10 janvier 2021. Nous observons avec une curiosité aiguë le recadrement de la classe politique rd-congolaise après le démantelement de l'accord CACH-FCC et l'annonce des consultations pour l'Union sacrée en vue d'une nouvelle majorité parlementaire. Ce qu'on ne dit pas ou qu'on sait sans le dire tout haut, c'est que le premier accord qui n'a jamais été clairement dévoilé à la population, a démontré ses limites désastreuses et n'a jamais permis une bonne conduite des affaires. Pendant deux ans, le pays était suspendu aux humeurs de Kabila et Tshisekedi. Or la logique veut qu'un seul chef règne. C'est ce que Tshisekedi a fait. Il fallait déjouer les pièges, assoeir son pouvoir en rectifiant les écueils des élections tripatouillées. Il s'est d'abord débarrassé de son ultra-puissant directeur de cabinet trop encombrant et actif à ses yeux. Avec l'Union sacrée, il a torpillé la corde qu'il s'est mise au cou en écartant Kabila des affaires immédiates. Maintenant on a l'impression qu'il tient les rènes du pouvoir, mais la bataille reste encore entière. Les plateformes, les partis et les individus se rangent face aux enjeux politiques de l'heure. Exercice aux issues imprévisibles quoique des observateurs croient en ses chances de succès. Une chose est vraie: on le consulte, il écoute, et ses conseillers manient le gouvernail du leadership.
Pour ma part, apolitique et sceptique, je n'ai jamais cru à la politique, surtout pas à la classe politique de chez nous. Au nom du peuple, nos gouvernants servent d'abord leurs intérêts personnels. Il n'y a qu'à considérer leurs salaires colossaux et les pillages systématiques des ressources naturelles et financières qu'ils favorisent ou dont ils sont complices. On apprend avec effarement par les médias que le salaire présidentiel s'élève à 2.500.000 USD par mois. 680.000 USD au président honoraire. 100.000 USD au président du sénat. Est-ce vrai? Tout cela dans un des pays les plus pauvres de la planète. L'argent est toujours derrière ces manœuvres. Un leader de l'opposition trouve réaliste de se ranger du côté du pouvoir parce que l'opposition écarte des avantages pécuniaires dont bénéficient les tenants. 5 ans d'opposition, c'est 5 ans de vache maigre. La vie étant courte, il faut donc aller du côté où la manne tombe. Jouissance assurée: argent, maisons, voitures, femmes, honneurs, luxe, etc. Hier encore, je lisais qu'un leader (né en 43) contestait publiquement l'aînesse de son rival (né en 42) qu'on a propulsé à la tête du bureau d'âge de l'assemblée. Chacun peut pourtant en retrouver les traces sur la page officielle de la CENI. N'oubliez pas qu'il y a une cagnotte de 12 millions à gérer par ce bureau, dont le président s'adjugera sans doute 1 million si pas quelques centaines de milliers. En plus d'autres avantages socio-politiques, financiers ou même pragmatiques en termes de leadership ou de positionnement pour les prochaines échéances électorales. Il ne faut pas être sorcier pour comprendre de quoi il retourne. Je n'invente rien; tout cela est publié en ligne.
Ces bousculades autour de l'Union sacrée ne servent pas forcément l'intérêt de la nation. Loin de là. Nos leaders politiques se positionnent; ils ne se sont pas encore déliés de leurs attaches égoïstes et ne prouvent pas à mes yeux l'esprit de sacrifice héroïque, le sens de nationalisme et de patriotisme attendus d'eux. L'état n'est qu'une caisse de résonance de leurs frasques, et on ne sortira jamais de la logique du pillage. Démocratie, démocratie, renvoyons-là d'où elle est venue; trouvons autre chose à l'africaine. On joue la comédie, comme a écrit Zinsou. Politica, Politica, mani pulite.
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