30 janv. 2017

La double face des politiciens

Alphonse Karr disait que l'homme a trois caractères: celui qu'il a, celui qu'il montre et celui qu'il croit avoir. En d'autres mots, sa personnalité se compose de trois attributs principaux: son identité, son personnage, et son statut social. Souvent le politicien évolue essentiellement dans son statut social. Son identité est des plus ambiguës.
Helmut Kohl, vénérable chancellier allemand pendant quatre mandats, avait posé les bases pour un contrôle efficace des financements des partis politiques en RFA. Monsieur est demeuré propre jusqu'au jour où on a découvert qu'il déposait de l'argent au Lichtenstein. Le monde entier, en commençant par ses plus proches collaborateurs, était abasourdi, muet, hagard à la suite de ce scandaleux revers de médaille. L'homme fascinant qui suscitait l'admiration de tous en siégant comme un simple député au Bundestag après sa défaite contre Schroeder a perdu tout l'éclat de son prestige historique en un tour de main. Le voilà pris dans son propre piège! "Oeuvre de tant de jours en un jour effacée!"
Son ami François Mitterrand, lui, a péché par excès de zèle, en ordonnant la mise sur écoute téléphonique de milliers d'individus rien que dans le but de couvrir ses secrets de famille. Je n'oublierai jamais l'étonnement de Gilbert Gress, entraîneur de foot, extrêmement surpris de figurer parmi les personnes visées et de ne pas en savoir les raisons. On peut trouver dans la politique française d'autres cas avant comme après. L'homme politique n'est propre que du dehors. Peu connaissent l'individu à part le visage qu'il affiche en public. A cause des pactes auxquels la pratique politque expose, honnêteté et politique vont souvent difficilement ensemble.
Un prêtre de mes amis était une fois ébahi de voir un "voleur" à qui il conseillait d'arrêter de "voler" prêter serment devant le Maréchal Mobutu en tant que PDG d'une société importante. Le prêtre et le PDG vivent encore, je n'oserai citer leurs noms par discrétion. Allez y voir. On dirait que le monde appartient à ceux qui savent le manipuler avec ruse et courage. Ceux qui s'engagent en politique ne s'y engagent pas pour le bien du peuple, mais pour le leur propre. N'osez jamais questionner l'intégrité morale du politicien où que ce soit. Les exemples sont légion.
Quoique je me sois abstenu de le commenter, j'ai suivi avec une certaine attention les pourparlers politiques de la Cenco. Dans l'histoire de notre pays, l'église a toujours agi en éclaireur de conscience. Ce rôle-là, l'abbé Joseph A. Malula l'avait assumé avant l'indépendance. L'action de Mgr Monsengwo et des actuels président et vice-président de la Cenco est à interpréter, selon moi, dans ce sens. L'interview de Mgr Ambongo sur le blocage m'a prouvé que l'intérêt du peuple préoccupe les évêques, alors que les politiciens ne se préoccupent que de leurs partis et postes ministériels. Il faut avouer que les échanges ne se déroulaient pas au même diapson en dépit d'un relatif consensus qui se pointait. Chaque camp a gardé son agenda intact, poussant toujours vers plus d'exigences et bloquant tout le processus du dialogue. Les politiciens savent se jouer de la naïveté des évêques qui croient qu'une parole d'honneur engage alors qu'il n'en est rien en politique. Sous peu, ce sont les évêques qui seront traînés dans la boue, vilipendés et diabolisés pour avoir évité le chaos au pays. Dommage pour notre si grand et beau pays! Je garde l'espoir que des solutions plus sages seront trouvées pour une meilleure gouvernance de notre pays.
Cela se passe ainsi partout. L'homme possède une double face. En règle générale, pour revenir à Karr, il n'y a chez les politiciens aucune identité entre l'individu privé et public, entre la face cachée et l'aura sociale. Ils parlent au nom d'une population dont ils ne partagent ni la misère ni l'intérêt, car seuls comptent pour eux leur ego, leurs intérêts, leurs profits, leurs honneurs. Par leur engagement politique, ces millionnaires et millardaires trônent sur une masse des pauvres qu'ils soumettent à la précarité, à l'humiliation et à l'indigence.




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