26 févr. 2018

Our Second Guest: Mado


Barbados, 25 Febr 2018

23 février à Mona

Je me lève de très bonne heure, prends le petit déjeuner. Là je rencontre des collègues de Cave Hill et de St Augustin. Certains me sont connus, d'autres pas du tout. 
Suzanne est aussi là. Ancienne étudiante à Cave Hill, elle est à présent directrice d'une unité de l'Université dans les territoires de la Caraïbe. Pour la petite histoire, son deuxième fils est né un jour après Madeleine et Claver Jr. On s'était retrouvé dans le même compartiment. Mais elle est venue ici pour une autre réunion. 
Peu avant 9 heures, je traverse la route qui relie le campus au siège central de l'Université où je retrouve tout le monde. Je mets des noms à des visages connus de visu et des visages à des noms connus sur papier. Deux ou trois pro vices-chancelliers dont le recteur de St Augustine sont présents. Les administratifs de Quality Assurance et de Graduate Studies ont aussi leurs places. Je m'assoeis à côté de Dr Pamela Dottin d'Open Campus, mais on ne s'est jamais rencontré à Cave Hill alors qu'elle y a obtenu son PhD. Dans la foulée, je retrouve ma collège et amie Liz Walcott, la fille du Prix Nobel de littérature. L'ambiance est cordiale, la réunion s'annonce longue, studieuse. 
Réunion interminable, mais fructueuse, puisque des décisions engageant l'avenir et le prestige de l'université sont prises. Car la qualité des diplômes post-gradués reflète la qualité de l'université. C'est d'ailleurs pourquoi on mentionne le lieu de leur obtention dans les CV et présentations. L'université est comme une griffe, une carte d'identité. Dans le ranking, on nous apprend que l'UWI est classée dans les 900 meilleures au monde. La position pourrait être améliorée si nous arrangeons nos murs publicitaires, car notre profil ne correspond pas à ce que nous faisons. Des questions comme la supervision des thèse, la classification des recherches et publications, le plagiat, l'échange intercampus sont discutées dans le cadre du Triple A du Plan Stratégique 2017-2022. Etc. PVC Webber est un excellent modérateur de réunion. Il est 17h45 lorsque la réunion prend fin.
Au revoir. Retour à Mona Lodge où m'attend Barth Iyemomay. Il m'apprend que le P Mayesi ne peut pas nous rejoindre. Comme on est fatigués tous les deux, on se contente d'un modeste souper au centre social des étudiants. A l'hôtel, le chaos commence dès 19 heures. 
C'est le Carnaval des Etudiant(e)s au Old Still House Ruins and Lawns, et Gold Room. Des centaines, ou milliers d'étudiant(e)s en provoquants costumes de carnival occupent le lieu créant ainsi une vibrante ambiance de fête et de liesse populaires. La musique est très forte. Nous étioms prévenus. On nous l'avait annoncé dès le matin. Des bruits à faire trembler les fenêtres. Des animations interminables à vous couper le souffle. "Des danses endiablées à faire trémousser même le Saint Père", je tiens l'expression d'un Monsieur très digne. Mon vénéré prof d'exégèse à Rome. Depuis ma chambre je subis ce tintamare infernal impuissant et résigné mais je ne me laisse pas faire. Je réussis toutefois à le présent article du blog qui est sous vos yeux. Il est 1 heure lorsque les bruits cessent net. Les normes ont été observées.   

23 févr. 2018

De nouveau en Jamaïque

Depuis hier, 22 avril 2018, je suis à Mona, Kingston. Parti de la maison à 4h25, je suis arrivé à BGI peu avant 5h. Le temps de faire l'enregistrement, je me suis vite retrouvé dans la zone d'embarquement. Un peu trop vite à mon sens car au moment de changer l'argent, je me suis rendu compte que j'ai oublié mon porte-monnaie ainsi que les cartes bancaires. Cela c'est moi. Quelque chose a fait défaut dans mon système de fonctionnement car j'ai pris le faux porte-monnaie. Seulement, je ne saurais dire à présent où c'est resté. A la maison ou dans la voiture qui m'a conduit à l'aéroport? Je le saurai au retour.  Par contre, lorsque j'ai un problème, en général, il se résout souvent de lui-même. J'ai un fond secret, ce n'est pas un moyeke, mais un mécanisme qui supplée à mes faux-frais. Une sorte de Plan B comme on dit. Là je suis imbattable. Ma chambre d'hôtel sera payée sans problème car le Mona Lodge a enregistré ma carte Visa Premium lors de la réservation. Je n'aurai qu'à réduire mon train de vie pour la durée du séjour; je n'ai pas besoin de beaucoup d'argent pour vivre. Les cadeaux en souffriront un peu. Et même encore, il y a toujours une solution. C'est ce que dans mon optimisme viscéral j'appelle ma Providence. 
Au moment de l'embarquement, je rencontre Prof. Jane Bryce, professeure émérite de littérature africaine et cinéma, et Dr Ngoni Chipere du Zimbabwe. Jane est en route pour Cuba tandis que Ngoni pour la même réunion qui m'amène à Mona. Lors de l'escale à Mona, pendant que nous prenons un snack, nous engageons des échanges sur l'Afrique, la RDC et le Zimbabwe. J'apprends que le Ndebele et le Shona sont pratiquement les mêmes peuples mais que les différences résident dans les détails historiques. Que le Kinyarwanda est proche du Shona et du Ndebele, malgré la distance qui sépare les deux pays. Que Dieu est appelé "Mwari" dans ces langues. Qu'il y a eu des transactions commerciales avec la Chine, ou l'Iran à une époque révolue. Qu'il y a encore actuellement en Inde des communautés noires dans lesquelles le "Shona" est encore parlé. Il est donc important de revoir l'histoire des peuples africains à travers les siècles. L'histoire héritée des anciennes puissances coloniales n'aide pas à clarifier ces genres de migrations.
De Piarco International nous sommes allés à Antigua pour une longue et ennuyeuse escale, dans un autre avion. A 11h30 nous avons atterri à Kingston, Jamaïque. A l'Immigration, on place les passagers qui disposent d'une carte de vaccination pour la fièvre jaune d'un côté et ceux qui n'en ont pas d'un autre côté. Pour ma part, je ne l'avais pas sur moi, n'ayant pas été informé de cette disposition ni par le Consulat jamaïcain ni par l'agence de voyage. Le hasard a fait que je retrouvé un vieux certificat pris en Allemagne il y a vingt ans. Il était curieusement valide, étant donné qu'une vaccination de la fièvre jaune s'effectue une fois dans la vie.  So the immigration agent!
On apprend que les participants à la réunion sont attendus. On forme un groupe de trois avec l'étudiant Dwayne Simon et Dr Chipere. Ms. Denise Jackson a la gentillesse de nous conduire à Mona Campus, et en premier, de me déposer au Mona Visitors' Lodge où je suis arrivé autour de 15 heures. Formalités de check in. On me met dans la chambre 7. Dès que je me connecte au Wi Fi, je trouve Unique au bout du fil. Une belle conversation me permet de me calmer les nerfs fatigués du long voyage. J'appelle des proches disponibles. Je contacte Barthelemy Iyemomay que j'ai rencontré deux années plus tôt ici. La connexion est très mauvaise. On s'entend que j'écrive plutôt l'adresse de l'hôtel. Il est question qu'on se rencontre avec le Père François Mayesi. J'apprends qu'il est de Lonzo. Je vais à Hi Lo pour une opération de transfert de sous. Puis à Mapene. Je reviens, rejoins Barth à Hi Lo. Le père François arrive autour de 18 heures, son visage ne m'est pas inconnu. On passe ensemble une soirée inoubliable. Il est 20 heures lorsque je reviens à l'hötel. J'en profite pour préparer la réunion, lisant tous les documents.



20 févr. 2018

19 févr. 2018

Je ne veux pas sortir en pyjama


17 février 2018. Hier soir, vers 18h40, j'ai conduit Claver Jr au marché du Holetown Festival où étaient sa mère et sa sœur. Arrivé au parking, Claver refuse de sortir de la voiture. Je sors prendre des effets, car il est prévu de faire deux tours. A mon retour, il est toujours sur son siège. Lorsque je lui demande de rejoindre sa mère, il me surprend:
- "Je ne veux pas sortir de voiture parce que je ne veux pas que les gens se moquent de moi"
- "Que les gens se moquent de toi? Pourquoi?
- "Parce que je suis en pyjama"
- "En pyjama? Mais tu es en tenue africaine. Au contraire les gens t'admireront au lieu de se moquer de toi."
- "Non papa, tu ne comprends pas. Alors, dans ce cas, tu m'accompagnes"
- "Non mon fils, je ne peux pas. Tu dois avoir le courage de te défendre par toi-même. Tu connais le chemin, va simplement, ne t'occupe de personne, ne regarde ni à gauche ni à droite."
-"Alors, je reste dans la voiture."
- "Que non, dis-je. Tu vas chez ta maman sinon je me fâche."
... Quelques cinq minutes s'écoulent. Je ne bouge pas. Il ne bouge pas. Quelques discussions encore. Je monte le ton:
- "Il n'est pas question que tu restes ici. Va au kiosk de ta mère."
- "Dans ce cas, comme tu ne veux pas m'accompagner, je me fraie un chemin moi-même."
Il retourne jusqu'au coin le plus obscur, contourne le parking, va sur la grande rue et rejoint le kiosk de sa maman par derrière. Il a évité d'être vu. Mais dès son arrivée, des clients ont souhaité avoir sa tenue aux couleurs vertes du MPR. En plus, l'initiative de mettre ce costume est venue de lui-même. IClaver Jr aurait pi effectuer une belle petite parade vestimentaire dont African Fashion pouvait aisément tirer profit.

Au fait, ce n'est pas la première fois que j'entends cette histoire de tenue africaine vue comme pyjama par un enfant né outre-mer. Le fils de Kwame, un frère ghanéen, avait dit la même chose, alors que son père le forçait de mettre un boubou qui lui a pourtant coûté très cher.

Une semaine cauchemardesque

De toutes les semaines de cette année, la semaine du 11 au 17 février a été la pire. Du moins jusque là. Sur beaucoup de plans, il y a eu beaucoup d'anicroches. Par contre, je me pose en tout de façon positive; au milieu des tourments de la vie, j'ai un sens d'optimisme qui me fait croire que le lendemain sera meilleur. Dieu merci, je suis entouré de personnes qui m'aiment et m'aident à surmonter les difficultés. J'ai des ami(e)s qui me donnent des conseils appropriés. Et là, comme toujours, j'en arrive à découvrir les fonds des pensées.
Février est un mois important dans ma vie. Mois de délibérations décisives de ma vie. Mes intimes savent de quoi je parle au cas où ils ne retrouveraient pas des signes sur ce blog. Autour de moi de personnes proches célèbrent leurs anniversaires: Koka, Shemsi, Jean-Louis comme Mama Mapasa. Même des amis récents comme Joy et Stephen.
Il est des temps où rien ne marche. "Kana kima kele ya nge ve, yo ta kusokuka bonso lumba" (sic), dixit Mgr Edouard Mununu, évêque émerite de Kikwit, lors des vœux perpétuels de sœurs en 1987 à Soa. Je préfère ne pas traduire afin de garder la saveur de ce dicton si profond. J'ai pris la grave décision de briser un lien que je croyais important, qui est devenu fade, tourné en vinaigre après tant d'années d'illusions et de désillusions. Eh oui, c'est la vie. D'autres incidents mineurs se sont ajoutés à cette série comme pour me rappeler que je ne suis qu'un simple humain.
Revenons sur le sol. Il y a dix jours, j'ai remis ma vieille carcasse de BMW à un mécanicien afin de réparer le "Central Lock", vu que les quatre ou cinq portières ne se fermaient plus automatiquement. J'ai cru qu'il s'agissait d'un problème électrique, et j'ai sollicité les services d'un électricien attaché à un garage. Malheureusement, le boulot prévu pour quelques heures s'est éternisé en jours. Un expert en la matière appelé à la rescousse n'a pas trouvé mieux que de descendre le tableau de bord et s'est vu incapable de remettre la machine en marche. Le système antivol a été déclenché. D'autres spécialistes sont intervenus sans que la machine ne redémarre. Hier, après la messe dominicale, l'idée m'est venue de contacter un co-paroissien, Mr R. Boyce, qui possède deux de ces bolides allemands mais qui sont dans un état de loin meilleur que le mien. Je suis très attaché au mien et attend qu'il finisse doucement, mais ça pourra encore durer des années. Il m'a recommandé son mécanicien nomme Ivan dont il a dit tant de bonnes choses. C'est ce dernier qui vient de réparer le véhicule après dix jours d'attente, d'incertitude, d'ennuis. La carcasse peut de nouveau rouler sans vergogne et défier les derniers cris.
Or justement, à cause de cette panne, il m'a été très difficile de m'organiser. Par exemple, le matin du vendredi était prévu que je passe à une émission "Morning Barbados" dans le cadre de l'African Awareness Month (Mois d'Eveil Africain) à 7h00. J'ai pris un taxi qui m'y a conduit plutôt à 7h30, obligeant la CBC à  me reprogrammer pour 30 minutes plus tard. Heureusement que tout s'est bien passé. Cette semaine arrivent mon beau, Éphrem de Londres et ma belle, Mado de Strasbourg. Imaginez le cauchemar qui se poserait, sans cette voiture. Bon voyage et bon séjour chez nous!
J'ai toujours clamé que je suis un béni de Dieu. Je le répète haut et fort: "I am blessed". Beaucoup de choses se résolvent d'elles-mêmes pour moi. Je suis entouré de vibrations positives qui font que je me sente à l'aise et garde mon optimisme, même au plus mauvais moment. J'ai même eu un cauchemar: des gens armés ont tiré sur moi, je me suis réveillé en sursaut il y a trois ou quatre jours. Le censeur a fonctionné... comme toujours. La main de Dieu veille sur moi. Trêve de cauchemars.         

Joyeux anniversaire Koka


18 février. Bon anniversaire Trinité, ma sœur chérie. Que Dieu vous bénisse toi et ta famille!
Je me souviens de la période de la naissance de Trinité. Elle est née à Kimbau comme Béa, Rigo, Vicky et Nico. J'étais au petit séminaire de Kalonda, papa m'avait envoyé une lettre m'annonçant la nouvelle. A Pâques de cette année-là, je ne sais plus comment les choses se sont passées, nous nous sommes retrouvés à Mutoni avec l'abbé Firmin Kilunga, et le groupe des séminaristes et juvénistes de Kimbau de cette époque: les Mukangu, Mawana, Munday, Muzembo et d'autres.  Il y avait aussi Pierre Maseyi; c'était l'époque où l'on dansait "Valentine e ngo nalapi Nzambe ngo tofanda libela". Koka fut baptisée par l'abbé Firmin. Le père Everard n'était pas là, mais les sœurs Carmélites Nuria et Trinidad.  

15 févr. 2018

La grandeur du coeur

"Claver,
La lecture de tes articles sur la St Valentin m'a rappelé un vieux souvenir qui m'a rattrapé hier: "La grandeur du coeur." Ce fut le titre d'un texte que je composai du temps où j'étais poète. Je le composai d'un trait. A l'époque, je croyais que le coeur de l'homme était grand alors que la réalité le montre petit, puissant mais plein de choses. L'occasion de la Saint Valentin que je ne fête pas me fait de nouveau penser à cela. Petite partie du corps, mais puissant moteur vital. Il est surtout plein de choses, c'est pourquoi semble-t-il, il est grand.
Générosité, gentillesse, finesse, mesure, amour, toutes les vertus y trouvent leur place. Mais ce n'est pas tout. Tous les vices y ont aussi leur racine. Un bon coeur comme un mauvais coeur. C'est selon. A vouloir faire du bien, on finit parfois par déchanter. J'en ai eu l'expérience hier. J'ai eu le malheur de joindre au téléphone une personne, une amie de jadis que je croyais encore l'être. Je l'ai appelée pour lui souhaiter une bonne St Valentin, mais elle était sans doute dans une très mauvaise humeur. Convaincue que je l'ai appelée pour me moquer d'elle, elle  m'a débité des histoires à dormir debout, qui me concerneraient depuis plus de vingt ans et que je n'apprenais que hier. Elle m'a insulté, sorti des choses tronquées et falsifiées à son gré, des avanies que je ne pouvais tolérer car j'ai de la personnalité, moi. Du genre
-"Tu ne m'as jamais aimée. Tu sortais déjà avec celle que tu as épousée alors que nous étions ensemble. Imbécile que j'étais, je me suis laissée prendre. Tu as abusé de ma confiance."
- "Faux, et faux. Ce n'est pas vrai ce que tu racontes. Tu as pris un autre copain, ce n'était jamais mon initiative. Ce dernier, fils de magnat, t'aurait promis monts et vents, richesses et gloires. C'est toi qui l'as voulu. Huguette, je l'ai rencontrée bien des années après toi. Tu le sais très bien."
- "Maintenant avec l'âge, je suis convaincue que tu ne m'aimais pas."
-"Tu ne me l'avais jamais dit à l'époque. C'est toi qui as rompu notre amitié. Je ne t'en veux pas du tout. Je crois que j'ai commis une erreur de t'appeler en ce jour. Excuse-moi, etc..."
La suite a été une série d'insultes, tout le fiel est sorti de sa bouche. Même mon autre ami qui a eu le malheur de convoler avec sa cousine, a été impliqué, vilipendé, traité de tous les diables. Alors, je me suis interrogé sur la grandeur du coeur que je soutiens comme un principe de vie. Erreur, naïveté, il faut revoir les principes. Le coeur en réalité c'est la somme de tout ce qui y entre. Sa grandeur est morale.
Je me suis trompé. Claver, j'espère que tu peux comprendre mon embarras. Merci d'avance pour tout en ce jour mémorable.
Cura ut valeas!
Emile N."

Ma réaction à chaud:

Emile,
J'estime pour ma part que le coeur garde sa grandeur quoi qu'en pensent d'autres personnes. Tu ne t'es pas trompé. L'expérience de la vie s'enrichit avec le temps ou l'âge. Ton amie que je connais bien par ailleurs est de ce genre. Elle met en scène des histoires qu'elle arrange, hélas malhonnètement, à sa façon de sorte à te donner une responsabilité sur ses échecs personnels. Votre relation a vécu, il faut l'oublier. Aha. Il ne faut pas revenir au passé, car cela donne l'impression que tu voudrais la reconquérir. C'est le conseil que m'a donné récemment une de mes amies. Que de l'avoir appelée pour la St Valentin a été une erreur. Cela t'aurait évité des insultes inutiles. Sens toi toutefois libre dans ta décision car un conseil n'est qu'un avis, il n'oblige à rien. Ne change rien à tes convictions: le coeur a sa grandeur.

14 févr. 2018

La Saint-Valentin

"Claver,
J'ai bien lu ton article sur la Saint Valentin. Ta position semble à la fois pour et contre. Tu reconnais la liberté de célébrer l'amour en même temps que tu défends le devoir d'observer les commandements de l'église. Tu juges que le dilemme du choix entre la Saint Valentin et le Carême est faux. Tu dis ne pas être amateur de la fête des amoureux, tu défends par contre leur droit à la célébrer. Tu reconnais l'exigence du repentir imposé par le Carême sans remarquer la contradiction qui se dresse entre les deux réalités. Je suis adepte de la Saint Valentin.
Voilà bientôt vingt ans que mon épouse et moi sommes mariés, vingt ans que nous tenons ce jour pour un moment intouchable car, nous sommes convaincus, qu'il scelle notre amour d'une façon spéciale. Ce jour-là, nous allons dîner aux chandelles dans un restaurant chic de notre choix. Il y a quelques années, nous nous sommes offert le luxe d'une croisière en bateau. Une autre année, nous avons fait un voyage dans une île paradisiaque. La plupart du temps, nous sommes restés à la maison et des fois il est arrivé que je fasse la cuisine le soir. Autant d'idées pour consolider notre amour. 
Ajourd'hui, nous avons préféré intégrer notre Saint Valentin dans la célébration du Carême. Nous nous sommes rendus à la messe paroissiale, avons participé à une rencontre de familles initiée par quelques collègues de service. Ce soir, au lieu de sortir, nous nous sommes contentés d'un repas très simple, mais riches en symboles. Un menu très léger mais succulent accompagné d'un Baujolais Village. Je dois t'avouer que nous en sommes aussi heureux que du temps de nos voyages à l'étranger.
Etc... 
Merci de publier ce message sur ton blog dont j'apprécie le contenu et la finesse."



Carême ou Saint-Valentin?

14 février 2018. Cette année, la St Valentin et le Mercredi des Cendres tombent le même jour. Une simple coïncidence? Cela dépend du côté où l'on se situe. Les incroyants et amateurs de l'amour privilégieront la Saint Valentin alors que les adorateurs du Christ commenceront leur Carême. En réalité le choix n'est difficile que pour ceux qui profitent de ce jour pour porter leur idylles aux nues, pour les investisseurs qui tirent d'énormes bénéfices des trafics liés à ce jour, pour les commerçants, les négociants et leurs associés. En général, les restaurateurs font de grosses affaires en ce jour, car la bouffe est une consommation très prisée en ce jour. Voilà qu'ils s'affrontent à un manque à gagner significatif! Le choix n'est difficile que pour ceux qui oublient que Christ est mort par amour pour toute l'humanité. Rien ne changera cela, la primauté du Carême est indiscutable. Ma D U me l'a encore rappelé hier soir: "Demain tôt le matin, je me rendrai au culte avant d'aller au travail." Aucune ambiguïté.
Pour un autre ami qui se dit pasteur, c'est plus simple. Il soutient que ce n'est pas une coïncidence de date, mais un plan divin. Pour cette année, Dieu a remis les choses en place, dans ce monde où le péché a pris le devant. Les chrétiens sont invités à choisir entre le péché et le répentir, c'est-à-dire à se conformer strictement à Dieu. Le monde est tellement pourri qu'il faut une intervention divine pour sauver les hommes. A quoi je lui ai répondu que je n'y voyais aucune contradiction, et qu'il n'y avait aucun mal à célébrer l'amour si c'est fait idoinement. La Saint Valentin peut bien se célébrer dans un contexte de Carême, question de bien faire la part des choses. Les dates étant des arrangements contingents des hommes, les individus devraient être libres de célébrer ce qu'ils estiment être important pour eux sans pour autant offenser qui ce soit, sans pour autant transgresser leurs convictions religieuses et sociales. Comme la pratique chrétienne exige l'entrée en carême après le Mardi gras, il ne serait pas non plus exclus de déplacer la célébration de l'amour à une autre date. Les défenseurs de la Saint Valentin chrétiens devraient librement décider de la meilleure façon de se conformer à leurs convictions sans se laisser offusquer par les commandements de l'église. Quoique je ne sois pas un adepte de la St Valentin, j'estime que jugement et discernement doivent prévaloir pour résoudre ce dilemme qui n'en est pas un.
J'apprends dans la foulée que le Pakistan, état musulman,  interdit de fêter sur son territoire la Saint Valentin qu'il juge immorale et indécente. On dira atteinte à la liberté. Liberté de culte, liberté d'expression, liberté d'opinion, liberté sociale? Tout y rentre. Choisissez la votre qui est foulée au pied. Du moins, il y a lieu d'y trouver son parti.
Bonne Saint Valentin et pieux Carême à tout le monde!

12 févr. 2018

11 février 1978

Il y a quarante ans, j'étais en troisième année de philosophie. Ce samedi-là, nous sommes allés de Mayidi à Kintanu, Inkisi, pour la célébration d'une messe en hommage de notre regretté confrère Munguruba d'Idiofa. Nous, j'entends séminaristes de la région de Bandundu comme on disait à l'époque. En effet, l'année 77 venait de finir avec sa panoplie d'événements individuels et politiques: session Eglise-Monde à Ngi, séjour inoubliable à Bulungu, mort de Maman Antoinette Mobutu, élection de M. Mboso unanimément porté aux nues par les jeunes et les étudiants de l'époque. Je n'oublierai jamais cette soirée où de passage avec Séraphin Kiosi au Camp ONL, nous avions rencontré le candidat Mboso en compagnie de l'Ingénieur Sébastien Mulandu d'heureuse mémoire qui nous a impressionnés avec son slogan: "Mieux vaut échouer avec les jeunes que de réussir avec les vieux" (sic). Séra ne se souviendra sans doute pas de ce nom, mais de la phrase. Ce n'est pas sans rapport avec l'option actuelle de la Chancéllière allemande Angela Merkel. Soit. La campagne éléctorale battait son plein. Même le curé de Bulungu, l'abbé Kasai était candidat député (malheureux) à ces élections. Comme le monde est petit, l'abbé Kasai avait non seulement connu mes parents  mais aussi accompagné pastoralement leurs fiançailles à Kimbau. Paix à leurs âmes! Je le sus de lui-même à Ngi lors du cinquatenaire de cette paroisse. C'est à Bulungu que je fis la connaissance de Munguruba, qui se préparait à aller à Mayidi. Malheureusement, son séjour au Château Rouge ne dura pas plus de trois mois. Il est mort, le 3 ou 7 décembre 77, dans des circonstances difficiles à expliquer, noyé à l'étang où était installée la motopompe du grand séminaire. C'est Célestin Manzanza qui découvrit le corps inerte en marchant dessus. Paix à son âme!
Ce 11 février après-midi reste gravé dans ma mémoire. Les ressortissants du Bandundu - une bonne trentaine de personnes - avaient choisi de nous accueillir à la paroisse de Kintanu. Une belle messe animée par les filles du lycée. Une agape fraterna eut lieu dans les locaux de la cure. Dans la foulée, je fis la connaissance d'un parent originaire de Mutoni qui, plus tard, devint un paroissien engagé à Anuarite, Kenge. Les amis d'Idiofa dont certains sont morts entre-temps avaient spécialement rendu un vibrant hommage à leur collègue, appuyé des témoignages très percutants. Munguruba que nous découvrions était un jeune homme doué et doté d'un sens d'humour hors du commun. Que son âme repose en paix! Dans la soirée, après un crochet chez des amis, Yengo et son amie Eugénie Ngoma me raccompagnèrent à la Poste où je pris un kimalumalu pour Mayidi. Que des souvenirs! 
Coucou D U. Lusm.


9 févr. 2018

L'histoire des vaches étrangères

Lorsque j'étais dernièrement au Congo, j'ai comme tout le monde appris le passage de plusieurs centaines de vaches dans les provinces du Kwilu et du Kwango. Des inconnus venus d'on ne sait où trimbalaient leurs vaches. Des étrangers qui ne parlaient aucune langue du terroir traversaient d'inmmenses contrées avec leurs vaches rouges et encornées. On les disait tantôt des soldats rwandais déguisés tantôt des Tushis décidés à occuper contre une vache des vastes territoires pour leurs élevages. Il semble qu'ils négocient l'obtention du terrain moyennant une vache qu'ils remettent aux propriétaires des terres. Cela n'est pas sans me rappeler quelque chose que j'avais appris lors de la conférence du CRN - Congo Research Network - il y a quelques années à Cambridge, GB. C'était en 2014, et j'avais fait un rapport sur ce blog (27 décembre 2016). 
A ce colloque étaient présentés des exposés qui tentaient d'expliquer les causes des conflits endogènes qui existent entre paysans et éleveurs. Une chercheuse belge spécialiste des conflits des Grands-Lacs avait notamment soutenu que les éleveurs seraient naturellement plus doués pour le commerce, les affaires, la gestion des revenus de la terre que les paysans qui sont souvent passivement soumis aux vicissitudes des intempéries. L'éleveur serait, selon elle dynamique, zélé, plein d'initiatives alors que le paysan, statique et amorphe, attend que le ciel lui accorde la pluie et le beau temps. L'éleveur, guerrier et belliqueux, ne craindrait ni l'aventure ni l'inconnu alors que le paysan s'asseoit sur ses lauriers. Il affronte le monde au lieu de le subir. Je pourrais retrouver le nom de la conférencière, et le titre exact de son intervention, si besoin est. Pour l'instant, je m'en tiens à l'essentiel. La présence des vaches étrangères sur le territoire congolais ne date pas d'aujourd'hui.
Cela fait des années que nous apprenons l'occupation de la terre congolaise par des pasteurs de cheptel, des Mbororo - allez-y voir! - venus d'Ouganda dans le sillage du mouvement de LRA. Ils y sont encore et ne manifestent aucune intention de quitter le Congo. Ma mémoire est vague. Nous apprenons également qu'ils commettent des dégâts sur la population, sur les terres qu'ils envahissent sans que les habitants réagissent. D'aucuns soutiennent que c'est le même mouvement d'occupation avec un appui subreptice d'une armée déguisée ou explicitement exposée au cas ces mêmes éleveurs ne seraient pas armés.
Dernièrement, j'ai comme tout le monde lu l'intervention de Mr. Placide Kazundu, chef de territoire de Kenge. J'ai vu les vidéos du passage de ces vaches et leurs bergers du côté de Masamuna. J'ai vu les vidéos qui rapportaient la visite à Kenge de Mr. Muzito, ancien PM. La population locale est inquiète que leur terre leur soit arrachée de force tant que les autorités du pays n'interviennent pas. Elle craint une invasion en douceur, mais encore plus musclée étant donnée que l'identité des bergers de ces vaches demeure suspecte et floue. Le plus inquiétant, c'est le silence du gouvernement du pays pourtant censé éclairer et rassurer la population. Ne soyons pas dupes.
Que des étrangers traversent notre pays en quête des paturages pour leurs bêtes sans qu'ils soient interrogés ni dissuadés laisse pantois. Avons-nous encore des frontières? C'est la question qu'on doit se poser. Sommes-nous encore en sécurité? Sommes-nous encore sur des terres qui nous appartiennent. Qu'on ne touche pas à mes terres de grâce! J'estime que nous avons le droit de savoir ce qui se passe ou se trame derrière ces mouvements car les interprétations vont dans tous les sens selon qu'on soutient ou pas le régime.   

6 févr. 2018

Quelques réflexions

Claver,

Tu reviens du pays, et tu ne sais pas nous présenter des réflexions plus solides que les fadeurs que tu étales là. J'en suis presque dégoûté. Je dirais même que tu es devenu un poltron et que tu es trop tendre envers un régime impitoyable. Tu devais être à Kinshasa lorsque le Pasteur Ekofo s'est adressé à la MP et les a confondus dans un pamphlet sans précédent. Ton attitude me paraît complice, irresponsable et indigne de l'intègre professeur et interprête d'événements que tu as toujurs été. Tu as manqué de courage; plutôt que de dire les choses telles qu'elles sont, tu es complu dans les mensonges débités à longueur de journée. Des gens sont enlevés, torturés, tués, grillés et émasculés, tu ne trouves rien à dire que d'inviter des spécialistes pour déchiffrer le temps du temps. C'est d'affreuses attrocités que tout intellectuel, quelles que soient ses positions idéologiques, doit dénoncer avec force et courage.
Tu m'as révélé avoir été plus à l'aise à l'intérieur qu'à Kin. C'est que le terrorisme d'état bat son plein dans la capitale et les grandes villes congolaises. Avec sa pléthore des forces mercenaires, le pouvoir ne tolère aucune tentative de rassemblement; il n'autorise aucune marche de protestation, aucune commémoration, et surtout aucune discussion sérieuse en matière de gestion de la nation. Le pouvoir traité de médiocre par un Prélat catholique s'en prend à tout citoyen qui ose dire haut et fort ce que les autres pensent tout bas. Bien sûr des rêveurs comme toi sont les bienvenus dans ce pays, vous ne causez aucune tracasserie aux autorités parce que vous fonctionnez hors-circuit, en dehors de paramètres d'activistes. Je t'exorte donc à davantage t'impliquer dans les problèmes administratifs ou socio-culturels du pays."...

Merci pour tout
GF

Ma réponse:

GF,
Je te remercie pour tes remarques, mais tu oublies les réalités de ce pays. Tu aimes la RDC que tu as découverte par mon canal. Tu t'es au fil du temps entourée d'activistes de tous bords qui t'influencent sérieusement au point de me traiter de "rêveurs". Une telle méprise montre que tu rêves d'une RDC que tu ne connaîtras jamais de l'intérieur. Je te pardonne, et t'invite à l'esprit critique qui a jadis marqué le temps de nos études communes.
En toute amitié, 
C

4 févr. 2018

Quelques réflexions

De retour du Congo j'ai entrepris quelques réflexions que j'aimerais livrer aux amis et amies de ce blog. Je vais parler de deux ou trois choses avant d'aborder la situation politique.
Une pauvreté sans nom. Les miens, les nôtres, vivent dans une situation de précarité extrême. On dirait qu'ils passent à côté de la vie. Les quelques-uns qui s'en sortent sont sommés de nourrir toute la famille, de subvenir aux soins de santé et d'hygiène des autres, et d'intervenir financièrement dans l'éducation, la santé, l'hébergement de leurs parents. Ainsi donc des tracasseries psychologiques de tout genre entourent ces gens au point qu'ils ne peuvent jouir entièrement de leurs avoirs. Il paraît que la solidarité africaine n'a de sens que dans un sens. Celui qui a donne à celui qui n'a pas. Et cela sans limite ni considération des relations qui les lient. Un frère, un cousin, un neveu, un oncle, tous méritent qu'on s'occupe d'eux au même titre. Une sœur, une cousine, une nièce, une tante méritent une attention spéciale de la part de celui ou celle qui séjourne temporairement au pays. Notre population vit dans une pauvreté qui lui colle à la peau. Cela se sait, se dit, mais demeure sans fin. Comment éradiquer la pauvreté qui constitue notre seconde nature?
Un système de transport qui se développe. Les gens se déplacent aisément sur les routes de l'Ouest du pays. Je ne parle que du tronçon que je connais. Et la route asphaltée semble tenir malgré les menaces constantes d'érosion. Coup de chapeau aux autorités et aux offices chargés d'entretenir ces routes nationales. Tu parles? Rien n'a changé. Ce n'est pas mieux qu'il y a trente ou quarante ans. Allez-y voir. Je n'aime pas ce discours rétrograde. Je ne parle que de ce que je vois. Je suis impressionné par la rigueur de Transco en matière de ponctualité, de sécurité, de respect des voyageurs et de protection des biens. Il y a d'autres compagnies de transport mais qui n'atteignent pas l'excellence de Transco.
Des individus motivés et engagés. De Kenge, je garde un souvenir admirable pour mon frère et ami Freddy Mayamba. Ce monsieur possède une force intérieure époustouflante. Devenu handicapé par un accident attribuable à l'erreur humaine, FMK se débat et continue sa vie avec un courage qui vous coupe le souffle. Enseignant dans des instituts supérieurs de la place, il anime la Croix Rouge, modère l'association des handicapés de la province du Kwango. Et par dessus tout, sa voix vibre à travers les ondes radiophoniques de ... Le nom de la radio m'échappe. Qu'importe! Quand il reviendra, je le mentionnerai. Cette liberté que je m'accorde constitue l'élément fort de ce blog. Peut-être aussi sa faiblesse. Du moins je crois que ce genre d'omissions ne m'empêche nullement de publier mes articles. Coup de chapeau Freddy!



J'ai vu des femmes, des jeunes se débrouiller dans différents secteurs de la vie commerciale. Ils possèdent de petits stands au marché. Chacun a un petit ligablo pour nouer les deux bouts du mois. Ma belle-soeur exerce trois métiers. Enseignante dans une école de la place, vendeuse au marché en face de la procure, et secrétaire à la fonction publique, elle organise sa journée selon ses intérêts et devoirs. Chapeau Maman. Je vous admire et vous soutiens dans cette aventure de survie. Vous vivez dignement. Respect!

Des malicieux imposteurs, il y en a aussi, et beaucoup. Dans la nuit du 15 au 16 janvier autour de 20h, j'avais envoyé mon neveu Le Petit et ses amis me procurer 200 unités Vodacom pour mon cellulaire. Eh bien, l'argent - 3600 FC je crois - a été encaissé; mais les unités n'ont jamais été livrées. Mon erreur a été de ne pas vérifier illico la transaction. Le recours le lendemain n'a rien apporté, l'individu a disparu de la circulation. Et comme je devais voyager ce matin-là, j'ai abandonné le cas.

S'il est une chose qui m'a intrigué pendant mon dernier séjour au pays, c'est l'incertitude du lendemain, c'est la méfiance. Les temps sont durs. Il y a on dirait une sorte de trauma face aux événements socio-politiques. Le fait que le pouvoir en place et l'Opposition ne s'accordent pas sur le calendrier électoral ni sur les principes d'organisation de ces élections, embrase la peur de part et d'autre. La nervosité se sent dans l'air. La tension est au bord de l'explosion. N'étant pas politologue, je réserve aux spécialistes le soin de décoder les signes énigmatiques de ce temps. Ouvrons l'œil, et le bon.    

2 février - La Saint Blaise

2 février. Mois de la fièvre, février expose traditionnellement à des maladies de la gorge. C'est pourquoi l'invocation de St Blaise est importante afin d'éloigner de l'humanité fièvres et grippes, ces maladies aux contours souvent imprévisibles. Je n'ai vécu de ma vie cette cérémonie que chez les Missionnaires de Bethleem à Fribourg. Le même scénario chaque année: le Père Lovis SMB croisait deux cierges, et chaque membre de la communauté passait devant lui pour recevoir la protection divine. C'est une tradition religieuse du terroir comme la Bénichon ou, plus prosaïque, la Braderie de Porrentruy. Je pense à Laure Frélechoux ou à Fabien Crelier. Trêve de divagation! Revenons à la fièvre.
Ceci n'est pas sans rappeler cela. Je me souviens de mon passé. Ma D n'aime pas trop que je parle de mes amours passées. Je fus aussi un amour. Ma muse s'ennuie, s'énerve, et parle avec agressivité; je change de sujet. Alors je décide de parler de mes fièvres et grippes. La fin de janvier a été longtemps un temps de malaria pour moi. Je sortais du lit pour présenter les examens du premier semestre. Bon février à mes chères lectrices et à mes chers lecteurs. Professeur, on est ensemble. Que Saint Blaise nous porte secours et protection contre les maux de gorge! 

Lettre ouverte d'Alain Mabanckou à Emmanuel Macron


https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20180115.OBS0631/francophonie-langue-francaise-lettre-ouverte-a-emmanuel-macron.html


Il y a tellement des sujets

Je vais essayer de renouer avec mes habitudes. Depuis décembre, j'ai connu une irrégularité très marquée. Je dois avouer que j'ai eu un semestre difficile, peut-être le plus difficile de toute ma carrière professorale à Cave Hill. Et pour cause? Je me suis vu imposer 6 heures de cours que je n'avais pas du tout prévues. 6 heures pour des étudiantes dont les horaires ne suivaient pas le cours normal des enseignements. Là alors, déontologie professionnelle oblige, j'ai dû accepter d'enseigner un cours de langue supplémentaire. Soit. C'est aussi cela la collaboration dans une institution. Et j'étais motivé par le concept de "Student Centred" mis en exergue depuis quelques années par notre institution universitaire. Pendant tout le semestre, j'étais obligé d'enseigner le Français pour débutants mardi, mercredi et jeudi de 3 à 5 heures. Un bel exercice de pédagogie universitaire auquel je me suis dédié sans arrière-pensée.  Un exercice exigeant et fatiguant à plusieurs égards.
De deux. Cette année a été sur le plan académique la moins productive. J'entends en termes de publications. Je crois avoir dégainé légèrement. Après plusieurs années d'intenses productions, le corps a fini par réclamer ses droits. On dirait que le blog a remplacé l'écriture d'articles scientifiques. Par contre, j'ai participé à plusieurs colloques et conférences ici comme ailleurs. J'ai pris l'option de prendre part à toutes les rencontres intellectuelles qui ont lieu sur notre campus, dans lesquelles je peux apporter ma contribution. Quoique locales, ces conférences ont l'avantage d'amener sur place des éminents collègues dans différents domaines du savoir. J'ai apprécié le colloque des Panafricains où j'ai parlé de Lumumba; le colloque Island In Between où j'ai donné un état de la question linguistique dans la littérature caribéenne; ou encore le CHIPS (le symposium philosophique de Cave Hill) dont je suis, mis à part les organisateurs, l'un des participants les plus fidèles. Les collègues le mentionnent, attendent que je fasse quelque chose; et j'y vais volontiers. Les conférences ont l'avantage de rassembler spécialistes et non spécialistes autour d'un thème donné ou d'une question d'actualité. L'on est informé des dernières avancées dans différents domaines de recherche. L'on découvre une panoplie d'approches des sujets. L'on donne et l'on reçoit, comme aurait dit Me Senghor. L'on inspire et l'on est inspiré.
De trois. Ce blog est pour moi le lieu d'un épanchement intellectuel et culturel. Je le tiens depuis bientôt dix ans. Je le tiens parce qu'il me donne l'occasion de dire ce que je pense sur n'importe quel sujet. Je le tiens parce qu'il me met en relation avec le monde. Je compte des lecteurs à travers le monde. J'essaie de varier les langues afin de rappeler mes racines suku, yaka, congolaises ou africaines sans négliger mon être-citoyen du monde. Ouverture sur le monde va avec prise de conscience de soi. J'essaie de varier les sujets allant des plus banals aux plus sérieux bien que je me méfie d'étaler un pédantisme sulfureux. L'essentiel pour moi, c'est d'exprimer clairement ma pensée. C'est un exercice à la fois aisé et difficile. Par la force des choses, j'ai appris à écrire sans me préoccuper du "qu'en dira-t-on". Par la force des choses, j'ai appris à dépasser la peur de dire quoique j'évite les sujets polémiques, quoique j'aborde la politique avec un surprenant humour, quoique je revendique sans hésitation mon statut inaltérable de littéraire. Quoique... quoique... Il y a tellement des sujets que je ne saurais par lequel commencer. Je laisse l'univers m'inspirer. Je laisse les vibrations des plages caribéennes qui font face à l'Afrique et aux Amériques le loisir de creuser le tréfonds de mon être.
Enfin, un mot pour ma D: "Nul ne t'arrachera de mon cœur. Lusm!"

3 févr. 2018

Enfin l'Internet est là

Depuis le 12 décembre 2017 jusqu'à ce jour, nous sommes restés sans Internet à la maison. Raison: changement d'adresse et de domicile. Je suis pourtant allé à Flow pour que le téléphone soit délocalisé tout en gardant le même numéro. On m'a promis que ce serait fait dans les cinq jours de travail qui suivaient. Eh bien, ce n'est qu'aujourd'hui que c'est fait. Pour cela il nous a fallu utiliser des relations. Plus précisément, Andorra, qui travaille à Flow. Nous lui sommes très reconnaissants car en moins d'une semaine  le téléphone est activé et un nouveau modem installé.
Nous sommes de nouveau partie du monde.