Ce coup de fil manqué fut un rendez-vous avorté avec mon paternel de père qui dans son souci de me soulager m'avait appelé pour m'annoncer lui-même qu'il était sorti du centre médical où il était interné pendant quelques jours. Comme à mon habitude, je lui ai demandé d'arrêter et que j'allais le rappeler. En fait le message, son message, était passé: l'essentiel était dit. J'avais symboliquement coupé les liens avec mon père, croyant ou espérant que j'aurais encore eu l'occasion de lui parler. Je remis l'appel au lendemain, puis au surlendemain. Ce fut pour m'entendre dire qu'il ne parlait plus, mais pouvait comprendre une conversation ou communiquer par signes. Jusqu'à ce point de non-retour, mon espoir de lui parler n'était pas perdu, car je ne savais pas que c'était l'amorce du départ au pays des ancêtres. Je n'ai pas compris les signes du temps. Papa avait entamé son processus de mort sans que je parvienne à en prendre conscience, et que ma promesse de le rappeler constitua la rupture totale du contact entre nous. Son "Bonjour mon fils" me manque à jamais. Plus d'une fois, je me suis attendu à entendre ce bonjour même après sa mort physique, tellement j'y étais habitué. Je dois avouer que Papa prenait plaisir à user de ce moyen moderne de communication. Le portable popularisé par la mondialisation fut un instrument de grande importance les dernières années de sa vie. 23 septembre, jour de séparation et du silence imposé. Le coup de fil annoncé ou promis n'eut et n'aura jamais lieu, évaporé dans la nuée des tourbillons célestes. Une autre communion de cœurs, plus intime, plus magnétique et plus cosmique, s'est installée entre nous: le souvenir de Papa est éternel. Ces mots tombent au moment où justement je pleure un de ses frères et amis: Papa Jean Mukangu dont la date de l'enterrement nous sera communiquée incessamment. Paix à son âme!
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