je ne réagis jamais à ces genres de messages. Mes lectrices et lecteurs sont mes amis. Bonne semaine de l'amitié!

A chacun sa notion de l'amitié

Le temps tue. Le temps est assassin. La mort est son œuvre. S'il est une chose qu'elle ne peut tuer, c'est l'amitié. Discutable. Prenez cela comme vous voulez. Dans le vieil âge, on sait énumérer les amis ou les amies, j'entends les vrais, qu'on a eus à travers le temps. Ce sont les copains de jeu ou d'école, les compagnons du quartier ou d'âge, ou encore les camarades d'activités religieuses ou culturelles. Et le temps joue un rôle pour construire et défaire l'amitié.
L'autre jour, j'ai rencontré une dame qui, ayant appris que j'étais congolais, m'a révélé un de ses secrets de jeunesse. Elle aurait rencontré à Londres un ami congolais, disons boyfriend, du nom de Somo dont elle garde des souvenirs inoubliables. "Qu'il était si beau, si tendre et si généreux. Il m'offrait de jolis bouquets de fleurs et des bijoux. Il m'a initiée à la belle musique du Congo: ces danses qui engagent le corps comme seuls les Africains le font. (sic), Etc." J'ai alors osé lui demander le nom du gars, car l'enthousiasme qu'elle mêlait à cette évocation semblait très fort. "Ah, you know... Me with African names. I do not remember his name, but Somo was and is still my best friend. I mean the best I have ever had." Alors là, je me suis dit: chacun a sa définition de l'amitié. Laissez-moi entrer un peu plus en profondeur.
Cette dame se souvient du physique et des qualités de son ami congolais, mais n'a jamais pris la peine de retenir son nom parce que les noms africains sont compliqués pour les Occidentaux. Je maintiens "occidentaux", parce que les gens de ces îles se prennent pour des Occidentaux, tout en reconnaissant du bout des lèvres leur origine africaine. Un stéréotype qui sert de réflexe discriminatoire. J'aurais un ami chinois que j'apprendrais intégralement son nom au nom de cette amitié. Je me souviens de mes amis Charles Maria Pragasam ou Thakotatill, etc. Elle a retenu les biens et la tendresse dont elle a bénéficié d'un être dont elle s'est complètement foutue de savoir l'identité, simplement parce qu'il était Africain. Elle a à son honneur d'avoir retenu son sobriquet et d'avoir reconnu celui qu'elle a connu Zaïrois est Congolais aujourd'hui. Bref, une amitié de Londres, limitée et éteinte à Londres. 
Le deuxième cas est celui que je conteste le plus. Il y ami et ami. Parmi les immigrés se tissent des relations très fortes entre des individus, qui souvent tournent autour de ce qui pourrait s'appeler la solidarité ou le soutien mutuel. "Wana pire ngai!" "Vieux, moto ou masta na ngai." Ces amitiés surgies d'une communauté de risques et d'humiliations subies à l'étranger trouvent des revers terribles au pays lorsque des "intérêts commerciaux" s'y mêlent. Des individus ont vu leurs biens dilapider par des malfrats au nom de ces genres de liens. Je suis souvent étonné de m'entendre attribuer un ami qui n'a jamais fait partie de mon cercle. Que quelqu'un que je rencontre au hasard d'un concours de circonstances, que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve, prenne ma confiance à 100% relève en quelque d'une relative naïveté. Une amitié doit subir l'épreuve du temps pour se confirmer, durer et s'établir.
"Celui-là ne peut jamais me trahir. Il est mon alter ego". Un alter ego inconnu dans l'enfance, inconnu à l'école, mais seulement rencontré comme réfugié ou requérant d'asile à l'étranger. Un alter ego, inconnu auparavant, dont la griffe familiale ouvre des portes inattendues au pays: fils de..., fille de... La course aux honneurs et aux avantages liés à cette proximité peut inspirer des relations d'amitié, que dis-je, d'intérêts sous le couvert de l'amitié. L'amitié, la vraie, ne s'achète pas à coup de billets ni d'oiseuses flatteries, et rien ne saurait la tuer. Pas même le temps. Encore moins la mort. Dixi.


25 janv. 2017

Abbé Placide Pulushi in memoriam

25 janvier, 3h15. Je vois une photo de Placide que je reconnais immédiatement publiée sur Facebook par Evariste Pini-Pini. Et je lis le douloureux message qui l'accompagne. L'abbé Pulushi est mort hier à Kinshasa. Paix à son âme!
J'ai connu Placide Pulushi Gaphugi au grand séminaire de Mayidi en octobre 1976 alors qu'il commençait sa formation philosophique. Il me suivait d'une année. Un gars calme, posé, genre retiré et réservé, mais chaleureux une fois qu'on l'approche. Solide spirituellement, intelligent et serviable, Placide était de bonne compagnie. C'est lui qui m'a appris que l'eau s'appelait "mamba" en indoubil (Indu-Bill), une langue jadis utilisée par les jeunes en marge de la société.  J'ai retenu cette anecdote parce que pour moi "mamba" n'avait rien à voir avec cette langue forgée de tournures déroutantes à souhait. Remarquable par sa chevelure bien stylisée, Placide était un footballeur particulier: disposant d'une coriace masse physique, il courait très vite et produisait des feintes inimitables. Certains amis l'appelaient Munganji à l'époque. Un bon copain quoi!
Après son ordination en 1984 comme prêtre d'Idiofa, je l'ai revu du temps où il dirigeait le service du développement. L'une ou l'autre fois à Kenge, Kikwit et Kinshasa. Les échos disaient de lui un travailleur assidu et un organisateur efficace et responsable. Je dois avouer avoir reçu relativement peu de nouvelles le concernant à travers nos amis communs. Ce prêtre discret a servi l'église de Dieu à la mesure de ses talents et dons. Que le Seigneur lui accorde la couronne de ses élus!
Je m'unis volontiers à la douleur de sa famille biologique et spirituelle. Placide, kwenda mbote na bwala na Mfumu Nzambi. Amen!

24 janv. 2017

RDC - Togo: 3-1

January 24. J'ai suivi la deuxième période. La RDC menait déjà par 1-0 lorsque j'ai obtenu quelque chose sur "www.sangoyacongo.com". Les images n'étaient pas bonnes mais j'ai l'essentiel de la période. J'ai donc assisté aux trois derniers goals de la rencontre. Décidément, les Léopards sont bien partis. Ils sont forts physiquement, bien  rôdés techniquement. La gestion des rencontres qui viennent s'avère difficile, car l'élimination à ce niveau du tournoi est directe. J'étais relativement sceptique après avoir suivi les commentaires du match contre le Maroc et du match nul contre la Côte d'Ivoire. Maintenant que je viens de voir les images de mes propres yeux, j'estime que cette équipe est solide,  qu'elle joue bien et pourra aller loin. Mais attention à l'excès de confiance!

Une semaine différente

En principe, c'est le début des cours. Si la première semaine a été consacrée à la prise de contact et à la mise en ordre des cours, dans la deuxième on entre dans petit à petit dans le corps des matières. Seulement voilà. Le docteur a décidé que je prenne quelques jours de repos. Et quand on dit repos, c'est repos. Pas de travail ni d'activités fatiguantes. J'ai demandé aux étudiants de travailler par eux et utilisant le syllabus que j'ai mis en ligne.
Et mon pote de s'exclamer: "C'est pas facile de prendre du repos."

22 janv. 2017

La santé chez nous

Plusieurs événements récents m'amènent à dire un mot sur la situation sanitaire chez nous. Dans mon article sur mon propre passage dans un service d'urgence médicale ici à Holetown, j'ai indiqué que la stagiaire qui m'a reçu était formée derrière mon bureau. Une façon d'indiquer sa jeunesse et son inexpérience. Quoique je n'aie fait ce chemin que pour obtenir du voltarène que j'aurais pu toutefois me procurer sans son onéreuse prescription, j'assume qu'elle a rempli son devoir professionnel avec une certaine compétence. A aucun moment je me suis senti mal traité, loin de là. J'ai fini sa cure mais le mal continue. Je vais donc suivre des examens plus approfondis.
Lorsque nous avons appris la mort avant-hier de ma belle-soeur, le problème de la santé dans notre pays m'est remonté à l'esprit. Une opération d'appendicite peut certes causer la mort, mais il faudrait quand même retenir que c'est une opération généralement maîtrisée dans beaucoup de pays avancés. Ce qui n'empêche que des complications puissent survenir. Dans le cas de ma belle-soeur, il est clair qu'elle a été libérée trop tôt de l'hôpital qui n'a même pas attendu qu'elle fasse "les gaz", comme on dit. De l'avoir renvoyée à la maison sans achever le processus du réveil relève d'une négligence criminelle. Malheureusement, il y a beaucoup de tels cas qui se répètent dans nos hôpitaux. De là à invoquer le "kindoki" comme cause du malheur, le pas est vite franchi par certains esprits superstitieux. Je n'invente rien, une amie avec qui j'ai parlé de ce cas a tout de suite évoqué la sorcellerie. Allez-y voir.
Il y a presque une année, mon oncle maternel Ngoy m'a téléphoné pour demander de l'aide afin qu'il puisse se faire opérer d'une hernie. L'opération était prévue pour le mercredi qui suivait, on était vendredi ou samedi de la semaine précédente. Il m'a dit que le médecin passerait au village, opérerait tous les cas, et repartirait pour le village voisin. Je l'ai interrompu: "Dans quelques conditions opère-t-il? Y a-t-il un suivi médical en cas de complication?" Il m'a répondu: "Il est équipé. C'est un médecin qui va de village à village pour des opérations, évitant ainsi aux malades de faire le long et coûteux trajet qui mène à Kenge ou Mosango, Bonga, etc. C'est pour cela qu'il ne faudrait pas que je rate cette occasion. Si j'avais l'argent, il m'aurait opéré il y a deux semaines." Après lui avoir promis de l'aide, l'idée m'est venue de l'envoyer se faire soigner plutôt à Kinshasa. J'ai demandé à son cousin Noko Célio de le convaincre et de faciliter le déplacement. Une fois à Kinshasa, les examens radiographiques n'ont révélé aucune trace de hernie. Les médecins se sont contentés de lui prescrire des anti-inflammatoires et des calmants. Voilà quelqu'un qu'un charlatan de médecin aurait cruellement "charcuté" sur son autel du crime pour une maladie qu'il n'avait pas. 
Les médecins - en général des infirmiers qui ont longtemps assisté des chirurgiens au cours des opérations - sont nombreux qui sillonnent des villages reculés pour se faire de l'argent au mépris de la déontologie médicale. Profession: médecin ambulant. On m'a donné le nom d'un que je connais. Un parent par ailleurs. Des villageois, non suivis par les instances médicales officielles, sont les victimes privilégiées de ces charognards sans vergogne. Les zones médicales sont trop centralisées et peu équipées en staff et matériels pour couvrir tous les coins du pays. Et la situation sanitaire est de ce fait catastrophique. Des milliers de nos frères et soeurs compatriotes meurent de suite soit du manque de traitements, soit du manque de médicaments, soit de la voracité cupide d'infirmiers ou médecins inciviques et incompétents. Un vétérinaire devient vite médecin humain dans nos contrées. Si dans les villes règne encore, malgré l'existence de grands centres hospitaliers modernes, une précarité médicale, imaginez combien nos villages les plus reculés sont abandonnés à eux-mêmes. Quelque chose doit être fait, car la vie est sacrée. La vie de chaque citoyen est sacrée. Les autorités ont le devoir de contrôler tous les praticiens de la médecine, d'équiper la santé de ressources humaines et matérielles adéquates et suffisantes. Il en va de la vie de la population. Pour moi, la santé doit être gratuite pour tous.

21 janv. 2017

Donald Trump Président

Hier le 20 janvier 2017, j'ai partiellement suivi la prestation de serment du Président américain. Partiellement parce que des impératifs liés à ma profession et à mes engagements sociaux ne m'ont pas permis de suivre toute la cérémonie. Belle et grandiose célébration, comme seuls les Américains savent en organiser, pour un président atypique qui bouscule les traditions, mais s'engage désormais du "côté du peuple" laissé, selon lui, pour compte par l'administration de Washington. Un de ses fans commentant ses attitudes m'a dit qu'il aime chez lui le fait qu'il dit du tic au tac ce qui lui passe par la tête sans se soucier de s'excuser si jamais il blesse certaines sensibilités. C'est, selon lui, pour cela que les Américains l'ont élu.
Nous qui avons un certain âge et qui suivons ces élections depuis plus de quarante ans, observons avec lucidité le clivage que prennent les élections présidentielles américaines. Chaque élection émet un message fort. Les démocrates échouent toujours à se faire par des démocrates. Les républicains y réussissent mieux que les démocrates. La politique des démocrates est souvent jugée faible, tolérante voire humanitaire, c'est-à-dire contraire à l'idée d'une Amérique forte, républicaine et impérialiste. Le cas le plus dramatique aura dans ce sens été l'échec du président Carter balayé par la prise des otages américains en Iran. Les républicains se sont toujours montrés plus rusés et adroits dans le jeu électoral. Du scandale de Watergate jusqu'aux Wikileaks des emails de Clinton, en passant par l'élection disputée de Bush Jr, la filiation est solide. Chaque élection porte un message clair du peuple américain. Les Bush avaient leur "guerre" contre Hussein. Clinton a laissé l'Amérique obtenir des bonus économiques alors qu'Obama, issu de la minorité afro-américaine, s'est préoccupé du social. Chaque président reçoit en quelque sorte une mission du peuple américain.
Et Trump vint. Première décision: geler l'Obamacare. Combattant agressif, le miliardaire de New York va gérer le pays sur le modèle de son business. Personnage ultra conservateur du capitalisme, il s'entoure d'une administration républicaine et financière. La première chose est d'effacer toutes les traces de son prédécesseur. La réalisation qui porte le nom d'Obama est démantelée, effacée du réseau de communication. Peu importent les conséquences socialement néfastes de cette décision: il va s'atteler à la remplace par autre chose. Dieu seul quoi pour le moment. Time for action, comme il l'a si bien dit dans son discours inaugural.
Et Trump vint. L'Amérique s'éveille désormais à d'autres réalités. Make America strong again. Voilà le programme de l'actuel locataire de la Maison Blanche! Une Amérique forte, puissante militairement et économiquement. Tel est le pari. Révision totale de tous les accords pris par les prédécesseurs. Retour aux intérêts américains, quitte à affronter les Chinois, les Russes, les Mexicains sur différents terrains. Le défi est lancé. Everything starts now, right now! Le monde entier retient son souffle. Pessimistes et optimistes y ont leur compte. Les femmes ont commencé leur mouvement dès aujourd'hui. Hier déjà, la Police a eu à contenir des protestataires anti-Trump, pas très loin du Capitole. Que nous réserve Mr Donald Trump? Que sera l'Amérique dans quatre ans? La réalité de la politique prendra-t-elle le dessus sur les slogans électoraux? Attendons, observons, réfléchissons! Best wishes Mr. President!

Adieu Wallo, paix à ton âme!

21 janvier 2017. Ce matin nous est arrivée la nouvelle du décès ce jour à Bandundu de Jeanne Mosimi de suite d'une opération d'appendicite. Incroyable! L'hôpital l'aurait libérée alors même que la procédure de réanimation n'était pas complètement achevée. Arrivée à la maison, elle a eu des malaises. Qu'une patiente meure d'une maladie maîtrisée ailleurs donne la mesure de l'état lamentable des services de santé dans notre pays. Soit! Que son âme repose en paix!
Ma belle-soeur Wallo, comme nous l’appelions affectueusement, laisse derrière elle un mari et un enfant. Je garde d'elle le souvenir d'une femme très serviable, accueillante et généreuse. Elle nous a énormément aidés lors de notre séjour à Bandundu en juillet 2003. Avec Bena, Wallo s'est particulièrement bien occupée du patriarche Mosimi, avant que celui-ci ne soit transféré à Kinshasa. Toute la famille unie de cœur et en esprit en ce moment si douloureux prie pour le repos de son âme!
Kwenda mbote Wallo!

La leçon de la Gambie

Vingt-deux ans de pouvoir à la tête de la Gambie n'étaient pas suffisants pour ce sinistre despote qui n'a pas une seule fois cru à la force des urnes.
1. La diplomatie et la CEDEAO. La pression politique, la diplomatie et la menace d'une intervention militaire sont venues à bout d'un tyran qui traitait son peuple comme ses esclaves et qui se croyait éternel. Pour une fois, l'Afrique de l'Ouest a parlé d'une seule voix. Le scénario idéal a joué en faveur du peuple. Les présidents voisins ont pesé de tout leur poids pour que la situation se décante en défaveur du récalcitrant et sanguinaire général. Le président élu a été unanimement soutenu aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur. Le départ forcé en exil de Yahya Jammeh est le résultat d'une dynamique de tous ces éléments. J'ai été surpris de l'entendre évoquer l'intérêt suprême du peuple pour justifier son renversement. J'aurais attendu un message du genre: "Le peuple a décidé. Je me soumets au verdict des urnes." L'essentiel est fait. Il part, bon gré mal gré. Il est parti par la petite porte. Alors qu'il aurait été respecté s'il avait facilité l'alternance politique.
2. La détermination d'un peuple. Un peuple uni et déterminé peut vaincre n'importe quel obstacle sur son chemin. Un dictateur, si puissant et rusé fut-il, finit mal ses jours sur le tremplin présidentiel qu'il transformerait volontiers en trône si l'occasion lui était donnée. L'empereur Bokassa n'a jamais fini de faire des émules parmi les apprentis-sorciers de la politique africaine. Le peuple gambien a décidé, les résultats n'ont pas été truqués, le président élu a prêté serment. Même l'armée qui est souvent le dernier recours a cédé à la pression populaire pour se mettre du côté du peuple. Le glas a sonné pour l'illustre autocrate, le reste n'était plus qu'une question d'heures. Vive l'exil, car il serait un sujet très encombrant pour son successeur. Du moins dans l'immédiat!
3. La crédibilité et l'intégrité d'un président. En Afrique, la démocratie n'est en général qu'un système d'acquisition du pouvoir en faux, un prétexte comme disait un comédien ivoirien: "En Afrique, on connaît les résultats avant même l'élection présidentielle." La personnalité individuelle du leader compte beaucoup dans la jeu démocratique d'un pays. En Egypte, ce sont toujours des militaires ou presque qui deviennent présidents. Les militaires ont une façon propre, brutale, d'imposer l'ordre. Morsi a été très vite évincé et n'a jamais fini son mandat. J'étais estomaqué de lire l'autre jour que Yayah Jammeh "aurait" éliminé physiquement ou fait disparaître son propre frère et sa propre sœur à la suite de conflits familiaux internes. Il n'aurait pas supporté leur ascendant dans le cercle de la famille. S'il a tué ses propres frangins, combien vaudrait a fortiori pour lui le corps d'un individu qui n'a pas de lien sanguin avec lui. Quelle leçon morale un fratricide pourrait-il donner à son peuple sinon celle du crime, de la violence et de l'imposture?
4. La crainte des poursuites judiciaires. Ces présidents craignent souvent pour leurs vies à cause d'innombrables crimes physiques, corporels, économiques ou financiers qui entachent leurs régimes. Ils craignent d'être poursuivis une fois qu'ils perdent leur immunité présidentielle. D'où ils tiennent à garder les rênes jusqu'à la fin de leur vie. Quand ils sont sommés de quitter le pouvoir, ils exigent des garanties pour la sécurité de leur personne et leurs biens, pour celle de leurs proches collaborateurs civils et militaires. La CPI aussi les épie et attend qu'ils quittent la présidence. Plus qu'un individu, le président africain est un système à intérêts complexes. Il noue et entretient d'étroites relations avec des milieux mafieux de la finance, des multinationales, des magnats... certains contrôlent des trafics des drogues et des matières premières, blanchissant l'argent grâce à des sociétés à écran ou offshore. Les inextricables fils de leurs "empires" sont souvent impossibles à dégainer. Toujours est-ils que la plupart d'entre eux accumulent, intouchables, d'immenses fortunes dont l'origine est impossible à justifier par leurs seules redevances présidentielles. Politique, politique? Mani pulite!
Y a-t-il un rapport avec la Gambie? Je ne sais pas, mais ce sont ces réflexions que m'inspire cet épisode de l'histoire gambienne qui se tourne. Je m'arrête pour aujourd'hui. 


19 janv. 2017

Démocratie en Gambie

Que de suspens! 22 ans ont fait que Monsieur le Président a tellement pris goût au pouvoir qu'il a tenté tout pour y rester même après avoir été lamentablement battu aux élections. Inconcevable ailleurs mais scénario possible en Afrique. Un véritable clown se jouant de l'esprit de ses compatriotes. Contestation des résultats suivie d'un recours à la Cour constitutionnelle acquise a sa cause mais incapable de tirer les choses au clair. Proclamation de l'état d'urgence. Tout a été mis en œuvre pour empêcher la prestation de serment du Président issu des urnes. Des pressions ont été exercées à tous les niveaux - militaire, diplomatique, politique - pour amener cet autocrate invétéré à céder le pouvoir. Devrait-on vraiment en arriver là pour obtenir l'alternance voulue par le souverain primaire? Seule la folie de grandeur peut justifier de tels comportements insensés. Vouloir s'éterniser au pouvoir comme s'il n'existait aucune autre activité  qui soit louable relève d'un exécrable machiavélisme. Imposer de force sa volonté sur le sort d'un pays démontre la flagrante inadéquation de notre continent au système  démocratique moderne. Nos dictateurs qui, dans le but de garder le pouvoir, changent les constitutions de leurs pays, qui neutralisent, intimident et terrorisent leurs concitoyens par leurs appareils de sécurité ou de police, donnent une image ridicule de notre continent. Qu'importe pour eux?

18 janv. 2017

"C'est papa qui est la maman maintenant"

Ce soir s'est passé un accident dans notre cuisine: Clavère Maman s'est blessée à l'annulaire gauche. Elle essayait du poisson afin de le frire. Le sang a coulé abondamment. On a mis un garot et des compresses pour arrêter l'écoulement du sang. Le rythme de notre vie a changé en un tour de main. Beaucoup d'émotion et de convivialité familiales. Papa et enfants ont soutenu chacun à sa façon la Maman de la maison. Pendant ce temps, j'ai préparé la nourriture pour le souper. J'ai nourri les jumeaux qui, d'ailleurs, s'attendaient plutôt à sortir pour qu'on aille au centre hospitalier Sunset Crest. Comme c'était le cas pour moi dimanche dernier. Nous y avons renoncé car nous avons des compresses et des médicaments de première nécessité. Le temps de finir leurs devoirs... puis Claver Jr est allé au lit. Il dort tôt et se réveille tôt, contrairement à sa soeur que parfois nous forçons à dormir. On dirait que c'est une habitude de l'ordre du "genre". J'en ai profité pour repasser les uniformes qu'ils mettront le lendemain. Lorsque Mama Mapasa est allée chercher les habits de Chrystelle, celle-ci lui a dit cette surprenante phrase: " Ah c'est papa qui fait la maman maintenant." Comme quoi les enfants observent et savent exactement quoi attendre et de qui. Je devrais peut-être effectuer un peu plus de travaux domestiques que je ne le fais.

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`Bonne fête d'anniversaire à Séraphin

18 janvier 2017. Depuis mon lit de malade ou presque, je souhaite une fête d'anniversaire à Séraphin Kiosi. Comme chaque année, je ne manque pas à la tradition.Cette fois, permettez que je vous serve une anecdote dont moi seul ai le secret.
Dimanche passé, je me suis senti très mal. Je me suis présenté à un service hospitalier d'urgence tout proche de mon domicile, c'est-à-dire dix-quinze minutes de voiture. Vite reçu et vite libéré par la doctoresse de garde, juste avec une prescription de voltarène pour cinq jours. Dès mon retour à la maison, j'ai  informé mon pote de sorcier via Imo. C'est important de recourir à un sorcier dans notre noble tradition africaine.
- Voltarène en suppo?
- Non, en pomade.  D'ailleurs Clavère s'est étonnée qu'il n'y ait eu aucun calmant à ingurgiter.
- Etait-ce un jeune médecin?
- Oui, une jeune Dr. H. qui ne doit pas avoir plus de trois ans d'expérience. Une de celles que nous formons derrière mon bureau.
- Effectivement, il ne faut jamais tomber malade le dimanche car on met des stagiaires au service de garde. 
- Et celle-là était du genre "kipati kia biodi"?
- C'est encore que tu me sors là?
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas toi aussi?
- Voyons "kipati" OK. "Kia biodi"? Voyons, quand il pleut beaucoup.
- Exactement, que je dis. Maman me faisait rire à l'époque avec cette expression. Elle prétendait que les gens qui allaient se former à la MC Kingungi (diocèse de Kikwit) faisaient la "kalasi dia kipati kia biodi". Que l'on s'étonnait de le voir vite formés et très vite à l'oeuvre comme enseignants dans les écoles primaires.  Les vrais enseignants étaient formés à Kikwit ou ailleurs.
- Voilà une belle expression que je dois noter pour ne pas l'oublier.
(Rires interminables)
D'être allé au service hospitalier m'a rassuré de la non-gravité de mon cas. Tant mieux pour moi, car ce que j'ai lu en ligne m'a beaucoup boulversé. Merci à la jeune doctoresse. D'autre part, j'ai eu l'occasion d'étaler mon savoir de la sagesse suku à un "mono kaka po pana."
Joyeux Anniversaire, Kamvinda Vwanga! Que le Tout-Puissant te bénisse et te garde en bonne santé.

14 janv. 2017

1400 articles publiés à ce jour sur ce blog

Cet article est le mille quatre centième article publié sur ce blog depuis septembre 2009. Quel bilan dois-je dresser de cette activité d'écriture qui suit le clivage de ma vie et de ses vicissitudes? A chaud sans trop y réfléchir je dirais ce qui suit.
1. Un blog irrégulièrement régulier. Je n'ai pas d'horaire ni de plan de publication. Ce n'est pas un blog professionnel, mais personnel et individuel. J'écris quand et comme je veux. J'écris ce que je veux. Je ne m'aligne que sur ma probité personnelle, au gré de mes humeurs et envies. Il arrive des mois où je publie dix articles, d'autres vingt, jamais plus de trente. C'est régulièrement irrégulier. Un article que vous lisez une fois change au bout de quelques heures, car je les compose et publie directement sur la toile. Sans les réviser ni en réajuster la syntaxe. Mille excuses aux lecteurs et lectrices pour les coquilles qui se glissent inévitablement à la première diffusion.
2. Un blog touche-à-tout. Je privilégie l'aspect de liberté à analyser tout ce qui se passe autour de moi. Politique, religion, race, éthique, culture, langue, cinéma, opinions, sports, réflexion sur la vie pratique, témoignage, expériences vécues ou imaginées font l'essentiel de mes prises de position sur ce blog. Je récupère des articles d'autres auteurs en prenant le soin de mentionner la source. J'y diffuse aussi des propositions d'interventions à des conférences locales, régionales et internationales. Il ne s'aligne sur aucune idéologie politique, ni philosophique ni morale. Il est simplement littéraire. Et les positions que j'y défends n'engagent que moi, quoique je respecte l'opinion des autres. Lorsque je soutiens par exemple que la démocratie n'est pas faite pour les Africains, l'idée sous-jacente est de stimuler une réflexion sur la vraie pratique démocratique, de trouver des moyens pour que l'Afrique sorte de ce bourbier dans lequel elle s'enlise. Que la démocratie soit meurtrière en Afrique se démontre à chaque tournant de l'histoire. En littéraire averti, je prétends en lire les scénarios. Un exercice de style et de pratique d'écriture pour l'enseignant de littérature que je prétend être dans le strict respect des autres.
3. Un blog plein d'éloges funèbres. "Les morts font partie de ma vie" "la mort fait partie de ma vie" depuis la mort de ma soeur Louise d'heureuse mémoire en juillet 94. Elle me hante, car longtemps je l'avais crue réservée aux autres. Elle m'a touché et ne me quitte plus. Je vis avec. J'aurais égalé Bossuet si j'en avais le talent. Je parle des personnes mortes proches, amies ou lointaines dès que je ressens le besoin. Une façon privilégiée pour moi de leur rendre hommage! Une occasion privilégiée d'exprimer ma reconnaissance à de nombreuses âmes généreuses qui m'ont tant donné sans que je leur rende le centième de leur don. Mes éloges portent toujours une touche personnelle: ma relation au défunt ou à la défunte, le souvenir que je garde de lui ou d'elle, le bien reçu. Et même le choix de la langue - français, anglais, italien, allemand, kikongo, kisuku, lingala - est dicté par ce besoin inéluctable de communiquer de façon juste et directe. Certaines personnalités vues ou inconnues que j'estime bonnes de figurer dans mon panthéon sont honorées au même titre.
5. Un blog autobiographique. En écrivant ce blog, je raconte ma vie; je combats une surnoise timidité qui a longtemps étranglé des talents que je n'ai pas pu développer. Même Séraphin Kiosi ne croit pas que j'étais timide. Je prétends ne plus l'être, mais ce caractère refait surface lorsque je prends la parole en public. J'ai par exemple composé des chants liturgiques que je n'ai jamais diffusés... j'étais relativement bon en musique dans mes années de jeunesse. J'aime parler des gens, de mes anciens formateurs et condisciples, de mes collègues. Diffuser ce blog constitue pour moi un moment "sacré" de libérer ma pensée et ma parole, d'exprimer mon avis sur tout ce qui se déroule autour de moi. Une sorte de surestimation et de surcompensation en quelque sorte. En fait, le sujet de ce blog c'est moi, comme aurait écrit Montaigne. Retenez cependant qu'entre moi écrivaint et moi vivant, il y a un écart essentiel. Et cet écart relève de l'imaginaire littéraire. "Tala ku tseki, tala ku mamba", "Ku thuki kiana, ku yakwenda mu belabela", un clin d'oeil à la confrérie du terroir. Voilà Bella-Bella recontextualisé! Mi-figue mi-manioc.
Merci donc à vous lectrices et lecteurs, merci aux amis et amies qui me font des remarques et parfois, à leur honneur, expriment des avis opposés aux miens. Bonne année 2017.

"Tala ku tseki, tala ku mamba"

Voilà un adage très souvent utilisé dans les émissions-vidéos de notre compatriote, Fabien Kusuanika. Tout spectateur ou auditeur régulier de TV Tshangu connaît cette phrase pour l'avoir entendue plusieurs fois. "Tala na nseke, tala na masa" ou encore "Tala na zamba, tala na mayi". Tradutore traditore. "Tala ku tseki tala ku mamba" est intraduisible. Expression typique du terroir, elle garde son essence sapientielle intacte car elle exprime une sagesse séculaire vécue par le peuple suku. Et chaque fois que le journaliste F Kusuanika dans ses interventions en frangala, cet apophtegme demeure magique, pertinent et instructif.
Appel à la prudence, au jugement critique, à l'évaluation équilibrée. Le journaliste opère en conformité avec un patrimoine culturel bien déterminé. Cet adage que tout locuteur suku-yaka-kongo comprend aisément rappelle l'histoire et la vie sociales de leur peuple, les migrations guerrières, les chasses aux lions ou buffles. Avez-vous déjà entendu parler d'un chasseur de fauves qui se pétrifie ou s'arbrifie à l'approche du fauve blessé de ses flèches ou balles? Kusuanika dit ne jamais traiter d'un sujet ou d'une information dont il ne détienne les preuves. A son honneur si cela se révèle vrai!
Vision, sens d'avenir, retour en arrière, passé et présent, vision globale, aperçu exhaustif, pré-vision, sagesse futuriste, considération objective, etc. sont contenus dans cette parémie qui retrace si bien le paysage géographique de nos peuples: un peuple se définit par ses terres et ses eaux (forêts, montagnes). Références incontournables d'identité!
"Bongolo meso, mwene" dit-on de l'autre côté de la terre kongo. Autant de signes de sagesse qui appellent à l'intelligence de son univers et de son environnement, à l'analyse profonde des faits et dits des hommes. J'aime bien entendre ce genre de condensé moral et politique, cet appel à la lucidité critique. De ce point de vue, l'usage de l'interlangue frangalaise que prône notre compatriote, sans que je partage forcément tous ses points de vue, lui mérite respect et honneur. Le mélange de langues fait en quelque sorte partie de notre culture en mutation.
Poussant la réflexion sur un plan idéologique, il faudrait reconnaître dans ce précepte une prise de position très forte et sans ambiguïté. Tout en reniant le colonialisme linguistique, par l'usage du frangala, Kusuanika fait preuve de liberté d'esprit, d'autonomie intellectuelle et d'identité globale. En se situant sur le terrain du mixage pragmatique, il se définit en marge du discours assimilationniste et aliénant qui a longtemps empêché l'intellectuel africain de profiter de son propre patrimoine culturel. Il s'inscrit ainsi dans la tradition de la narration où le proverbe joue le rôle de catalyseur et de vecteur d'argumentation. Etc., etc, etc.  

13 janv. 2017

Une journée pas comme les autres

Vendredi 13 janvier 2016. Comme dit, la journée a presque réussi à tenir ses promesses. Contrairement à mes habitudes, j'ai décidé d'annuler ma séance de sports (marche, natation) à la plage de Brownes Beach après avoir déposé les enfants à leur école. La raison de ce changement était le fait que je devrais participer dès 10 à une réunion de délibération organisée par la faculté des lettres et de l'éducation. Il me fallait donc revoir la liste des résultats, notamment celle des étudiant(e)s dont j'assure l'accompagnement. Sur mon chemin vers l'université, je me suis arrêté à la banque pour encaisser les deux chèques commandés au nom des jumeaux. Opération impossible. Je suis retourné au Credit Union pour annuler lesdits chèques et en commander deux autres. Là j'ai constaté avec regret que Chrystelle a oublié sa glacière de nourriture dans le coffre de la voiture. Soit! Le temps de parcourir les listes et de me faire une idée exacte de la situation de mes protégé(e)s si je peux les appeler ainsi, je suis parti à la réunion. A la section des examens j'ai retiré des copies d'examen d'une université soeur, pour lequel je suis l'examinateur. La réunion de délibération était longue, intéressante et ennuyeuse comme toujours. C'était intéressant d'entendre les collègues défendre bec et ongles les cas de leurs poulains. Mais ennuyeux d'entendre les mêmes refrains sur notre responsabilité en tant qu'éducateurs et superviseurs des étudiants. Mais cela fait partie du métier, hélas. 
Le cas d'une étudiante, devenue fameuse par la force des choses, est revenu, attendu de plusieurs collègues. Cette étudiante trime à achever son travail de fin d'études pour diverses raisons qui s'enchaînent les unes après les autres: mise en disponibilité, changement de superviseurs, changement de sujet, complications interpersonnelles. Depuis le semestre dernier, j'ai accepté d'assurer son accompagnement, estimant qu'elle bénéficierait de mon expérience et s'en sortirait plus aisément. J'ai même accepté d'être le second modérateur quoique son sujet soit à l'opposé de mon domaine de recherche. Juste dans le but d'assister. Mal m'en prit? Que non! L'espoir est là qu'elle sera en mesure de terminer cette année, au grand soulagement de tous. Tel demeure le voeu car il n'y a aucune raison de la garder plus longtemps.
Après une heure de travail à mon bureau, je me suis rendu une seconde fois à la banque, mais il y avait un monde fou. Je ne serais pas arrivé à l'école des enfants avant 15 heures, si j'avais attendu. J'ai donc effectué l'opération par l'ATM, quitte à récupérer l'argent le lundi ou mardi. Au rond point qui se trouve à côté de la banque, j'aurais subi un accident si mes reflexes n'étaient pas bons. Un chauffard a failli me rentrer dedans. Ouf! M'est revenu à la tête le mythe du vendredi 13. Attention, man! La dernière scène se passe à la plage. D'habitude, les vendredis après l'école, j'amène les enfants à Brownes Beach. Aujourd'hui, impossible de nager. Drapeaux rouges! C'est Mukawa qui a remarqué cela le premier. La mer est déchaînée, des vagues très fortes la perturbent et la rendent complètement méchante. Elée serait en colère. 
Pour un vendredi 13, c'en était vraiment un. Et celui-ci n'a pas rompu avec la tradition. Une journée mi-figue mi-manioc. Du moins à mes yeux. 

12 janv. 2017

Vendredi 13 janvier

Le vendredi 13 d'un mois est perçu par beaucoup de personnes comme une date porte-malheur. Je n'y crois pas rationnellement, mais cela me gratte le méninge chaque fois que j'ai affaire à cette date. Mais, allez-y voir, en date du vendredi 13 décembre 2013, dans un train entre Anvers et Bruxelles, j'étais dépouillé de mon sac à dos de voyage. Passeport, argent, laptop, habits de rechange et autres bien précieux. Une montre Tissot. Et de l'argent dont je n'ai jamais révélé le montant tellement c'était bête de le mettre dans ce sac. Qui l'aurait cru? Eh bien, je lisais lorsque les malfrats ont commis leur inique forfait. Dites-moi que ce n'était qu'une malencontreuse coïncidence! Dites-moi encore que celþ n'arrive qu'aux autres! Ce vendredi, le deuxième de l'année, est 13. Que réserve-t-il? Je vous dirai quoi demain. Suis-je superstitieux? Je ne crois pas, mais je suis sensible à cette élucubration mythique.

8 janv. 2017

Le temps

Louis Lavelle affirmait que le passé, c'est l'avenir de l'avenir. L'écoulement du temps est tellement fluide qu'il oblige l'eau à couler en aval sans jamais revenir en amont. Il m'est arrivé très souvent d'ignorer le temps, surtout dans mes relations avec les plus jeunes. Lorsque j'étais au petit séminaire, des personnes de mon entourage immédiat m'appelait "Monsieur l'abbé", même du temps de l'authenticité de Mobutu. Pour se conformer à la loi portant sur le changement des noms, on parlait de "Citoyen abbé", "Révérend abbé" ou simplement "Abbé". Un de mes frères voyait en moi des traits du Père Everard Leferink qui fut notre broussard à Mutoni. Des gens voyaient déjà dans mes attitudes des traits de prélat. Avec mon entrée au grand séminaire, le titre se confirmait, cependant nos courriers portaient encore le titre de "Citoyen". Quant aux petits séminaristes, ils nous appelaient déjà "abbés". Le titre se colla davantage à ma personne après la vêture et lors de la régence à Kalonda en 78-79. Cette année-là aussi, j'appris l'expression de "Pieux Laïc" de la bouche de Mgr Biletsi, évêque d'Idiofa d'heureuse mémoire. 
Dans ma conscience, j'ai toujours eu conscience d'avoir brûlé des étapes, vu la vénération et le respect assignés à ce prestigieux titre. Des ouvriers jadis connus comme aînés s'inclinaient à mon passage. Mes proches parents et amis s'accommodaient aisément de cette appellation, causant une certaine distance dans nos relations. Que des complexes d'infériorité causées à des personnes à l'étalage de ce titre. Bien des années plus tard, sur une intervention suggérant qu'il finisse d'abord ses études avant d'être reconnu "Docteur", un cousin alors étudiant en médecine me fit remarquer: "Mais Yaya, nous t'appelions Monsieur l'abbé depuis que tu étais au CO." 
La semaine passée, j'ai eu le plaisir de saluer le Dr Zola Nlandu. Zola, c'est le fils de mon collègue et frère Prof. Nlandu Mamingi. Après les accolades, je me suis pressé de dire spontanément: "Dois-je aussi t'appeler Dr? T'appelle-t-on aussi Dr? Si je tombe malade, dois-je venir chez toi me faire consulter et soigner? Etc. " Bien sûr qu'on en a ri. Un ka-petit que j'ai vu grandir, aller à l'école primaire, le voilà médecin depuis deux ans déjà. Il est installé aujourd'hui aux Etats-Unis. En fait, j'ai voulu arrêter le temps au lieu de regarder le présent. Quoiqu'on en ait ri, cela traduit une attitude de beaucoup d'adultes vis-à-vis des plus jeunes, de leurs progénitures.
Il m'est arrivé de considérer mes anciens élèves comme tels alors qu'ils ont atteint des positions importantes dans la vie politique, religieuse ou sociale. Il m'est arrivé de me croire encore supérieur à des cadets que j'ai vus grandir alors que l'échelle sociale les a propulsés à des postes de responsabilité. Il m'arrive encore de reconsidérer mes frères et soeurs comme du temps où nous vivions encore sous le même toît familial. Je crois que cette attitude est due à ma culture traditionnelle qui voue un respect indiscutable aux "aînés", où le droit d'aînesse est reconnu comme un privilège inaliénable. Le "kimbutisime" comme aurait dit le philologue Charles Kapende, maître en symbiose de l'apothéose. Mais avec le temps; ces cadets, ces frères et soeurs, sont devenus époux et épouses, pères et mères de famille. En fait, tout se joue essentiellement dans ma tête. En fait, le temps change, le monde change, les individus changent également. Pour marquer ce changement de temps, j'aime répéter aux miens: "Nous sommes avec le temps devenus nous-mêmes nos propres pères et mères: aimons-nous, entraidons-nous."

6 janv. 2017

La course au pouvoir

Les Congolais des années 60 avaient créé cette expression historique de "course au pouvoir", immortalisée par les musiciens (Franco). Les scénarios qui se présentent sous nos yeux aujourd'hui en RDC rappellent, à plusieurs égards, bien des aspects de cette mémorable expression. 
Pour beaucoup de personnes, la fonction politique revient d'abord à s'assoeir à la mangeoire pour en tirer les dividendes pharaoniques qui y sont liées. C'est cet appât du gain vite gagné qui fait courir de milliers de personnes. Chacun voudrait obtenir un poste afin de bénéficier des privilèges dûs à ce rang. On s'enrichit en un tour de main; il paraît qu'on devient millionnaire trois mois après l'engagement. Pouvoir et argent riment ensemble. Autrement comment justifier cet engouement effreiné vers ces postes alors même que c'est pour un relatif temps de transition? L'Opposition comme la MP se déchire autour des postes ministériels, cette manne providentielle à laquelle n'ont accès que quelques individus triés par le système ou le régime en place. "Let him eat", nous sommes-nous amusés à dire avec mon collègue kényan, Prof. Ochieng'. Au nom de la politique, de la chose publique, on se sert avec une scandaleuse avidité. On se combat les uns les autres afin d'obtenir la meilleure part du gâteau. Course au pouvoir! C'est l'occasion ou jamais. Et les intérêts dans tout cela? On parle du peuple, on parle au nom du peuple, mais on ne s'occupe jamais de son sort. Pour preuve, que des morts anonymes sur l'autel des luttes politiques!
A y réfléchir d'un peu plus près, on note que les gens ont la mémoire courte ou bien qu'ils voient sans voir vraiment. La cohabitation politique d'un régime avec l'opposition tourne toujours à l'avantage du pouvoir. Les vieux dictateurs Bongo, Mobutu, Eyadema, Houphouët Boigny, même Dos Santos, avaient de leur temps bien orchestré cette partition musicale pour se maintenir à la tête de leurs pays. Dans ce schéma défense, intérieur, finance, affaires étrangères reviennent de droit au pouvoir. L'attrait des titres constitue une menace pour la stabilité politique d'un pays. Observez ce qui se passe depuis des années au Zimbabwe entre M. Mugabe et Tsvangarai. Alors que tout se joue contre lui, le vieux renard est toujours là arrogant et défiant, et il ne décrochera jamais. L'on se souviendra volontiers du débat présidentiel entre MM. François Mitterrand et Jacques Chirac: pendant ce débat, le président appelait M. Chirac "Monsieur le Premier Ministre" tandis que le PM évitait d'utiliser le titre de Président pour s'adresser à M. Mitterrand. Logique de propagande oblige.
La course au pouvoir relève d'une vision relativement myope et courte de la vie politique et de l'histoire du pays. C'est l'immédiateté qui compte, sans perspective d'avenir car l'avenir se confond au présent. Des accords se signent sans vraiment entrevoir les complications auxquels ils exposent pendant que les tireurs de marionnettes se frottent les mains. Un jeu de dames comme j'ai dit il y a quelques jours. On ambitionne d'obtenir immédiatement des postes (donc de l'argent liquide) sans viser une conséquence à long terme de ces nominations. Obnubilé par ces ambitions et ces consommations immédiates du pouvoir, des biens et de l'argent, on évite de regarder la réalité en face et de porter un regard critique et lucide sur l'avenir du pays. "Let us eat too!" Sans projets proactifs, rien de bon ne peut réussir.

Pas de miracles

Très souvent me sort spontanement de la bouche cette phrase: "Je ne crois pas aux miracles." Souvent devant des situations concrètes, je pousse mon réalisme jusqu'à l'extrême. Cette phrase, je m'en rends compte, contredit mes convictions personnelles, ma foi chrétienne comme mon train de vie. Il y a pas mal de miracles qui se produisent autour de moi sans que je m'en aperçoive, mais qui sont réels. Cest selon, comme disent certains. Cette phrase, je la balance souvent aux miens, à mes étudiants et collègues, pour dire qu'il faut un minimum d'engagement pour obtenir quelque chose, que de rien rien ne vient ni ne sort. C'est la loi de l'effort que je me suis assigné comme motto qui m'a amené à cette vaniteuse illusion. Curieusement, je note aussi que beaucoup de situations de la vie y correspondent. Je ne devrais pas soutenir cela moi qui croit tant en la Providence. Comme quoi, chacun a ses contradictions selon lesquelles il fonctionne.
Hier, j'ai fait un plan qui, je l'ai cru, marcherait comme sur une planche. Hélas, j'ai passé une journée complètement différente de ce que j'avais programmé. Je suis passé à côté de ma journée. Je suis resté dans mon bureau jusqu'à 19 heures, occupé à tout et à rien. Mais j'avais toutefois la conviction que tout se réaliserait comme allant de soi. Je n'ai pas retiré des lunettes chez l'opticien, je ne suis pas allé à la papeterie, je ne suis pas passé chez le mécanicien, et surtout, je n'ai plus lu une seule ligne d'un travail soumis par un étudiant. Par contre, j'ai eu à refaire le plan d'un cours, à rédiger un syllabus, à corriger un texte de conférence; rien de tout cela n'était prévu. Lorsque j'étais jeune, nous appelions cela la délinquance.
Pas de miracles, on ne change pas beaucoup. On reste le même malgré le flot du temps et de l'âge. Dieu merci, on serait des robots, on ne serait plus des hommes.

2 janv. 2017

RDC: Plus compliqué qu'on croit

Si on observe attentivement les résolutions de l'accord, il paraît évident que la transition ne change rien à la donne de la vie politique au pays. Une sorte de statu quo. Du moins c'est ce que je perçois et crois. Il y a en réalité beaucoup plus de problèmes à résoudre que de solutions proposées. Plus de désaccords qur d'accords. Comment la "transition issue de cet accord" fonctionnera-t-elle concrètement? Quelles sont les attributions des différents organes de la République impliqués dans la gestion de cette transition? Il va de soi que toutes les institutions étant fin mandat - présidence, parlement, sénat, gouverneurs, etc. -, le vrai problème qui se pose consiste en la façon dont les élections vont s'organiser. On est dans un flou institutionnel chaotique, une situation vraiment inédite, et pratiquement inadministrable sans frictions ni conflits. Je crains que rien d'essentiel ne soit résolu.
Les pêcheurs en eau trouble se frottent les mains. Je vois mal toutes ces élections dont l'abbé Malumalu, si ma mémoire est bonne, avait pourtant esquissé les dates et une sorte de feuille de route, se tenir dans le délai d'une année. Pourquoi ce schéma n'a-t-il pas été suivi? Comment en sommes-nous arrivés là? La CENI très contestée par l'Opposition a-t-elle encore le monopole de cette organisation, si elle n'est pas réformée? La Cour suprême de justice possède une crédibilité tout aussi décriée par l'Opposition. Les provinces récemment créées, presque toutes gérées par la MP, ont-elles la logistique nécessaire pour assurer ces élections du moment que certaines ne disposent même pas d'une infrastructure adéquate? Toutes les institutions du pays sont comme en veilleuse, estropiées de légitimité du moment que les délais électoraux n'ont pas été respectés. Il faudrait restructurer toutes ces institutions au cas où les textes ne délimiteraient pas clairement les attributions et responsabilités de chaque organe. Un imbroglio total pourrait événtuellement mener au chaos.
Une chose est importante: les évêques ont réussi à "construire des ponts", à apaiser les esprits, à neutraliser la férocité impitoyable des forces du pouvoir et l'intransigence radicale des opposants. J'ai entendu un partisan de la MP critiquer cette démarche comme partisane, politiquement motivée et plus proche de l'opposition; il a traité la Cenco comme le Rassemblement d'un club politique; il a même insulté le Cardinal pour sa déclaration. Bref le genre de débordements dont personne n'a besoin en ce temps où les efforts des Congolais sont tournés vers un passage pacifique de témoin et une alternance sans bain de sang.
C'est fini le temps de la pensée unique: si nous nous proclamons démocrates, nous devons écouter ce que soutiennent les autres qui ne partagent pas notre sensibilité, et réconcilier nos idées. C'est, hélas, tellement difficile dans notre univers politique africain que j'en conclus que la démocratie nous demeure étrangère. Nous Africains la jouons comme une comédie forcée plutôt que nous ne la pratiquons comme un système de gouvernement. J'arrête là, j'insinue beaucoup de sous-propos, je me pose trop de questions, et cela n'est semble-t-il pas du goût de tous. C'est mon blog, j'y exprime librement ma pensée.