30 sept. 2020

Fin septembre

Une fin de mois pleine de suspens. Beaucoup de choses inachevées quoique prévues de longue date. Je ne saurais franchement pas dire si c'est un bon mois ou un mauvais, tellement il y a eu des choses bonnes et mauvaises. En bon optimiste, ne retenons que le bon côté afin de ne pas perdre la tête. De grands pas ont été réalisés dans certaines directions de la vie. Certaines échéances ont été honorées, d'autres pas.

Depuis ce lundi 28 septembre, c'est la semaine des réunions universitaires. Je suis très pris depuis lundi. Ce sont ces réunions qui m'ont amené par le passé à Trinité-Tobago et en Jamaïque. Le Covid 19 nous a forcés à tout faire en ligne. Comme chaque choix, forcé ou voulu, a ses pour et ses contre. La chaleur humaine manque à ces débats devenus désormais automatiques et virtuels. Nous sommes obligés de nous adapter à cette nouvelle imposition. A quelque chose malheur est bon. La santé est sauvegardée, la sécurité préservée: tout va bien tant que le travail est effectué. Certains dossiers qui traînaient sont clôtures, à la grande satisfaction de tous. Aujourd'hui c'est la réunion de nomination et de promotion entre autres aux grades de professeur. Les oreilles et regards sont tournés vers cette importante réunion présidée par le Vice-Chancelier. Les gens intéressés ou curieux attendent des nouvelles de leurs dossiers et des collègues. Les résultats seront connus ce soir comme un secret de polichinelle. Fingers crossed please. 

Oui, demain commence un autre mois : octobre avec ses souvenirs de tous les calibres. Des anniversaires, des commémorations douloureuses, des retours d'images et de visages aimés ou détestés. Le 12 octobre 87, vers 22 heures, je fis mes adieux à Kenge et poussai un ouffff légendaire. Ce jour-là signa une étape importante de ma vie. 3 octobre, enterrement de papa; promotion professorale. 4 octobre T Schmitt, etc. Autant d'attaches à ce mois si riche en symboles et mythes. Voilà à quoi ressemble et m'expose la fin septembre.




25 sept. 2020

Tant de choses à faire

Un vendredi relativement chargé pour moi. J'ai passé une bonne partie de la nuit à étudier des documents à évaluer lors de la réunion du comité d'engagement du personnel du campus. Il m'a fallu feuilleter tous les dossiers, les uns moins ou plus compliqués que les autres. Un réveil en sursaut. A 8 heures, je quitte la maison, dépose Jr à son école, continue à Postgraduate School, mais au bout d'une heure, je dois remonter au campus central pour la grande réunion. Une réunion réputée confidentielle à cause de la sensibilité des sujets abordés qui touchent à l'engagement, à la promotion, au prolongement de contrat, au licenciement du personnel, etc. Des discussions dans tous les sens, souvent à la faveur des liens entretenus avec les collègues qui postulent pour différents parcours de boulot. La réunion est longue, fatiguante, mais assez animée pour nous maintenir les membres du comité en éveil. 

Je suis encore à la réunion. On parle d'un sujet qui m'attire moins. Une collègue plaide pour le cas d'une autre qu'elle trouve mal traitée ou dont le curriculum vitae ne représente pas, selon son avis, l'ensemble de ses capacités. Mais je suis d'assez près les discussions. Je suis au coeur du leadership du campus universitaire, là où se décide le sort des agents académiques et administratifs de l'université. Au delà de ces discussions, il y a une question de justice vis-à-vis des collègues. Il en va de notre professionalisme et de notre intégrité.

23 sept. 2020

Le coup de fil manqué

Ce coup de fil manqué fut un rendez-vous avorté avec mon paternel de père qui dans son souci de me soulager m'avait appelé pour m'annoncer lui-même qu'il était sorti du centre médical où il était interné pendant quelques jours. Comme à mon habitude, je lui ai demandé d'arrêter et que j'allais le rappeler. En fait le message, son message, était passé: l'essentiel était dit. J'avais symboliquement coupé les liens avec mon père, croyant ou espérant que j'aurais encore eu l'occasion de lui parler. Je remis l'appel au lendemain, puis au surlendemain. Ce fut pour m'entendre dire qu'il ne parlait plus, mais pouvait comprendre une conversation ou communiquer par signes. Jusqu'à ce point de non-retour, mon espoir de lui parler n'était pas perdu, car je ne savais pas que c'était l'amorce du départ au pays des ancêtres. Je n'ai pas compris les signes du temps. Papa avait entamé son processus de mort sans que je parvienne à en prendre conscience, et que ma promesse de le rappeler constitua la rupture totale du contact entre nous. Son "Bonjour mon fils" me manque à jamais. Plus d'une fois, je me suis attendu à entendre ce bonjour même après sa mort physique, tellement j'y étais habitué. Je dois avouer que Papa prenait plaisir à user de ce moyen moderne de communication. Le portable popularisé par la mondialisation fut un instrument de grande importance les dernières années de sa vie. 23 septembre, jour de séparation et du silence imposé. Le coup de fil annoncé ou promis n'eut et n'aura jamais lieu, évaporé dans la nuée des tourbillons célestes. Une autre communion de cœurs, plus intime, plus magnétique et plus cosmique, s'est installée entre nous: le souvenir de Papa est éternel. Ces mots tombent au moment où justement je pleure un de ses frères et amis: Papa Jean Mukangu dont la date de l'enterrement nous sera communiquée incessamment. Paix à son âme!

23 sep

6h20 ici, mais 11h20 à Heathrow. Je me réveille en sursaut pensant à mon frère Nicolas qui effectue un voyage sur Paris. Je me dis qu'avec un peu de chance je peux le voir dans l'avion et lui souhaiter bon voyage. Je lui lance un bonjour de courtoisie auquel il répond spontanément. Après quelques difficultés on réussit à se voir et parler... peu avant que l'avion n'interdise l'usage d'appareils téléphoniques et électroniques.  J'en profite pour me faire un petit déjeuner. Pendant que je l'apprête, je pense au dernier coup de fil manqué. En effet, un certain 23 septembre 2007, j'ai eu à interrompre un appel de Papa lui promettant de le rappeler. Le rappel n'a jamais eu lieu. Ce fut la dernière fois que je parlai à Papa de son vivant, car il mourut trois jours plus tard. Paix à son âme!

Pendant que je suis à table, un couperet me fend le coeur. Ma belle-soeur Ida Boké est décédée à Kinshasa cette nuit à 23 heures. Que son âme repose en paix! Silence, méditation et hommage à cette dame de coeur! Que la terre de nos ancêtre lui soit légère. Les détails ne nous sont pas connus. Nous la savions souffrante de diabète et de tension, mais pas au point d'en mourir. Nous en saurons plus dans la journée.

Voilà une journée qui commence très mal alors qu'il y a des échéances urgentes de travail et de vie auxquelles nous devons faire face. L'école des enfants vient de commencer avec ses obligations. L'université p

22 sept. 2020

La journée d'hier

 21 septembre. Beaucoup de choses au programme. Rentrée scolaire pourvles enfants après plus de six mois, mais ni Ibangu ni Mukawa n'a eu à se rendre a l'école. Tout était prévu en ligne. Claver n'avait pas de problème de retrouver sa classe en ligne. Madeleine est restée en attente jusqu'à mon départ pour l'uni. Du boulot j"ai appelé, rien ou presque n'a.changé pour la jumelle tandis que le jumeau a suivi une journée de cours enn bonne et due forme. C'est un nouvel environnement d'éducation auquel parents et enfants doivent s'ajuster. 

Au bureau plusieurs dossiers au menu. Une courte réunion avec mon senuor assistant registrar nous permet programmer la journée et la semaine. La secrétaire est débordée systématiquement. Les urgences s'accumulent. J'attends qu'elle finalise les note d'une réunion à envoiyer aux quartiers centraux de l'université à Mona. Des étudiants passent pour leur package d'inscription, notamment leur badge. Ce qui ne permet à Ms Chandler de fonctionner normalement. La journée est très chargée. 

Je contacte les Mukangu pour présenter mes condoléances. La tristesse est immense. Chacun de nous pleure Papa Jean. Un crochet d'une heure sur le canpus pour faire légaliser un document auprès d'une juge de la paix. Vite servi, je retourne à mon bureau. 

L'après--midi est calme, mais le travail continue. Il sera 20 heures lorsque retournerai à la maison. Voilà.  





22 septembre

 Pieuses pensées pour mes confrères défunts de la paroisse Anuarite: les annés Nicolas Berends qui aurait eu 93 ans et Jean-Pierre Gavuka qui est mort il 34 ans. Erigée comme paroisse Sts Pierre et Paul en 84, elle changea de nom et fut dédiée à la bienheureuse et sainte Clémentine Anuarite Nengapeta. Pout moi ce jour réunit symboliquement deux collègues et amis avec qui j'ai partagé des moments décisifs de la vie. Que leurs âmes reposent en paix. 


21 sept. 2020

Décès de Papa Jean Mukangu

Sep 21, 2020. Condoléances mutuelles! Après Maman en juin dernier, c'est au tour de Papa Jean Mukangu de tirer sa révérence ce 21 septembre 2020 à Kinshasa. Tata wendi kwandi. Paix éternelle à son âme! Je viens de recevoir la nouvelle par un message de Corneille, avec qui j'ai parlé peu après. Je m'associe à toute la famille pour rendre un vibrant hommage à Papa. Pendant que j'écris lignes, je viens de parler avec Béa à Washington à qui j'ai spontanément envoyé des condoléances. Eh bien, c'est moi qui par excès de zèle lui ai appris la nouvelle par Messenger. Surprise et effondrée, elle a immédiatement appelé pour en savoir plus: "Buna wa yuki bwa buna", qu'elle s'est entendue répondre. Je lui ai présenté mes excuses car je ne savais pas. De ce pas, elle arrête le boulot... et retourne à la maison. Que son âme repose en paix! 

19 sept. 2020

Enseignement: un semestre inédit

Ce semestre s'annonce totalement différent de tout ce que nous avons fait et vécu par le passé. Le monde entier a changé: plus rien ne sera comme avant. Les cours se font en ligne et face dans les écoles. Des équipements appropriés comme les PC, les tablettes, HiPhones ou Androids sont de mise. Entrée contrôlée avec désinfection des mains et prise des températures. Disposition sécuritaire et sanitaire impressionnante. Distanciation réglementée et port de masques. Des écoles de zombies comme dans un film d'action ou des BD. Surprenant comme le monde peut changer, comme tout peut changer d'un jour à l'autre. L'école telle que nous l'avons connue traditionnellement est soumies à des contraintes actuelles qui contrôlent le monde. Des voix s'élèvent pour clamer leur libération des restrictions imposées contre l'exercice de leurs libertés et droits élémentaires. D'autres préfèrent attendre la découverte du vaccin anticoronavirus pour se sentir sécurisés. D'autres encore, stoïques ou flegmatiques, regardent les choses arriver telles qu'elles arrivent. Doutes, incertitudes, inquiétudes et traumatismes de toutes sortes en face à cette vaste représentation théâtrale qui se joue devant nos yeux.

Ce matin, Queen's College n'a pas dérogé à la règle. Le collège était fermé depuis le 19 mars et rouvrira ses portes ce 21 septembre 2020. Les dernières dispositions s'activent. Des informations méticuleusement préparées ont été présentées aux parents d'élèves. J'ai retrouvé avec plaisir, mais sans surprise, parmi les présentatrices une de mes anciennes étudiantes de faculté. Dans la mesure du possible, toutes les questions ont été abordées en conformité avec les instructions du ministère de l'éducation. En fait, il s'agit d'imaginer des solutions, de créer un environnement sain et sécurisé pour la bonne marche de l'école, et l'assurance d'un enseignement de haute qualité autant que faire se peut. La compétence du leadership de l'école n'est plus à démontrer: le directeur et ses collaboratrices se sont montrés à la hauteur de leurs responsabilités. Ils ont insisté sur la coopération constructive des parents pour réussir ce pari d'excellence et d'engagement professionnel. Tout est mis en oeuvre pour que les élèves et les enseignants travaillent dans les meilleures conditions possibles. 

Une semaine relativement chargée

Depuis le début cette semaine a été relativement chargée pour moi. Presque pas de tristes nouvelles à part la suite de la semaine précédente. Quelques réglages par ci par là. Mais beaucoup de travail. Il faut s'en réjouir car M. Nathumbudiku se lève et se recouche sans rien avoir à faire. Je n'aimerais pas passer de longues journées en face d'un téléviseur toujours allumé. 

Début des cours à l'université. Un semestre atypique fort touché par la réalité du coronavirus. Les cours sont mixtes: virtuels et face à face. En vidéo ou téléconférence. Ce qui a de sérieuses conséquences sur l'utilisation physique des salles qui ne peuvent contenir, distanciation sanitaire oblige, qu'un nombre réduit d'étudiants. Pas de limitation en ligne mais restriction de nombres pour les travaux pratiques. Les problèmes sont donc complexes même au niveau de l'inscription automatique aux cours. Notre comité en charge de l'horaire abat un travail de titan pour résoudre cet épineux problème. Sans parler d'autres détails coexistants. 

Les enfants du primaire et du secondaire reprennent officiellement lundi 21.10.  Là aussi c'est mixte et alterné. Une semaine de deux jours à l'école suivie d'une semaine de trois jours en alternance. Le reste des jour en ligne. Les enfants sont invités à utiliser des tablettes plutôt que des téléphones portables. Parents et élèves espèrent que ces dispositions fonctionneront. On verra bien. 

Je prévois un weekend sans histoires après le marathon du conseil académique d'hier soit six heures de réunion. Le repos d'un responsable n'est jamais total: c'est le moment de préparer les échéances de la semaine suivante. Ce sera le cas pour moi. Réunion du Queen's College à 9h. Lecture de quelques pages d'un roman de Laferrière. Rendez-vous avec mon pote Victor Simpson. Coucou à gauche à droite. Eglise le dimanche. Et le tour est joué. 

Bon weekend chers lectrices et lecteurs de ce blog. Votre fidélité est hautement appréciée. 



 

18 sept. 2020

L'entrée précedente

J'ai lu avec attention le texte précédent sur le WhatsApp de l'APK. L'abbé Jean Bissi a signé son article sans se voiler la face. Il a eu le courage de percer l'abcès, surtout de proclamer tout haut ce que d'autres pensent tout bas. Ce sont ses opinions qu'ils livrent. Vraies, discutables, fausses, exagérées, réfutables ou évidentes? A chaque lecteur d'exercer son esprit critique. 
Un pareil texte m'interpelle parce qu'il dresse l'état des lieux de l'église catholique en Afrique. Une église sur laquelle repose beaucoup d'espoirs mais qui, empêtrée dans l'immédiateté, perd parfois ses repères fondamentaux. Une église à la taille de l'Afrique qui parfois ne se distingue pas du discours politique ambiant. 
L'incipit donne le ton et la mesure de la grave accusation: "Les diocèses africains sont comme leurs états." Autant dire que ce qui se fait au niveau des états se passe de la même façon qu'au sein des diocèses. Autant dire que les évêques les gèrent comme les présidents gèrent les pays. Autant dire que les fléaux de corruption ou de gabégie décriés chez les politiciens se retrouvent aussi chez les hommes de Dieu. Des sous-entendus à la fois difficiles à prouver et à nier. Cette affirmation est à mon avis trop générale et gratuite au départ mais l'auteur s'efforce de la faire passer pour vraie dans son argumentation. Il y réussit presque quoique son discours radical ne laisse pas assez d'espace à une alternative. Ce faisant, cet agent pastoral questionne le sens de l'église et sa mission salvifique. Il permet de repenser, de façon logique et réaliste, l'église dans un contexte postcolonial. 
L'avantage d'une telle critique est d'ouvrir d'autres pistes de réflexion à l'église longtemps considérée comme une survivance coloniale. Une remise en question de l'église est impérative afin de redorer son image car l'heure a sonné pour que l'église africaine redevienne crédible, intègre et sans compromissions de quelque ordre que ce soit. Une église solidaire du sort de ses fidèles et des hommes face à la misère, la pauvrete, à la maladie, à l'injustice ou à l'exploitation qui les frappent. Elle a à s'adapter et à répondre au jugement de l'histoire. En publiant sa lettre pamphlétaire, l'abbé Jean Armel Bissi a lancé un cri de révolte et d'accusation à prendre très au sérieux.







Nos diocèses doivent être fouettés (Abbé Jean Armel Bissi)

Les dioceses africains sont comme leurs Etats. Ils preferent l'aide extérieure a l'investissement local. Ils preferent envoyer aux etudes a l'etranger comme si rien n'est a etudier surplace, ils font chômer leur terre mais admirent l'héritage des grands diocèses européens, ils recourent au service des specialistes qui leur coutent tres chers pourtant leurs propres pretres peuvent en grand nombre devenir medecins, avocats, ingenieurs, techniciens, machinistes, informaticiens etc. Tous ne distribuent que des bourses en theologie et en philosophie pourtant d'autres domaines comme l'economie, la gestion, le genie civil, l'agronomie etc peuvent changer la trajectoire d'un diocèse. Quand leurs intellectuels reviennent des études de théologie et de philosophie en occident, ils ne publient rien, refusent d'enseigner dans les grands seminaires mais s'acapparent des moindres petits postes dans leurs curies respectives ou alors des paroisses prestigieuses a defaut d'envisager l'episcopat. Aux cotes de leurs évêques, ces diplômés d'outre-mer ne foutent rien et sont incapables de reproduire ici ce qu ils ont aime en Occident durant des années. Les dioceses africains sont en panne depuis le depart des missionnaires blancs. Ils ne peuvent rien financer et l'héritage que leur ont légué les prêtres occidentaux meurt chaque jour tout comme meurent les petits acquis de leurs premieres tentatives d'autonomisation des annees 60 et 70. Aujourd hui, le pretre africain qui ne vole pas et qui n'arnaque pas ne peut pas se soigner, ne peut pas entretenir un vehicule, ne peut pas s'offrir une tenue de culte digne et ne peut pas refuser une enveloppe sale. Il est noyé dans la précarité pourtant il devrait être digne pour défendre la cause du Christ. Les diocèses africains excellent dans la médiocrité en même temps qu'ils nient les charismes. Si tu es prêtre en Afrique et que tu n as personne de haut place dans la curie ou dans l'administration publique, on ne t enlèvera jamais de ta paroisse de misère et on ne se souciera jamais de ce que tu y es chaque année. Ou est donc le Christ dans tout cela ? Nos Eglises doivent etre fouettées. Ceux qui nient ce que j'affirme pourront-ils nier ce que je suis ? Je sais que j'aurai énerve beaucoup. Mais je sais surtout que je n'ai pas dit des mensonges. Pour cela, j accepte la croix et si Dieu est au contrôle de l'église il me ressuscitera un jour. Si c'est une affaire d'hommes exclusivement, je viens d'augmenter la pression du four de ma misère. Tant pis pour moi même. Tant pis aussi pour toi qui persécute vainement. Je ne suis pas lâche. Je mets mon nom en dessous de mon texte pour en assumer la froideur. 

Abbe JEAN ARMEL BISSI, pretre de Yaounde ( Vicaire de la paroisse d'Afanetoana et NgoandiMbele).

13 sept. 2020

Dignité SVP

Il y a des choses qu'on ne fait pas. Il y a des choses qui ne se font pas. Il en va de la dignité. La dignité relève la grandeur d'un acte. Un homme digne se qualifie par la grandeur de son coeur et le respet de ses engagements. Il a de la classe. Les actes posés, les réactions manifestées, les attitudes affichées, montre souvent le degré de la respectabilité de l'homme. Un homme reconnu publiquement imposteur et criminel se disqualifie automatiquement, tout comme le mauvais, le mécréant, le scélérat, le truand, le brigand de grand chemin. La dignité est un honneur qui comporte des privilèges et des devoirs. Digne ou indigne, la séparation est radicale. 
Quelques conversations. Un ami critique des collègues qu'il a vus manger et boire à satiété dans un restaurant populaire malewa, au point de salir honteusement leurs habits. Deux dames d’un certain âge ivres comme des tonneaux sont récupérées d’un train par la police allemande. A Solingen, une femme a tenté de se suicider sous un train après avoir tué ses cinq enfants; elle a été empêchée de le faire. Autant de tragédies qui remettent en question la dignité humaine. La dignité qui est attendue de toute personne humaine est le minimum de respect pour autrui et la race humaine. Voilà un Monsieur! RESPECT! Voilà une Dame! RESPECT. De telles reconnaissances spontanées se passent, souvent, de commentaires. C'est la classe, c'est-à-dire il n'y a pas mieux. 
Voici deux membres de parlement. L'un possède un diplôme d’état; l'autre, je ne crois pas qu'il soit allé au-delà du primaire. Mais ils ont été élus, Dieu seul sait par quels moyens. Donc par des moyens douteux. Un observateur inconnu d'eux suit attentivement leurs dialogues. Au bout d'un moment, le second se met à vociférer dans un français approximatif contre le second qui le prie de baisser la voix et de se maîtriser. Bagarre de l’intellectuel contre l’illettré. Comme poussé par une folie incontrôlée, l'irascible honorable passe au lingala et dégouline tout son vocabulaire d'insultes sur son malheureux collègue humilié et honni visiblement. La foule se mêle pour les séparer. Quelle honte!
Pendant que j'écris ces lignes me tombe la nouvelle de la mort à 75 ans de Bernard Debré, médecin et homme politique français. Voilà un homme digne, pas le politique, mais le médecin. L'urologue gaulliste a soigné le président socialiste François Mitterand sans le moindre soupçon de méfiance. Chose impensable dans nos pays où on est ennemis jurés à mort lorsqu'on est opposants politiques. Hommage à Mr Debré qui nous donne une leçon de dignité humaine. 
Dignité SVP. Tout homme reste respectable en tant qu'humain, soit-il riche ou pauvre, qu’il ait réussi ou pas dans la vie. Il tire sa dignité du fait s’être homme. 

Dignité et responsabilité

Hier, en revenant du bureau, Claver Jr s'est empressé de me poser une question sur ces deux concepts qu'il a appris à son camp de cadets en août dernier. Notez qu'il fait partie de l'unité des cadets de l'armée barbadienne. Relisant le PowerPoint qui leur était présenté à cette occasion, il a attendu jusqu'à mon retour à la maison:

- Papa, quelle est la différence entre dignité et responsabilité?
- Jeune homme, tu me poses une question relativement difficile.
- C'est pourtant simple Papa.
- Oui, mais pas si simple que ça. OK. Je vais tenter d'expliquer les deux mots. Dignité et responsabilité, ce sont des qualités positives qu'on appelle des vertus. Tu le sais?
- Oui, Papa, on nous en parlé aux Cadets. Moi, je voudrais l'expliquer à Madeleine.
- Ah bon? Appelle-la alors qu'on en discute ensemble.
- Non, je t'ai demandé de m'aider pour que je le lui explique moi-même.
- D'accord. Dignité, c'est la qualité d'être digne, de tenir à son honneur. C'est comme le mérite et le respect. Responsabilité, c'est la qualité qui consiste à prendre une attitude correcte vis-à-vis de ce qu'on doit faire, ses devoirs par exemple de père, de mère, d'enseignant. Tu es digne quand tu mérites d'être applaudi. Tu es responsable quand tu t'acquittes de ce qui est attendu de toi dans une situation donnée. Tu comprends?
- Un peu Papa. Les deux correspondent à "Integrity" comme on dit en anglais.
- Exactement. Bien dit Mukawa. Voyons... on t'a dit cela aux Cadets?
- Oui Papa. Tu as réussi le test parce que c'est ce que notre instructeur a dit. 

Au fil de la conversation, je découvrirai plus tard qu'il a aussi lu l'entrée de ce blog sur la responsabilité. Je dois donc faire attention à ce que j'écris parce que mes enfants le lisent. Des fois, ils corrigent mes textes anglais ou suggèrent d'autres formulations. Ce à que quoi je résiste souvent avant de me rétracter.


12 sept. 2020

12 septembre

12 septembre, c'est une date qui me plait je ne sais pour quelle raison. Y aurait-il un événement, un fait, un dit, un individu liés à cette date? Je ne saurais le dire. Il faut l'accepter, tout n'est pas explicable quoi que prétendent les obscurantistes. Du moins pas explicable rationnellement ni logiquement. Je sais par contre que, dans mon magnétisme intérieur, que c'est une date qui me plait bien, orientée positivement et reposant malgré le stress ambiant. Mes premiers jours d'école primaire à Mutoni me reviennent: mon enseignant, Papa Jean Muzungu, est là s'escrimant à m'inculquer m + i : mi. Je revois son fils Jean-Claude et Lufonsi Sitidi, entendez Alphonse fils de Madame Astride. Coucou Astra! Coucou Kha Sitidi. Me reviennent ensuite mes premiers jours d'école secondaire à Kalonda, inaugurant un cycle de six années consécutives comme élève et une autre comme régent. Je pense aux copains morts et encore vivants. Coucou Monsieur Boubou. "Sors - Je tiens", une des premières expressions apprises des anciens. Allez-y voir. Pierrot Niamadjomi, notre tout premier prof de français avant que "Les gradués sont durs comme une pierre" ne nous prennent. Respect maître David Mwanzala! Respect Nicolas Ansobi! Je pensé à mes premiers cours dispensés sans avoir au préalable reçu une formation pédagogique. Apprentissage by trial and error. Surtout en imitant les meilleurs de mes enseignants. Rome 1979, je crois que c'est le début du cours d'italien au Collège Urbain. Kenge 1982, le dur apprentissage du métier de secrétaire à l'évêché... mais dans une ambiance positive et engagée. J'étais préparé. Cave Hill 2001, enseignement de français et littérature africaine à la Barbade. Un ensemble d'événements positifs, défiants et exigeants à plusieurs égards. D'où le sens de l'engagement comme une vertu que je prône dans ma vie. Je mets le cœur à la besogne. 

2020. J'ai eu une semaine assez chargée, je n'ai pas fini ce que j'ai prévu; c'est pourquoi je me retrouve à mon bureau de travail pour achever quelques détails dont j'aurai besoin la semaine prochaine. Bon weekend à toutes et à tous. Coucou Mukawa et Ibangu qui après plus de six mois à la maison, retournent à l'école le 21 septembre, qui n'est autre que le 12 renversé. Le ministère barbadien de l'éducation prend des mesures adéquates pour assurer la sécurité des enfants et des éducateurs dans ce contexte de pandémie que traverse le monde. Bonne année académique et scolaire à tous! 

 

11 sept. 2020

6 ans déjà: Papa Bernard

11.9.2014 - 11.9.2020: voilà six ans depuis que Papa Bernard Mosimi nous a quittés à l'âge de 94 ans. Une vie pleine et riche en événements. Une vie de sagesse et de simplicité. Homme de discipliné réputé pour sa rigueur, Papa Bernard a réussi à attirer le respect et l'admiration aussi bien des siens que des personnes qu'il a servies. Longtemps surveillant au Collège St Paul ou Kivuvu de Bandundu Ville, ce notable père a été un père qui a casé ses enfants dans les meilleures écoles. Son premier fils est ingénieur de l'IBTP; le second docteur orthopédiste; la troisième a comme diplôme Claver; la dernière est docteur es sciences économiques. "Vous voulez me juger, regardez mes enfants" aurait-il dit volontiers car l'homme qui prétendait avoir les poches trouées déclarait avec tout le sérieux du monde: "Mon argent, ce sont mes enfants." Je voudrais par là dire que le pépé de Mukawa et Ibangu avait une prédilection sans limites pour les enfants auxquels il a consacré sa vie. A St Hippolyte il assistait à la messe dominicale des enfants plutôt qu'à celle des adultes. Il aimait bien nous envoyer un "message buccal" quand il le voulait. Musicien de chants grégoriens à ses heures. Coucou Jeanne à Ottawa qui éclata de rire à entendre cette expression et me le rapporta. Papa Bomwana fascinait par l'immensité de sa culture par une lecture très personnelle de l'histoire des peuples. Je n'oublierai jamais quelque chose qu'il me dit jadis à propos d'un quidam imperturbable face aux émotions des autres: "Ils sont comme ça. Seul Dieu peut le fléchir. C'est inscrit dans ses gènes tribaux." Il avait raison, car la suite de la vie a prouvé ce qu'il avait dit comme un oracle de Delphes. J'ai gardé beaucoup d'affection pour lui dès la première fois que je le rencontrai en présence de Mushikangondi le 6 août 1978. J'ai voulu personnifié cet hommage, en joignant en choeur le souvenir que gardent de lui Glodie, Christian ou David ou encore Elnathan, Noellie. Grâce, Bénédicte ou Johnatan n'ont pas eu, comme Mukawa et Ibangu, la chance de le voir physiquement ni de le toucher. J'ajoute à la liste Prisca, Daniel, Stéphanie, Ortiz, et les autres. Jusqu'à ce jour, Chrystelle se souvient de lui et déclare qu'elle avait peur de lui parce qu'il était vieux, édenté bien qu'elle le trouvât gentil et sympathique. Sa perception de 5 ans est restée identique. 

Repose en paix Papa Bernard. Prie pour nous là où tu te trouves. Paix éternelle à ton âme Papa. 

September 11

September 11: une date inoubliable dans l'histoire du début de ce siècle. Je venais d'arriver à la Barbade en août 2001. Un mois après eut lieu un attentat suicide qui changea la face du monde. Les tours jumelles du World Trade Center de New York furent détruites par des avions détournés de leurs destinations. A Washington DC, un autre avion s'écrasa sur le Pentagone. Les Etats-Unis étaient atteints en plein cœur. Ces attaques kamikaze firent un bilan de plus ou moins 3000 morts. Hommage et paix à leurs âmes! La lutte contre les terroristes d'Al Qaeda et alliés prit une ampleur monumentale, la suite est connue. La Lutte du Bien contre le Mal fut l'expression idéologique défendue à l'époque par le Président George Bush Jr pour justifier son action de représailles. 

Un événement pareil est à la fois effroyable et révélateur. Effroyable parce qu'il déstabilise la conscience humaine en lui insufflant une peur illimitée devant l'étranger. Effroyable aussi parce qu'il soumet le monde entier à une méfiance, à une condamnation des idéologies de guerres saintes ou religieuses. Révélateur parce qu'il montre qu'aucune nation, si puissante soit-elle, n'est à l'abri du terrorisme quels que soient les moyens militaires et sécuritaires qu'elle met en place. Révélateur de la fragilité du monde entier. Je n'ai malheureusement pas le temps de développer plus longuement ces idées.

La leçon à tirer du 9 septembre et de la pandémie actuelle du Covid-19 est la même: plus rien ne sera comme avant. Le même traumatisme collectif suscite des doutes concernant l'avenir du monde; l'incertitude est totale pour tous sauf aux yeux des forces (in)visibles qui tirent les marionnettes. Le nouvel ordre économique voulu par les puissants de ce monde vise, d'après certaines langues, le contrôle radical et la zombification de l'humanité, la diminution de la population mondiale, au-delà de juteuses affaires que ces genres de phénomènes génèrent. Comme quoi, l'histoire se répète. Cette fois, la guerre passe à l'arme chimique sous l'étique du coronavirus et du vaccin pour l'éradiquer. Toutes les explications sont permises.  

10 sept. 2020

Le sens de la responsabilité

Lorsque l'on est responsable, le poids est lourd. Le poids de la responsabilité donne la mesure de ce que vous représentez dans la société, autour de vous. On est responsable ou on ne l'est pas. Ni l'âge, ni l'argent, ni l'intelligence, ni la beauté, ne comptent. Seul compte le cœur, l'abondance du cœur. Les parents savent sentir dès le bas-âge le sens de responsabilité de leurs enfants. Ce qu'ils prédisent de leurs enfants arrive souvent comme prédit. La responsabilité s'acquiert au cours de la vie, au gré des expériences; elle ne s'improvise pas. 

Un jour, il y a de cela près de cinq ans, je me suis fait accompagner de Mukawa pour faire des courses. Il m'a prié d'acheter deux petites boites de jus, ce que j'ai fait sans me poser des questions croyant qu'il réservait une boite pour Ibangu. Eh bien non, le jeune homme a consommé la première boite sur place. Il faisait très chaud ce jour-là. Nous avons continué notre marche. Lorsque nous sommes revenus à la voiture, il a consommé la deuxième boite: 

"Je croyais que la deuxième boite était pour ta sœur", lui ai-je dit.

"Non, papa, c'était pour moi-même. Ah je comprends. La prochaine fois, j'achèterai trois boites: deux pour moi et une pour elle."

"Non, deux. Il faut apprendre à partager."  

Pendant tout le trajet du retour à la maison, Mukawa est resté longtemps pensif, sans parler. Arrivés près d'une station d'essence, il m'interpelle: "Papa, est-ce qu'on peut entrer à la station acheter du jus pour Madeleine?" La leçon est passée.

Ce matin, juste au moment de descendre au campus pour mon travail, je reçois un message audio de ma boss. Je la rappelle. Elle me fait remarquer qu'une secrétaire de mon unité a répondu à un membre de l'administration qu'elle n'exécuterait pas la demandé qui lui était faite parce qu'elle était surchargé avec le dossier d'un autre institut. Ce qui a choqué ledit membre qui a appelé ma boss, laquelle m'a interpellé. Je n'en savais rien du tout. Pourquoi devrais-je répondre de la réponse inadéquate d'une secrétaire alors même que je ne lui avais pas donné cet ordre-là? Comment devrait-elle travailler sur un dossier inconnu de moi sans ma permission? N'aurait-elle pas mieux fait de répondre gentiment à la demande sans devoir évoquer ce sur quoi elle travaillait? Et moi quel est mon rôle dans tout cela? Le sens de la responsabilité constitue la seule réponse adéquate à toutes ces questions. 

9 sept. 2020

9 septembre: St Pierre Claver

Tôt ce matin:

"Den allerschönsten  CLAVER-Tag, den man sich wünschen kann und meine herzlichsten Grüße..." (Traudl).

"Vielen Dank liebe Traudl. Wir sprechen später, noch zu früh hier. Danke nochmals."  (CM).

"Tendre merci, Fleur de Cactus, en ce jour glorieux de la St Pierre Claver. Au milieu de nos peines, la main consolatrice divine nous est tendue. Pour toujours." (CM)

J'ai presque toujours célébré cette date dans la méditation. Date o combien mémorable. 

Pour la petite histoire, on m'a toujours appelé Claver (Kilave, Kalavedi, Kavé, Kalver, Kalvin, Kulave, Karuve, Kalvari, Karavel...). Kilave(di) par les gens de Makiosi et du Champ des tirs Kenge, Kalavedi par Nzeka et les gens de Kimbau, Mutoni, Kavé par Cédric Kasongo, Kalver, Kulave parr ma tante Mubembi, Karuve par Tata Makambu, Kalvari par Phukutu à Mutoni. Même Kha Hileni m'appelle encore tendrement Kilevedi. Cela me fait sourire. Un nom singulier et compliqué comme moi-même. Un nom difficile à prononcer et à écrire! Clavert ou Clavaire ou Klaver, c'est tout comme. Je pourrais retracer ma biographie en fonction de ce nom de destin et les différents glissements phonologiques ou phonétiques qu'il a subis au cours de mes migrations et statuts sociaux. Ma propre maisonnée en compte trois: Abuka, Mukawa et Kahiudi, excluant du cercle Ibangu. Ici les anglophones m’appellent soit /kleive/ soit /klavije/. Pour faciliter la prononciation ou la rétention, il m'arrive souvent de me présenter "Clever but I am the opposite". Bizarre mais c’est comme ça. Chrystelle des fois appelle son frère “Clavier” pour le taquiner.

Je ne le savais pas jusqu’au jour où Papa Albert Mayamba me révéla le nom complet de mon saint patron. C'était le 2 juillet 1967 lors de la proclamation publique des résultats scolaires. Je vois encore mon directeur de St Frédéric (Mateka Mbuta aujourd'hui) m'appeler: "Pierre Claver" à ma grande surprise bien entendu. Merci Papa, paix à ton âme! Pierre ne figure dans aucun document officiel, ni dans mon passeport ni dans ma carte de baptême. Par contre, il y a des gens qui me connaissent sous ce nom. Un ami curé suisse me l'a collé et j'ai fini par m'y habituer. Il y a quelques mois, Mukawa a découvert sur une vieille enveloppe: "Mr Pierre Claver Mabana". "Papa, m'a-t-il demandé depuis quand t'appelles-tu Pierre?"

Saint Pierre Claver, apôtre des esclaves, prie pour nous. 




8 sept. 2020

De nombreuses nouvelles de mort

Condoléances mutuelles! La mort nous touche spécialement depuis hier. Hier un beau-frère, Biase Kiway, un jeune homme que j'ai croisé, sont morts à Kenge. Hier une nièce décédée à Kin. Aujourd'hui une tante et Aimédo Mufundu. Paix à leurs âmes! Des morts annoncées l'une après l'autre sans interruption. D'autres encore sans doute attendent de nous être annoncés d'ici peu. Comme je le disais à une amie, la mort est près de nous; nous vivons avec; elle fait partie de notre existence. Nous sommes souvent surpris parce que nous ne connaissons ni l'heure ni le jour. Ceux ou celles dont s'attend qu'ils meurent, meurent souvent bien après les bien portants. Le plus malade n'est pas forcément le premier à mourir. C'est comme cela que Blaise Pascal définissait la condition humaine. Nous marchons en file indienne vers le carrefour de la mort, mais l'ordre d'arrivée nous échappe. La terre serait un mouroir permanent pour la race des hommes. Paix éternelle à nos morts!  

La vieille survit, on la traite de sorcière, comme on le fait pour le vieil homme. Certains vont jusqu'à dire que les mauvais résistent à la mort, alors que les bonnes âmes périssent souvent très jeunes, sans avoir accompli l'essentiel de leur mission terrestre. Les criminels qui portent sur leurs mains du sang humain tardent à se faire enterrer alors que la majorité de leurs concitoyens souhaiteraient les voir mourir au plus vite à défaut de les achever immédiatement. Des innocents meurent par dizaines, centaines ou milliers, souvent suite à des attentats meurtriers ou à des catastrophes naturelles. D'aucuns prétendent que l'issue fatale constitue l'échec de la médecine dont la principale action consiste à la retarder. La mort est notre lot, notre destin, comme j'aime à le répéter à mon inspiratrice. C'est en bref pour dire que la mort survient en son temps, à l'heure que l’Éternel a choisie pour chacun. 

Demeurons sereins, enterrons nos morts dans la dignité et la décence. Que leurs âmes reposent en paix!

7 sept. 2020

Kenge, une porte sur le monde

Lorsque j’arrivais a Kenge pour la première fois en juillet 65 avec ma famille en compagnie des Ndikita, je n’avais jamais pensé que ce séjour aurait été le point de départ pour beaucoup de réalités marquantes de ma vie. J’écrivais l’histoire de ma vie sans le savoir. Un chauffeur Michel ou Mamatu nous avait conduits à bord d'un camion Mercedes de Santos. Je découvrais en chemin un bac, le bac de Kobo sur la Bakali. Je découvrais une piste d’avion: je voyais même un avion, un petit porteur. Je faisais des escapades rien que dans le but de voir la cité. Je découvrais l’existence de l’église protestante, totalement inconnue auparavant. J’avais vu des candidats aux élections, mais je voyais des autorités à l’œuvre. Je voyais les missionnaires de St Esprit et de la Procure vivre dans leur communauté. Je voyais les toutes premières religieuses: Matsutsusu et une sœur Adolphine qui gérait la maternité.  La disposition de la cité m’impressionnait: l’avenue Kibombi la traversait diamétralement comme un fleuve où toutes les rues constituaient des affluents. Le Camps Fonds d’avance brillait comme un quartier privilégié pour le villageois venu de Makiosi. Célestin et Godé Ndikita habitaient Lac Moero, oncle Tsakala possédait son atelier de confection au marché mais avait ses pénates sur la rue Laurence. De jolis noms ou mots qui faisaient mon bonheur d’enfant curieux. Je n’oublierai jamais Maman na Willy m’incitant à pratiquer le kikongo: “Awa na Kenge bantu nionso ke tubaka kikongo, nge fwete longuka yo.” Perdu, égaré dans ce fouillis urbain, je me demandais comme j’allais maîtriser cette langue que seuls les enseignants parlaient à Makiosi et à Mutoni. Le père Albin la parlait, mais je ne le comprenais pas. Ainsi j’avais failli rater mon test de première communion en juin précédent. Dieu merci que Tata Dieti était présent pour me réconforter et m’encourager à formuler maladroitement mes réponses. Kenge m’a rendu attentif au phénomène des langues. Après le kiyaka à Kabwita, le kisuku à Mutoni, le kipelende et le kiyaka à Makiosi, Kenge m’a mis à la croisée des chemins culturels. J’étais particulièrement impressionné par le kimbala, le kiyansi, surtout le kitshoko dont l’émergence dans mon univers constitua un tournant décisif. Kenge m’a ouvert au relativisme des cultures et des tribus. Je vis ou connus des coopérants étrangers haïtiens ou belges; des commerçants portugais Santos, Agos, Matos, Martins. Les premiers abbés: Binton, Luhangu, Makula. Je vis la fanfare de VdB bien avant celle qui accompagna Diangenda en 66 à Kenge. La cohabitation harmonique de personnes venues de différentes racines culturelles et linguistiques m’a marqué à vie: le polyglotte que je suis devenu a trouvé à Kenge son point de départ. De Kenge de l’époque je savais tout: rues, ruisseaux, monts, vallées, brousses. Busenge, Kingulu, Kiwana, Mangangu, Manzau formaient la toile d’encadrement de cet oasis populaire. Je vis mon tout premier de foot entre V. Club Mozande, Daring et Dragons. Lorsque j’y revins en septembre 65 pour ma troisième primaire, il n’y avait plus de secrets pour moi. La paroisse St Esprit, le siège des PCDK, fut mon refuge, je devins servant de messe. Ben van den Boom joua un rôle capital dans l’épanouissement de ma personnalité. Je découvris la solidité des liens familiaux ainsi que le sens de l’amitié. Les jeunes étaient bien encadrés, et je m’intégrai aisément dans ce flot humain. Je revois l’ouverture de la route asphaltée Léo - Kenge jusqu’au niveau de l’école normale. Toutes ces brousses transformées aujourd’hui en camps possédaient à mes yeux d’enfant une poésie immortelle. Aujourd’hui encore lorsque je regarde du côté de Yete ou de Manioka ou au-delà du Champ de Tir le mongo Zeka, je revois toute l’histoire de mon enfance à Kenge. Le désert fut la miniature de ma marche aux confins du monde, de mon monde bien entendu. Aujourd’hui hélas les traces s’effacent au rythme des morts qui jonchent le chemin de sa cour pour l’exilé de la Barbade que je suis devenu. Comment ne pas dire merci à l’Eternel pour m’avoir permis de fêter le nouvel an de 2018 et 2019 dans cette ville où je passai 7 ans de ma vie. Autant qu’à Kalonda. Notez en passant que je n’ai jamais passé trois mois de suite à Kinshasa. Contre 20 ans à la Barbade. Voilà ma muse fleur de cactus, tu sais tout de moi. Kenge, sept ans de vie, une porte sur le monde. 

Une journée mitigée

Cette journée s’est achevée comme elle a commencé, c’est-à-dire dans une incertitude totale. Ce matin, je me rendais à une réunion de répartition de fonds de recherche où nous n’avons reçu aucune demande. En effet, le Covid et le contexte des activités ont fait que nous avons eu peu de temps pour faire la publicité de cet événement sur lequel des collègues fondent beaucoup d’espoir en termes de soutien financier pour leurs travaux et publications. Voilà que cette réunion s’est réduite à une discussion sur la gestion de la crise financière due aux conséquences de la pandémie. 

Deux nouvelles très tristes en ce jour: la mort a Kenge ce matin de mon beau-frère Biase, époux de Marianne. Paix à son âme. On dit qu’il a été terrassé par  une grave tension compliquée d’un diabète chronique. Je l’ai vu pourtant en décembre, faible mais pas au point de subir une mort aussi subite. Dieu ait son âme! À Kinshasa par contre c’est Bayekula, fille de Louise, qui a perdu son enfant. Paix à l’âme de cet ange si vite enlevé à notre affection. Je ne l’ai pas connu ni vu, mais je partage la douleur des miens. J’ai donc eu à parler avec Papa Bunda, Nicolas et Ritha pour atténuer la gravité de la peine. J’ai aussi parlé avec Traudl Schmitt sans que je mentionne ces morts. 

Contrairement aux autres jours de la semaine, j’ai par solidarité renoncé à la plage. Je n’avais pas le cœur à cela, il faut l’avouer. Je suis revenu à la maison ou je me trouve et attends de suivre un match de foot avant de me coucher. What a sad and crazy day. 




6 sept. 2020

"Nemo dat quod non habet"

"Personne ne donne ce qu'il n'a pas", disaient les latinistes. 

Patience: une année déjà

Voilà une année depuis que notre chère Patience Sanda est décédée. Paix à son âme! Nos cœurs saignent encore de la douleur éprouvée à cette occasion. Il y a quelques mois, relisant mes papiers d'archives, notamment un carnet dans lequel je notais des dépenses, j'ai retrouvé une dette - sûrement épongée - de quelques Zaires qu'elle avait contractée du temps où elle étudiait au lycée de Mukila. Nous sommes en 1987. Ce matin, j'ai parlé avec Ma Marceline, sa mère. En fait elle appelait Pascaline afin qu'elles se rendent ensemble avec d'autres à la tombe; mais la main de Dieu a voulu que cet appel vienne chez moi. C'est ainsi qu'elle m'annoncera l'événement, avec la précision que la tombe sera construite en octobre s'il plait à Dieu. Paix à ton âme Patience! Ta maman est inconsolable. Blandine ta soeur n'ose pas aller à ta tombe, tellement la douleur de ta séparation reste profonde. Nous continuons de te pleurer, car ton souvenir reste à jamais gravé dans nos cœurs. Repose en paix!

Vous avez dit "justice"?

Vous avez dit "justice"? Je ne sais franchement pas de quoi vous parlez. Elle n'existe pas. Et si elle existe, elle ne peut être que celle du lion dans la jungle. La justice parfaite, c'est dans les manuels de droit ou de religion. Dans la réalité vécue, il y a une institution, une vertu, une option qu'on appelle justice qui reste un pieu voeu. Le monde est tellement corrompu, la conscience humaine tellement viciée qu'il n'y a aucun espace pour ce qui s'appelle la justice. Et ceux ou celles à qui est assigné le devoir de l'exécuter sont parmi les plus grands criminels de l'humanité. 
Justice? Un beau mot pour masquer les contre-vérités des urnes ou museler les téméraires les plus tenaces. La justice rase, coupe. Le monde est injuste, c'est que l'on entend le plus souvent. Je serais tenté de le croire si je n'isolais pas quelques individus droits et idoines dans l'exercice de leurs devoirs. Il y en a, mais c'est une infime minorité. Le magistrat penche pour le plus offrant, l'avocat juriste défait les pratiques pour faire triompher la cause de son client, le ministre censé prêcher la loi de Dieu verse également dans la complaisance devant l'appât de l'avantage immédiat. La corruption a tout miné, même les soutanes des prélats les plus immaculées.
Il n'est de justice que du plus riche et du plus fort à qui tout est permis. Comment voulez-vous que le pauvre paysan que l'on dépossède de sa terre puisse y croire lorsqu'il ne trouve aucun moyen pour défendre sa cause? Comment voulez-vous parler de justice dans un pays où tout est faussé par les agents mêmes censés assurer l'équité? Comment voulez-vous y croire lorsque les plus grands assassins circulent librement alors que les petits larcins triment à vie dans les prisons les plus nauséabonds du monde? Bref, il n'y a pas de justice, sauf pour ceux qui en parlent nuit et jour. L'injustice est devenue comme une deuxième nature. Ce matin, je répondais à un aîné qui se plaignaient de l'insensibilité de sa hiérarchie face à la déchéance sociale que subissent ses confrères de métier, comme suit:
"Message bien reçu. C'est un problème de survie de toute urgence. Une situation injuste où les uns ont tout et d'autres rien. Suffisants et pleins d'eux-mêmes, les premiers semblent satsifaits et se moquent éperdument des seconds, malheureux et dépourvus de tout. La différence de niveau de vie est flagrante. Le leadership doit résoudre cela au plus tôt sinon "vaine est la justice qui s'enseigne ou se prêche". Ce n'est pas au riche de résoudre le problème du pauvre. Il n'est justice que celle du riche." Aussi paradoxal que cela paraisse, il se trouve à la tête des oppositions et des syndicats d'ouvriers, des messieurs-dames bien rémunérés qui gagnent leur vie à la sueur des adhérents et des gagnes-peu. La révolution de la justice ne viendra que de la souche des pauvres démunis.   

Halte au tribalisme

"Halte au tribalisme!

(...) Le Congolais diffère des autres africains par un grand sentiment NATIONAL. Quand un Africain noir ici aux États-Unis rencontre un autre Africain comme moi, la question qu’il (elle) me posera est: “Where are you from? Or Wher’re you from? Nous Congolais/Congolaises (RDC) répondons en ces termes: “je suis originaire de la RDC.” Si l’africain est congolais/congolaise, il/elle demandera: “comment vous appelez-vous?” c’est tout. 

Faisons attention au piège du tribalisme! Si une guerre éclatait en RDC sur fond de l’appartenance tribale, eh bien personne parmi nous ne sera épargnée. Je vous en prie. Prenez le test ci-dessous. Appelez un collègue qui n’avait pas étudié avec vous au niveau primaire ou secondaire, de préférence dans une autre région/province. Demandez-lui de lire cette phrase et vous serez étonné(e):

‘’En venant chez vous, j'ai rencontré quelqu’un à 11:50. Nous avons examiné le budget 2019 et les justifications financières y afférentes. Nous reviendrons sur ce sujet très rapidement, disons dans soixante minutes!’’ Allez-y.

En vous faisant lire cette phrase, je peux constituer quelques échantillons statistiques sur base des écoles/villes où nous avions étudié:

Échantillon 1: Kikwit/Kenge

Échantillon 2: Mbuji-Mayi/Mwene-Ditu

Échantillon 3: Boma/Inkisi

Échantillon 4: Isiro/Lodja

Échantillon 5: Mbandaka/Gbadolite, etc.

Nous ne prononcerons pas cette phrase de la même manière selon nos origines géographiques. Nous avons plusieurs ‘accents.’ Ici aux E.U., c’est la même chose. 

Rions un peu. En juillet 2010, j’étais en route pour Kinshasa avec mon fils J. ... Durant mon escale à Zaventen (Bruxelles), j’avais rencontre une jeune canadiene et sa copine congolaise (fille de feu Anzuluni Bembe). Elles avaient un orphelinat à Kin. Les deux voyageaient avec moi pour Kinshasa. La Canadienne -bilingue- me dit ceci: “Arthur, tu parles Français avec un’accent Américain (Anglais)! Mama na ngai! Comment cela? Elle ne m'avait pas expliqué. Je ne m’en étais pas revenu! Moi, formé au Petit Séminaire de Kalonda et Grand Séminaire de Mayidi, qui étais fier de parler la langue de Molière parfaitement, comment quelqu'un pouvait-il me dire cela? Il mavait fallu deux ans pour comprendre comment mon français était corrompu par l'anglais.

En conclusion, dans l’intégrité, la justice et la coexistence pacifique, nous sauverons notre pays, la RDC, des appétits gloutons internes et externes.

(Arthur) Pashi Katenda Mwana Muteba,

Aka: Professeur Mazoyer"

5 sept. 2020

Un weekend serein

La première semaine de septembre est marquée par quelques événements importants. Comment dire? Après la soirée du 26 août où nous avons donné les informations et instructions utiles à nos nouveaux et anciens étudiants postgradués, nous avons une semaine qui a abouti à hier à la cérémonie d'immatriculation qui en fait inaugure l'année académique. Comment dire? 

Le Covid 19 a créé une situation d'incertitude que toutes les universités qui se respectent tentent d'endiguer les risques de contagion avec les moyens techniques et pratiques qui sont à leur disposition. Prise de température, distanciation sociale de 6 pieds, port de masque, usage de désinfectants, lavage réguliers de mains, etc. tout cela est affiché, effectué et strictement respecté. Les cours seront face à face, comme mixte ou flexible: un mélange concomitant de face à face et en ligne. Vidéocamera et écouteurs seront de mise. Enseignants comme étudiants ont été entraînés à cette nouvelle culture éducationnelle. Zoom, Webinair, Microsoft Team, Blackboard, Moodle, Business Skype 365, autant d'applications pour faciliter l'enseignement en dépit de dysfonctionnements qui apparaissent parfois. Un accompagnement et un suivi psychologiques sont recommandés pour aider les pratiquants à gérer les frustrations et les complications que cet univers virtuel provoque. Tout se passe désormais en ligne: réunion, conversation, séance d'information. 

Le jeudi 3 septembre à 17 heures, Mme le recteur Barriteau a organisé un town hall, un meeting populaire avec les étudiants. Parmi les intervenant figuraient tous les responsables administratifs (registraire, économe, services sociaux, intendances, sécurité) et académiques (doyens, chefs de département, directeurs de centre d'enseignement). Plus de trois cents personnes ont participé à cet événement d'information. Les étudiants ont posé des questions relatives aux inscriptions, examens, dates, conditions d'entrée à la Barbades, modes d'enseignement, ouvertures des halls, paiements d'émoluments, etc. Les questions étaient posées dans un "chat room" d'où le vice-recteur Moore, modérateur de l'événement, les tiraient pour les proposer aux intervenants concernés. Un échange très informatif. Je ne suis presque pas intervenu parce qu'il n'y avait que deux questions sur les postgrad et que le temps était consacré à des problèmes plus généraux et pratiques. 

Hier le 4 septembre à partir de 18 heures a eu lieu en ligne l'ouverture académique du Campus de Cave Hill pour l'année 2020-2021. La maîtresse des cérémonies, le président des alumni, la conférencière invitée, le professeur Troye Forde, sont intervenus en direct alors que les discours de Mme le Recteur, du Vice-Chancelier, et de la présidente du guild des étudiants étaient pré-enregistrés et diffusés en différé. Mme le Recteur a réitéré l'engagement total du campus pour livrer un enseignement de qualité dans un environnement de coronavirus contrôlé en stricte conformité avec les instructions en vigueur dans le pays-hôte qu'est la Barbade.  A cette occasion, je dois l'affirmer avec fierté qu'elle a correctement prononcé mon nom "Kahiudi". Se basant sur la performance de nos recherches sur tous les fronts du savoir scientifique, Prof Sir Hilary Beckles s'est félicité de l'excellent classement de l'UWI au top 1% des meilleures universités de la Caraïbe, des Amériques et du monde. Bien minutée, bien organisée, la cérémonie a connu une participation massive de la communauté universitaire et barbadienne. 

Ce samedi se passe dans le calme. Temps de répit et de méditation avant de reprendre avec zèle les activités. Le début des cours est reporté au 14 septembre. Bonne année académique à toutes et à tous. 

1 sept. 2020

Et voilà septembre 2020

Enfin vint septembre 2020. Je me trouve à mon bureau et pense à l'importance émotionnelle de ce mois dans ma vie. Septembre commence par un deuil et finit par un deuil. Le seul mois de l'année avec l'accordéon de mon passage à l'état d'orphelin. A cinq ans d'intervalle s'est réalisé le cycle de ma séparation physique avec mes géniteurs. Paix à leurs âmes!

Ce 1er septembre il y a huit ans a été portée en terre ma très chère mère, Maman Christine Matsasu Kayengo. J'étais à Kinshasa ce samedi là de 2012. Très nerveux, épuisé, mais consolé par la solidarité et la compassion des frères et soeurs humains. Familles proches et éloignées, amis, amies et connaissances, sympathisants de toutes catégories, étaient présents à cet événement si douloureux. Le jour suivant, 2 septembre, fut marqué à jamais par un passage de témoins très symbolique. Ce jour-là est née pour moi une nouvelle relation au monde: l'avènement de ma fleur de cactus. Ses épines sont acérées jusqu'à ce jour, huit ans. Oui ma mère prit le visage transfiguré d'une muse inspiratrice que je consulte et dont la présence demeure précieuse dans mon coeur. Oui, maman, tu es là, toujours présente et attentive à mes soucis. Je découvris les arcanes de l'amour ultra-marin et utérin, et ma vie bascula irrémédiablement. Je survis grâce à l'amour de ma mère. Mboti kuna wenda, mboti kuna wena ngudia Miledi mia Khatu! 

2 septembre soit 51 ans depuis que jour pour jour j'ai vu Séraphin Kiosi pour la première fois. Beaucoup de premières fois en ce jour au cours de ma vie. Séra Kamvinda Vwanga est là, égal à lui-même, à tous les grands moments, le paradigme ou l'autre roc de ce que je conçois comme amitié. Sans commentaires, sinon il volera aux cieux pour son Naja. L'homme qui discute de tout avec moi sans jamais me convaincre de quoi que ce soit. Il est fort, car il a réussi à supporter ma présence pendant cinq décennies. Salut Man à Lugudunum où tu te trouves depuis quelque trois ou quatre berges, qu'importe? Ce jour-là, il y a huit ans, énervé et perdu, je t'abandonnai à Lemba pour une raison que tu connais. Je croyais qu'on allait chez Djoma. J'étais dépassé, je tenais à être seul, c'est-à-dire en compagnie de ma fleur, auprès de ma fleur chrysanthème muée en fleur de cactus. Le double existe, l'apparente présence qui cache une réalité souterraine. Ainsi commença ma vie d'orphelin et de mythologue solitaire. Ne vis-je pas retiré dans mon île de la Barbade? 

Quelques souvenirs ou quelques anniversaires. Jules Kafuty hier, Leonardo, Gabriella Thomas le 10.9, Nicolas Berends le 22 septembre. Des morts: Jean-Pierre Gavuka le 22.9, Papa Donatien Kasongo Bunda le 26.9 ou le malheureux souvenir de l'appel manqué qui résonne encore sous mes tempes en éternelle attente. Autant de réminescences inouïes! J'y reviendrai au fil des jours. 

Enfin, enfin quoi? Rien. Rien n'arrive au hasard dans ma vie. Coucou MF.