Depuis les Mobutu, les Bokasa, les Bongo jusqu'au derniers carrés, les militaires ont toujours recouru à la force pour prendre le pouvoir. Les coups d'état militaires sont légion en Afrique, seule la forme change d'un pays à l'autre. Dans certains pays et dans certains cas, les changements sont sanglants; dans d'autres, aucune goutte ne coule mais on prend soin de neutraliser les forces négatives. Certains pays ont connu des putsch à répétition, d'autres ont été stabilisés par des militaires rendant le pouvoir aux civils ou redevenant civils. Tout ceci m'amène à dire que le passage par l'armée est une voie obligée ou privilégiée pour la prise du pouvoir en Afrique. Signe évident de manque de démocratie quoi que prétendent les slogans qui accompagnent le dictateur illuminé. J'ai bien dit démocratie, et je sais de quoi je parle. Un mot qui appartient à nos anciens maîtres colonisateurs qui en gardent le sens. Chez nous, c'est de l'imposture. Il y aura démocratie en Afrique le jour où, comme ailleurs, les militaires s'abstiendront définitivement de prendre le pouvoir.
Venons-en à l'armée. Sur papier, il est dit que l'armée protège le pays, défend ses frontières et assurent la sécurité des citoyens. Je suis toujours impressionné sur les autoroutes européennes, lorsqu'il m'arrive de croiser des véhicules militaires. Modèles de conduite, ces véhicules suivent à la lettre le code de la route, la limitation des vitesses. Au Congo, on les appelle "Foti ya motuka" (Faute du véhicule). Les véhicules militaires causent de nombreux accidents mortels, parfois et souvent à des endroits où l'on imaginerait mal un accident se produire. "Ce n'est pas ma faute, c'est la faute du véhicule", ainsi se dédouanent ces malfrats de leur criminelle conduite.
L'armée, c'est le banditisme au sommet de la sécurité du pays. Nos armées d'Afrique défendent souvent les autorités au pouvoir, pas forcément le territoire national. La garde prétorienne est souvent mieux équipée que l'armée régulière. Les déconvenues qu'elles connaissent poussent souvent à se poser la question de leurs rôles. Un vaste territoire est pris au Nigéria, des villes sont occupées par Boko Haram, et on dit que l'armée nigériane est une grande puissance militaire. De quoi vraiment se poser des questions! Complicité, veulerie, irresponsabilité? Trois cent filles sont kidnapées de leur école sans aucune tentative de récupération! A se demander à quoi elle sert ou quels intérêts elle sert!
Que des pays soient envahis par des rebellions, souvent sans une résistance sérieuse, doit nous amener à repenser le rôle de l'armée. Des fois, la population est mieux traitée, protégée, par les rebelles que par l'armée nationale censée pourtant la protéger. On voit les officiers supérieurs détourner ou s'approprier de biens d'autrui, s'enrichir à vue d'oeil lorsqu'ils reviennent des campagnes à l'intérieur du pays. Les soldats sont souvent assimilés aux voleurs, bandits, tueurs, brigands, violeurs, etc. Dans les villes, ils causent plus d'insécurité et de crimes que les brigands civils. Soldat ou agent de l'ordre le jour, le même soldat devient bandit la nuit. Un régime militaire est, qu'on l'accepte ou non, toujours un régime qui terrorise sa population qu'il est pourtant censé protéger et rassurer. Les armes restent comme pointées contre les citoyens intimidés et sommés sous peine de mourir de "flatter" le militaire au pouvoir. C'est la peur et l'intimidation qui assurent la vie de ces régimes. Tout le monde le sait, mais personne n'ose le dire. Et des millions de dollars sont distribués pour corrompre ou acheter l'adhésion, la soumission pacifique des citoyens.
L'armée peut à tout moment renverser le régime en place, parce qu'elle dispose d'armes. C'est vraiment la loi de la jungle qui règne. Dans certains pays comme l'Egypte, sauf exception, il n'y a que des généraux qui deviennent présidents. Un général se fait plus craindre et respecter qu'un civil. L'arme est à elle seule un langage. Jean-Pierre Bemba ne s'était-il pas proclamé général pendant sa rébellion entre 98 et 01? Et le plus fort, militairement, a le pouvoir. Le cas du Burkina Faso est intéressant à plus d'un titre. Zida a eu la sagesse de "céder aux pressions", mais il ne faut pas oublier qu'il a, ainsi faisant, manifesté ses ambitions et que ce ne serait jusqu'à preuve du contraire que partie remise. Un Rawlings burkinabé sans doute! Quoi qu'il en soit, l'armée pèse de tout son poids dans ce processus démocratique.
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