15 févr. 2018

La grandeur du coeur

"Claver,
La lecture de tes articles sur la St Valentin m'a rappelé un vieux souvenir qui m'a rattrapé hier: "La grandeur du coeur." Ce fut le titre d'un texte que je composai du temps où j'étais poète. Je le composai d'un trait. A l'époque, je croyais que le coeur de l'homme était grand alors que la réalité le montre petit, puissant mais plein de choses. L'occasion de la Saint Valentin que je ne fête pas me fait de nouveau penser à cela. Petite partie du corps, mais puissant moteur vital. Il est surtout plein de choses, c'est pourquoi semble-t-il, il est grand.
Générosité, gentillesse, finesse, mesure, amour, toutes les vertus y trouvent leur place. Mais ce n'est pas tout. Tous les vices y ont aussi leur racine. Un bon coeur comme un mauvais coeur. C'est selon. A vouloir faire du bien, on finit parfois par déchanter. J'en ai eu l'expérience hier. J'ai eu le malheur de joindre au téléphone une personne, une amie de jadis que je croyais encore l'être. Je l'ai appelée pour lui souhaiter une bonne St Valentin, mais elle était sans doute dans une très mauvaise humeur. Convaincue que je l'ai appelée pour me moquer d'elle, elle  m'a débité des histoires à dormir debout, qui me concerneraient depuis plus de vingt ans et que je n'apprenais que hier. Elle m'a insulté, sorti des choses tronquées et falsifiées à son gré, des avanies que je ne pouvais tolérer car j'ai de la personnalité, moi. Du genre
-"Tu ne m'as jamais aimée. Tu sortais déjà avec celle que tu as épousée alors que nous étions ensemble. Imbécile que j'étais, je me suis laissée prendre. Tu as abusé de ma confiance."
- "Faux, et faux. Ce n'est pas vrai ce que tu racontes. Tu as pris un autre copain, ce n'était jamais mon initiative. Ce dernier, fils de magnat, t'aurait promis monts et vents, richesses et gloires. C'est toi qui l'as voulu. Huguette, je l'ai rencontrée bien des années après toi. Tu le sais très bien."
- "Maintenant avec l'âge, je suis convaincue que tu ne m'aimais pas."
-"Tu ne me l'avais jamais dit à l'époque. C'est toi qui as rompu notre amitié. Je ne t'en veux pas du tout. Je crois que j'ai commis une erreur de t'appeler en ce jour. Excuse-moi, etc..."
La suite a été une série d'insultes, tout le fiel est sorti de sa bouche. Même mon autre ami qui a eu le malheur de convoler avec sa cousine, a été impliqué, vilipendé, traité de tous les diables. Alors, je me suis interrogé sur la grandeur du coeur que je soutiens comme un principe de vie. Erreur, naïveté, il faut revoir les principes. Le coeur en réalité c'est la somme de tout ce qui y entre. Sa grandeur est morale.
Je me suis trompé. Claver, j'espère que tu peux comprendre mon embarras. Merci d'avance pour tout en ce jour mémorable.
Cura ut valeas!
Emile N."

Ma réaction à chaud:

Emile,
J'estime pour ma part que le coeur garde sa grandeur quoi qu'en pensent d'autres personnes. Tu ne t'es pas trompé. L'expérience de la vie s'enrichit avec le temps ou l'âge. Ton amie que je connais bien par ailleurs est de ce genre. Elle met en scène des histoires qu'elle arrange, hélas malhonnètement, à sa façon de sorte à te donner une responsabilité sur ses échecs personnels. Votre relation a vécu, il faut l'oublier. Aha. Il ne faut pas revenir au passé, car cela donne l'impression que tu voudrais la reconquérir. C'est le conseil que m'a donné récemment une de mes amies. Que de l'avoir appelée pour la St Valentin a été une erreur. Cela t'aurait évité des insultes inutiles. Sens toi toutefois libre dans ta décision car un conseil n'est qu'un avis, il n'oblige à rien. Ne change rien à tes convictions: le coeur a sa grandeur.

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