30 nov. 2014

Weekend de l'indépendance de la Barbade

La Barbade est devenue indépendante le 30 novembre 1966. Cette journée est célébrée chaque année avec un faste impressionnant. Parades militaires et défilés accompagnent des événements culturels du pays. Le vendredi 28 novembre, l'école St. Patrick où étudient les jumeaux a organisé des spectacles de gymnastique, danses, chants et .poèmes exécutés par les élèves. Les parents étaient invités à la cérémonie. Je m'étais donc préparé à y participer, car c'était une première. Je me suis excusé auprès de la coordinatrice de langues modernes, qui a organisé une réunion à 14 heures. Hélas, juste au moment où je me préparais à me rendre à l'école, mon téléphone a sonné. J'étais attendu d'urgence à par le comité des ressources humaines de l'université réuni dans la grande salle de conférences. En ma qualité de chef de département, il fallait clarifier certaines situations sur les promotions de collègues que j'avais recommandés. J'ai donc laissé Marie-Clavère partir sans moi. Tous les espoirs d'assister au premier spectacle de mes enfants s'étant volatilisés, j'ai dû, quelque quarante minutes plus tard, me contenter d'un repas d'indépendance offert par les collègues du département d'histoire et philosophie.
Comme je me trouvais encore sur le campus, n'ayant plus de voiture, j'ai dû ensuite participer à la réunion de la discipline des langues modernes. Pas moins de deux heures. Tout l'après-midi s'est transformé en une série d'activités et de rencontres improvisées. Réception d'un collègue, d'une étudiante, avant de prendre le chemin du Errol Barrow Centre for Creative Imaginiation où m'attendait Dr. Hatar, un collègue ougandais. 
Le lendemain, il m'a fallu aller à un autre spectacle. Cette fois, c'était Chrystelle seule en action le dernier jour du ballet pour ce semestre; ce jour est consacré à un spectacle aux parents et amis des enfants. Du connu car cela fait quelques années depuis que Chrystelle fait la ballerina. Beau spectacle de musique classique et de gestes suaves et majestueux présentés par nos filles. De quoi vous donner la chair de poule! J'ai beaucoup aimé. J'avais pourtant prévu de finaliser, pendant ce weekend, quelques dossiers administratifs qui traînaillaient dans mes tiroirs. Au lieu de cela, le soir à partir de 16 heures, j'ai conduit les enfants à une foire de l'église Notre Dame des Douleurs. De là, on a déposé le fils Hatar chez lui avant de retourner à Apes Hill.
Dimanche a été de tout repos. Un mécanicien est passé remettre en place le démarreur de ma vieille BMW, un véhicule en attente de mort. Pour la petite histoire, ce mécanicien apparaît lorsqu'on ne l'attend pas et disparait sans laisser d'adresse. Là, je l'attendais depuis jeudi; il ne s'est pas présenté, voire n'a pas pris son cellulaire. A chaque jour son prétexte.
Demain, 1er décembre, auront lieu les festivités politiques et culturelles marquant le 48e anniversaire de la Barbade. Je suivrai le tout à la télévision tout en incitant les jeunes gens à préparer leurs examens trimestriels. Ainsi se passe le weekend de tata bodi, père de jumeaux.

Quelques anglicismes

Nés et élevés dans un milieu anglophone, Chrystelle et Claver réfléchissent en anglais et traduisent leur pensée en français. Bilingues avec une prépondérance anglaise, ils utilisent des structures anglaises en français.

- Papa, tu n'écoutes pas à moi.
- J'ai nettoyé mon dents.
- Attends pour moi.
- Je veux du wawourt.
- Tu as laissé moi toute seule.
- Je vais enlever mon z habits.

- Pourquoi ne fermes-tu pas la porte?
- Non, c'était ouvert, que répond Chrystelle.
- C'était fermé.
- Non, ce n'était pas.

- Claver, est-ce que tu as pris la clé?
- Oui papa, j'ai.



Le XVe sommet de la Francophonie

Dakar, Sénégal, 29 et 30 novembre 2014. La Francophonie a vécu. Une nouvelle secrétaire générale a été élue ou désignée.
J'ai ma petite idée de la Francophonie, une institution politique qui n'a plus rien de culturel. Un tremplin pour la France en vue de s'assurer l'hégémonie politique sur d'autres pays sous le prétexte de la langue française. Je ne cesserai de le répéter. La France a comme tout état le droit de s'associer à d'autres pour des causes communes. Maintenant que la coopération culturelle qui a été le fondement de sa raison d'être s'est complètement évaporée de la francophonie, j'estime qu'il est temps de changer le nom de cette institution. Dans son état actuel, elle ne correspond plus aux motivations et intentions de ses pères fondateurs en devenant un agglomérat davantage politico-économique.
Au lieu de trouver au sommet des poètes, musiciens, cinéastes, artistes et autres hommes et femmes de culture francophones, on voit défiler des chefs d'états et de gouvernements pour lesquels le français est le dernier des soucis. C'est plus politique, politique, politique. La France y descend, paternaliste et condescendante, pour donner aux Africains des leçons de démocratie et des mises en garde contre les révisions de constitution. 0n comprend que dans ces conditions la ministre des affaires étrangères du Rwanda s'en prenne ouvertement au discours de président de France. La France dans ces assises ne se considère jamais au même rang que les autres pays. Le colonialisme a encore de beaux jours devant lui.
Voulez-vous encore une preuve de ce que j'avance? Lors de l'opération pour désigner le nouveau sécrétaire général de l'OIF, le ministre français des affaires étrangères a appelé les Africains à l'unité et à l'entente devant la disparité des voix et des candidatures. De quelle autorité dispose-t-il pour tenir ce propos, s'il se considérait égal aux autres ministres présents? Comme toujours, il y a les Français d'un côté, et les francophones de l'autre.
Encore une preuve? En conformité avec ce somment, un titre du genre "Urgent! C'est officiel. Hollande vient d'exiger de Kabila de quitter le pouvoir" (Source: Coraliekienge.com), publié sans discernement ni esprit critique, montre le colonialisme auquel succombent nos compatriotes. C'est le peuple congolais qui élit son président au suffrage universel, et non pas le président de France. Malheureusement, comme je l'ai toujours soutenu, la raison atteint ses limites dès qu'il s'agit des Africains.
Ouvrons l'oeil!

29 nov. 2014

Les yeux de scène

Parmi les acteurs qui m'ont marqué par l'usage de leurs yeux, Mangobo figure en bonne position. Cet homme de Nkutu Moke avait toutes les qualités que l'on peut attendre d'un acteur comédien en terme de tenue, d'attitude et de disposition. C'était un véritable artiste de la parole. Je ne sais pas trop comme il a évolué par la suite. Ce qui m'intéresse pour ce propos, c'est son jeu d'yeux. Ses yeux très expressifs impressionnaient: rien qu'à les voir, le spectateur était presqu'infailliblement porté à rire. A cela, il ressemblait beaucoup à au catcheur Hulk Hogan, un autre artiste très médiatique. C'était . spectaculaire de voir Hogan se relever des assauts de son adversaire, tous ceux qui l'ont vu à l'oeuvre s'en souviennent.
Une anecdote. On raconte qu'à la suite du décès d'un proche parent, Mangobo s'était rendu à la veillée mortuaire. Dès qu'il a osé pleurer son parent, toute l'assemblée occasionnelle a éclaté de rire. Impossible de distinguer l'artiste de l'individu-monsieur tout le monde. Tout le monde a cru à une farce. Le talentueux histrion aurait été prié de quitter le lieu. Les yeux d'Edingwe pouvaient vous transformer en esclave de sa volonté et vous faire danser au pas de "Moto na ngenge." Il fallait les éviter à tout pris. Et les fameux yeux de Mobutu, on les disait de léopard. Je les avais regardés à Rome sans apercevoir quoi que ce soit d'extraordinaire. Le mythe de ces yeux envoûtants était tellement répandu qu'on se souviendra de la rencontre Mobutu-Kabila sur l'Outenika autour de Mandela. Kabila évitait visiblement de le regarder. Dans de cas pareils, la croyance populaire ajoute souvent à l'irrationnel.
Lors de la visite de l'empereur Hailé Selassié en Jamaïque en 1966, toute la foule venue à sa rencontre a dû s'incliner et baisser les yeux devant Ras Tafari, l'incarnation de Dieu. Les Rastafari ne pouvaient croiser les yeux de leur dieu sans mourir. Yeux baissés, signe d'humilité et d'obséquiosité. On n'est pas du tout loin des croyances concernant Janus, le dieu du Forum Romain.
Le message des yeux peut être encore plus explicite. Le clin d'oeil connote une certaine complicité, tandis que le chef dirige son monde avec ses yeux. C'est un langage qui, souvent, ne souffre d'aucune ambiguïté. Observez les gangsters dans les films, les jeux d'yeux accompagnent leurs gestes et codent les messages. Etc. etc.

Les jeux de scène

La mise en scène est un sujet privilégié dans mes études, analyses et recherches. J'aime bien suivre l'évolution d'un individu dans le temps et l'espace, considérer les éléments qui se juxtaposent devant mes yeux et ainsi voir ce qui est montré sans que cela soit dit, exprimé ou transmis sans qu'on s'en rende compte. C'est ce que les critiques appellent le non dit, l'impensé. La mise en scène elle-même est un message qu'il faut savoir décoder et interpréter. C'est là que toute ma formation antérieure, livresque et autodidacte m'aide. Je vous surprendrai en évoquant l'impact prépondérant de Kimfingia, mon village paternel, dans ma conception du mythe. Ce que j'ai appris à Mutoni, Makiosi, Kenge, Kimbau, Kalonda, Mayidi, Rome, Fribourg, Paris et Munich constitue un pan de ma propre mise en scène autobiographique, mon côté de colonisé culturel. Ce blog constitue également un jeu de scène qui reprend, comme je l'ai révélé il y a quelques semaines, des passages d'un livre qui s'est écrit en format traditionnel et que je réécris au rythme de la nouvelle technologie. Voilà pour l'anecdote!
Une des tribunes les plus intéressantes pour observer les acteurs ou actrices se révèle être la politique. Ce pourrait être aussi l'église, la congrégation, le milieu du travail. Mais restons en politique car elle embrasse notre vie qu'on le veuille ou non. Les rapports de pouvoirs au niveau mondial, continental ou national, constituent de bons pans de mise en scène. Le monde est tellement fondé sur le mensonge qu'à chaque fois que quelqu'un dit "en vérité", il ment. Le monde est tellement fondé sur le manque de respect qu'à chaque fois que quelqu'un dit, "avec tout le respect que je vous dois", il vous insulte ou presque; il tient des propos indécents. Le monde est tellement tordu que toutes les vertus jadis vantées sont devenues des mirages, des illusions presqu'impossibles à réaliser.
Les acteurs politiques passent pour maîtres sur ces portables quotidiens. Ils promettent pour aussitôt ignorer leur promesses; ils calculent leurs ambitions au gré des circonstances et tracent des trajectoires d'actions en fonction de leurs agendas cachés. L'homme politique qui se trouve devant vous est un monsieur ou une femme à double ou triple casquette. Il tourne casaque et fait volte-face à la moindre obstruction. "Je sers mon pays" = "Je sers mes ambitions". Ne vous détrompez pas. Bref un acteur sur la scène politique. Je n'aime pas la politique, mais j'adore ses jeux de scène.
Au pays des hommes intègres, tout un peuple qui a adoré Compaoré pendant vingt-sept ans ouvre aujourd'hui sa bouche pour le vilipender. Un colonnel qui a assuré sa protection, a permis qu'il quitte le pays, réclamerait son extradition du Maroc au cas où un procès serait ouvert contre lui. Son parti se désunit, l'armée contrôle les manoeuvres alors que ce n'est pas elle qui a pris l'initiative de la révolte populaire. Si l'armée s'était révoltée, Compaoré ne serait sans aucun doute pas parti. Le président de la transition voudrait que la tombe de Sankara soit rouverte pour des tests d'identification. Viennent ensuite les autres assassinats non élucidés. Etc. Autant dire combien le bouleversement ou les enjeux du damier sont imprévisibles.
Les jeux de scène permettent un sport cérébral ou imaginaire susceptible de prédire l'inconnu ou de prévenir contre toute surprise. Vous comprenez pourquoi la politique a mis en place de puissants services de renseignements. Les mêmes analyses ont amené à des guerres comme à des invasions préventives. Souvenez-vous de la guerre de George Bush contre l'Irak sous prétexte que ce pays disposait d'énormes armes de destruction massive. Dans ce sens, les jeux de scène sont forcément proactifs. J'y reviendrai.

27 nov. 2014

Evolution de la situation au Faso

Revers de la médaille. Le gouvernement Zida est là, avec des militaires aux postes clés de l'intérieur et de la défense. A se demander qui a le pouvoir dans ce pays où le président intérimaire, diplomate de son état, préfère garder la main mise sur les affaires étrangères. Autant dire que les jeux des coulisses sont encore ouverts. Les soldats sont très présents malgré une certaine résistance d'irréductibles civils. Selon toute apparence, le cordon marche très bien entre les deux hommes forts de la transition. Jusque quand? L'avenir nous le dira.
Le travail a commencé. Des civils récalcitrants sont déjà démis de leurs fonctions paraétatiques. On remonte dans l'histoire, on remonte les événements, on voudrait au plus vite rétablir la vérité sur des morts non élucidées. Tout cela va dans le sens des attentes de la population longtemps muselée par le régime Compaoré. Un début prométeur pour le tandem post-Compaoré. Exerçant mon doute méthodique jusqu'à la preuve du contraire, j'en suis à m'interroger sur les vraies intentions du colonnel Zida et partant des militaires aussi bien du sérail que de l'extérieur.
Tout le monde attend l'exhumation du cadavre de Sankara ou du corps qui se trouve dans la tombe qui lui a été attribuée. L'objectif est d'effectuer des tests ADN pour confirmer ou infirmer la version officielle des faits. Le président intérimaire a été clair et ferme à ce propos. En réalité, c'est le régime Compaoré et son système qui sont mis à l'épreuve, à nu. Là où il se trouve, il doit être soucieux que des choses qu'il a longtemps tenues cachées vont être révélées au public. Justice sera enfin rendue sur les odieux assassinats inexpliqués.
Comme j'ai toujours soutenu, un président africain est à lui seul un système, un engrenage de rouages internes et externes d'intérêts qui n'ont rien à voir avec le bien de la population et du pays. Quand bien même un individu voudrait se défaire de ses ambitions, la nomenklatura et les lobbies invisiblesl'en empêchent. Otage de ces pouvoirs tentaculaires, il est acculé à s'appuyer sur les forces armées et à tuer s'il le faut, pourvu que sa propre peau soit sauve. A l'issue de ces manoeuvres acrobatiques, il se maintient ou impose un régime impopulaire... et gère le pays par défi. Cela s'est vu, cela se verra encore. Le dictateur africain dont Compaoré a été un des prototypes tire à la perfection les manettes de son gouvernail; seulement, même au plus bas de son déclin, il demeure aveugle, obnubilé par ses ambitions au point de considérer les protestations de ses opposants pour des obstacles à son culte de grandeur qu'il confond délibérément  avec la nation. Bonjour l'exil ou la mort, bonjour la prison à perpétuité ou le retrait dans un bunker ambulant.
Autant de leçons qu'on peut tirer des récents événements survenus au Burkina Faso.

Bon anniversaire Marcelina

Chrystelle et Claver envoient leurs meilleurs voeux à leur cousine Marcelina Bukondi qu'ils ont eu l'occasion de rencontre et connaître pendant leurs dernières vacances en France. C'est toujours avec joie qu'ils reçoivent les nouvelles de Marcelina qui a fêté hier son premier anniversaire de naissance.
Qu'elle fasse la joie de ses parents Tata Rita et Tonton Pablo dont ils se souviennent.

Happy Birthday Djoma

Today Djoma is celebrating her birthday. A milestone in her life. May the Lord bless her!
Mboti mama. Nzambi kakuheka luzingu ye kiesi ye ngemba ye bwesi ye biosu. Wa kola, wa kola, wa kola. Big big hugs. C

23 nov. 2014

Bon Anniversaire Khoso

Nicolas fête aujourd'hui son anniversaire. J'étais en cinquième année littéraire à Kalonda lorsqu'il est né. Mais, par la magie de l'histoire et des circonstances indépendantes de sa volonté, cet anniversaire tombe lorsque j'étais en sixième. Comme quatre peut s'écrire onze chez certaines gens, avril s'est transformé en novembre. Voilà la clé de l'énigme!
Quoi qu'il en soit, meilleurs voeux à mon cher frère cadet. Qu'en ce jour mémorable l'Eternel lui accorde grâces et bénédictions en abondance! Ad multos annos!
C

21 nov. 2014

Nicolas Berends

« En ce jour-là, Marie s’est rapidement mise en route vers la maison de sa cousine Elisabeth… »
 
Chers frères,
« Ma santé va très mal, viens me voir encore une fois »
C’est en ces et ses termes que l’abbé Nicolas Berends s’est adressé à l’abbé Willy Wele-Wele le priant de communiquer son numéro de téléphone à l’abbé Henri Tamuzi, Ce lundi 17 novembre 2014.
Après lui avoir téléphoné, il a, une fois de plus, repris : « Venez le plus vite que possible ». L’heure n’était plus aux hésitations. Nous avions décidé ces 19 et 20 novembre, en dépit de nos charges pastorales, de prendre la route pour aller le voir dans son appartement à Arnhem et nous rendre compte concrètement de son état de santé. Oui, effectivement sa santé va très mal.
« Non, le corps médical qui le suit et l’accompagne depuis son dernier départ et sa rentrée du Congo-Kinshasa ne peut plus rien faire d’extraordinaire » et nous en sommes témoins. Il n’avait pas d’autre choix aujourd’hui, sinon quitter sa résidence pour un centre des soins palliatifs. Notre présence était prophétique ; car il pouvait partir aujourd’hui. Oui, le Seigneur est grand.
Nous avons pu, après plusieurs difficultés de connexion, joindre Monseigneur Jean Gaspard Mudiso ; et ils ont pris du temps de dialoguer.
Nico nous demande de prier avec et pour lui et de venir, si c’est possible, à son enterrement.
« Peuple des baptisés marche vers ta Lumière
Le Christ est ressuscité, alléluia, alléluia »
 
Pour Nico Berends,
Willy Wele-Wele et Henri Tamuzi

20 nov. 2014

Isaac Zida, l'homme de la situation

Après avoir pris le pouvoir, le voilà aujourd'hui nommé premier ministre de la transition burkinabé. Coup de chapeau à ce gradé de l'armée qui a servi Blaise Compaoré et maintenu avec une habileté admirable le cap de la paix civile dans son pays. L'armée a certes remis le pouvoir aux civils, mais demeure maître de la situation. L'ordre est au centre de l'exécutif burkinabé. Un signe fort, apaisant et rassurant aux yeux du peuple! Restons cependant vigilants: armée et démocratie coopèrent difficilement en Afrique. C'est le pari de Zida, de réussir là où d'autres ont échoué avant lui. Pour nous qui avons un certain âge, relire l'histoire de la Haute-Volta, reconsidérer l'évolution du Burkina Faso et apprécier le revirement actuel de la situation constituent des exercices qui aident à explorer l'originalité du pays des hommes intègres.

16 nov. 2014

L'armée en Afrique

Depuis les Mobutu, les Bokasa, les Bongo jusqu'au derniers carrés, les militaires ont toujours recouru à la force pour prendre le pouvoir. Les coups d'état militaires sont légion en Afrique, seule la forme change d'un pays à l'autre. Dans certains pays et dans certains cas, les changements sont sanglants; dans d'autres, aucune goutte ne coule mais on prend soin de neutraliser les forces négatives. Certains pays ont connu des putsch à répétition, d'autres ont été stabilisés par des militaires rendant le pouvoir aux civils ou redevenant civils. Tout ceci m'amène à dire que le passage par l'armée est une voie obligée ou privilégiée pour la prise du pouvoir en Afrique. Signe évident de manque de démocratie quoi que prétendent les slogans qui accompagnent le dictateur illuminé. J'ai bien dit démocratie, et je sais de quoi je parle. Un mot qui appartient à nos anciens maîtres colonisateurs qui en gardent le sens. Chez nous, c'est de l'imposture. Il y aura démocratie en Afrique le jour où, comme ailleurs, les militaires s'abstiendront définitivement de prendre le pouvoir.
Venons-en à l'armée. Sur papier, il est dit que l'armée protège le pays, défend ses frontières et assurent la sécurité des citoyens. Je suis toujours impressionné sur les autoroutes européennes, lorsqu'il m'arrive de croiser des véhicules militaires. Modèles de conduite, ces véhicules suivent à la lettre le code de la route, la limitation des vitesses. Au Congo, on les appelle "Foti ya motuka" (Faute du véhicule). Les véhicules militaires causent de nombreux accidents mortels, parfois et souvent à des endroits où l'on imaginerait mal un accident se produire. "Ce n'est pas ma faute, c'est la faute du véhicule", ainsi se dédouanent ces malfrats de leur criminelle conduite.
L'armée, c'est le banditisme au sommet de la sécurité du pays. Nos armées d'Afrique défendent souvent les autorités au pouvoir, pas forcément le territoire national. La garde prétorienne est souvent mieux équipée que l'armée régulière. Les déconvenues qu'elles connaissent poussent souvent à se poser la question de leurs rôles. Un vaste territoire est pris au Nigéria, des villes sont occupées par Boko Haram, et on dit que l'armée nigériane est une grande puissance militaire. De quoi vraiment se poser des questions! Complicité, veulerie, irresponsabilité? Trois cent filles sont kidnapées de leur école sans aucune tentative de récupération! A se demander à quoi elle sert ou quels intérêts elle sert!
Que des pays soient envahis par des rebellions, souvent sans une résistance sérieuse, doit nous amener à repenser le rôle de l'armée. Des fois, la population est mieux traitée, protégée, par les rebelles que par l'armée nationale censée pourtant la protéger. On voit les officiers supérieurs détourner ou s'approprier de biens d'autrui, s'enrichir à vue d'oeil lorsqu'ils reviennent des campagnes à l'intérieur du pays. Les soldats sont souvent assimilés aux voleurs, bandits, tueurs, brigands, violeurs, etc. Dans les villes, ils causent plus d'insécurité et de crimes que les brigands civils. Soldat ou agent de l'ordre le jour, le même soldat devient bandit la nuit. Un régime militaire est, qu'on l'accepte ou non, toujours un régime qui terrorise sa population qu'il est pourtant censé protéger et rassurer. Les armes restent comme pointées contre les citoyens intimidés et sommés sous peine de mourir de "flatter" le militaire au pouvoir. C'est la peur et l'intimidation qui assurent la vie de ces régimes. Tout le monde le sait, mais personne n'ose le dire. Et des millions de dollars sont distribués pour corrompre ou acheter l'adhésion, la soumission pacifique des citoyens.
L'armée peut à tout moment renverser le régime en place, parce qu'elle dispose d'armes. C'est vraiment la loi de la jungle qui règne. Dans certains pays comme l'Egypte, sauf exception, il n'y a que des généraux qui deviennent présidents. Un général se fait plus craindre et respecter qu'un civil. L'arme est à elle seule un langage. Jean-Pierre Bemba ne s'était-il pas proclamé général pendant sa rébellion entre 98 et 01? Et le plus fort, militairement, a le pouvoir. Le cas du Burkina Faso est intéressant à plus d'un titre. Zida a eu la sagesse de "céder aux pressions", mais il ne faut pas oublier qu'il a, ainsi faisant, manifesté ses ambitions et que ce ne serait jusqu'à preuve du contraire que partie remise. Un Rawlings burkinabé sans doute! Quoi qu'il en soit, l'armée pèse de tout son poids dans ce processus démocratique.

Du neuf au pays des hommes intègres


1. Charte de la transition. La charte de la transition a été signée; le colonel Zida a signé son retrait et  M.  Michel Kafando est devenu ce lundi 16 nove€mbre président de la transition. Une transmission qui en dit long, et contredit mes propres supputations antérieures. Chapeau, car la sagesse d'un peuple a prévalu. La transition est ouverte: l'après-Compaoré entre dans sa phase décisive.
2. Constitution suspendue, constitution restaurée. L'armée a suspendu la constitution dans un élan qui avait tout l'air d'un coup d'état, usurpant de facto le mouvement révolutionnaire initié par des civils. Zida est devenu l'homme fort à la suite de tractations des officiers de l'armée. Il y a quelques jours, n'y pouvant plus rien tellement la pression locale et extérieure était forte, il a rétabli la constitution. Autant dire l'arbitraire qui a eu lieu pendant deux semaines. Ce qui confirme la fragilité de nos institutions démocratiques. N'importe qui peut, pourvu qu'il soit lourdement armé, impunément suspendre la loi fondamentale qui régit les institutions du pays. Chose impossible dans un pays démocratique.
3. Quoi qu'il en soit, tout est bien qui finit bien. L'armée a été remise à sa place comme institution de défense et de sécurité. Aux civils de diriger la transition. Le vide est désormais comblé. A un moment donne, je m'attendais à une solution du genre Samuel Doe c'est-à-dire que Zida aurait, séance tenante, échangé ses galons contre un costume civil pour parachever la transition. Mais la sinistre farce n'a pas eu lieu. La voix du peuple a eu le dessus. Honneur et gloire aux Burkinabé pour cette leçon d'histoire!

CHIPS 2014: Idéologie et religion dans les romans francophones d'Afrique.

Chaque année depuis 2005 le département d'histoire et philosophie organise un symposium de philosophie, le Cave Hill International Philosophy Symposium (CHIPS). Et chaque année depuis 2005, ou presque, je participe à ce symposium très proche de mes thèmes de recherche. Ainsi, j'y ai publié en ligne la plupart de mes articles présenteés à cette conférence. Ce symposium étant de très bonne qualité, j'y participe parce qu'il est à ma portée de main, et l'organisateur principal F. Ochieng'Odhiambo est mon voisin de palier. Ensuite parce qu'avec les restrictions budgértaires en vigueur, ce symposium constitue pour moi une activité presque gratuite de recherche. C'est souvent l'occasion de rencontrer des collègues qui évoluent sous d'autres cieux. Je suis sans aucun doute l'homme qui a le plus capitalisé cette opportunité en y présentant  une contribution.
Le thème du dernier symposium portait sur "Philosophy of Religions".
Et ma présentation avait comme titre:" Idéologie et religion dans les romans francophones d'Afrique.
J'ai choisi de discuter le thème à partir de trois romans publiés par des écrivains africains de différents horizons. Je vais utiliser Entre les Eaux de V.Y. Mudimbe (1973), Les tambours de la mémoire de Boris Boubacar Diop (1990) et Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma (2000). Pierre Landu, le protagoniste d'Entre les eaux, est un ancien prêtre cathooique qui dans un effort de combattre le capitalisme et l'exploitation du pauvre par le riche rejoint une guerilla marxiste-léniniste qui prêche une révolution prolétarienne. Dans Les tambours de la mémoire, Fadel Sarr, le fils de Madické Sarr, milliardaire et conseiller du dictateur Major Adelezo, est inspiré par le rêve de paix et justice à rejoindre la Reine Johanna Simentho au Royaume mythique du Wissombo. Ahmadou Kourouma nous présente un enfant ivoirien de douze ans, Birahima, qui est impliqué dans guerres qui envahissent le Liberia et la Sierra-Leone. Ce qui unit les trois romans, c'est le fait qu'ils traitent tous de politique et religion. Ces romans montrent tous l'incapacité des religions, qu'elle soit de croyance chrétienne ou d'ordre islamique, de créer une nation de paix, justice et travail pour tous. Au-delà de la question ontologique qui consiste à comment vivre dans un monde d'harmonie et de comprehension entre peuples de différentes origines se pointe la réalité de l'idéologie, du rêve et de la guerre comme moyens pour promouvoir la réalisation humaine.
Mon étude consiste à questionner l'impact de la religion sur la conscience de l'être humain en tant que force impulsive pour vaincre les inégalités et construire un monde meilleur. Le titre provocatif choisi par Kourouma, déclarant que Allah n'est pas obligé d'être juste en toutes choses sur terre, montre les limites de la religion dans la construction d'une nation. Qu'un prêtre abandonne sa foi chrétienne pour embrasser des thèses révolutionaires et réorienter radicalement sa vie pose la question au sujet de l'essence des comportements idéologiques et religieux. Le but final de cette étude est d'identifier de façon critique les raisons d'être de l'idéologie et de la religion dans le processus constructif d'un être humain et d'une nation.
Publiés respectivement par un Congolais, un Sénégalais et un Ivoirien, les romans examinés reflètent à trois moments historiques les situations politiques de l'Afrique récemment frappée par le Printemps Arabe, Boko Aram, Al Shabab ou le LRA de John Koni. Cette présentation constitue l'ébauche d'une réflexion plus étendue sur le leadership african, les thèmes "Afrique et religions", relation entre idéologie et construction nationale.



13 nov. 2014

Ideology and Religion in Francophone Novels from Africa



Ideology and Religion in Francophone Novels from Africa 
(Cave Hill International Philosophy Symposium, 13 November 2014) 
   
I choose to discuss the topic from three novels produced by African writers from different horizons. I will use Mudimbe’s Entre les eaux (1975) translated as Between Tides in 1991, Boris Boubacar Diop’s Les tambours de la mémoire (1990) and Ahmadou Kourouma’s Allah n’est pas obligé (2000). Pierre Landu, the protagonist of Between Tides is a former catholic priest who in an effort to fight capitalism and exploitation of the poor by the rich joins a Marxist-Leninist guerilla which preaches a proletarian Revolution. In Les tambours de la mémoire, Fadel Sarr, the son of billionaire, is inspired by the dream of peace and justice to join Queen Johanna Simentho in the Kingdom of Wissombo. Ahmadou Kourouma presents us an Ivorian twelve years old child, Birahima, who is involved in the wars that invade Liberia and Sierra Leone. What unites the three novels is the fact that they are all about religion. These novels all show the incapacity of religions, be it Christian belief or Islamic action to create a nation of peace, justice and work for all. Beyond the ontological question of how to live in a world of harmony and understanding among peoples of different descents rises the reality of ideology, dream and war as means to achieve human fulfillment.
My paper seeks to philosophically question the impact of religion over the consciousness of human being as an impulsive force to overcome inequality and build a better world. The provocative title chosen by Kourouma, stating that Allah is not obliged to be just, shows the limits of religion in the construction of a nation. That a priest quits his Christian belief to embrace revolutionary thesis and radically reorient his life posits the question about the essence of religious and political behavior. The final aim of this paper is to critically identify the raisons d’être of ideology and religion in the building process of a human being and a nation. Published by a Congolese, a Senegalese and an Ivorian, the novels reflect at three historical moments of Africa the political situations of Africa recently hit by the Arab Spring, Boko Aram, Al Shabab or LRA of John Koni. The paper constitutes a start of a wider reflection on African leadership, “Africa and Religions”, relation between ideology and nation building.

C

11 nov. 2014

Quoi de neuf au pays d'honnêtes gens?

Cette question me rappelle toujours une personne: Shemsi Fleury. Mais il n'est pas question de parler d'elle aujourd'hui. Son tour viendra. Mon regard se tourne vers le Burkina Faso, pays aux multiples surprises. Une expression est entendue ces derniers: une transition gérée par des civils! Les paroles sont belles, mais la réalité traîne à prendre le pas. Que M. Zida rende le pouvoir aux civils relève, je peux me tromper, de l'illusion. Je ne le vois pas céder si facilement. Qu'on se le dise, c'est la loi du plus fort qui règne dans la jungle burkinabé. Que des soldats sautent sur la poire coupée par des civils, cela s'est vu; mais qu'ils rendent le pouvoir aussi aisément que cela s'entend dire, montrera la cohésion nationale burkinabé. Ne soyons pas dupes: il y a des tractations souterraines dans tous les sens. Mais l'armée avec ses armes demeure aux commandes de l'édifice et n'entend pas du tout s'en priver.
Shese, personnage du sinistre Nnikon Nniku dans le Destin glorieux de NN de Tchcicaya U Tam'si explique comment les militaires en arrivent à prendre le pouvoir: "C'est la faiblesse des civils qui force les militaires à leur porter secours ou à remettre de l'ordre" (Citation à corriger car je la reprends de mémoire). Les tendances se dessinent déjà petit à petit.

9 nov. 2014

Maman Madeleine Mbeinse (1930-2005): neuf ans déjà.

9 novembre 2005 - 9 novembre 2014. Neuf ans depuis que Maman Mbeinse-Mosimi est morte. Neuf ans qu'elle est partie de nos yeux, mais son souvenir affectueux est toujours présent dans notre vie. Comment dire? Maman Madeleine depuis le premier jour de notre rencontre, est demeurée très gentille, douce, accueillante à mon égard. Cela s'est prouvé à Bandundu, à Kinshasa comme à Paris et à Berlin où elle a passé un mois en notre compagnie. Pour la petite histoire, sa photo-éphigie mortuaire a été faite par moi-même à Berlin, au jardin du chateau de Charlottenburg. Femme très douée pour le commerce et les affaires, elle a légué à ses enfants le sens pratique et réaliste dans la gestion de leur vie. Elle leur a également légué sa gentillesse et sa fermeté.
Combien de fois à Berlin, sur l'avenue Kaiserin Augusta Allée, elle m'a prodigué de conseils? Au milieu de nos rires et plaisanteries, elle ne cessait de répéter la dignité qu'il faudrait tenir dans la vie. La faute d'une autre personne ne peut jamais être couverte par une autre faute. Assume entièrement tes responsabilités sans te référer à d'autres personnes, m'a-t-elle dit. Cette leçon-là correspond à un de mes propres principes de vie.
2005. On hésitait à partir pour la RDC à cause des troubles qui s'annonçaient pour le 30 juin. Pour moi, il était essentiel que nous revoyions nos parents vu que le temps était de l'or; que chaque jour passé avec eux était une bénédiction; que toute conversation entretenue avec eux était une bénédiction. Cette intuition-là était la bonne. C'est la dernière fois que Clavère a vu sa chère maman car elle est décédée trois mois après notre retour du Congo. Paix à son âme!
Maman, vanda mbote, na ngemba na kifulu nge kele. Nge monaka bamapasa ve, ndoyi na nge Madeleine ke yulaka nge mingi. Yindulaka beto yonso! Sambilaka Mfumu Nzambi sambu na beto.

8 nov. 2014

Réaction de Gigie

"Claver,
Je retarde mon voyage de Ouaga de peur de me voir bloquée tant que le paysage ne s'éclaircit pas. Les négociations en cours sont difficiles et ne présagent rien de certain quoique les politiques prétendent le contraire. J'ai parlé au téléphone avec une cousine qui me déconseille de m'y rendre, et dit qu'on craint un bain de sang plus grave dans les jours qui viennent. Soutenu par l'armée, Zida refuse de se plier aux injonctions de qui que ce soit, et affine ses pions pour se maintenir au pouvoir. Etc....
J'ai bien aimé tes interventions sur le Burkina Faso et Compaoré. Beh décidément tu n'as pas froid aux yeux. On dirait que l'expérience de ton pays t'a marqué à tout jamais. Tu dresses un portrait du dictateur comme si tu lisais dans son coeur, comme si tu étais le dictateur en personne; je ne serais jamais de moi-même arrivée à ces idées. Je suis vraiment impressionnée par la véracité de ce que tu avances. Le dictateur africain, on l'a vu, se maintient au pouvoir plus pour sauver sa propre vie que pour autre chose. (...)
Est-ce vrai que des gens de ton pays sont venus au parlement de Ouagadougou s'inspirer de la solution burkinabé au changement de la constitution? Chaque pays a ses particularités. Voyons d'abord comment va aboutir la transition chez nous. Etc...
A la prochaine! 
Gg (Email du 7 novembre 2014)


Réponse:
"Gigie, 
Merci encore une fois pour ton mot. Je comprends ton engouement pour ton pays, c'est ton droit légitime et inaliénable, mais avoue qu'au vu de ce qui s'y passe actuellement, il y a de quoi se poser des questions.
Je tiens à te répéter que les idées que je défends sur ce blog, quoiqu'elles se vérifient parfois ou souvent, n'engagent que moi. Je regarde la politique à travers des prismes littéraires, de la mise en scène. J'aime bien prédire, anticiper plutôt que d'attendre que l'étau se referme sur moi.
Quant à la présence des représentants de mon pays au parlement burkinabé, je n'en sais rien. J'ai lu quelque chose là-dessus sur Facebook, mais je ne peux rien confirmer tellement mes compatriotes savent inventer des histoires. La politique, je le soutiens toujours, c'est l'art du mensonge. Je retiens cependant ta phrase: "Chaque pays a ses particularités". Les Congolais en discutent avec passion selon qu'ils sont de la majorité ou de l'opposition ou encore de la société civile. C'est difficile d'en juger depuis l'extérieur. On a encore deux ans et d'ici-là une tendance se dessinera clairement.
Ouvrons donc les yeux et voyons.
C "

5 nov. 2014

You make me feel like an orphan

- Hug, Hug, Claver Jr said.
- No hug. Take a shower before anything. His mother said.
- You make me feel like an orphan.
- Come back, come back. You are not an orphan. It's me the one  who is an orphan. His mother said.
- No, mummy. Chrystelle intervenes. Mother Mary is your mother though she is white. Jesus is your brother though he is white.
It was this evening of November 5, 2014. I heard everything, I decided to write it down just to remind that the skin colour is an issue even by children.

2 nov. 2014

Démocratie, une fois de plus!

Le cas du Burkina Faso est riche en instructions pour un observateur sans ambition politique. Ce que je soutiens à propos de la démocratie en Afrique se vérifie tous les jours qui passent. Démocratie, c'est juste un mot pour couvrir les actions d'une pègre au pouvoir. Ils mettent en place des institutions dites démocratiquement établies alors que personne n'y croit. Tout est sujet à soupçon: au lieu de gouverner, on passe le temps à mijoter des calculs. On veut garder le pouvoir sans tenir compte des règles du jeu inscrites dans la Constitution du pays. 
Démocratie, c'est un prétexte pour se pérenniser au pouvoir. Une loi fondamentale qui devrait régir les institutions du pays se voit piétinée par les ambitions d'un seul individu soit-disant élu au nom de cette même constitution taillée sur mesure. Le plus surprenant est qu'il y a des juristes constitutionalistes - certains formés dans de grandes écoles de droit - qui, aveuglés par leur fascination pour leur parain, s'adonnent à ce malsain exercice de justifier le changement de constitution. Des millions de dollars sont distribués en coulisse pour que l'Assemblée entérine à une majorité écrasante ces bricolages politiques. C'est cela la démocratie africaine.
Parlez-moi de cour suprême de justice, de commission électorale indépendante, de referendum populaire improvisé, de zigzags électoraux... qui n'ont de crédibilité que dans la tête de ceux qui les créent ou qui s'en enrichissent illégalement. Le jour où Hollande ou Obama ou leurs partis proposeraient de changer la constitution pour des intérêts personnels, ils seraient automatiquement sommés d'abdiquer et leurs partis condamnés à des réparations. C'est cela la différence entre un pays démocratique et un autre qui ne l'est pas. Dans le premier les institutions sont solides, indéboulonnables; dans le second, c'est la volonté du despote qui décide de tout. Dans le premier, la justice est indépendante; dans le second, la justice obéit à la volonté sanguinaire du despote. Dans le premier, on va aux élections démocratiques; dans le second, on bourre les urnes et falsifie les données informatiques. Dans le premier, la justice punit; dans le second, le despote est intouchable, au dessus de la loi, corrompu et pilleur des finances nationales qui lui servent d'argent de poche. Dans le premier le salaire du président est connu; dans le second, le salaire du président est un secret d'état, un secret-défense. La litanie peut continuer infiniment.
On joue à la démocratie plutôt qu'à la pratiquer. La réalité montre que nous, on n'est pas démocratique. A tous les niveaux règne la corruption, l'argent décide de l'issue du scrutin. L'élu du peuple achète les voix de ses électeurs comme on achète des cachuètes au coin de la rue. Arpès la campagne, tous les candidats se rue vers la capitale afin de "soutenir leurs dossiers" moyennant espèces sonnantes.  Suivez partout en Afrique les campagnes, surtout les fins chaotiques des campagnes électorales pour vous rendre compte des drames que provoque l'exercice démocratique. Quelqu'un qui n'a eu que 48 voix prétend avoir été élu par une majorité écrasante, et siège paisiblement au parlement de son pays. Parlez-moi encore de démocratie!
Souvenons-nous de la phrase de Lumumba: "... que quelqu'un avec 12 voix puisse former un parti majoritaire contre la volonté du peuple... ça n'existe pas Monsieur". Cela s'est vu, même de son vivant.
La démocratie, ce n'est décidément pas pour nous. Laissons-là aux propriétaires, aux Européens ou aux Occidentaux qui ont créé le "mot".
Nnikon Nniku de Tchicaya U Tam'si avait pleinement raison: "La Constitution, c'est moi". Il a décrété d'être sacré président à vie par un sorcier. N'est-ce pas plus conforme à nos vénérables traditions africaines? A cela, je crois moi.

1 nov. 2014

"Un dictateur peut en cacher un autre"

Cette réflexion me vient du mot de Gigie et de son coup de fil peu après. Elle m'a dit à peu près ceci: "Dans ton email tu avais raison, tu as même prédit cela. Il ne s'est même pas passé vingt quatre heures avant que la course au pouvoir ne se déclenche. Les militaires se sont rués dessus comme sur une manne tombée du ciel." Je lui ai répondu qu'à mon avis de littéraire, le scénario était monté, répété... afin que les militaires s'emparent du pouvoir et laissent l'oiseau rare filer tranquillement vers Yamoussoukro. Un cycle de dictature a fini, un autre commence. Et que devient le peuple à qui on vole sa révolution?
1. Président hier, prévenu de justice aujourd'hui. Président déchu. Aussitôt forcé de quitter le pouvoir, l'ex président burkinabé a pris le chemin de l'exil. Pourquoi ne pouvait-il pas rester à Ouagadougou? C'est le sort des potentats africains. Pour avoir commis beaucoup de crimes, pour avoir privé de nombreux enfants de leurs parents, pour avoir éliminer des individus qui leur faisaient de l'ombre, les dictateurs prennent tous le chemin de l'exil. Il leur est impossible de redevenir simple citoyen de leur pays. Cela, c'est aussi un signe de démocratie africaine. Compaoré voulait changer la constitution de son pays afin de se représenter aux élections présidentielles pour la enième fois. Mauvais calcul cette fois. Vingt-sept ans de pouvoir despotique sans partage, c'en était trop pour les Burkinabé qui ont dit "Niet". Et le peuple résolu a montré sa force: un peuple uni derrière un idéal ne peut que vaincre tous les défis. Vingt-sept ans de pouvoir, et il voulait encore un autre mandat? Il se voulait en réalité président à vie sous le subterfuge de l'élection. Vingt-sept ans de présidence, que cherchait-il encore à prouver comme si le pays lui appartenait entièremen?. Dieu intouchable dans son habitacle de palais! Voilà que le peuple a montré sa force.
2. La leçon de l'histoire. Beaucoup de dictateurs ont mal fini leurs vies. Beaucoup avaient rêvé de grandioses funérailles nationales mais sont décédés dans l'anonymat total. Beaucoup rêvaient de gloire éternelle, ils ont fin en geôle ou dans un coin perdu. Idi Amin, Bokassa, Mobutu... ont connu des sorts particuliers. D'autres plus rusés ont réussi à mourir au pouvoir, mais à quel prix? Bongo, le Vieux Houphouêt, Eyadema, Kadhafi ne pouvaient mourir qu'au pouvoir de la même façon qu'y ont cru ou y croient encore Moubarak, Mugabe,  Obiang, Dos Santos, Museveni, Kagamé, etc. D'autres les suivent sur la voie de l'usurpation politique. Leur force, c'est l'armée armée jusqu'aux dents. Leur arme, c'est la corruption. La jeune génération de présidents africains tend aussi vers le pouvoir éternel ou à vie. Pas question de céder car ce serait humiliation, "sign of cowardice" comme dit Mugabé. Ces tyrans restent dans leurs pays qu'ils pillent et saignent à blanc tant qu'ils ont le pouvoir. Sinon, soit ils meurent, soit ils fuient après avoir tué le plus de monde possible. Observons l'évolution des choses au surprenant Burkina Faso! Je revois Thomas Sankara sur les visages de Zida ou Traoré. L'un des deux sera écarté à coup sûr.
Pour un homme de lettres, le schéma est le même. Le despote s'assigne le droit de briguer un mandat, met ses pions en place, menace les récalcitrants lorsqu'il ne les tue pas grâce à ses sbires et autres hommes de mains, corrompt les plus influents et musellent les institutions gagnées à coup de millions à son sort. Aveuglé par son ambition, le tyran croit que ce qui arrive à son voisin, n'arrivera jamais chez lui ni à lui tant que sa garde prétorienne lui sert de rempart. Il doit assurer leur paiement, leur inventer des primes afin d'acheter leur fidélité. Mais il ignore que toute chose a une fin. L'éviction du tout-puissant Compaoré donne une véritable leçon d'histoire.