30 janv. 2021

Papa Charles Kiosi in aeternitatem

 


30 janvier 2021. 

"C'est vers 3h25 que la nouvelle m'est parvenue: mon père n'est plus de ce monde" (Séraphin Kiosi).

"Ooooooooo Papa Charles! Paix à son âme!" (...) Courage mon cher. Il a combattu le grand combat. Qu'il recoive la couronne des élus du ciel (...) Hier est aussi morte ma tante Annie, la femme de Papa Bunda. Paix à son âme! Je ne sais pas si tu as appris la nouvelle. " (CM)

Papa Charles Kiosi, voilà un nom assez connu sur ce blog. Il fait, comme son fils, partie de ma vie. Je les ai rencontrés le même jour pour la première fois. Ce fut un 2 septembre 1969 à Kalonda. Il venait de Bulungu accompagner son fils Séraphin qui était admis au petit séminaire, comme moi et les autres copains. Après s'être assuré que son fils était bien installé, il est reparti vers Bulungu.... Il portait des lunettes, une chemise blanche, et présentait un  regard très grand sérieux, sévère et grave. Ce look là m'est resté. C'est ce même look que Kakeos acquiera des années plus. Je ne le reverrai plus jusque fin septembre 77. Cette année-là les grands séminaristes internés à Ngi une session église-monde animée par les pères Willy Triebel et Alphonse Müller et la soeur Thérèse Milolo furent libérés après le diaconat des abbés René Singa et Michel Ngob. En attendant le retour à Mayidi, Séraphin et moi profitâmes de ce temps libre pour passer trois semaines en famille à Bulungu. A cette époque, Papa Charles, commissaire de police converti en gendarme, travaillait à l'état-major de Bulungu. Trois belles semaines avec les Hidesbal, Sam Kabunda, Munguruba, Balarue, Hyace, et notre voisin l'abbé curé Kasai alors candidat aux élections legislatives de 77. A mon retour de Rome en 82, je retrouve les Kiosi à Misele. Le "Soldat" a entre-temps pris sa retraite. A mon retour de Fribourg en 92, ils sont à leur ferme familiale de Maria Assumpta. Mais son statut d'ancien combattant permit à Papa Charles d'acquérir aussi une concession au-dessus du Camp 5 heures à Kenge. Dans les années 06, la famille s'installe définitivement sur rue Mabaka à Kinshasa Masina, Quartier II. Ma dernière visite date à la famille date du 11 décembre 20. Le lecteur de ce blog s'en souviendra sans doute car je l'ai relatée dans une entrée précédente.

L'ancien factotum du père François Lamal, l'auteur du livre de référence sur les Basuku, vient de tirer sa révérence. Il y a quelques mois, j'avais demandé à Séra s'il pouvait entreprendre d'écrire un livre sur sa vie. De Kimbongo à Kinshasa-Matete où Séraphin est né et de là à Feshi, Kenge, Bulungu, Misele, Maria Assumpta, Kenge, Kinshasa-Masina, le parcours est long mais avec beaucoup de vides qui pourraient se combler moyennant une reconstitution linéaire des événements. Le factotum devenu employé de la Marsavco puis commissaire de police n'a pas tout révélé de sa vie quoique ses filles et fils en sachent beaucoup. L'entreprise vaut encore la peine. Homme très rigoureux, intransigeant mais affable avec une grande âme, Papa Charles peut être tenu pour un modèle de père et de travailleur. Avec maman Odile, ils ont totalisé 65 ans de vie matrimoniale. On peut retrouver la date sur ce blog. Leur maison a été bénie ayant bercé Séraphin, Paulin, Odon, Jackie, Wilfried, Béa, Mundedi, Solange, Junior et les mapasa. Un foyer d'amour, d'accueil et de générosité pour nous qui l'avons visité à plusieurs étapes de notre vie. Je revois Papa Charles au deuil de Mama Ngudia Miledi mia Khatu. Je le revois chez lui un après-midi que je me trouvais dans les parages de Mabaka en route pour chez Béa. Je le revois encore mal entendant et mal voyant le 11 décembre, il a essayé de m'appeler "Claver" avec le peu de souffle qui lui restait. Merci Papa pour ta bonté et tant d'amour.

Nos familles par Séra et moi se sont rapprochées, et sont démeurées proches, partageant joies et peines, succès et déconvenues. Condoléances mutuelles à tous les nôtres qui rendent hommage à Papa Charles. Que nos pleurs montent vers le Père Céleste et implorent sa miséricorde sur lui. Paix éternelle à son âme! 



29 janv. 2021

Adieu Maman Annie

 

Condoléances mutuelles. Que l'âme de Maman Annie repose en paix!

26 janv. 2021

Le voleur qui se vante d'avoir volé

"Put no trust in extorsion; in robbery take no empty pride; though wealth increase, set not your heart upon it." (Ps. 62:12). ("Mefiez-vous de la violence; ne placez pas une vaine fierté dans le vol; même si votre richesse s'accroît, n'y attachez pas votre coeur.")



24 janv. 2021

Read for you

Lu pour vous 

https://edition.cnn.com/2021/01/23/asia/sister-abhaya-murder-intl-dst-hnk/index.html  

Videos are also available. I remained speechless after reading and viewing all this material. 

Il s'agit d'une horrible histoire de meurtre survenue dans un couvent indien en 1992. Un prêtre et une religieuse surpris - à minuit à la cuisine - en flagrant délit d'adultère par une jeune soeur n'ont pas mieux trouvé que d'abattre Soeur Abhaya (21 ans) afin de la réduire au silence. Suicide ou meurtre? Toutes les pistes furent ouvertes. Le suspens a duré longtemps, voire très longtemps. Il a fallu attendre vingt-huit ans pour que justice soit faite grâce à la persévérance du père (décédé entre-temps) et du frère de la victime. En dépit de plusieurs clôtures et reprises du dossier, effacement d'évidences du crime, pressions de toutes sortes, le CDB a finalement réussi à prononcer le verdict: Fr Thomas et Sr Sephy écopent d'un emprisonnement à vie. Une effroyable saga judiciaire et criminelle qui porte un coup de massue à la crédibilité de l'église catholique. Des vidéos retraçant cette affaire sont aussi disponibles sur Youtube. Effarant! Affreux! Abominable! Aucun mot ne convient.

22 janv. 2021

Le coronavirus impose sa logique

Le ministère de l'ESU vient de décider la reprise des cours dans les provinces qui n'ont pas déclaré des cas pendant les 14 derniers jours. Une carte accompagne ledit décret. Et si un cas arrivait aujourd'hui ou dans les jours à venir, que ferait-on? A lire le texte de près, rien n'est clair. Aucune date n'est donnée, aucune directive n'est tracée pour orienter l'organisation, encore moins aucune précision n'est promise. Ce 21 janvier 2021, l'année 2019-21 n'est pas achevée; mais l'année 2020-21 dont l'ouverture était prévue le 14 décembre 2020 a été repoussée sine die. L'incertitude demeure totale si bien que les leaders ne savent plus où donner de la tête.

Entre-temps les écoles primaires et secondaires restent fermées alors que les bars, restaurants, églises et autres lieux de rencontre de masses sont ouverts au public. Franchement, je n'y comprends rien. Une année blanche pendant laquelle des examens d'état seront pourtant organisés. Le corona justifie tout: n'est-ce pas un prétexte car la réalité est différente. On dirait qu'on obéit à des décisions prises ailleurs. A voir comment les gens vivent chez nous, je doute de l'existence de ce coronavirus qu'on brandit comme un trophée de triomphe. La science qui guide est importée, le vaccin tant décrié ou suspecté viendra d'ailleurs. Nos scientifiques évoluent dans l'ombre malgré leurs fracassantes déclarations. . Le coronavirus impose unilatéralement sa logique. Pour se protéger des porteurs du virus, le Royaume Uni vient  d'interdire l'entrée sur son territoire à des personnes venant de Tanzanie et de la RDC. Ce royaume compte mille fois plus de cas de coronavirus que la RDC, mais la RDC n'osera jamais interdire aux ressortissants anglais de fouler le territoire congolais. La discrimination légendaire se montre encore plus incisive. 

Tout voyageur qui arrive de l'étranger à Ndjili est soumis à un test de coronavirus à l'arrivée, invité à laisser à son adresse et son numéro de téléphone pour être joint au cas où il serait positif. Ce qu'on oublie, c'est que ce voyageur pourrait entre-temps en contaminer d'autres. Ce test se fait moyennant 45$ sur des personnes déjà testées deux, trois ou quatre jours auparavant. Une opération très lucrative pour l'INRB que le bon sens ne justifie pas. A la Barbade, on confine tout le monde soit dans un dortoir du gouvernement soit dans un hôtel de son choix. La date du test est décidée par l'agent d'immigration, et le voyageur ne sera libéré qu'au vu du résultat négatif du test. Ici ce test est gratuit. La population locale est protégée. Il paraît que ce test se passe aussi comme cela dans d'autres aéroports africains. Je ne saurais le confirmer. Je ne suis pas du métier mais je me pose des questions à ce sujet.

Oui le coronavirus impose sa logique et sa loi. Plus rien ne sera comme avant.     

20 janv. 2021

20 janvier 2021

Beaucoup de symboles en ce jour du 21 janvier 2021.

Mon programme d'aujourd'hui s'est tracé tard dans la nuit quand j'ai lu que le registraire du campus a organisé une réunion d'urgence pour 9 heures. La pandémie du Covid 19 nous oblige à répondre à plusieurs défis à la fois. Le building administratif est désormais fermé jusqu'au 25 janvier; il est question de le désinfecter parce qu'un(e) collègue a été en contact avec un parent atteint de coronavirus. Le meeting consistait à évaluer les dispositions prises en terme de personnel pour répondre aux questions et attentes de nos étudiants et clients. Il s'est avéré que chaque département ou secteur a pris des mesures, il faut s'assurer qu'elles fonctionnent, les améliorer ou les remettre à jour. Félicitations au registraire et aux collègues.   

L'histoire se conjugue désormais au passé. "L'homme de ma vie... il est très courageux", les mots de Séra au discours indirect: "Je ne ne fais que répéter". Tous les thèmes ont été évoqués: santé, boulot, actualités, souvenirs. Union saturée, ou saleté. On est passé par le chasseur Olala avec ses surprenantes exclamations de chasse, indigestes pour les puritains mais acceptables dans leurs contextes de profération. Là c'est bientôt quarante ans en arrière: de Mafolo à Kibentele pour ne citer que ces coins reculés mais significatifs dans notre parcours de sexagénaires. "Oui, l'homme fut beau et sublime". Vieux souvenirs oubliés ou refoulés dans l'inconscient car entre-temps la relation s'est brouillée. On dirait que cet être jadis fabuleux et émerveillant a détruit sur passage tout ce qu'il a construit. Normal lorsqu'on on est instable, menteur et imprévisible. Au fait, comment s'appelait-il encore Olala?

L'histoire se conjugue désormais au passé. Pour Donald Trump aussi, aujourd'hui peut-être plus que tout autre individu sur la planète. Le 45e président est devenu ex, l'homme qui croyait dur comme fer avoir gagné les élections et que le Capitole lui ferait justice le 6 janvier. Ce jour a eu lieu à Washington DC l'inauguration officielle de Dr jur. Joseph R. Biden et Mme Kamala Harris comme président et vice-présidente des Etats-Unis. Je me suis accordé le temps de la suivre en direct. Belle cérémonie comme les Américains savent le faire. Parfaite mise en scène, excellente chorégraphie, exactitude des détails. Surprise: la sulfureuse Lady Gaga a eu le privilège de chanter l'hymne national américain. Puis Jennifer Lopez a chanté une chanson d'unité de Etats-Unis d'Amérique. La prestation de serment s'est inscrite dans la tradition américaine. America para todos, telle était la devise d'unité, de patriotisme et de liberté de la cérémonie. Discours typiquement genre Joe Biden, tel que prévu et attendu par les lecteurs de la politique américaine. J'ai été très ému de voir comment une cérémonie pareille unit toute l'histoire américaine dans un mouvement unique. Passé et présent s'imbriquent dans une mouvance continuelle donnant l'impression d'une éternité inévitable pour ce grand pays démocratique. L'absence de Trump n'a pas vraiment été remarquée car on n'a pas parlé de lui. A triomphé la démocratie pour reprendre les mots de l'élu du jour. 

Reprise du travail. J'ai deux rapports à composer. 


 

17 janv. 2021

Happy Milestone Séra


18 January 2021. S K's milestone birthday. Yes indeed it is a milestone. How many birthdays have we celebrated since we know each other? More than 50 for sure. God is so great and marvelous. Blessed and glorified be his name. Let us worship him and loudly tell the world that he has been so good to one of us: Séraphin Kiosi Kamvinda Vwanga. Don't ask the meaning of all these names. I recently heard that Vwanga was one of Papa Charles' best friends. I used to think it was a spider as the Suku word would suggest as Kamvinda would be a squirrel. None of that was right. At least I now know what all the tricky names put together mean. Seriph Dei, Sheriph Warson, Kakeos, and so on. A trinity in one angel. This year our dear friend reaches the age of the elected ones and starts living really: Happy Milestone Man. Many many happy returns, blessings and graces. May the Lord continue to guide and protect you! Rejoice with your family and friends on this glorious day! Amen Alleluia!

Lumumba et Kabila héros nationaux

Tués tous les deux un 17 janvier même si les versions de leurs morts sont difficiles à retracer avec certitude, Patrice-Eméry Lumumba et Laurent-Désiré Kabila ont en commun d'avoir été trahis par leurs proches et d'avoir versé leur sang pour la RDC. Dieu seul par qui et pour quels intérêts idéologiques. Si le premier reste mythique et figure au panthéon de l'histoire, le deuxième a fasciné les esprits pour avoir débouté un redoutable dictateur. Avec un regard plus perspicace les deux ont affronté le même personnage, Mobutu, dans son ascension et dans sa descente aux enfers. Le Mobutu montant qui a aux yeux de plusieurs trahi son mentor est le même Mobutu mourant renversé par le second. Selon certains observateurs objectifs, la note d'héroïsme semble un peu forcée pour le second. 

Au-delà de ces deux héros se trouve une réalité plus importante: l'histoire de la République démocratique du Congo dans laquelle ils ont tous deux joué un rôle significatif. Le premier a été éliminé par l'Occident dans un contexte de guerre froide, tandis que le second a reçu la trique fatale du Tusthi Power dans leur effort expansionniste d'annexer la RDC. La RDC a viré du côté des Etats-Unis dans la lutte impérialiste avec le premier. Avec le second, les mêmes Etats-Unis se sont servi des pays voisins pour envahir et balkhaniser le pays. Ce bilan contradictoire de ces deux héros doit nous amener à réfléchir sur l'engagement national, la pertinence de leurs actions. Je n'ose pas provoquer des doutes sur leur esprit patriotisme et sur les pactes qu'ils ont signés et dont les conséquences se ressentent jusqu'à ce jour. La réflexion peut permettre d'évaluer l'action à la fois des trois autres présidents et celle de l'actuel avec son initiative de l'Union Sacrée. Point besoin de revenir sur la plateforme précédente. Le temps est donc à la mémoire et à une vision pour un Congo plus prospère. Un défi demeuré longtemps un voeu pieux.  

Élias Okit'Asombo aka Patrice Lumumba laisse cependant un héritage durable sur l'univers politique congolais et africain. La musique, le cinéma, la littérature, l'histoire tout comme la politique ont fait de lui un personnage d'une aura extraordinaire et universelle. Le calysponien trinidadien Mighty Sparrow ne contradira pas la grandeur ni l'impact de ce fils du Congo sur la destinée des Noirs de tous les coins du monde. Les rues Lumumba existent presque dans tous les pays de l'ancien bloc de l'Est. A Prague comme à Olomuc. Quant à Laurent-Désiré que je connais relativement peu, je laisse le soin à ses admirateurs d'allumer le feu de sa gloire. L'histoire retiendra qu'à la suite d'accords qu'il a signés avec les voisins la RDC est devenue le terrain d'affrontements belliqueux des Rwandais, Ougandais, Tanzaniens, Zimbabweens ou Angolais. "Avait-il le choix?", rétorqueront ses adeptes. La vérité est qu'on n'est jamais sorti de ce bourbier. La coïncidence historique veut que les deux héros soient unaniment honorés dans la mémoire collective congolaise, comme partenaires d'un destin identique et d'une lutte commune.



16 janv. 2021

Deux cauchemars en une nuit

Un record que de vivre deux cauchemars en une seule nuit. C'est arrivé. Menace directe à ma vie. Accidents de circulation, mais menaces humaines dans une zone militarisée et dans un tunnel européen. Le premier m'a fait crier, le second m'a juste réveillé. Les deux cauchemars se sont déroulés à moins de deux heures d'intervalle. Psychologues et psychanalystes mettez-vous au travail! Je suis un être exceptionnel qui multiplie des records dans ma vie atypique. J'ai eu deux sentiments: que la journée s'annonçait mauvaise, et quelque chose d'insolite allait se réaliser. Je me suis comme de coutume adressé à ma fleur de cactus.:

CM: « Je suis debout depuis deux heures... j’ai fait deux cauchemars d’accident. Ah un signal pour me rappeler la mort de Papa Frédéric. Mais je sens que quelque chose va arriver ce week-end mais je ne sais pas quoi. Je t’en parlerai dans la journée. Je suis anxieux... merci de penser à moi MF.»

MF: « Que Dieu restaure tout ce qui a été détérioré pendant ce cauchemar. Huuuum oza... Oza na motu moko ya ko sentir likambo. Peut-être rappel ya liwa ya Juge mais prudence. C kobima te, travaille à la maison. »

Voilà où j’en suis. Comme toujours MF a parfaitement raison - en sortant de mon bureau, je me suis maladroitement cogné la tête contre le mur alors que je tentais d’allumer la lumière. Coïncidence ? Non, message Mr le mythologue des cauchemars ! Tu as vécu deux cauchemars consécutifs? Je ne te crois pas, je ne te suis plus. On en reparlera demain car je ne suis pas superstitieux. 



Papa Frédéric in memoriam

16 janvier 2001 - 16 janvier 2021: voilà 20 ans que mon Papa Frédéric Kayolo Mbombi a quitté ce monde. Paix éternelle à son âme ! Son souvenir reste à jamais gravé dans ma mémoire et dans notre mémoire collective. Ma pensée va vers tous les miens qui se souviennent si affectueusement de cet homme si cher à nos coeurs. Merci pour tout ce que tu as fait pour nous. Que de là où tu te trouves, tu intercèdes pour nous auprès du Maître de la vie. Mboti Tata kuna wenda... kuna wena tuyindulaka betu bana baku. Tutanina, tuheka lutondo, ngolo, ngangu ye nduka.    

12 janv. 2021

Adieu Ntumba Pouce

J'avais d'apprendre avec surprise la mort à 71 ans de l'ancien attaquant de Vita Club et des Léopards, Ntumba Pouce dans les années 72-75. Le visionnaire Vidinic avait une prédilection pour ce grand et puissant athlète qui pouvait résister aux assauts des défenseurs. Mais sa carrière fut écourté par un mal aux genoux. Paix à ton âme! Va en paix, vaillant héros qui nous a fait tant rêver.

Le monde s'effondre 2

L'impensable est diffusé par les réseaux sociaux: le Pape François aurait été arrêté par la FBI pour pédophilie et trafic d'enfants. La nouvelle aurait été diffusée par l'avocat de Donald Trump. Du bric à brac. Fake News. Appelez cela comme vous voulez, mais la nouvelle est virale sur la toile. Anecdote? Pas si vraie que cela. Pas aussi simple à décoder que cela. Le monde s'effondre, c'est le cas de l'avouer. La même logique cynique et obscure qui a mené à l'invasion du Capitole fonctionne parfaitement pour induire l'humanité entière en erreur. Inutile de s'attarder sur les causes criminelles qui auraient justifié cette ignoble arrestation. Il faudrait toutefois reconnaître que la papauté est souvent associée au Mal, à l'empire du Diable par les millénaristes et autres illuminati de ce monde. De là à infliger au pape des pratiques pédophiles et trafics humains, le pas est vite franchi. 

Le monde s'effondre. Si les contre-valeurs sont muées en options fondamentales de vie et de pouvoir, alors plus rien ne résistera au cycle de destruction humaine qu'inaugure la pandémie meurtrière du Covid 19. Cette pandémie a fait tomber de son trône impérial l'homme le plus puissant du monde. Voilà qu'elle menace de s'attaquer au pouvoir religieux le mieux établi de l'Occident. Oui, c'est de l'histoire occidentale qu'il s'agit. Contre les forces de l'Orient. La rationalité européenne jamais invulnérable s'affaisse devant l'inanité du destin humain que lui oppose la peste venue de Wuhan. Le monde devient une prison: la vie extérieure met en scène des borgnes et des clowns costumés de masques, obligés de se tenir à distance et de s'adonner à d'ignobles séances de désinfection de mains. Tel est le visage. Le bal masqué ne fait que commencer, à croire les adeptes des théories eschatologiques, scientologiques ou modernistes. A l'évocation des vaccins pour stopper la pandémie, on brandit la rapacité commerciale des puissants de ce monde et leurs multinationales pharmaceutiques. Les puissances nationales et religieuses vont tomber au bénéfice d'un nouvel ordre mondial dont les Bill Gates et leurs alliés se font les champions. Les Africains y voient une menace de se voir déposséder de leurs terres et ressources naturelles au profit des prédateurs américains, chinois, européens qui les ont colonisés, exploités et réduits en esclavage. Le spectre de ces fléaux revient... le monde s'effondre.  

10 janv. 2021

Le monde s'effondre

Beaucoup de signes du temps. L'invasion du Capitole, siège du Sénat américain, n'est pas quelque chose d'inédit à proprement parler. Un spectacle de fin du monde. C'est la conséquence d'un ensemble d'éléments et d'événements socio-politiques, idéologiques et philosophiques qui étaient prévisibles sauf qu'on n'a pas eu suffisamment le temps de le prévoir ni prédire. Barack Obama a été une ombre noire dans l'hémicycle blanc des Amériques. Trump qui lui a succédé s'est donné mission de corriger le cours de l'histoire en radicalisant l'AGA comme slogan ultra-nationaliste. Proud Boys, QAnon, White Supremacy et autres mouvements de droite s'inscrivent dans cette logique de récupération de l'hégémonie blanche sur le pouvoir des Etats-Unis. Le trumpisme est désormais reconnu comme le signe d'un nouveau souffle dans la reconstruction du Parti Républicain. Le refus de reconnaître la défaite électorale dépasse le schyzophrénie du millardaire américain, il s'inscrit dans un radical mouvement historique de de l'AGA, de la superpuissance américaine que seul Trump incarne. De ce point de vue, le trumpisme a réussi à inspirer tout un pan de l'idéologie nationaliste qui consacre la suprématie des Etats-Unis. Inverser les résultats des élections en faveur de Trump était le but de la démarche des envahisseurs du Capitole; mais la démocratie a résisté à l'assaut des assaillants. D'où le VP Pence qui a failli à sa mission en certifiant les résultats des urnes est abhorré comme un traitre aussi bien par Trump que par les radicaux du groupe. Du jamais vu dans l'histoire de cette fédération d'états. L'union a vacillé sans s'écrouler. Véritable signes avant-coureurs d'un monde en démolition. Voilà où en sont les Etats-Unis à quelques jours de l'investiture de Mr Joseph Biden comme président. La tâche de réunir tout le monde sous un seul drapeau américain ne sera pas facile pour Mr. Biden.  

Adieu Honorable Vudisa

Je viens d'apprendre la mort de l'Honorable Gilbert Vudisa Mwadia Nzita. Que son âme repose en paix. Voilà quelqu'un dont j'ai suivi le parcours depuis qu'il était enseignant et préfet avant d'accéder aux fonctions de député. Je me souviens de l'avoir conduit, en compagnie de Papa Frédéric Kayolo, en 87 de Kenge à Kobo pour une visite de courtoisie au Chef Kiamvu Mbuya. Mes condoléances vont sa famille biologique et à toute la population dont il a longtemps été le représentant dans les instances nationales. Courage Jean-Jacques! Wenda mboti mbuta mutu! 

 

Ce que je vois: mani pulite

10 janvier 2021. Nous observons avec une curiosité aiguë le recadrement de la classe politique rd-congolaise après le démantelement de l'accord CACH-FCC et l'annonce des consultations pour l'Union sacrée en vue d'une nouvelle majorité parlementaire. Ce qu'on ne dit pas ou qu'on sait sans le dire tout haut, c'est que le premier accord qui n'a jamais été clairement dévoilé à la population, a démontré ses limites désastreuses et n'a jamais permis une bonne conduite des affaires. Pendant deux ans, le pays était suspendu aux humeurs de Kabila et Tshisekedi. Or la logique veut qu'un seul chef règne. C'est ce que Tshisekedi a fait. Il fallait déjouer les pièges, assoeir son pouvoir en rectifiant les écueils des élections tripatouillées. Il s'est d'abord débarrassé de son ultra-puissant directeur de cabinet trop encombrant et actif à ses yeux. Avec l'Union sacrée, il a torpillé la corde qu'il s'est mise au cou en écartant Kabila des affaires immédiates. Maintenant on a l'impression qu'il tient les rènes du pouvoir, mais la bataille reste encore entière. Les plateformes, les partis et les individus se rangent face aux enjeux politiques de l'heure. Exercice aux issues imprévisibles quoique des observateurs croient en ses chances de succès. Une chose est vraie: on le consulte, il écoute, et ses conseillers manient le gouvernail du leadership. 

Pour ma part, apolitique et sceptique, je n'ai jamais cru à la politique, surtout pas à la classe politique de chez nous. Au nom du peuple, nos gouvernants servent d'abord leurs intérêts personnels. Il n'y a qu'à considérer leurs salaires colossaux et les pillages systématiques des ressources naturelles et financières qu'ils favorisent ou dont ils sont complices. On apprend avec effarement par les médias que le salaire présidentiel s'élève à 2.500.000 USD par mois. 680.000 USD au président honoraire. 100.000 USD au président du sénat. Est-ce vrai? Tout cela dans un des pays les plus pauvres de la planète. L'argent est toujours derrière ces manœuvres. Un leader de l'opposition trouve réaliste de se ranger du côté du pouvoir parce que l'opposition écarte des avantages pécuniaires dont bénéficient les tenants. 5 ans d'opposition, c'est 5 ans de vache maigre. La vie étant courte, il faut donc aller du côté où la manne tombe. Jouissance assurée: argent, maisons, voitures, femmes, honneurs, luxe, etc. Hier encore, je lisais qu'un leader (né en 43) contestait publiquement l'aînesse de son rival (né en 42) qu'on a propulsé à la tête du bureau d'âge de l'assemblée. Chacun peut pourtant en retrouver les traces sur la page officielle de la CENI. N'oubliez pas qu'il y a  une cagnotte de 12 millions à gérer par ce bureau, dont le président s'adjugera sans doute 1 million si pas quelques centaines de milliers. En plus d'autres avantages socio-politiques, financiers ou même pragmatiques en termes de leadership ou de positionnement pour les prochaines échéances électorales. Il ne faut pas être sorcier pour comprendre de quoi il retourne. Je n'invente rien; tout cela est publié en ligne. 

Ces bousculades autour de l'Union sacrée ne servent pas forcément l'intérêt de la nation. Loin de là. Nos leaders politiques se positionnent; ils ne se sont pas encore déliés de leurs attaches égoïstes et ne prouvent pas à mes yeux l'esprit de sacrifice héroïque, le sens de nationalisme et de patriotisme attendus d'eux. L'état n'est qu'une caisse de résonance de leurs frasques, et on ne sortira jamais de la logique du pillage. Démocratie, démocratie, renvoyons-là d'où elle est venue; trouvons autre chose à l'africaine. On joue la comédie, comme a écrit Zinsou. Politica, Politica, mani pulite.          

8 janv. 2021

Le Capitole américain assiégé

6 janvier 2021. Alors que le monde entier attendait la certification de l'élection de Mr Joseph Biden comme président élu des Etats-Unis, la surprise était grande de voir le Capitole assiégé par les partisans de Mr Donald Trump. Tous les qualificatifs ont été évoqués pour décrire cet incroyable, honteux, "disgraceful", horrible, scandaleux et ignoble événement. J'ai tour à tour pensé à la prise de la Bastille, à la mort de Samuel Doe, au vandalisme, aux révolutions populaires, voire aux pillages systématiques qui caractérisent l'histoire de certains pays. On se serait cru dans un pays du Tiers-Monde, alors que l'on se trouvait dans le temple de l'une des démocraties les mieux établies au monde. Du moins c'est ce que j'ai toujours cru jusqu'à ce que les dernières élections américaines nous montrent la face cachée de leur vrai visage. Les contestations sont devenues de plus en plus multiples; et ce n'est pas Mr Trump qui croit qu'on lui a volé la victoire - sans preuve selon les Américains eux-mêmes - qui redresserait la pente. Le Capitole, c'est le sanctuaire de la démocratie américaine. Congrès et Sénat s'y réunissent pour décider de la vie politique américaine. Voilà que des manifestants acquis à la cause de Mr Trump ont pris d'assaut ce palais sans que les puissants services d'intelligence et de sécurité américains n'aient prévenu ces incidents. Ils ont tous été pris de court, même le Président en exercice qui a été sommé d'appeler, comme il l'a dit dans sa vidéo, la Garde Nationale. Personne n'a prédit l'ampleur de cette démonstration contestataire de force alors qu'en pareille circonstance l'immeuble dans laquelle se confirmaient les résultats des élections aurait dû être sécurisé sous haute alerte. Erreur humaine. Vraiment? Je n'ose pas pas pousser ma réflexion plus loin. 

Nous avons tous perçu au cœur de Washington DC la fragilité de la démocratie américaine. De tout ceci je tire la leçon que la démocratie, comme je le déclarais à Séraphin, n'est finalement qu'un processus en cours d'accomplissement. Elle n'est pas donnée ni garantie; elle n'est jamais achevée. Elle peut chavirer à n'importe quel moment si on n'y prête pas attention. Il parait que même au Ghana, pays réputé être le plus avancé en matière de démocratie en Afrique, il y a eu des scènes de bagarres au sein de leur parlement à l'issue de la réélection de Mr Nana Akufo-Addo. C'est mon interlocuteur qui m'a filé l'info. La démocratie, j'ai toujours soutenu, appartient aux Occidentaux: laissons-la leur. Voilà que le pays le plus puissant du monde nous offre des scènes meurtrières inédites et dangereuses de sa gestion. Tout cela à cause de l’intransigeance de son président qui clame gratuitement à qui veut l'entendre que l'élection présidentielle de 2020 a été entachée de fraudes massives. Une douche froide sur le système de passation de pouvoir aux Etats-Unis par celui-là même qui est censé en garantir l'intégrité. L'opprobre est jeté sur l'histoire glorieuse du "Land of the Braves" par un leader schizophrène déçu et déchu à la suite d'un processus électoral qui ne l'a pas porté à un second mandat. Allez-y voir. Beaucoup de questions sans réponses.

A présent des voix s'élèvent pour destituer le président perturbateur de l'ordre public et causeur des troubles au Capitole. Ce rôle revient soit au Vice-Président et au cabinet soit au Sénat en vertu de l'article 25. Cet assaut criminel a coûté la vie à quatre citoyens américains, dont une femme qui a reçu une balle à l'épaule. Difficile de juger. Quelle est la responsabilité du président sortant dans cette sombre et cruelle tragédie? Pourquoi le président s'entête-t-il à dénoncer l'élection au point d'exposer la capitale fédérale de son pays au vandalisme de ses partisans? Toujours est-il que s'il n'avait pas appelé à cette marche de contestation des résultats, il n'y aurait pas eu tous ces morts. Le voilà aujourd'hui pyromane alors qu'il a allumé passionnément le feu qui a embrasé l'édifice qui a séculairement cimenté l'union démocratique des Etats-Unis d'Amérique. Il faut reconnaître que le pouvoir avilit l'homme surtout s'il est guidé par un nombrilisme aveugle. Ce que le monde entier a vu dépasse tout entendement, et pousse tout être pensant à s'interroger sur les motivations profondes qui conduisent à un tel agir. Qui gagne dans cet imbroglio? Sûrement pas le peuple américain. On sait du moins de quelle appartenance politique sont issus les manifestants. L'histoire se serait écrite en  indélébiles lettres de sang si les manifestants avaient été de couleur. Autant de questions... sans réponses! Que dis-je? Dont les réponses sautent aux yeux, mais pour lesquelles il faudrait se retenir ou tenir un profil politiquement correct. Vous avez compris.

6 janv. 2021

Congolese people have been brutalised since 1996. Why isn’t the West helping?

 Congolese people have been brutalised since 1996. Why isn’t the West helping?

Vava Tampa

Despite accusations of war crimes in the central African country, the international community seems unmoved

A DRC soldier on patrol near Beni

On New Year’s Eve, a gang of militia left its jungle base and swept across Beni, a forested north-eastern corner of the Democratic Republic of the Congo, looking for Nande people to kill.

Locals alerted the Congolese army but they were ignored. In small farms in Tingwe, a few kilometres from a DRC army base, the gang found 25 people – men, women and children – out harvesting food. One by one they hacked them to death with machetes and axes.

Rarely over the past six years has a month passed that I have not received gruesome images of people killed in Beni. Almost 300 people were killed – most of them women and children – in just three months in November 2019–January 2020. Forty were killed in May. In July, the UN said that 793 civilians have been killed, 176 wounded and 717 others abducted in attacks in the preceding 18 months, which UN investigators said may amount to crimes against humanity and war crimes. Dozens more were killed in September, October and November.

 

Massacres on this scale usually prompt a strong response from the US, EU and UK, as they should. UN peacekeepers are sent to the region; communiques are issued; the government opens an investigation. In DRC’s case, none of this has happened.

Since 1996, we Congolese have been killed in a multitude of ways: by our former president, Joseph Kabila, and his generals. By the use of rape as a weapon of war to punish, displace, destroy and humiliate Congolese women and their families and communities (an estimated 1,200 women are raped every day and this has been going on since 1996). By Rwandan and Ugandan armies. By famine and disease.

Now we are being killed by mortars and machetes. The first massacre in Beni happened in 2014; exactly a year after Congolese and UN forces defeated the M23 – a militia gang in DRC allegedly supported by Rwandan president Paul Kagame. We have now entered the seventh year of these massacres.

Yet an indifferent international community has allowed the killings to go on, claiming more and more lives each week. How many more must die before action is taken?

The government in Kinshasa blames the Allied Democratic Forces (ADF) rebel group for the deaths; a theory believed by few Congolese. Besides, a UN security council report has accused General Muhindo Akili Mundos of financing and supplying militia to do the killings.

Another report found the recruits were allegedly promised up to $250 for each kill. Instead of facing justice, our new president, Félix Tshisekedi, has instead promoted Mundos to the rank of deputy army inspector, leaving Beni’s Nande population to their fate. They are now on the brink of being wiped out because of their land.

The US and EU have denounced the violence – their ambassadors in Kinshasa often tweet their revulsion and sympathy – but that’s it; giving the world the false impression that something is being done to stop the killings, as if they are shielding someone from justice.

This might be why the US has been blocking the creation of an international criminal tribunal for DRC to end the impunity fuelling the violence in Beni and elsewhere in the country, while six million more Congolese people are now in displacement camps, unable to return to their homes because of violence and starvation.

When I heard about the latest massacre I wrote to Joe Biden, pleading with him to send in UN lawyers. Peacekeepers are clearly failing – a UN report has already documented more than 600 war crimes, crimes against humanity and genocide. Yet not a single one of those the UN named has been brought to justice.

However, I cannot shake the feeling that nothing will change, that the Congolese people have been abandoned. The death and destruction we have suffered – the more than 5.4 million killed between 1998 and 2008 – half of whom were children under 5, the wholesale wasting of villages, towns and communities, the relentless use of rape and machetes and axes in Beni and elsewhere in DRC seem not to matter.

But this is not a humanitarian appeal: it is a call for solidarity and compassion. I believe what is happening in Beni in eastern DRC is genocidal – and the UK, US and EU stance on the impunity fuelling these killings is shameful. Even complicit.

• Vava Tampa is a community organiser, a freelance writer focusing on Africa’s great lakes, decolonisation and culture, and a social worker in London.

Source: https://www.theguardian.com/global-development/2021/jan/06/congolese-people-have-been-brutalised-since-1996-why-isnt-the-west-helping   

 

 

 

Des maladies

La maladie rôde toujours autour de moi, elle fait partie de mon quotidien. Outre les abbés Liévin M’Banga et Noel Matonga qui ont été admis à St Joseph, Kinshasa, il y a beaucoup d’autres malades dans mon cercle d’amis et de famille. Je pense à Papa et Maman Kiosi, Kha Heleni, Ma Mambakila, Freddy, Traudl Schmitt, Aziz, Léa. Lors de mon séjour au pays, beaucoup parmi les miens étaient malades. Certains sont déjà guéris tandis que d’autres n’ont pas repris leurs activités ordinaires. Je prie donc pour mes malades. Je pense au petit Bedi qui a été perfusé. Je pense à Richard qui n’a pas pu m’accompagner pendant mes enseignements à Kenge. Je pense à une petite nièce hospitalisée. Je pense à Marie-Josée dont les yeux résistent aux assauts de la cécité. Une pensée spéciale pour Stacy... et bien entendu ma fleur de cactus en ce début d’année. Sans oublier les victimes connues et anonymes  du Covid- 19. Pitié Seigneur ! Guéris-nous de nos maladies.

5 janvier - un souvenir douloureux

Pieuses et affectueuses pensées pour ma tante Maman Véronique Mbombo-Kayolo qui a tiré sa révérence il y a six ans. Faisant allusion à cette disparition et à celle de Papa Frédéric le 16, j’ai écrit hier à Adrienne: « Ngonda yai mpi ke ya ba souvenirs ya mpasi. Que Dieu nous garde. Union de prières et de cœur. » Ensemble avec tous les miens et miennes, j’implore la miséricorde de l’Eternel. Que son âme repose en paix!

5 janv. 2021

Reprise du boulot

5 janvier. La veille Mme le Recteur a décidé que le campus rouvre ses portes dès ce 6 janvier mais avec un personnel réduit pour éviter la contamination au coronavirus. Cela implique pour nous à Graduate Studies and Research que nous tenions une réunion d'urgence pour répondre à cette instruction. Nous la tenons dans une heure. Il s'agit d'organiser la structure et la distribution du travail, d'assurer la complétion des inscriptions des étudiants, de planifier le calendrier des réunions et activités de tout le semestre, etc. Ce faisant, nous devons privilégier la sécurité de nos clients, et la nôtre propre, en conformité avec les instructions du gouvernement barbadien. Le coronavirus nous impose d'être créatifs, proactifs, expéditifs. C'est ainsi que nous trouvons les solutions à ce qui se pose comme problèmes dans notre unité. Oui, le boulot reprend.

4 janv. 2021

Enfin de retour à la maison

Arrivé à la Barbade le 31 décembre 2021, ce n'est qu'aujourd'hui le 4 janvier que j'ai franchi la porte de ma maison. Et pour cause? Le coronavirus. Mieux la quarantaine. D'aucuns diraient même le confinement individuel. C'est tout cela. Le monde est devenu une prison pour tous. La Barbade, longtemps réputée et célébrée pour son excellente gestion de la pandémie, figure désormais parmi les îles les plus affectées par le Covid-19. Quelques situations inattendues bien que prévisibles ont annihilé tous les efforts jadis scrupuleusement mis en place par les autorités. Il y a eu d'abord 6, puis 46, puis 160. Hier on parlait de 600 nouveaux cas de coronavirus. Les commentaires vont dans tous les sens. On parle de bus mis en circulation pour les festivités de Noel. On parle d'un couple américain qui aurait refusé de se conformer aux règles de l'île en cette matière, qui aurait contaminé deux gardes commis à leur sécurité sanitaire, et qui serait reparti sans se soumettre à quoi que ce soit. On parle de gardiens de prison, puis de toute la prison. La panique est générale. On ne parle que de cela dans l'île. Ce qui a suscité des mesures drastiques pour arrêter l'expansion de la contamination.

Quant à moi, je suis descendu à Dover Beach Hotel, sous la surveillance du ministère barbadien de la santé. Un monsieur nommé David a été le premier à me contacter pour suivre l'évolution de la température. Puis une autre dame, puis un autre. Le système fonctionne, mais possède des lacunes. Comme j'ai fait le test de l'INRB Kinshasa le 28 décembre, un test a été arrangé pour moi le lundi 2 janvier à la polyclinique de Black Rock où j'ai retrouvé Dr Williams, celle-là qui  m'a fait passer le tout premier test le 7 décembre. J'ai continué ce que j'ai appelé ma retraite stratégique à Dover Beach, en attendant le résultat du test dans les 24 - 48 heures. Quelqu'un m'a appelé promettant de me rappeler pour me donner le résultat. Il n'a jamais rappelé. David que j'ai recontacté a répondu sans promettre quoi que ce soit: "I will try but can't promise", m'a-t-il répondu. Ce qui m'a obligé de prolonger mon séjour à l'hôtel d'une nuit. Dans la nuit a été glissé sous ma porte un billet stipulant le check out pour le 4 janvier. J'ai assumé que pour établir cette note, la réception de l'hôtel a reçu le OK des autorités de la santé. Je découvrirai en début de journée que rien de cela n'a été fait. La réceptionniste appelle finalement le service attitré pour s'entendre dire que le résultat est négatif, et qu'on ne savait pas comment me joindre ni par email ni par téléphone. Là alors, j'ai tout compris. Bref, je suis à la maison depuis 11 h 30. Dans deux minutes, ce sera 24 heures: donc le 5 janvier. Je m'arrête là. Pile.  

3 janv. 2021

Impressions du pays 2

Ci-dessous un message reçu illico de Nicolas:

"Bjr ya Claver, j'ai bcp ri ce matin en te lisant sur ton blogg. Tu as parlé exactement comme 1 étranger. Ceci démontre que tu as passé un mauvais séjour au pays. Le fin animal de l'organisation s'est vu démystifié par la désorganisation de l'aéroport de Ndjili. Vive Fatshi Béton avec ses changements qui demeurent des slogans." (sic)

Ma réaction spontanée:

"Loin de là, je ne regrette pas mon séjour au pays. J'en suis satisfait. J'ai réalisé ce que j'y suis allé faire. J'ai vu qui je voulais voir."

Cet échange de messages Whatsapp montre combien l'appréciation d'événements peut différer d'une personne à l'autre. Pendant ce séjour je tenais à consoler mes deux soeurs éprouvées par la mort inopinée de leurs maris: Musunda et Wembo. Je les ai vues, et nous avons passé des moments émotionnels propres à la catharsis du deuil. Les deux se sont montrées très touchées par mon geste fraternel, et j'ai senti la profondeur de nos liens. Quant à d'autres membres de famille ou ami(e)s, j'ai évité de les alerter de peur de m'embarrasser vu que le temps était très court. J'ai toutefois appelé quelques-uns. Concernant mes enseignements, j'ai dispensé les deux cours prévus à la satisfaction des étudiants qui ont reconnu mon sens de rigueur et d'intégrité. Je les ai fait travailler et ai laissé des travaux écrits qui compteront comme examens semestriels. Ma capacité d'adaption et mon refus de céder à la fatalité ont joué en ma faveur. 

"Le fin animal de l'organisation s'est vu démystifié par la désorganisation de l'aéroport de Ndjili." Non, Ndjili est organisé du moment que les avions atterrissent et décollent. Le seul hic, c'est le "Customer's Service" qui est extrêmement pauvre. Ce qui doit être fait, est fait, mais au style organisé de Ndjili avec la confusion autorisée par les instances de sa gestion opérationnelle. Moi, j'ai eu un problème à cause de moi, de ce que je suis. Tout ce que j'ai cru prévoir n'en était pas ou ne l'était pas. Si j'avais su que ce serait comme cela, je me serais organisé en conséquence.

"Vive Fatshi Béton avec ses changements qui demeurent des slogans." Une déclaration politique qui n'engage que toi. Car moi, ce que j'ai vu comme changement, ne dépendait pas de Fatshi Béton mais de la gestion maladroite du Covid par les agents d'Ethiopian Airlines, et les services d'enregistrement trop encombrants et embrouillants. Je suis quand même surpris que tu félicites Fatshi pour m'avoir démystifié. Il n'y est pour rien et n'y puit rien. Je ne le défends pas car je n'ai aucune idée de son action politique. Le chaos existe depuis toujours à Ndjili FIH, mais change de forme en fonction de l'histoire.

Au-delà des anecdotes, il est vrai que pour vivre au pays de nos ancêtres il faut renoncer à toutes les règles d'élégance et de logique apprises au cours de notre vie. Je ne m'étonne plus de voir des personnalités intègres de formation complètement embourbées dans le marasme de la corruption et des antivaleurs, rien que pour s'assurer un air de survie. Mais ce n'est pas une fatalité. Je n'y cédérai jamais, j'accuse et je dis non. Et quand je dis non, c'est NON. Je demeure à jamais fils de Kasongo Bunda et Kayengo Matsasu. Comme toi d'ailleurs. 



2 janv. 2021

Impressions du pays

Les rues de Kinshasa et Kenge sont surpeuplées, saturées. A Kenge certes un peu moins, mais l'artère flèchée qui va de Mangangu, se disjoncte au niveau de la station d'essence où jadis je fis mon accident de vespa vers le camp SAS et vers la cité jusqu'au-delà Peyeke Meyeke, est toujours pleine de monde. A Kinshasa la circulation est presque toujours en état d'embouteillage semant un chaos entre piétons, motards et véhicules qui traversent en flots interminables les serpents bitumeux de la ville. Tshangu bat peut-être le record; mais le Rond-Point Ngaba, le carrefour UPN, le tronçon traversant Bandal ne sont pas mieux. Sans parler des sauts de mouton qui orchestrent une symphonie rocambolesque pour une ville immense dont les limites sont indescriptibles. Les accidents mortels sont nombreux. Les wewa, véritables symboles de la déchéance urbaine, ajouent au désordre mué en mode de vie ordinaire. Ces foules nombreuses sont le résultat d'un exode rural survenu depuis les guerres qui sévissent dans le pays. On est apparemment plus sain et sauf en ville qu'à la campagne. D'où le déversement sans discernement ni filtrage des populations vers les centres urbains. Ce qui crée d'immenses problèmes d'urbanisation, de développement économique et social, de services médicaux et éducationnels. Résultats: circulation difficile, conditions hygéniques désastreuses, haut risque d'infection pandémique, surpeuplement, atroupements des gens dans des églises ou lieux de culte. etc. J'ai eu l'impression que beaucoup de choses n'ont pas changé dans la façon dont elles sont gérées. Pauvreté, corruption, recul socio-économique, précarité de la vie, infections et maladies répétées, insalubrité catastrophique, calamité ou désastre permanent, autant des phénomènes à éradiquer mais qui se posent chaque jour comme une fatalité. Aucune solution ne se profile à l'horizon. Le temps passe sans qu'une perspective d'espoir ne s'érige de façon convaincante. On semble vivre dans l'irréversible, le fluctuant. La classe politique, élue il y a deux ans, semble défaillante devant les attentes de la population, et ne réussit pas à réaliser ses promesses électorales. La situation sociale, à l'image d'immenses foules qui se déversent tous les jours sur les rues et avenues de la mégapole kinoise, évolue de mal en pis. On vit de combines, de calculs, au gré d'aléatoires arrangements comme si chacun espérait gagner un jour le gros lot ou le jackpot à la lotterie. Entre-temps le présent est sacrifié à l'espoir fatal exploité par les créateurs de rêves et de mythes. Le pillage des ressources naturelles du pays continue de façon dramatique. Les antivaleurs résistent encore à la volonté d'améliorer la vie des citoyens. Mes impressions du pays sont à la limite marquées par une incertitude répétée de l'avenir, et par un espoir presque idylique qui ressemble à une résilience séculaire caractéristique de notre peuple. Seule cette capacité de survie, cette conviction que demain sera viable, sauvera notre pays. 

Adieu Papa Antoine Kwakwa

 


29 décembre 2020. Alors que j'étais sur le point de quitter Kinshasa, j'ai appris la mort à Bibwa de Papa Antoine Kwakwa, un vénérable baobab de Kenge que tout tout le monde a connu au cours de 60 dernières années à Kenge. Paix éternelle à son âme! D'émotionnels éloges fusent de tous les coins du monde où se trouvent ses "enfants". Depuis ma lointaine Barbade où je me trouve encore en quarantaine, je m'unis à la douleur de Maman, d'Emmanuel, Francisque, Faustin, etc. pour pleurer un père généreux, affable et sage. Que d'inoubliables souvenirs! Merci Papa de nous avoir inspirés et fascinés pendant ta vie. Wenda mboti tata. Bakhaka bakuyamba!

Leçons de mon dernier séjour en RDC

1. Imprévisibilité. Une fois dans notre pays, il faut oublier tout planning. C'est la meilleure façon de s'épargner certaines difficultés inutiles. Oublier l'heure, oublier l'ordre. En d'autres termes s'adapter aux événements et aux circonstances de la vie. Etre flexible face à toute éventualité. Organiser quelque chose avec quelqu'un demande une certaine constance dans la pensée et une consistance dans les idées; certains compatriotes pourtant avertis agissent de façon improvisée et désinvolte. A se demander s'ils ont une idée de ce à quoi ils s'engagent. 

2. Mercantilisme. Rien pour rien. Rien ne se fait pour rien. A l'aéroport déjà, le contrôleur demande sa bière. Au cimetière, le garde exige sa shimboki. Au magasin le vendeur attend son matabishi. Une femme me prie de lui remettre 25 dollars pour quelques denrées alimentaires à défaut de me faire payer une glacière de 60 dollars tel que le veut la loi. Je lui rétorque que ces denrées valent moins de 20 dollars, et que donc je préférerais les laisser à mes accompagnateurs. "Biloko eza awa, po na nini ezonga na ndaku. Pesa 20 dollars nasalisa yo." Elle prétend m'aider alors qu'elle m'excroque. Tout se vend même le sourire.Tout ce qui s'est appris en logique et à l'école devient caduc dans un environnement sans loi.

3. Corruption. La corruption, c'est le réalisme de ce pays. Tout se complique lorsqu'on ne passe pas par ce chemin. On dirait que plus ça change, plus c'est la même chose. Je n'ose pas parler de la politique à laquelle je ne comprends rien, alors rien du tout. Tout le monde est tellement préoccupé de gain, de résultat et d'enrichissement immédiats que les règles de l'élégance élémentaire sont bafouées. Le policier cupide exige du chauffeur, à un saut de mouton, une rançon de 50 $ sans que ce dernier ait commis une quelconque infraction. Il invente les lois de la circulation à sa guise, sanctionne qui et comme il l'entend. Les queues ne sont respectées nulle part, des privilégiés passent toujours en premiers moyennant un coup d'oeil entendu à l'agent de l'ordre ou quelques billets. On parle de rétrocession ou d'opération-retour. Un agent a remis un bouc à son chef pour que son salaire soit mécanisé. Le bouc a été consommé, mais le salaire traîne voilà trois ans déjà. L'agent est pris en otage car il ne peut recourir à aucune autre voie. La chaîne de la corruption évolue du bas vers le haut comme du haut vers le bas. C'est selon. Et chacun corrompt et est aussi corrompu. Allez-y voir. 

4. Profil bas. Le plus simple et le plus rassurant, c'est d'opter pour un profil bas, pour l'humilité et la réserve. Souvent, il vaut mieux ne pas parler, dissimuler son identité pour mieux gérer une situation difficile. Par instinct de survie, l'on acquiert une résilience face aux déconvenues que réservent les parcours des rues, marchés, bureaux ou entités administratives. Il m'arrive souvent de perdre mon sang froid et de m'énerver pour ces incohérences de routine alors que mes proches n'y voient aucune entorse. Sommé d'observer involontairement la retenue, je manque d'éxploser littéralement; mais je me maîtrise. L'agent de l'état a toujours raison car il tient un bras du pouvoir.  

5. Vivre dans cet environnement. La plupart de personnes que je rencontre ne sont pas heureuses: elles attendent des autres qu'ils fassent tout pour les réjouir ou résoudre leurs problèmes. Le Covid 19 est devenu le prétexte de toutes les dispositions. Ce virus n'existe pas réellement au Congo, je n'y crois pas. Car la promiscuité dans laquelle vivent les nôtres favoriserait, si le virus y existait réellement en ces lieux, une expansion meurtrière de la pandémie. J'éprouve de sérieux doutes. Si tout ce que nous lisons et voyons ailleurs devait se réaliser chez nous, la population congolaise serait complètement décimée. En attendant, on joue avec la comédie. On crée un terrain propice à la réception des aides internationales dédiées à la pandémie. Il se crée à la suite des initiatives un environnement très violent, agressif où seuls comptent l'égoïsme, le vol, l'extorsion, et la destabilisation socio-psychologique des autres. Un environnement chaotique et sans perspective immédiate d'avenir. Difficile de s'épanouir humainement et spirituellement dans cet exécrable bourbier.

Notre pays demeure beau dans sa complexité. Il suffit d'un leadership nationaliste digne et responsable. Et le tour sera gagné.  

Ma mise en quarantaine

Depuis mon arrivée à la Barbade je suis en quarantaine. J'ai vu les miens à l'arrivée de loin sans la possibilité de les approcher. Ils m'ont déposé à manger sur le charriot de mes bagages sans qu'on se parle. Covid oblige. Voilà un pays organisé et respectueux de ses hôtes. 

La sortie de l'avion VS se fait en groupes de 20 voyageurs tenus de se masquer bouche et nez, de respecter la distance barrière, et de se désinfecter les mains à tous les coins. La prise en charge est totale: on nous aide à trouver nos lieux de confinement. Au lieu d'aller dans un centre offert gratuitement par le gouvernement, je préfère m'installer à mes frais à Dover Beach Hotel que je connais relativement bien. Un taxi m'y conduit avec bagages et autres effets directement sans stopper ni sortir où que ce soit. Les instructions anti-covid sont scrupuleusement respectés par les porteurs de bagages, les taximen et les réceptionnistes des hôtels. Bref le système mis en place fonctionne parfaitement. Je suis installé sans attendre à la chambre 338. Un numéro légendaire pour moi. Je n'en suis pas sorti depuis le 31 décembre 2020 à 17 heures. Voici quelques règles à respecter.


Hier soir, soit 24 heures après, j'ai reçu un coup de fil d'un agent du ministère barbadien de la santé, m'informant que mon test sera effectué dans la matinée du 2 janvier. Je me prépare donc à y aller dans quelques heures. Un taxi me prendra à 7h30. 




 

Séjour à Kenge du 13 au 27 décembre 2020

Dimanche 20.12. 20. Le voyage sur Kenge s’est bien passé malgré quelques difficultés subies aux niveaux des sauts de moutons et du croisement de BKTF à Masina. La jeep tirait très bien.  Aussitôt arrivé à Kenge et ayant annoncé ma présence, j’ai reçu un message du secrétaire général académique m’informant que je ne pouvais pas commencer mes enseignements le lendemain, vu que la rentrée académique a été repoussée à plus tard :

« Bonsoir Mbuta, vous êtes déjà Kenge ? Le Dg étant à Kin à l’Unkikin, on s’était convenu pour l’ouverture de l’année académique mais j’ai dû changer car elle me dira le matin qu’on a repoussé l’année àn une date ultérieure. Donc on ne peut pas commencer les cours, il faudra qu’on attende. Ah Mon Pays. »

Le mythologue que je prétends être refusant par principe de céder à la fatalité, a passé la nuit à cogiter sur d’éventuelles solutions à prendre pour ne pas perdre mon temps ni rater ce séjour. Le matin, j’ai appelé la DG qui se trouvait à Kinshasa pour lui proposer ma solution avant de passer à l’ISP pour discuter avec le chef de section qui n’était même pas informé de mon arrivée. Décidément, cet institut brille par une défaillance en matière de communication et de stratégie organisationnelle. Il s’agissait d’identifier et de contacter les étudiants de L2 pour que mes deux cours prévus aient lieu. Mais la décision revenait au SGA que je suis allé trouver et qui a accepté mes suggestions. Le premier cours « Questions spéciales de littérature congolaise » a commencé le jeudi. Ce même jour sont communiquées officiellement les décisions de la Présidence de la RDC concernant la riposte à la deuxième vague du Coronavirus. Le vendredi matin, le chef de section m’envoie le message suivant que je n’ai lu que plus tard :  

« Bonjour Prof. Compte tenu des mesures prises par le Prés. de la Rep. et pour ne pas tomber dans le filet de l’ANR, nous vous prions d’arrêter aujourd’hui les enseignements. Merci de section Isp Kenge. »

Je n’ose pas analyser ce message que je juge inapproprié. Les autorités du pays ont pris des mesures dans l’intérêt de la nation pour combattre la pandémie du COVID 19. J’ai appris au cours de ma vie à résoudre des problèmes. En vue d’accomplir ce pour quoi je suis venu à Kenge - enseigner deux cours – il me faut vaincre la peur, changer de stratégie, adapter le cours aux nouvelles circonstances. Je propose qu’on divise la classe en deux groupes de 8 et 9 conformément à la loi qui interdit le regroupement de plus de dix personnes. Port de masque et gestes barrières sont à appliquer scrupuleusement. Pour officialiser la proposition, le chef de promotion communique avec le chef de section qui brandit la menace de l’ANR. J’appelle alors ledit chef de section pour lui demander d’alerter simplement l’ANR afin d’éviter toute incompréhension car il n’y aucune infraction de la loi. Je ne sais pas s’il l’a fait, mais est-il que j’ai enseigné le samedi sans être dérangé ni déranger l’ordre public. Travail très fatiguant pour moi dans ces conditions. Mais c’est fait, et le premier cours se conclura demain le 21 décembre. Le second, c’est un séminaire ; il peut se gérer plus aisément en mi-virtuel mode Isp Kenge. J’y réfléchis encore en ce moment.

Le lecteur de ce blog saura apprécier le parcours de combattant qu’il faut entreprendre pour servir les nôtres, et noter les obstacles qui se posent sans qu’on vous laisse de choix. Après plus de 15 000 km de voyage, voilà ce que j’ai vécu. A UWI on propose des solutions ; chez nous ici on pose des problèmes. Intelligenti pauca !

Le cauchemar du Covid-19

December 30, 2020. J’ai failli rater mon vol de Kinshasa pour Londres via Addis Abeba à cause de cette pandémie et de la mauvaise gestion de ce phénomène à Ndjili. Arrivés de bonne heure à l’aérogare en compagnie de Rigo, Fédo, Hermann, j’avais pourtant rempli toutes les formalités pour Londres Heathrow. Il faut vraiment l’avouer, le coronavirus a dérangé le rythme du monde. Tenez ! J’ai dû partir presque en catastrophe de Kenge pour rejoindre Kinshasa afin de m’acquitter de ce test. A Kin il y a couvre-feu tous les jours à partir de 21 heures. Une jeune dame m’a raconté que malgré ce couvre-feu, elle sort et retourne chez elle sans être inquiétée. Ce que j’ai jugé irresponsable car des agents de police profite pour rançonner et compliquer la vie des gens. Un jeune homme s’est vu extorquer les quelques dollars gagnés dans la journée pour n’avoir pas respecté ces dispositions. Parti de Bibwa autour de 17 heures, à 21 heures, je n’avais pas encore atteint Debonhommes, une pluie torrentielle m’a obligé de passer la nuit à Limete dans un Flat Hotel de fortune. Impossible de continuer sur Binza Pigeon où je niche habituellement. Les sauts de mouton ne facilitent pas le trafic, augmentent les dangers d’accidents car ce sont des passages sans lois où s’entrecoupent motos, véhicules, piétons dans un embouteillage inimaginable. A chaque moment tout peut arriver. On vous coince, dépasse ou vous confine en sandwich. Un taxi peut vous dépasser par la droite et brusquement tourner à gauche pour traverser de l’autre côté de la chaussée. Vous ne rêvez pas. Du jamais vu. Dans ce beau pays de nos aïeux, n’osez jamais crier gare au chauffard qui vous insultera sans ménagement et vous remettra à votre place. Je dois toutefois reconnaître que j’ai eu beaucoup de chance. 

Le matin du lundi, je me suis pointé à l’INRB pour le test du coronavirus en compagnie de Hermann qui m’a rendu un service énorme. Tout s’est vite déroulé à cause de nos amies Passy et Ida, toujours prêtes à faciliter les choses. Comme il fallait revenir pour les résultats le lendemain, on s’est convenu que Ida les retire pour moi. Ce qu’elle a fait relativement tôt. L’après midi nous a vus traverser les rues chaotiques de By Pass pour Mont Ngafula via Rond Point Ngaba. J’avais décidé de déposer les pondu, arachides, mais, et mbinzo chez Vicky Lubamba. Ce n’est qu’après le Rectangle que nous sommes sortis du bourbier de Ngaba. Arrivé à Masanga Mbila, nous avons trouvé Vicky en train de préparer un bon foufou, etc. Mes neveux Othniel, Eliezer et Nathan ont grandi. Ils aiment se présenter comme des gens de Kingungu. Un coup de fil à Me Munoko, nous voilà sommés d’aller à sa somptueuse résidence. Yaya, comme il se faisait appeler à Kalonda, est resté égal à lui-même. Une simplicité désarmante malgré ses hautes fonctions. Un accueil très fraternel et familial nous a remis à la vieille époque de Makiosi avec « Je vous ai vu néné » (entendez je vous ai vu naître). Nous avons traité de tous les sujets. Autour de 17 heures, nous avons pris le chemin de Pigeon. Hermann est retourné à Limété sans tarder. Le mardi se passera sans histoire. J’ai récupéré les résultats du test des mains de Ida, puis ai rencontré ma sœur Marie-Michelle Mbakata avec qui nous avons pris un pot.

Le mercredi à 5h30 j’ai pris Hermann à la 7e Rue pour l’aéroport. Mais comme nous avons miraculeusement passé les trois sauts de mouton sans difficultés malgré la tension de la circulation, j’ai décidé de m’arrêter à la tombe de Maman à côté de l’aéroport. Rencontre très émotionnelle avec Ngudi a Miledi mia Khatu qui m’a béni de sa tombe. Les soldats qui gardent l’espace ont exigé 5 dollars, je leur ai donné 3000 Fc. Des rançonneurs comme tout le monde dans ce pays. Un crochet à Bibwa chez Papa Bunda où nous rejoignent Rigobert et Frédéric. Ce dernier récupérera la jeep pour la ramener à Limété. Après un petit déjeuner copieux et très convivial, nous prenons le chemin de l’aéroport.

Les tracasseries commencent dès l’entrée. Mes accompagnateurs ne sont pas autorisés à passer. J’apprendrai que les agents exigeaient 20 dollars pour les laisser passer. Achat du Go Pass. Formulaires à remplir et à photocopier. Des queues interminables. Il me faut à tout prix imprimer un document covid pour Londres bien qu’il le voit sur mon téléphone. Le système est en panne. Je dois refaire manuellement le formulaire. Frédéric a eu l’idée d’appeler Simon Vudisa pour qu’il vienne à notre rescousse. Le temps passe vite. On court à gauche et à droite. On se précipite pour se faire dire qu’il y a encore un document à télécharger et imprimer. Simon qui connaît tout le monde réussit à m’obtenir le OK, mais le document doit quand même être imprimé. On en imprime un. Il est faux. Il faut refaire l’opération. On ressort… Hermann s’y connait bien en informatique. Son aide est capitale. Il parvient à télécharger le document chez l’imprimeur. Je serai parmi les deniers à être embarqué après tant de difficultés à vous couper le souffle. Un parcours de combattant. Jamais je n’ai éprouvé autant d’amertume et de tension que pour ce voyage retour que je ne pouvais en aucun cas rater. Merci à tous les miens qui m’ont accompagné. Chacun a contribué à résoudre ce problème.

J’écris ces lignes dans l’avion Virgin Atlantic, à moins d’une heure de l’atterrissage sur Barbados. A Londres, j’ai résolu quelques détails sans grande importance, mais utiles. Merci à Dieu. Merci à ma mère Ngudia Kahiudi qui repose dans les parages et sous le regard de laquelle j’ai pu me sortir de cet infernal cycle du Covid-19.

1 janv. 2021

À la tombe de Maman


Mercredi 30.12.2021 je suis passé m’incliner à la tombe de Maman avant de monter dans l’avion. Hwena mboti Ngudia Miledi mia Khatu, Ngudia Kahiudi. 

30 12: Repose en paix Maman

 

Heureux 2021

Bon et heureux 2021 à toutes et à tous. 

Beno yonso mvula 2021 ya kiese ye ya mpwena