2 janv. 2021

Impressions du pays

Les rues de Kinshasa et Kenge sont surpeuplées, saturées. A Kenge certes un peu moins, mais l'artère flèchée qui va de Mangangu, se disjoncte au niveau de la station d'essence où jadis je fis mon accident de vespa vers le camp SAS et vers la cité jusqu'au-delà Peyeke Meyeke, est toujours pleine de monde. A Kinshasa la circulation est presque toujours en état d'embouteillage semant un chaos entre piétons, motards et véhicules qui traversent en flots interminables les serpents bitumeux de la ville. Tshangu bat peut-être le record; mais le Rond-Point Ngaba, le carrefour UPN, le tronçon traversant Bandal ne sont pas mieux. Sans parler des sauts de mouton qui orchestrent une symphonie rocambolesque pour une ville immense dont les limites sont indescriptibles. Les accidents mortels sont nombreux. Les wewa, véritables symboles de la déchéance urbaine, ajouent au désordre mué en mode de vie ordinaire. Ces foules nombreuses sont le résultat d'un exode rural survenu depuis les guerres qui sévissent dans le pays. On est apparemment plus sain et sauf en ville qu'à la campagne. D'où le déversement sans discernement ni filtrage des populations vers les centres urbains. Ce qui crée d'immenses problèmes d'urbanisation, de développement économique et social, de services médicaux et éducationnels. Résultats: circulation difficile, conditions hygéniques désastreuses, haut risque d'infection pandémique, surpeuplement, atroupements des gens dans des églises ou lieux de culte. etc. J'ai eu l'impression que beaucoup de choses n'ont pas changé dans la façon dont elles sont gérées. Pauvreté, corruption, recul socio-économique, précarité de la vie, infections et maladies répétées, insalubrité catastrophique, calamité ou désastre permanent, autant des phénomènes à éradiquer mais qui se posent chaque jour comme une fatalité. Aucune solution ne se profile à l'horizon. Le temps passe sans qu'une perspective d'espoir ne s'érige de façon convaincante. On semble vivre dans l'irréversible, le fluctuant. La classe politique, élue il y a deux ans, semble défaillante devant les attentes de la population, et ne réussit pas à réaliser ses promesses électorales. La situation sociale, à l'image d'immenses foules qui se déversent tous les jours sur les rues et avenues de la mégapole kinoise, évolue de mal en pis. On vit de combines, de calculs, au gré d'aléatoires arrangements comme si chacun espérait gagner un jour le gros lot ou le jackpot à la lotterie. Entre-temps le présent est sacrifié à l'espoir fatal exploité par les créateurs de rêves et de mythes. Le pillage des ressources naturelles du pays continue de façon dramatique. Les antivaleurs résistent encore à la volonté d'améliorer la vie des citoyens. Mes impressions du pays sont à la limite marquées par une incertitude répétée de l'avenir, et par un espoir presque idylique qui ressemble à une résilience séculaire caractéristique de notre peuple. Seule cette capacité de survie, cette conviction que demain sera viable, sauvera notre pays. 

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