27 janv. 2017

L'Afrique et son destin

Chaque fois que l'on parle de l'Afrique, les médias nous ont habitués à la regarder sous un regard sombre, pessimiste, négatif. L'Afrique est synonyme de pauvreté, de sous-développement, de dictature, de corruption, de gabegie, de sorcellerie, de superstition, bref l'ensemble de toutes les valeurs classées négatives par les maîtres du monde. Cette image-là, imposée au départ de l'extérieur, a été tellement intériorisée qu'il est presque impossible de s'en débarrasser ni de se construire une identité plus positive.  
1. Malédiction? L'Afrique est un continent maudit. Certains remontent dans les mythes les plus anciens pour justifier cette réalité. D'autres y voient une prédiction biblique qui condamne les descendants de Cham. D'autres encore attribuent cette déchéance à notre stupidité légendaire. Et d'autres simplement à un ordre divin qui fait qu'il y ait des races supérieures et des races inférieures. Tout est évoqué. On dit des Africains noirs une race statique, sans créativité ni ingéniosité, sans un quotient intellectuel élevé, incapable de rationalisation ni d'opération compliquées. D'où la justification légitime de la colonisation, de l'esclavage, de l'évangélisation par l'Occident, voire de l'islamisation (?). La réalité prouve pourtant le contraire. Les Noirs sont simplement des hommes comme les autres. Que l'Afrique soit en retard sur le plan du développement économique répond à un ordre normal du réel. Aberration, mensonge, non sens, horrible imposture! Elle s'emberlificote tellement dans ce sort imposé qu'elle ne fait rien pour s'en sortir. La pauvreté n'est pas notre identité, elle est une situation temporaire que nous pouvons vaincre par nous-mêmes. Nous n'osons rien, parce qu'on nous a dit, montré, répété et convaincu que nous sommes pauvres et que cela est inscrit dans notre destin. La pauvreté matérielle ne relève pas de l'être mais de l'avoir, du matériel. Il est temps que cette prétendue malédiction soit débusquée de l'esprit des Africains. Aucun être humain n'est né inférieur à l'autre dans l'ordre divin.     
2. Manipulation des leaders? L'attitude de nos leaders par rapport à cette situation est des plus ambiguës. Hier encore, je suivais une émission où des Américains soutenant Trump regrettaient que des milliards atterrissent dans des poches des dictateurs africains pendant que la pauvreté monte chez eux. Nos leaders sont malheureusement plus préoccupées de leur "survie politique" que du bien-être social et économique de leurs sujets. C'est cela le vrai problème. L'essentiel du budget va à leurs services d'armée, de police, de sécurité plutôt qu'à la santé ou à la scolarisation des enfants. Leurs conseillers intérieurs et extérieurs, mus par l'intérêt, les maintiennent constamment dans ces illusions. Ils se comptent sur les bouts de doigts les leaders africains qui peuvent se targuer d'avoir amélioré le bien-être de leurs sujets et accompli de progrès réels. La distribution de l'eau et de l'électricité demeure irrésolue. Leur bilan se mesure en nombre d'abus de droits de l'homme, des milliards détournés par eux et les apparatchiks, des victimes innocentes tuées pour avoir simplement revendiqué un mieux-vivre, d'emprisonnés à vie... plutôt qu'en nombre d'écoles, de routes, de services, d'infrastructures sociales, hospitalières, ou en accroissement de l'indice de développement. Le pire, c'est que ces intouchables se pavanent dans leur autoritarisme et se font craindre, adorer comme des dieux-sauveurs de leurs peuples.    
3. Aliénation? Au regard de ce qui se passe, il y a lieu de nous dire aliénés. Le bien vient d'ailleurs. L'autre est mieux que nous. Nous Africains fonctionnons selon le jugement et la direction de l'autre. Ce que nous voulons ne compte que dans la mesure où cela satisfait le désir de l'autre. Incapables d'initiatives originales, nous copions nos maîtres colonisateurs. Nous jouons le jeu de l'autre. Le cas de la démocratie est des plus révélateurs. Résignés, nous cédons à l'ordre imposé par l'histoire sans oser y opposer notre vouloir.
L'erreur fatale des Africains c'est de rester incrustés dans le schéma colonial et de se juger à travers les paramètres de l'Occident. Or le monde tel qu'il est fonctionne sous l'ordre politique et économique de ces anciens maîtres. Il est clair que tout individu qui ose toucher à cet ordre-là est à éliminer par tous les moyens, souvent avec la complicité de leurs propres compatriote. Malcolm X, Lumumba ou Sankara appartiennent à cette catégorie de personnes. 
Les Africains doivent s'assumer, prendre leur destin en main et ne plus vivre des miettes qui tombent des tables de leurs exploiteurs de jadis et d'aujourd'hui. Ils doivent mieux gérer leurs ressources naturelles et minérales pour leur propre bien, plutôt que de lier des alliances suicidaires avec des multinationales et des sociétés maffieuses qui tirent un profit énorme. Les millionnaires et milliardaires qui nous gouvernent doivent avoir honte de leurs richesses tirées du sang de leurs frères et sœurs. Shame on you who betray your sacred blood!

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